Saint-Jacques, en plein centre-ville commerçant, est la seule paroissiale médiévale encore debout dans la ville des sacres...Mes grands-parents maternels s'y marièrent en septembre 1919 ; l'église, à moitié ruinée par la Grande Guerre, était alors provisoirement consolidée...
Les Rémois, qui avaient retrouvé une cathédrale calcinée, faisaient des projets d'avenir, se mariaient, reconstruisaient leur ville...
Dans les bas-côtés de l'église, de nombreux prêtres se tenaient à la disposition des fidèles pour entendre les confessions. Mon tour a été un peu long : avant moi une mère de famille et ses trois enfants qui se sont confessés l'un après l'autre...
Recueillement, simplicité, adoration...Dans le choeur un superbe crucifix, de type médiéval et les vitraux radieux de Jacques Sima évoquant la Croix sur fond de Voie Lactée (le Grand Chemin de St-Jacques pour les hommes d'autrefois...).
J'aime beaucoup cette petite église coincée à "touche-touche" entre les maisons du quartier : pas de marches, on y entre de plain-pied, et j'apprécie cette proximité de Dieu dans la ville...tout autour, des boutiques : boulangerie, vêtements, téléphonie...
Avant et après ma confession j'ai vraiment apprécié de vivre ce moment de pardon avec des frères et soeurs dans la foi si différents : jeunes ou vieux je les ai vraiment trouvés beaux...
Certains (certaines...) étaient vêtus avec élégance, vieilles dames et jeunes filles ; devant moi une maman et ses trois enfants qui, s'impatientant un peu, s'amusaient à réciter le Je vous salue Marie en comptant les syllabes...ce qui faisait un peu...rap (tout en restant assez discret ). Une jeune Africaine, un cadre trentenaire, profitant de la pause repas pour venir se confesser, deux jeunes hommes, certainement encore étudiants, un monsieur d'origine cambodgienne que je croise assez souvent dans cette église, un autre, âgé, barbe grise, à la silhouette de jeune homme, un autre de la soixantaine, plutôt bedonnant et mis "sur son trente et un", une charmante jeune femme au style plutôt moderne et aux cheveux longs, une vieille dame au chapeau assez comique...
D'habitude je ne regarde pas trop les fidèles en allant me confesser, un peu empêtré dans mes pensées, récapitulant laborieusement ce que je vais dire au Seigneur mais, hier, j'étais dans la paix, la joie et l'admiration...
Pendant ma confession je rends grâce pour ce vieux prêtre, oeil vif, sourire indulgent, sagesse d'un vrai père, conseils pratiques et exhortation tombant "à pic" : il comprend l'essentiel, me pousse dans la grande dynamique de l'aujourd'hui de Dieu, quelle joie !
Que nous sommes heureux d'être catholiques !
Je crois que le Sauveur doit nous accueillir avec cette joie, cette bienveillance indulgente lorsqu'il nous voit revenir à Lui avec la simplicité des enfants...
En quittant l'église, vers 13 h, je traverse la place Drouet d'Erlon - centre de l'activité rémoise, cafés, brasseries - et j'aperçois une tente, des caméras, j'entends des applaudissements : c'est le tournage de "Midi en France", consacré à Reims cette semaine...pas mal de badauds, j'aperçois Pierre Bonte : on parle Champagne, vinification...
Et je continue mon chemin : je jubile d'avoir un accès si simple auprès du Seigneur qui m'a donné rendez-vous dans cette église quand d'autres s'agglutinent et doivent jouer des coudes pour "voir les gens de la télé"...
