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Y a-t-il une menace islamiste sur la démocratie ?

Publié : mer. 30 nov. 2005, 20:54
par wanderer
elisseievna a écrit :ce qui fait que je m'interesse à ce que disent les chrétiens en ce moment, c'est que je pense que la démocratie est menacée en Europe, par l'intégrisme islamique, et je crois que cet intégrisme peut profiter de revendications d'autres religions et "communauté", et je n'ai pas trouvé de solution, de parade pour défendre la démocratie, nos libertés, nos vies mêmes ...
Sur la question de la menace pour la démocratie, je voudrais bien avoir un avis par contre et connaitre celui des autres
Je vous ai déjà répondu sur ce sujet. Pour moi, nous n'avons aucun moyen d'évaluer la menace islamique, de savoir la proportion d'intégristes et de gens pacifiques. Pour moi, à ma petite échelle, je ne peux qu'être méfiant avec tout catastrophisme et je me contente pour l'instant de prier pour qu'ils reconaissent le Seigneur Jésus, mais pas en tant qu'ils sont musulmans, en tant qu'ils sont des hommes créés par Dieu...

wanderer

:)

Publié : jeu. 01 déc. 2005, 14:07
par elisseievna
" je ne peux qu'être méfiant avec tout catastrophisme "

Je sais que l'on s'éloigne maintenant du sujet, mais je relève cette phrase étonnante.
Moi on m'a appris "aide toi et le ciel t'aidera", on m'a appris aussi que le monde repose sur l'étude.
Si l'on ne fait rien contre la catastrophe possible, parce qu'on n'a même pas étudié ce qui nous arrive, ce qui annonce aujourd'hui une ou des catastrophes possibles, même pas réfléchi une seconde sur ce qu'il faudrait faire pour l'enrayer, alors il est bien certain que rien ni personne ne nous aidera.

Publié : jeu. 01 déc. 2005, 23:16
par zefdebruz
Y a t-il une menace de la démocratie sur l'Islamisme ? :blink:

Zef.

Publié : ven. 02 déc. 2005, 0:12
par elisseievna
Bien sur : la religion démocrate veut détruire l'islam, vous ne saviez pas ?

Publié : ven. 02 déc. 2005, 4:33
par Charles
L'Iran est-il une démocratie ?

Publié : ven. 02 déc. 2005, 12:37
par Christian
Bon matin, Elisseievna,
" je ne peux qu'être méfiant avec tout catastrophisme "

Si l'on ne fait rien contre la catastrophe possible, parce qu'on n'a même pas étudié ce qui nous arrive, ce qui annonce aujourd'hui une ou des catastrophes possibles, même pas réfléchi une seconde sur ce qu'il faudrait faire pour l'enrayer, alors il est bien certain que rien ni personne ne nous aidera.
Bien sûr que nous percevons partout les signes de la catastrophe. Notre civilisation occidentale, judéo-chrétienne, qui a rayonné sur la planète, est agressée de toutes parts. Pire, elle s’autodétruit.

On a souvent relevé le parallèle entre la situation de notre monde développé face au Tiers Monde, et celle de l’Empire romain à partir du 4ème siècle face aux ‘barbares’. L’opulence romaine attirait comme un aimant les peuples déguenillés des marais polonais et des steppes russes. Ce qu’on appelle ‘grandes invasions’ ne fut au départ qu’une arrivée massive d’esclaves, ou slaves, pour entretenir les routes, labourer les latifundia et servir de domestiques à Rome (sounds familiar?) Puis des populations entières furent autorisées à franchir le limes et à s’établir avec armes et bagages au sein même de l’Empire. Lorsque les Vandales, Ostrogoths, Huns, finirent par l’attaquer militairement, Rome, déjà, ‘n’était plus dans Rome’. Sa culture, ses valeurs, son héroïsme, avaient fait place aux mollesses de la décadence ; sa religion était importée d’une de ses petites colonies orientales ; ses cadres, jusqu’aux empereurs eux-mêmes, n’étaient plus des ‘Romains de souche’. La dernière grande victoire romaine, celle sur les Huns d’Attila, fut vraiment gagnée par des Goths.

Oui, et alors ?

Les civilisations sont mortelles, mais les êtres humains ne sont pas idiots. Si les vainqueurs repèrent chez les vaincus des connaissances, des techniques, une culture, qui peuvent leur servir, ils l’adoptent sans complexe. Les Romains faisaient venir leurs médecins, leurs précepteurs et leurs artistes, de leur colonie grecque. Ce n’est pas ‘Tu quoque, mi fili’ que César dit à Brutus, mais « Kaï sù, tèknon » ; les Romains lettrés entre eux parlaient grec, comme les aristocrates russes, français.

L’occident aujourd’hui est envahi. Beaucoup de ses valeurs disparaissent. Mais une autre civilisation est en train de naître. Comme la Grèce a fécondé Rome et Rome, les peuples barbares qui l’envahirent, nous sommes en train de civiliser, lentement, péniblement, ceux qui sont encore nos Vandales et nos Huns, nos anciennes colonies moyen-orientales et extrême-orientales, et de cette fusion nous verrons sortir une création originale, mélangeant notre technique et une grande partie de notre droit avec des valeurs de travail, de famille, de respect des anciens, de présence du divin, que nous avons négligées. Je pense qu’il en sortira une religion très spiritualisée (l’Islam fondamentaliste est une aberration sans avenir), une religion orientalisante, plus méditative, en apparence plus protestante, mais que le Catholicisme saura fort bien récupérer. Je n’en doute pas.

Le futur m’est autant inconnu qu’à vous. Selon l’image hassidique, nous avançons dans la vie le dos tourné à l’avenir, le regard ne portant que sur le passé. Nous voyons l’un, l’autre est invisible. Je déploie ma petite vision uniquement pour montrer que notre civilisation ne meurt pas ; elle se transforme. Elle survivra sous une autre forme, avec d’autres apports, comme nos gènes dans nos enfants. Accepter la mort (la nôtre, celle de nos enfants, celle de notre civilisation) est simplement réaliste.

Je vous épargne le cliché de la chenille et du papillon. Mais épargnez-vous la peur des ‘catastrophes civilisationnelles’. Travaillons plutôt de toutes nos forces pour transmettre le maximum de nos valeurs et accompagner la grande transformation.

Cordialement

Christian
:)

Publié : ven. 02 déc. 2005, 19:04
par Exupère
Bonjour,
Charles a écrit :L'Iran est-il une démocratie ?
C'est une excellente question, et force est de répondre que d'un certain côté, oui.

En réalité elliseievna, ça n'est pas tant la démocratie que l'islam menace (pourquoi utiliser le terme d'islamisme? Un islamiste n'est qu'un musulman activement engagé dans la propagation de sa foi, lequel effort prosélyte est un devoir coranique de base), mais ta (et notre) conception de la démocratie à l'occidentale - autrement dit de la démocratie-chrétienne, finalement.

L'islam sera largement assez souple pour accepter la démoratie tout en imprégnant n'importe quelle société de ses valeurs; et alors, tu auras beau voter, si ces valeurs-ci te sont étrangères la société te semblera totalitaire alors même qu'elle est démocratique. Ainsi les chrétiens en Egypte votent et vivent en démocratie; mais quoiqu'ils fassent - tant qu'ils sont en minorité - ils y seront pourtant discrimnés et profondément mal à l'aise.

En conclusion, je dirais que la pénétration de l'islam et de ses idées ne sont pas freinées par la laïcité et la façon dont nous avons séparé l'Eglise de l'Etat - mais au contraire très largement favorisé par cet état de fait. La foi chrétienne et son expression étant baillonées, depuis un siècle, particulièrement en France, la seule force morale qui pourrait contrer l'islamisation de l'Europe est impuissante (ou en tous cas entravée et très timorée par tradition depuis un siècle).

Voici ce que j'en pense ;-) mais... l'Histoire n'est jamais écrite à l'avance. Bien malin celui qui peut prédire le futur de l'Europe pour le siècle qui vient. Deux choses sont sûres:
- de grands changements (des bouleversements même)
- le retour de l'Histoire depuis peu dans nos sociétés, on le sent bien. Tout s'accélère!

Cordialement,
Ex

Publié : ven. 02 déc. 2005, 19:46
par Exupère
Christian,

Comme toujours je lis tes posts avec grand intérêt. Ce que tu dis est à la fois simple, visionnaire, sage - mais inaudible aujoud'hui. J'aurais tendance à être d'accord avec toi mais j'y ajoute une inconnue: je me demande par quelles épreuves, voire quelles atrocités, nous passeront pour en arriver là. Et je vois deux écueils majeurs: l'islam et le "fait racial". Je m'explique.

1. L'islam

Je voyage très fréquemment et depuis longtemps dans les pays musulmans - Afrique du Nord, Moyen-Orient, Asie du Sud-Est. L'islamisme n'est que l'avatar extrême et violent du formidable élan musulman qui a lieu partout dans le monde, avec la même intensité, le même aveuglement, la même ferveur. L'islamisme n'est pour moi qu'un aspect très marginal quoique très spectaculaire d'un mouvement civilisationnel général, et il est dangereux de le couper de sa source: l'islam.
En gros: la plupart des musulmans à qui je parle aujourd'hui sont convaincus que l'heure est venue pour leur religion de convertir une grande partie de la planète, et en tous cas l'Europe qu'ils voient comme un fruit mûr (et qui à bien des égards l'est). Ils pensent à ces conquêtes de façon non-violentes, avec la foi qui déplace des montagnes. Ce qui me fait peur c'est qu'ils sont actuellement, pour beaucoup, incapables de voir les abus, les dérives, les déviances intrinsèques et finalement l'échec complet de leur religion dans les terres-même où elle est souveraine. C'est même pire: parce que l'islam a échoué à se "moderniser" ou disons à faire sa toilette interne, et bien c'est la fuite en avant et le refus du monde tel qu'il vient - qui est diabolisé. En clair, l'auto-critique est quasiment absente dans le monde musulman (en tous cas dans les cercles d'influence capables de toucher un grand nombre) aujourd'hui et c'est extrêmement dangereux et navrant.

Il y a là un mur, un mur immense de 1 Milliards de personnes, que trop peu mesurent encore correctement chez nous. L'islam ne s'arrêtera et donc ne changera, s'il le peut, que lorsqu'il aura rencontré une résistance morale mais aussi physique en face. Il en rencontre une à l'est, en Inde et en Chine, et tout se calme; mais il n'en rencontre aucune ni au nord, ni au sud; et enfin une résistance à l'ouest, mais très conflictuelle.

Mon avis personnel et que nous ne ferons malheureusement pas l'économie d'un conflit civilisationnel, avec des dégâts. Et que la terre de conflit principale en sera l'Europe. Il durera jusqu'à ce que l'islam l'emporte, où jusqu'à ce qu'il se calme - ainsi que son rival le plus violent, le néo-conservatisme américain. On n'y échappera pas.

Là-dedans bien entendu, l'Eglise Catholique aura une voix et un rôle absolument majeur. Benoît XVI et tous nos évèques l'ont d'ailleurs compris depuis très longtemps.

2. Le fait racial

Les races humaines - que le terme choque ou pas, qu'ils soit impropre ou pas, peu scientifique certainement, peu importe - existent. En parlant de Nations le Christ nous l'a d'ailleurs bien dit. Quel impact ont-elles sur les cultures, psychologies, attitudes et aptitudes des différents peuples qui en sont issus? Impossible à dire, mais si impact il y a il est de toutes façons faible. En revanche elles ont un impact identitaire énorme.

Quant je vais à Kuala Lumpur, Doubaï, Johannesbourg ou Rio - je n'entends parler de que de races. Chacun s'identifie à sa race; certaines cultures s'en accomodent, d'autres ont des difficultés. Mais c'est un fait et alors que le monde devient de plus en plus asiatique et africain, et de moins en moins européen, c'est un fait qui sera de plus en plus saillant et qui est déjà totalement dans presque tous nos débats en Europe. Nous ne pouvons pas l'ignorer.

L'Europe ne sera probablement plus le continent des "blancs", fait historique inouï, et ceux-ci n'auront donc plus de terre qui leur appartient? C'est déjà un fait historique sur lequel nous ne reviendrons pas. C'est ainsi.

En revanche, l'incroyable décalage entre les démographies - en gros - des peuples européens et de presque tous les autres, notamment ceux qui viennent vivre e Europe - est insupportable. Christian parlait d'enfants et de transmission de gênes et de culture... mais là est justement le drame, les Européens en font peu, très peu, probablement 1.5 en moyenne.

Je suis absolument convaincu qu'au fur et à mesure que les Européens se verront régresser numériquement en Europe, se verront devenir minoritaires alors qu'ils étaient les seuls sur ces terres voici 50 ans et depuis aussi longtemps que l'homme sait écrire... ils deveindront aigris, hargneux, rageurs et revenchards. Comme le dos au mur. Et ça, c'est très mauvais. Des déboderdements il y aura, c'est évident. Cette rage ne s'exprime pour l'instant que très sourdement, et politiquement comme une honte - mais elle ne fera que croître, j'en suis convaincu. Car tout ceci est trop déséquilibré et va trop vite, aucun métissage, aucun dialogue ne permettra de calmer la douleur et le sentiment d'humiliation que ressentiront les générations de jeunes Européens.

La seule solution non-violente: qu'ils se remettent à élever des familles nombreuses, pour voir l'avenir de façon plus radieuse. Là encore, la foi chrétienne a un immense rôle à jouer. Sans ce virage démographique soudain et inattendu (et déjà amorcé en France notamment, quoique timidement) l'avenir sera sombre (sans jeu de mots ;-) ).

Voilà donc, si l'on doit éviter le pire et aller vers cette nouvelle civilisation que tu évoques sans les "rivières de sang" que certains nous promettent paraît-il:
- contrer l'islam sur un terrain moral, identitaire et donc par la foi chrétienne
- faire en sorte que les Européens, les blancs, aient un sursaut démographique fort et durable

Propositions bien entendues inaudibles et informulables ailleurs que sur un forum virutel.

Bien à vous et désolé si mes propos choquent certains, ça n'est pas le but je vous prie de le croire,
Cordialement,
Ex

Publié : ven. 02 déc. 2005, 20:02
par Charles
Christian a écrit :l’Islam fondamentaliste est une aberration sans avenir
Si demain une crise économique du type de celle de 1929 ruinait l'économie mondiale, provoquée par exemple par la hausse du prix du pétrole, l'islam fondamentaliste ne serait absolument pas une "aberration sans avenir". Car la seule force des Etats-Unis et de leur idéologie libérale, qui sont l'unique alternative idéologique à l'islam, est la promesse de prospérité. Et on peut aussi imaginer qu'une fois les réserves pétrolières du Moyen-Orient épuisées, les Etats-Unis se désengageront de la région, laissant libre champ à l'expression des peuples arabes.

Publié : ven. 02 déc. 2005, 21:12
par MB
Bonjour !

D'accord avec Exupère lorsqu'il dit que l'évolution démographique de l'Europe a quelque chose d'assez inattendu... mais il faut cependant l'atténuer par plusieurs constats :

- le premier, c'est que le nombre des chrétiens dans le monde progresse beaucoup plus qu'on ne le croit. Le nombre de chrétiens, toutes confessions confondues, a dépassé celui des musulmans sur le continent africain (je tiens ce fait d'un manuel d'anthropologie). Il augmente énormément en Chine (400 % en 20 ans, sachant que les statistiques officielles chinoises minimisent certainement la réalité). On a tendance à imaginer un caractère dynamique du monde islamique. Mais en fait ce caractère est lié à un un grossissement médiatique : les musulmans, islamistes ou non, n'ont aucune honte à exposer leur foi, à se montrer musulmans, alors que nous - surtout en Europe - sommes trop souvent réticents à parler du christianisme. D'où un effet de décalage : eux se montrent fiers et s'imaginent conquérants (ce qui est faux, ils sont eux-mêmes abusés par ce grossissemnent médiatique), nous, nous sommes penauds. Ce qui donne l'impression qu'eux s'accroissent beaucoup plus que nous.

- l'autre élément est le suivant : Exupère parle de la natalité... mais elle est en très forte diminution dans les pays d'Afrique du nord ! Je n'ai plus les chiffres exacts en tête, hélas. Mais le nombre moyen d'enfants par femme est en chute libre, dans le Maghreb, depuis 25 ans (proportion, en gros, on passe de 7 à 3 enfants par femme, moins encore en Tunisie). Ces pays sont dans la deuxième phase de leur "transition démographique". La chose vaut également, quoiqu'on en dise, pour les immigrés de deuxième génération en Europe - c'est pourquoi, en passant, quand on dit qu'on veut renouveler le stock démographique français par l'immigration, on reste dans une logique de court terme : les enfants des immigrés adoptent pour la plupart le comportement démographique des Gaulois, d'autant qu'il y a chez nous beaucoup de mariages mixtes. Ce que je dis du Maghreb est valable également pour le proche-Orient, la Palestine mise à part (mais ce pays vit une situation un peu spéciale). En revanche, je ne sais pas comment ça se passe pour les pays d'Afrique noire, mais il me semble que là aussi la natalité est en baisse.

Toute cela signifie que l'avenir n'est pas écrit. Petite remarque, tiens : en 1943, la SDN, qui existait toujours, avait mené une étude pour savoir des projections démographiques des pays européens ; et d'après ce qui avait été trouvé, la France allait avoir entre 35 millions d'habitants en 1970...

Amicalement
MB

PS : par pitié, Christian, halte aux grandes phrases sur la "décadence romaine" ! Je ne sais pas ce que ce phénomène signifie.

Publié : sam. 03 déc. 2005, 15:36
par Gaudeamus
Bonjour,

MB a écrit :- l'autre élément est le suivant : Exupère parle de la natalité... mais elle est en très forte diminution dans les pays d'Afrique du nord ! Je n'ai plus les chiffres exacts en tête, hélas. Mais le nombre moyen d'enfants par femme est en chute libre, dans le Maghreb, depuis 25 ans (proportion, en gros, on passe de 7 à 3 enfants par femme, moins encore en Tunisie). Ces pays sont dans la deuxième phase de leur "transition démographique". La chose vaut également, quoiqu'on en dise, pour les immigrés de deuxième génération en Europe - c'est pourquoi, en passant, quand on dit qu'on veut renouveler le stock démographique français par l'immigration, on reste dans une logique de court terme : les enfants des immigrés adoptent pour la plupart le comportement démographique des Gaulois, d'autant qu'il y a chez nous beaucoup de mariages mixtes. Ce que je dis du Maghreb est valable également pour le proche-Orient, la Palestine mise à part (mais ce pays vit une situation un peu spéciale). En revanche, je ne sais pas comment ça se passe pour les pays d'Afrique noire, mais il me semble que là aussi la natalité est en baisse.

Bien sûr !

A propos de la chute de la fécondité en Iran :

http://www.ined.fr/publications/pop_et_ ... PES373.pdf

et dans le Maghreb :

http://www.ined.fr/publications/pop_et_ ... PES359.pdf

En Indonésie (plus grand pays musulman au monde), l'indice synthétique de fécondité est de 2,6 enfants par femme, alors que la moyenne mondiale est égale à... 2,7 :

http://www.ined.fr/population-en-chiffr ... index.html

Cordialement,

XXX

Publié : sam. 03 déc. 2005, 15:57
par Gaudeamus
MB a écrit :PS : par pitié, Christian, halte aux grandes phrases sur la "décadence romaine" ! Je ne sais pas ce que ce phénomène signifie.
PPS : Décadence romaine ou antiquité tardive ? ;-)

Publié : sam. 03 déc. 2005, 20:54
par Christian
Bonjour Exupère,
Bonjour Charles,
Bonjour MB,
Et welcome back, Gaudeamus.

Merci de vos réponses.

:arrow: Exupère, la conscience d’appartenir à une race est très présente. Elle est exacerbée chez ceux qui n’appartiennent pas au groupe normatif ou majoritaire (j’évite l’adjectif ‘dominant’). Mais ce sentiment de différence n’est pas seulement racial. Avec l'égalité des droits, la race plus n’est qu’un signe d’appartenance parmi d’autres.

Dans un monde où s’enchevêtrent tous les groupes humains, la revendication identitaire est parfaitement normale. Etre français ne voulait strictement rien dire pour moi jusqu’à mon installation à l’étranger. Les Genevois me faisaient remarquer mon accent parisien ; tant que j’habitais à Paris, comment l’aurais-je distingué ? Loin d’uniformiser, comme le pensent naïvement ses contempteurs, la mondialisation appelle la différenciation, non pas celle des hasards de la naissance, mais celle que nous réclamons pour nous-mêmes. Une Saoudienne dans son bled n’a pas bcp de choix, mais dans une ville mondialisée comme Londres, elle peut militer pour l’Islam ou pour le féminisme, être un modèle d’intégration petite-bourgeoise ou la seconde épouse bâchée d’un barbu prêcheur. Ce qui eut été destin devient engagement.

Alors que depuis les droidloms en politique et Marx en économie, d’aucuns croyaient que le capitalisme libéral nous réduirait à l’interchangeable identité de citoyens en politique et de consommateurs en économie, nous voyons apparaître de nouvelles fiertés collectives : Black plutôt que noir, Latino plutôt qu’hispanique, Femme plutôt qu’épouse ou mère, Gay Pride, etc.

Cette création de liens entre individus me paraît plutôt bienvenue.

:arrow: En revanche, Exupère, je souscris à tout ce que tu dis de l’Islam. Je corresponds avec quelques musulmans qui m’ont écrit à la suite d’articles publiés dans diverses gazettes, et j’ai la conviction qu’il existe un large mouvement musulman réformateur. Mais dans des sociétés où la loyauté au clan prime sur la vérité, se dire admirateur de Locke, Montesquieu, Tocqueville, des Pères fondateurs américains et du libéralisme occidental, c’est renier les siens lorsqu’ils sont attaqués, c’est faire le jeu du 'sionisme' et de 'l’impérialisme yankee'. Comme je l’ai mentionné déjà, le directeur de l’Opéra de Paris pouvait-il programmer La Walkyrie en 1939, tout fervent admirateur de Wagner qu’il ait pu être ? Le paradoxe navrant de la politique moyen-orientale américaine est de ne pas permettre à ceux qui sont pro-occidentaux de se manifester. Ils passeraient pour des traîtres.

:arrow: Je ne crois pas au natalisme. La petite Angleterre a régné sur la moitié du monde. Par définition, tous les empires furent le fait d’une minorité s’imposant à une majorité. L’absolue confiance en la supériorité de ses valeurs compense la faiblesse numérique du dominant.

Le taux ‘naturel’ de fécondité est celui qui permet à une population de se perpétuer. Il devait être de 10 enfants et plus par femme lorsque la mortalité infantile, les maladies et les disettes ne permettaient qu’à deux de ces enfants d’atteindre l’âge de procréer eux-mêmes. Il se situe théoriquement autour de 2,2 enfants par femme dans l’Europe médicalisée et prospère. Et les mêmes causes produisant les mêmes effets, il diminue dans les autres pays à raison de leur décollage économique, comme le remarquent MB et Gaudeamus. La réalité européenne, cependant, est en-dessous de ce taux de renouvellement. Cette dénatalité, à mon avis, est due à la perte de confiance dans deux valeurs, la famille et le progrès. Elle est une conséquence directe du socialisme. :sick:

L’Etat providence rend économiquement inutile la famille. Nous n’avons plus besoin de nos enfants pour assurer nos retraites ; nous comptons sur ceux d’autrui. C’est la répartition. Nous n’avons plus besoin de la solidarité familiale en cas de coups durs. Il y a l’assistance sociale. Le Code civil, absurde violation du Droit, interdit au propriétaire d’un bien de le laisser à qui il veut, entraînant le morcellement infini des propriétés si les familles sont nombreuses. L’impôt décourage l’épargne et la transmission d’un patrimoine. L’incertitude économique, fiscale, législative, conduit tout le monde à privilégier le court terme. Faut-il chercher ailleurs la raison pour laquelle nous préférons la jouissance immédiate à la responsabilité d’une famille ?
Charles
la seule force des Etats-Unis et de leur idéologie libérale, qui sont l'unique alternative idéologique à l'islam, est la promesse de prospérité.
Cette affirmation méconnaît totalement l’aspiration à une vie plus libre, plus responsable, qui n’est pas l’exclusive des occidentaux. La promesse de prospérité n’est que le produit d’appel un peu vulgaire vers une offre libérale bien plus diversifiée, pour utiliser le vocabulaire des marchands : égalité des sexes, démocratie, liberté de conscience et d’opinion…
MB
par pitié, Christian, halte aux grandes phrases sur la "décadence romaine" ! Je ne sais pas ce que ce phénomène signifie.
On peut nommer autrement cette période de l’époque romaine (crise ? déclin ?), le phénomène n’en demeure pas moins. Nous l’appelons ‘décadence’ à la suite de Montesquieu et Gibbon, mais les Romains de l’époque étaient bien conscients de la perte des valeurs héroïques qui avaient construit la force et la gloire de la République. Voir Suétone, Tacite, Tite Live, entre autres.

Cordialement

Christian

Publié : dim. 04 déc. 2005, 17:39
par Gaudeamus
Merci Christian et bonjour à tous,

Une chose est certaine, tous les historiens vous le diront : quand la fécondité pique du nez comme c'est le cas dans les pays musulmans mentionnés plus haut, cela signifie que des mutations sociales très profondes sont à l'oeuvre (religion, intérêt devant la transmission de la vie, place de la femme, aspirations matérielles, etc.).

La question que je me pose, est : au fond, l'islamisme ne serait-il pas une réaction face à une évolution sociale qui répugne aux conservateurs, mais qu'ils ne peuvent contrôler... Les gesticulations des fondamentalistes ne seraient qu'autant d'aveux d'impuissance, certes dramatiques, et qui devraient devenir de plus en plus violents au fur et à mesure que ces gens-là essaieront de contrôler ce qui ne peut l'être.

:?:

Publié : dim. 04 déc. 2005, 21:45
par Christian
l'islamisme ne serait-il pas une réaction face à une évolution sociale qui répugne aux conservateurs, mais qu'ils ne peuvent contrôler... Les gesticulations des fondamentalistes ne seraient qu'autant d'aveux d'impuissance, certes dramatiques, et qui devraient devenir de plus en plus violents au fur et à mesure que ces gens-là essaieront de contrôler ce qui ne peut l'être.
Entièrement d'accord avec cette analyse. :)

http://www.quebecoislibre.org/05/050915-15.htm

Cordialement
Christian