Le suicide français

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Cinci
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Le suicide français

Message non lu par Cinci » lun. 06 juil. 2015, 4:38

Il s'agit de l'intitulé du dernier bouquin du fameux Éric Zemmour bien sûr. J'aurai demandé à ma bibliothèque de quartier de commander l'ouvrage. Il vient d'arriver. On m'aura offert la primeur.

Zemmour est bon pour dénicher des petites anecdotes, livres ou films qui auront pu marquer une époque. J'aimerais juste en relever quelques unes.

Un extrait :
«Il sont laids. Ils sont bêtes. Ils sont méchants. Ils sont vils. Ils sont vulgaires. Ils sont libidineux. Ils sont misogynes, xénophobes, racistes. Ils sont à la fois couards et violents. Leurs vêtements sont ridicules, leurs plaisirs grotesques, leurs loisirs stupides. Ils jouent au tiercé et boivent des coups au comptoir. Ils passent leurs vacances dans des campings où ils s'entassent au milieu des odeurs de grillade, dans une promiscuité bruyante et avilissante. Jean Carmet et Ginette Garçin composent un couple de Thénardier seventies avec un rare talent; les comédiens qui les entourent sont remarquables, plus veules et vulgaires les uns que les autres; Cosette est jouée par Isabelle Hupert à peine sortie de l'enfance. Cosette meurt , pour avoir résisté à une tentative malhabile de viol du père Thénardier; ces gens-là ratent tout même un viol. La gamine perverse avait un peu provoqué en allumant le vieux renard émoustillé et brutal; même la victime a des taches sur sa blanche hermine.

Dans ce camp... ing du mal, le seul humaniste qui tente d'arrêter le fol engrenage de la violence est ... italien. L'inspecteur de police a tout deviné, mais il renonce à arrêter les vrais coupables pour devenir commissaire; le ministre (de droite bien sûr) préfère détourner le courroux de la justice sur les pauvres Arabes innocents comme l'agneau qui vient de naître.

Ces Arabes venus travailler sur un chantier à proximité du camping pour un salaire dérisoire sont les seuls héros positifs du film. Humbles et fiers à la fois, pauvres mais dignes et hospitaliers, ils forment une tribu d'hommes nobles tout droit sortis du désert et d'un livre de Lawrence d'Arabie. [...]

Mais la réalité importe peu à Yves Boisset. Dans son film Dupond Lajoie, il forge une mythologie. Ces Arabes superbes sont aux yeux de sa caméra, et du spectateur, les nouveaux prolétaires, exploités et méprisés, tandis que les ouvriers , employés, représentants de commerce, tout une lie petite-bourgeoise franchouillarde, sont voués aux gémonies. [...]

Il n'est pas le seul à porter le fer dans la plaie populaire.

Souvent, à la même époque, le talent le dispute à la férocité. Renaud chante «Hexagone», une chanson dans laquelle il traite les Français de rois des cons. Cabu dessine les beaufs et Coluche brocarde le père de Géraaaaard, alcoolique qui reproche à son fils de fumer des pétards. Pour la première fois, dans les années 1970, les jeunes révoltés ne s'en prennent pas seulement aux classes supérieures - aristocratie, bourgeoisie - mais aussi aux classes populaires. Quelques années plus tôt, les militants les plus conscientisés ne juraient pourtant que par le prolétariat, le monde ouvrier, le peuple sanctifié, déifié, idolâtré même. [...]

L'échec de la révolution collective annonce la révolte des seuls individus. L'égalité est remplacé par la liberté. La classe ouvrière devient dans l'imaginaire un ramassis de beaufs franchouillards, alcooliques, racistes, machos. La lie de l'humanité. [...] dans les années 1970, la détestation de la France se double d'une détestation des Français, surtout les plus humbles d'entre eux; à la haine de la France s'ajoute la haine du peuple français. [...]

A la fin du film d'Yves Boisset, le jeune Arabe dont le frère a été tué dans la ratonnade improvisée déboule dans le café de Jean Carmet; il est armé; le met en joue; tire. Le film s'achève sur cet appel au meurtre. Le peuple français doit mourir; la jeune génération de la bourgeoisie n'a pas le courage d'accomplir elle-même la sale besogne. N'est pas Cavaignac ou Thiers (ou Staline ou Mao) qui veut; elle délègue cette mission exterminatrice à l'immigré arabe qu'elle appelle à remplacer le vieux peuple pour mieux le faire disparaître.

Depuis quarante ans, Yves Boisset a réalisé d'autres films, certains remarquables comme Le juge Fayard. Mais Dupond Lajoie restera le plus grand succès de sa carrière, car il a alors exprimé une époque, une idéologie, l'âme d'une génération. Il a voulu dénoncer avec force le rejet de l'Arabe, de l'autre; il a révélé la haine de la bourgeoisie pour le prolétariat; il a accusé la haine de race et a révélé sa haine de classe. Il a voulu exhumer la xénophobie française et a mis au jour la prolophobie des élites parisiennes. Il a cru mettre en lumière le rejet du bicot, du raton, du bougnoul; il a affiché son mépris de la canaille, comme disait Voltaire, du beauf, comme dessinait Cabu, de la populace que tuait Monsieur Thiers. Yves Boisset a cru faire un film sur le racisme; il a en réalité réalisé un film raciste.

Source : Éric Zemmour, Le suicide français, Paris, Albin Michel, 2014, pp.146-151
C'est intéressant d'obtenir ici une "date" pour le changement de paradigme, le lâchage de la classe ouvrière au profit de l'immigré étranger. Ce lâchage des travailleurs du cru correspond peut-être aussi, en simultané, au naufrage définitif du PCF sur l'échiquier politique. Ce serait à vérifier.


Une anecdote :
«... alors Marchais joue son va-tout. Dans les derniers jours de cette année 1979, on le retrouve tout sourire sur les écrans télévisés, en direct de la place Rouge à Moscou, soutenant fièrement - presque avec l'arrogance du vainqueur, du collabo, dira-t-on - l'intervention militaire soviétique en Afghanistan. L'effet est catastrophique. Le secrétaire général du PCF ruine en une image des années d'efforts eurocommunistes. Les chars russes à Kaboul évoquent le chars russes à Budapest ou à Prague. L'impérialisme soviétique semble revigoré avec la bénédiction des communistes français. [...] L'intervention en Afghanistan est une réponse à la révolution iranienne; les musulmans soviétiques commencent à s'agiter; l'URSS n'est pas aux avant-postes du totalitarisme communiste pour combattre l'Occident, mais au avant-postes de l'Occident pour combattre le nouveau totalitarisme islamique. [...]

Lorsque Marchais dénonce le rigorisme islamique qui règne alors en Afghanistan, défend les droits des femmes à marcher dans la rue sans voile et des petites filles d'aller à l'école, il ignore que ses arguments seront repris une décennie plus tard par la droite française - qui sur le moment le conspue et le moque - pour légitimer l'offensive de l'Otan contre les mêmes islamistes afghans.» (p.204)
L'anecdote est quand même croustillante.


Encore sur Georges Marchais :
«Georges Marchais publiait en une de L'Humanité du 6 janvier 1981 une longue lettre qu'il avait envoyée au recteur de la mosquée de Paris :

«Quant aux patrons et au gouvernement français, ils recourent à l'immigration massive comme on pratiquait autrefois la traite des nègres pour se procurer une main-d'oeuvre d'esclaves modernes, surexploités et sous-payée. Cette main-d'oeuvre leur permet de réaliser des profits plus gros et d'exercer une pression plus forte sur les salaires, les conditions de travail et de vie, les droits de l'ensemble des travailleurs, immigrés ou non [...] Dans la crise actuelle, l'immigration constitue pour les patrons et le gouvernement un moyen d'aggraver le chômage, les bas salaires, les mauvaises conditions de travail, la répression contre tous les travailleurs, aussi bien immigrés que français. C'est pourquoi nous disons : il faut arrêter l'immigration sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. Je précise bien : il faut stopper l'immigration officielle et clandestine, mais non chasser par la force les travailleurs immigrés déjà présents en France comme l'a fait le chancellier Helmut Schmidt en Allemagne fédérale.» [...] (p. 205)

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Re: Le suicide français

Message non lu par Cinci » lun. 06 juil. 2015, 19:24

Le lieu d'où le lobby homosexualiste tire sa force :
«La rencontre entre l'homosexualité et le capitalisme est le non-dit des années 1970. Entre un mouvement gay qui arbore un drapeau arc-en-ciel et un capitalisme qui découvre les joies et les profits de l'internationalisme, il y a un commun mépris des frontières et des limites. Entre la fascination homosexuelle pour l'éphèbe et une société capitaliste qui promet la jeunesse éternelle, l'entente est parfaite.

Le rejet haineux du père est sans doute le point commun fondamental entre une homosexualité narcissique qui transgresse sexuellement la loi du père et un capitalisme qui détruit toutes les limites et les contraintes érigées par le nom du père autour de la cellule familiale, pour mieux enchaîner les femmes et les enfants - et les hommes transformés à la fois en enfants et en femmes - à sa machine consumériste.

L'alliance improbable entre une extrême gauche libertaire et le marché se fera à travers la geste homosexuelle et au nom de la «transformation des mentalités».

Dominants dans la mode, les médias et l'univers artistique, de nombreux homosexuels, plus ou moins militants, imposent leur vision de l'homme-objet à une société patriarcale qui a inventé la femme-objet pour protéger son désir sexuel.

En 1971, Yves Saint-Laurent fait scandale en posant nu pour la publicité de son parfum «Pour homme». Le lobby gay gagnera au fil des années en visibilité. Il mènera victorieusement la bataille sémantique; Aznavour avait contribué à la substitution de pédéraste par «homo». moins insultant; mais «homo», encore trop discriminant, sera lui-même remplacé par gay, plus flatteur : «Good as You». La revendication d'égalité est ici une manifestation éclatante de puissance. Les maîtres imposent toujours leurs mots.

Le lobby gay aux États-Unis est aujourd'hui financé par les plus grands capitalistes américains, Bill Gates et Steve Ballmer, Google, Facebook, eBay, ou un magnat des hedges funds comme Peter Singer. En France, Pierre Bergé, le patron d'Yves Saint Laurent, créera le journal Têtu dans les années 1970 avant de financer dans les années 1980 SOS Racisme. Le mélange sexuel et ethnique - le métissage - deviendra la religion d'une société qui se veut sans tabou, et ne supporte plus les limites de la différenciation des peuples comme des sexes. Cette babélisation généralisée est encouragée par un capitalisme qui y voit une source de profits.

(p.75)

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Re: Le suicide français

Message non lu par Cinci » lun. 06 juil. 2015, 19:38

A propos de l'écologie :
«Jusqu'alors, progrès scientifique, technique, capitalistique, démocratique, philosophique faisaient tout un. Politiquement, la gauche incarnait et le résumait en une formule magique, le camp du progrès. Pour Victor Hugo, les chemins de fer, l'école, le suffrage universel, l'interdiction du travail des enfants, l'abolition de l'esclavage étaient les cinq doigts d'une seule main. La nature ne méritait pas de compassion; elle n'était qu'une marâtre qui nous avait fait tant souffrir, il fallait l'exploiter, sans craindre de la persécuter, pour qu'elle se mette - enfin - au service de l'homme.

Seuls quelques esprits grincheux ou lunaires ou superstitieux ou contemplatifs ou réactionnaires osaient contester la marche vers le progrès et le bonheur. Des paysannes crédules craignaient pour la santé de leurs vaches regardant passer les trains; des Chateaubriand ou des Tolstoï exaltaient la beauté de la nature et la supériorité morale du simple d'esprit contemplatif sur le citadin affairé et empressé. Un Giono pouvait bien chanter la gloire de la charrue, la machine partout avançait. Les monsieur Homais étaient dans le sens de l'histoire. La nature n'avait pas bonne presse républicaine car elle était associée au Roi et au saint Chrême; elle fut même accusée de «collaboration» après avoir été enrôlée à Vichy par le maréchal Pétain : «La terre, elle ne ment pas.»

Après la guerre, le général de Gaulle qu'on surnommait en 1939 le Colonel Motor, conduisit la droite même la plus traditionaliste sur les chemins du progrès technique et industriel au nom de la grandeur de la France et la défense de son rang, laissant certains de ses aficionados effarés devant les dégâts causés sur les paysages harmonieux du cher et vieux pays. «Comment le général de Gaulle qui aime tant la France éternelle peut-il tolérer ça ?» demandait incrédule François Mauriac dans son Bloc-notes.

De grands esprits originaux et iconoclastes comme Bertrand de Jouvenel remettaient en cause nos choix industriels et productivistes, mais leur réflexion demeurait confinée à de petits cercles intellectuels. C'étaient des voix solitaires, voix chevrotantes. Voix désuètes, ridiculisées, inaudibles. Mais voix bientôt recouvertes et décuplées par des soutiens juvéniles qu'elles n'attendaient plus.

Quelques années plus tôt, le chanteur d'obédience communiste Jean Ferrat avait fait le lien entre les deux générations avec son magnifique «Que la montagne est belle», brocardant la frénésie consumériste des paysans quittant leurs paysages sublimes pour manger leur poulet aux hormones dans leurs HLM; mais cette mélancolie passéiste n'était pas dans la ligne du Parti qui restait productiviste et industrialiste. Progressiste, on disait.

Les jeunes gens chevelus qui reprenaient les chansons de Nino Ferrer et de Jacques Dutronc, qui occupaient le Larzac, qui élevaient des chèvres en Ardèche, refusaient la société de consommation. Leur archaïsme était furieusement moderne. Politiquement, ils se voulaient aux antipodes de la droite maurassienne et traditionaliste qu'ils aborrhaient en reprenant pourtant toutes ses intuitions.

Leur pacifisme était inspiré de Gandhi et non du maréchaliste Giono («Mieux vaut être un Allemand vivant qu'un Français mort»), mais leur haine du sionisme deviendrait bientôt proche de l'antique antisémitisme; leur rejet du capitalisme avait des accents de marxistes, mais reprenait en réalité la vieille méfiance du catholicisme pour l'argent. Souvent, ils avaient passé leur jeunesse chez les scouts ou dans les JOC avant de se transformer en athées bouffeurs de curés. Ils se revendiquaient de gauche et même d'extrême-gauche; mais ils ne parviendront jamais à démêler l'écheveau de leurs origines contrastées.

[...]

La droite gaulliste et pompidolienne avait pourtant aussitôt essayé de tirer profit de ces contradictions, conservant par devers elle l'écologie, laissant à la gauche le dogmatisme révolutionnaire. Georges Pompidou créait le premier ministère de l'Environnement et défendait dans une lettre restée célèbre les arbres du bord des routes. Mais le pari nucléaire engagé par Pompidou couperait durablement la droite (et le parti communiste) des écologistes les plus engagés.

Les écologistes réussiront leur OPA sur l'écologie. Leurs adversaires - Brice Lalonde, Antoine Waechter, plus tard Nicolas Hulot - seront brisés par leurs méthodes impitoyables et sectaires. L'écologie politique deviendra ce curieux mouvement d'extrême-gauche qui ne s'adresse qu'aux petits-bourgeois urbains; de contempteurs de la mondialisation qui haïssent les frontières; de partisans des productions locales mais avec des étrangers accourus librement de la planète entière; de défenseurs du principe de précaution pour la nature (nucléaire, OGM, gaz de schiste) mais pas pour l'homme (mariage homosexuel, adoption par les couples homosexuels) ni pour les pays (immigration massive, droit de vote et même éligibilité des étrangers); d'apôtres de la décroissance mondiale qui se prétendent tiers-mondistes.

Ces contradictions pour un esprit rationnel n'en sont pas pour des écologistes. Nous ne sommes plus dans le registre de la raison mais de la foi.

Avec sa conception révolutionnaire du monde et aussi de l'homme, l'écologie est une remise en cause radicale de l'humanisme né des deux héritages judéo-chrétien et grec; l'écologie est une sorte de ré-enchantement du monde répondant à la sécularisation rationnaliste de l'Occident, la forme moderne d'un néo-paganisme adorant la déesse Terre, les victimes innombrables (immigrés, femmes, homosexuels, etc.) tenant lieu de Christ sur la croix, la Terre mère souffrante ensevelissant les nations et les empires; le métissage généralisé et obligatoire des races, mais aussi des sexes et des genres, jusqu'aux végétaux et aux animaux dotés d'une âme comme les hommes, rappelant, prolongerant et dépassant la doctrine de saint Paul : «Il n'y a plus ni juif ni grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme.»

En 1970, on célébrait aux États-Unis la première journée de la Terre. (p.80)

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Re: Le suicide français

Message non lu par Cinci » mar. 07 juil. 2015, 16:59

A propos de Paxton, les juifs et Vichy :

«... il arrive au sévère procureur américain de reconnaître ici et là que Laval ne fut pas antisémite ou que les dignitaires nazis furent fort désapointés par les maigres chiffres des convois de déportés partis de France. Il lui arrive même, au détour d'une phrase, de pointer le décalage profond entre notre époque, obsédée par les préoccupations humanitaires et l'extermination des juifs, et celle de la guerre, marquée par les soucis prosaïques des Français sous l'Occupation, pour qui le mot déporté évoque le départ forcé pour l'Allemagne de jeunes réquisitionnés pour le STO.

Mais peu importe ces détails qui n'altèrent pas la charge du procureur. Une seule question le taraude, mais il choisit de l'ignorer en l'ensevelissant sous l'opprobe :«On peut se demander comment, dans ces conditions, les trois-quart des juifs de France, ont pu échapper à la mort.»

Question posée à la fin de son second ouvrage - Vichy et les juifs - après dix ans de recherches supplémentaires; mais à laquelle il apport une réponse lapidaire. Question qu'il ne peut qu'éluder car elle détruirait la doxa.

Entre-temps, Serge Klarsfeld lui a servi le chaînon manquant : c'est le peuple français qui les a sauvés. Ce sont les justes qui enrayeront à eux seuls la machine exterminatrice de Vichy; car, pour Paxton comme pour Klarsfeld, les Allemands et leur idéologie nazie sont des figurants, anecdotiques, presque dépassés par la perfidie vichyste. Avec l'appoint de Klarsfeld, la doxa paxtonienne est indestructible.

Pourtant, la question subsiste, lancinante. Si ces Français - qu'on a, depuis la même époque, caricaturés sous les traits d'infâmes salauds, antisémites et délateurs - ont permis un sauvetage d'une telle ampleur, pourquoi les Hollandais et les Belges, nos voisins, n'ont-ils pu en faire autant ? Le nombre de justes hollandais est pourtant supérieur à celui des Français ! Et les juifs hollandais ont été exterminés à près de 100%.

A cette question, l'Historiographie française d'avant R.O. Paxton avait apporté une réponse devenue sacrilège. Des historiens comme Robert Aron rappelaient que la France vaincue, sous la botte allemande, était soumise aux pressions permanentes de Hitler.

Les mêmes expliquaient le bilan ambivalent de Vichy par la stratégie adoptée par les Pétain et Laval face aux demandes allemandes : sacrifier les juifs étrangers pour sauver les juifs français. Cette thèse est aujourd'hui réputée nulle et non avenue. Scandaleusement indulgente. Et crime suprême : franco-française. Pourtant, le grand spécialiste mondial de l'extermination des juifs, Raul Hillberg, dont les analyses du processus de la solution finale sont reprises par tous ceux qui écrivent sur le sujet, ne dit pas autre chose dans La destruction des juifs d'Europe :
  • «Dans ses réaction aux pressions allemandes, le gouvernement de Vichy tenta de maintenir le processus de destruction à l'intérieur de certaines limites [...] Quand la pression allemande s'intensifia en 1942, le gouvernement de Vichy se retrancha derrière une seconde ligne de défense. Les juifs étrangers et les immigrants furent abandonnés à leur sort, et l'on s'efforça de protéger les juifs nationaux. Dans une certaine mesure, cette stratégie réussit. En renonçant à épargner une fraction, on sauva une grande partie de la totalité.»
«Quand, avoue Paxton, lors de la réédition de son livre, je relis aujourd'hui certains jugements prononcés par moi à l'époque, je concéde qu'ils sont bien trop totalisants et parfois féroces. Ils étaient influencés, je le reconnais, par ma répulsion devant la guerre menée au Vietnam par mon propre pays. Mais à mes yeux, il est toujours légitime de dire que le régime de Vichy aura été de bout en bout souillé par son péché originel de juin 1940 ...»

Quant à Klarsfeld, c'est pendant son intervention lors d'un colloque dans la Creuse les 29 et 30 mai 1996 qu'il explique que, s'il est revenu à l'Histoire (après une carrière d'avocat), «c'est pour que l'on ne dise pas que Vichy avait sauvé des juifs».

Ces deux interventions éclairantes sont rappelées en préface d'un ouvrage, Vichy et la Shoah, paru en 2011 dans un silence médiatique assourdissant. L'auteur, le rabbin Alain Michel, y montre une audace inouïe, presque suicidaire, décortiquant le paradoxe français avec une rare délicatesse et honnêteté. Il reprend, en l'étayant, l'intuition des premiers historiens du vichysme, et montre comment un pouvoir antisémite, cherchant à limiter l'influence juive sur la société par un statut des juifs inique, infâme et cruel, et obsédé par le départ des juifs étrangers - pour l'Amérique, pense d'abord Laval qui, devant le refus des Américains, accepte de les envoyer à l'Est, comme le lui affirment alors les Allemands-, réussit à sauver les vieux Israélites français.

Paxton avait bien compris la différence radicale de point de vue entre un Xavier Vallat, antisémite maurrassien, qui ne tolère que les juifs assimilés à la manière d'un Swann dans Proust, et un Himmler qui juge que les juifs assimilés sont la pire espèce car on ne peut dévoiler aisément leur judéïté. Mais il [Paxton] jugeait que l'antisémitisme d'État de Vichy avait précédé, favorisé, décuplé l'extermination nazie. Alain Michel lui donne un démenti cinglant en montrant l'efficacité de l'échange immoral, juifs français contre juifs étrangers, voulu et obtenu par Vichy.

Paxton est persuadé que les Allemands n'auraient pas pu agir sans l'aide de la police française en zone occupée. Michel rappelle les obligations juridiques qui contraignaient l'administration du pays vaincu à collaborer avec l'occupant. Il montre aussi le débarquement d'Aloïs Brunner venu en mission à Nice, à la fin de la guerre, avec son escouade de SS, raflant tout ce qui ressemblait à un juif, français ou pas, provoquant bien plus de dégâts que la police française. Paxton avait relevé le refus de Pétain que les juifs portent l'étoile jaune en zone libre; MIchel s'étonne, faussement naïf, qu'on ne lui en sache pas gré alors que l'on rend un éternel hommage au roi du Danemark.

Michel démontre même - suprême insolence - que les juifs français rassurés sur leur sort par Vichy (90% des Israélites sortiront vivants de ces années terribles) s'occuperont l'esprit libre du sauvetage de leurs coreligionnaires étrangers, et surtout de leurs enfants. Ultime paradoxe : c'est la faiblesse de la vie communautaire juive en France qui a permis d'obtenir ce taux très bas de victimes.

Michel ne veut nullement réhabiliter Vichy. Il dénonce sans ambages ce statut des juifs qui, dès octobre 1940, fait des Israélites des citoyens de seconde zone; mais il ose aller au-delà de l'émotion et de la condamnation légitime, pour creuser les contradictions d'un pouvoir pétainiste et distinguer entre morale et efficacité politique, qui ne vont pas forcément de pair. Il glisse de la complexité dans une histoire qui appelle le manichéisme.

On comprend le silence atteré des médias français.

Sans doute fallait-il être français mais ne pas vivre en France; être historien, mais pas universitaire; juif - et même rabbin - mais résidant entre Israël et les États-Unis, pour oser déconstruire avec autant d'audace le mythe paxtonien; être juif mais passé par le moule sioniste pour comprendre aussi bien les contraintes de la raison d'État.

Dans son livre Aimer de Gaulle, Claude Mauriac décrit cette scène de 1944 :«De Gaulle explique à mon père qu'il y avait deux sortes de Résistance entre lesquelles nulle entente après la Libération n'était possible : la mienne - la vôtre - qui était résistance à l'ennemi - et puis la résistance politicienne qui était antinazie, antifasciste, mais en aucune sorte nationale ...»

Paxton et Klarsfeld ont repris ce combat entre les deux résistances pour donner une victoire posthume aux adversaires politiciens du Général. Ils l'ont emporté parce qu'ils portaient sans le savoir une approche nouvelle qu'attendait la génération des années 1970 et 1980.

D'abord, la souveraineté. Paxton considère que la défense farouche par le vaincu de parcelles de sa souveraineté perdue fut néfaste. Il moque et condamne Vichy pour sa volonté d'avoir sa propre politique antijuive; il dénonce les efforts de Vallat, de Bousquet, de Laval, pour défendre des queues de cerises de souveraineté. [...] Mais le vrai combat de Paxton est contre l'assimilation à la française. Il en fait une question de principe. Si la France avait renoncé à ses exigences assimilationnistes , si elle s'était convertie à ce qu'il appelle le pluralisme culturel, elle aurait mieux accepté les juifs et n'aurait pas servie la machine exterminatrice nazie. Il touche du doigt la faiblesse de Vichy, ce que Bernanos avait formidablement résumé avec une rare ironie - si française - dans sa célèbre formule : «Hitler a déshonoré l'antisémitisme.» Paxton pense aussi que Vichy a déshonoré l'assimilation. Et il s'en réjouit. Il est très américain.

Du temps de Paxton, en 1973, de Gaulle est mort; la souveraineté française doit s'incliner devant l'empire américain et se noyer dans l'Europe; et la vieille France assimilationniste doit s'ouvrir au modèle communautariste que la génération des années 1980 parera bientôt des atours chatoyants de la «diversité». Depuis Napoléon, les juifs français avaient pourtant fait le chemin inverse, contraignant la nature isolationniste et communautariste de la religion juive, afin de se conformer à l'adresse du comte de Clermont-Tonnerre montant à la tribune de l'Assemblée nationale en 1789 : «Il faut donner tout aux juifs en tant qu'individus, rien aux juifs en tant que nation.»

Paxton clôt cette période.

Les juifs étrangers, et surtout leurs enfants - devenus français - survivants de la Shoah ne pardonneront pas à la France sa rigueur assimilationniste d'alors. Les anciens Israélites s'inclineront en maugréant devant cette nouvelle ligne communautariste, voire antifrançaise. L'équation paxtonienne : Vichy est le mal absolu; Vichy c'est la France; donc la France est le mal absolu, fait des ravages dans la jeunesse juive des écoles et, par capillarité médiatique, dans toute cette génération née après la guerre.

[...]

Après les discours sur la rafle du Vel d'Hiv des présidents Chirac en 1995 et Hollande en 2012, la doxa paxtonienne deviendra vérité officielle, sacrée. Religion d'État.

(pp.88-94)

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Re: Le suicide français

Message non lu par Cinci » mer. 08 juil. 2015, 1:43

J'ignorais l'existence de cet ouvrage d'Alain Michel parut en 2011. Intéressant.

Il m'en rappelle aussi la discussion qui s'était tenue au sujet de demandes de dédommagements pour les descendants de déportés juifs et vivant aujourd'hui en Israël. Je me souviens qu'il était aussi question de responsabilités de la France, «Vichy c'était la France», etc. Or ce que Zemmour évoque plus haut et relativement aux points abordés par le rabbin Michel, dans son livre, aurait pu éclairer la question. On s'aperçoit que ce ne sont pas des questions faciles.

Je trouve intéressant de voir Zemmour s'attacher à essayer de mettre en lumière (même si c'est par flash) la genèse de cette culture politique actuelle, disons ce avec quoi il faut débattre dans les forums la plupart du temps; intéressant de voir cette culture commencer de surgir - selon lui - à la fin de la période dite des Trente glorieuses. Il fait de cette période comme une époque charnière.

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Re: Le suicide français

Message non lu par Bénédictions » sam. 11 juil. 2015, 16:57

Eric ZEMMOUR est un plus mauvais exemple pour la jeunesse que les stars du rap.

C'est un homme immature qui la prétention de participer à la vie intellectuelle. A côté de lui chantal Delsol fait figure de grande philosophe.

C'est triste mais heureusement un monde triste ne fait pas nécessairement des humains tristes.

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Re: Le suicide français

Message non lu par Anne » dim. 12 juil. 2015, 6:25

Pourquoi ne pas étayer un peu vos affirmations, Bénédictions :

* en quoi Zemmour fait-il preuve d'immaturité ?
* quels sont les points qui ne sont pas à la hauteur d'une participation à la vie intellectuelle de la France ?
* comment est-il un plus mauvais exemple pour la jeunesse que les chanteurs de rap (parce que c'est assez difficile à surpasser sur certains points) ?

J'aimerais aussi un exemple de matière philosophique supérieure dixit Chantal qui surpasse quelque chose de Zemmour... N'importe quel exemple fera l'affaire ! :cool:
"À tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés;
nous sommes désorientés, mais non pas désemparés;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés;
terrassés, mais non pas anéantis…
".
2 Co 4, 8-10

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Re: Le suicide français

Message non lu par Bénédictions » dim. 12 juil. 2015, 11:28

Eric Zemmour a une vision des rapports entre les sexes digne d'une cour de récréation de collège. Je ne le verrais pas sportif de haut niveau ou aventurier pourtant.
Il veut à tout pris avoir raison, il est sur de lui, extrêmement vindicatif : Passé 35 ans c'est grave.

Les chanteurs de rap n'ont pas la prétention à être l'âme de la France, Eric ZEMMOUR si.

Chantal Delsol elle au moins est mesurée dans son langage.

C'est surtout le style que je critique chez Eric ZEMMOUR, de toute façon sa pensée politique est critiquable comme toute les pensées.
Une autre bêtise dans sa pensée c'est de ne regarder que la France, alors que les évolutions qu'il déplore sont mondiales, et donc à mon avis inarrêtable pour le bien comme pour le mal.

Le titre de son livre est donc tout à fait inapproprié

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Re: Le suicide français

Message non lu par Cinci » mar. 14 juil. 2015, 13:38

Bonjour,

Je savais que notre ami Zemmour n'a pas tellement «bonne presse» dans les médias sociaux. Beaucoup disent qu'ils n'aiment pas le personnage en effet. Est-ce si grave ?

Bénédictions :
Il veut à tout pris avoir raison, il est sur de lui, extrêmement vindicatif : Passé 35 ans c'est grave.
Vous le connaissez vraiment bien, en tout cas pour être en mesure de connaître autant ses dispositions intérieures et que vous pourriez alors jugées comme autant de vices très malsains. Je ne dispose pas d'un tel savoir sur l'homme concerné. S'il veut avoir raison ? sans doute. Mais il ne sera pas le seul dans son cas parmi la foule des chroniqueurs; parmi celle aussi des journalistes et autres intervenants sur la place publique.

C'est un défaut moral de vouloir défendre son idée à l'occasion d'un débat télévisé ? Pour ma part, j'ai juste vu un individu capable d'être d'accord avec son interlocuteur, plus ou moins d'accord et parfois pas du tout.

Non

A priori, je comprendrais que Zemmour est peu populaire parce qu'il veut émettre des critiques au sujet de l'air du temps, à propos des idées à la mode. Il serait plus populaire s'il disait comme tout le monde.

Plusieurs lui reprochent peut-être de vouloir contrarier l'idéologie progressiste actuelle. C'est ce que vous vouliez dire parlant, dans son cas, d'aller véhiculer une notion du rapport entre les sexes digne d'une cour de récréation de collège ? Zemmour serait arriéré ? il aurait besoin d'une mise à jour ?

Remarquez que vous n'êtes pas obligé d'aimer le personnage non plus. Mais, au lieu de vouloir faire son procès, j'aurais préféré aborder juste ses idées quand même.

:)

PS : vous me parlez peut-être d'un ressenti que vous avez. Certes, personne ne pourrait nier la nature de ce que vous pourriez éprouver au plan personnel.

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Re: Le suicide français

Message non lu par Cinci » mar. 14 juil. 2015, 14:21

Enfin ...
A côté de lui chantal Delsol fait figure de grande philosophe.
Je ne savais pas que Zemmour jouait au professeur de philosophie diplomé. J'ai compris, de mon côté, qu'il ne faisait que commenter l'actualité comme feront tous les chroniqueurs et dans tous les pays.

Votre remarque, par contre, me dirait peut-être quelque chose soit au sujet de vous-même soit au sujet des appréhensions du public européen français en général. Je veux dire : votre remarque me ferait songer que vous nourrissez une attente quelconque par devers vous. Vous prenez pour acquis qu'il faudrait être une gloire de la philosophie à la Jean Paul Sartre (un faiseur de phrases extraordinaires, jongleur conceptuel breveté, magicien de la formule suffisamment fort pour rendre jaloux les profs de collège) mais simplement pour avoir le droit d'accéder au microphone.

Vous trouvez que Zemmour ferait encore trop peuple ? populassier ? Il ne volerait pas «assez haut» par-dessus les masses ? Si c'est le cas, il serait néanmoins intéressant d'avoir l'avis d'un baromètre capable de bien nous indiquer à quelle altitude devrait se situer le «plafond nuageux», dans cette écosystème particulier que le bon peuple serait censé représenter, non ?

En tout cas vous me partagerez le malaise qui serait le vôtre et du côté du style de Zemmour. Le style ? vous attachez de l'importance au style.

:?:

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Re: Le suicide français

Message non lu par Bénédictions » mar. 14 juil. 2015, 18:38

Eric Zemmour veut plaire aux filles dès cette année : pour ça mieux vaut avoir une moto et fumer qu'être bon en physique-chimie.
J'attache de l'importance au style car sur le fond je crois franchement qu'on ne peut prouver aucune idée par la raison.

Être chroniqueur et défendre un point de vue contre l'air du temps officiel est un grand vice. Le pape fait il du rock 'n roll ?
Être chroniqueur est en soi participer à l'air du temps.

J'ai de la peine pour les ouvriers qui ont un vrai métier et qui l'admirent. Mais après tout beaucoup d'ouvriers aiment johnny hallyday, rien de nouveau sous le soleil.

Avoir des certitudes en matière de politique est assez niais.

Là où son analyse est la plus fausse c'est quand il analyse les problèmes comme étant typiquement français alors que le monde évolue et que la france ne fait que suivre. Il se plaint du travail des femmes, de l'immigration, de l'avortement...mais ce n'est pas qu'en France. Pourquoi alors ce titre de "suicide français" ?

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Re: Le suicide français

Message non lu par Cinci » mar. 14 juil. 2015, 23:44

En quatrième de couverture :
«[...] Nos élites politiques, économiques, administratives, médiatiques, intellectuelles, artistiques, héritières de mai 68, s'en félicitent. Elles somment la France de s'adapter aux nouvelles valeurs.

Elles crachent sur sa tombe et piétinent son cadavre fumant. Elles en tirent gratification sociale et financière. Elles ont désintégré le peuple en le privant de sa mémoire nationale par la déculturation, tout en brisant son unité par l'immigration. Tous observent, goguenardes et faussement affectées, la France qu'on abat; et écrivent, d'un air las et dédaigneux, les «dernières pages de l'histoire de France».

Ce vaste projet subversif connaît aujourd'hui ses limites. Le voile se déchire. Il est temps de déconstruire les déconstructeurs. Année après année, événement après événement, président après président, chanson après chanson, film après film ... L'histoire totale d'une déconstruction joyeuse, savante et obstinée des moindres rouages qui avaient édifié la France.»

Éric Zemmour se livre à une analyse sans tabou de ces quarante années qui, depuis la mort du Général de Gaulle, ont défait la France.
Voilà qui répondrait peut-être déjà à la question : Pourquoi Zemmour évoque-t-il un suicide français ?

Il semble accuser les élites françaises de s'être attachées au projet de destruction de l'État-nation à la française. C'est son point de vue. Si vous voulez, ici c'est moi qui schématiserait pour résumer : il accuserait les élites d'être du parti des Bourguignons (des Anglois; l'empire) au lieu d'être du parti des Armagnacs ( de Charles VII, du royaume légitime, de l'île de France ... du parti de Jehane la pucelle ). Au temps de cette pucelle qui voulait faire lever le siège de la ville d'Orléans, on se rappellera les cours d'histoire que nous n'avons pas eu, l'université de Paris (l'élite) était passé dans le camp des Anglais (trahison !)

:)

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Re: Le suicide français

Message non lu par Bénédictions » jeu. 30 juil. 2015, 22:26

La langue française est riche. Un honnête homme choisit ses mots de façon à rester courtois. "Cadavre" est un mot grossier.

Monsieur Zemmour n'a visiblement pas l'envergure pour regarder comment le monde évolue. C'est un peu comme un monsieur qui dirait à un malade en pleine épidémie de peste que son mal ne serait pas arrivé s'il avait pris assez de légumes.
Que je sache tous les pays occidentaux connaissent les migrations, le divorce de masse, l'acceptation sociale de l'homosexualité (ce que je trouve très bien personnellement)... Son discours est celui d'un petit garçon qui s'aperçoit que le monde n'est pas à son service : les gens utilisent leur liberté pour leur intérêts personnels.

Son livre est une façon légaliste de comprendre le monde : bien loin de la liberté qu'on a en Christ.

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Re: Le suicide français

Message non lu par Bénédictions » jeu. 30 juil. 2015, 22:40

Une autre chose extraordinaire avec Eric Zemmour est la peur conjuguée avec du mépris envers les femmes. Personnellement j'ai appris que les femmes ne sont absolument pas complémentaires des hommes, mais identiques. Dans la Bible on peut voir la vision individualiste de Dieu. Au travail cela ne me gène pas si une femme me commande.
Dans un couple une fois sur deux c'est la femme qui domine, je trouve cela normal.

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Re: Le suicide français

Message non lu par Bénédictions » jeu. 30 juil. 2015, 22:54

Plus je lis des passages de ce livre, plus j'y vois de la vulgarité.

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