De la nécessaire consommation du mariage

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Charles
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Message non lu par Charles » lun. 06 févr. 2006, 16:53

Chère Hélène,
Hélène Bourgeois a écrit :La chair dans la Bible n'est pas que la dimension sexuelle. C'est tout ce qui est de l'ordre de "l'Épiphanie" de la personne.
Il y a plusieurs sens au mot "chair" :

- celui de créature, c'est-à-dire d'être créé, (un sens métaphysique)

- celui de volonté mondaine, quand la chair conspire contre l'esprit, c'est une division à l'intérieur même de l'âme déchirée entre le monde et Dieu (un sens spirituel)

- celui de corps, de chair au sens corporel (un sens physique).
Hélène Bourgeois a écrit :Faire "un" n'est pas seulement une question d'union charnelle au niveau génital. Il l'implique mais n'en est pas la fin. La chair, comme je le dis, pour saint Paul, c'est tout ce qui implique la personne "terrestre", humaine, le corps, oui, mais aussi, les pensées, les valeurs, les goûts, les sens. Je peux très bien recevoir mon époux, j'épouse son humanité...pas que son corps sexué.
Sauf que le sacrement du mariage ne concerne pas n'importe quelle union, il concerne celle entre des êtres sexués, l'homme et la femme, et cette union ne peut donc être autre que sexuelle.
Hélène Bourgeois a écrit :Le spirituel englobe le sexuel.
Dans le cas du mariage, il l'englobe comme son propre centre.
Hélène Bourgeois a écrit :L'humain n'est pas que être sexué...s'il est à l'image de Dieu, c'est dans sa dimension spirituelle.
:arrow: "Par ailleurs, il n'est mentionné aucune ressemblance de l'homme avec les autres créatures (animalia) mais seulement avec Dieu et la différence sexuelle n'est indiquée que pour l'homme et la femme. Si l'homme et la femme sont donc image de Dieu, c'est avec leur sexualité qui fait partie intégrante de la ressemblance de l'homme avec Dieu et qui est bénie de Dieu.
(...) Le texte de la Genèse nous invite à chercher le sens de notre sexualité dans le fait que par elle, nous sommes — en tant qu'homme et femme — image de Dieu. C'est à une sorte de retournement radical de perspective que nous invite ainsi Jean-Paul II dans l'approche qu'il fait de la réalité sexuelle à partir de la Genèse."

:arrow: "c'est par son corps que l'homme, dans l'expérience de la solitude originelle, se découvre capable d'actes personnels qu'il est le seul à pouvoir poser dans le monde visible. Jean-Paul II dit à ce propos: “Le corps, grâce auquel l'homme prend part au monde créé visible, le rend en même temps conscient d'être [`seul’. En effet, il n'aurait pas été capable d'arriver à cette conviction qu'en fait il a acquise (...) si son corps ne l'avait aidé à le comprendre, rendant la chose évidente. La conscience de la solitude aurait pu se rompre précisément à cause du corps lui-même. L'homme, Adam, aurait pu, se basant sur l'expérience se son propre corps, arriver à la conclusion qu'il était substantiellement semblable aux autres être vivants (animalia). Et, comme nous le lisons, il n'arriva pas à cette conclusion: au contraire, il se persuada qu'il était [`seul’ (...) L'analyse du texte yahviste nous permet en outre de rattacher la solitude originelle de l'homme à la conscience du corps par lequel l'homme se distingue de tous les animalia et se sépare de ceux-ci, et par lequel il est une personne.” (Audience du 24/10/79)

C'est par son corps qu'il découvre que l'aspiration profonde de son être en tant que personne est de se donner à une autre personne semblable à lui. Sans cela il ne peut s'accomplir dans sa vocation spécifique de personne."

:arrow: "“Et ils deviennent une seule chair”: c'est au moment de cette découverte de la communion dans les corps que l'homme et la femme deviennent pleinement image de Dieu. L'acte de chair, le don des corps, qui exprime la totalité de la donation des personnes l'une à l'autre, est ce par quoi l'homme et la femme sont, dans la chair, image de la Trinité divine:

“L'homme est devenu image et ressemblance de Dieu non seulement par sa propre humanité mais aussi par la communion des personnes que l'homme et la femme forment dès le début. (...) L'homme devient image de Dieu moins au moment de la solitude qu'au moment de la communion. En effet “dès l'origine” il est non seulement une image qui reflète la solitude d'une Personne qui régit le monde, mais aussi et essentiellement image d'une insondable communion divine de Personnes.” (Audience du 14/11/79). Et il ajoute, ce qui est d'une portée théologique dont nous n'avons pas fini de prendre la mesure: “Ceci va même peut-être jusqu'à constituer l'aspect théologique le plus profond de tout ce qui peut être dit sur l'homme.” (Ibid.)

(...) l'homme est image de la communion des personnes divines plus par la communion dont il est capable en tant que personne que par le fait qu'il est une créature douée de spiritualité. Et cette communion inclut et culmine dans la communion des corps. La sexualité est une chose foncièrement bonne: elle est ce par quoi l'homme est icône dans la chair de la communion des personnes divines"
Hélène Bourgeois a écrit :C'est bien sûr la première vocation des époux mais ce n'est pas la seule. La première vocation des époux est de mettre au monde des êtres vivants...par ailleurs, il n'est pas exclu qu'il le fassent autrement : par exemple, engendrer la vie spirituellement ou adopter des enfants sans consommer la relation charnelle.
:arrow: "(...) la différence sexuelle et ses signes sont à prendre du côté de la ressemblance avec Dieu et non avec l'animal. C'est un point capital: du point de vue de son “sens théologique” nous ne devons pas chercher à comprendre notre sexualité à partir de ce que nous constatons dans le règne animal dans lequel la sexualité est entièrement subordonnée à la reproduction et dont la sexualité humaine serait une sorte de “sublimation culturelle”."

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Message non lu par Hélène » mar. 07 févr. 2006, 18:39

Bonjour Charles :)

Quelques pistes de réflexion...
Charles a écrit :« Sauf que le sacrement du mariage ne concerne pas n'importe quelle union, il concerne celle entre des êtres sexués, l'homme et la femme, et cette union ne peut donc être autre que sexuelle ».
Je veux bien mais je ne suis pas que femme à cause de mon sexe biologique. Ma sexualité génitale est partie intégrante et extérieure de mon être sexué, c’est ce qui apparaît à première vue, c’est l’épiphanie de ma personne tel que je vous apparais (enfin à celui qui y a accès :lol: ). Je suis tout autant femme « de l’intérieur », psychiquement, spirituellement en plus de physiquement. C’est ma personne de femme qui reçoit la personne d’homme qu’est mon époux. Cette rencontre n’est pas que sexuelle. La Sainte Vierge n'est pas moins femme parce que cette part d'elle n'a pas été touchée...au contraire, elle est La Femme par excellence ! Et Jésus la nomme avec une telle tendresse et un si grand respect : Femme...
Charles a écrit :« la différence sexuelle n'est indiquée que pour l'homme et la femme »
Dans les faits, il faut admettre une différence sexuelle chez l’animal…pas que chez l’humain. Le comportement femelle n’est pas le même que le comportement mâle même chez l’animal. L’homme est à l’image de Dieu de par le fait qu’il est un être spirituel raisonnable et libre. Pas à cause de sa dimension sexuelle (elle en est une dimension mystérieuse par le côté paternel et maternel de Dieu qui engendre la vie). Dieu est pur Esprit, il n’a pas de sexe comme nous le disions ailleurs sur d’autres pages de cette Cité. Nous sommes bien sûr crées dans le Verbe, le Fils, mais le Fils n’est pas venu épouser la sexualité humaine, il est venu épouser la condition humaine, dans toutes ses dimensions…et les époux sont le signe efficace (sens du mot Sacrement) de ces épousailles. Je suis d’accord avec toute la théologie du corps sexué qu’enseigne Jean-Paul II ceci étant dit. C’est d’ailleurs principalement de lui que je me laisse enseigner… moi et toute la famille de saint Joseph.
Charles a écrit :« C'est par son corps qu'il découvre que l'aspiration profonde de son être en tant que personne est de se donner à une autre personne semblable à lui. Sans cela il ne peut s'accomplir dans sa vocation spécifique de personne." »
Se donner à une autre personne n’implique pas forcément une dimension sexuelle. Je peux très bien me donner à quelqu’un sans qu’il y ait contact physique et sensible. Prenons l’exemple des moniales, elles se donnent toute entière à leur Époux qui est le Christ (en se donnant aux autres)…ce sont des vraies épousailles. Se donner signifie « se rendre totalement disponible ». Le corps est impliqué, c’est avec mes mains, mes jambes, ma tête et mon cœur que je peux agir - qui sont aussi psychiquement, physiquement et spirituellement sexués, dans mon cas, féminins - pas seulement avec mon sexe. Je suis de l'avis d'Eremos que le baiser est un acte très intime. Je n'embrasse pas mon époux comme j'embrasse ma mère ou mes enfants. Le fait de toucher la bouche de l'autre est un acte très intime, je communie à son souffle, à la vie qui est en lui et je m'abandonne sans réserve dans ce baiser...c'est un don de soi très intime...
Charles a écrit :« Et ils deviennent une seule chair”: c'est au moment de cette découverte de la communion dans les corps que l'homme et la femme deviennent pleinement image de Dieu. L'acte de chair, le don des corps, qui exprime la totalité de la donation des personnes l'une à l'autre, est ce par quoi l'homme et la femme sont, dans la chair, image de la Trinité divine: »
Je suis tout à fait d’accord avec tout ce qui est dit ici. Par ailleurs, cet enseignement s’adresse aux époux qui ont pour vocation de mettre au monde des enfants dans la chair. Ce qui est la norme et leur vocation première depuis Genèse 1. Tout cela ne signifie pas qu'un mariage chaste puisse être exclus (spécialement depuis que le Christ est venu instaurer la nouvelle création…voir le dialogue de Jésus avec les sadducéens concernant la Résurrection : « personne n’épouse personne, ils sont comme des anges dans le ciel »), dans le cas qui nous occupe, celui de Marie et de Joseph de Nazareth restés vierges en vu du Royaume. Ces enseignements que tu nous cites n’affirment pas que le mariage du couple de Nazareth n’était pas valide. Ils parlent aux jeunes époux d’aujourd’hui dans un monde marqué par le péché de concupiscence et hédoniste.

Un homme et une femme peuvent très bien avoir consommé le mariage dans l’acte sexuel sans jamais avoir communié profondément à l’être de l’autre…c’est pourquoi l’acte sexuel ne saurait assurer la validité absolue du Sacrement. « Sacrement » voulant dire : signe efficace, signe concret…cela veut dire témoignage visible et sensible de l’amour de Dieu. Pour qu’il y ait témoignage, l’amour doit être visible aux yeux de tous, à la face du monde. Or la relation charnelle est quelque chose d’intime entre deux personnes, elle ne peut être la « preuve » que le mariage est valide. On voit mal monsieur le curé et les proches prendre part à la nuit de noces des époux pour vérifier que le mariage est bien valide parce que consommé dans l’acte sexuel !

Personne ne met en doute la beauté et la grandeur de l’acte sexuel ici…en tout cas pas moi. L’étreinte charnelle, et la jouissance qu’ils en retirent, est la plus belle prière que les époux peuvent adresser à Dieu. Mais la question est de savoir si l’acte sexuel valide et scelle le Sacrement du mariage.

Ce que dit Jean Paul II en parlant de la sexualité animale s’adresse à notre modernité qui réduit l’acte sexuel (tel qu’enseigné par l’Église) à une copulation en vue d’une reproduction (que le monde rejette)…ça n’est pas ce que Dieu veut pour l’homme. Il veut son bonheur et si Jean-Paul II se donne la peine d’expliciter la sexualité humaine pour l’homme biblique dans notre monde d’aujourd’hui c’est que nous avons perdu le sens de la beauté de l’acte sexuel entre époux dans le Sacrement du mariage. Mais il ne dit pas que le mariage des époux chastes n'est pas valide.

Comme je le dis, tout cela ne répond pas à notre interrogation. Le mariage de Marie et de Joseph est-il valide au sens chrétien du terme parce que non consommé dans l’acte sexuel ?

J’ai trouvé la réponse chez saint Augustin. Je te la livre dans le prochain post...

Union de prière en Jésus, Marie et Joseph :wub:
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Dernière modification par Hélène le mer. 08 févr. 2006, 2:42, modifié 1 fois.
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Mariage de Marie et Joseph

Message non lu par Hélène » mar. 07 févr. 2006, 21:46

Tel que promis...

Tiré du livre Familles…à vos marques ! (P. Joseph-Marie Verlinde, Éditions Téqui, Paris 2002) :

L’objection était déjà apparue dans le contexte de la chaste cohabitation entre Marie et Joseph. Une telle union répondait-elle aux exigences d’un véritable mariage ? Nous laissons saint Augustin répondre à cette question. À la suite de l’Évêque d’Hippone, les théologiens reconnaissent trois biens dans le mariage (1):

-proles,
-fides,
-sacramentum.

« Dans la fidélité conjugale (fides), on a en vue cette obligation qu’ont les époux de s’abstenir de tout rapport sexuel en dehors du lien conjugal; dans les enfants (proles), on a en vue le devoir, pour les époux, de les accueillir avec amour, de les nourrir avec sollicitude, de les élever religieusement; dans le sacrement (sacramentum) enfin, on a en vue le devoir qui s’impose aux époux de ne pas rompre la vie commune, et l’interdiction, pour celui ou celle qui se sépare, de s’engager dans une autre union, fût-ce pour motif de descendance. Telle est la loi du mariage où la fécondité de nature trouve sa gloire, et le dévergondage de l’incontinence sont frein(2). »

La procréation constitue la fin principale du mariage : « Sans aucun doute, commente le pape Pie XI, le Créateur même du genre humain qui, dans sa bonté, a voulu se servir du ministère des hommes pour la propagation de la vie, nous a donné cet enseignement lorsque, en instituant le mariage dans le paradis terrestre, il a dit à nos premiers parents, et en même temps, à tous les époux à venir : “Croissez et multipliez-vous et remplissez la terre ” (Gn 1, 28).
Ce que saint Augustin a très bien fait ressortir des paroles de l’Apôtres saint Paul à Timothée (1 Tm 5, 14) en disant lui-même : “Que la procréation des enfants soit la raison du mariage, l’Apôtre en témoigne en ces termes : ‘Je veux, déclare-t-il, que les jeunes filles se marient’. Et comme pour répondre à cette question : ‘Mais pourquoi ?’ il poursuit aussitôt : ‘qu’elles procréent des enfants, qu’elles soient mères de famille’(3-4) »
Mais la procréation n’appartient cependant que d’une manière extrinsèque et accidentellement à la perfection essentielle du mariage : ce sont la fidélité mutuelle – ou l’unité – et l’indissolubilité qui constituent sa perfection première
; autrement dit, l’enfant peut faire défaut sans compromettre la perfection de l’union matrimoniale.
Dans son argumentation, saint Augustin prend précisément appui sur l’exemple de la Sainte Famille; ainsi il écrit au pélagien Julien d’Éclane : « J’ai dit de Joseph selon l’affirmation de l’Évangile que Marie était réellement son épouse; et toi, tu t’élèves effrontément contre mon affirmation et tu t’efforces de montrer qu’il n’y a pas eu de mariage, parce que le commerce charnel a fait défaut. Ainsi donc selon toi, si les époux cessent de se connaître, ils cessent d’être époux; la cessation de l’acte conjugale vaudrait le divorce(5). »
Le même auteur dit encore : « L’exemple de Marie et de Joseph prouve clairement aux fidèles mariés qu’ils peuvent demeurer de véritables époux et en mériter le nom, tout en gardant leur promesse réciproque de continence, sans avoir de commerce conjugal(6). »
La décision que Marie et Joseph avaient prise de rester vierges ne pouvait cependant impliquer une réserve dans le don, autrement le mariage n’eut pas été véritable. Rien n’a manqué à l’union de Marie et de Joseph et de ce qui fait le vrai mariage : chacun s’est donné donc à l’autre totalement et chacun a reçu l’autre, corps et âme. La réserve vise l’exercice de ces droits et non leur concession : ils se sont réciproquement donnés tous les droits conjugaux, mais tous deux s’interdisent de jamais user d’une partie de ces droits qu’ils se confèrent.

(1) Augustin, De bono conjugali 24, 32; PL 40, 394.
(2) Augustin, De genesi ad litteram 9, 7; PL 34, 397.
(3) Augustin, De bono conjugali 24, 32; PL 40, 394.
(4) Pie XI, Casti Connubii.
(5) Augustin, Contra julianum, L. V, c.12, n.46, PL 44, 810.
(6) Augustin, De consensu Evang., L.II, c.1, n.2, PL 34, 1071.


Et Jean Paul II, dans son Homélie pour la fête de la Sainte Famille (31 décembre 1978), nous dit ceci :
« La naissance d’un enfant marque toujours le début d’une famille. La naissance de Jésus à Bethléem a marqué le début de cette famille unique et exceptionnelle dans l’histoire de l’humanité. Dans cette famille est venu au monde, a grandi et a été formé le Fils de Dieu, conçu et né de la Vierge-Mère, et qui en même temps a été dès le début confié aux soins authentiquement paternels de Joseph, le charpentier de Nazareth. Devant la loi juive, celui-ci était l’époux de Marie, et devant l’Esprit Saint il fut son digne époux et – vraiment et paternellement – le protecteur du mystère maternel de son épouse. La famille de Nazareth, que l’Église met devant les yeux de toutes les familles, surtout dans la liturgie d’aujourd’hui, constitue effectivement le point de référence culminant pour la sainteté de toute famille humaine. »
Et Pie XI ajoute dans Casti Connubii :
L’union conjugale rapproche dans un accord intime, les âmes plus étroitement que les corps; ce n’est point un attrait sensible ni une inclination passagère des cœurs qui la détermine, mais une décision délibérée et ferme des volontés : et cette conjonction des esprits, en vertu du décret divin, produit un lien sacré et inviolable ».
Jean Paul II de rajouter :
Une fois que l’engagement est donné et accepté au moyen du consentement, l’amour devient conjugal et ne perd jamais ce caractère.
Voilà en gros…mais il faudrait creuser la question en profondeur avec d’autres textes du Magistère.

Il faut aussi se poser la question quant à la validité d’un mariage chaste : par exemple, considères-tu qu’un mariage, contracté en bonne et due forme et catholique, entre deux personnes âgés (dont la vie sexuelle est éteinte) – ce qui s’est déjà vu j’en connais personnellement : une dame de 82 ans s’est mariée avec un veuf de 85 ans en chaise roulante ! – n’est pas un Sacrement ? Le Sacrement n’est pas une œuvre humaine. Il est la part de Dieu…ce ne peut être la relation sexuelle qui le valide. Ou encore, dans le cas de personnes handicapées (ça s’est déjà vu aussi) physiquement qui ne pourront jamais vivre la relation charnelle complète. Bien sûr ce sont des cas extrêmes mais ils expriment bien mon propos. C’est la communion d’une vie à deux, entre un homme et une femme, fidèles à leur engagement qui est signe concret (Sacrement) de la présence de Dieu au milieu du monde.

Fraternellement,
Hélène
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Message non lu par Eremos » ven. 10 févr. 2006, 20:28

Charles a écrit :Avez-vous lu la synthèse d'Yves Semen ?

Le baiser peut être d'un parent à son enfant ou d'un ami à un ami. L'acte sexuel est celui des époux - nous parlons bien du sacrement de mariage, de l'union de l'homme et de la femme, en tant qu'homme et femme, c'est-à-dire de sexualité.
Voilà qui est - enfin :oops: - fait ! Cela ne répond pas directement à ma question, mais met en évidence que celle-ci est annexe et secondaire.

Merci !
NISI Dóminus ædificáverit domum, in vanum laboravérunt qui ædíficant eam.
(Liber Psalmorum, 126)

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Message non lu par Charles » ven. 24 févr. 2006, 16:36

      " « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance », dit Dieu (Gn 1,26). Un simple commandement avait fait surgir les autres êtres de la création : « Que la lumière soit ! » ou « Qu'il y ait un firmament ! » Cette fois, Dieu ne dit pas : « Qu'il y ait des hommes », mais il dit : « Faisons l'homme ». En effet, il estimait convenable que soit façonnée de ses propres mains cette image de lui-même, supérieure à toutes les autres créatures. Cette oeuvre lui était particulièrement proche ; il l'aimait d'un grand amour… Adam est à l'image de Dieu parce qu'il porte l'effigie du Fils Unique…

      D'une certaine manière, Adam a été créé à la fois simple et double ; Ève se trouvait cachée en lui. Avant même qu'ils n'existent, l’humanité était destinée au mariage, qui les ramènerait, homme et femme, à un seul corps, comme au commencement. Aucune querelle, aucune discorde, ne devait s'élever entre eux. Ils auraient une même pensée, une seule volonté… Le Seigneur a formé Adam de poussière et d'eau ; Ève, il l’a tirée de la chair, des os et du sang d'Adam (Gn 2,21). Le profond sommeil du premier homme anticipait les mystères de la crucifixion. L'ouverture du côté, c'était le coup de lance porté au Fils Unique ; le sommeil, la mort sur la croix; le sang et l'eau, la fécondité du baptême (Jn 19,34)… Mais l'eau et le sang qui ont coulé du côté du Sauveur sont à l'origine du monde de l'Esprit…

      Adam n‘a pas souffert du prélèvement fait dans sa chair ; ce qui lui avait été dérobé lui a été rendu, transfiguré par la beauté. Le souffle des vents, le murmure des arbres, le chant des oiseaux appelaient les fiancés : « Levez-vous, vous avez assez dormi ! La fête nuptiale vous attend ! »… Adam vit Ève à ses côtés, celle qui était sa chair et ses os, sa fille, sa soeur, son épouse. Ils se sont levés, enveloppés d'un vêtement de lumière, dans le jour qui leur souriait. Ils étaient au Paradis. "

Jacques de Saroug (vers 449-521), moine et évêque syrien
Hexaméron ; Homélie pour le sixième jour (trad. Sr Isabelle de la Source, Lire la Bible, Médiaspaul 1988, vol.1, p.27)

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Message non lu par Hélène » ven. 24 févr. 2006, 17:05

Bonjour Charles,

Cette homélie est merveilleusement belle...

J'aime beaucoup l'image que Ève se trouvait cachée en lui. Georgette Blaquière dit : L'amour naît d'une blessure. En référence à la blessure du côté du Christ qui fait naître l'Église et la blessure du côté d'Adam qui fait naître la femme. Et en revanche, l'Église enfante des fils de Dieu et la femme de même... beau et juste retour des choses. L'un ne va pas sans l'autre : homme/femme (dans toute relation, amoureuse, filiale, fraternelle) et l'amour/la blessure...ou la blessure de l'amour ou l'amour blessé...

Ô vive flamme d'amour, comme tu me blesses avec tendresse ! :wub:

Cordialement,
Hélène
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De la nécessaire consommation du mariage

Message non lu par Pierre-Luc » dim. 05 mars 2006, 11:57

Le mot chair (« bâsâr » en hébreu et « sarx » en grec) est défini comme une substance d’un corps animal ou humain (1Corth 15.39). Il s’agit de l’élément musculeux du corps, des parties charnues.
Dans l’hébreu le mot fait allusion à la forme extérieure, à la matière tangible et désigne le corps tout entier.
En fonction de ce qui précède, je pense que le fait de devenir une seule chair établit un rapport direct entre le mariage et l’acte sexuel. C’est une fusion de deux êtres (le corps tout entier).
Il est nécessaire de dire aussi, surtout dans le contexte de notre société moderne, que cet acte est un engagement authentique et profond qui est vraiment aux antipodes de la sexualité libre que nous connaissons aujourd’hui, qui relève plutôt de la bestialité.
Cette fusion fait partie du plan de Dieu et symbolise aussi la communion qui existe entre le Christ et le chrétien.
Jésus lui dit: Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort. (St Jean 11.25).

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Message non lu par Charles » mar. 07 mars 2006, 17:58

Bonjour Hélène,
Hélène a écrit :
Charles a écrit :« Sauf que le sacrement du mariage ne concerne pas n'importe quelle union, il concerne celle entre des êtres sexués, l'homme et la femme, et cette union ne peut donc être autre que sexuelle ».
Je veux bien mais je ne suis pas que femme à cause de mon sexe biologique. Ma sexualité génitale est partie intégrante et extérieure de mon être sexué, c’est ce qui apparaît à première vue, c’est l’épiphanie de ma personne tel que je vous apparais (enfin à celui qui y a accès :lol: ). Je suis tout autant femme « de l’intérieur », psychiquement, spirituellement en plus de physiquement. C’est ma personne de femme qui reçoit la personne d’homme qu’est mon époux. Cette rencontre n’est pas que sexuelle. La Sainte Vierge n'est pas moins femme parce que cette part d'elle n'a pas été touchée...au contraire, elle est La Femme par excellence ! Et Jésus la nomme avec une telle tendresse et un si grand respect : Femme...
"C’est ma personne de femme qui reçoit la personne d’homme qu’est mon époux. Cette rencontre n’est pas que sexuelle." Seulement les actes de la personne ne sont pas non plus que sexués. Et je ne suis pas certain que l'on puisse aller jusqu'à se dire "tout autant femme « de l’intérieur », psychiquement, spirituellement en plus de physiquement". Le fait d'être une personne est au-delà de la sexuation, bien que pour nous, notre dignité de personne nous soit d'abord révélée par le corps et la sexualité. L'homme est une personne, la femme, l'enfant, le Christ, l'Esprit Saint aussi... Parce que nous sommes corporels, que nous sommes aussi des corps bien plus que nous n'avons des corps, notre personne se révèle de façon privilégiée dans le don des corps. Mais je ne croit pas que le corps et la différence sexuelle doivent être à prendre comme marquant la personne au point que tu le dis. Il y a des choses que nous faisons premièrement en tant qu'homme ou femme : l'amour, les enfants, et bien d'autres qui portent la marque de notre sexe mais pas autant et parfois si peu qu'on ne peut pas dire si cela vient d'un homme ou d'une femme. Il me semble que si la sexuation est productrice de différence, la personne est productrice de ressemblance... jusqu'à ce que nous soyions tous "comme des anges" dans le Royaume...

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Message non lu par Charles » mer. 08 mars 2006, 19:43

J'avoue humblement que je suis loin de bien comprendre cette question et les réponses que nous donne l'Eglise.

"l'homme est image de la communion des personnes divines plus par la communion dont il est capable en tant que personne que par le fait qu'il est une créature douée de spiritualité. Et cette communion inclut et culmine dans la communion des corps"

"la différence sexuelle et ses signes sont à prendre du côté de la ressemblance avec Dieu et non avec l'animal. C'est un point capital: du point de vue de son “sens théologique” nous ne devons pas chercher à comprendre notre sexualité à partir de ce que nous constatons dans le règne animal dans lequel la sexualité est entièrement subordonnée à la reproduction"

J'accepte tout à fait que la sexualité ne soit pas "entièrement subordonnée à la reproduction" mais de là à envisager une sexualité complètement abstraite, je crois que c'est intenable, spécialement dans le cadre du sacrement de mariage. Puisque s'il est une voie de salut, il n'est pas la seule.

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Message non lu par Exupère » mer. 08 mars 2006, 20:35

Salut Hélène,
Hélène a écrit : Ce n'est pas qu'à la cérémonie que les époux se reçoivent mutuellement. C'est beaucoup plus grand. "Je te reçois comme époux" veut dire : "je te reçois tout entier : corps, âme et esprit pour toute ma vie" : la sexualité ne saurait être la fin du mariage. Je vais chercher davantage dans les textes du magistère mais je ne crois pas que ce que tu avances soit juste...
Je me suis marié voici 8 mois et je suis à peu près sûr que Charles a raison: sans consommation sexuelle, le mariage peut-être annulé. Il faut le consommer pour lui donner son caractère indissoluble.

Pour la Ste Vierge: pourrais-tu stp m'indiquer les passages dans l'Evangile qui traitent de sa virginité jusqu'à son décès?

En Christ
Ex
- Quiconque donc écoute les paroles que je viens de prononcer et les met en pratique ressemblera à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc -
Mt 7, 24

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Message non lu par Hélène » jeu. 16 mars 2006, 5:02

Bonjour Exupère,
Exupère a écrit :Je me suis marié voici 8 mois et je suis à peu près sûr que Charles a raison: sans consommation sexuelle, le mariage peut-être annulé.

Je crois qu'il y a confusion dans les termes. Il n'était pas question de savoir si on peut annuler un mariage s'il n'y pas eu de consommation sexuelle. La question ne porte pas sur l'annulation de mariage en cas de non consommation mais sur cette problématique : la relation charnelle est-elle obligatoire pour considérer qu'un mariage est valide religieusement au sens sacramentel ? En d'autres mots : est-ce la relation charnelle qui vient valider le mariage ? Voilà pourquoi je citais en exemple Marie et Joseph qui nous sont pourtant donnés comme couple chrétien par excellence. Mon avis était que la relation sexuelle en vue de la procréation est la première vocation des époux mais que dans certains cas très rares, pour un appel particulier en vue du Royaume, certains couples peuvent sentir un désir de vivre la chasteté comme chemin de sainteté à deux et être considérés comme des vrais époux au sens fort et plein du terme sans que cela invalide pour autant le Sacrement du Mariage dans lequel ils se sont engagés avec le Christ et l'Église.
Il faut le consommer pour lui donner son caractère indissoluble.
C'est là où je ne suis pas d'accord. C'est la norme, la vocation terrestre des époux, mais il n'exclut pas le choix libre de vivre la chasteté évangélique en vue du Royaume pour les raisons que j'ai explicitées longuement plus haut.
Pour la Ste Vierge: pourrais-tu stp m'indiquer les passages dans l'Evangile qui traitent de sa virginité jusqu'à son décès?
Et toi ? Pourrais-tu me citer les passages de l'Évangile qui traitent de sa non-virginité jusqu'à son décès ? ;-) Pour ma part, l'Église en a fait un dogme pour des raisons théologiques évidentes, j'y crois du fond de mon être et j'y adhère en toute simplicité...plus je médite sur le mystère, plus il me semble si vrai et profond.

Fraternellement,
Hélène
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Geronimo
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Message non lu par Geronimo » mar. 21 mars 2006, 18:20

Le confesseur des époux Martin les a dissuadés de vivre en frère et soeur

Heureusement, sinon nous n'aurions pas eu Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus.

:)

nelly emont
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Message non lu par nelly emont » mar. 21 mars 2006, 19:00

On va résumer : la sexualité, c'est la cerise sur le gateau. (oui je sais ça ne fait pas très distingué...). Hélène a raison (non parce qu'elle est Hélène mais parce que sa réflexion résulte d'une expérience, d'un effort de compréhension de la tradition chrétienne, d'une connaissance équilibrée des textes qu'elle cite) La finalité ou l'une des finalités du mariage, c'est la fédondité. Celle-ci peut -être basée sur un libre renoncement à l'exercice de la sexualité (Jacques et Raïssa Maritain avait fait le choix de ce renoncement - j'espère ne pas me tromper en l'affirmant-) non pas par masochisme, mais pour une plus grande fécondité, ou pour une autre fécondité (pour ne pas introduire de jugement de valeur).Ce renoncement ne peut être qu'un choix personnel. Il n'invalide sûrement pas le mariage. Il le fait vivre autrement. Et l'exemple de Joseph et de Marie est éclairant.
Ceci dit, le choix de l'exercice de la sexualité n'est pas mal non plus. Mais la sexualité n'est pas le but du mariage ; elle en est un fruit. (et la fécondité n'est pas un droit).
Ce qui importe c'est le choix de ceux qui s'unissent, choix de vivre leur amour en Dieu, avec ou sans sexualité. C'est dans le secret des coeurs que cela se vit et si possible, pour la gloire de Dieu.

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