Romano Guardini, "La fin des temps modernes"

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Fée Violine
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Romano Guardini, "La fin des temps modernes"

Message non lu par Fée Violine » sam. 31 août 2013, 10:52

Chaque semaine, je fais le ménage au Carmel de la ville voisine.
Il n'y a plus beaucoup de soeurs dans ce monastère, mais les bâtiments sont grands. Notamment, il y a des quantités de bibliothèques dans diverses salles et couloirs, des milliers de livres, que naturellement je n'ai pas le temps de regarder, car je nettoie consciencieusement pendant les trois heures prévues.

Cependant, hier, j'ai jeté par hasard un oeil sur un de ces rayonnages, et un titre m'a sauté aux yeux : "Le Dieu vivant", de Romano Guardini. Quel beau titre !
Et Romano Guardini, depuis le temps que j'entends parler de lui, sans jamais l'avoir lu!
Quand j'étais étudiante, j'avais acheté d'occasion un de ses livres au beau titre en forme d'oxymore : "L'esprit de la liturgie". Je l'ai gardé soigneusement pendant une trentaine d'années, sans jamais l'ouvrir, le titre suffisant à me nourrir quelque peu. Puis je l'ai envoyé, avec quelques autres, à un séminaire en Afrique, qui demandait des livres pour ses étudiants.

Sur ce forum, j'ai appris que Romano Guardini avait été un des maîtres de Benoît XVI, qui lui a rendu hommage en écrivant, lui aussi, un "Esprit de la liturgie"' (que je n'ai pas lu non plus).

À côté du "Dieu vivant", il y avait toute une série de livres du même auteur. J'ai emprunté "Le Dieu vivant" (puisqu'il m'avait fait signe) et un autre au titre étrange : "La fin des temps modernes". Le tout n'ayant pas duré une minute, je n'ai pas abusé de mes employeuses!
La semaine prochaine, je remettrai ces deux livres à leur place, et j'en emprunterai d'autres.

J'ai commencé à lire "La fin des temps modernes", publié en 1952 au Seuil (en allemand : "Das Ende der Neuzeit", publié en 1950) et voici le compte rendu.

Le livre est constitué de trois chapitres. Dans l'avant-propos, l'auteur dit que ces trois conférences étaient destinées à introduire un cours sur la conception du monde et de l'homme chez Pascal.
Les idées présentées ici se rattachent à ses autres oeuvres "Monde et personne" (1950), "Liberté, grâce, destinée" (1949).
L'auteur considère que les temps modernes sont terminés, et que dans l'époque qui commence (on est en 1950), Pascal aura sa place, mais pas Descartes. Mais il ne sera pas question de Pascal dans ce livre.

Les trois chapitres:
* Sentiment de l'existence et image du monde au Moyen Âge (pages 11-36)

* Formation de l'image du monde dans les temps modernes (pages 37-59)

* L'image du monde des temps modernes se désagrège. Une autre apparaît (pages 61-122)

(à suivre)

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Sentiment de l'existence et image du monde au Moyen Âge

Message non lu par Fée Violine » sam. 31 août 2013, 11:18

Chapitre 1. Sentiment de l'existence et image du monde au Moyen Âge

- Point commun entre l'Antiquité et le Moyen Âge : l'homme se sent dans une structure limitée, une sphère. Mais il y a davantage de différences:
L'homme antique ne dépasse pas les limites du monde. Pour les Grecs, même les dieux font partie du monde. Le monde est le tout. Le destin, plus puissant que les dieux, constitue l'ordre du monde. "Ce qui existe est un cosmos soumis à la beauté d'un ordre". "L'esprit religieux s'essaie dans les diverses possibilités que l'esprit philosophique lui ouvre en des perspectives toujours nouvelles. L'effort scientifique fait preuve de la même mobilité". Même chose pour la vie sociale et politique. "Une liberté aussi féconde que dangereuse du mouvement culturel".

- C'est très différent au Moyen Âge car la foi y rend l'homme "certain d'une réalité divine extérieure et supérieure au monde". Contrairement aux divinités mythiques dont le monde est le domaine, Dieu n'a pas besoin du monde. Il existe en soi. La "notion de création ne se trouve que dans la sphère de la Bible". Partout ailleurs, on a des cosmogonies mythiques.
Croire, c'est faire confiance à Dieu, lui obéir, d'où liberté, l'homme face au monde.
"Puissant mouvement médiéval de dépassement du monde" qui vient non seulement du christianisme, mais aussi de l'apport spirituel germanique au monde européen. Il y a aussi la "tendance germanique à l'absolu, qui veut tout saisir".
Monde sphérique , terre sphérique entourée de 9 sphères portant les astres (car on ignore la gravitation). Autour des sphères se trouve l'empyrée, qui brûle et éclaire, et où séjourne Dieu. À l'opposé de l'empyrée, négativement il y a l'enfer, au fond de la terre; positivement, il y a Dieu au fond de l'âme. Empyrée et fond de l'âme échappent au monde.
Le monde est l'image de Dieu dans chacun de ses éléments. "Le rang de toute chose existante est déterminé par la valeur et la mesure de la ressemblance qu'elle a avec lui" (ordre de l'être : choses inanimées, plantes, animaux, hommes).
"Que signifient, pour le Moyen Âge, la connaissance et son résultat, la théorie? Il est capital, ici aussi, qu'en dehors et au-dessus de toutes les données de l'existence cosmique, il existe un point d'appui absolu: la Révélation".
"Le Moyen Âge connaît à peine l'étude scientifique du monde, au sens moderne de ce mot. Sous ce rapport aussi, le point de départ est donné par une autorité : les oeuvres de l'Antiquité, surtout celles d'Aristote. Les rapports du Moyen Âge avec l'Antiquité sont très vivants, mais d'autre nature que ceux de la Renaissance" : au Moyen Âge ils sont naïfs et constructifs (la parole des philosophes apparaît comme la servante naturelle de la Révélation); à la Renaissance, sceptiques, réfléchis et révolutionnaires (pour se détacher de la Tradition et se libérer de l'autorité ecclésiastique.

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Message non lu par Fée Violine » sam. 31 août 2013, 12:01

"Tout cela trouve son expression dans les synthèses où le Moyen Âge consigne son travail d'investigation, sommes dans lesquelles se joignent théologie, philosophie, doctrine sociale et art de vivre. Ce sont de puissantes constructions qui déroutent l'esprit moderne" mais dont le but n'est pas de "scruter empiriquement l'inconnu du monde ou en expliquer les faits par la méthode rationnelle, mais construire 'le monde', d'une part avec le contenu de la Révélation, d'autre part selon les principes et notions de la philosophie antique". Ces synthèses sont des sortes de cathédrales pleines de symboles.
"L'anthropologie médiévale est supérieure à celle des temps modernes. Son éthique et sa morale considèrent l'être dans une plus grande plénitude et portent à des réalisations plus hautes. (...) Ce qui manque au penseur du Moyen Âge, c'est la volonté de connaître la nature avec une exactitude empirique. Si donc il se laisse conduire par les autorités de l'Antiquité, il court le danger de répéter leurs pensées en aliénant sa liberté. Mais d'autre part, une construction intellectuelle est ainsi rendue possible, que les temps modernes, individualistes, ne connaissent pas"
L'Église et l'État, qui remontent à des données transcendantes, déterminent la vie en ce monde. Les autres institutions sociales sont aussi structurées verticalement. Au-dessus de la hiérarchie terrestre, il y a la hiérarchie céleste (les anges).
Cette hiérarchie terrestre et céleste met de l'ordre dans la multiplicité de l'existence; il y a aussi un ordre dans la succession historique : création, incarnation du Christ, fin du monde. "Le temps intermédiaire est divisé en périodes, les époques du monde".
Par des formes symboliques, le culte renouvelle sans cesse l'événement du salut. Les églises sont sa forme spatiale. Dans une église, tout est saturé de significations symboliques : orientation, accessoires, vitraux etc., "de tout cela naît un ensemble qui présente aux yeux de celui qui le contemple le monde de la foi dans sa réalité".
Le culte est aussi temporel (succession des fêtes, des temps liturgiques...) et littéraire (rituel, missel, "Légende dorée"...).
"Un symbolisme universel pénètre toute l'existence. Cette plénitude du monde, constituée en unité, trouve peut-être son expression la plus puissante dans la Divine Comédie de Dante" (d'autant plus que c'est la fin du Moyen Âge, donc on en voit mieux la structure).

- Pour se faire une idée exacte du Moyen Âge, il faut se libérer des jugements polémiques de la Renaissance et des Lumières, ainsi que de la glorification de l'époque romantique. Du point de vue moderne, "le Moyen Âge apparaît comme un mélange de primitif et de fantastique, de contrainte et de dépendance", mais c'est faux. C'est une des époques où l'existence humaine s'est le plus pleinement épanouie.
Religiosité profonde et riche, puissante et délicate, "aussi simple dans l'essentiel qu'originale, et multiple dans les réalisations individuelles" (donc d'autant plus de possibilités d'erreurs et d'égarements).
Important rayonnement des monastères, influence des mystiques sur la conscience de l'époque, d'où sagesse.
L'homme du Moyen Âge recherche la vérité, non expérimentale et théorique comme dans la recherche moderne, "mais elle se plonge dans la méditation de la vérité et à partir de là construit spirituellement l'existence". En cas de recherche au sens moderne, ça paraît inquiétant (ainsi st Albert le Grand, dans la légende, est vu comme un magicien).
"L'homme médiéval voit des symboles partout. Pour lui, l'existence n'est pas faite d'éléments, d'énergies et de lois, mais de formes. Les formes ont une signification propre mais elles désignent, au-delà d'elles-mêmes, quelque chose de différent, de plus haut, et en dernier lieu la grandeur en soi, Dieu et les choses éternelles".
Autre élément important du Moyen Âge : l'élément artistique. "La recherche de la vérité est indissolublement liée à celle de la forme". Une quaestio "a aussi une valeur esthétique, comme un sonnet ou une fugue". "La forme en soi a quelque chose à nous dire sur le monde".
L'autorité est vue de nos jours comme un manque de liberté. C'est faux. La destruction de l'autorité peut conduire à la barbarie. L'autorité protège le faible et incarne la grandeur, donc sa destruction engendre sa caricature, la violence. Pour l'homme du Moyen Âge, l'autorité est non une entrave mais une relation avec l'absolu, une permanence dans la vie terrestre. "En comparaison, notre existence lui paraîtrait sans doute très primitive". Mais à la Renaissance naît l'exigence de liberté individuelle de mouvement, pour qui l'autorité est une entrave.

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Formation de l'image du monde dans les temps modernes

Message non lu par Fée Violine » sam. 31 août 2013, 17:34

Chapitre 2. Formation de l'image du monde dans les temps modernes

1. La structure médiévale du monde commence à se désagréger au XIVème et ça continue aux siècles suivants.

Origines de la science moderne.
Milieu XIVème et surtout au XVème, "l'homme veut voir de ses propres yeux, examiner avec sa propre intelligence et parvenir à un jugement fondé par la critique, indépendamment des modèles antérieurs".
Pour la connaissance de la nature : expérimentation et théorie rationnelle.
Pour la tradition: critique humaniste et science historique fondée sur les sources.
Pour la vie sociale: doctrine de l'État, droit moderne.
La science devient un domaine autonome de culture.
Même chose pour l'économie (depuis fin XIIIème en Italie). Jusque-là, le commerce était lié à la condition sociale et aux corporations. L'interdiction du prêt à intérêt empêchait le crédit, donc l'entreprise économique. Le capitalisme naît, chacun peut posséder autant qu'il est capable de gagner, à la seule condition de respecter les prescriptions du droit en vigueur.
En politique : au Moyen Âge la politique était insérée dans l'ordre général, religieux et moral. "Quand une injustice était commise, c'était avec mauvaise conscience". Désormais la politique ne se soucie que de conquérir le pouvoir. L'injustice s'accomplit comme un devoir. Machiavel est le premier à la justifier; Hobbes (au XVIIème) dit que l'État est "le maître et le juge absolu de la vie humaine". "Guerres sans fin entre souverainetés nationales qui apparaissent partout et d'où naissent peu à peu les États nationaux modernes".
Cosmologie: au Moyen Âge le monde était fini en étendue mais infini en intensité. Désormais il s'étend et ça apparaît comme une libération. La terre n'est plus le centre du monde.
En histoire aussi le passé et l'avenir sont de plus en plus lointains, les rapports entre les événements changent, d'où "rapports dans tous les sens, amplifiés à l'infini; d'une part ils laissent le champ libre mais d'autre part ils refusent à l'existence humaine une place qui objectivement soit bien la sienne. Elle reçoit un espace libre pour s'y mouvoir mais elle n'a plus de demeure".
"L'homme n'a plus le sentiment que l'inconnu environnant lui soit interdit". Pour Dante, Ulysse commettait un crime en dépassant Gibraltar, mais l'homme moderne désire explorer le monde. En même temps, "l'individu s'intéresse à son moi". Le concept de "génie" apparaît. On s'intéresse à l'analyse psychologique.
L'homme est libre de ses mouvements et affirme sa personnalité, mais par là-même il perd le lieu permanent, extérieur à lui, qui était celui de son existence. L'angoisse de l'homme moderne n'est plus celle de l'homme médiéval.

2. Éléments fondamentaux.
* Le concept moderne de la nature, qui englobe le donné immédiat, ainsi qu'un concept de valeur (le naturel), d'où le concept d'"honnête homme", l'homme naturel de Rousseau, la beauté naturelle du classicisme... Le concept de nature a une valeur suprême, elle a le caractère mystérieux de cause originelle et de but dernier. Elle est 'Dieu-nature', la 'Nature maternelle'.
Au Moyen Âge, "la nature était la création de Dieu, et l'Antiquité une sorte de Révélation anticipée; pour les temps modernes", nature et Antiquité sont "des moyens de séparer l'existence et la Révélation".
L'homme lui-même, à la fois corps et âme, appartient à la nature. Quand il en prend conscience, il se pose en face d'elle.

*D'où le deuxième élément essentiel : la subjectivité, ou personnalité. "L'éthique du bien et du vrai objectifs fait place à celle de l'authenticité et de la sincérité". Pour Kant, le sujet est autonome, fondé en soi. "Le génie apparaît mystérieux, on le rapproche de l'idée des dieux. Dans le concept idéaliste de l'esprit, la subjectivité de l'individu s'unit à celle du Tout, à l'Esprit du monde. (...) Goethe s'est fait le héraut de la personnalité, de son caractère spontané, débordant". "Entre la nature et le sujet qui soutient la personnalité se situe le monde de l'action et de l'oeuvre humaines".

*D'où le troisième concept : la culture.
Le Moyen Âge a créé des choses magnifiques et des institutions parfaites pour la vie en commun, c'est une culture de premier ordre. mais tout cela servait la création divine.
À la Renaissance, le monde, de création, devient nature; l'homme, de serviteur et adorateur, devient créateur. "Celui qui possède la science et l'art a aussi une religion" (Goethe).

3. "Pendant plus de 1000 ans, l'enseignement chrétien de l'Église a été la norme du vrai et du faux". Le nouvel ordre des valeurs est indifférent ou hostile à la Révélation chrétienne. La foi chrétienne est de plus en plus réduite à une position défensive, d'où naissance de l'apologétique des temps modernes. La foi perd sa tranquille évidence. Le monde "lui est devenu étranger, voire hostile".
Le monde devient infini, Dieu perd sa place et l'homme aussi. Il semble que l'ébranlement causé pour l'existence humaine par cette transformation du monde ne soit pas encore surmonté.
Des questions se posent aussi à la foi chrétienne.

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L'image du monde des temps modernes se désagrège. Une autre

Message non lu par Fée Violine » dim. 01 sept. 2013, 0:20

Chapitre 3. L'image du monde des temps modernes se désagrège. Une autre apparaît

- Ces trois éléments (nature, personnalité/sujet, culture) étaient jusqu'à présent tenus pour inaliénables, mais ils perdent de leur valeur ; sans nier les bénéfices apportés par les temps modernes.

- Vers 1930, changement dans les rapports avec la nature. Elle n'est plus vue comme maternelle mais plutôt étrangère et dangereuse. Le monde n'est plus divin, infini (cf. Giordano Bruno), rassurant, ni une norme valable (contrairement à la technique).
La nature est juste un espace et une matière pour une oeuvre. Aux temps modernes on ne se souciait que d'utilité et de bien-être mais pas des dévastations causées. Dans les temps qui commencent, l'homme sait que ce qui est en jeu dans la technique, c'est surtout la domination. "L'homme cherche à saisir les éléments de la nature comme ceux de l'existence humaine, ce qui représente des possibilités infinies d'édifier, mais aussi de détruire, surtout quand il s'agit de la nature humaine, beaucoup moins ferme et assurée en soi qu'on ne le pense généralement. Il y a donc là un danger absolu et croissant à l'infini du fait que c'est l'État anonyme qui exerce son emprise".

- Changement aussi dans les rapports avec la personnalité et le sujet. Le sujet était maître de lui-même, mais avec la technique, "l'idée de personnalité créatrice qui édifie son propre moi, ainsi que celle de sujet autonome, n'est évidemment plus la norme". Maintenant c'est l'homme de la masse. Avant, la masse était constituée d'êtres qui pouvaient "devenir des individus et se créer leur vie propre". Mais la masse actuelle est quelque chose de différent, tout est soumis à une organisation qui semble raisonnable et l'homme obéit au programme. "Il semble de plus en plus naturel de considérer les hommes comme des objets" (administration et statistiques; violations des individus, des groupes, des peuples). L'homme doit faire attention de sauver un minimum de ce qui fait sa qualité d'homme.
"Le fait humain essentiel, c'est d'être une personne, appelée par Dieu et donc apte à répondre d'elle-même et à intervenir dans la réalité en vertu d'une force intérieure qui la rend capable de poser un commencement". "Le nivellement qu'apporte le grand nombre conduira-t-il uniquement à la perte de la personnalité, ou aussi à celle de la personne? On peut accepter la première éventualité, non la seconde". Dans ce processus il y a du positif : la camaraderie, d'où possibilité de reconquérir des valeurs humaines (bonté, compréhension, justice). Sinon, l'homme succombera aux forces anonymes.
Avec le développement de la technique, les rapports homme/nature changent, deviennent plus abstraits, indirects. "Le contenu de ses actes ne peut plus être pour lui objet d'expérience", il devient "non-humain" (ce terme n'est pas un jugement de valeur) (mais on peut dire aussi qu'un mode de sentir indirect se développe. D'où accès à l'art abstrait).
La nature n'est plus naturelle. Bien sûr il reste des fleurs, des jardins, des montagnes, des étoiles, mais attention à tout ce qui tend à faire disparaître la libre nature. "Au nom de la plus élémentaire légitime défense, l'homme doit s'efforcer de retrouver le caractère premier de son être, esprit et corps, de se retrouver chez lui dans le monde perdu des symboles"; et aussi pour ce qui concerne la santé, l'éducation, la culture.

- Changement culturel.
"L'homme des temps modernes est convaincu qu'il se trouve enfin face à la réalité". Il a foi dans le progrès. Maintenant nous comprenons que c'était une erreur.
Cette culture a été critiquée (par Rousseau; par les chrétiens). "Aujourd'hui le doute et la critique viennent de la culture elle-même (...) parce qu'on ne peut pas faire confiance à l'oeuvre humaine, pas plus qu'à la nature". La culture (science, philosophie, pédagogie, littérature, sociologie) des temps modernes s'est trompée sur l'homme (matérialisme, idéalisme, existentialisme). "L'homme que conçoivent les temps modernes n'existe pas". L'homme est "une personne finie qui existe en tant que telle (...), appelée par Dieu, en relation avec les choses et avec les autres personnes". "L'homme des temps modernes pense que tout accroissement de pouvoir est en soi un progrès": en fait, c'est ambivalent, la possibilité de mal utiliser sa puissance est de plus en plus grande car la conscience n'augmente pas en même temps que la technique. La puissance devient démoniaque, au vrai sens du terme; car personne n'est responsable, la puissance vit pour ainsi dire par elle-même, elle est sans maître. "Quand la conscience de l'homme n'assume pas la responsabilité de la puissance, les démons en prennent possession (...): des êtres spirituels, créés bons par Dieu, mais déchus, séparés de lui, qui ont opté pour le mal et sont maintenant résolus à perdre sa création. Ce sont ces démons qui régissent la puissance de l'homme : par ses instincts apparemment naturels mais rebelles en réalité; par sa logique apparemment si serrée mais en réalité si influençable; par son égoïsme si démuni sous toutes les violences. Lorsqu'on considère l'histoire des dernières années sans préjugés rationalistes et naturalistes, son comportement et ses dispositions psychologiques et spirituelles parlent assez clairement".

(à suivre)

jeanbaptiste
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Re: Romano Guardini, "La fin des temps modernes"

Message non lu par jeanbaptiste » dim. 01 sept. 2013, 1:10

C'est passionnant et essentiel, continuez continuez !

Pour faire le lien entre "L'esprit de la liturgie" et cette "Fin des temps modernes", voici une petite citation de ... Ratzinger, qui me semble donner un éclairage intéressant sur ce qui vient d'être dit :

On voit aussi combien il est important que la foi au sacrement maintienne, à une époque d'indigence philosophique, la question de l'être ; c'est la seule manière de briser efficacement la domination du fonctionnalisme qui ferait du monde un camp de concentration universel.

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Re: Romano Guardini, "La fin des temps modernes"

Message non lu par Fée Violine » dim. 01 sept. 2013, 16:16

Je pensais bien que vous verriez ce fil, et que ça vous intéresserait ! ;)
Oui, j'ai bien l'intention de continuer.
Je pensais que Guardini était juste un théologien, mais ce livre est plutôt de la philosophie de l'histoire, ou comme il dit à propos des sommes médiévales : à la fois théologie, philo, art de vivre et doctrine sociale. Et aussi littérature!

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Message non lu par Fée Violine » lun. 02 sept. 2013, 12:32

Les horreurs des dernières décennies [je rappelle que l'auteur est un Allemand, qui écrit en 1950] n'auraient pu se produire si les valeurs ("loi morale, responsabilité, honneur, vigilance de la conscience") n'étaient dépréciées depuis longtemps. "Tout cela ne pourrait se produire si la culture était ce que les temps modernes voient en elle. Ils font comme si la matière du monde, dès qu'elle entre dans le domaine de la liberté, était aussi en sécurité que dans le domaine de la nature".
Le problème est que l'homme a pouvoir sur les choses, mais n'a pas (pas encore?) pouvoir sur son pouvoir. "L'homme des temps modernes n'est pas préparé à cette montée démesurée de sa puissance". Il n'y a pas encore d'éducation éthique. "Désormais et pour toujours, l'homme vivra en marge d'un danger qui menace toute son existence". Le problème essentiel de la culture sera de dompter la puissance et d'en faire bon usage.
"L'homme se trouve de nouveau en présence du chaos et c'est d'autant plus terrible que la plupart des hommes ne le voient absolument pas".
Tout ça pour expliquer l'expression "culture non-culturelle".

Les vertus dominantes d'aujourd'hui seront:
*le sérieux qui veut la vérité. Savoir ce qui est réellement en jeu dans les propos sur le progrès et la connaissance de la nature.
*la force. Force spirituelle, opposée au chaos qui menace. "Comme toute force réellement grande, elle aura contre elle le nombre, l'opinion publique, les contrevérités condensées dans les slogans et les organisations".
*la liberté. Liberté intérieure à l'égard de la violence sous toutes ses formes; de la propagande; du désir de puissance (enivrant et démoniaque). Elle ne peut s'acquérir que par une véritable éducation et par l'ascèse. Les temps modernes ont refusé l'ascèse, "synthèse de ce dont ils voulaient de libérer", => ils se sont "abandonnés au sommeil, livrés à eux-mêmes". Apprendre à se maîtriser, donc à maîtriser sa propre puissance, => art spirituel du gouvernement, qui distinguera le juste du faux, le réel de l'illusoire, et créera "une sphère où l'homme pourra vivre avec dignité et joie". C'est cela, la véritable puissance.

5. La religiosité des temps qui viennent.
Au Moyen Âge, tous les aspects de la vie étaient pénétrés de foi chrétienne. L'expérience religieuse était intense, profonde et délicate. L'existence entière avait un caractère religieux, comme dans l'Antiquité, et même aux temps primitifs de l'histoire. La religiosité naturelle (vitalité apportée par les peuples jeunes du nord) est purifiée par la Révélation, et de plus elle "apporte à la foi chrétienne des forces primitives, des éléments du monde et de la vie grâce auxquels les éléments de la Révélation sont rapportés à la réalité terrestre".
Temps modernes: remise en question de la vérité de la Révélation chrétienne, et "de sa valeur pour la formation et la conduite de la vie". Une forme de vie non-chrétienne, et antichrétienne, se développe et semble normale. Même le croyant adopte cette façon de voir, quand il pense que la religion est un domaine et le monde une autre. => "une science purement scientifique, une économie purement économique, une politique purement politique, et de même une religiosité purement religieuse, qui perd ses rapports directs avec la vie concrète, s'appauvrit de son contenu profane, se limite à la doctrine et à la pratique purement religieuse, et n'a plus, pour beaucoup d'individus, d'autre signification que celle de donner une consécration religieuse à certains points culminants de l'existence (naissance, mariage, mort)".
Mais de plus : "déclin de cette réceptivité religieuse directe dont nous avons parlé (...), relation directe avec le contenu religieux des choses, l'emprise, sur l'âme, du mystère répandu dans le monde, telle qu'elle se rencontre chez tous les peuples et dans tous les temps", c'est-à-dire que l'homme perd non seulement la foi chrétienne, mais ses dispositions religieuses naturelles.
Les conséquences sont immenses. Le monde est vu comme une réalité profane.
Par exemple, le système d'assurances est "la mise à l'écart de tout arrière-plan religieux". Les événements de la vie sont désormais des processus sociaux et biologiques, et non plus des mystères. Comme on ne peut se rendre maître de la vie et de la mort, on les rend sans importance et on en triomphe rationnellement (euthanasie, génocide..).
L'État aussi a perdu son caractère sacré.
"Une vie ainsi construite est-elle possible à la longue?" A-t-elle un sens? Et tout simplement, peut-elle fonctionner si les structures perdent leur force ? Ainsi, l'État a besoin du serment, mais quelle valeur a le serment si on ne croit plus en Dieu? Sans transcendance, "les choses et les institutions se vident de leur contenu". "Sans élément religieux, la vie devient comme un moteur qui n'a plus d'huile" => court-circuit, violence.

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suite et fin

Message non lu par Fée Violine » lun. 02 sept. 2013, 13:13

Depuis le début des temps modernes, une culture non-chrétienne s'élabore. Cette négation ne s'adresse qu'au contenu de la Révélation, pas aux valeurs éthiques qui se sont développées sous son influence (personne, liberté, responsabilité et dignité individuelles, estime réciproque, entraide). Ces valeurs sont certes naturelles à l'homme, mais ne peuvent se développer qu'à la lumière de Dieu. "L'homme est essentiellement une personne, mais celle-ci devient visible au regard et la volonté morale peut l'affirmer seulement quand la Révélation rend accessible, par l'adoption comme enfant de Dieu et par la providence, le rapport au Dieu personnel et vivant. Sinon, on a certes conscience de l'individu aux heureuses dispositions, distingué et créateur, mais pas de la personne proprement dite, détermination absolue de chaque être humain, au-delà de toutes les qualités psychologiques ou culturelles. Ainsi la connaissance de la personne est liée à la foi chrétienne. On pourra l'affirmer et la cultiver pendant un certain temps encore après que cette foi se sera éteinte, mais ensuite ces notions se perdront peu à peu. (...) parce que la culture de la personne, coupée de ses racines, se révèle impuissante en face de la poussée positiviste".
D'où le succès du nazisme, en contradiction avec la tradition culturelle des temps modernes. Mais cette contradiction n'est qu'apparente, car un vide existait depuis longtemps. La véritable personne avait disparu de la conscience avec le refus de la Révélation.

Quelle sera la religiosité des temps qui viennent?
Il faut que le non-croyant accomplisse honnêtement son existence sans le Christ et sans le Dieu révélé par le Christ, et qu'il apprenne ce que cela signifie. Nietzsche avait mis en garde, en disant que le non-chrétien des temps modernes n'a pas encore reconnu ce que signifie réellement être non-chrétien. Les décennies précédentes nous en ont donné une idée, ce n'est qu'un début. :-@
Un nouveau paganisme se développera, d'autre nature que le premier. Le non-chrétien pense souvent qu'il peut rayer le christianisme et chercher une autre voie religieuse en partant de l'Antiquité. Il se trompe, car on ne peut remonter le cours de l'histoire. Un païen d'aujourd'hui le sera dans un tout autre sens que l'homme d'avant le Christ. L'existentialisme, avec sa négation si violente du sens de l'existence, n'est qu'une forme désespérée du romantisme.
Pour un système indépendant du christianisme, "il faut attendre pour savoir dans quelle mesure l'Est le produira et ce qui alors adviendra de l'homme". :-@
"La foi chrétienne, elle aussi, doit se dégager des sécularisations, des similitudes, des demi-mesures et des compromissions. Et ici, il me semble qu'une grande confiance est permise. :)
Il a toujours été difficile au chrétien de s'accommoder des temps modernes (...). Partout il rencontrait des valeurs essentiellement chrétiennes, mais qu'on retournait contre lui. Comment aurait-il pu avoir confiance? Ces obscurités cesseront" car l'opposition au christianisme sera claire et nette. "Le bien culturel de l'Église ne pourra échapper à la décadence générale de la tradition" mais pas le dogme, qui vient du supra-temporel. "Nulle modernisation, nul affaiblissement de son contenu ni de sa valeur. Au contraire son caractère d'absolu, d'inconditionné dans son expression comme dans son exigence s'accentuera plus fortement".
"La foi sera capable de rester ferme dans le péril. Dans les rapports avec Dieu, l'élément d'obéissance se manifestera fortement, une obéissance loyale (...) dans la liberté. (...) Et une confiance (...) en un Dieu réel et réalisateur, qui est à l'oeuvre et qui agit".
L'Ancien Testament "montre le Dieu vivant qui fait une percée à travers l'envoûtement universel du mythe, comme à travers les puissances séculières de la politique païenne; il montre aussi le croyant qui, acceptant l'Alliance, se rapporte à cet acte de Dieu. On en comprendra l'importance. Plus grandissent les forces anonymes, d'autant plus résolument s'affirmera la 'domination du monde' par la foi dans la réalisation de la liberté, dans l'accord de la liberté donnée à l'homme avec la liberté créatrice de Dieu".
La solitude de la foi sera terrible. La charité ne sera plus comprise, "peut-être acquerra-t-elle une profondeur d'entente qui n'a pas encore existé", cf. Mt 6, 33 (pour celui qui cherche avant tout le Royaume de Dieu, les choses se transforment).
Ce caractère eschatologique (pas au sens temporel, mais essentiel) se révélera dans l'attitude religieuse qui s'amorce . "Notre existence approche de l'option absolue et de ses conséquences : des possibilités les plus hautes comme des périls les plus extrêmes".

jeanbaptiste
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Re: Romano Guardini, "La fin des temps modernes"

Message non lu par jeanbaptiste » mer. 04 sept. 2013, 21:35

Ce caractère eschatologique (pas au sens temporel, mais essentiel) se révélera dans l'attitude religieuse qui s'amorce . "Notre existence approche de l'option absolue et de ses conséquences : des possibilités les plus hautes comme des périls les plus extrêmes".
et
Ces obscurités cesseront" car l'opposition au christianisme sera claire et nette.
Je ne peux qu'approuver c'est exactement ce que je pense depuis quelques années. J'avais écris un petit article là-dessus ("nous sommes assis sur des bombes atomiques" ou un truc du genre). Mais j'ai retrouvé un autre extrait de texte qui expose les choses sous un autre angle :
Jésus-Christ, Pôle Vivant venu sur terre pour orienter même l'aimant le plus petit. Depuis Sa Venue, Sa Mort, et Sa Résurrection, nous nous chargeons de plus en plus de l'Amour, faisant de nous des aimants accourants de plus en plus vers Lui. À mesure que nous nous chargeons du Véritable Amour, il faut vraiment vouloir de plus en plus s'en décharger pour ne pas être entraîné vers Vous.
Car je crois qu'il y a bien deux mouvement parallèles qui sont à l’œuvre :

1) Un mouvement de perfection dans la compréhension de la Révélation. C'est le rôle de l'Eglise et elle le remplit bien : l'Eglise qui est guidée par l'Esprit mais qui est également "experte en humanité". Ce ne sont pas que des mots en l'air. En 2000 ans d'existence, notre Eglise peut dire, par exemple, que la forme du gouvernement n'importe pas, seul importe ses effets sur les personnes humaines (cela n'aurait pas été aussi évident au XIIe siècle pour cette même Eglise). Il y a une progression de l'Eglise dans la compréhension de la Vérité qui, toujours, nous dépassera par son immensité.

2) Mais dans le même sens il y a un accroissement de l'emprise du démon sur les hommes. Car à mesure que l'Eglise fait ressortir les péchés (souffrance faites aux enfants, armes de destruction massives), à mesure le démon assoit plus profondément sa domination sur des hommes qui sont obligés de plus en plus à nier le mal pour justifier leurs pratiques (création de la bombe atomique par des scientifiques etc.).

Bref, plus l'Amour de Dieu se fait clair aux yeux des hommes, plus les hommes nient, plus ils deviennent tendus entre deux pôles contradictoires : "je ne suis pas venu apporter la paix mais l'épée (ce qui divise)".

Nous allons nécessairement vers une humanité divisée.
Même le croyant adopte cette façon de voir, quand il pense que la religion est un domaine et le monde une autre.
Oui, c'est absolument essentiel. Nous avons là une conséquence funeste de la "sortie de Dieu du monde" propre à la philosophie qui, depuis la Renaissance, cherche à distinguer la question de l'être de la question de Dieu : on peut penser l'être sans Dieu. Bref, on peut tout penser (sauf Dieu) sans Dieu. Dieu est à part la Création, ce qui n'est ni plus ni moins qu'une mise à mort de son existence dans la "vie réelle".

Il y a quelque chose d'un peu "païen" dans les bénédictions de bateaux, de statues, de motos. C'est vrai. Mais il y a là aussi l'expression réelle d'un sens de la présence de Dieu dans le monde.

Un clergé qui voulait en finir avec ces bénédictions (et les magnifiques Quatre-Temps d'été, d'automne, d'hiver et de printemps !) au même moment qu'il voulait être avec les ouvriers comme un ouvrier "normal", était un clergé qui avait perdu le sens de sa mission (annoncer le Christ), mais surtout, qui avait perdu, à cause sans doute de la culture sécularisée commune, le sens de la présence de Dieu dans le monde.

Cette tentation est présente en chacun de nous car, en vérité, retrouver la présence de Dieu partout en chaque instant, c'est ce mettre en contact avec ses propres fautes partout et à chaque instant. Et ça nous y rechignons (ce qui nous renvoie au premier point de la discussion), et ceci de plus en plus.

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Re: Romano Guardini, "La fin des temps modernes"

Message non lu par jeanbaptiste » mer. 04 sept. 2013, 21:36

Votre compte-rendu est vraiment magistral Fée Violine, car il est très lisible, ce qui montre que vous avez bien assimilé le développement de Guardini. Merci !

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Re: Romano Guardini, "La fin des temps modernes"

Message non lu par Fée Violine » mer. 04 sept. 2013, 22:05

Merci pour votre appréciation et pour vos commentaires, Jean-Baptiste.
En fait, j'ai surtout recopié des phrases du bouquin. Même ce qui n'est pas entre guillemets, ce sont dans l'ensemble des morceaux de phrases tirées du livre.
J'ai quand même parfois résumé avec mes propres mots. Ainsi les mots transcendance, sacré, euthanasie, génocide (que j'ai employés), ne se trouvent pas chez Guardini, mais à l'évidence c'est de ça qu'il parle.
C'est même frappant de voir que ses propos, qui datent de 1950, éclairent si bien les débats actuels sur la laïcité, la bioéthique, l'écologie...

Je vais maintenant attaquer l'autre livre, sur le Dieu vivant !

Biographie de Romano Guardini :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Romano_Guardini

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Re: Romano Guardini, "La fin des temps modernes"

Message non lu par jeanbaptiste » mer. 04 sept. 2013, 22:16

En fait, j'ai surtout recopié des phrases du bouquin. Même ce qui n'est pas entre guillemets, ce sont dans l'ensemble des morceaux de phrases tirées du livre.
J'ai quand même parfois résumé avec mes propres mots
.

Oui, mais faire cela sans donner au lecteur l'impression d'être devant un déluge de notes personnelles, c'est la preuve que l'on a bien saisi la pensée de l'auteur et là où il veut en venir.
Je vais maintenant attaquer l'autre livre, sur le Dieu vivant !
Bonne lecture !

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jusom
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Re: Romano Guardini, "La fin des temps modernes"

Message non lu par jusom » sam. 26 sept. 2015, 13:39

Très intéressant. Cet ouvrage est cité plusieurs fois dans la dernière encyclique "Laudato si".

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