Liberté en Russie

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Message non lu par Bassmeg » mar. 25 déc. 2018, 3:58

Carhaix a écrit :
mar. 25 déc. 2018, 3:26
Le capitalisme est une imbécillité sans nom...
De la même manière que Sputnik est une chaine de propagande poutine sans nom.

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Re: Un retour de la crise financière attendu...

Message non lu par Carhaix » mar. 25 déc. 2018, 14:25

Bassmeg a écrit :
mar. 25 déc. 2018, 3:58
Carhaix a écrit :
mar. 25 déc. 2018, 3:26
Le capitalisme est une imbécillité sans nom...
De la même manière que sputnik est une chaine de propagande poutine sans nom.
Sauf que les faits sont aussi relatés par les médias officiels :
https://bfmbusiness.bfmtv.com/monde/bou ... 97913.html

(pour ceux qui ne se fient qu'à la propagande de chez nous... :roule: )

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Message non lu par Valentin » mar. 25 déc. 2018, 14:39

Bassmeg a écrit :
mar. 25 déc. 2018, 3:58
De la même manière que sputnik est une chaine de propagande poutine sans nom.
Bien entendu, seule la Russie du méchant dictateur Poutine pratique la propagande. Les média libres du monde librement libre (comme Le Monde, Libération, BBC, The New York Times etc.) sont tous parfaitement neutres et objectifs et n'adhèrent à aucune idéologie. Leurs analyses sont toujours impartiales, dénuées de quelque préjugé que ce soit...

Quant aux média russes, tout ce qu'ils disent est faux, y compris la météo :roule:

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Message non lu par Bassmeg » mar. 25 déc. 2018, 22:02

Valentin a écrit :
mar. 25 déc. 2018, 14:39
Bassmeg a écrit :
mar. 25 déc. 2018, 3:58
De la même manière que sputnik est une chaine de propagande poutine sans nom.
Bien entendu, seule la Russie du méchant dictateur Poutine pratique la propagande. Les média libres du monde librement libre (comme Le Monde, Libération, BBC, The New York Times etc.) sont tous parfaitement neutres et objectifs et n'adhèrent à aucune idéologie. Leurs analyses sont toujours impartiales, dénuées de quelque préjugé que ce soit...
Quant aux média russes, tout ce qu'ils disent est faux, y compris la météo :roule:
Bonsoir Valentin et Joyeux Noël.

J' ai bien saisi l'ironie de votre post. En gros, vous comparez des chaines mettez au même niveau des chaines de propagandes gouvernementales russes comme sputnik ou Russiatoday, avec des médias non gouvernementaux français, parce qu' ils partagent un point commun, ne pas être neutres idéologiquement parlant.

Sauf que ce sont deux choses différentes. La propagande gouvernementale type sputnik est différente d' un média normal type le Monde. La plupart des journaux que je lis (le monde, le monde diplo, le Canard enchainé, Charlie, Le Figaro...) ne cachent pas du tout leurs opinions sous un vernis de neutralité. J' y ai lu plus d' une fois des critiques fondées ou non sur le gouvernement français. Sputnik et RT n' ont JAMAIS un mot contre celui que vous qualifiez de dictateur. Au contraire.

Mettons-nous d' accord, je ne demande à aucun média d' être neutre parce que je n' aime pas le concept de neutralité. Ce n' est jamais qu'un faux nez. Tout le monde sait que Libé, Charlie et Le Monde Diplo sont plutôt à gauche. Ils ne s' en cachent pas. Tout le monde sait aussi que le Figaro est bien à droite et appartient à un magnat de la vente d' armes. Ce n' est pas un secret. Et ce n' est pas de la propagande. Sputnik et RT ce serait plutôt comparable à l' ORTF, ou à la Pravda. Ne mélangeons pas tout.

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Message non lu par Valentin » mer. 26 déc. 2018, 12:25

Bonjour Bassmeg et joyeux Noël à vous :fleur:
Bassmeg a écrit :
mar. 25 déc. 2018, 22:02
En gros, vous mettez au même niveau des chaines de propagandes gouvernementales russes comme sputnik ou Russiatoday, avec des médias non gouvernementaux français, parce qu' ils partagent un point commun, ne pas être neutres idéologiquement parlant.
Oui, je mets les média russes et occidentaux au même niveau, car en effet, ils fonctionnent tous sur le même principe : convoyer non pas une information neutre, impartiale et objective (chose impossible) mais des dépêches et analyses politiques colorées d'idéologie.

Mais je crois que nous sommes d'accord sur ce point, puisque vous reconnaissez que les média privés français ne sont pas neutres ou impartiaux, et que d'ailleurs ce n'est pas leur revendication.

Vous soulevez plutôt la question du financement (et donc de l'indépendance) des média. Je suis complètement d'accord avec vous là-dessus : un médium d'information, quel qu'il soit, n'est pas indépendant vis-à-vis de son financier. Et c'est évidemment problématique.

Mais là où je ne vous suis pas, c'est quand vous traitez Russia Today et Sputnik comme un cas à part, alors que les média français sont dans la même situation.

La chaîne de télévision France 24, par exemple, est financée à 100 % par le gouvernement français, et je ne l'ai jamais entendue le critiquer.

Le Monde n'a jamais désavoué non plus ses propres financiers, Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse. Pourtant il y aurait matière à critique. Quand feu M. Bergé parlait de lancer des bombes au milieu des manifestants contre le prétendu "mariage" homosexuel, je n'ai pas beaucoup entendu Le Monde là-dessus.

Le Figaro n'a jamais critiqué le Groupe Dassault. Or là aussi, il y aurait des choses à dire.

Et ainsi de suite... il n'y a guère que Le Monde diplomatique, je crois, qui puisse se targuer d'être véritablement indépendant.

En conclusion, Bassmeg, vous voyez bien qu'il est ridicule de tenter de discréditer une information émanant de Sputnik, sous prétexte que cette agence de presse n'est pas hostile au pouvoir russe qui la finance.

D'une part parce que, quand bien même Sputnik serait financé par une entité terroriste nazie, l'information en tant que telle pourrait tout à fait être correcte du point de vue factuel.

Et d'autre part parce que la majorité des média français ne sont pas indépendants non plus vis-à-vis de leurs financiers, qu'ils soient publics ou privés.

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Message non lu par Bassmeg » mer. 26 déc. 2018, 16:40

Ces situations ne sont pas comparables Valentin. D' un coté, des médias d' état, visant la propagande. De l' autre des médias privés, pluriels et différents entre eux ayant droit à la liberté de la presse.

Ce n' est pas parce que vous trouvez un point commun entre deux choses que ces deux choses sont identiques, Valentin. Le Monde Diplo n'est pas vraiment indépendant, étant donné qu' il contient des encarts pub. Vous cherchez un média indépendant en France? Le Canard Enchainé.

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Re: Un retour de la crise financière attendu...

Message non lu par Valentin » mer. 26 déc. 2018, 20:08

Je ne comprends pas bien.

Vous avez critiqué le fait que Sputnik ne soit pas hostile au gouvernement russe, qui finance cette agence de presse.
Je vous ai répondu qu'on peut adresser le même reproche à France 24, financée par l’État français, ainsi qu'au Monde et au Figaro, entre autres, et qui se gardent bien de médire de leurs propriétaires respectifs.
Les choses me semblent ici on ne peut plus claires. Qu'est-ce qui vous gêne dans ce raisonnement ?

Vous effleurez par ailleurs la question du pluralisme et de la liberté de la presse. Peut-être voulez-vous insinuer que la presse russe parle d'une seule voix et qu'elle est unanimement favorable à Poutine.

C'est bien mal connaître la situation de ce pays. Mais cela se comprend si votre seule source d'information est Le Monde, Le Figaro, etc. journaux notoirement antirusses et pro-américains.

Les média occidentaux, je le répète, sont des organes de propagande libérale - en cela, ils sont les parfaits miroirs de Sputnik et RT, qui diffusent quant à eux des idées différentes, illibérales. Mais dans les deux cas, il s'agit bel et bien de propagande au sens de propagation de certaines opinions publiques ou sociales.

Il existe en Russie de nombreux média tout à fait indépendants, et libres de critiquer Poutine. Les plus connus sont la radio Écho de Moscou et les journaux de tendance pro-occidentale et libérale Niézavissimaïa gaziéta et Novaïa gaziéta.

Quant à l'Internet, il est absolument libre et dénué de censure. Tous les citoyens russes, journalistes hostiles au régime et opposants politiques compris, peuvent s'y exprimer en toute liberté, notamment sur les réseaux sociaux et sur les journaux en ligne tels que Gazeta.ru. Voyez ici la chaîne YouTube d'Alexis Navalny, principal opposant politique à Vladimir Poutine, comptant près de 2,5 millions d'abonnés et plus de 460 millions de vues.

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Re: Un retour de la crise financière attendu...

Message non lu par Bassmeg » mer. 26 déc. 2018, 20:30

Valentin, je ne critique pas le fait que Sputnik et RT soient à la botte du régime de poutine. La bas, c' est comme çà, ils avaient la Pravda, bon, maintenant, ils ont ça. Ce que je critique, c' est le fait de mettre au même niveau ce genre de trucs avec la presse d' un pays libre comme la France.

S' exprimer en toute liberté est permis en russie? On est sur de ça? J' en doute. En tout cas, cela ne dure jamais longtemps...
On n' est pas mis en prison, quand on critique le gouvernement, en France. On est pas non plus retrouvé suicidé dans des circonstances bizarres, ni abattu en pleine rue. Ce n' est pas la même chose, quoi que vous en disiez. Et la chaine LCP n' ouvre pas d' antenne locale en Russie pour faire passer sans le dire la propagande de Macron en Russie.

Au fait, qu' entendez vous par libérale? Le mot illibérale n' existe pas en français, ne devrait on pas dire à la place dictatorial?

Complément: Contrairement à ce que vous disiez, Niézavissimaïa Gaziéta n' est pas indépendant. Il a été vendu pour une bouchée de pain à l'adjoint du ministre du développement économique, qui le possède et le dirige d' une main de fer. L'Écho de Moscou appartient au deux tiers à Gazprom, société dirigée par un ancien du gouvernement Poutine… Novaia gazeta? Yep, ils sont un peu plus indépendants. SIX journalistes tués pour avoir cru qu' ils pouvaient s' exprimer... Ça a calmés les journalistes survivants, je pense. https://fr.wikipedia.org/wiki/Novaïa_Gazeta Ils ont même déporté un journaliste, comme au bon vieux temps du goulag.

Alors bon, question indépendance et liberté de la presse, je crois pas que RT et Sputnik puissent le faire croire à qui que ce soit.

PS : Dans le Canard Enchainé d' aujourd'hui, un bel article sur RT. Je vous le recommande, vous aurez un aperçu du fonctionnement interne de RTFrance.

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Re: Un retour de la crise financière attendu...

Message non lu par Carhaix » mer. 26 déc. 2018, 23:26

Bassmeg a écrit :
mer. 26 déc. 2018, 16:40
Ces situations ne sont pas comparables Valentin. D' un coté, des médias d' état, visant la propagande. De l' autre des médias privés, pluriels et différents entre eux ayant droit à la liberté de la presse.

Ce n' est pas parce que vous trouvez un point commun entre deux choses que ces deux choses sont identiques, Valentin. Le Monde Diplo n'est pas vraiment indépendant, étant donné qu' il contient des encarts pub. Vous cherchez un média indépendant en France? Le Canard Enchainé.
Vous oubliez de préciser que de nos jours, les médias ne peuvent pas vivre sans subvention extérieure, puisqu'ils ne sont plus rentables. Donc, nécessairement, il y a un commanditaire. Qu'il soit privé ou public. Et souvent, c'est les deux ensemble, puisque les grands quotidiens reçoivent à la fois des subventions publiques, et appartiennent à des groupes privés. Cela ne fait aucune différence avec les autres médias que vous incriminez. Sauf que vous, vous penchez politiquement pour le libéralisme libertaire, et donc vous critiquez un média qui ne correspond pas à vos idées. Votre pensée ne va guère plus loin.

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Re: Un retour de la crise financière attendu...

Message non lu par Carhaix » mer. 26 déc. 2018, 23:30

Valentin a écrit :
mer. 26 déc. 2018, 20:08
Je ne comprends pas bien.

Vous avez critiqué le fait que Sputnik ne soit pas hostile au gouvernement russe, qui finance cette agence de presse.
Je vous ai répondu qu'on peut adresser le même reproche à France 24, financée par l’État français, ainsi qu'au Monde et au Figaro, entre autres, et qui se gardent bien de médire de leurs propriétaires respectifs.
Les choses me semblent ici on ne peut plus claires. Qu'est-ce qui vous gêne dans ce raisonnement ?

Vous effleurez par ailleurs la question du pluralisme et de la liberté de la presse. Peut-être voulez-vous insinuer que la presse russe parle d'une seule voix et qu'elle est unanimement favorable à Poutine.

C'est bien mal connaître la situation de ce pays. Mais cela se comprend si votre seule source d'information est Le Monde, Le Figaro, etc. journaux notoirement antirusses et pro-américains.

Les média occidentaux, je le répète, sont des organes de propagande libérale - en cela, ils sont les parfaits miroirs de Sputnik et RT, qui diffusent quant à eux des idées différentes, illibérales. Mais dans les deux cas, il s'agit bel et bien de propagande au sens de propagation de certaines opinions publiques ou sociales.

Il existe en Russie de nombreux média tout à fait indépendants, et libres de critiquer Poutine. Les plus connus sont la radio Écho de Moscou et les journaux de tendance pro-occidentale et libérale Niézavissimaïa gaziéta et Novaïa gaziéta.

Quant à l'Internet, il est absolument libre et dénué de censure. Tous les citoyens russes, journalistes hostiles au régime et opposants politiques compris, peuvent s'y exprimer en toute liberté, notamment sur les réseaux sociaux et sur les journaux en ligne tels que Gazeta.ru. Voyez ici la chaîne YouTube d'Alexis Navalny, principal opposant politique à Vladimir Poutine, comptant près de 2,5 millions d'abonnés et plus de 460 millions de vues.
Pour apporter une petite nuance, le régime de Poutine est libéral. Il n'est pas très différent du régime de Macron, ou de Trump. La seule différence est qu'il n'est pas atlantiste, et qu'il défend les intérêts de la Russie, au lieu d'abdiquer sa souveraineté, et de se ranger sous la bannière de Washington. Mais mis à part ce point précis, économiquement, Poutine est centriste et libéral. Il a d'ailleurs une extrême-droite assez puissante contre lui. Et sur sa gauche, les communistes, très forts électoralement aussi.

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Message non lu par Valentin » jeu. 27 déc. 2018, 0:36

Bonsoir, Carhaix.
Carhaix a écrit :
mer. 26 déc. 2018, 23:30
Pour apporter une petite nuance, le régime de Poutine est libéral.
Vous avez raison, bien sûr. La Russie poutinienne repose sur des fondements fragiles, car contradictoires.

Le libéralisme russe, c'est la liberté de léser le peuple ; c'est la déprédation de l'argent public et des ressources naturelles. C'est le privilège octroyé par Poutine à ses chiens, à ses vassaux : serment d'allégeance contre liberté de piller. Tel est le libéralisme en Russie, État suprêmement capitaliste, et donc suprêmement mafieux.
(La France, elle, a la chance de n'être qu'imparfaitement capitaliste ; elle n'est donc qu'incomplètement mafieuse.)

Quand j'ai parlé d'illibéralisme poutinien, je voulais dire que l'autre visage de ce régime rejoint le courant traditionnel slavophile. La devise de ce mouvement, énoncée par le comte Ouvarov, était « Autocratie, Orthodoxie, Ethnicité » (ce dernier terme, narodnost', étant difficilement traduisible en français ; le mot anglais folklore, au sens étymologique de tradition populaire, conviendrait peut-être davantage).

Cet illibéralisme, ce traditionalisme moral est un marqueur très fort de la Russie contemporaine. Le petit peuple vit et respire par lui.
D'où l'attachement viscéral du Russe à sa terre, à ses ancêtres, à sa religion (même si elle est aujourd'hui peu pratiquée).
D'où sa méfiance, aussi, de l'Occident et de son libéralisme.

Les Russes, dans l'ensemble, ne sont pas décadents. Tout comme 70 ans de communisme n'ont pas suffi à extirper le christianisme de Russie, l'abrutissement et l'ensauvagement organisé des trente dernières années n'ont pas entamé la vigueur spirituelle du peuple russe. Pas encore. Il y a encore chez eux des caractères durs et forts, de cette grandeur inimaginable en Occident, pauvre Occident asphyxié de ses supermarchés et anesthésié par la présence réconfortante du parapluie nucléaire américain.

Vladimir Poutine incarne personnellement cette dialectique, cette lutte que se livrent en Russie le désordre libéral mondialiste et l'Ordre traditionnel. Nous voyons bien que Poutine n'a nullement combattu la féodalité mafieuse héritée de Eltsine : au contraire, il l'a renforcée. C'est en quoi Poutine est haïssable.

Mais en même temps, et contrairement à Eltsine, il a ressuscité les valeurs traditionnelles, défendu la morale antique, le christianisme, bref : le mouvement slavophile. C'est ce courant - chrétien, contre-révolutionnaire, illibéral - qui s'exprime dans le pouvoir et les média russes, allant jusqu'à irriguer la société russe tout entière. Et c'est en quoi Poutine est aimable.

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Message non lu par Carhaix » jeu. 27 déc. 2018, 2:51

Valentin a écrit :
jeu. 27 déc. 2018, 0:36
Bonsoir, Carhaix.
Carhaix a écrit :
mer. 26 déc. 2018, 23:30
Pour apporter une petite nuance, le régime de Poutine est libéral.
Vous avez raison, bien sûr. La Russie poutinienne repose sur des fondements fragiles, car contradictoires.

Le libéralisme russe, c'est la liberté de léser le peuple ; c'est la déprédation de l'argent public et des ressources naturelles. C'est le privilège octroyé par Poutine à ses chiens, à ses vassaux : serment d'allégeance contre liberté de piller. Tel est le libéralisme en Russie, État suprêmement capitaliste, et donc suprêmement mafieux.
(La France, elle, a la chance de n'être qu'imparfaitement capitaliste ; elle n'est donc qu'incomplètement mafieuse.)

Quand j'ai parlé d'illibéralisme poutinien, je voulais dire que l'autre visage de ce régime rejoint le courant traditionnel slavophile. La devise de ce mouvement, énoncée par le comte Ouvarov, était « Autocratie, Orthodoxie, Ethnicité » (ce dernier terme, narodnost', étant difficilement traduisible en français ; le mot anglais folklore, au sens étymologique de tradition populaire, conviendrait peut-être davantage).

Cet illibéralisme, ce traditionalisme moral est un marqueur très fort de la Russie contemporaine. Le petit peuple vit et respire par lui.
D'où l'attachement viscéral du Russe à sa terre, à ses ancêtres, à sa religion (même si elle est aujourd'hui peu pratiquée).
D'où sa méfiance, aussi, de l'Occident et de son libéralisme.

Les Russes, dans l'ensemble, ne sont pas décadents. Tout comme 70 ans de communisme n'ont pas suffi à extirper le christianisme de Russie, l'abrutissement et l'ensauvagement organisé des trente dernières années n'ont pas entamé la vigueur spirituelle du peuple russe. Pas encore. Il y a encore chez eux des caractères durs et forts, de cette grandeur inimaginable en Occident, pauvre Occident asphyxié de ses supermarchés et anesthésié par la présence réconfortante du parapluie nucléaire américain.

Vladimir Poutine incarne personnellement cette dialectique, cette lutte que se livrent en Russie le désordre libéral mondialiste et l'Ordre traditionnel. Nous voyons bien que Poutine n'a nullement combattu la féodalité mafieuse héritée de Eltsine : au contraire, il l'a renforcée. C'est en quoi Poutine est haïssable.

Mais en même temps, et contrairement à Eltsine, il a ressuscité les valeurs traditionnelles, défendu la morale antique, le christianisme, bref : le mouvement slavophile. C'est ce courant - chrétien, contre-révolutionnaire, illibéral - qui s'exprime dans le pouvoir et les média russes, allant jusqu'à irriguer la société russe tout entière. Et c'est en quoi Poutine est aimable.
Bonsoir Valentin.
Narod veut dire "peuple". Narodnyï, "populaire" ou bien "national". Narodnost, c'est le "caractère national", propre au peuple russe. Je reprends l'expression de mon dictionnaire. Ça peut aussi vouloir dire, simplement, "nationalité".
Les Russes se considèrent comme un continent à part, et trouvent bizarre que l'on veuille faire aller l'Europe jusqu'à l'Oural. Pour eux, l'Oural ne sépare rien. La séparation, elle est plutôt entre l'Europe et la Russie. Deux mondes différents.
Les tsars russes se considéraient comme les héritiers des byzantins. Autrement dit, ils perpétuent l'Empire romain d'Orient. La Russie contemporaine est parfaitement dans cette continuité. La frontière entre les deux Empires correspondait d'ailleurs à celle qui séparait l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est pendant la Guerre froide.
Mais il y a eu le communisme, et le communisme, paradoxalement, a perpétué la soumission des peuples. Les Russes n'ont donc pas pu bâtir ce capitalisme démocratique avec contre-pouvoirs syndicaux et de la société civile qui s'est progressivement construit en Europe, et même en Amérique. La Russie des tsars était d'ailleurs encore féodale.

C'est pour cela que je me garderais de rendre Poutine responsable d'une situation qui est l'héritage des derniers siècles.

À part cela, il y a quand même une forme de décadence à l'occidentale. Les petits commerces sont morts dans les années 90-2000. Ils ont été remplacés par des supermarchés qui fonctionnent 24h/24 7j/7. Le capitalisme a parfaitement atteint ses buts dans le modèle de société, but qui n'est pas encore atteint chez nous. D'une certaine façon, la Russie est en avance sur nous, pour cet aspect-là du capitalisme.

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Liberté en Russie...

Message non lu par SergeA » jeu. 27 déc. 2018, 10:14

Dans cette vidéo un peu en marge du fil conducteur,
une bonne description de ce que sont les médias en France et comment ils sont instrumentalisés.
Et on peut alors se demander si la situation de ces médias est si différente de celle de ceux qui existent en Russie ou en Coré du Nord.

.........................................................................................................................................................................................

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Re: Un retour de la crise financière attendu...

Message non lu par Valentin » jeu. 27 déc. 2018, 13:50

[...]
Bassmeg, vous écrivez :
Bassmeg a écrit :
mer. 26 déc. 2018, 20:30
Valentin, je ne critique pas le fait que Sputnik et RT soient à la botte du régime de poutine. La bas, c' est comme çà, ils avaient la Pravda, bon, maintenant, ils ont ça. Ce que je critique, c' est le fait de mettre au même niveau ce genre de trucs avec la presse d' un pays libre comme la France.
Mais je vous ai dit pourquoi je pensais qu'il y avait une équivalence entre les deux. Sputnik ne critique pas Poutine, c'est un fait ; mais Le Figaro ne critique pas non plus le Groupe Dassault.

Alors expliquez-moi la différence ?
S' exprimer en toute liberté est permis en russie? On est sur de ça?


Écoutez, si ça vous fait plaisir, ou bien si c'est plus facile pour vous, je veux bien vous confirmer qu'en Russie, il est interdit de passer devant un portrait de Poutine sans se prosterner trois fois. Si on ne le fait pas, on est immédiatement déporté au goulag. Moi-même, quand je vivais là-bas, j'ai eu l'audace de "liker" sur le réseau social "VK" (équivalent russe de Facebook) une image montrant Vladimir Poutine torse nu, chevauchant un ours. Une demi-heure plus tard, le service de renseignement FSB était devant ma porte, et seule ma nationalité française m'a épargné une lourde peine de prison... :hypocrite:
Et la chaine LCP n' ouvre pas d' antenne locale en Russie pour faire passer sans le dire la propagande de Macron en Russie.
LCP, je ne sais pas. Mais France 24 et Euronews sont accessibles en Russie, et y diffusent de la propagande libérale, européiste et atlantiste. Sans compter la version russophone de la BBC, ainsi que les Américains de Radio Free Europe et ses succursales, radio qualifiée par la presse allemande de propagande au service de la CIA.
Contrairement à ce que vous disiez, Niézavissimaïa Gaziéta n' est pas indépendant.
Ah bon ? Eh bien, si vous le dites...
Permettez-moi quand même d'attirer votre attention sur quelques articles critiques parus récemment dans ce journal, accessibles en un clic : ici et .

Le premier article décrit, de façon très juste, la totale soumission du gouvernement russe à l'autorité du président (sixième paragraphe) :

Certes, les initiatives gouvernementales soutenues par le président ne se distinguent en réalité pas de celles du président lui-même. En fait, à l'exception de certains cas, le gouvernement en Russie n'est pas l'initiateur des réformes, mais seulement un exécuteur diligent de la volonté du président. Dans un tel système, le Premier ministre n’est plus un contre-poids à l'autorité [présidentielle]. Encore moins un concurrent potentiel du président. Au mieux, il agit en tant que coordinateur pour les autres acteurs ; au pire, il apparaît comme un secrétaire qui enregistrer les décisions.

Le deuxième article est consacré à une initiative de l'opposant politique Alexis Navalny. Je vous invite à le copier dans une machine de traduction automatique, si vous ne lisez pas le russe.

Quant à l’Écho de Moscou, un simple coup d’œil sur leur site vous confirmera qu'il s'agit d'une radio de tendance libérale, pro-occidentale et anti-Poutine. Je vous invite là encore, à traduire les intitulés des émissions, voire à écouter la radio si vous comprenez le russe. À défaut, si vous ne me croyez pas, demandez à une personne russophone (n'importe laquelle) de quelle tendance est cette radio, demandez-lui si elle est sur une ligne pro-Poutine. Vous verrez bien.
Novaia gazeta? Yep, ils sont un peu plus indépendants. SIX journalistes tués pour avoir cru qu' ils pouvaient s' exprimer... Ça a calmés les journalistes survivants, je pense. https://fr.wikipedia.org/wiki/Novaïa_Gazeta
Nous y voilà. Donc, selon vous, c'est Poutine qui a ordonné ces assassinats ?
Au risque de vous décevoir, ce n'est pas ce que pensent la plupart des analystes. En réalité, comme le mentionne d'ailleurs l'article Wikipédia que vous citez, ces six journalistes enquêtaient sur la Tchétchénie, une région autonome du Caucase dirigée par un certain Ramzan Kadyrov.

Tous les indices, pour chacun de ces meurtres, pointent vers la Tchétchénie. Il faut également y ajouter le cas de l'opposant Boris Niemtsov, assassiné en 2015.
Alors pourquoi n'a-t-on pas arrêté les commanditaires, me direz-vous ? Les seuls à être en prison sont des petites mains, de petits poissons.

Parce que le commanditaire, vraisemblablement M. Kadyrov lui-même, est quelqu'un qui a amassé un pouvoir considérable en Tchétchénie. Installé par Poutine pour mettre un terme à la guerre, tout en maintenant officiellement la région dans le giron russe, la Tchétchénie est en réalité quasi-indépendante. Kadyrov dispose d'une armée personnelle, et il a habilement su jouer son rôle de rempart face aux terroristes indépendantistes, tombés dans le fondamentalisme wahhabite, et responsables de plusieurs attentats sanglants dans les années 2000 (prises d'otages de la Doubrovka et de Beslan). L'islam tchétchène appartient en effet au courant soufi, ennemi du wahhabisme, ce que Kadyrov n'a pas manqué d'exploiter à son avantage.

Arrêter Kadyrov pour le juger ne pourrait se faire qu'à un prix démesuré, entraînant potentiellement une nouvelle guerre, dont Poutine n'a absolument pas besoin ni envie.
Ils ont même déporté un journaliste, comme au bon vieux temps du goulag.
Vous avez lu un peu vite, je crois. Le journaliste en question, de nationalité ouzbek, n'a pas été déporté au goulag ( :D ), mais condamné à être déporté de Russie, vers son pays, l'Ouzbékistan. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce monsieur ne détenait pas de passeport, et n'avait donc pas de titre de séjour valide. C'était donc un clandestin.
Du reste, ce jugement a été cassé par la Cour suprême, qui l'a autorisé à quitter la Russie pour l'Allemagne, où il vit aujourd'hui.

En conclusion, Bassmeg :

1) Comme je l'ai déjà dit plus haut, Sputnik n'est pas indépendant de son financier, pas plus que France 24 ou Le Monde ne sont indépendants des leurs.
2) Il existe une presse d'opposition en Russie, qui est tout à fait libre de critiquer le gouvernement.
3) Il existe des média occidentaux en Russie, qui diffusent de la propagande pro-occidentale.
4) Les citoyens russes bénéficient d'une totale liberté de parole sur Internet (réseaux sociaux, journaux en ligne, YouTube, etc.)
5) Le cas des journalistes assassinés est relié au problème tchétchène ; il ne nous renseigne pas sur la liberté de la presse en Russie même.

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Re: Un retour de la crise financière attendu...

Message non lu par Bassmeg » jeu. 27 déc. 2018, 22:35

Bien Valentin. On a compris votre attachement à défendre l' idée que la Russi et le régime de Poutine sont une terre de liberté d' expression et de respect des droits de l' homme. Et pour ceux qui conservent un doute quant à la validité de vos idées, je les invite à consulter cette lettre faite par Reporter sans Frontière à Monsieur Poutine : https://rsf.org/fr/actualites/liberte-d ... ir-poutine
Chacun sera juge.

Revenons au sujet. On parle d' une crise financière majeure. Mais on sort à peine de la précédente, est-ce que je suis la seule à m'étonner? Des événements qui reviennent tous les dix ans, est-ce que ce sont encore des crises? Ou bien est-ce que le problème est cyclique et reviendra encore dans dix ans? Que peut on faire pour enrayer le phénomène?

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