Quelle différence entre homme et animal ?

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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par Carolus » mer. 31 oct. 2018, 16:25

Nanimo :

Si beaucoup d'animaux peuvent nous tuer facilement, aucun ne pourrait organiser notre extinction sur terre.
Vous avancez un argument très convaincant, chère Nanimo. :oui:

Par exemple, au XIXe siècle, un général américain, Philip Sheridan, était en faveur de l'abattage systématique des bisons, pour priver les Indiens de leur source de nourriture. Ses projets sinistres ont presque réussi, car dans les années 1890, il ne restait que quelques centaines de ces animaux sur notre planète.

Aucun animal n'a jamais organisé l'abattage systématique des hommes.

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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par Bassmeg » ven. 02 nov. 2018, 1:07

Ça, c' est profondément vrai.

Aucune huître n' a sciemment projeté l'abattage systématique des oiseaux rares vivant a 2000 kilomètres de son habitat. Aucun rorqual ayant une cervelle plus grosse et plus complexe que la nôtre n' a jamais étudié la chimie et la physique assez efficacement pour assassiner ses congénères aussi efficacement que nous savons le faire. Nous sommes des champions dans ce domaine.

Nous sommes une véritable exception. Nous consacrons une énergie et une puissance intellectuelle conséquente à produire des meilleurs moyens de chasser des humains.

Notre budget mondial "guerre" dépasse notre budget "chasse". C'est ça notre spécificité ?

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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par Oapee » ven. 02 nov. 2018, 12:05

La conscience de son existence.

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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par Nanimo » ven. 02 nov. 2018, 23:53

Je persiste en souscrivant à ce que dit le monde scientifique : c'est notre capacité à apprendre vite et en quantité qui nous distingue du règne animal (oui, pour le meilleur et pour le pire, mais ce n'est pas la question ici). :roule:

Je n'ai pas eu de réponses sur ce point en particulier.
Lest we boast
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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par Xavi » sam. 03 nov. 2018, 11:03

Moi, non plus. N’est-ce pas l’écriture qui nous donne cette "capacité à apprendre vite et en quantité" ? Et cette capacité ne s’exprime-t-elle pas elle-même par l’écriture ?

Même si son corps, son cerveau et/ou son milieu culturel ne permettent pas à un humain particulier de savoir écrire dans certaines circonstances, tout humain n’a-t-il pas, dès sa conception et de manière inaltérable, « quelque chose » qui lui permet, lorsque son corps est mature et en bonne santé, d’apprendre et de pratiquer l’écriture qui permet d'apprendre vite et en quantité ?

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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par prodigal » sam. 03 nov. 2018, 12:00

Nanimo a écrit :
ven. 02 nov. 2018, 23:53
Nanimo
Je persiste en souscrivant à ce que dit le monde scientifique : c'est notre capacité à apprendre vite et en quantité qui nous distingue du règne animal (oui, pour le meilleur et pour le pire, mais ce n'est pas la question ici). :roule:

Je n'ai pas eu de réponses sur ce point en particulier.
Cette manière de distinguer l'homme de l'animal a un grave défaut, me semble-t-il, c'est qu'elle exprime une différence de degré et non de nature, ou si vous préférez une différence quantitative et non qualitative. Elle revient donc à nier la différence profonde entre l'homme et l'animal.
Si on détaille, d'ailleurs, remarquez que les animaux apprennent souvent plus vite que les hommes. Un oiseau apprend à voler à un âge où un petit d'homme ignore encore l'existence du permis de conduire. :D
Pourquoi alors est-ce que je dis que c'est le langage (ou le langage "humain" si on préfère) qui distingue l'homme de l'animal, en dehors du fait que chacun peut constater que les animaux ne parlent pas (ou pas au sens où les hommes parlent)?
Parce que c'est de cette différence que l'on peut induire les autres. L'apprentissage, chez les humains, n'est pas plus rapide ni plus aisé que chez les animaux, mais il passe par le langage, ce qui change tout.
L'écriture, quant à elle, est une possibilité impliquée par le langage. Disposer du langage, c'est être capable de lire et d'écrire. Mais bien entendu un homme qui ne sait ni lire ni écrire est quand même bien un homme, et une civilisation qui ignore l'écriture est bien une civilisation. Pourquoi? Parce que cet homme et cette civilisation disposent du langage.
Une fois que l'on a compris que le langage n'est pas simplement un mode de communication plus ou moins perfectionné (remarquons que les animaux s'en passent très bien pour communiquer entre eux), mais bien une possibilité de se représenter le réel et de parler au sujet de ses représentations, cela devient plus clair je trouve. La difficulté est donc bien de comprendre ce que c'est que le langage, logos en grec.
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par Carolus » sam. 03 nov. 2018, 14:29

Oapee a écrit :
ven. 02 nov. 2018, 12:05
Oapee :

La conscience de son existence.
Vous avez raison, Oapee.

Aucun animal n’est conscient soit de son existence en général, soit de ses capacités et ses fonctionnements cognitifs en particulier.

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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par Bassmeg » dim. 04 nov. 2018, 3:19

Carolus a écrit :
sam. 03 nov. 2018, 14:29
Oapee a écrit :
ven. 02 nov. 2018, 12:05
Oapee :

La conscience de son existence.
Vous avez raison, Oapee.

Aucun animal n’est conscient soit de son existence en général, soit de ses capacités et ses fonctionnements cognitifs en particulier.
Pourtant si, encore une fois.
Mon chien se pousse quand un objet arrive dans sa direction. Il a conscience de son corps et conscience de la voiture qui arrive.
Même mes poules ont cette conscience et fuient les roues quand le tracteur arrive.
Si elles n' avaient pas conscience de leur existence, elles se feraient écraser. Ce qui n'est pas le cas.

Plus loin: Plein d' animaux possèdent ce qu on appelle la "THEORIE de l' ESPRIT".
Pour la posséder, il faut non seulement avoir conscience de soi, mais aussi des autres.

Un éléphant, un gorille ou un humain mis devant un miroir pour la première fois comprend rapidement le truc.
Tous les éléphants, tous les humains et tous les gorilles ne sont pas capables de passer ce test.

Ensuite vous dites:
Aucun animal n’est conscient soit de son existence en général, soit de ses capacités et ses fonctionnements cognitifs en particulier.

Là, je ne suis vraiment pas d' accord.
Un singe voit un fruit dans un arbre. Problème, un singe dominant arrive et s' assoit, intrigué par le premier singe. Le dominant n' a pas vu le fruit.

Si le premier singe monte cueillir le fruit, il se fera racketter. Et il le sait.
Il ne monte donc pas chercher le fruit repéré.

Il va attendre que le dominant parte.
PROBLÈME.
Le singe va constamment surveiller le fruit. Le singe dominant possède la théorie de l' esprit. SI il voit le premier singe regarder avec insistance dans les frondaisons, il va comprendre extrêmement vite qu' il y a là-haut un truc intéressant. Il va donc regarder, voir le fruit, et monter le chercher.
Et le singe dominé aura tout perdu.

Que croyez-vous qu'il se passe, dans ce genre de cas?
Il se passe ça :
Un singe voit un fruit.
Un dominant arrive et s'assoit.
Le premier singe ne monte pas chercher le fruit, sinon, il le perdra. Alors il s' assoit et tourne délibérément le dos au fruit.
Parce qu' il a COMPRIS que si il regarde anxieusement le fruit toutes les 20 secondes, le dominant va COMPRENDRE le manège, grimper et prendre le fruit. Le singe se FORCE donc à ne pas regarder le fruit. Il sait par expérience. Il possède la capacité de rentrer dans la tête de l'autre singe.

Beaucoup d' animaux sont capables de ce genre d'intelligence. Pas tous.
Beaucoup d' humains sont capables de ce genre d'intelligence. Pas tous.

J'ai un chien qui se reconnait dans le miroir.
J'en ai un autre qui ne se reconnait pas dans le miroir et qui s'aboie dessus à lui-même.

Je donne un exemple concret.
Mon chien est un sage chien. Il sait parfaitement ce qu'il a le droit de manger, et ce qui lui est interdit. Je peux parfaitement laisser traîner une assiette pleine de jambon, il ne la touchera pas. TANT QUE JE SUIS LA. Même si je dors profondément, hors de vue de l' assiette. Il ne la touchera pas.
Par contre... Si jamais je quitte la maison, là, c' est différent.
Je laisse un saucisson sur la table et je vais faire un tour en laissant le chien à la maison.
2 heures plus tard, je reviens.
Soit mon chien me fait la fête...
Soit il se cache et quand je le trouve, il se comporte comme un chiot ayant fait une bêtise monumentale. Quand c'est le cas, je comprends que bon, le saucisson, je peux l'oublier.

Ils sont conscients d' eux- mêmes. Ne prenons pas les animaux pour des idiots, ce n' est pas le cas.
Plein d'animaux sont plus intelligents que certains êtres humains.

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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par Xavi » lun. 05 nov. 2018, 19:24

Bonjour à tous,

Merci spécialement à Bassmeg qui casse les idées trop faciles que l’on peut avoir de l’intelligence animale. Les exemples présentés par Bassmeg me semblent pertinents.

Mais, les mots « conscience » et « esprit » me semblent cependant utilisés de manière trop ambiguë dans les derniers messages.

Si on déplace la question dans ces mots, il n’y a pas d’avancée. Plutôt que de parler de la différence entre humain et animal, on se demande, sans progresser, quelle est la différence entre la conscience humaine et la conscience animale, ou entre l’esprit humain et l’esprit animal.

Et, à cet égard, comme le relève avec justesse Prodigal, la discussion semble s’orienter vers une différence de degré et non de nature.

Par rapport au critère de l’écriture, Prodigal estime que « L'écriture, quant à elle, est une possibilité impliquée par le langage. Disposer du langage, c'est être capable de lire et d'écrire ».

Mais, ne faut-il pas, ici encore, observer toutes les capacités de langage des animaux qui nous ramènent, à nouveau, à une différence de degré et non de nature ? Quelle est la différence entre le langage humain et le langage animal ? La question demeure, en réalité, la même.

Le critère de Carolus qui indique que le langage humain est « articulé » semble insuffisant si nous pensons au perroquet qui peut répéter du langage humain, avec une articulation de la même qualité que l’humain.

Le seul fait de savoir communiquer des informations par un langage est une capacité qu’on peut retrouver chez les animaux, mais elle ne suffit pas pour savoir lire et écrire comme un humain.

Il faut donc creuser davantage.

Et, comme l’écrit Prodigal, « La difficulté est donc bien de comprendre ce que c'est que le langage, logos en grec ».

Je ne reviens pas ici sur le fait que, quelle que soit la différence concrète observée, il est évident que, dans la pratique, l’humain n’est pas moins humain parce qu’il ne peut pas, dans certaines circonstances concrètes, pratiquer le langage oral ou l’écriture dans la réalité, par immaturité, manque d’apprentissage, ou dégradation de santé.

Ce qui fait la différence tient à une réalité plus profonde. Celle qui permet de parler et d’écrire.

L’écriture, comme système organisé de signes écrits, permettant de communiquer n’importe quelle information, sans être limité dans l’espace et le temps du présent, est un préalable aux capacités de faire de la chimie ou de la physique, ou de construire des armements sophistiqués. Ces réalisations humaines mentionnées dans plusieurs messages supposent calculs écrits et plans écrits.

Aussi ma question demeure sans réponse : si l’écriture est possible pour un humain, n’est-ce pas parce qu’en lui-même, il a une capacité d’imaginer librement n’importe quoi, de se représenter en lui-même n’importe quelle image de réalités existantes ou même de n’importe quelle réalité inventée ?

N’est-ce pas, dans la nature, le marqueur le plus pertinent de la différence entre l’humain et l’animal ?

Je trouve quelques échos d’une telle approche dans le dernier livre de Stephen Hawking qui vient de paraître (« Brèves réponses aux grandes questions », éd. Odile Jacob, octobre 2018).

D’un point de vue scientifique, il ne considère pas autrement la singularité humaine.

Hawking ne dit pas un mot de la succession des différents hominidés, mais il met en évidence cette capacité extraordinaire de l’humain à pouvoir penser en imaginant librement en lui-même tout ce qu’il veut et le caractère fondamentalement décisif du langage écrit qui exprime à l’extérieur de l’humain sa pensée libre intérieure.

« L’imagination reste notre outil le plus puissant. Grâce à elle, on peut se transporter n’importe où dans l’espace et le temps, et assister par la pensée aux phénomènes les plus incroyables, tout en conduisant, en somnolant ou en faisant semblant d’écouter un raseur pendant un dîner en ville…
L’esprit humain est fascinant. Il peut concevoir la magnificence des cieux et l’arrangement des composants de la matière
» (p. 206-207).

« Faites confiance à votre imagination. Faites advenir le futur » (p. 213).

N’est-ce pas pertinent pour décrire la différence par laquelle, dans la nature, l’humain a pu recevoir la capacité de gouverner toute la création ?

A l’origine de l’apparition de la vie, Hawking rappelle que « La Terre est surtout composée d’éléments lourds comme le carbone et l’oxygène. D’une façon ou d’une autre, ces atomes se sont assemblés pour former les molécules d’ADN…
Cette molécule … se reproduit, et propage l’information génétique qui est codée par la séquence des acides nucléiques…
» (p. 92)

« Quand l’ADN se reproduit lui-même, il y a parfois des erreurs. Beaucoup sont fatales et s’éliminent d’elles-mêmes. Certaines sont indifférentes, sans impact sur la fonction du gêne. Et certaines autres, favorables à la survie de l’espèce, sont « choisies » et retenues par la sélection naturelle » (p. 94)

« L’ADN transmet le code de la vie d’une génération à l’autre » (p. 191-192).

« Le processus d’évolution biologique a d’abord été très lent. Il a fallu 2,5 milliards d’années pour passer des premières cellules aux premiers animaux multicellulaires, et un autre milliard d’années pour passer des poissons et des reptiles aux mammifères. Mais, à partir de là l’évolution semble s’être accélérée. Il n’a fallu que 100 millions d’années pour passer des premiers mammifères à nous. La raison en est que les premiers mammifères possédaient les prototypes de la plupart de nos organes actuels ; il ne manquait plus qu’un petit réglage pour passer aux humains.
Avec l’espèce humaine, l’évolution a atteint un seuil critique, comparable en importance à l’apparition de l’ADN. Ce fut le développement du langage, et particulièrement du langage écrit. Dès lors, l’information pouvait passer de génération en génération, autrement que par l’ADN
» (p. 94).

Hawking observe que « dans les dix dernières dizaines de milliers d’années, a commencé une phase de « transmission externe » » et que « Certains veulent réserver le terme « évolution » à la transmission interne du patrimoine génétique, et le refuser à sa transmission externe. Cela me semble être une vue trop étroite. Peu importe que nous soyons plus forts ou plus intelligents que nos ancêtres des cavernes, ce qui nous distingue d’eux est le savoir que nous avons accumulé pendant les dix derniers milliers d’années…
Je pense qu’il faut avoir une vision plus vaste et inclure la transmission externe d’information à celle par l’ADN, comme moteur de l’évolution…
» (p. 95-96).

« Quelque part, au long des 13,8 milliards d’années de notre histoire cosmique, quelque chose d’extraordinaire s’est produit. Ce traitement de l’information est devenu si intelligent qu’est apparue la conscience » (p. 191).

C’est ainsi que Hawking considère la transmission externe de l’information par l’écriture comme la nouveauté la plus importante depuis l’apparition de la vie par les premières molécules d’ADN, mais aussi comme le fondement « extraordinaire » (du point de vue scientifique) de l’apparition de la conscience humaine et de l’évolution désormais confiée à l’humain. La différence qui nous distingue de « nos ancêtres des cavernes ».

La possibilité d'une transmission externe par l’écriture n’est-elle pas le témoin extérieur de la liberté intérieure de l’imagination propre à une pensée humaine ?

Son apparition n’est-elle pas le signe visible extérieur de cet être nouveau qu’est l’humain créé à l’image de Dieu ? Le signe de sa différence dans la nature.

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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par Carolus » lun. 05 nov. 2018, 23:53

Vous citez du « dernier livre de Stephen Hawking qui vient de paraître », cher Xavi :
« Quand l’ADN se reproduit lui-même, il y a parfois des erreurs. Beaucoup sont fatales et s’éliminent d’elles-mêmes. Certaines sont indifférentes, sans impact sur la fonction du gêne. Et certaines autres, favorables à la survie de l’espèce, sont « choisies » et retenues par la sélection naturelle » (p. 94)
D'après Stephen Hawking, « il y a parfois des erreurs », quand l'ADN se reproduit lui-même. (Il décrit un phénomène scientifiquement observable, nommé mutations.)
Xavi :

Hawking ne dit pas un mot de la succession des différents hominidés, mais il met en évidence cette capacité extraordinaire de l’humain à pouvoir penser en imaginant librement en lui-même tout ce qu’il veut et le caractère fondamentalement décisif du langage écrit qui exprime à l’extérieur de l’humain sa pensée libre intérieure.
Hawking n'a pas besoin de dire « un mot de la succession des différents hominidés ».

Pour Stephen Hawking, « cette capacité extraordinaire de l’humain à pouvoir penser en imaginant librement en lui-même tout ce qu’il veut et le caractère fondamentalement décisif du langage écrit qui exprime à l’extérieur de l’humain sa pensée libre intérieure », est la conséquence des erreurs lors de la reproduction de l'ADN dans les cellules reproductrices des différents hominidés.

Pour Hawking, l'écriture est donc le témoin extérieur de beaucoup d'erreurs lors de la reproduction de l'ADN des différents hominidés, " favorables à la survie de l’espèce, [...] « choisies » et retenues par la sélection naturelle » (p. 94) ".

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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par Xavi » mar. 06 nov. 2018, 3:57

Le mot "erreurs" doit bien sûr se comprendre dans le sens scientifique de variantes, de mutations et d'exceptions par rapport à une reproduction généralement à l'identique, sans connotation négative. Ce sont des faits, pas des maladresses.

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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par Carolus » mar. 06 nov. 2018, 19:09

Xavi a écrit :
mar. 06 nov. 2018, 3:57
Xavi :

Le mot "erreurs" doit bien sûr se comprendre dans le sens scientifique de variantes, de mutations et d'exceptions par rapport à une reproduction généralement à l'identique, sans connotation négative.
Quel est le sens scientifique de mutations, cher Xavi ?

Pour obtenir une bonne définition du terme, consultons une source fiable.

Université en Ligne est une telle source : « Université en Ligne, c'est un ensemble cohérent de ressources multimédia en sciences, destiné aux étudiants des premiers cycles de l'enseignement supérieurs et aux enseignants. »

Voici le sens scientifique d’une mutation génétique selon cette source :
Une mutation est une modification de la séquence du matériel génétique. Elle est consécutive à :

* Une erreur survenue dans la reproduction conforme au cours de la réplication de l'ADN ;
* Ou bien une instabilité des bases nucléiques ou des liaisons N-glycosidiques ;
* Ou encore des lésions diverses provoquées par des agents chimiques ou physiques.
“ Une mutation est consécutive à une erreur, ou bien une instabilité, ou encore des lésions diverses. “ Une mutation est une modification permanente de la séquence de l’ADN.

Une mutation signifie donc un gène défectueux.

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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par Xavi » mar. 06 nov. 2018, 19:38

Certes, mais rien n’empêche de considérer que beaucoup de ces gênes « défectueux » ou de ces « erreurs » ont eu des effets très positifs. Elles ne sont qualifiées d’ « erreurs » ou de défectuosités que par une référence à des reproductions absolument identiques.

Mais, la science ne cesse d’observer que toute la nature créée par Dieu est faite de singularités dans les reproductions à l’identique et que ces reproductions ne sont pas toujours exactement identiques, ni nécessairement négatives.

Certes, on peut penser a priori que la perfection de la création exclurait toute variante dans les reproductions au point que celles-ci ne seraient qu’un effet négatif du péché originel, ce qui revient à penser que l’évolution ne correspond pas à la réalité historique.

La discussion de ce point est cependant hors sujet ici, mais elle peut être développée dans les nombreux sujets du forum concernant l’évolution.

Merci, Carolus, de revenir au sujet de ce fil.

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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par Bassmeg » mar. 06 nov. 2018, 21:26

Xavi a écrit :
lun. 05 nov. 2018, 19:24
Bonjour à tous,

Merci spécialement à Bassmeg qui casse les idées trop faciles que l’on peut avoir de l’intelligence animale. Les exemples présentés par Bassmeg me semblent pertinents.

Mais, les mots « conscience » et « esprit » me semblent cependant utilisés de manière trop ambiguë dans les derniers messages.

Si on déplace la question dans ces mots, il n’y a pas d’avancée. Plutôt que de parler de la différence entre humain et animal, on se demande, sans progresser, quelle est la différence entre la conscience humaine et la conscience animale, ou entre l’esprit humain et l’esprit animal.
[+] Texte masqué
Et, à cet égard, comme le relève avec justesse Prodigal, la discussion semble s’orienter vers une différence de degré et non de nature.

Par rapport au critère de l’écriture, Prodigal estime que « L'écriture, quant à elle, est une possibilité impliquée par le langage. Disposer du langage, c'est être capable de lire et d'écrire ».

Mais, ne faut-il pas, ici encore, observer toutes les capacités de langage des animaux qui nous ramènent, à nouveau, à une différence de degré et non de nature ? Quelle est la différence entre le langage humain et le langage animal ? La question demeure, en réalité, la même.

Le critère de Carolus qui indique que le langage humain est « articulé » semble insuffisant si nous pensons au perroquet qui peut répéter du langage humain, avec une articulation de la même qualité que l’humain.

Le seul fait de savoir communiquer des informations par un langage est une capacité qu’on peut retrouver chez les animaux, mais elle ne suffit pas pour savoir lire et écrire comme un humain.

Il faut donc creuser davantage.

Et, comme l’écrit Prodigal, « La difficulté est donc bien de comprendre ce que c'est que le langage, logos en grec ».

Je ne reviens pas ici sur le fait que, quelle que soit la différence concrète observée, il est évident que, dans la pratique, l’humain n’est pas moins humain parce qu’il ne peut pas, dans certaines circonstances concrètes, pratiquer le langage oral ou l’écriture dans la réalité, par immaturité, manque d’apprentissage, ou dégradation de santé.

Ce qui fait la différence tient à une réalité plus profonde. Celle qui permet de parler et d’écrire.

L’écriture, comme système organisé de signes écrits, permettant de communiquer n’importe quelle information, sans être limité dans l’espace et le temps du présent, est un préalable aux capacités de faire de la chimie ou de la physique, ou de construire des armements sophistiqués. Ces réalisations humaines mentionnées dans plusieurs messages supposent calculs écrits et plans écrits.

Aussi ma question demeure sans réponse : si l’écriture est possible pour un humain, n’est-ce pas parce qu’en lui-même, il a une capacité d’imaginer librement n’importe quoi, de se représenter en lui-même n’importe quelle image de réalités existantes ou même de n’importe quelle réalité inventée ?

N’est-ce pas, dans la nature, le marqueur le plus pertinent de la différence entre l’humain et l’animal ?

Je trouve quelques échos d’une telle approche dans le dernier livre de Stephen Hawking qui vient de paraître (« Brèves réponses aux grandes questions », éd. Odile Jacob, octobre 2018).

D’un point de vue scientifique, il ne considère pas autrement la singularité humaine.

Hawking ne dit pas un mot de la succession des différents hominidés, mais il met en évidence cette capacité extraordinaire de l’humain à pouvoir penser en imaginant librement en lui-même tout ce qu’il veut et le caractère fondamentalement décisif du langage écrit qui exprime à l’extérieur de l’humain sa pensée libre intérieure.

« L’imagination reste notre outil le plus puissant. Grâce à elle, on peut se transporter n’importe où dans l’espace et le temps, et assister par la pensée aux phénomènes les plus incroyables, tout en conduisant, en somnolant ou en faisant semblant d’écouter un raseur pendant un dîner en ville…
L’esprit humain est fascinant. Il peut concevoir la magnificence des cieux et l’arrangement des composants de la matière
» (p. 206-207).

« Faites confiance à votre imagination. Faites advenir le futur » (p. 213).

N’est-ce pas pertinent pour décrire la différence par laquelle, dans la nature, l’humain a pu recevoir la capacité de gouverner toute la création ?

A l’origine de l’apparition de la vie, Hawking rappelle que « La Terre est surtout composée d’éléments lourds comme le carbone et l’oxygène. D’une façon ou d’une autre, ces atomes se sont assemblés pour former les molécules d’ADN…
Cette molécule … se reproduit, et propage l’information génétique qui est codée par la séquence des acides nucléiques…
» (p. 92)

« Quand l’ADN se reproduit lui-même, il y a parfois des erreurs. Beaucoup sont fatales et s’éliminent d’elles-mêmes. Certaines sont indifférentes, sans impact sur la fonction du gêne. Et certaines autres, favorables à la survie de l’espèce, sont « choisies » et retenues par la sélection naturelle » (p. 94)

« L’ADN transmet le code de la vie d’une génération à l’autre » (p. 191-192).

« Le processus d’évolution biologique a d’abord été très lent. Il a fallu 2,5 milliards d’années pour passer des premières cellules aux premiers animaux multicellulaires, et un autre milliard d’années pour passer des poissons et des reptiles aux mammifères. Mais, à partir de là l’évolution semble s’être accélérée. Il n’a fallu que 100 millions d’années pour passer des premiers mammifères à nous. La raison en est que les premiers mammifères possédaient les prototypes de la plupart de nos organes actuels ; il ne manquait plus qu’un petit réglage pour passer aux humains.
Avec l’espèce humaine, l’évolution a atteint un seuil critique, comparable en importance à l’apparition de l’ADN. Ce fut le développement du langage, et particulièrement du langage écrit. Dès lors, l’information pouvait passer de génération en génération, autrement que par l’ADN
» (p. 94).

Hawking observe que « dans les dix dernières dizaines de milliers d’années, a commencé une phase de « transmission externe » » et que « Certains veulent réserver le terme « évolution » à la transmission interne du patrimoine génétique, et le refuser à sa transmission externe. Cela me semble être une vue trop étroite. Peu importe que nous soyons plus forts ou plus intelligents que nos ancêtres des cavernes, ce qui nous distingue d’eux est le savoir que nous avons accumulé pendant les dix derniers milliers d’années…
Je pense qu’il faut avoir une vision plus vaste et inclure la transmission externe d’information à celle par l’ADN, comme moteur de l’évolution…
» (p. 95-96).

« Quelque part, au long des 13,8 milliards d’années de notre histoire cosmique, quelque chose d’extraordinaire s’est produit. Ce traitement de l’information est devenu si intelligent qu’est apparue la conscience » (p. 191).

C’est ainsi que Hawking considère la transmission externe de l’information par l’écriture comme la nouveauté la plus importante depuis l’apparition de la vie par les premières molécules d’ADN, mais aussi comme le fondement « extraordinaire » (du point de vue scientifique) de l’apparition de la conscience humaine et de l’évolution désormais confiée à l’humain. La différence qui nous distingue de « nos ancêtres des cavernes ».

La possibilité d'une transmission externe par l’écriture n’est-elle pas le témoin extérieur de la liberté intérieure de l’imagination propre à une pensée humaine ?
Son apparition n’est-elle pas le signe visible extérieur de cet être nouveau qu’est l’humain créé à l’image de Dieu ? Le signe de sa différence dans la nature.
Merci pour les compliments, Xavi. Je vous remercie pour votre détermination à creuser davantage.

Après le langage articulé, dont on n' a vu qu'il n' était pas spécifique aux humains, on revient maintenant sur l'écriture. MAIS, en vrai, ça ne fait que déplacer le problème, il me semble. Koko et d' autres singes étaient capables de composer des phrases sur un tableau composé d'idéogrammes. C' est de l'écriture.

A l' inverse, beaucoup d'êtres humains sont parfaitement incapables de maîtriser ce mode de communication. Sont-ils pour autant moins humains que Koko? Ma cousine est autiste. Incapable de parler, d'écrire... Elle ne réagit pas aux sentiments des gens l'environnant. Elle ne parle pas, n'écrit pas. Elle a 43 ans. Koko parlait le langage des signes. Elle savait exprimer ses désirs, ses craintes, ses tristesses et ses sentiments. Elle savait aussi comprendre les sentiments des autres, et y réagir.

Si le langage et l'empathie sont les marqueurs de l'état qu' on appelle HUMAIN, alors quoi?

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prodigal
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Re: Quelle différence entre homme et animal ?

Message non lu par prodigal » mer. 07 nov. 2018, 9:34

Le langage, chère Bassmeg, pas l'empathie.
On peut tout à fait admettre une empathie animale. Mais aucun animal ne l'exprimera en composant un texte dans sa langue. Il l'exprimera par le cri ou par une attitude appropriée.
Car on n'a pas vu du tout, là je vous contredis, que le langage articulé était commun à l'homme et à l'animal. C'est juste le contraire. :)
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

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