Les souverainistes de tout poil

« Par moi les rois règnent, et les souverains décrètent la justice ! » (Pr 8.15)
Cinci
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Message non lu par Cinci » jeu. 29 sept. 2016, 20:57

A propos d'une certaine intervention présente dans ce fil :
viewtopic.php?f=94&t=41027

La phrase suivante de p. cristian :
C'est le rêve de tous les souverainistes de tout poil que la crise économique produit. Pas de quoi être inquiet : quand est ce que la conjonction d'une crise économique et du réveil des nationalismes a provoqué quelque chose de fâcheux en Europe?

Bonjour,

Je trouve désolant votre commentaire, p. cristian. Parce que le procédé de réduction ad hitlerum ne représente rien d'autre qu'une tromperie, une malhonnêté intellectuelle, Je pense que je pourrais le dire s'agissant du souverainisme.

Vous écrivez :
C'est le rêve de tous les souverainistes de tout poil que la crise économique produit.
Le souverainisme n'a rien à voir avec la crise économique de 1929, ni celle de l'an 29 ou une autre. C'est un plus sérieux que cela. Le souverainisme se trouvait déjà dans les fameux quatorze points du président Wilson. Et le principe du souverainisme se retrouve enchâssé dans les chartes des Nations unies.

Qu'est-ce que les principes wilsoniens ou la charte de l'ONU auraient à voir avec le fascisme allemand de 1930? Puis votre expression est méprisante cf. "de tout poil"

Si l'écrasement de la démocratie vous inquiète, si c'est l'oppression des peuples qui vous dérange vraiment, alors je vous inviterais à tourner votre regard plutôt du côté de l'impérialisme, telles ces grandes entreprises que furent jadis la colonisation de l'Afrique ou de l'Asie. Je vous rappellerais que les grands ennemis du souverainisme sont les colonisateurs justement.

Ces chers hitlériens des années 1930 dont on aime tant rappeler le souvenir étaient 1) des impérialistes 2) des promoteurs de l'inégalité des peuples 3) des partisans de l'exploitation des peuples inférieurs, du démembrement des nations souveraines comme la Pologne, tiens 4) des "idéalistes" appelant de tous leurs voeux le refoulement des identités distinctes au rang de folklore amusant pour le plus grand profit d'une masse normalisée, standardisée, rendue conforme, etc. Les grands partisans d'une continentalisation massive et uniforme de l'Europe portaient des noms comme Drieu de la Rochelle, Marcel Déat, Jacques Doriot, tandis que le souverainisme pouvait trouver un général de Gaulle comme avocat.

Je suis moi-même souverainiste.

Non, ce n'est pas un "accident", pas un hasard inexplicable si c'est bien "le" fondateur de la Ve république en France qui sera venu se fendre d'un "Vivre le Québec libre!" au Canada, en 1967,

[...]

Je trouve tellement insignifiant, stupide, niaiseux, sans génie, tout ce baratinage qu'il faut supporter d'entendre depuis bien des années et qui est très présent en France manifestement. Je parle de tout ce véritable lavage de cerveau et selon lequel des vélléités d'autonomie, d'indépendance ou de souveraineté devraient correspondre forcément à de l'extrême-droite, à la négation des droits de l'homme, à la violence.

Quelle connerie, bon sang! Quelle connerie!

Comme si un Ghandi en Inde aurait dû être un promoteur du fascisme. Mais oui, étant bien quelqu'un d'aussi intéressé par l'indépendance de l'Inde, motivé par l'idée d'arracher son pays des griffes des impérialistes britanniques et de leur domination nuisible.

Les souverainistes ne sont pas de facto des racialistes, des oppresseurs de minorités, des amoureux de la tyrannie. Pas plus que le président des États-Unis serait supposé être un ennemi de l'humanité, le premier ministre de la Norvège un partisan de la torture.

Qu'il puisse exister un nombre limité de délinquants, de hooligans ou de véritables xénophobes, en périphérie de n'importe quel groupement politique, parmi ceux pouvant revendiquer des droits à l'auto-détermination d'un pays ou d'un peuple en particulier, ce n'est pas une excuse qui permet de réduire une avenue politique complète à la psychologie d'un barbare.

Depuis le temps que je suis sur ce forum et que j'aurai pu constater comment la prégnance outrageante et incroyable de la propagande fédéralisante peut s'exercer chez les catholiques français, je peux vous dire que je suis assez déçu. Personnellement, je n'y trouve rien là pour me placer dans une disposition confiante à l'égard des idées politiques que partagerait la majorité d'un épiscopat français.

Enfin

Je pense que la plupart des intervenants de ce forum ne réalisent même pas à quel point ils peuvent être insultants, pour des souverainistes comme moi, juste à continuer de répéter sans cesse, comme des perroquets, leurs amalgames gratuits entre la tyrannie et le souverainisme. Oui, parce que les souverainistes sont préoccupés de liberté d'abord et avant tout.

Les catholiques français devraient en parler plus souvent à nos amis grecs, qui ne sont pas prêts de regretter, je pense, leur libération nationale de l'empire ottoman. Vous pourriez en discuter avec Lech Walesa également.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_des ... m%C3%AAmes

Pendant plus de trente ans, au Canada, des années 1950 aux années 1980, nous avons connu un charmant intellectuel du nom de Pierre Trudeau et dont le fils Justin se trouve actuellement aux commandes de la fédération. Et ce Trudeau-père n'aura jamais rien fait d'autre que de confondre perpétuellement les souverainistes de tout poil avec le fascisme allemand des années 1930. Il aura bâti toute sa carrière là-dessus.

Seulement, dès les années 1950, il était déjà contredit aussi par des ecclésiastiques du Canada français, par des prêtres de l'Église catholique romaine. - Qui? de rares curés traditionalistes d'extrême-droite? Non, des prêtres-ouvriers, ou des prêtres progressistes ou partisans des réformes sociales. Ce sont des prêtres catholiques comme le Père Jacques Cousineau (et syndicaliste et défenseur des droits des travailleurs contre le grand Capital, etc.) qui pouvaient accuser déjà des intellectuels à la Trudeau de grossière malhonnêteté et justement sur cette amalgame entre le fascisme et le souverainisme. Ce sont des pères jésuite comme le père Richard Arès qui dégonflaient le ballon.

Ce qui n'aura pas empêché le mensonge d'être répété, répété et re-répété depuis lors, vous vous en douterez bien. Parce que le mensonge sert les intérêts du pouvoir central de la fédération. CQFD.

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Re: Les souverainistes de tout poil

Message non lu par Pathos » jeu. 29 sept. 2016, 23:56

Fachiiiiiiiiiiiiiiiiiste !
Antisémiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite
Complotiiiiiiiiiiiiiiiiste


A savourer :

https://www.youtube.com/watch?v=RtU9T75pPi4
Une nation n'est pas ce qu'elle pense d'elle même dans le temps mais ce que Dieu pense sur elle dans l'éternité. Soloviev

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Re: Les souverainistes de tout poil

Message non lu par Cinci » ven. 30 sept. 2016, 7:14

En complément :
"Qu'est-ce que le trudeauisme?"


Le trudeauisme est une idéologie qui se définit bien par ce à quoi elle s’oppose avec virulence : le nationalisme québécois. Le trudeauisme est d’abord une idéologie antagoniste au nationalisme québécois et, pourrait-on arguer, à l’identité québécoise.


Pour émanciper les Canadiens français, il faut donc dans la vision de Trudeau les émanciper du nationalisme canadien-français, de tout ce qui vise à renforcer la tradition et l’identité canadienne-française, pour les inscrire de plain-pied dans un nouvel ordre canadien. C’est l’espace canadien réformé qui leur permettra d’être des individus libres, émancipés, épanouis. Trudeau se fera donc une mission de combattre le nationalisme québécois ; pour les trudeauistes, c’est la mission de tous les vrais progressistes.


Le multiculturalisme

Pour mieux dépasser les nationalismes historiques au Canada, celui des deux cultures qui y forment autant de sociétés dites d’accueil ou encore « distinctes », Trudeau adoptera une politique du multiculturalisme en 1971. La nouvelle gauche ou new left est parvenue, dans les années 1960, à imposer cette nouvelle conception de la société et de l’intégration de l’immigration avec un grand succès dans les groupes militants occidentaux et dans les institutions de pays comme la Grande-Bretagne, l’Australie et le Canada. Le multiculturalisme est une remise en question frontale des politiques d’intégration préalables, qui favorisaient l’assimilation à la culture majoritaire de la nation d’accueil. Dans le contexte de la décolonisation et de la contre-culture, la culture occidentale est attaquée de front : les tenants de la nouvelle gauche préconisent alors qu’on encourage les immigrants à préserver leur culture d’origine plutôt qu’à intégrer la culture de leur nouvelle nation.

Le trudeauisme définit le Canada comme une mosaïque culturelle (définition officielle aujourd’hui), sans référence aux deux peuples fondateurs, base des deux anciens nationalismes qu’il entend transcender pour définir le Canada en modèle pour l’humanité. Paradoxalement, c’est une façon pour Trudeau de renforcer l’identification au Canada de tous les Canadiens et de définir un nouveau patriotisme canadien.



Le rapatriement de la constitution en 1982 consacre le triomphe du trudeauisme.

De tous les projets politiques mis de l’avant au Québec après l’amorce de la Révolution tranquille sous Jean Lesage – indépendance (RIN), souveraineté-association (PQ), « égalité ou indépendance » (UN), « société distincte » (PLQ), etc. – le trudeauisme recueillait le moins d’appuis, mais c’est celui qui, paradoxalement, a eu le plus de succès. Le résultat du triomphe du trudeauisme est un Québec bloqué.

La nouvelle constitution consacre la vision trudeauiste du bilinguisme et celle du pluralisme ethnique et religieux inscrite dans le multiculturalisme, en enchâssant une Charte des droits et libertés qui adopte la vision trudeauiste sur ces deux questions. Elle consacre du même coup un plus grand rôle du gouvernement central. La Cour suprême, organe nommé exclusivement par le gouvernement fédéral, devient l’arbitre absolu des litiges constitutionnels et le tribunal devant lequel toutes les lois du Canada peuvent être examinées en fonction de leur conformité à la Charte et à la constitution.

Rappelons que le Québec a tout simplement été exclu du processus de rapatriement et de ratification de la nouvelle constitution, qu’il a jusqu’à ce jour refusé de parapher.



Avant Trudeau, tous les gouvernements reconnaissaient au Québec un droit de veto. Avec l’appui de la Cour suprême, Trudeau choisit de passer outre. Par cette réforme majeure du fédéralisme, il a consacré tout à la fois le gouvernement des juges, qui priment les Parlements, et la suprématie de l’État central (par son volet juridique plus qu’exécutif ou législatif).

https://www.action-nationale.qc.ca/inde ... rudeauisme


12 février 1981
Le groupe Solidarité-Québec remet au premier ministre du Québec, René Lévesque , une pétition. Celle-ci contient les signatures de 715 000 Québécois qui s'opposent au rapatriement unilatéral de la Constitution canadienne et à son amendement sans l'accord du Québec. Ce mouvement n'empêchera par le rapatriement de ladite Constitution, l'année suivante, sans la participation du Québec.
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages ... /3487.html


12 décembre 1981 - Résolution de l'Assemblée nationale du Québec [ ... qui refuse les modifications à loi fondamentale du Canada ou l'enchâssement du trudeauisme dans la constitution canadienne]
http://www.saic.gouv.qc.ca/affaires-int ... e.asp#1981
Dernière modification par Cinci le ven. 30 sept. 2016, 18:28, modifié 1 fois.

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Re: Les souverainistes de tout poil

Message non lu par Cinci » ven. 30 sept. 2016, 18:17

Les insinuations aussi méprisantes que fausses de Trudeau :

Selon Trudeau, pour atteindre la démocratie sociale, il faut passer par l'instauration de la démocratie libérale [...] le grand risque toutefois ne se trouve pas à l'extrême-gauche mais à l'extrême-droite, à cause du nationalisme :
  • Quant au national-socialisme, très peu pour moi. Et c'est pour cela que je ne suis pas autrement pressé de réclamer les nationalisations et les contrôles dans la province de Québec : l'incompétence, la fraude et l'oppression caractérisent déjà l'administration de la chose publique à tous les degrés chez nous (provincial, municipal, scolaire et paroissial) et la population s'avère incapable d'y apporter les correctifs.

    - Pierre Elliot Trudeau, "Un manifeste démocratique", Cité libre, octobre 1958, numéro 22
On remarquera au passage l'association suggérée entre des mesures d'affirmation nationale prises à Québec et le nazisme

Source : Charles Philippe Courtois, Cité libre, Duplessis et une vision tronquée du Québec, p. 59


L'aliénation nationaliste

"C'est un fait, depuis le début il y a eu à Cité libre une tendance à considérer les nationalistes québécois comme des aliénateurs. [...] Le nationalisme nous apparaissait donc, à Cité libre, comme une forme d'aliénation [...] il aliénait dans des combats contre l'Autre des forces qui eussent été mille fois requises contre les premiers responsables de notre indigence générale : nos soi-disant élites. [...] Nous trouvions absurde de penser que le Canada français deviendrait plus démocratique, plus socialisant, plus laïque et plus moderne, du jour où - se refermant sur lui-même - il n'aurait plus comme appui contre un monde hostile que ses traditions vétustes et ses idéologies réactionnaires.

[...]

Il y a vingt-cinq ans, le nationalisme a réussi à mettre au service de la réaction toutes les énergies qu'avait libérées la crise économique des années trente. Il faut à tout prix empêcher que le néo-nationalisme aliène de la même façon les forces nées dans l'après-guerre et qu'exacerbe aujourd'hui une nouvelle crise du chômage.

Ouvrons les frontières, ce peuple meurt d'asphyxie!"

Source : P. E. Trudeau, "L'aliénation nationaliste", Cité libre, mars 1961, numéro 35


La nouvelle trahison des clercs

"Ce n'est pas l'idée de nation que je trouve rétrograde, c'est l'idée que la nation doive nécessairement être souveraine.

A quoi les Indépendantistes québécois rétorquent qu'une idée n'est pas rétrograde qui a permis à l'Inde, à Cuba et à une multitude d'États africains d'obtenir leur indépendance.

[Et voici l'objection de Trudeau ]

Ces pays ne constituaient nullement des nations au sens où les Canadiens français seraient une nation. [...] Les peuples c'est bien autre chose que les groupements ethniques. [...]

L'histoire de la civilisation, c'est l'histoire de la subordination du nationalisme tribal à des appartenances plus larges [...] Au Canada, comme je l'expliquerai plus bas, il n'y a, ou aura, de nation canadienne qu'en autant que les communautés ethniques réussiront à exorciser leurs nationalismes respectifs. S'il naît alors un nationalisme canadien, il faudra l'exorciser à son tour, et demander à la nation canadienne d'abdiquer une partie de sa souveraineté en faveur de quelque ordre supérieur, comme on le demande aujourd'hui aux nations canadienne-française et canadienne-britannique. Voir le remarquable essai de E. H. Carr, Nations ou fédéralisme, 1946 "

Source : P.E. Trudeau, "La nouvelle trahison des clercs", Cité libre, avril 1962, 46

... en 1956, dans La grève de l'amiante, Trudeau avance que le Québec sera sauvé du destin de pays latin, "catholique et nationaliste", comme l'Espagne et l'Argentine, grâce à sa participation à un ensemble anglo-saxon [...] Le Québec n'est pas comparé à des démocraties francophones comme la Belgique ou la France mais à l'Espagne de Franco.

Trudeau explique :

  • L'immoralisme électoral et civique des Canadiens français, leur penchant pour l'autoritarisme, les thèses anti-démocratiques qu'ils apprennent au collège, les structures non adultes où ils se débattent à l'université, le peu de place qu'ils occupent comme laïcs dans l'Église québécoise, les cadres sociaux étroits où ils vivent dans les campagnes, les positions subalternes qu'ils occupent dans les structures autoritaires du capitalisme, le peu de cas qu'ils font (dans l'ensemble) des atteintes à la liberté de parole, de presse ou d'association, tout ce la constitue autant de caractéristiques d'un peuple qui n'a pas encore appris à se gouverner lui-même, d'un peuple où la démocratie ne peut pas être prise pour acquise. (La grève de l'amiante, p 101)




Les séparatistes : des contre-révolutionnaires

Les dictateurs

"Je me rase, quand j'entends notre engeance nationaliste se donner pour révolutionnaire. Elle conçoit la révolution comme un bouleversement profond, mais oublie que ceci caractérise aussi la contre-révolution.

Le fascisme et le nazisme ont bouleversé pas mal de choses. Notamment ils ont remplacé des institutions démocratiques par un système totalitaire. [...] Ces dictateurs s'appelaient Hitler et Mussolini. Il y en eut d'autres qui s'appelèrent Staline, Franco et Salazar. Il est indéniable qu'ils prétendaient tous servir la destinée de leur collectivité nationale respective. Mais qui songerait à caractériser l'ensemble de leur oeuvre comme révolutionnaire? Ils ont aboli la liberté de la personne, ou l'ont empêchée de s'épanouir, c'est pour cela que l'histoire les classe comme contre-révolutioonaires.

En 1960, tout devenait possible au Québec, et même la révolution. [...] Une génération devenait enfin libre d'appliquer toutes ses énergies créatrices à mettre ce petit peuple arriéré à l'heure de la planète.

Hélas! la liberté s'est avérée une boisson trop capiteuse pour être versée à la jeunesse canadienne-française de 1960. Elle y eut à peine goûté qu'elle s'empressa de rechercher vite quelque lait plus rassurant, quelque nouveau dogmatisme.

[...]

Comme me l'écrivait un ami, dernièrement : au sectarisme religieux, on substitua le sectarisme national.

Les dévôts du séparatisme et les autres rongeurs de balustre au temple de la Nation désignent déjà du doigt le non-pratiquant. Aussi bien, nombre d'incroyants trouvent avantageux de faire leurs Pâques nationalistes, car ils espèrent ainsi accéder aux fonctions sacerdotales et épiscopales, sinon pontificales, et être habilités par ce fait à réciter les oraisons, faire circuler directives et encycliques, définir les dogmes et prononcer les excommunications, avec l'assurance de l'infaillibilité! Ceux-là qui n'accéderont pas au sacerdoce pourront espérer devenir marguilliers en récompense des services rendus; à tout le moins ils ne seront pas embêtés quand le Nationalisme sera devenu religion d'État.

M. Jean-Marc Léger [un journaliste du quotidien Le Devoir], qui a toujours eu le courage et la conscience de son nationalisme - et je n'en dirais pas autant de ceux qui le toisaient de très haut il y a quinze ans, mais qui en viennent aujourd'hui à penser comme lui, "parce qu'ils veulent être aimé de la jeunesse" - M, Léger préconisait au colloque de la Saint-Jean-Baptiste "la création d'un climat de ferveur nationale dans les écoles".

Et pour y arriver "l'interdiction aux parents francophones d'inscrire leurs enfants dans des établissements anglophones, au Québec" (Le Devoir, 16 mars 1964) Il va de soi que cette pensée néo-cléricale fut bien accueillie dans nos journaux, et personne ne semble s'émouvoir de ce que l'enseignement au Québec puisse passer du confessionalisme religieux au confessionalisme linguistique obligatoire.

Le complexe du Wigwam

La vérité c'est que la contre-révolution séparatiste est le fait d'une minorité petite-bourgeoise impuissante qui craint d'être laissée pour compte par la révolution du vingtième siècle. Plutôt que de s'y tailler une place à force d'excellence, elle veut obliger toute la tribu à rentrer sous les wigwams, en déclarant l'indépendance,"

Source : P. E. Trudeau, "Les séparatistes : des contre-révolutionnaires", Cité libre, mai 1964, numéro 67

Etc ...

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Re: Les souverainistes de tout poil

Message non lu par Cinci » ven. 30 sept. 2016, 19:35

Pathos,
Fachiiiiiiiiiiiiiiiiiste !
Antisémiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite
Tout à fait.

:oui:

C'est exactement le genre d'accusation qui était fait aux souverainistes, indépendantistes ou nationalistes du Québec dans les années 1960. Et c'est encore et toujours les mêmes accusations qui sont reprises contre les souverainistes ou les patriotes canadiens français, favorables au maintien et au développement d'un espace de civilisation française.

Mais ...

On ne lance jamais ce type d'accusations contre les British en général, ou contre les Canadiens anglais, ou contre les Américains pouvant avoir l'audace de se dire patriotes (ou d'être fiers de l'indépendance de leur pays, etc.)

Si je parle de tout cela sur ce fil et sur ce forum. mais c'est parce que je crois (j'en suis parfaitement convaincu) qu'il arrive aux Français dans l'Union européenne ce qu'il arrive aux Québécois dans la fédération canadienne. C'est la même dynamique (anglo-saxonne d'Inspiration, anti-française et anti-catholique) qui est à la racine de ces "constructions politiques" se voulant englobantes, impériales et "libératrices".

Comme pensait et disait le général de Gaulle : on ne comprend pas ce qui passe sur le plan de l'histoire si l'on tient à un horizon limité des dix, quinze ou vingt dernières années. Il y a l'histoire longue, avec ses mouvements de grand fond et ses dynamiques qui ne changent pas de cap facilement.

Le discours d'un bonhomme comme Trudeau (à moitié anglais par sa mère) consistait à faire valoir comment ces sont les Anglais qui offraient la garantie d'une civilisation supérieure (libérale, démocratique, respectueuse des minorités, etc.) alors que les francos du Québec étaient tributaires d'une civilisation féodale, autoritaire, anti-démocratique, catholique, ennemie des libertés, etc. La chance providentielle des "francos" consiste à devoir s'ouvrir à la pensée et au système de valeurs des anglo-saxons. Sans la domination de l'imperium, du système anglo-américain : les Français sont fichus et en le sens qu'ils ne pourraient que retomber dans leurs ornières maléfiques, qui sont le racisme, l'étouffement des libertés individuelles, la censure religieuse, le maurassisme, le nazisme à la limite, etc.

Je veux dire que ce stéréotype, ce préjugé mental, ce tic de raisonnement, cette croyance plus ou moins consciente et enfouie dans le psychisme de plusieurs est l'explication fondamentale pourquoi, même en l'an 2016, on nous bassine encore et toujours avec ces histoires de racisme, sitôt qu'il serait question de promouvoir les intérêts de la France, ou du Québec, de défendre l'identité française.

Trudeau ne pensait pas que la race anglaise "en soi" devrait être supérieure à une race française. Il n'était pas aussi corniaud. Plutôt, il croyait que les aléas de l'histoire (des siècles et des siècles) avaient pu concourir à faire en sorte que le meilleur système de pensée était véhiculé culturellement par les Anglais. Ce serait les Anglais qui offriraient le "meilleur système politique transcendant", permettant de s'arracher aux limites des étroitesses nationales, au bornement racial.

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Re: Les souverainistes de tout poil

Message non lu par PaxetBonum » ven. 30 sept. 2016, 20:44

Merci Cinci pour votre intervention si juste.
Pax et Bonum !
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St François d'Assise

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Re: Les souverainistes de tout poil

Message non lu par Cinci » jeu. 15 déc. 2016, 2:12

Dans l'éphéméride ...

Retour sur le 14 décembre 2000. "L'affaire Yves MIchaud" présenté par Michaud lui-même, dans la cadre d'une capsule tournée au salon rouge de l'Assemblée nationale en 2011.

http://www.assnat.qc.ca/fr/video-audio/ ... 38859.html

C'est toujours un plaisir d'écouter Yves Michaud conter des anecdotes. Oui, même si un de mes anciens professeurs feu Laurent-Michel Vacher aura déjà pu le taxer de "fossile prudhommesque" dans un de ses livres critiquant sans ménagement nos politiciens nationalistes du Québec.


Pour l'épisode du 14 décembre : il faut dépasser la 22e minute.

Pourquoi cet épisode? Ce fut sans doute le moment le plus ignoble de l'histoire de l'Assemblée nationale au cours des vingt-cinq dernières années. Ignoble mais représentatif de l'époque.

C'est Michaud qui fut faussement accusé d'antisémitisme et de xénophobie, par toute la députation de son propre pays, une manoeuvre bassement politique initiée par son propre parti (!) et qui fut exécutée afin de l'empêcher de réaliser un retour en politique active. Après des décennies de bons et loyaux services ...

C'est toujours de l'actualité, ce "beau" cas de stigmatisation d'un grand citoyen par le biais d'une procédure extraordinaire de l'Assemblée nationale, même si personne n'en parle tellement dans les médias regroupés. Il reste que le dossier est encore ouvert. Un comité de défense d'Yves Michaud fut mis sur pied, etc. En attendant, la démagogie et le politiquement correct sont les deux armes de choix dont les adversaires de la nation usent et abusent.

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Re: Les souverainistes de tout poil

Message non lu par Cinci » jeu. 15 déc. 2016, 17:29

L'Affaire Yves Michaud
[+] Texte masqué
"Rappelons les faits. A l'automne 2000, Yves Michaud , le militant indépendantiste en réserve de la république annonce son retour éventuel en politique. A la demande de plus de 200 militants de la circonscription de Mercier, il accepte d'être candidat à l'investiture en vue des élections partielles à venir, dans la foulée de la démission du ministre Robert Perreault.

La Parti québécois se trouve alors mal en point. Au moment même où se tiennent des États généraux sur la question linguistique, beaucoup de ses militants diagnostiquent un recul du français à Montréal. C'est la morosité ...

Des militants péquistes proposent la candidature de l'ancien journaliste et diplomate pour relancer le débat et réchauffer l'ardeur des troupes. Ce dernier, en acceptant leur invitation, est loin de se douter qu'il sera, à son corps défendant, à l'origine d'une polémique comme le Québec n'en avait pas vue depuis longtemps.

On peut faire commencer l'"affaire" le 5 décembre 2000, alors qu'Yves Michaud accorde une entrevue à l'animateur Paul Arcand sur les ondes de la station radiophonique privée CKAC. Il évoque alors un brin de conversation qu'Il a eu un moins plus tôt avec une connaissance, le sénateur libéral Léo Kolber, dans un contexte privé. Entre autre sujets mentionnés : la question de la souffrance historique du peuple juif. Selon son propre compte rendu, Michaud aurait dit à M. Kolber à peu près ceci : "Le peuple juif n'est pas le seul à avoir souffert dans l'histoire de l'humanité."

Pour Robert Libman, directeur général du B'naï Brith, un organisme de défense des droits des Juifs, ce qu'a dit Michaud à CKAC fournit l'occasion de frapper fort. Libman somme Lucien Bouchard, alors premier ministre du Québec, de bloquer la course à l'investiture de celui qu'il qualifie de "dinosaure souverainiste". Répondant de façon inopinée à ce rare appel du pied d'un adversaire politique, le premier ministre va effectivement tout faire en son pouvoir pour barrer la route à Yves Michaud.

Mais le casus belli officiel, c'est la déclaration faite par Michaud devant la Commission des États généraux sur la langue, vaste commission d'enquête sur la situation linguistique au Québec, qui siège alors à Montréal. Dans son mémoire présenté aux commissaires, le militant péquiste évoque alors non seulement la question de l'assimilation de nombreux immigrants à la langue et la culture anglaises, mais également le comportement électoral des groupes non francophones au Québec, qui se traduit souvent par un vote étroitement aligné sur celui de la minorité anglaise.

En soulignant la délicate question du vote à Côte-Saint-Luc, circonscription multiethnique, et en déplorant publiquement le vote monolithique dans plusieurs bureaux de scrutin contre la souveraineté du Québec, MIchaud enfreint un tabou [...]

Le 14 décembre 2000, une motion de blâme contre Yves Michaud sera adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale. Le texte dénonce les "propos inacceptables" à l'égard des communautés ethniques, et en particulier à l'égard de la communauté juive, tenus par Yves Michaud lors de la Commission des États généraux sur la langue française à Montréal.

On apprendra plus tard, non seulement que cette motion de blâme a été votée sans aucun débat, mais également sans que les propos "exécrés" ne soient jamais soumis par écrit aux députés! L'affaire est un précédent à plus d'un titre : non seulement la méthode est-elle incroyablement expéditive - tout est joué en quelques minutes - mais c'est la première fois qu'un citoyen est blâmé par un vote de blâme de l'Assemblée nationale. Du jamais vu en quatre siècles de parlementarisme!

Michaud demande à être entendu par le Comité plénier de l'Assemblée nationale. L'homme exige réparation et justice. Il écrit de nombreux articles, et reviendra régulièrement sur cette histoire au cours des années suivantes. Il soutient que ses propos sur le comportement électoral des minorités ethniques au Québec correspondent à la simple réalité des faits , et ne peuvent être en rien assimilés à du racisme ou à de l'antisémitisme.

Devant le refus de l'Assemblée nationale d'annuler sa motion de blâme, MIchaud se rend devant les tribunaux. Un groupe est mis sur pied pour dénoncer ce qu'il considère comme un abus de pouvoir et une atteinte à la liberté d'expression. Le mouvement fait part de son inquiétude face à une manifestation stupéfiante d'arbitraire, dont tout citoyen pourra désormais redouter d'être victime.

L'Affaire MIchaud : un moment étrange dans l'histoire parlementaire du Québec [...]

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Re: Les souverainistes de tout poil

Message non lu par Cinci » jeu. 15 déc. 2016, 20:02

Le corps du délit :

Ce qu’a dit Yves Michaud : Devant la Commission des États-Généraux de la langue

[Note de l’éditeur : Lors de sa comparution devant la Commission sur la langue, le 13 décembre, 2000, Yves Michaud abandonna son texte préparé pour faire les remarques suivantes, alors que les représentants de la B’Nai Brith attendaient leur tour pour faire leurs commentaires :]

« Le chanoine Groulx nous invitait « à posséder comme les Juifs leur âpre volonté de survivance, leur invincible esprit de solidarité, leur impérissable armature morale ». Et l'historien donnait l'exemple du peuple juif comme modèle à suivre pour que les Québécois affirment leur propre identité nationale et assument pleinement l'héritage de leur histoire.

Ce chanoine Groulx, qui est un des maîtres à penser de deux générations de Québécois et dont on a voulu débaptiser la station Lionel-Groulx il y a quelques années, sans doute pour la remplacer par la station Mordecai Richler, le boulevard René-Lévesque par le boulevard, sans doute, Ariel Sharon, la place Jacques-Cartier par la place Galganov, et ainsi de suite. C'est un peu satyrique, c'est en boutade un peu que je dis cela, mais je pense qu'il en est qui exagèrent et qui poussent le bouchon un peu trop loin. Des immigrants, nous en voulons. Oui, le plus possible et poussant jusqu'à la limite nos capacités d'accueil. Des immigrants qui seront non seulement des ayants droit mais des ayants devoir aussi à l'égard de l'une des sociétés les plus généreuses du monde qui les accueille à bras et portefeuille ouverts, des immigrants ayants devoir, c'est-à-dire comprenant et parlant notre langue, ouverts à notre culture, à notre façon de travailler, d'entreprendre, d'interpréter le monde en français et de nous accompagner sur le chemin qui mène à la maîtrise de tous les outils de notre développement. (...)

Là, il y a un vote ethnique contre la souveraineté du peuple québécois. Si nous ne faisons pas en sorte d'intégrer nos immigrants et de les assimiler, eh bien, nous entrerons sur la pente de la louisianisation, de la folklorisation de notre société. »

Source : La Presse, le 19 décembre, 2000, p. A 15.

http://faculty.marianopolis.edu/c.belan ... aud/04.htm
Ces quelques mots suffisent pour que l'Assemblée nationale du Québec vote une motion de blâme à l'encontre d'un citoyen. Car Yves Michaud intervenait alors en tant que simple citoyen, devant la Commission des États généraux de la langue. Et voici que Michaud est transformé depuis - médiatiquement - en suppôt du racisme, de la xénophobie et de l'extrême-droite, par la magie des parlementaires.

Les députés n'ont jamais entendu Michaud avant de voter leur motion (contrairement aux usages de l'Assemblée nationale), n'ont jamais pris connaissance eux-mêmes du contenu des propos avant de voter (ils ignoraient la teneur des propos qu'ils devaient censurer), se sont fier uniquement sur le bruit que B'naï Brith (groupuscule d'intérèts) pouvait produire auprès d'un premier ministre du Québec alors désireux de châtier de soi-disant propos infâmes.

Pas un seul député n'a hésité à souiller la réputation d'un homme comme Michaud, qui a juste consacrer sa carrière à défendre les intérêts du Québec. La motion de blâme fut initiée par son propre parti. Le chef du gouvernement responsable de la motion va démissionner à peine un mois après cette affaire ... pour aller oeuvrer comme négociateur dans un grand cabinet privé d'avocats juifs, croyez-le ou non.

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Re: Les souverainistes de tout poil

Message non lu par Cinci » jeu. 15 déc. 2016, 22:41

Le vrai problème : c'est le choc entre le nationalisme de Yves Michaud et le pluralisme anglo-canadian

Nationalisme :

Véritable idéologie ou philosophie anthropologico-politique selon laquelle 1) l'humanité est fondamentalement composée d'identités collectives facilement identifiables et bien distinctes que l'on nomme des nations, des peuples ou des nationalités. Chaque être humain étant normalement membre d'un tel peuple-nation, qui forme sa communauté d'appartenance primordiale et qui peut seul lui procurer une identité morale et culturelle forte - double postulat de l'existence et de l'essentialité du fait national 2) les structures politiques et institutionnelles devraient autant que possible coïncider avec ces unités nationales et être au service de leur destinée historique - toute nationalité suffisamment nombreuse, viable et consciente d'elle-même ayant un droit naturel à posséder son propre État indépendant et à former un pays souverain - double thèse de la subordination du politique au national, ou de la primauté du national sur le politique, et du droit à l'affirmation politique des nations.

ou

Communauté durable à laquelle, en règle générale, on appartient de naissance, qui est relativement bien délimitée et caractérisée, partageant une suffisante uniformité d'origine ou d'ascendance, possédant à titre de patrimoine propre une culture, une langue et des traditions, un style de vie ou des valeurs communes, occupant majoritairement un certain territoire ancestral où elle est bien enracinée, ayant conscience de son identité culturelle, morale, historique et désirant continuer de vivre ensemble et cultiver son appartenance, afin de maintenir et promouvoir sa personnalité collective (cette espèce d'esprit collectif ou âme nationale qu'évoque le Volksgeist de Herder)


Pluralisme :

Concept de nation devant être aussi ouvert et polysémique que possible : nation culturelle, nation civique, nation multiethnique, nation citoyenne, nation plurielle, nation construite.

Dans le cas de la nation civique, l'État étant premier et la nation civique en émanant par-delà toute considération de nationalité au sens nationaliste : la nation signifie seulement ici l'ensemble des citoyens et ne fait référence à aucune racine, à nul caractère ancestral commun, étant conçue comme contractuelle, formée de ceux qui veulent vivre sous les mêmes lois, quelles que soient leurs origines, leur religion, leur lieu de naissance.

Nation canadienne en construction, aussi civique et multiethnique qu'on peut le désirer, se situant dans une optique post-tribale. Quoi de mieux que de faire partie de plusieurs "nations" à la fois, voire d'une hypernation multiculturelle et post-traditionnelle.

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Re: Les souverainistes de tout poil

Message non lu par PaxetBonum » ven. 16 déc. 2016, 10:21

Cinci a écrit :
C'est Michaud qui fut faussement accusé d'antisémitisme et de xénophobie, par toute la députation de son propre pays, une manoeuvre bassement politique initiée par son propre parti (!) et qui fut exécutée afin de l'empêcher de réaliser un retour en politique active. Après des décennies de bons et loyaux services ...
Je découvre grâce à vous cette affaire.
Malheureusement quid novi sub sole ?
Une personne qui parle vrai donc pas politiquement correct, dont on programme la mort pour le faire taire.
Pour tuer son chien on l'accuse de rage, pour tuer son adversaire on l'accuse d'antisémitisme, c'est imparable…
Pax et Bonum !
"Deus meus et Omnia"
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St François d'Assise

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Re: Les souverainistes de tout poil

Message non lu par Cinci » ven. 16 déc. 2016, 19:08

Salut Pax,

Ici c'est le genre de propos que l'on pouvait lire le lendemain du vote de blâme de l'Assemblée nationale.
Le Robin de la Race

La seule façon de décrire l'idéologie politique de M. Yves Michaud est de dire que c'est un homme d'extrême-droite. Ses allusions récurrentes et obsessionnelles aux Juifs et à Israël, ses références inacceptables au «vote ethnique», son admiration, étonnante de nos jours, pour le chanoine Lionel Groulx le placent très nettement aux extrêmes de notre échiquier politique.

Plus encore, son discours, à la limite du racisme et de l'antisémitisme ferait en sorte qu'il serait, dans la plupart des pays occidentaux, rejeté par les grands partis traditionnels. En France par exemple, un pays qu'il connaît si bien, seul le Front national de Jean-Marie Le Pen tolérerait ses dérapages. Même sa façon populiste de dénoncer le grand capital trouve des échos dans d'autres courants politiques qui n'avaient rien de socialiste.

Nous respectons le Parti québécois, un pôle essentiel de notre vie politique, et nous respectons le gouvernement Bouchard. Et nous savons que M. Michaud n'y a pas sa place. La question se pose d'autant plus que sa candidature dans Mercier est appuyée unanimement par l'exécutif du comté, et que la possibilité est donc forte pour que le «Robin des banques» devienne le candidat du PQ aux élections complémentaires et qu'il siège à l'Assemblée nationale dans les rangs gouvernementaux.

Ce problème trouve son origine dans le fait qu'en raison du débat national, les partis politiques du Québec sont des coalitions parfois hétérogènes. Comme ce qui cimente le Parti québécois, c'est l'attachement au projet de souveraineté, ce parti attirera aussi les tenants d'un nationalisme réactionnaire, porteur d'exclusion, comme celui de Yves Michaud. Cela peut mener à d'étranges paradoxes, comme dans Mercier, où la gauche militante s'allie à un homme de droite parce qu'ils partagent une même vision pure et dure de la souveraineté.

Loin de nous l'idée de condamner par association le Parti québécois pour les dérives d'un de ses «loose cannon». Le PQ a déployé, au fil des ans, des efforts constants pour faire du projet souverainiste un courant moderne et ouvert sur les autres. Mais ce parti, pour rester fidèle à ses principes, doit définir des balises pour que des excès qui lui sont extérieurs ne lui portent pas ombrage.

L'Assemblée nationale a unanimement condamné M. Michaud pour ses propos. Tant mieux. Le ministre Bernard Landry lui a demandé de se retirer de la course. Encore là, tant mieux, mais c'est la moindre des choses, le ministre des Finances étant l'un de ses amis et qui, après avoir subventionné les activités du Robin des banques, avait encouragé son retour à la vie politique. «Ce sont les militants de Mercier qui décideront, ils sont souverains, mais si Yves Michaud revenait en politique, je serais le plus heureux des hommes», avait dit le ministre il y a moins de deux mois. À notre connaissance, il y a deux mois, M. Michaud était tout autant réactionnaire que maintenant.

Il faudra donc plus. Pour le bien du PQ, pour le bien du gouvernement, mais aussi pour la santé de la vie politique et sociale de tous les Québécois, le PQ doit prendre les moyens qu'il faut pour clairement écarter Yves Michaud.

Source : Alain Dubuc, "Le Robin de la race", La Presse



http://faculty.marianopolis.edu/c.belan ... aud/15.htm
Le texte représente un condensé de mensonges, une accumulation de faussetés, un chef d'oeuvre de perversion intellectuelle. C'est plutôt choquant à lire quand on connaît tant soit peu le bonhomme ainsi que sa carrière, en pensant à Michaud. Il s'agit véritablement de diffamation. Si nous étions à une autre époque, des journalistes comme Dubuc seraient invités à régler la question en duel en présence de témoins (sourire).

Il n'y a pas moins politicien "extrémiste de droite" que Michaud en réalité. Le gars est un social-démocrate, mais un vrai démocrate, le plus grand ami de feu René Lévesque, un vrai libéral au sens politique du terme, un personnage qui, lors de son passage en France, était d'une compagnie recherchée par les trois-quart du personnel politique français, de Giscard d'Estaing en passant par Chirac et jusqu'à Mitterrand, Rocard et bien d'autres.

Il faut savoir que le journaliste Dubuc a commencé sa carrière en tant que marxiste-léniniste. Et un jour il aura vu la lumière, il se sera converti au néo-libéralisme. Il a vendu son âme au diable "Paul Desmarais" de Power Corporation, une entreprise qui possède actuellement 70% des principaux quotidiens au Québec, des hebdos régionaux, magazines, etc. Dubuc est à l'emploi de Desmarais ... comme éditorialiste dans le journal phare que possède la famille Desmarais ... or que Yves Michaud est justement le gars qui a alerté l'opinion publique et le gouvernement québécois en 1968, sur les manoeuvres monopolistes de Desmarais; donc notre gars qui fut le responsable de la création de Commission d'enquête sur les activités de Desmarais et de son holding. Pour sa part, feu René Lévesque considérait que Desmarais était un roi-nègre.

Desmarais c'est la banque, le capitalisme financier à son "meilleur", la dépossession du Québec (retirer aux Québécois la maîtrise de leur propre société) , l'anti-patriotisme ... et, de là, cette opprobre jetée sur la mémoire du chanoine Lionel Groulx (premier occupant de la chaire d'histoire à l'université de Montréal, dans les années 1920, 1930, etc.) , le chanoine qui fut un des grands intellectuels du Québec au XXe siècle et l'architecte également du nationalisme québécois contemporain, promoteur infatigable de la création d'un État français en Amérique, promoteur du redressement de la société québécoise, d'une reprise en main du politique et de l'économique par les Québécois, et ce, à l'encontre des intérêts d'affaires des anglo-américains.

Par conséquent ...

C'est ce qui nous vaut des attaques incessantes, dans les médias, offensives commanditées par des groupes financiers désireux d'évoluer dans un environnement idéologico-p;olitique anglo-saxon. Parlons d' attaques à l'effet que les Québécois disciples de Lionel Groulx et de son nationalisme sont des racistes, des fascistes dans l'âme, des antisémites, etc. Le bombardement est incessant. Pour réaliser ce sale boulot, le Capital utilise abondamment des personnalités juives comme Robert LIbman du B'naï Brith. C'est la raison pourquoi un Yves Michaud peut-être amené à parler des Juifs ou de l'histoire des Juifs.

Le B'naï Brith sommait avec insolence les Québécois, leur demandant de cesser d'honorer la mémoire du chanoine Groulx, comme de débaptiser les lieux publics pouvant rappeler son souvenir (station de métro, etc.) Imagine-t-on un peu de quel mépris des Québécois un tel exercice peut être le vecteur? On imagine un peu des admirateurs juifs des héros sionistes, des types qui ne font qu'applaudir à la mémoire des créateurs de l'État d'Israël, mais qui sommeraient les Français, en France, de renier la mémoire du général de Gaulle, de déboulonner le souvenir de héros de la résistance, de cacher les monuments de Jeanne d'Arc, etc.

Les attaques de propagande contre la mémoire de Lionel Groulx s'enracinaient, vers la fin des années 1990 et au tournant des années 2000, dans un mauvais mémoire de maîtrise qu'une Esther Delisle (étudiante juive) avait réalisée, et pu ensuite faire éditer en librairie grâce au réseau de Pierre Elliott Trudeau et Desmarais. Le mémoire procédait à un salissage en règle de la personnalité du chanoine, le portraiturant sous les apparences d'un grand admirateur du fascisme, un crypto-nazi. C'est sûr que les médias contrôlés à 70% par Desmarais auront veillés à ce que le mémoire reçoive bien l'attention qu'il fallait.

Depuis l'année 2000, la société Radio-Canada (propriété publique gérée par le gouvernement canadien) a conclu un pacte d'affaire, une entente dûment signée de convergence avec le réseau médiatique que contrôle Power Corporation. C'est dans un tel contexte que l'on peut apprécier la motion de blâme à l'égard de Michaud qui fut votée à l'Assemblée nationale.

La manoeuvre visait à faire de la place (ex : en tassant Michaud, bloquer son retour) dans le but d'implanter davantage, au Québec même, l'idéologie multiculturaliste qui procède bien d'une définition anglo-canadian, une sorte de nationalisme civique "ouvert" , une idéologie que parraine le gouvernement du Canada.

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Re: Les souverainistes de tout poil

Message non lu par Cinci » ven. 16 déc. 2016, 21:55

Je recommande chaudement cette vidéo. Faut voir au moins les dix premières minutes. C'est Matthias Rioux qui nous raconte l'événement du 14 décembre 2000 et comme lui l'a vécu. Communicateur hors-pair, son récit est captivant.

http://www.assnat.qc.ca/fr/video-audio/ ... 40781.html

(Tout son témoignage entier est fascinant à proprement parler)

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Re: Les souverainistes de tout poil

Message non lu par Cinci » sam. 17 déc. 2016, 14:00

Quelques bonnes réflexions philosophiques en lien ...
  • « … les plaisanteries quotidiennes sur nos politiciens, leurs vices, leurs pompes et leurs taxes me hérissent tellement. Chacun se juge lui-même plutôt honnête et consciencieux, mais succombe aisément à la tentation d'estimer que tous les autres, en particulier ceux et celles qui ont mieux « réussi » ou sont plus exposés au regard des médias, ne sont que des arrivistes et des fripouilles. C'est pourtant tout à fait invraisemblable. J'inclinerais même à croire que la proportion d'imbéciles et de criminels parmi les membres de nos classes politiques est probablement plus faible encore que dans la population en général, où elle est déjà dérisoire, comme l'avait si bien vu Voltaire dans l'article « méchant » de son Dictionnaire philosophique.

    La vérité, c'est que les hommes et femmes politiques sont en général d'aussi braves gens que vous et moi, ni meilleurs ni pires, et cet état de choses, c'est en grande partie à la démocratie elle-même que nous le devons, qui empêche un pouvoir trop absolu de corrompre absolument ceux qui en jouiraient (pour paraphraser le mot fameux de Lord Acton)

    Voilà aussi pourquoi je hais les sceptiques et les abstentionnistes, même si je m'efforce de respecter le choix de nombreux citoyens qui préfèrent se reposer, se distraire, vivre leur vie familiale ou mener à bien leurs activités professionnelles plutôt que de participer aux interminables réunions nocturnes d'un parti ou d'un syndicat. Je partage malgré tout la réaction d'un Gramsci écrivant : "Je crois comme Friedrich Hebbel que vivre veut dire être partisan. On ne peut pas être simplement homme, étranger à la Cité. Qui vit vraiment ne peut pas ne pas être citoyen et partisan. L'indifférence est aboulie, parasitisme, lâcheté; elle n'est pas la vie.

    L'humanité n'est pas intrinsèquement méchante par nature ou par essence, mais elle est capable de mal.

    Ne perdons jamais de vue les résultats des expériences de Milgram sur la soumission à l'autorité ou celles de Asch sur le conformisme (Asch a habilement démontré de son côté la facilité avec laquelle l'influence d'un groupe infléchit le jugement d'une personne normale au point de lui faire admettre des absurdités patentes plutôt que de se sentir marginalisée. Voir A.E. Asch, « Opinion and Social Pressure », Scientific American, nov. 1955, p.31)

    J'ai eu récemment l'occasion d'observer avec stupeur, parmi nos étudiants d'université, la résurgence de points de vue antidémocratiques.

    • Il n'est pas juste que le vote d'un ignorant manipulé par les médias pèse autant que celui d'un militant bien informé ayant développé un authentique esprit critique, disait l'une. Il n'est pas bon, soutenait l'autre, que ce ne soit pas une véritable élite, compétente et éclairée, dotée de l'ampleur de vue indispensable aux grands projets d'avenir, qui nous gouverne.
    Seulement voilà. Ceux et celles qui pensent ainsi savent-ils à quoi ils ouvrent la porte?

    Inventer une nouvelle démocratie de participation plus étendue et plus universelle, n'est-ce pas un projet aussi exaltant que celui de renforcer le pouvoir d'une élite, fût-elle socialiste? Mais réfléchissons bien avant de franchir le pas d'un socialisme, anarchisme, libéralisme, nationalisme, écologisme, conservatisme ou féminisme non démocratique, car nous pourrions le regretter amèrement et en porter une accablante responsabilité historique. »

    Source : Laurent-Michel Vacher, « Mal et démocratie », causerie au collège Ahuntsic, novembre 2000 [/color]
Et
« ...le fantasme antidémocratique par excellence, c'est celui de l'unanimité, de l'ordre, de la permanence et de l'harmonie, qui se révèle vite et toujours mortifère, mais n'en renaît pas moins de ses cendres avec une désespérante régularité. La vie est diversité et changement.

Les conflits sont inévitables, et même ils sont souhaitables. Nier les conflits c'est nier l'autre, s'ériger en modèle, imposer son propre choix ou au contraire se nier soi-même, se conformer à l'autre.

En reconnaissant les conflits qui le traversent, un groupe se donne la possibilité de formuler la question du pouvoir et donc de choisir le mode d'expression de ces conflits. Les pouvoirs totalitaires, quelle que soit leur apparence institutionnelle, tentent soit d'imposer par la force le renoncement à l'expression des conflits, soit de mettre en scène un consensus apparent, traitant toute situation conflictuelle soit comme une trahison, soit comme une attaque extérieure au groupe.

L'idéal d'une culture démocratique, c'est de faire primer la reconnaissance et le respect effectif de l'autonomie personnelle et de la dignité de chacune et chacun, au prix accepté, des tensions inévitablement accrues qui risquent d'en résulter dans la communauté ainsi que de l'affaiblissement des puissances d'ordre et de cohésion.

On ne répétera jamais assez que la seule solution de rechange réelle à la démocratie, c'est le totalitarisme, l'autoritarisme, le despotisme, le paternalisme, l'absolutisme et la tyrannie – le trait commun des régimes autoritaires étant la volonté de leurs dirigeants de se soustraire à toute remise en question de leur pouvoir. »

Source : idem

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Re: Les souverainistes de tout poil

Message non lu par Cinci » dim. 18 déc. 2016, 4:39

En relisant les commentaires de Laurent-Michel Vacher, je redécouvre moi-même la valeur stimulante de ses réflexions. C'est le genre d'interpellation dont nous sommes malheureusement privés dans les médias à large spectre, et surtout à la télé de nos jours. Un propos relativement original qui est comme un pavé lancé dans la mare des idées reçues.
[+] Texte masqué
Ce cher Laurent-Michel ... un gars sympathique ... né en 1944, en France ... Il était athée, existentialiste ... humaniste ... un vrai gauchiste du meilleur style ... résolument adversaire de l'élitisme, du snobisme, de l'hypocrisie aristocratique ...

Je l'avais croisé par hasard sur la rue, en 1986, alors que je me rendais à la projection du film Shoah de Claude Lanzmann, dans l'ancien cinéma Outremont. C'était une magnifique journée de printemps. Il avait rendez-vous pour la même séance que moi. Il m'arrive de le revoir dans mon esprit, alors tombé la veste, toujours aussi absorbé dans une autre de ses lectures philosophiques, alors qu'il doit se rendre en vitesse à une séance de cinéma.
:>

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