Sensibilité liturgique

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Christophe
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Sensibilité liturgique

Message non lu par Christophe » mar. 07 août 2007, 10:15

Bonjour
Boris a écrit :Mais la sensibilité n'a pas sa place dans l'expression la Foi !
Ne peut-on pas considérer le motu proprio Summorum Pontificum promulgué par Benoît XVI, mais également l'indult Quattuor abhinc annos (1984) et le motu proprio Ecclesia Dei de Jean-Paul II comme des reconnaissances d'une certaine sensibilité liturgique - et donc, de fait, la reconnaissance du concept ?

Au plaisir de vous lire
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Hélène
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Re: Sensibilité liturgique

Message non lu par Hélène » mar. 07 août 2007, 16:14

Il me semble que oui. On ne peut pas évacuer la sensibilité de l'expression de notre foi et il faut reconnaître à l'autre le droit d'exprimer sa foi avec tout son être sensible. Il faut bien sûr que cette sensibilité soit orientée et maîtrisée (passée au creuset de la nuit des sens tel qu'expliquée magistralement par Saint Jean de la Croix dans La nuit obscure). Sensibilité ne veut pas dire sensiblerie.

Nous en avons des exemples évangéliques dans les personnes de Marthe et Marie, Jean et Pierre. Pour les premières, l'une a une foi davantage pro-active et pratique et l'autre a une foi contemplative et ces dimensions nous habitent tous. Il faut un équilibre des deux. Pour ce qui est de Pierre et Jean, il me semble que ce doux reproche de Jésus exprime bien que le Seigneur appelle chacun selon sa sensibilité et ses charismes lorsque Pierre s'informe avec curiosité du sort qui sera réservé à l'apôtre Jean : "que t'importe si je veux qu'il reste jusqu'à ce que je vienne ? Toi suis-moi". Il invite Pierre à ne pas s'occuper de comment le Seigneur appelle chacun de nous par son nom (en d'autres mots, à ne pas jalouser son frère...).

Les différentes communautés et charismes sont données justement en vue d'une même construction et il n'y a qu'un seul Esprit, un seul Baptême, une seule foi. Et c'est tant mieux cette diversité des charismes.

Nous sommes des êtres de désirs, notre âme est composée des ces principales facultés : intelligence, volonté, mémoire, imagination et affectivité. C'est le Seigneur qui nous les donne pour que nous nous en servions et les mettions au service de l'Amour et de l'avènement de son Règne. Jésus était un être sensible, il a pleuré, il a été ému jusqu'aux entrailles, etc. Son effectivité était bien sûr toute orientée vers son Père mais aussi de compassion envers ses frères...

Aussi, cette diversité de sensibilités s'exprime bien dans la façon dont la femme peut exprimer sa foi et son amour et celle que l'homme peut exprimer à sa façon et qui est différente. C'est ce qui fait la complémentarité : l'oreille ne peut pas dire à la main "je n'ai pas besoin de toi"...

Union de prière,
Hélène
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Re: Sensibilités liturgiques

Message non lu par jean_droit » mar. 07 août 2007, 21:09

Bonjour à tous,
Depuis toujours différentes "sensibilités" se sont manifestées dans l'Eglise.
C'est une bonne chose car elles se complètent.
Le principal est qu'elles ne s'opposent pas ou, du moins, au delà du raisonnable.
J'ai déjà remarqué que chacun a son profil de chrétien.
Certains sont plus priants, certains sont plus actifs, certains préferrent les"oeuvres" ...
Cela dépend du caractère de chacun. On dit maintenant "charisme".
Le pincipal est de partager la même foi et d'obéir à notre Pape.

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Re: Sensibilité liturgique

Message non lu par Boris » mer. 08 août 2007, 8:17

Hélène a écrit :On ne peut pas évacuer la sensibilité de l'expression de notre foi
Dommage de partir de travers dès le départ : relisez St Paul qui parle La Foi unique. Nous n'avons qu'un seul Credo (certes sous 3 formulations).

Lorsque je parle de "l'expression de la Foi" pour reprendre la citation qui ouvre ce fil, je fais un clin d'oeuil pour dire ce que St Benoît appelle "Oeuvre de Dieu" et le commun des mortels "Liturgie".

Cette formulation est reprise d'un document des Evêques en France, lettre qu'ils sont signés contre le dernier motu proprio avant sa parution.

De même que l'esprit de la citation : ces mêmes Evêques ont eux-même dit que la sensibilité n'a pas sa place dans la Liturgie. Même s'ils pratiquent l'opposé.


Hélène a écrit :il faut reconnaître à l'autre le droit d'exprimer sa foi avec tout son être sensible.
C'est une évidence, c'est enfoncé une porte ouverte, mais attention à ne pas trébucher. La Liturgie prévoit par elle-même l'usage des 5 sens. Il suffit donc de respecter la Liturgie pour que la sensibilité soit présente et nous touche.

Là où on peut trébucher, c'est lorsque l'on fait l'inverse, par manque de confiance en Dieu et en l'Eglise, on invente des signes. La responsable Liturgique va inventer un truc niais qui la touche elle, mais pas tout le monde.
Est-ce cela la Liturgie ?
Evidemment non !

Par contre, pour exprimer la Foi, il n'y a pas que la Liturgie. Alors en dehors de la Liturgie, effectivement on peut exprimer sa propre sensibilité : cela s'appelle la prière personnelle ou prière privée d'un groupe.

Hélène a écrit :Il faut bien sûr que cette sensibilité soit orientée et maîtrisée.
Vous citez St Jean de la Croix, on peut aussi citer Benoît XVI dans "Deus Caritas Est" qui montre comment le sensible doit être soumis à la raison.

Hélène a écrit :Nous sommes des êtres de désirs, notre âme est composée des ces principales facultés : intelligence, volonté, mémoire, imagination et affectivité.
C'est bien le drame de l'époque actuelle : l'affectivité est le propre de la Femme. Or depuis les années 70, la société s'est féminisée au point d'abolir le pseudo-modèle patriarcale au profit du modèle matriarcale.
Les hommes cherchent de plus en plus à être coquets et à suivre les dernières modes : ainsi ils deviennent autant consommateurs que les femmes.
Ce coté consommation était le propre de la femme (je ne juge pas, j'expose un fait) et la société ne vivant que pour et par l'argent a voulu que l'homme en fasse autant. Et elle y parvient.
C'est également le mythe de l'identité homme/femme : tout ce que l'un peut faire, l'autre doit pouvoir le faire. Qu'importe la nature.

Enfin, le pire, tout ce vaut.

Ainsi, à partir de ces idéologies Illuministes développées depuis les années 50-70, la liturgie devient l'égale de la prière privée, ce qui est important dans la Liturgie passe au second plan car cela va nettement à l'encontre de l'idée générale de consommation.
Il faut suivre des modes ... temporelles.

Or la Liturgie est intemporelle.
Si on reprend l'ordo Missae, la structure est inchangée depuis des siècles et des siècles. Les chants sont les mêmes depuis le VIIIe ou IXe siècle. Certaines prières existent depuis plus longtemps encore.

Malgré l'ancienneté de tout cela, c'est toujours là, à la même place. Et pourtant les modes sont passées sans jamais durer.

Car au fond de tout cela, la sensibilité n'a jamais été recherchée. Si les gens ont perçu quelque chose de sensible, ce n'est qu'une conséquence.

C'est diamétralement opposé à ce que l'on subit dans les églises paroissiales (tout au moins en France).
Dans ces paroisses, on va mettre une batterie pour "toucher" des jeunes (tant pis pour les moins jeunes et les franchement vieux).
On va inventer un décor qui va masquer l'Autel. Effectivement l'Autel, comme chacun sait, n'est qu'une vulgaire table qui ne représente rien (et encore moins le Christ Pierre angulaire rejetée par les bâtisseurs), et que le décor complètement dérivé de la dernière mode lancée par les éditions Bayard est bien plus important pour "toucher" telle ou telle population, excluant par là toutes les autres populations.
Hélène a écrit :Aussi, cette diversité de sensibilités s'exprime bien dans la façon dont la femme peut exprimer sa foi et son amour et celle que l'homme peut exprimer à sa façon et qui est différente. C'est ce qui fait la complémentarité : l'oreille ne peut pas dire à la main "je n'ai pas besoin de toi"...
Et voilà donc ma conclusion : la Liturgie n'est pas l'expression des sensibilités mais le lieu de l'expression de la Foi unique en Dieu.
Ainsi, suivre une sensibilité plutôt qu'une autre, c'est privilégié une communauté et exclure les autres.
Est-ce vraiment cela "faire Eglise" ? NON !
Par contre, mourir pour vivre, autrement dit s'oublier soi-même pour permettre à l'Eglise d'être mystiquement présente dans la prière Liturgique, voilà la réalité des choses.
Doctrina et Exemplo, S.S. le Pape Paul VI a écrit :Comme acte public de l'Église, le culte liturgique est nécessairement hiérarchique et, par conséquent, soumis aux prescriptions de l'Autorité compétente. Il s'en suit que la désobéissance aux prescriptions de la loi, résultant de préférences personnelles, altère la nature de l'acte qui n'est plus liturgique ; ce n'est plus le culte de l'Église, mais la prière privée d'un individu ou d'une faction.
Livres d'Heures d'Encalcat, S.E. Jules Géraud Cardinal Saliège a écrit :L'Office, prière officielle, prière communautaire qui nous rassemble tous. Ce n'est plus nous ui prions, c'est l'Eglise qui prie en nous et par nous. Sancta Mater Ecclesia. Notre Sainte Mère l'Eglise. Même isolé, l'Office est une prière communautaire, une prière unitive. Il faut aller jusque là pour en voir le sens profond et la valeur sanctifiante.
Comment puis-je laisser l'Eglise prier en moi et par moi si je préfère ma sensibilité plutôt que l'humble obéissance aux normes et le dépouillement de sensibilité ?

Enfin grâce à la sensibilité, la Liturgie a perdu tout le sens du sacré et de la dignité depuis 40 ans !
Dernière modification par Boris le jeu. 09 août 2007, 7:33, modifié 6 fois.
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Re: Sensibilité liturgique

Message non lu par Boris » mer. 08 août 2007, 8:26

Christophe a écrit : Ne peut-on pas considérer le motu proprio Summorum Pontificum promulgué par Benoît XVI, mais également l'indult Quattuor abhinc annos (1984) et le motu proprio Ecclesia Dei de Jean-Paul II comme des reconnaissances d'une certaine sensibilité liturgique - et donc, de fait, la reconnaissance du concept ?
A chaque fois, il fut question d'indult. De plus, le dernier motu proprio donne le terme de forme EXTRAORDINAIRE.
Ce qui veut bien dire que ce n'est pas ORDINAIRE.

De ces 2 points résulte qu'il n'est pas question de sensibilité :
- un indult est par définition limité dans le temps et l'espace (c'est d'ailleurs cette limitation dans l'espace qui a obligé le Saint Père à faire un contournement de cette limitation dans le dernier motu proprio)
- ce qui est extraordinaire est appelé à disparaitre en se fondant dans l'ordinaire

Alors pourquoi ce motu proprio ?
La réponse est simple et claire, le Pape la donne dans la lettre d'accompagnement :
(...)la fidélité au Missel ancien est devenue un signe distinctif extérieur ; mais les raisons de la fracture qui naissait sur ce point étaient à rechercher plus en profondeur. Beaucoup de personnes qui acceptaient clairement le caractère contraignant du Concile Vatican II, et qui étaient fidèles au Pape et aux Évêques, désiraient cependant retrouver également la forme de la sainte Liturgie qui leur était chère ; cela s’est produit avant tout parce qu’en de nombreux endroits on ne célébrait pas fidèlement selon les prescriptions du nouveau Missel ; au contraire, celui-ci finissait par être interprété comme une autorisation, voire même une obligation de créativité ; cette créativité a souvent porté à des déformations de la Liturgie à la limite du supportable. Je parle d’expérience, parce que j’ai vécu moi aussi cette période, avec toutes ses attentes et ses confusions. Et j’ai constaté combien les déformations arbitraires de la Liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l’Église.

(...)

Dans la célébration de la Messe selon le Missel de Paul VI, pourra être manifestée de façon plus forte que cela ne l’a été souvent fait jusqu’à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien. La meilleure garantie pour que le Missel de Paul VI puisse unir les communautés paroissiales et être aimé de leur part est de célébrer avec beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions; c’est ce qui rend visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique de ce Missel.
Voilà donc ce que recherche le Pape.
D'un coté l'unité, mais surtout de l'autre coté le retour aux normes et la disparition d'une sensibilité déplacée.
Ainsi, l'autorisation de l'ancienne forme, que personne ne sait célébrer sans en suivre rigoureusement les normes, doit permettre une meilleure compréhension des nouvelles normes (qui reprennent souvent les anciennes au point que seul ce qui a changé a été publié, le reste restant valable et valide).

Question : comment les Evêques vont-ils pouvoir gérer les demandes de célébration selon les anciennes normes ?
Réponse : il faut qu'ils fassent enseigner dans les séminaires les anciennes normes !

A partir du moment où les prêtres sauront à nouveau célébrer de manière digne et hiératique selon l'ancien missel, ils sauront automatiquement le faire avec le nouveau (qui est plus simple mais qui demande plus de préparation).

Il est très facile à un prêtre de l'ancienne forme, mettons en exemple de la Frat'St Pierre, de célébrer selon la nouvelle forme.
Or il est impossible à un prêtre diocésain de célébrer selon l'ancienne forme : il y a un enseignement qui a été supprimé dans les séminaires et ce à l'encontre du Concile Vatican II et des documents du Magistère (Cf. Doctrina et Exemplo qui en réalité est une instruction sur la Liturgie dans les séminaires et qui date de 1965, soit 2 ans après le Concile et le début de l'application de la restauration liturgique).
Dernière modification par Boris le jeu. 09 août 2007, 7:37, modifié 1 fois.
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Re: Sensibilité liturgique

Message non lu par Christophe » mer. 08 août 2007, 12:22

Merci Boris pour votre réponse.
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Re: Sensibilité liturgique

Message non lu par Hélène » mer. 08 août 2007, 12:27

Eh bien moi, si vous permettez, je ne vous remercie pas pour votre réponse car elle déforme mes intentions et semble insinuer un tas de trucs qui m'échappe à première lecture.

Qui a parlé de déformer la liturgie ? De ne pas en être fidèle ? D'être créatif ? Pas moi !

Je reviendrai plus tard car je n'ai pas le temps d'élaborer pour l'instant.

UdeP
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Re: Sensibilité liturgique

Message non lu par Boris » jeu. 09 août 2007, 7:24

Hélène a écrit :Eh bien moi, si vous permettez, je ne vous remercie pas pour votre réponse car elle déforme mes intentions et semble insinuer un tas de trucs qui m'échappe à première lecture.

Qui a parlé de déformer la liturgie ? De ne pas en être fidèle ? D'être créatif ? Pas moi !

Je reviendrai plus tard car je n'ai pas le temps d'élaborer pour l'instant.

UdeP
Hélène
Ma réponse n'avait pas pour but de vous accusez de quoique ce soit.
Il est vrai que j'ai utilisé votre message comme base pour prendre pied et construire ma réponse.

Mais cette réponse est générale : je parle à un endroit des paroisses en France. Pas de ce que fait Hélène dans je ne sais quelle paroisse d'ailleurs, car de ce que vous faites, je n'en sais rien.

J'ai peut-être mal compris certaines de vos phrases : en les reformulant, vous avez pu voir dans quel sens je les ai interprété. N'hésitez pas à les reprendre pour en préciser votre pensée.
UdP,
Boris

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Re: Sensibilité liturgique

Message non lu par Boris » jeu. 09 août 2007, 7:59

Il suffit donc de respecter la Liturgie pour que la sensibilité soit présente et nous touche.
Dans ces paroisses, on va mettre une batterie pour "toucher" des jeunes (tant pis pour les moins jeunes et les franchement vieux).
On va inventer un décor qui va masquer l'Autel. Effectivement l'Autel, comme chacun sait, n'est qu'une vulgaire table qui ne représente rien (et encore moins le Christ Pierre angulaire rejetée par les bâtisseurs), et que le décor complètement dérivé de la dernière mode lancée par les éditions Bayard est bien plus important pour "toucher" telle ou telle population, excluant par là toutes les autres populations.
Je voulais revenir sur ces points où il est question de "toucher" les fidèles.

J'ai discuté un jour avec un responsable d'aumônerie qui était en train de décorer/maquiller l'église paroissiale.
Je lui faisait remarquer qu'il fallait qu'il y ait une croix près de l'Autel avec un Christ dessus tourné vers le prêtre.
Il m'a répondu qu'il n'en avait que faire et qu'il cherchait à toucher les gens et qu'il ne fallait pas titiller comme je le faisais.

Je lui ai répondu que je préférais laisser Dieu lui-même toucher les personnes.

Effectivement : dans le cadre de la Liturgie, Dieu se fait présent. Ce n'est donc pas aux Hommes d'essayer de toucher en jouant sur la sensibilité les autres fidèles.
Il faut au contraire s'effacer devant les normes Liturgiques qui ont justement ce rôle de permettre à Dieu de toucher le coeur de chacun.

Encore une fois, il faut mourir à l'homme pour vivre à Dieu : laissons de coté notre sensibilité qui est purement humaine et tournons-nous intégralement vers Dieu.

Nous recevons la Liturgie : nous n'en sommes pas propriétaire.
Si vous êtes en location dans une maison ou un appartement, iriez-vous faire un ravalement de façade, démonter une cloison ou entreprendre des travaux qui vont changer l'aspect de cette maison ?
NON.

Il en va de même pour la Liturgie. Dieu nous a donné la Liturgie et par le Magistère de l'Eglise nous la recevons humblement.
Il n'y a rien à modifier sous peine de déformer et d'empêcher Dieu d'agir.

Exemple : lors du baptême de mon premier enfant, j'ai remplacé les invocations des saints par une litanie. J'ai même pris la plus longue litanie que j'ai pu trouver dans le Graduel Romain (livre liturgique officiel des chants de la messe).
Résultat : la célébration a été alourdie et déséquilibré par cela.
En réalité, en préparant le baptême du mon second enfant, j'ai regardé de plus près : le baptême ne prévoit pas de litanie des saints à cet endroit mais au contraire parle explicitement d'invocation en donnant une dizaine de lignes maximum.

Une Litanie possède une construction propre : il ne s'agit pas de dire "sancte Untel - ora pro nobis".
Il y a 5 parties.

Une invocation des saints elle se contente du "sancte Untel - ora pro nobis" répéter pour quelques saints et pas plus.

Voilà : j'avais voulu faire passer ma sensibilité (j'aime bien les grandes litanies) mais j'avais déformé la Liturgie. Et en fait de toucher les gens, tous ont trouvé qu'il y avait eu une longueur incompréhensible.

Alors qu'au contraire, pour notre mariage, nous nous en étions tenu strictement au rituel. 2 heures de cérémonies mais personne n'a vu le temps passé. En effet le rituel possède son rythme propre qui n'a pas besoin d'être modifié et qui permet à chacun de recevoir les grâces de Dieu sans s'ennuyer.
Pour le coup, tout le monde nous a félicité. Mais ce n'était pas nous. C'est Dieu et les hommes dont Il s'est servi pour modeler cette forme Liturgique.

Pour le coup, Dieu avait pu toucher chacune des personnes présentes.
UdP,
Boris

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