jean_droit a écrit :Chaque année, combien d'églises ou chapelles construites ?
Fort peu, malheureusement ....
Fort peu, certes. Mais pourquoi ne pas publier aussi ce genre de statistiques ? Pourquoi pleurer sur les ventes, et ne pas fêter les constructions ? Car que fait-on quand on en construit une neuve ? On râle qu'elle est moche, mal construite, tout ça. Mais on oublie totalement de commencer par se réjouir de l'ouverture d'une nouvelle église !
Mais c'est quoi, le plus important ? Honnêtement ? Personnellement, je préfère voir ouvrir une église faite de cabanes de chantiers qu'un quartier rester sans église.
Tant mieux si on a les moyens de faire mieux, plus solide, plus conforme à mes préférences esthétiques. Mais l'important, c'est déjà d'avoir un lieu de culte, d'avoir une fontaine où jaillisse l'eau vive. Plus tard, quand la vie sera solidement rétablie, on pourra faire mieux.
Comme dit le Pape, nous sommes un hôpital de campagne : il faut parer au plus pressé. Le triage, c'est jamais agréable à faire pour les équipes médicales. Mais aujourd'hui nous en sommes là.
1- Parce que nous avons maintenant beaucoup trop d'églises par rapport aux besoins ...
N'est-il pas logique alors d'ajuster nos moyens à nos besoins ?
Et je n'ignore pas que nos besoins ne se limitent pas à la célébration de la messe : le simple fait d'avoir un clocher dans un village, même si l'on n'y célèbre plus la messe qu'une fois par an, c'est déjà un instrument d'évangélisation. Remplacez le clocher par un minaret, ça ne porte plus le même message... (et vice-versa : il suffit de penser à la Giralda, à Séville).
Je vis à la campagne et je vois la grande majorité de nos églises vides ou très peu utilisées.
Moi j'en connais une qui ne va pas tarder à n'être plus utilisée, non pas parce qu'il n'y a plus personne (loin de là), non pas par manque de prêtre (puisqu'aujourd'hui la messe y est célébrée toutes les semaines), mais parce qu'il n'y a plus de laïcs pour s'en occuper.
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- Eh oui, une église, ça n'a pas besoin que de prêtres. Il faut des laïcs pour nettoyer, laver et repasser le linge, vider les troncs de temps en temps (le tronc de l'église en question est plein, on ne peut plus y glisser la moindre petite pièce quand on veut mettre un cierge, et personne ne le vide !), préparer la célébration, ranger un peu après la messe... Je ne parle même pas là d'avoir une permanence d'accueil, mais du strict minimum nécessaire pour pouvoir, concrètement, dire la messe.
Aujourd'hui, ça tourne parce que la personne qui s'en charge vient d'ailleurs pour qu'on ne ferme pas l'église. Mais dans la communauté locale, parmi ceux qui veulent qu'on ne leur ferme pas leur église, plus personne pour assurer.
Alors le curé a décidé que quand la personne qui s'en occupe ne pourra plus le faire, il fermera. Tant pis pour l'argent (parce qu'en plus, la quête y est généreuse...). J'ai bondi quand j'ai appris ça, puis j'ai réfléchi, et je pense qu'il a raison.
3- Et, surtout, parce que l'Eglise en France n'a pas d'argent pour construire de nouveaux lieux de culte. Construire et entretenir.
Alors on fait des églises à l'économie. On s'extasie, des fois, sur l'architecture moderne de ces églises mais elles ne sont, souvent, que des cache-misère.
Et, pourtant, il y a des besoins là où les populations se sont déplacées.
Les catholiques veulent des prêtres, mais pas parmi leurs enfants. Ils veulent des lieux de culte, mais pas les payer. Dans certaines communautés chrétiennes, les gens versent jusqu'à 10% de leurs revenus. Dans les paroisses que je connais, les gens hurlent quand on leur suggère que verser 1% ou 2%, ce serait pas mal... A Dieu, les louanges. A moi, le pognon et les futilités.
Et bien sûr, ce ne sont pas les plus pauvres qui hurlent, ceux-là ils donnent déjà tout ce qu'ils peuvent, et regrettent de ne pas pouvoir donner plus.
Oui, il y a des besoins là où les populations se sont déplacées. C'était déjà le cas dans les années 1930, et même encore dans les années 1960 : mais à l'époque, justement, on en construisait, des églises.
Aujourd'hui, quand on arrive à le faire, on s'empresse de critiquer l'architecture, de râler que ça ressemble pas à une église, que c'est du cache-misère.
Ce que nous vivons, avec ces églises qui ferment, ces bâtiments qui sont vendus, ces prêtres qui manque, ça a un nom : c'est le fruit du péché. C'est bien parce que les chrétiens se sont détournés de Dieu, qu'ils ont considéré que des tas de choses dans le monde étaient plus importantes, qu'on a provoqué la chute des vocations et tous les problèmes que nous connaissons dans la transmission de la foi. Le fruit est amer, mais nous récoltons ce que nous avons semé.
Si nous voulons des fruits meilleurs, il est grand temps de se mettre à l'ouvrage et d'aller travailler à la vigne du Seigneur. Là où nous avons laissé la mort se répandre, Dieu peut ramener la vie. Y croyons-nous ? Travaillons-nous réellement en ce sens ? Vous, sûrement (et vu tout ce que je lis sur ce forum comme témoignages de vie évangélique, je ne suis pas ironique). Moi, je n'en suis pas si sûr... Alors j'essaie de faire mieux.