Liturgie et obéissance à l'Eglise

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AdoramusTe
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Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par AdoramusTe » sam. 21 juin 2008, 16:23

(merci de déplacer le fil de discussion si l'endroit n'est pas approprié)

Bonjour,

Je suis un fidèle d'une paroisse où est célébrée la forme ordinaire du
rite romain et j'ai découvert il y a un an la forme extraordinaire,
et avec elle, le latin, le chant grégorien, la valeur du silence dans
la célébration (le canon), les magnifiques prières de l'ordinaire.

Il m'arrive d'assister à certaines occasions à cette dernière et il se
trouve qu'à chaque fois, je ressens une nette préférence pour cette forme.
(Je sais que l'on peut utiliser le latin et le grégorien dans la forme
ordinaire, mais la messe est néanmoins différente à mon sens).

Ceci m'amène une question sur l'obéissance à l'Eglise et à son Magistère,
notamment en ce qui concerne les fidèles attachés à cette forme du
rite romain et à mon assistance ou non à cette forme.

En effet, lorque le Pape publie un nouvel ordo, les fidèles sont-ils
tenus par obéissance à l'Eglise à assister aux messes suivant le nouvel
ordo ? Nous savons que l'ancien ordo n'a jamais été interdit mais
en fin de compte, une non assistance aux messes suivant nouvel ordo (même
informes, dans le pire des cas) n'est-il pas un rejet, de fait, du Magistère ?

Par ailleurs, qui est tenu d'adopter le nouvel ordo ?
Certains monastères choisisent de rester à l'ancien ordo, d'autres ont
leurs rites propres (dominicains, chartreux, etc).

Merci d'avance.
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Re: Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par Sursum Corda » sam. 21 juin 2008, 21:39

C'est le problème qui occupe les évêques français : ils se demandent si toutes ces personnes qui revendiquent l'application du motu proprio reconnaissent bien la messe dite "de Paul VI" comme non seulement valide mais de même valeur. Certains déclarent en effet que la messe dite "de saint Pie V" est plus sanctifiante que celle de Paul VI.

deniserp
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Re: Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par deniserp » sam. 21 juin 2008, 23:17

Je n'ai pas eu encore l'honneur d'assister à une messe selon la forme extraordinnaire du rite romain. Toutefois, j'ai vu des vidéos de messes de la fssp et il faut dire que je trouve la litturgie très proche de Dieu (la forme ordinnaire du rite romain est excellente aussi). Quoiqu'il en soit, je ne vois pas en quoi les évêques devraient s'inquiéter puisque les deux formes du rite romain sont conformes au Concile Vatican II du fait que le Missel de 1962 n'a jamais été abrogé comme l'a dit et répéter le Saint Père. Par ailleurs, il faut aussi rappeler que ce Missel rédigé par le Bx Jean XXIII a été publié durant le concile Vatican II. Il n'y a donc à mon sens aucune raisons de s'inquiéter quant à l'obéissance au Magistère.

Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi les évêques devraient s'inquiéter sur un éventuel risque de désunification de l'Eglise catholique. Je ne comprends vraiment pas les arguments qu'ils apportent.

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François-Xavier
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Re: Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par François-Xavier » dim. 22 juin 2008, 12:02

A Adoramus te : C'est une question grave que vous posez ; elle ne se résoud pas simplement sur des prétentions de "tolérance", de respect pour des "formes" ou des préférences de "sensibillité".
Il est tout à fait évident que lorsqu'on va dans une paroisse ou une chapelle où est célébrée la forme extraordinaire, il n'y a aucune question qui se pose en ce qui concerne la révérence, la dignité, le sens du sacré. Les gens qui célèbrent cette forme du rite romain le font par un choix positif, et non pas par contrainte.
Inversement, dans les paroisses "conventionnelles", où est célébrée la forme ordinaire (ou plutôt où l'on prétend célébrer la forme ordinaire), ça n'est souvent pas le cas. Les gens sont souvent englués dans beaucoup de présupposés idéologiques, qui s'appellent la "nécessaire participation", la créativité, etc...
La forme extraordinaire du rite romain n'a jamais été abrogée... En tant que forme extraordinaire. Si tous les gens qui ont un tant soit peu de sens liturgique fuient les paroisses conventionnelles pour aller dans les paroisses où est célébrée la forme extraordinaire, alors on aura réellement une division. Le Motu proprio était nécessaire, pour plusieurs raisons :
1 - on ne balaye pas "comme ça " 4 siècles de praxis liturgique ; cette liturgie issue du Concile de Trente mais ayant des racines antérieures, a droit de cité. Elle a des accents qui expriment d'une certaines façon les mystères de la Foi, que nous n'avons aucune raison de rejeter, et qu'il nous faut même conserver.
2 - il y a une véritable crise liturgique. Dans les années 1970, on a fait une réforme liturgique en prenant des options qui sont parfois discutables. En tout cas, s'il y a des choses remarquables dans cette réforme, sa mise ne pratique a accentué de façon criante les éléments qui n'ont pas été assez trempés dans une pratique séculaire. La conservation à côté d'une forme ordinaire, d'une forme extraordinaire témoignant d'une pratique liturgique distincte mais appartenant au même rite, permet probablement de renouer avec l'essence du rite romain, essence que l'on a largement balancé par dessus bord ces dernières années. J'en rends grâce, donc.

Le problème étant posé, reste à savoir que faire : j'ai la conviction, et je ne sui pas le seul apparamment, vu ce qui se passe à Rome, à l'heure actuelle, que le combat liturgique aujourd'hui n'est pas (ou plus !) la conservation de la forme catholique de la liturgie. Grâce au Motu Proprio Summorum Pontificum, nous avons l'assurance que ces formes pourront être conservées dans la forme extraordinaire, et de façon absolument indiscutable. L'enjeu aujourd'hui c'est de réintroduire ces formes dans les paroisses conventionnelles, qui ont pour vocation à utiliser la forme ordinaire du rite romain. Celle du pape. La forme ordinaire évolue, petit à petit, sous nos yeux. Accompagons cette évolution.

C'est un apostolat à part entière. C'est du travail, sur le chant, sur la liturgie, la langue propre du rite romain, une explicitation, une mis en symphonie d ela lounage divine. C'est peut être moins à la mode ou moins "trendy" que d'envoyer des lettres de pétition à son curé et son évêque pour "exiger" la mise en pratique du motu proprio.... C'est aussi je crois plus difficile et plus exigeant, parce qu'il faut faire en sorte que Mme Michu et que Patrick, "l'animateur liturgique", cesse de se donner en spectacle et accepte d'entrer dans le grand mouvement de la prière de l'Eglise.
C'est aussi une questiond e survie : lorsqu'on voit à quoi est réduite la prière officielle de l'Eglise dans la plupart des paroisses, on comprend aisément que Dieu n'en est pas satisfait. C'est donc là que le travail est à réaliser.
La liturgie en France a trop souffert d'une distinction - que dis-je d'une polarisation entre ces deux formes. Elles sont appelées à converger. Je suis très heureux de voir de nombreuses personnes impliquées dans une liturgie de qualité dans la forme extraordinaire. Je voudrais bien, souvent, qu'il y ait autant de bonnes volontés dans les innombralbles paroisses où est supposé être célébrée la forme ordinaire mais où en réalité, n'est célébrée que la médiocrité. Et pour cela, il ne suffit pas de se lamenter, il faut encore travailler et agir. Ne soyons pas "pour la forme ordinaire" ou "pour la forme extraordinaire".... Soyons pour le rite romain.

Avez vous lu "Retrouver le Mystère" de Jean Duchesne ? It's worth reading.

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Olivier JC
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Re: Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par Olivier JC » dim. 22 juin 2008, 22:09

Ceci m'amène une question sur l'obéissance à l'Eglise et à son Magistère,
notamment en ce qui concerne les fidèles attachés à cette forme du
rite romain et à mon assistance ou non à cette forme.

En effet, lorque le Pape publie un nouvel ordo, les fidèles sont-ils
tenus par obéissance à l'Eglise à assister aux messes suivant le nouvel
ordo ? Nous savons que l'ancien ordo n'a jamais été interdit mais
en fin de compte, une non assistance aux messes suivant nouvel ordo (même
informes, dans le pire des cas) n'est-il pas un rejet, de fait, du Magistère ?
Cette question est très pertinente, notamment en ce qu'elle ne devrait normalement pas exister.

On a dit et répété que la forme extraordinaire n'avait jamais été abrogée. Oui et non, il ne faut pas jouer sur les mots. Le document qui promulguait le Missale Romanum rénové contenait un calendrier de mise en oeuvre, qui prévoyait explicitement qu'à une certaine date (que je n'ai pas en tête), il devait être le seul appliqué. Etait également prévu une réserve pour ceux qui auraient vraiment du mal, et qui pourraient être autorisés par l'évêque à célébrer/assister à l'ancienne forme (on sait ce qu'une telle prescription est devenue). Mais cette mesure était clairement comprise comme temporaire (pour le dire crûment, en elle aurait pris fin à la mort des irréductibles).

Et c'est en un sens logique. Quand Pie XII a réformé la Semaine Sainte, il y a eu des râleries, mais personne n'aurait s'élever contre le pape et continuer à célébrer selon l'ancienne manière.

C'est dire que normalement, la question n'aurait même pas due se poser. La mécanique qui a conduit à Ecclesia Dei est la même que celle qui a conduit à la communion dans la mains ou à la célébration désorientée : la mécanique du fait accompli. On fait, ce qui contraint le pape à s'incliner pour sauvegarder l'unité de l'Eglise.

Il est donc particulièrement heureux que Benoît XVI soit complètement sorti de cette logique avec Summorum Pontificium, qui n'est en rien une tentative de maintenir l'unité de l'Eglise en se soumettant au fait accompli. Là où Jean-Paul II avait plus ou moins fait du "suivisme", Benoît XVI nous entraîne vers l'avenir de l'Eglise. Je crois que ce point n'a pas été assez souligné. SP constitue véritablement une rupture profonde par rapport à ED.

Il est permis de se communier soi-même, mais il est bien meilleur de recevoir la communion. Pareillement, il est permis d'assister à la FERM célébrée en application de ED, mais il est bien meilleur d'assister à la FORM ou à la FERM célébrée en application de SP. Parce que la racine de la première possibilité réside dans la désobéissance à l'évêque de Rome (quelle que soit par ailleurs la responsabilité du clergé), tandis que la racine de la deuxième réside au contraire dans l'obéissance à l'évêque de Rome.

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François-Xavier
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Re: Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par François-Xavier » dim. 22 juin 2008, 22:12

Bravo. Excellent résumé. Très bien dit. Merci à vous.

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Re: Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par ti'hamo » dim. 22 juin 2008, 22:22

"La mécanique qui a conduit à Ecclesia Dei est la même que celle qui a conduit à la communion dans la mains ou à la célébration désorientée" : ah. Oui. Dans un cas, le fait de vouloir à tout prix n'en faire qu'à sa tête en faisant de la messe le laboratoire de ses fantasmes, une mécanique de destruction, dans l'autre, la volonté de garder à la messe la signification et l'aspect d'une messe, une logique de préservation.

C'est gentil de vouloir faire des chouettes effets de style avec ses phrases, c'est mieux de réfléchir au sens de ce qu'on écrit.

D'autant qu'en terme de "mécanique", je dirais que la mécanique qui a conduit au n'importe quoi a du coup mené, en réaction, a Ecclesia Dei. En ce sens, peut-être, s'agit-il de "la même mécanique", un peu comme une force appliquée à une surface entraîne une autre force qui lui est opposée.

Tout le talent et la grâce de Benoît XVI, ou en tout cas le sens dans lequel il œuvre, est donc de se dégager de cet état d'équilibre pour continuer à aller de l'avant, tel que cela aurait dû se faire. Mais pour cela, il faut bien le dire, il s'appuie sur ladite force de préservation en essayant de faire en sorte qu'elle ne se bloque pas ainsi, et il évacue la force de destruction. Donc, il semblerait bien que ça ne soit tout de même pas équivalent.
“Il serait présomptueux de penser que ce que l'on sait soi-même n'est pas accessible à la majorité des autres hommes.”
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Celui qui connaît vraiment les animaux est par là même capable de comprendre pleinement le caractère unique de l'homme.
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Re: Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par Olivier JC » lun. 23 juin 2008, 1:24

ti'hamo a écrit :C'est gentil de vouloir faire des chouettes effets de style avec ses phrases, c'est mieux de réfléchir au sens de ce qu'on écrit.
Le sens était réfléchi. Vous pouvez tourner la question dans tous les sens, à la racine de l'une et l'autre attitude, vous trouverez un immense orgueil qui estime mieux savoir que les évêques, et au premier chez celui de Rome, ce qui est bon pour l'Eglise.

Qui vous écoute m'écoute, qui vous rejette me rejette. C'est pourtant clair, et le fait de se parer d'une logique de préservation ne change rien à l'affaire, et y change d'autant moins que, comme le dit fort bien la sagesse populaire (du temps où elle était encore chrétienne), l'enfer est pavé de bonnes intentions.

C'est un peu comme si on disait que celui qui refuse le pardon de Dieu parce qu'il pense ne pas le mériter serait plus louable que celui qui refuse le pardon de Dieu parce qu'il s'en fiche comme de sa première chaussette. En apparence, c'est différent. Au fond, les deux sont bouffis d'orgueil.

Il n'y a aucun sens véritable de l'Eglise d'un côté comme de l'autre. Quand l'Eglise n'allait pas dans leur sens, les saints se sont tus, même s'il s'est avéré après coup que c'est eux qui avaient raison. Et quand elle finissait par aller dans leur sens, il ne me semble pas qu'un seul ait eu une réaction de triomphe.

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Re: Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par Sapin » lun. 23 juin 2008, 2:53

Olivier JC a écrit :Il est permis de se communier soi-même, mais il est bien meilleur de recevoir la communion. Pareillement, il est permis d'assister à la FERM célébrée en application de ED, mais il est bien meilleur d'assister à la FORM ou à la FERM célébrée en application de SP. Parce que la racine de la première possibilité réside dans la désobéissance à l'évêque de Rome (quelle que soit par ailleurs la responsabilité du clergé), tandis que la racine de la deuxième réside au contraire dans l'obéissance à l'évêque de Rome.
Tout d'abord, il est interdit aux laïcs de se donner la communion, rappelons ici l'instruction de Redemptionis Sacramentum au no. 2:
- 94 - Il n’est pas permis aux fidèles de «prendre eux-mêmes la sainte hostie ou le saint calice, encore moins de se les transmettre de main en main».
Ceci rend donc boiteux le parallèle que vous faites avec formes ordinaire et extraordinaire du rite Romain. Et je ne vois pas pourquoi, à partir des explications du pape qui ont été pourtant bien claires, le fait que des laïcs assistent à cette forme ou même pour les prêtres de célébrer sous la forme extraordinaire est en contradiction avec le Magistère. Si tel est le cas, pourquoi le Saint-Père l'aurait permis avec toutes les explications claires et nets dans SP. Pourquoi permettrait-il aux prêtres qui le désirent de célébrer en privé sous cette forme et de réciter les heures avec le Breviarium Romanum? Trouvez-moi dans le déploiement liturgique de cette forme un endroit qui est en contradiction avec le Magistère, dans son essence ou dans son contenu.
Les deux formes sont conformes à tout point de vue à l'obéissance au pape et ne contredit en rien le Magistère, au contraire, ils sont là pour se compléter et s'enrichir mutuellement nous dit SP.

Ceux qui veulent célébrer sous la forme extraordinaire et qui remettent en cause la validité de la messe de Paul VI ne sont absolument pas dans l'esprit de ED ni de SP, ni dans l'esprit de Benoît XVI. La création des communautés EC, qui ont la bénédiction du pape à tout point de vue, démontre bien que nous pouvons célébrer sous la forme extraordinaire et être obéissant à l'Église et à son Magistère.
Je crois que ce point n'a pas été assez souligné. SP constitue véritablement une rupture profonde par rapport à ED.
Je crois que nous ne faisons pas les mêmes lectures en Église, SP n'est absolument pas une rupture mais la continuité et la suite logique ED.

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Re: Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par ti'hamo » lun. 23 juin 2008, 8:03

Olivier ne mélangez-vous pas un peu les gens ? ou ne les entassez-vous pas tous dans le même sac ?
Quant à dénoncer l'attitude d'orgueil de certains dirigeants de la Frat St Pie X, soit ; je suis d'accord que poser ses propres conditions du retour au sein de rome, quand on devrait aller vêtu de sac et des cendres sur la tête en pélerinage à pied jusque chez le pape, c'est un peu léger.

Mais quant à déclarer que tous ceux qui ont permis de préserver la beauté et la sainteté dans la forme de la messe, pour nous les transmettre, sont tous des soit-disant petits saints bouffis d'orgueil, c'est également très léger. Surtout quand on profite de leurs œuvres.

A une époque, il n'y avait pas coexistence de 2 rites, mais de 2 papes, voire 3 ! Et l'on se rend compte, que certaines personnes plus tard déclarées saintes, soutenaient qu'un pape était le pape légitime, et d'autres personnes plus tard déclarées saintes, soutenaient que l'autre pape était le légitime successeur de Pierre. Il faut dire qu'il y avait de quoi s'y perdre. Et quand la crise a été résolue, ils ont reconnu le pape d'alors comme pape, point.
De la même façon, il y a eu de grandes blessures et errements, mais maintenant le pape donne un élan vers l'avant, vers au-delà cette blessure, qu'il faut donc suivre.

Soit dit en passant, "Quand l'Eglise n'allait pas dans leur sens, les saints se sont tus", il me semble me souvenir d'une sainte qui a toute sa vie insisté auprès du pape pour qu'il quitte Avignon et revienne à Rome. Une bien étrange façon de se taire.
Quant à ceux qui se voyaient refuser par exemple leur proposition de règles pour un nouvel ordre, ils l'acceptaient...et reposaient leur demande. Simplement ils ne créaient pas leur ordre sans l'accord du pape. Donc ils n'auraient pas ordonné des évêques contre le pape.
Quant à continuer à demander un retour à l'ordre juste de la liturgie, je ne vois pas ce qui vous permet de dire qu'aucun d'eux ne l'aurait fait.



Certains catholiques tout à fait en communion avec le Pape, ont vécu comme une grande blessure le fait de devoir préserver "dans son coin" les beautés et valeurs d'un rite- pas tout à fait parfait certes mais mieux que n'importe quoi tout de même - tout en voulant toujours rester en communion avec le pape (ce que n'étaient pas les faiseurs de n'importe quoi, soit dit en passant). Déclarer la bouche en cœur qu'ils ont agis par orgueil, là, maintenant, confortablement installé dans une vie où la liturgie a pu retrouver sa valeur justement grâce à eux parce qu'ils nous l'ont transmis, c'est plus que léger.
Quant à "se croire mieux que les évêques", dois-je faire remarquer que, justement, à ce moment, les faiseurs de n'importe quoi étaient pour certains des évêques ; qui, donc, n'étant plus et ne se déclarant d'ailleurs plus vraiment en communion avec le pape, n'avaient pas à être suivis. Fidélité au pape AVANT les évêques.
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Re: Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par Olivier JC » lun. 23 juin 2008, 12:54

Bonjour,

Je crois utile de préciser ma pensée sur quelques points.

Premièrement, le fait de recevoir l'hostie dans la main et de la porter soi-même à la bouche revient à se communier soi-même. C'est de cela que je parlais, et ce n'est pas moi qui affirme que communier dans la main revient à se communier soi-même.

Deuxièmement, j'ai pris soin de préciser que l'orgueil était à la racine de ces comportements opposés. A l'origine, si vous préférez. Et il est bien évident que, tout comme il serait erroné de prétendre qu'un protestant contemporain est un hérétique, il serait absurde de prétendre que l'orgueil d'origine est présent également chez tous ceux qui ont suivi. Ce n'est en tout cas ma pensée. Je rappelle tout de même qu'Ecclesia Dei parle d'une attitude schismatique.

Troisièmement, le but d'Ecclesia Dei était (c'est explicite dans le motu proprio) de favoriser la pleine communion ecclésiale. Le but de Summorum Pontificium est d'offrir à toute l'Eglise le trésor que constitue la forme extraordinaire du rite romain. J'ai du mal à voir la continuité entre les deux. Si le mouvement dit traditionnaliste a sans doute contribué à cette issue, il me semble (pour connaître quelque peu la pensée du cardinal Ratzinger) que l'origine de ce motu proprio réside dans la réforme liturgique elle-même. En quelque sorte, même en l'absence de la résistance traditionnaliste, il ne me semble pas inconcevable que ce motu proprio eut vu le jour.

En espérant avoir clarifié ma pensée,

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Re: Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par AdoramusTe » lun. 23 juin 2008, 22:24

Réponse à François-Xavier
François-Xavier a écrit : La forme extraordinaire du rite romain n'a jamais été abrogée... En tant que forme extraordinaire. Si tous les gens qui ont un tant soit peu de sens liturgique fuient les paroisses conventionnelles pour aller dans les paroisses où est célébrée la forme extraordinaire, alors on aura réellement une division.
Dans ces cas là, il ne faut pas proposer la FERM. Naturellement, il faut pas s'étonner
que les personnes désabusées y trouvent refuge, pour ne jamais revenir à la FORM.
A partir du moment ou le choix existe, la concurrence existe de fait.
On pourrait imaginer -- hypothèse surréaliste -- qu'avec suffisamment de messes FERM,
les fidèles désertent totalement la FORM, qui disparaitrait. Est-ce que le MP permet cette
situation, techniquement ?
François-Xavier a écrit : Le Motu proprio était nécessaire, pour plusieurs raisons :
1 - on ne balaye pas "comme ça " 4 siècles de praxis liturgique ; cette liturgie issue du Concile de Trente mais ayant des racines antérieures, a droit de cité. Elle a des accents qui expriment d'une certaines façon les mystères de la Foi, que nous n'avons aucune raison de rejeter, et qu'il nous faut même conserver.
Ceci n'est-il pas nécessaire à cause du grand écart entre les deux missels, en lieu et place
de cette évolution organique souhaitée ?
Ne s'agit-il pas en fait de deux rites ?
François-Xavier a écrit : 2 - il y a une véritable crise liturgique. Dans les années 1970, on a fait une réforme liturgique en prenant des options qui sont parfois discutables. En tout cas, s'il y a des choses remarquables dans cette réforme, sa mise ne pratique a accentué de façon criante les éléments qui n'ont pas été assez trempés dans une pratique séculaire. La conservation à côté d'une forme ordinaire, d'une forme extraordinaire témoignant d'une pratique liturgique distincte mais appartenant au même rite, permet probablement de renouer avec l'essence du rite romain, essence que l'on a largement balancé par dessus bord ces dernières années. J'en rends grâce, donc.
- Quels sont les apports positifs de la réforme liturgique, à vos yeux ?
- La conservation côte-à-côte des deux formes ne réussira que si on limite l'expension de la
FERM tout en corrigeant la FORM, à mon sens ...

Vous parlez de l'apostolat "liturgique". Cela me semble plus dur que l'évangélisation !
Comment convaincre un curé de l'intérêt de se conformer au rite romain lorsque
l'assemblée se satisfait de la musique djeuns guitare/tam-tam bien bruyante et toutes
les fantaisies qui vont avec ?
François-Xavier a écrit : Avez vous lu "Retrouver le Mystère" de Jean Duchesne ? It's worth reading.
Thanks for the tip !
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Re: Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par AdoramusTe » lun. 23 juin 2008, 22:32

Olivier JC a écrit :
Le sens était réfléchi. Vous pouvez tourner la question dans tous les sens, à la racine de l'une et l'autre attitude, vous trouverez un immense orgueil qui estime mieux savoir que les évêques, et au premier chez celui de Rome, ce qui est bon pour l'Eglise.
Vous avez tout à fait raison, c'est ce qu'on appelle le "libre examen". Il conduit souvent à un magistère parallèle.
Olivier JC a écrit : Qui vous écoute m'écoute, qui vous rejette me rejette. C'est pourtant clair, et le fait de se parer d'une logique de préservation ne change rien à l'affaire, et y change d'autant moins que, comme le dit fort bien la sagesse populaire (du temps où elle était encore chrétienne), l'enfer est pavé de bonnes intentions.
La logique de préservation est un manque de foi en l'Eglise.
Le plus emblèmatique est le sacre des évèques par Mgr Lefebvre.
Olivier JC a écrit : Il n'y a aucun sens véritable de l'Eglise d'un côté comme de l'autre. Quand l'Eglise n'allait pas dans leur sens, les saints se sont tus, même s'il s'est avéré après coup que c'est eux qui avaient raison. Et quand elle finissait par aller dans leur sens, il ne me semble pas qu'un seul ait eu une réaction de triomphe.
Merci. c'est très bien dit.
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Re: Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par AdoramusTe » lun. 23 juin 2008, 22:44

Sapin a écrit : Ceci rend donc boiteux le parallèle que vous faites avec formes ordinaire et extraordinaire du rite Romain. Et je ne vois pas pourquoi, à partir des explications du pape qui ont été pourtant bien claires, le fait que des laïcs assistent à cette forme ou même pour les prêtres de célébrer sous la forme extraordinaire est en contradiction avec le Magistère. Si tel est le cas, pourquoi le Saint-Père l'aurait permis avec toutes les explications claires et nets dans SP. Pourquoi permettrait-il aux prêtres qui le désirent de célébrer en privé sous cette forme et de réciter les heures avec le Breviarium Romanum?
En fait, je ne vois pas pourquoi le MP mentionne autre chose que le missel de 1962.
Pourquoi cette autorisation du bréviaire de 1962 ? Il n'y a donc plus obligation de
prier l'Office Divin en union avec toute l'Eglise (Liturgia Horarum) ?
Sapin a écrit : Ceux qui veulent célébrer sous la forme extraordinaire et qui remettent en cause la validité de la messe de Paul VI ne sont absolument pas dans l'esprit de ED ni de SP, ni dans l'esprit de Benoît XVI. La création des communautés EC, qui ont la bénédiction du pape à tout point de vue, démontre bien que nous pouvons célébrer sous la forme extraordinaire et être obéissant à l'Église et à son Magistère.
Vous voulez dire qu'ils ont signé les papiers qu'il faut, reconnaissant VII et la validité de la messe
Paul VI. En réalité, ce n'est qu'une façade. Pour en avoir cotoyé certains, les opinions n'ont pas
vraiment changé. La FSSP par exemple continue a promouvoir le Bref Examen Critique, et VII
ne fait pas partie de leur vocabulaire.
Sapin a écrit : Je crois que nous ne faisons pas les mêmes lectures en Église, SP n'est absolument pas une rupture mais la continuité et la suite logique ED.
ED = Eglise de Dieu affligée. L'Eglise est-elle encore affligée ?
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Re: Liturgie et obéissance à l'Eglise

Message non lu par Olivier JC » mar. 24 juin 2008, 0:05

Sapin a écrit : Je crois que nous ne faisons pas les mêmes lectures en Église, SP n'est absolument pas une rupture mais la continuité et la suite logique ED.
Sur ce point, permettez-moi d'ajouter qu'à lire l'interview donnée il y a peu par le cardinal Hoyos, je ne pense pas que votre lecture soit tout à fait pertinente. Et je ne crois pas que le cardinal soit un obscur sous-fifre surgi des caves du Vatican, puisque je me suis en effet laissé dire qu'outre sa fonction de président de la commission Ecclesia Dei, il était suffisamment proche du pape pour être considéré sur ce point comme son porte-parole officieux (ce qu'il revendique d'ailleurs lui-même).

Affirmer que le souhait du pape est que la FERM soit proposée dans toutes les paroisses d'Angleterre (ce qui veut dire, du monde si l'on considère la limitation comme due au fait que l'interview a lieu en Angleterre), c'est reconnaître explicitement que l'objectif de SP est totalement différent de celui affiché par ED. ED entendait faire de l'oeucuménisme, là où SP est la première étape d'une réforme de la réforme.

Bref, avec SP, Benoît XVI a clairement sifflé la fin de la récré.

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MOTUS IN FINE VELOCITOR

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