Le laïcisme impossible, d'Yves-Marie Adeline

Epistémologie - Logique - Écoles - Ontologie - Métaphysique - Philosophie politique
Avatar de l’utilisateur
Dofiar
Censor
Censor
Messages : 78
Inscription : ven. 22 avr. 2011, 16:05
Conviction : Catholique et légitimiste
Localisation : Vendôme
Contact :

Le laïcisme impossible, d'Yves-Marie Adeline

Message non lu par Dofiar » ven. 15 mai 2015, 17:47

Image


Yves-Marie Adeline vient de publier, en ce mois de mai 2015, un nouveau livre de philosophie politique intitulé « Philosophie de la royauté », publié aux éditions Via romana, succédant au Pouvoir légitime, au Royalisme en questions, à La Droite où l’on n’arrive jamais, à La Droite impossible, à l’Histoire mondiale des idées politiques, où il traite, p. 237 et 238, de la laïcité et du laïcisme, de leurs origines, de leurs différences et de l’incohérence qu’il y a, pour un chrétien, à adhérer au laïcisme révolutionnaire.

LE LAÏCISME IMPOSSIBLE

« La laïcité est une invention chrétienne, et même avant le christianisme : une invention judaïque, davidique, quand à l’époque de Samuel, Israël sort de la judicature et se donne un pouvoir royal civil indépendant de l’autorité religieuse (le roi Saül, puis David). Mais le laïcisme, lui, est révolutionnaire : il consiste en ce que le pouvoir politique refuse toute légitimité aux autorités religieuses et tout lien nécessaire entre ses lois et les lois morales.

C’est ce qui oppose Antigone et Créon : la première entend désobéir à l’édit du chef légitime, elle s’autorise donc à enterrer le cadavre de son frère, en vertu d’une loi supérieure aux lois humaines : un homme, même un traître, a le droit d’être enterré après son supplice.

C’est également ce qui rend le laïcisme théoriquement impossible dans le christianisme. Les chrétiens professent qu’il n’existe pas d’autre issue que de refuser l’indifférentisme religieux au nom duquel une cité n’aurait pas d’autre but que de vivre pour elle-même. Le laïcisme absolu, de type révolutionnaire, contribue à faire de la nation une chose-en-soi, désincarnée, déshumanisée, n’ayant pas d’autre projet que d’exister, comme une plante, une pierre, un atome, toutes ces choses qui sont utiles à la vie elle-même, mais seulement à la vie ; tandis que la nation est composée, selon la foi, de chairs renfermant des âmes, des êtres appelés au surnaturel, promis à l’Au-delà. En d’autres termes, le laïcisme (non plus seulement la laïcité) des États et l’indifférentisme des hommes de foi sont encore une forme de vitalisme, de naturalisme, c’est-à-dire d’abdication de l’esprit au profit de la bête. Ainsi, l’Écriture enseigne que Babel fut détruite par la main de Dieu, précisément parce que la référence commune de ses bâtisseurs était eux-mêmes, et non pas Dieu. Babel, œuvre commune, et signe magnifique du génie humain, devenait une idole, une transposition de l’homme à la pierre : un transport de l’homme non pas par la matière vers l’esprit, mais au contraire, par l’esprit, par la science, vers la matière. Le Grand Destructeur de Babel est le premier à nous avoir fait comprendre que science sans conscience n’est que ruine de l’âme. De même que l’homme n’est pas fait pour la science, il n’est pas fait non plus pour la cité : ce sont la cité, la science qui, inversement, doivent servir l’homme, en tant qu’être doué d’une âme orientée vers l’infini. »

Avatar de l’utilisateur
Lys_Sul
Pater civitatis
Pater civitatis
Messages : 479
Inscription : mar. 10 juin 2014, 22:45
Conviction : Catholique
Localisation : Divine Comédie

Re: Le laïcisme impossible, d'Yves-Marie Adeline

Message non lu par Lys_Sul » sam. 16 mai 2015, 2:25

Dofiar a écrit :C’est ce qui oppose Antigone et Créon : la première entend désobéir à l’édit du chef légitime, elle s’autorise donc à enterrer le cadavre de son frère, en vertu d’une loi supérieure aux lois humaines : un homme, même un traître, a le droit d’être enterré après son supplice.
Actes 5:29: Pierre et les apôtres répondirent: Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes.

Je dois mal comprendre, mais cela y ressemble un peu.

-----------------------------

Que, proposez-vous dès lors que la critique se focalise sur le rôle du pouvoir politique dans ce qui regarde la Foi?
L’esprit est à soi-même sa propre demeure ; il peut faire en soi un Ciel de l’Enfer, un Enfer du Ciel.

Livre I, Le Paradis perdu - John Milton

Bénédictions
Censor
Censor
Messages : 182
Inscription : mer. 12 mars 2014, 16:21
Conviction : Chrétien indépendant, non catholique

Re: Le laïcisme impossible, d'Yves-Marie Adeline

Message non lu par Bénédictions » dim. 02 août 2015, 22:51

On peut prendre les choses autrement. Le Nouveau Testament ne donne aucune indication sur ce que doit faire le gouvernement. Clairement personne ne peut prétendre incarner le programme politique de Dieu. La Bible est un livre qui s'adresse à des individus pour les faire réfléchir à leur vie spirituelle.
La Bible dit de se soumettre à l'autorité. Elle n'a jamais conseillé aux esclaves de se révolter par exemple.

Si on commence à se prétendre l'envoyé de Dieu en politique où cela s'arrêtera t-il ? Doit-on mettre plus de TVA sur les films pornographiques ? Interdire la prostitution ? Financer plus les écoles confessionnelles ?

[Le Nouveau Testament et même la Bible prennent la maj.]

Cinci
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 11765
Inscription : lun. 06 juil. 2009, 21:35
Conviction : catholique perplexe

Re: Le laïcisme impossible, d'Yves-Marie Adeline

Message non lu par Cinci » sam. 15 août 2015, 1:02

Tiens, j'aurai manqué ce fil.


Bonjour !



Lys_sul,
Actes 5:29: Pierre et les apôtres répondirent: Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes.
Oui.

En l'occurence, Antigone représenterait la position chrétienne, Créon le «laïcisme». La première est ouverte sur un idéal supérieure (le monde divin), Créon serait replié sur les seules lois de la cité humaine.

Dofiar écrivait :
Les chrétiens professent qu’il n’existe pas d’autre issue que de refuser l’indifférentisme religieux au nom duquel une cité n’aurait pas d’autre but que de vivre pour elle-même. Le laïcisme absolu, de type révolutionnaire, contribue à faire de la nation une chose-en-soi, désincarnée, déshumanisée, n’ayant pas d’autre projet que d’exister, comme une plante, une pierre, un atome, toutes ces choses qui sont utiles à la vie elle-même, mais seulement à la vie ; tandis que la nation est composée, selon la foi, de chairs renfermant des âmes, des êtres appelés au surnaturel, promis à l’Au-delà.
Je trouve les remarques de Dofiar intéressantes.

[...]

En fonction de ces prémisses, il faudrait postuler que le véritable rôle de l'État serait d'outiller au mieux les individus afin qu'ils acquièrent une condition de bonheur durable, une joie immortelle. Plus un chef d'État approchera cet idéal de façon convaincante, plus son autorité sera véritable et fera du sens. L'autorité ne se maintiendrait pas avec la force mais à raison de la morale.

Le rôle du gouvernement ne serait donc pas d'aider les hommes d'affaires à s'enrichir ou bien travailler prioritairement à ce que la croissance économique ne s'essoufle pas. Le vrai rôle des autorités consisterait à assister les hommes pour que ceux-ci puissent toucher au but : la Vérité.

;)

(Je fais juste réfléchir à voix haute)

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 31 invités