Je suis en train de m'interroger au sujet de la théologie morale de l'Eglise Catholique Romaine. J'ai déjà parcouru plusieurs textes à ce sujet, ici et ailleurs (Nouveau Catéchisme, site du Vatican, etc.). Apparement, il me semble que les arguments contre, par exemple, les actes homosexuels ou la masturbation, sont essentiellement de nature religieuse (du moins je n'ai pas trouvé d'argument rationnel qui résistait à l'examen, surtout pour la masturbation, dont il est reconnu que la pratique est même bénéfique à plusieurs titres, dont la prévention du cancer de la prostate [cf. : http://www.doctissimo.fr/html/sexualite ... mastur.htm]).
Face à ce constat, j'en suis venu à la conclusion suivante : peut-être que le problème est linguistique et sémantique ?
J'ai souvent entendu parler, de la part de catholiques qui y sont opposés, de "perturbation de l'ordre symbolique" qu'engendrerait un éventuel "mariage homosexuel" ou "l'homoparentalité". J'ai d'abord pensé à une référence à la psychanalyse, ce qui me faisait doucement sourire puisque Sigmund Freud est aussi un des auteurs de référence en matière d'athéisme, et surtout parce que le statut de pseudoscience de la psychanalyse ne laisse plus guère de doute de nos jours (cf. : http://www.pseudo-medecines.org/article ... g=fr&pg=26 ; http://www.pseudo-medecines.org/article ... g=fr&pg=27 et http://www.pseudo-medecines.org/article ... g=fr&pg=28) (par le fait, et avant que l'on m'en fasse la remarque, l'explication freudienne de la croyance en Dieu s'en trouve sujette à caution si on veut bien être cohérent jusqu'au bout). Puis, ayant relu Wittgenstein sur les jeux de langage, je me suis alors demandé si on ne pouvait pas réinterpréter cette "perturbation de l'ordre symbolique" en termes wittgensteiniens : les mots - et par extension les propositions - ont une signification qui s'inscrit dans un certain usage, une certaine pratique, une certaine forme de vie. Si on décontextualise les mots, leur sens se perd, bien que subsiste l'illusion qu'il se conserve. D'où de la confusion et des illusions cognitives. C'est d'ailleurs là toute l'essence de la déconstruction wittgensteinienne de la métaphysique. Par exemple,
D'où une question : Supposons que l'état créé une nouvelle institution à la disposition des homosexuels ou des hétéros qui ne se reconnaissent pas dans le mariage classique, qui soit comme une espèce de super-PACs, mais qu'on lui donne un autre nom que "mariage" ou supposons que l'on créé une sorte de tutorat qui permettrait aux homosexuels mais aussi à ceux qui ne se reconnaissent pas dans la définition classique de la parentalité, d'adopter des enfants (des enfants "déjà là", mais qui n'auraient pas de parents, car ceux-ci seraient décédés ou jugés inaptes à éduquer leurs enfants), et que cette structure ne soit pas qualifiée de "structure parentale" ou de "famille", ou supposons, enfin, que la masturbation soit déclassifiée en tant qu'activité sexuelle et que l'on créé une nouvelle catégorie dans laquelle l'insérer, seriez-vous satisfait en tant que catholiques romains ?dans un passage du [i]Big Typescript[/i], Wittgenstein a écrit :Dans les théories et les disputes de philosophie nous trouvons des mots, dont les significations (Bedeutungen) nous sont familières, utilisés dans un sens (Sinn) supra-physique. [...] Les philosophes sont souvent comme les petits enfants qui gribouillent sur un morceau de papier et demandent ensuite aux adultes, "qu'est-ce que c'est ?" - C'est ainsi que les choses arrivent. Des adultes ont dessiné quelque chose pour l'enfant et ont dit : "C'est un homme", "C'est une maison", etc. Et maintenant l'enfant gribouille et demande : "C'est quoi ça ?"
Merci pour vos réponses.
Bien cordialement,
Mikaël