C'est certain que la neutralité totale est une impossibilité.Suliko :
Et l'un des problèmes du système laïque, c'est qu'il n'est pas neutre, malgré ses prétentions. L'idée selon laquelle l'Etat ne devrait pas reconnaître officiellement une religion comme vraie reflète déjà en soi une certaine conception du monde qui n'est pas plus neutre que la vision catholique traditionnelle de l'Etat chrétien...
La neutralité dont on parlera avec le laïcisme n'en peut correspondre qu'au fait de gouvernement qui refuse de tenir en plus grande estime telle religion plutôt que l'autre. C'est la fameuse valeur d'égalité. "Le christianisme n'est pas pire que la religion animiste des indiens d'Amérique mais elle ne vaut pas mieux non plus. L'islam est aussi respectable que le catholicisme, etc." Le fait historique et impossible à nier que les fondateurs du pays aient pu être des catholiques ne peut donner aucun bonus à la religion du pape, aucun titre, aucun droit pour pouvoir bénéficier d'un quelconque privilège. Ce laïcisme ou ce sécularisme correspond à une relative nouveauté dans la pratique réelle de nos gouvernants. Une telle mentalité séculariste n'existait pas au Canada avant les années 1960, pas chez les haut fonctionnaires, pas chez les grands bourgeois, pas chez les juges, les politiciens. Un consensus en faveur d'une gouvernance faisant fi de la religion chrétienne n'était pas chose possible.
La société sécularisée avec son gouvernement areligieux qui jugent toutes les religions, en elles-mêmes, comme des facteurs très secondaires, mineurs, interchangeables, inutiles à la réflexion lorsque devrait apparaître le besoin de prendre une grande décision engageant l'intérêt collectif de citoyens, celui de la nation : c'est un gouvernement qui trouve ses valeurs suprêmes ailleurs que chez Dieu. Le Bien suprême ne se trouvera pas dans la religion. C'est le message qui sera transmis à tous les enfants dans les écoles.
Donc, c'est vrai que les gouvernements "sans Dieu" ne sont pas neutres absolument. Ils ne le sont, encore une fois, neutres, qu'en tant qu'ils considèrent égale la valeur des religions. "Toutes à placer dans le même sac !"
Néanmoins, ces dirigeants sécularistes prennent fait et cause pour le matérialisme, pour l'avancement des techniques ou de la science en tant que fin en soi (le changement pour le changement), pour l'accumulation ou la concentration de capitaux, pour un meilleur contrôle sur ceci ou cela (allocation des ressources, rapidité à évaluer ceci ou cela, obtention d'un portrait plus fidèle de la situation en temps réel), la santé du corps, etc. La gestion devient une valeur importante, plus importante que la religion, la foi ou les fins dernières. Chaque individu doit être libre (à l'instar du gouvernement) de pouvoir penser ce qu'il veut (même le plus grand mal) de la religion, de la Bible, de la morale chrétienne. Il sera donc impossible de s'opposer au changement de la société pour peu qu'une majorité statistique de citoyens semble se dessiner en faveur de l'applications des nouvelles normes. Le gouvernement séculariste sans Dieu n'est en fin de compte qu'un gouvernement de "propres justes".