Bonjour à tous,
Il n’est pas possible de considérer clairement ici la différence principale qui distingue un humain des animaux en ce qu’il a une double nature corporelle et spirituelle et qu’il est, de ce fait, une âme immortelle.
Le critère de l’amour est aussi difficile à cerner concrètement, indépendamment de sa réalité spirituelle.
En relisant les messages de ce fil, j’en ai retenu particulièrement deux observations que je souligne en gras.
cracboum a écrit : ↑sam. 25 déc. 2010, 8:14
Cracboum écrit :
Le marqueur du statut spirituel et donc éternel de l'âme est
sa capacité d'abstraction : les abstractions ne nous viennent pas des sens puisqu'elles n'existent pas, ce critère confère à l'homme une différence de nature par rapport aux animaux.
la Samaritaine a écrit : ↑mer. 19 sept. 2018, 1:32
La Samaritaine écrit :
Les animaux vivent librement dans le jardin de Dieu, glorifiant Dieu par leur joie simple d'exister.
…
ils vivent dans l'instant présent.
L'animal a un corps et une âme comme nous mais en plus,
nous avons l'esprit, celui là même qui nous permet de recevoir l'Esprit, si nous consentons à cette grâce.
…
"A l'image et à la ressemblance de Dieu" : l'Humain, a le choix, … l'Humain peut parler et donc se représenter par une pensée élaborée un sentiment. Il ne se contente pas de vivre un sentiment comme les animaux, il le représente par des images, des mots, des créations artistiques, il invente, conceptualise.
La notion d’abstraction par rapport au présent me semble pertinente pour différencier l’humain de l’animal.
De beaucoup d’autres points de vue, les différences qui peuvent être constatées dans la réalité naturelle terrestre sont, en effet, de l’ordre de différences de mesures, de degrés. En plus et en moins.
Certains animaux ont un odorat, une ouïe ou une vue bien meilleure que nous.
Les animaux ont des affections parfois beaucoup plus profondes ou fidèles.
Ils ont une certaine capacité de langage en ce sens qu’ils sont capables d’émettre des sons pour s’exprimer et de comprendre, par un apprentissage, quel comportement leur est demandé par certains sons particuliers.
Leurs capacités techniques sont parfois plus affûtées.
Certains animaux sont capables d’imitations étonnantes comme ces éléphants capables de réaliser des dessins complexes après un apprentissage spécifique.
Certains animaux sont capables de comprendre la mort physique comme ces autres éléphants manifestant leur affection à un éléphant mort par des gestes funéraires lors desquels ils recouvrent son cadavre de branchages et expriment leur affection.
Certains animaux sont capables de trouver des solutions techniques pour un résultat à travers une chaîne complexe de liens de causalité.
Il me semble que, dans la réalité terrestre,
il n’y a qu’un seul trait caractéristique de l’humain, c’est sa capacité d’abstraction du présent dans sa relation à un autre que lui-même.
L’humain est un être qui peut se percevoir en relation avec de l’absent dans la réalité naturelle présente à ses sens physiques.
Ainsi, il peut penser à un absent dans le lieu (dans l’espace) et au moment (dans le temps) où il se trouve et initier une communication avec cet absent.
Cela permet, notamment, de prier un être invisible, non perceptible dans la réalité naturelle, mais aussi de s’adresser à un être invisible dans la réalité naturelle du présent (dans le temps ou l’espace) par une communication dont cet absent pourra prendre connaissance en un autre lieu (de l’espace) et/ou à un autre moment (du temps futur). Par exemple, je peux penser à un ami qui se trouve dans un autre pays (ailleurs dans l’espace) et lui adresser une lettre qu’il pourra lire plus tard (à un autre moment dans le temps).
Si la prière ne peut guère faire l’objet de comparaisons objectives avec les animaux dès lors que nous n’avons pas accès à l’intérieur de leur être,
la capacité d’abstraction du présent se manifeste, par contre, objectivement et de manière observable dans la réalité naturelle,
par l’écriture qui permet d’inscrire dans un support mobile une communication dont un absent peut prendre connaissance à un autre endroit dans l’espace et à un autre moment dans le temps.
Certes, l’humain doit apprendre à écrire et l’écriture dépend de diverses capacités physiques pour pouvoir être pratiquée, dont il peut être privé par l’immaturité, des circonstances ou des dégradations de santé.
Mais, en deçà des critères spirituels qui transcendent la réalité concrète, la capacité mentale d’abstraction du présent nécessaire à l’écriture entre absents n’est-elle pas « la » caractéristique de l’humain dans la réalité naturelle ?
Y a-t-il vraiment un humain tel que nous sans cette aptitude intérieure fondamentale, cette sensibilité à l’absent ?
Cela rejoint d’ailleurs le critère distinctif habituel des historiens qui ne situent le début de l’histoire qu’au moment de l’apparition de l’écriture.
Peut-on qualifier d’humains « tels que nous », les homo sapiens de la préhistoire qui ont vécu pendant plus de cent mille ans sans pratiquer l’écriture alors même qu’ils savaient dessiner (comme le montrent, par exemple, les fresques magnifiques des grottes de Lascaux) et façonner des objets (comme, par exemple, des poteries).
Cette question en introduit une autre : comment se fait-il que pendant plus de cent mille ans, les homo sapiens ne semblent avoir jamais pratiqué l’écriture entre absents ?
Certes, on peut observer que les Sumériens, inventeurs de l’écriture durant le quatrième millénaire avant Jésus-Christ, y ont été incités par les besoins de comptabilité de leur commerce autant que d’organisation de leurs cités et qu’ils ont disposé, avec l’argile abondante dans leur région, d’un matériel particulièrement adéquat pour en faire des tablettes adaptées à l’écriture mobile entre absents. Mais, l’explication est-elle suffisante ?
La communication entre absents n’a-t-elle pas toujours été utile et nécessaire, même dans les forêts, les villages ou parmi les chasseurs-cueilleurs de la préhistoire ? N’y a-t-il pas toujours eu partout des matériaux, fusse la pierre ou le bois, qui auraient pu être utilisés pour des communications entre absents ?
Que s’est-il passé, durant le quatrième millénaire, pour faire accéder l’humanité à l’écriture ?