Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

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Christophe
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Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par Christophe » sam. 24 nov. 2007, 0:44

Alors que le "mouvement social" contre la réforme des régimes spéciaux de retraites est "suspendu", l'attention du média-système est à nouveau focalisé sur la question du pouvoir d'achat, première préoccupation des français.

La question semble politique, puisque le vrai chef de gouvernement (Nicolas Sarközy, bien sûr) a décidé de s'y atteler...

Mais résoudre le problème du pouvoir d'achat semble relever de la quadrature du cercle !
En effet, comment augmenter le pouvoir d'achat des français sans :
* Diminuer les impôts, ce qui creuserait le déficit budgétaire et la dette publique
* Augmenter les salaires, ce qui augmenterait le coût du travail et pénaliserait l'emploi
* Baisser les prix, ce qui impose de renouer avec un dirigisme économique rétrograde

La bonne solution serait bien évidemment de "relancer la croissance" (puisque la croissance économique est la création de richesse économique et que le pouvoir d'achat est un droit d'accès à cette richesse). Mais Nicolas Sarközy n'y a pas réussi. Le "choc de confiance" que devait provoquer le "paquet fiscal" est un fiasco. Le réservoir à idées est vide... Qui pourra sauver le lieutenant Zarko ?

En fait, Zarko fera ce qu'il sait faire : du zarkozisme. Quelques baisses d'impôts clientélistes (exonérations fiscales, dégrèvements et autres crédits d'impôts) qui repousseront aux calanques grecques l'objectif de convergence budgétaire. Mais surtout, surtout, beaucoup de gesticulations. La méthode Zarko ©, ce n'est pas l'action : c'est l'incantation ! Naboléon avait fait de la rupture son programme : la promesse n'a été tenue qu'envers Cécilia...

Pax
Christophe
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MB
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Re: Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par MB » lun. 26 nov. 2007, 1:07

C'est pourtant si simple...

- mutualiser la Sécu et mettre les caisses en concurrence
- simplifier le droit du travail
- et mettre le paquet sur la recherche, publique, semi-publique et privée.

Aucune de ces idées n'est directement liée à la question du pouvoir d'achat, mais elle contribue, à terme, à l'accroître... pour le moment, il ne faut pas trop rêver. De toute façon, les gouvernements n'ont pas vocation à s'occuper du panier de la ménagère, et on ne voit pas très bien ce qu'ils pourraient faire.

A bientôt !
MB

AJH
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Re: Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par AJH » lun. 26 nov. 2007, 19:19

MB a écrit :C'est pourtant si simple...

- mutualiser la Sécu et mettre les caisses en concurrence
MB
Vous pourriez être plus précis? Je ne comprends pas bien ni l'idée en elle-même, ni les conséquences sur le pouvoir d'achat.. (quelques chiffres seraient aussi les bienvenus...)
Merci

MB
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Re: Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par MB » mer. 28 nov. 2007, 13:08

Bonjour !
AJH a écrit :
MB a écrit :C'est pourtant si simple...

- mutualiser la Sécu et mettre les caisses en concurrence
MB
Vous pourriez être plus précis? Je ne comprends pas bien ni l'idée en elle-même, ni les conséquences sur le pouvoir d'achat.. (quelques chiffres seraient aussi les bienvenus...)
Merci
Je n'ai pas les chiffres et ne suis pas économiste.
Mais pour décrire les choses (trop) simplement : quand quelqu'un gagne, en net, mettons 1000 euros, en réalité il a gagné davantage : en fait, 1700 euros, auxquels on a soustrait plusieurs cotisations, les unes en amont du salaire brut, les autres, en aval. Ces 700 euros partent surtout pour financer la Sécurité sociale. Or ce système est de moins en moins efficace et de plus en plus en détresse financière.
Autrement dit, on lui a ponctionné 40 % de son pouvoir d'achat, sans lui demander son avis, pour financer un système de Sécu qui marche mal. Et il marchera de moins en moins :
- papy-boom (de plus en plus de retraités)
- augmentation continue et permanente des dépenses de santé
- maintien d'un fort chômage à moyen terme (puisque la France déborde de gens qui ne sont pas du tout formés à travailler).
Bref, la proportion du salaire de cette personne, destinée à être prélevée pour la Sécu, a toutes les chances de s'accroître dans un avenir proche, et donc le pouvoir d'achat ne risque pas d'augmenter de ce côté-là.
Sans compter que cette énorme proportion de prélèvements alourdit le coût du travail, en particulier non-qualifié, puisque quelqu'un qui serait payé au smic coûte en réalité beaucoup plus que le smic. Pour ce type de travaux, la pression sur le salaire est donc appelée à être toujours maximale.

Je pense que vous voyez le lien, maintenant, avec la question du pouvoir d'achat. Quel est le rapport, maintenant, avec la réforme de la Sécu qui me paraît la bonne ? C'est qu'elle est l'une des recettes pour remettre l'économie dans le droit chemin, et partant, à terme, pour augmenter le revenu des gens (puisque c'est à cela, après tout, que sert l'économie). Aujourd'hui, la cotisation à un seul centre de commandement de la Sécu est obligatoire ; celui-ci a le monopole de la protection sociale. Et comme tous les monopoles, il n'est pas efficace, et - je livre ici mon opinion personnelle - a grandement contribué, ces denières années, à accroître la tension qui règne en France aujourd'hui dans l'esprit public.
Il faut donc que l'usager ait le choix entre plusieurs caisses, privées ou publiques ; je penche pour du privé non-marchand, c'est-à-dire pour des caisses tenues par des mutuelles. La mise en concurrence permettra de trouver les soins les moins chers, de faire diminuer la pression sur les salaires bruts, et donc...
Naturellement, on peut imaginer des aménagements (régime de base, vraiment minimal, d'Etat, de même que l'Etat pourrait s'occuper de cas vraiment désespérés, comme les maladies orphelines, que le privé ne serait pas appelé à assurer) ou encore un cahier des charges plus ou moins strict pour la gestion de ces affaires-là.

J'espère avoir été clair et n'avoir pas dit de choses fausses
MB

AJH
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Re: Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par AJH » mer. 28 nov. 2007, 14:57

@ MB

On sort du sujet mais je réponds quand même...

Je ne suis pas d'accord avec vous ... et je n'ai pas beaucoup de temps pour développer, mais:
1- les cotisations (des biens portants) ne financent pas "la SS" mais les soins, les traitements, etc. des malades. La SS est un système d'assurance qui ne fait pas de bénéfice sur le dos des cotisants ( comme le ferait sans doute une assurance privée). Maintenant que l'origine du financement (en majorité les cotisations sociales actuellement) soit à revoir, 100 fois d'accord! Pourquoi pas 3% d'impôts annuels sur le patrimoine par exemple? (ca ferait # 300 Md€ par an) .... Mais la santé ne doit pas devenir la proie du privé dont le but est - c'est sa nature - le profit.
2 - qu'est ce qui vous fait penser qu'un système privé marcherait mieux ? Si "marcher mieux" est demander moins de recettes, la conséquence est évidemment qu'il y aura moins de répartition, sauf à se retrouver dans le système classique de la privatisation des profits et de la collectivisation des pertes que vous semblez soutenir ( "régime de base, vraiment minimal, d'Etat, de même que l'Etat pourrait s'occuper de cas vraiment désespérés, comme les maladies orphelines, que le privé ne serait pas appelé à assurer"): Si l'Etat peut assurer la gestion de ces maladies, pourquoi ne pourrait il pas assurer la gestion des autres ?
3 - les frais de gestion de la SS sont extrêmement faibles (moins de 1% si mon souvenir est exact)
4 - les mutuelles diverses et variées font que la SS n'est pas réellement en situation de monopole. D'ailleurs je crois savoir que n'importe qui - sauf les salariés - peut quitter la SS et choisir une assurance privée

Mon avis est, au contraire de votre point de vue, qu'il vaudrait mieux inclure la santé de toute la population (sans catégorisations comme elles existent actuellement) dans le budget national, pour la simple raison que les prestations, bien que représentant une "dépense" pour l'organisation et la comptabilité de la SS, représentent du chiffre d'affaire pour toutes les professions de la santé (professionnels de santé, hopitaux, labos pharmaceutiques, pharmacies, etc ..) et donc crée, de facto, une augmentation du PIB qui n'aurait pas eu lieu si le système n'avait pas été alimenté en amont (je ne peux concevoir le "chacun pour soi")
En fait on transfère d'une comptabilité (celle de la SS) vers une autre comptabilité (celle de la Nation).

Enfin, si on accepte ce raisonnement , le "trou de la SS" est totalement virtuel (comptable) .. si on mets moins à l'entrée et qu'on veut sortir plus, il y a évidemment un déficit comptable mais pas nécessairement un "déficit" en terme de satisfaction de la population. ce qui fait ce "déficit" de satisfaction, c'est quand les plus pauvres n'ont pas la possibilité de se faire correctement soigner (dentaire et optique, par exemple)

Ceci dit, comme toute structure, celle de la SS est évidemment améliorable ...
Dernière modification par AJH le ven. 30 nov. 2007, 7:57, modifié 1 fois.

MB
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Re: Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par MB » jeu. 29 nov. 2007, 0:18

Bonsoir
AJH a écrit : 1- les cotisations (des biens portants) ne financent pas "la SS" mais les soins, les traitements, etc. des malades. La SS est un système d'assurance qui ne fait pas de bénéfice sur le dos des cotisants ( comme le ferait sans doute une assurance privée).
C'est justement le problème. Elle ne fait que des pertes. Vous me direz que ce n'est pas un problème, mais quand on fait des pertes tous les ans, ça s'accumule et ça devient une dette monstrueuse, qu'il faudra bien rembourser un jour.
AJH a écrit :Mais la santé ne doit pas devenir la proie du privé dont le but est - c'est sa nature - le profit.
Lisez mieux mon message précédent. Le privé n'est pas que du commercial. Les associations, les fondations, c'est du privé. Les mutuelles, c'est du privé. Je suis contre la participation des assurances commerciales à la S.S., car en France, elles sont extrêmement liées au pouvoir. Elles mélangeraient et la contrainte de l'Etat et la recherche du profit, ce qui est la pire des choses. Rien n'empêche de déléguer la gestion de la Sécu à des mutuelles qui se feraient concurrence, dans le respect d'un certain cahier des charges que l'on pourrait fixer par la loi.
AJH a écrit :Maintenant que l'origine du financement (en majorité les cotisations sociales actuellement) soit à revoir, 100 fois d'accord! Pourquoi pas 3% d'impôts annuels sur le patrimoine par exemple? (ca ferait # 300 Md€ par an) ....
L'impôt sur le patrimoine existe déjà, ça s'appelle l'ISF, et c'est une absurdité totale. On ne peut pas non plus dire que c'ait été très efficace pour apurer les comptes de l'Etat.
Si je vous lis bien, vous voulez inclure le budget de la Sécu dans celui de l'Etat. Solution qui a en théorie le mérite de la simplicité. Mais, en l'état actuel des choses, ce serait une catastrophe ; d'abord, les finances de l'Etat sont en situation catastrophique, ça n'arrangerait rien de leur point de vue. Et d'autre part, la gestion des comptes de la Sécu serait rendue bien plus compliquée et périlleuse, puisqu'ainsi vous la livreriez à tous les manipulateurs de comptes de Bercy, aux soi-disant experts en compatibilité nationale, aux jolies lobbyistes des couloirs du Parlement, le tout avec les procédures de l'année budgétaire. Ce serait terriblement lourd à gérer, et pour le coup, impossible à réformer.


-
AJH a écrit :Les mutuelles diverses et variées font que la SS n'est pas réellement en situation de monopole. D'ailleurs je crois savoir que n'importe qui - sauf les salariés - peut quitter la SS et choisir une assurance privée
.

Faux, justement. Tout le monde doit être à la Sécu, et on n'a pas le droit d'en sortir, c'est puni par la loi. Les mutuelles et assureurs privés ne travaillent que pour les choses complémentaires.

-
AJH a écrit :Enfin, si on accepte ce raisonnement , le "trou de la SS" est totalement virtuel (comptable) .. si on mets moins à l'entrée et qu'on veut sortir plus, il y a évidemment un déficit comptable mais pas nécessairement un "déficit" en terme de satisfaction de la population. ce qui fait ce "déficit" de satisfaction, c'est quand les plus pauvres n'ont pas la possibilité de se faire correctement soigner (dentaire et optique, par exemple)"
Malheureusement, le déficit est bien réel... C'est bien de pouvoir se payer un appareil dentaire (j'en ai profité, je sais ce que c'est). Mais si on accumule les déficits comme on le fait aujourd'hui, je suis prêt à vous parier tout ce que vous voulez que dans 10 ans, la France se tapera un plan FMI (comme a failli le faire l'Angleterre en 1976), et là, plus personne ne pourra se payer d'appareil dentaire jusqu'en 2030.
AJH a écrit :Ceci dit, comme toute structure, celle de la SS est évidemment améliorable ...
Terminons sur cet accord. Mais je doute que cela soit possible dans l'état actuel des choses.

Bien à vous
MB

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Re: Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par AJH » jeu. 29 nov. 2007, 9:19

@MB

Effectivement, nous n'avons pas du tout le même point de vue, et puisque vous le souhaitez "restons en là".
Néanmoins trois précisions:
1 - l'adhésion à un autre système que la SS : voir http://www.finmonopolesecu.conscience-p ... ernite.htm (et les liens à partir de cette page) ... je pense donc que vous vous trompez, mais je ne suis pas rentré dans les détails.
2 - Impôt sur le patrimoine: Je parlais d'un impôt sur tout le patrimoine ( l'actif non financier des français est d'environ 10000 milliards d'euros), comme le propose Allais, et non "sur la fortune" à partir de 450000 (?) euros.
3 - quand à "la situation catastrophique des comptes de l'Etat", je me suis déjà tellement souvent exprimé là dessus que je ne veux pas relancer ici cette polémique .. Puis je vous suggèrer de lire http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=29435 et http://www.fauxmonnayeurs.org/articles.php?lng=fr&pg=54

Salutations

AJH
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Re: Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par AJH » jeu. 29 nov. 2007, 14:03

Une petite précision...

Comme j'ai cité Allais à propos de la possibilité de financement de la SS par un impôt sur le patrimoine, rendons à César ....

Allais propose un impôt de 2%, en remplacement de l'impôt sur le revenu et de l'impôt sur les sociétés ... ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Pour_la_r% ... alit%C3%A9 ) ... c'est moi qui propose 3% sur le patrimoine pour financer la solidarité nationale en remplacement CSG, CRDS, et cotisations sur le travail (en gardant dans ce cas l'IRPP et l'IS qui participent au financement du budget de l'etat et des collectivités locales)

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Re: Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par MB » jeu. 29 nov. 2007, 23:10

Bonjour AJH !

J'ai noté, je lirai.

Pour MC : navré d'abuser du temps de pause que j'ai demandé, mais vraiment, là, j'ai du boulot. Je complèterai ce que j'ai dit, promis.

A bientôt
MB

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Re: Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par Olivier » mar. 27 mai 2008, 9:54

Il devrait songer à baisser les impôts quand je pense que le litre d'essence est entre 1.47 à 1.60 euro soit 10 francs, il y a 10 ans on aurait fait la révolution.

Le système de retraite par répartition est injuste et l'inefficace. Il repose sur la natalité hors nous ne l'encourageons pas et la mère qui a donné trois enfants à la France n'a pas de retraite et la femme célibataire préférant sa carrière à sa famille aura sa retraite grâce à ces trois enfants.

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Re: Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par francoiscright » mer. 01 avr. 2009, 21:14

Bonjours à tous!

J'aimerais développer quelque peux sur les racines de ce que c'est que le pouvoir d'achat, les causes de la vie chère et la (les) dette(s), car il y a un lien très serré entre eux.

Le pouvoir d'achat est en fait les chiffres que l'on possède face aux produits et services offerts.

D'où viens l'argent? Qui la fabrique? Qui décide de la masse monétaire dans le pays?

Nous utilisons l'argent tout les jours sans jamais trop se poser ces questions...

Pour bien comprendre les causes du problème, qui sont tout simples en fait, n'importe qui peut comprendre les rouages économiques si c'est bien expliqué, je vous rapporte ici quelques passages tiré du livre "Du régime de dette à la prospérité" par J. Crate Larkin, que vous pouvez télécharger ici http://michaeljournal.org/Larkin_fr.pdf :
La monnaie est essentiellement un système de "tickets" ou bons pour faciliter les échanges de biens. La valeur ou validité de l'argent est basée sur la confiance que les hommes ont dans la capacité productrice de leur pays.

La fonction naturelle de l'argent est d'assurer continuellement la distribution de tous les biens utiles que le peuple peut produire et dont il a besoin.

Tous les gouvernements modernes ont négligé leur devoir, en abandonnant le contrôle du système monétaire à un petit groupe d'hommes qui se fichent de la fin première de l'argent et lui font atteindre un but diamétralement opposé. Ces hommes ont ainsi la haute main sur tout le pouvoir économique et même politique de la société.

Dans son encyclique Quadragesimo Anno http://www.vatican.va/holy_father/pius_ ... no_en.html (anglais malheureusement), le Pape Pie XI attire l'attention du monde chrétien sur ce monopole international de la finance et indique quelques-unes de ses conséquences les plus désastreuses.

Les contrôleurs du régime financier actuel, c'est-à-dire les maîtres du système bancaire se sont fait réserver le droit d'émettre l'argent. Or ils ne créent et ne mettent l'argent en circulation que sous forme de dette qu'il faut leur rembourser avec intérêt. Par les remboursements qu'ils exigent à date fixe, ils retirent et annulent cet argent, avant même que les biens produits aient atteint les consommateurs.

Vu que l'argent est le véhicule pour faire passer les biens du producteur au consommateur, la disparition de l'argent enlève au peuple le pouvoir d'acheter toute la production faite pour lui. Le système bancaire, en retirant ainsi l'argent à contretemps et en retirant plus d'argent qu'il en avait émis, établit la rareté de l'argent en face des produits et en face du travail qui demande emploi.

De là, les exportations et la concurrence effrénée pour les marchés étrangers, parce qu'il n'y a pas assez d'argent dans le marché domestique. De là, les dettes internationales... De là, les conflits économiques conduisant à la guerre.

De là aussi, les hypothèques progressives sur l'agriculture, l'industrie, le capital et les ressources naturelles de la société — hypothèques qui placent l'univers à la merci de ce monopole bancaire mondial...
Et un peu plus loin :
Analysez un peu cette chose appelée "surproduction." Pourquoi ne peu-on vendre ce "surplus de produits" pour lesquels on constate tant de demande? Parce qu'il n'y pas dans le pays un pouvoir d'achat égal au prix des marchandises produites.

"La difficulté ne réside pas dans le manque de désir, mais dans l'insuffisance de pouvoir d'achat."
Et qui fabrique cette monaie?
Jetons un coup d’oeil à la source de cette monnaie de crédit qui règle au moins 90% de nos achats et ventes. Où naît-elle? Nous savons qu’un chèque est un ordre de débiter un solde créditeur en banque. Le solde créditeur consiste en dépôts crédités à un compte défalqué des retraits à date. Ces dépôts eux-mêmes peuvent provenir de chèques tirés sur d’autres comptes.

Un chèque passe une inscription d’un compte à un autre sans déplacement de numéraire. Des transactions compliquées, représentant d’immenses sommes de monnaie, se font ainsi, au moyen de simple comptabilité dans les livres des banques, par des entrées de crédits et de débits. Dans leur comptabilité, les banques créditent et chargent les comptes de leurs clients. Évidemment, les soldes entre banques se règlent: ce sont les «compensations bancaires», qui déplacent du numéraire, mais pour les balances du total des comptes de la journée seulement.

Il ressort de tout ceci que, quel que fût autrefois le rôle du numéraire dans la monnaie, l’histoire est bien différente maintenant que nous écrivons des chèques. Le système de chèque est simplement une série d’entrée de comptabilité, et le système monétaire actuel fonctionne surtout par la circulation de ces chèques. Les transactions se font presque toutes au moyen de morceaux de papier qui témoignent de l’existence d’un crédit financier. Ce crédit lui-même est créé ou détruit par les procédés de comptabilité des banques. Le système de chèque est, à bien des points de vue, une grande amélioration sur le système des gages, de la monnaie tangible. Mais son invention a eu pour résultat de faire des banques des manufactures de monnaie, non par la frappe de la monnaie, devenue tout à fait inutile, mais par la création de simple monnaie scripturale, dispensant même de billets imprimés.

Ingénieuse, la méthode par laquelle le banquier fabrique ainsi la monnaie. Simple procédé de comptabilité! Cette sorte de monnaie naît et meurt dans la banque, et la banque est responsable et de sa naissance et de sa mort. Le banquier crée de rien les moyens de payer.

Les banques créent et détruisent la monnaie par un simple procédé de comptabilité, par émission et annulation de crédits, comme le démontre bien le prêt bancaire ordinaire. Allez-vous à la banque pour emprunter 1000 $, le banquier s’informe de la valeur de votre crédit financier; s’il le juge bon, il accepte votre billet et vous accorde l’emprunt sollicité, en créditant votre compte de 1000 $, exactement comme si vous aviez déposé cette somme en monnaie. Vous voilà maintenant «en dette» avec votre ami le banquier. Vous lui devez le 1000 $ que vous avez emprunté, plus l’intérêt qu’il charge pour l’usage de ce 1000 $ fabriqué par lui, sur la base de votre richesse gagée. Vous pouvez maintenant tirer des chèques sur votre nouveau compte, ces chèques sont acceptables comme monnaie. Il y a dans le pays 1000 $ de plus qu’auparavant.

Mais quand arrive le temps de rembourser cette somme, vous retirez de la circulation le montant de 1000 $ plus l’intérêt et vous le remettez au banquier. Le compte du prêt est balancé, 1000 $ ont cessé de vivre. Et c’est promptement et fidèlement que vous devez rembourser le banquier, sous peine de perdre les garanties déposées chez lui comme collatérales.

Si vous ne pouvez pas payer, vos garanties passent entre ses mains et lui-même peut retirer l’argent de la circulation en vendant vos garanties, dont la valeur est toujours bien supérieure à celle du prêt.

En d’autres termes, chaque prêt bancaire crée un dépôt et le remboursement d’un prêt bancaire détruit un dépôt. Les prêts sont accordés et les dépôts créés, en créditant le compte de l’emprunteur dans le livre du banquier. La monnaie ainsi créée est détruite de la même façon, par de simples entrées dans les livres, à mesure que l’emprunteur rembourse. Ces remboursements font disparaître leur montant de la circulation. Qu’en a-t-il coûté à la banque pour cette création de $1000, suivie de sa destruction? Rien à part le coût de la comptabilité.

Par simple procédé de comptabilité bancaire, de la nouvelle monnaie est constamment créée et détruite. Et cette monnaie, que l’Encyclopédie Britannique dit être créée de «RIEN» (out of nothing), est réellement manufacturée avec une plume, du papier, de la confiance et une bouteille d’encre.

Ce procédé de comptabilité, la méthode bancaire qui régit la naissance et la mort de la monnaie scripturale, du gros de la monnaie actuelle, est décrit clairement par Reginald McKenna, directeur de la Midland Bank de Londres et ancien Chancelier de l’Échiquier Britannique: «Le montant de monnaie en existence varie seulement avec l’action des banques. Chaque prêt bancaire crée un dépôt...» Et plus loin: «Nous n’avons qu’une méthode pour augmenter ou diminuer le montant total de notre monnaie... Le montant de monnaie en existence varie seulement avec l’action des banques en augmentant ou diminuant les dépôts. On sait comment ceci se fait. Chaque prêt bancaire et chaque achat de titres par la banque créent un dépôt, et chaque remboursement ou vente de titres en détruit un.»
Je vous encourage donc à télécharger ce livre de 118 pages seulement et qui vous éclairera certainement.

Paix en Jésus.
Dernière modification par francoiscright le jeu. 02 avr. 2009, 0:13, modifié 1 fois.

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Re: Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par camino » mer. 01 avr. 2009, 21:25

Bonsoir,

allons y, confrontons les chiffres, les méthodes, appelons marx, ford, rockfeller à la rescousse de nos arguments. "diviser pour mieux régner", voilà le fond.

Le pouvoir de l'état ? Nul. Son action : nullissime ! C'est pire qu'une honte : celui qui gagne sa vie se fait saigner, il est écoeuré. Le pauvre est maintenu dans une sordide précarité mâtinée d'assistanat pour le maintenir dans la haine du commun, et dans la haine commune.

La crise du pouvoir d'achat ? C'est la crise de l'argent roi, c'est la crise de la frustration, d'une société qui ne se donne plus que la valeur de ce qu'elle consomme, c'est la crise de l'égoisme, des coeurs qui se sèchent, d'un système kafkaien mis au point par des improductifs notoires pour des improductifs notoires et fiers de l'être.

La crise du pouvoir d'achat, c'est une bouche qui crie tellement "toujours plus" qu'elle ne sait même plus ce dont elle a besoin. C'est l'argent pour l'argent, le profit pour le profit, des produits qui ne servent à rien sauf à enrichir ceux qui les font passer pour indispensable, c'est un pseudo confort qui n'est rien d'autre qu'un leurre pour éloigner un peu plus le consommateur de l'être humain qu'il était.

On peut calculer, imaginer, perfuser, subventionner : notre maladie sociale n'est pas le manque d'argent, c'est l'excès d'argent.
Manque de chance cette crise ne sera pas encore "la bonne" pour changer les mentalités. Ni même pour changer les bénéficiaires de ce système inique.
Bonne soirée à tous :-)

francoiscright
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Re: Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par francoiscright » jeu. 02 avr. 2009, 0:08

Oui Camino, je suis bien d'accord avec vous sur le point que les gens en général ont mit leur valeurs dans la consommation et quand on a de l'appétit que pour le matériel, on est insatiable.

Il s'agit ici d'héritage. Si, par exemple, vos parents (ici je parle à tous) meurent et vous laisse un héritage mais, quelqu'un juge que vous n'en êtes pas digne, est-ce qu'il peut, moralement et justement, vous en priver? Non, bien sure! Eh bien! c'est exactement la même chose au niveau de la production du pays, les ressources naturelles sont à tous et à chacun.

Je cite ici le Pape Jean XXIII :
«La dignité de la personne humaine exige normalement, comme fondement naturel pour vivre, le droit à l'usage des biens de la terre; à ce droit correspond l'obligation fondamentale d'accorder une propriété privée autant que possible à tous... Il faut mettre en branle une politique économique qui encourage et facilite une plus ample accession à la propriété privée des biens durables: une maison, une terre, un outillage artisanal, l'équipement d'une ferme familiale, quelques actions d'entreprises moyennes ou grandes.» (Jean XXIII, Mater et Magistra, nn. 114-115.)
Et Jean-Paul II :
«Parmi les actes et les attitudes contraires à la volonté de Dieu et au bien du prochain et les ‘structures’ qu'ils introduisent, deux éléments paraissent aujourd'hui les plus caractéristiques: d'une part le désir exclusif du profit et, d'autre part, la soif du pouvoir dans le but d'imposer aux autres sa propre volonté.» (Jean-Paul II, encyclique Sollicitudo rei socialis, n. 37.)

Christian
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Re: Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par Christian » jeu. 02 avr. 2009, 9:08

Bonjour françoiscright,
Il s'agit ici d'héritage. Si, par exemple, vos parents (ici je parle à tous) meurent et vous laisse un héritage mais, quelqu'un juge que vous n'en êtes pas digne, est-ce qu'il peut, moralement et justement, vous en priver? Non, bien sure!
Oui et non. Lorsque la transmission est légitime, la législation l’interdit, et lorsqu’elle est illégitime, la législation l’impose.

Qui serait ce ‘quelqu'un’, qui aurait quelque légitimité de vous priver de votre héritage ? Celui qui en dispose, bien sûr, le testateur. Dans votre Canada, qui a échappé à Napoléon, le propriétaire d’un bien peut en disposer comme il l’entend. Pas en France. Et donc l’imbécile irresponsable, le dispendieux, l’incompétent, reçoit le droit de dilapider une entreprise ou un domaine, qu’une vie entière a laborieusement constitués.

En revanche, ceux qui n’ont pas constitué ce patrimoine, ont même érigé tous les obstacles possibles à sa formation, veulent le ponctionner par l’impôt. Ils le veulent surtout lorsque le bien est transmis non pas aux héritiers directs, mais à ceux qui seraient le plus compétents pour l’administrer, par exemple, les employés, ou les plus méritants pour le recevoir, par exemple, une œuvre caritative.
Eh bien! c'est exactement la même chose au niveau de la production du pays, les ressources naturelles sont à tous et à chacun.
Vous les voyez où, les ressources naturelles ? ça n’existe pas. Il n’y a de ressources que découvertes, inventées, transformées, mises en valeur, par l’esprit humain. Au Canada, comme ici, il n’y avait pas de champs. Il n’y avait que des forêts, belles, mais pas nourricières, hostiles, qu’il a fallu déboiser, dessoucher, aplanir, labourer et ensemencer. Le métal de mon Mac avec lequel j’écris n’est pas du tout naturel. Vous n’en trouverez pas comme ça dans aucune mine. Le pétrole au Moyen Orient et en Azerbaïdjan, à fleur de terre, était vécu comme une calamité pour les chevriers.

Donc si une ressource n’existe que produite par l’ingéniosité de quelques êtres humains, ces êtres humains-là en sont les légitimes propriétaires. Qui donc auraient une plus grande légitimité ? Ceux qui n’ont rien fait ?

Bienvenue sur notre forum
:)
Christian
(qui n’a pas l’habitude d’assaillir les nouveaux venus)

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Re: Pouvoir d'achat : la quadrature du cercle...

Message non lu par Christian » jeu. 02 avr. 2009, 9:47

Bonjour cher Christophe,

Il y aurait une mesure qu’esquisse MB. Cette mesure ne couterait rien. Elle ne creuserait pas le déficit budgétaire, au contraire. Elle augmenterait les salaires sans pénaliser l’emploi. Elle baisserait les prix.

Quelle est cette mesure ? Tailler massivement, drastiquement, sauvagement, dans la réglementation. Mettre au feu des dizaines de milliers de pages de lois, décrets, règlements émanant des administrations, des communes, des agences diverses. Laisser les partenaires sociaux et les voisins régler leurs querelles comme ils l’entendent, s’ils ont du temps à y passer. Orienter ceux qui surveillent, épient, contrôlent, traquent, redressent, verbalisent, vers des emplois productifs. Et vous verrez les entrepreneurs entreprendre, les travailleurs travailler, les juges juger, et les administrations enfin cesser de nuire.

Il y aura des coûts. Il y aura quelque part un licenciement abusif, si les syndicats ne font pas leur boulot, qui est de protester auprès du patron, pas du ministre. Mais il y aura des multitudes d’emplois créées.
Il y aura quelque part un doigt coincé dans une porte, un appartement vendu avec des termites, une hypothèque usuraire, si les gens ne prennent pas conseil et ne font pas attention. Mais il y aura aussi un redémarrage du bâtiment, fondé sur des bases soutenables, et pas sur des subventions.

Il y aura des taxis partout et pas chers, des notaires en concurrence (et d’ailleurs pourquoi des notaires ?), des magasins ouverts quand les acheteurs ne sont pas au bureau (horresco referens ⎯ mais après tout on peut vouloir priver les vendeurs d’une possibilité de trouver un emploi et boycotter les magasins qui ouvrent la nuit et le dimanche),
etc. etc.
Il y aura plus d’emploi, plus de pouvoir d’achat, moins de dettes pour nos enfants et une société d’êtres humains plus responsables.

Serait-ce un grand mal ?

Bien à vous
Christian




« Quelle bonne action avez-vous faite aujourd’hui ? » demande le chef scout à sa patrouille.
« J’ai aidé une vieille dame à traverser la rue », répond l’un des garçons. « Moi aussi », s’empresse l’autre.
« Nous l’avons tous aidée à traverser » précise le troisième.
« Vous avez tous bien fait, les félicite le chef. Mais pourquoi fallait-il être si nombreux pour aider cette dame ? ».
« C’est qu’elle ne voulait pas traverser », avoue la patrouille.
[/b]

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