Le Pape et la psychanalyse

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Hyacinthe
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Le Pape et la psychanalyse

Message non lu par Hyacinthe » sam. 18 nov. 2017, 22:33

Bonjour,

A l'heure où le Pape nous apprend qu'il a consulté une psychanalyste à 42 ans, j'ai souhaité partagé ce texte de René Guénon à ce sujet :

http://www.index-rene-guenon.org/Access ... T&page=222

Vos réactions m'intéressent.

Merci.

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axou
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Re: Le Pape et la psychanalyse

Message non lu par axou » jeu. 23 nov. 2017, 17:26

Bonjour Hyacinthe,

Je ne comprends rien à ce texte de René Guénon. Comment le comprenez-vous ?

Bien à vous,

Axou

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Kerniou
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Re: Le Pape et la psychanalyse

Message non lu par Kerniou » ven. 24 nov. 2017, 10:02

Cet article qui ne tient pas debout étale sa méconnaissance de la psychanalyse qui n'est pas une théorie philosophique mais une théorie et une méthode appliquée de THERAPIE.
Et les prêtres qui sont psychanalystes, ils seraient , eux aussi, issus de ce"nomadisme" péjoratif que l'on associe aux juifs ? ...
Je trouve, pour ma part, ce terme de nomadisme, pour le moins, mal choisi sinon empreint de racisme pour ne pas dire d'antisémitisme ...
Si le Saint - Père a eu recours à la psychanalyse, c'est qu'il en a eu besoin. Les neuroleptiques et les séquelle qu'ils provoquents sont, de toute évidence, plus dangereux pour le fonctionnement du cerveau que la psychanalyse ...
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

Cinci
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Re: Le Pape et la psychanalyse

Message non lu par Cinci » ven. 24 nov. 2017, 17:18

Pour mettre le texte de Guénon en perspective.

Peut-être ...


Philippe Bouvier
"Les textes sacrés m'ont appris plus que les textes psychanalytiques"

Philippe Bouvier, psychiatre et psychanalyste,
est le vice-président de l'Association Assistance
médicale toit du monde.


- Est-il possible d'être psychanalyste sans se revendiquer d'une école?
Jusqu'au début des années 1980, non, mais ma génération est celle qui a commencé à se démarquer des idéologies. Personnellement, je ne suis plus référencé à aucune école.

-Quel rôle joue la théorie freudienne ou lacanienne dans votre clinique?
Les écrits de Freud restent une base de référence, mais j'ai plus appris sur la psyché humaine avec mes patients, en pratiquant la méditation ou en lisant des écrits spirituels, que dans les textes psychanalytiques. Ce que je trouve dans Lacan, "l'irruption", le questionnement qui permet de lever ce qu'il y a entre les mots, tout cela est déjà dans le bouddhisme zen.

-Vous êtes aujourd'hui juif pratiquant, après avoir été très proche du bouddhisme. La spiritualité joue-t-elle un rôle dans votre pratique psychana;ytique?
La psychanalyse, pour moi, est complètement liée à l'homme. Que ce soit Freud, Jung ou Lacan, tous se sont servis de ce qu'ils étaient pour affirmer ce qu'ils ont pu dire. Je ne peux donc vous parler de psychanalyse qu'en évoquant mon parcours. Quand je l'ai découverte à la fin de mes études de médecine, j'étais athée et plutôt marxiste. Si l'analyse m'a permis de me libérer de certaines de mes inquiétudes, elle m'a aussi ouvert à des interrogations nouvelles, d'ordre métaphysique, que la psychanalyse ne m'a évidemment pas aidé à résoudre.

Le bouddhisme m'a conforté dans la conviction qu'il existait une intelligence supérieure. La méditation m'a permis de travailler le psychisme différemment. Cela a profondément modifié ma façon de concevoir la psychanalyse. Puis, j'ai évolué et me suis converti au judaïsme orthodoxe.

-Un retour aux sources?

D'une certaine manière, oui, non seulement parce que ma famille a des origines juives, mais surtout parce que la psychanalyse est issue du judaïsme, même si Freud était athée. Il y a dans l'herméneutique de la Torah ou du Talmud, les livres sacrés du judaïsme, comme dans la psychanalyse, une recherche effrénée de sens face à laquelle rien ne résiste : le talmudiste va s'interroger sur le sens d'un mot, d'une répétition, d'une incohérence apparente ... Comme l'analyste, il traque le dysfonctionnement pour essayer de faire surgir la dissonance, le symptôme. Pour moi, la somme de réflexions humaines contenues dans le Talmud est plus riche que les textes de clinique psychanalytique.

- Vous venez de créer une association où se rencontrent des rabbins, des penseurs du judaïsme et des thérapeutes. Voulez-vous, comme Françoise Dolto, offrir une lecture psy des textes sacrés?

Surtout pas. Ce qui m'intéresse, c'est de voir comment ils peuvent nourrir la pensée et la pratique psychanalytiques. C'est de développer un courant de pensée qui permettrait de promouvoir la pensée juive dans la psychanalyse et ce, au bénéfice de la clinique et des patients. Ce qui m'intéresse, c'est d'approfondir l'âme humaine et de mettre en débat cette connaissance du judaïsme avec les acteurs qui côtoient la souffrance humaine au quotidien et partagent ce même besoin de questionner pour faire éclore le sens le plus profond.

Source : Catherine Golliau,"Une interview avec Philippe Bouvier : les textes sacrés m'ont plus appris que les textes psychanalytiques" dans La psychanalyse après Freud. Les textes fondamentaux, Le Point. Référence, septembre-octobre 2013, p. 65

Cinci
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Re: Le Pape et la psychanalyse

Message non lu par Cinci » ven. 24 nov. 2017, 18:20

Encore ...

Peut-être pour illustrer ici la fécondité ou l'utilité de cette branche des sciences humaines ...
Wifred Bion
"Le rôle majeur de la prise de conscience"

Alors que Freud met l'accent sur le dynamisme de l'inconscient, Wilfred Bion, à l'inverse, donne un rôle clef à la conscience. Ainsi, il l'explique dans le texte ci-contre, paru en anglais en 1961, celle-ci s'applique comme fonction alpha à des contenus inconscients (ou éléments bêtas) - principalement des affects négatifs intenses et excessifs comme les peurs, les frustrations et les conflits intérieurs - qu'elle va intégrer et assimiler à la vie psychique au titre d'élément alpha, c'est à dire de contenus conscients ayant une forme et une limite. Cette assimilation, selon une métaphore digestive récurrente chez Bion, est indispensable pour que l'individu ne soit pas perturbé.

Pensées et frustrations

Wilfred Bion décrit la genèse de cette fonction alpha grâce à trois idées-forces. Il identifie d'abord les éléments bêtas comme des préconceptions : ce sont des pulsions qui cherchent à être satisfaites. Elles deviennent des pensées lorsque l'objet qu'elles visent est manquant.

[...]

Mais le but recherché est extrêmement concret, Bion appliquant immédiatement sa théorie au nourrisson, dont la préconception fondamentale n'est autre que l'attente du sein de la mère. Dans un deuxième temps, Bion affirme que l'appareil psychique est le produit de ces pensées associées à des frustrations. Freud avait émis des idées analogues, mais Bion affine sa thèse grâce à la notion d'Identification projective élaborée par Mélanie Klein : le sujet dont l'appareil psychique est mal construit ne peut répondre à des affects nombreux et intenses de frustration et de peur. Il se clive, lui aussi, intérieurement, et transporte fantasmatiquement son clivage dans des objets extérieurs. Pour Klein , ce processus joue un grand rôle dans la vie du nourrisson, chez qui les conflits intérieurs [éléments bêtas] sont reportés sur la mère.

S'il persiste à l'âge adulte, il forme le noyau des pyschoses, où l'appareil psychique défecteux projette précisément des matériaux psychiques non assimilés [éléments bêtas] dans la réalité.

Enfin, Bion fait jouer à la mère un rôle essentiel dans la construction du psychisme infantile. Alors que le nourrisson est submergé par divers affects paroxystiques (faim, peur, etc.), c'est elle qui opère cette fonction alpha d'intégration qui demeure encore trop faible chez lui.

La mère "contenant"

Mais Bion se distingue nettement de Klein. Pour lui, les affects excessifs sont projetés réellement par le nourrisson dans sa mère, qui les reçoit à la façon d'un "contenant" : elle les travaille, les unifie, les pacifie pour ensuite les réintrojecter, c'est à dire les restituer à son bébé sous une forme qu'il est capable d'intégrer et de transformer en élément alpha. Il peut ainsi mieux tolérer les frustrations, ce qui facilite la construction de son appareil psychique. Bion accorde donc une grande place à l'autre - la mère - et estime que l'origine des perturbations mentales provient d'affects angoissants restés au stade d'éléments bêta.

Cette thèse a une conséquence directe sur la cure : pour lui, le rôle du psychanalyste rappelle celui de la mère vis à vis de son enfant en aidant le patient à effectuer le processus alpha de prise de conscience et d'intégration des affects. Cette approche originale et novatrice a eu de nombreux continuateurs, notamment en France, Didier Anzieu (1923-1999) et Didier Houzel, corédacteur en chef du Journal de la psychanalyse de l'enfant.

Source : Olivier Souan, "Wilfred Bion : le rôle majeur de la prise de conscience", Le point. Référence, septembre-octobre 2013
Remarque personnelle : Mélanie Klein est la psychanalyste qui a développé la notion de transfert, si je ne dis pas de bêtise. Donc, la conscience intervient ici comme "processus intégrateur d'éléments préconscients ou irraisonnés" et correspond à la fonction alpha, tandis que les pulsions ou les conflits intérieurs et irréfléchis correspondent aux éléments bêtas.

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