Un amour sain
Un amour sain
Bonjour,
Peut-on aimer sainement, en vérité si dans cet amour se mêle une attente, un besoin (et donc un manque à combler) ?
Et en même temps, l'amour est une nourriture, est un véritable besoin.
La question peut d'autant plus se poser concernant Dieu. J'entends souvent dire qu'il exige notre amour, souvent selon la façon d'entendre le commandement "Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée".
Mais peut-on penser (même si cela nous humanise Dieu) que Dieu soit vraiment dans l'exigence de notre amour, de son attente mais tel que dans son besoin ?
Car si un tel besoin est évident pour l'homme, peut-il l'être pour la divinité ?
Ce commandement n'est-il pas surtout pour le bien de l'homme plutôt que pour Dieu ?
Je pose la question ici car elle m'intéresse autant nous concernant en tant qu'homme (et d'un point de vue psychologique), que concernant de manière plus absolue la divinité.
Peut-on aimer sainement, en vérité si dans cet amour se mêle une attente, un besoin (et donc un manque à combler) ?
Et en même temps, l'amour est une nourriture, est un véritable besoin.
La question peut d'autant plus se poser concernant Dieu. J'entends souvent dire qu'il exige notre amour, souvent selon la façon d'entendre le commandement "Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée".
Mais peut-on penser (même si cela nous humanise Dieu) que Dieu soit vraiment dans l'exigence de notre amour, de son attente mais tel que dans son besoin ?
Car si un tel besoin est évident pour l'homme, peut-il l'être pour la divinité ?
Ce commandement n'est-il pas surtout pour le bien de l'homme plutôt que pour Dieu ?
Je pose la question ici car elle m'intéresse autant nous concernant en tant qu'homme (et d'un point de vue psychologique), que concernant de manière plus absolue la divinité.
L'autre est un semblable.
Re: Un amour sain
J'ai déjà entendu dire que deux personnes qui se rencontrent, qui tombent amoureuses ce sont les deux enfants en nous (avec leurs manques, blessures, besoins) qui se rencontrent.
L'autre est un semblable.
Re: Un amour sain
En même temps, il semble normal que lorsqu'on aime quelqu'un on ai soif de son amour (mais l'est-ce vraiment ?).
Comme un besoin de réciprocité, d'un équilibre. Mais on ne pourra jamais aimer Dieu comme Dieu nous aime (enfin il me semble). Et encore une fois s'il y a besoin, nécessité alors peut-on l'appliquer à Dieu ?
Et de manière plus générale peut-on faire de cette "normalité" une vérité, une authenticité, un absolu, un amour sain ?
Bon comme vous le voyez, j'ai les méninges agités.
Je vais peut-ètre m'arrêter là pour le moment et laisser d'autres intervenir.
Comme un besoin de réciprocité, d'un équilibre. Mais on ne pourra jamais aimer Dieu comme Dieu nous aime (enfin il me semble). Et encore une fois s'il y a besoin, nécessité alors peut-on l'appliquer à Dieu ?
Et de manière plus générale peut-on faire de cette "normalité" une vérité, une authenticité, un absolu, un amour sain ?
Bon comme vous le voyez, j'ai les méninges agités.
Je vais peut-ètre m'arrêter là pour le moment et laisser d'autres intervenir.
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Re: Un amour sain
Il semblerait cher Didyme que je partage votre agitation. Malheureusement, j'ai vu votre fil après avoir répondu à Perlum Pimpum et Olivier JC sur le fil actuel en écriture sainte, dans des considérations voisines des vôtres. Je ne vais pas les réécrire ici, mais sachez que vous n'êtes pas seul à souffrir de méningite
- Olivier JC
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Re: Un amour sain
Bonjour,
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Il me plaît de penser qu'il n'est pas anodin que ce commandement soit conjugué au futur (j'ignore, je l'avoue, ce qu'il en est dans la Septante). Ce n'est donc pas de l'impératif. Or, qu'est-ce qui nous permet d'aimer Dieu de telle manière ? La grâce. En un sens, il manque un petit morceau à cette phrase, dont la version complète serait : "Je te donnerai ma grâce et tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée". Plus qu'un commandement, c'est une prophétie annonçant l'Incarnation de Notre Seigneur et l'œuvre de notre Rédemption.
+
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Re: Un amour sain
Il est douteux que l'amour soit un "besoin" de Dieu, ce serait l'anthropomorphiser .Plus simplement,notre foi nous enseigne que Dieu est amour par nature.Cet amour s'exerce entre autres ,voire prioritairement, en faveur de sa créature et le lui rendre est normal.Maintenant j'aurais du mal à affirmer aimer Dieu de tout mon coeur, toute mon âme et surtout toute ma pensée.Je crains que notre amour pour Dieu soit,en quelque sorte,intermittent.
- Perlum Pimpum
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Re: Un amour sain
Tout le problème est que par « amour » vous entendez la passion amoureuse. Mais la passion est un mouvement que l’on subit. Et subir, c’est passer de la puissance à l’acte, être actué par la cause qui provoque la passion, et ainsi devenir. La passion s’inscrit dans le devenir et suppose ontologiquement la composition de celui qui pâtit. Aucune passion ne peut donc se trouver en Dieu, qui est Simple, et ainsi Acte Pur. L’amour ne peut donc s’attribuer à Dieu qu’au prix de correctifs analogiques. Le premier est qu’en Dieu l’amour n’est pas une passion mais seulement une action. Le second est que cette action sera assimilée à une volition, un vouloir. Le troisième est que cet action sera assimilé à l’être-même de Dieu, car tout en Dieu est Dieu.peut-on penser (même si cela nous humanise Dieu) que Dieu soit vraiment dans l'exigence de notre amour, de son attente mais tel que dans son besoin ?
J'ai déjà entendu dire que deux personnes qui se rencontrent, qui tombent amoureuses … il semble normal que lorsqu'on aime quelqu'un on ai soif de son amour (mais l'est-ce vraiment ?).
Comme un besoin de réciprocité, d'un équilibre. Mais on ne pourra jamais aimer Dieu comme Dieu nous aime (enfin il me semble). Et encore une fois s'il y a besoin, nécessité alors peut-on l'appliquer à Dieu ?
Envisageons maintenant à la passion amoureuse, telle celle qu’un homme peut éprouver pour une femme. La cause de la passion amoureuse, c’est la beauté qu’on trouve ou croit trouver en l’autre. Il importe peu cette beauté soit celle des traits physiques, des traits du tempérament, des traits moraux. Pour qu’il y ait passion amoureuse, il faut que cette beauté soit telle qu’elle vous subjugue le cœur. C’est pourquoi ne sont véritablement amoureux que sont qui sont immensément amoureux, emportés par la vague d’amour qui les submerge, et qui fait que, du soir au matin et du matin au soir, votre cœur incline toutes vos pensées vers celle ainsi aimée, et qu’à chaque pensée votre cœur déverse ses flots débordants d’amour. Bref, le délire et délice amoureux… Et dans cette passion, votre premier désir sera d’être aimé de celle que vous aimez. Et en ce désir, vous expérimenterez ce que les sages savent par ailleurs : l’amour, de sa nature, est unitif : il tend à l’union. Votre amour ne trouvera à s’épanouir qu’autant que vous soyez aimé de retour. Et parce que tomber amoureux est toujours tomber immensément amoureux, de deux choses l’une. Soit l’amour répondra à l’amour, et vous en ressentirez une félicité inouïe, à proportion de l’intensité de l’amour qui vous meut, de l’amour heureux de trouver sa complétude en l’amour qui lui répond. Soit l’amour n’y répondra pas, et vous ressentirez une blessure d’amour à proportion même de l’intensité ou immensité de l’amour qui vous subjuguait, et vous n’aurez lors d’autre choix que le suivant. Ou d’être extrêmement malheureux, tels ces pitoyables personnages de l’Andromaque de Racine, incapables de s’arracher du cœur l’amour qui les subjugue, esclaves malheureux d’une passion malheureuse. Ou que de vous arracher l’amour du cœur, en combattant jusqu’à éradication l’intensité de votre passion par celle de votre volonté décidée à la détruire au prix d’un combat harassant par l’énergie psychique qu’il exige,
Revenons maintenant à l’amour divin. Et d’abord, à l’amour divin pour les créatures.
1. Tout d’abord, l’amour de Dieu pour nous n’est pas une passion. Si c’était une passion, Dieu serait malheureux de n’être pas aimé. Mais il faudrait être particulièrement sot ou fou pour s’imaginer Dieu torturé d’amour malheureux du désamour de ses créatures.
2. Ensuite, seule l’ignorance ou la bêtise peuvent affirmer que Dieu nous veut non pour Lui-même mais pour nous même, comme si quoique ce soit de créé pouvait être le motif ultime de l’acte créateur = avait plus de bonté que la Bonté divine. L’altérité de la créature à Dieu n’est donc aucunement cause de l’amour divin pour la créature. Tout au contraire, l’altérité de la créature n’est qu’en conséquence de l’amour divin : « C’est pour l’Amour de moi, pour l’Amour de moi, que je veux agir » (Is. XLVIII, 11).
Venons en enfin à l’amour intradivin. Serait-ce que l’amour intradivin requiert pour exister l’altérité des personnes divines ?
1. Tout d’abord, l’amour de soi et l’amour d’autrui existe en la création. Serait-ce donc que s’aimer soi-même soit toujours peccamineux, de sorte qu’on ne puisse transposer l’amour de soi en Dieu ? Mais l’amour de soi n’est peccamineux que s’il est déréglé, et il n’est déréglé qu’autant qu’en cet amour on se préfère à Dieu. Rien donc n’obstacle que Dieu s’aime d’amour propre.
2. Si la personne divine ne s’aime pas, c’est qu’elle n’est pas aimable. Mais si elle est aimable, elle doit s’aimer à proportion qu’elle est aimable. La personne divine qui ne s’aimerait pas pécherait envers elle-même, par désamour ou anamour de la personne infiniment aimable qu’elle est.
3. Ne s’aimant pas malgré qu’infiniment aimable à raison de sa nature à laquelle elle se confond, quoi aimera-t’elle en les autres personnes ? La nature, c’est exclu, puisque si aimant la nature, s’aimant aussi elle-même. Et n’aimant pas la nature, n’aimant pas l’Unité. Et ne s’aimant pas elle-même, n’aimant pas la Trinité. C’est absurde, et c’est blasphématoire.
4. Enfin, quoi la personne divine aimera-t’elle en les autres personnes ? Qu’elles soient divines, c’est exclu, puisqu’alors elle s’aimerait aussi elle-même. Donc quelque chose de non-divin, présent en chaque personne divine, et aimé, tandis que ce qui est divin n’y sera pas aimé : doctrine insane.
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »
Re: Un amour sain
Bonjour Didyme,
oui bien-sûr qu'on peut aimer en vérité, même avec des attentes légitimes... ça n'a rien "d'impur" que d'avoir des attentes.
Après, je pense qu'il faut admettre que nous autres créatures, ne sommes pas capables de concevoir l'amour de Dieu pour nous, ça nous dépasse infiniment, de fait...
Dieu n'a pas "besoin" de notre amour, mais c'est son "désir" , sa soif de Crucifié, et c'est son Droit.
Notre Créateur et notre Sauveur se charge de purifier notre pauvre amour, avec une patience divine à toute épreuve.
Certains saints ont souvent rappelé combien le Seigneur était sensible dans sa sainte humanité ressuscitée : aussi bien à propos de nos ingratitudes, méfiances, doutes, rejets, que de nos petites preuves de confiance et d'amour concret.
Thérèse Martin aimait à dire que c'est la confiance qui mène à l'Amour.
Et je dirais à mon ptit niveau que c'est le respect qui mène à la confiance, donc in fine à l'Amour.
Tout à Jésus par Marie,
Tout à Marie pour Jésus
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Re: Un amour sain
Bonjour Perlum Pimpum,Perlum Pimpum a écrit : ↑mer. 29 nov. 2023, 12:13La personne divine qui ne s’aimerait pas pécherait envers elle-même, par désamour ou anamour de la personne infiniment aimable qu’elle est.
Pour ce qui est du désamour, il me semble même inconcevable et contraire à la nature de Dieu qu'Il vive dans le désamour de Lui-même.
Si c'était concevable en effet, je me demande si ce ne serait pas envisager comme possible une mort spirituelle de Dieu : Vraiment incohérent, donc je suis évidemment d'accord avec vous !
Pour ce qui est de l'anamour, vous ne m'avez pas répondu sur votre fil en écriture sainte, alors je vous repose encore la question, inspirée de la précédente citation de vous : En quoi l'anamour de Dieu pour Lui-même vous semble t il peccamineux?
Par ailleurs, (je reprends ce que disait Didyme, en le tournant autrement) :
L'amour dirigé vers soi en est il véritablement?
Par essence et pour être une réalité (pour exister), l'amour ne dépend il pas de l'existence d'une altérité?
Peut on concevoir son existence sans son déplacement d'une personne vers une autre ?
Même question pour les Personnes divines de la Trinité ?
Re: Un amour sain
Rebonjour Perlum PimpumPerlum Pimpum a écrit : ↑mer. 29 nov. 2023, 12:13Envisageons maintenant à la passion amoureuse, telle celle qu’un homme peut éprouver pour une femme
Je me flatte d'une pure hétérosexualité, n'en déplaise aux adeptes du genre. (Je suis de genre masculin)Perlum Pimpum a écrit : ↑mer. 29 nov. 2023, 12:13La cause de la passion amoureuse, c’est la beauté qu’on trouve ou croit trouver en l’autre. Il importe peu cette beauté soit celle des traits physiques, des traits du tempérament, des traits moraux. Pour qu’il y ait passion amoureuse, il faut que cette beauté soit telle qu’elle vous subjugue le cœur. C’est pourquoi ne sont véritablement amoureux que sont qui sont immensément amoureux, emportés par la vague d’amour qui les submerge, et qui fait que, du soir au matin et du matin au soir, votre cœur incline toutes vos pensées vers celle ainsi aimée, et qu’à chaque pensée votre cœur déverse ses flots débordants d’amour. Bref, le délire et délice amoureux… Et dans cette passion, votre premier désir sera d’être aimé de celle que vous aimez. Et en ce désir, vous expérimenterez ce que les sages savent par ailleurs : l’amour, de sa nature, est unitif : il tend à l’union. Votre amour ne trouvera à s’épanouir qu’autant que vous soyez aimé de retour. Et parce que tomber amoureux est toujours tomber immensément amoureux, de deux choses l’une. Soit l’amour répondra à l’amour, et vous en ressentirez une félicité inouïe, à proportion de l’intensité de l’amour qui vous meut, de l’amour heureux de trouver sa complétude en l’amour qui lui répond. Soit l’amour n’y répondra pas, et vous ressentirez une blessure d’amour à proportion même de l’intensité ou immensité de l’amour qui vous subjuguait, et vous n’aurez lors d’autre choix que le suivant. Ou d’être extrêmement malheureux, tels ces pitoyables personnages de l’Andromaque de Racine, incapables de s’arracher du cœur l’amour qui les subjugue, esclaves malheureux d’une passion malheureuse. Ou que de vous arracher l’amour du cœur, en combattant jusqu’à éradication l’intensité de votre passion par celle de votre volonté décidée à la détruire au prix d’un combat harassant par l’énergie psychique qu’il exige,
Toutefois, auriez vous, svp, un discours différent me concernant, si je vous disais que j'entretiens un amour tel que vous le décrivez ici, non pas pour une femme, mais pour la personne de Jésus, un amour, disons.. platonique, cohérent avec mon hétérosexualité ?
Re: Un amour sain
Effectivement, la remarque est intéressante.Olivier JC a écrit : ↑mer. 29 nov. 2023, 9:44Il me plaît de penser qu'il n'est pas anodin que ce commandement soit conjugué au futur (j'ignore, je l'avoue, ce qu'il en est dans la Septante). Ce n'est donc pas de l'impératif. Or, qu'est-ce qui nous permet d'aimer Dieu de telle manière ? La grâce. En un sens, il manque un petit morceau à cette phrase, dont la version complète serait : "Je te donnerai ma grâce et tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée". Plus qu'un commandement, c'est une prophétie annonçant l'Incarnation de Notre Seigneur et l'œuvre de notre Rédemption.
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Re: Un amour sain
Merci pour vos réponses.
Certaines remarques sont bien sûr évidentes mais je ne sais pas, je ressens une gêne. Tout n'est pas clair, j'ai besoin de réfléchir davantage sur le sujet.
Certaines remarques sont bien sûr évidentes mais je ne sais pas, je ressens une gêne. Tout n'est pas clair, j'ai besoin de réfléchir davantage sur le sujet.
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Re: Un amour sain
Bonjour Ombiace,
Par anamour et désamour, je sous-entendais la distinction en Dieu de la volonté naturelle et de la volonté libre.
1. Cette distinction se trouve d’abord dans les créatures.
La distinction de la volonté naturelle et de la volonté libre est relative à deux manières distinctes d’exercer les actes de la volonté, selon qu’ils soient nécessairement ou librement voulus.
La volonté s’exerce librement en chacun de ses actes de libre-choix, mais en chacun de ces actes ce qui est voulu, l’objet spécifiant la moralité de l’acte volontaire, l’est toujours comme un bien, que ce bien soit réel ou seulement apparent. Ainsi qui veut librement le péché malgré sa malice objective le veut en tant que, par quelque aspect, cet objet est subjectivement pour lui un bien. Bref, quoique nous voulions librement, nous le voulons nécessairement comme un bien, que ce bien soit réel ou seulement apparent, parce que la volonté est nécessitée à vouloir le bien en chacun de ses actes libres,. Elle y est nécessitée parce que le bien est l’objet propre du vouloir. Et parce que cette nécessité de la volonté à tout vouloir sous la raison de bien résulte de la nature-même de la volonté, on parle de volonté naturelle.
Ressort encore de la volonté naturelle de vouloir être heureux. Le bonheur suppose en effet la possession du bien, de sorte que voulant naturellement le bien, la volonté veut naturellement le bonheur. Mais quel est le bien capable de procurer le bonheur parfait sinon le Bien infiniment parfait ? En effet, en tout acte de volonté, la volonté ne s’exerce à son acte que cet acte spécifié par son objet. Et parce que cet objet n’est pas physiquement présent mais intellectuellement représenté en la volonté (*), c’est l’intellect qui fournit à la volonté l’objet sur lequel elle exerce son acte en choisissant de vouloir ou de ne pas vouloir ce que l’intellect lui représente.
Mais dans la vision intuitive de Dieu, Dieu s’imprime physiquement en l’intellect pour spécifier la volonté des élus. La question est alors de savoir si l’amour surnaturel des élus pour Dieu est nécessaire ou libre. La réponse est qu’ils L’aiment nécessairement. Plusieurs preuves peuvent être apportées.
2. Transposons en Dieu.
Si par « désamour » on entend un refus volontaire d’aimer Dieu, refus constitutif d’un vouloir peccamineux, et par « anamour » une absence d’acte volontaire relativement à Dieu, non plus donc un volens mais un nolens, cet anamour est-il peccamineux ? Il pourrait sembler que non, par défaut d’acte volontaire. Et pourtant si, par privation d’un bien dû. La Déité étant infiniment aimable, ne pas L’aimer est en tout état de cause ne pas lui rendre l’amour qui lui est dû, et ainsi être constitué dans l’injustice, en contradiction à la sainteté et à l’amabilité infinies de Dieu.
Si maintenant on entend par « désamour » l’acte de volonté divine n’aimant pas librement Dieu, et par « anamour » l’acte de volonté divine n’aimant pas naturellement Dieu (de sorte que relativement à la volonté naturelle de Dieu l’anamour de Dieu soit un nolens), l’anamour est tout autant impossible que peccamineux. Impossible, car Dieu est nécessité à s’aimer : il est de l’essence ou de la nature de Dieu infiniment aimable de s’aimer ; Dieu s’aime de volonté naturelle. Il suffit pour s’en convaincre d’étudier les conséquences de la proposition inverse. Si Dieu n’était pas nécessité à s’aimer, il serait libre de s’aimer ou de ne pas s’aimer. Rien n’empêcherait donc que Dieu puisse librement se haïr malgré qu’infiniment aimable. Et se haïssant malgré qu’infiniment aimable, péchant contre Lui-même par haine formelle de Dieu. Bref, nier que Dieu s’aime d’un amour nécessaire, c’est affirmer contradictoirement que rien dans l’essence infiniment aimable de Dieu n’obstacle que Dieu soit si perversement mauvais et satanique qu’il se haïsse ou puisse se haïr librement malgré qu’infiniment aimable… L’anamour ne peut donc se trouver en Dieu. Et s’il s’y trouvait par impossible, il serait de toute évidence peccamineux, puisque attentant à l’amabilité infinie de Dieu en légitimant la haine formelle de Dieu.
Je répondrais dans la soirée à votre second message.
Par anamour et désamour, je sous-entendais la distinction en Dieu de la volonté naturelle et de la volonté libre.
1. Cette distinction se trouve d’abord dans les créatures.
La distinction de la volonté naturelle et de la volonté libre est relative à deux manières distinctes d’exercer les actes de la volonté, selon qu’ils soient nécessairement ou librement voulus.
La volonté s’exerce librement en chacun de ses actes de libre-choix, mais en chacun de ces actes ce qui est voulu, l’objet spécifiant la moralité de l’acte volontaire, l’est toujours comme un bien, que ce bien soit réel ou seulement apparent. Ainsi qui veut librement le péché malgré sa malice objective le veut en tant que, par quelque aspect, cet objet est subjectivement pour lui un bien. Bref, quoique nous voulions librement, nous le voulons nécessairement comme un bien, que ce bien soit réel ou seulement apparent, parce que la volonté est nécessitée à vouloir le bien en chacun de ses actes libres,. Elle y est nécessitée parce que le bien est l’objet propre du vouloir. Et parce que cette nécessité de la volonté à tout vouloir sous la raison de bien résulte de la nature-même de la volonté, on parle de volonté naturelle.
Ressort encore de la volonté naturelle de vouloir être heureux. Le bonheur suppose en effet la possession du bien, de sorte que voulant naturellement le bien, la volonté veut naturellement le bonheur. Mais quel est le bien capable de procurer le bonheur parfait sinon le Bien infiniment parfait ? En effet, en tout acte de volonté, la volonté ne s’exerce à son acte que cet acte spécifié par son objet. Et parce que cet objet n’est pas physiquement présent mais intellectuellement représenté en la volonté (*), c’est l’intellect qui fournit à la volonté l’objet sur lequel elle exerce son acte en choisissant de vouloir ou de ne pas vouloir ce que l’intellect lui représente.
Mais dans la vision intuitive de Dieu, Dieu s’imprime physiquement en l’intellect pour spécifier la volonté des élus. La question est alors de savoir si l’amour surnaturel des élus pour Dieu est nécessaire ou libre. La réponse est qu’ils L’aiment nécessairement. Plusieurs preuves peuvent être apportées.
2. Transposons en Dieu.
Si par « désamour » on entend un refus volontaire d’aimer Dieu, refus constitutif d’un vouloir peccamineux, et par « anamour » une absence d’acte volontaire relativement à Dieu, non plus donc un volens mais un nolens, cet anamour est-il peccamineux ? Il pourrait sembler que non, par défaut d’acte volontaire. Et pourtant si, par privation d’un bien dû. La Déité étant infiniment aimable, ne pas L’aimer est en tout état de cause ne pas lui rendre l’amour qui lui est dû, et ainsi être constitué dans l’injustice, en contradiction à la sainteté et à l’amabilité infinies de Dieu.
Si maintenant on entend par « désamour » l’acte de volonté divine n’aimant pas librement Dieu, et par « anamour » l’acte de volonté divine n’aimant pas naturellement Dieu (de sorte que relativement à la volonté naturelle de Dieu l’anamour de Dieu soit un nolens), l’anamour est tout autant impossible que peccamineux. Impossible, car Dieu est nécessité à s’aimer : il est de l’essence ou de la nature de Dieu infiniment aimable de s’aimer ; Dieu s’aime de volonté naturelle. Il suffit pour s’en convaincre d’étudier les conséquences de la proposition inverse. Si Dieu n’était pas nécessité à s’aimer, il serait libre de s’aimer ou de ne pas s’aimer. Rien n’empêcherait donc que Dieu puisse librement se haïr malgré qu’infiniment aimable. Et se haïssant malgré qu’infiniment aimable, péchant contre Lui-même par haine formelle de Dieu. Bref, nier que Dieu s’aime d’un amour nécessaire, c’est affirmer contradictoirement que rien dans l’essence infiniment aimable de Dieu n’obstacle que Dieu soit si perversement mauvais et satanique qu’il se haïsse ou puisse se haïr librement malgré qu’infiniment aimable… L’anamour ne peut donc se trouver en Dieu. Et s’il s’y trouvait par impossible, il serait de toute évidence peccamineux, puisque attentant à l’amabilité infinie de Dieu en légitimant la haine formelle de Dieu.
Je répondrais dans la soirée à votre second message.
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »
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Re: Un amour sain
D’autant plus intéressante qu’elle introduit au dogme de la prédestination. Mais déjà que trop se scandalisent des peines vindicatives que Dieu inflige, si on leur parle encore de la prédestination, ils vont tomber dans les pommes.Didyme a écrit : ↑ven. 01 déc. 2023, 20:55Effectivement, la remarque est intéressante.Olivier JC a écrit : ↑mer. 29 nov. 2023, 9:44Il me plaît de penser qu'il n'est pas anodin que ce commandement soit conjugué au futur (j'ignore, je l'avoue, ce qu'il en est dans la Septante). Ce n'est donc pas de l'impératif. Or, qu'est-ce qui nous permet d'aimer Dieu de telle manière ? La grâce. En un sens, il manque un petit morceau à cette phrase, dont la version complète serait : "Je te donnerai ma grâce et tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée". Plus qu'un commandement, c'est une prophétie annonçant l'Incarnation de Notre Seigneur et l'œuvre de notre Rédemption.
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« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »
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Re: Un amour sain
La prédestination n'est pas un dogme catholique.Le mot est lui même totalement absent du Catéchisme de l'Eglise.
Par contre c'est un dogme calviniste. Nous ne sommes pas calvinistes mais catholiques.,même quand on aime se référer à Saint-Augustin qui a pu en frôler l'idée.
Par contre c'est un dogme calviniste. Nous ne sommes pas calvinistes mais catholiques.,même quand on aime se référer à Saint-Augustin qui a pu en frôler l'idée.
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