L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

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VexillumRegis
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L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par VexillumRegis » mer. 06 août 2008, 22:45

L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal.

Cet article me semble très intéressant, car modéré et bien argumenté. Il permet heureusement de dépasser quelques a priori assez négatifs sur la liturgie pratiquée par le Chemin.
***

Image

Figure de l'agencement liturgique dans le Chemin néocatéchuménal

***
La position centrale de l’autel, au milieu de la nef, peut nous paraître choquante, car peu ordinaire. Il faut cependant souligner que telle était l’agencement de l’espace liturgique dans les basiliques romaines constantiniennes (ainsi à Saint-Pierre avant saint Grégoire le Grand) et en Afrique (comme en témoigne ici la célèbre mosaïque de Thabarca) (*). Il ne s’agit donc en aucun cas d’une aberration liturgique. Malgré cela, l’auteur interprète d’une manière uniquement topographique la question de la centralité de l’autel, ce qui paraît excessif. Cette centralité dépend aussi de la facture artistique de l’autel et de sa mise en valeur décorative. Une bel autel gothique ou baroque surmonté de son retable, même s’il se trouve au fond de l’abside, à quelque distance des fidèles, reste cependant le centre indubitable de l’église et de son culte liturgique. De ce point de vue, la centralité de l’autel dans la liturgie néocatéchuménale n’est pas parfaite. C’est ce que démontre par exemple la place singulière, et pour tout dire déplacée (au sens propre), de la croix, laquelle, au lieu d’être sur l’autel ou à sa proximité immédiate, comme le demande l’esprit de la liturgie et les prescriptions du Missel romain, est accolée à l’ambon (sic).

(*) Cf. K. Gamber, Tournés vers le Seigneur !, pp. 38-42 - U. M. Lang, Se tourner vers le Seigneur, pp. 71-72 - L. Bouyer, Architecture et liturgie, figure 3 p. 42.

In Christo,

- VR -

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Olivier JC
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Re: L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par Olivier JC » jeu. 07 août 2008, 13:36

Bonjour,

Sur la croix près de l'ambon : il me semble que c'est un travers assez fréquent, à savoir celui de faire primer la Liturgie de la Parole sur la Liturgie eucharistique.

J'ai ainsi pu constater dans ma paroisse (une cathédrale, quand même...) que, lorsque nous ne faisons pas la totale avec l'encensoir (ce qui est habituel), il n'y a encensement que de l'autel au début de la messe, et de l'Evangile.

Alors, qu'en soi, il serait bien plus logique de faire sauter l'encensement de l'Evangile au profit de celui prévu à l'offertoire et, là où c'est de coutume, à l'élévation.

Egalement, je constate que, lors de la liturgie eucharistique, le diacre encense le prêtre, et puis rend son tablier. Les autres prêtres, le peuple, le Corps et le Sang du Christ à l'élévation sont encensés par le thuriféraire. D'une part, le CE prévoit que ces actions relèvent du diacre, mais au surplus, c'est assez illogique : le principe de l'encensement à l'offertoire, c'est d'encenser 1) les dons qui vont être transsubstantiés, et 2) l'assemblée présente.

Il est logique que ce soit le prêtre qui encense dons et autel, en raison de leur éminente dignité. Mais si le diacre encense le prêtre, on voit mal pourquoi il n'encenserait pas tout le monde...

Pareillement, mais cela fut gardé chez nous, il me semble tout à fait judicieux de conserver la manière "hiérarchique" d'encenser : trois fois trois coups pour le Corps et le Sang lors de l'élévation, trois fois deux coups pour les prêtre, et trois fois un coup pour le peuple. Même si l'IGMR, elle, prévoit un encensement indifférencié.


Mais, bref, je m'écarte du sujet... Tout ceci pour dire que le fait de placer la croix à côté de l'ambon n'est sans doute pas un hasard, mais obéit à certaines considérations. Il me semble difficile de croire, en effet, que l'emplacement de la croix fut tiré à la courte paille...

Ceci étant, si le prêtre célébre dans cet espace liturgique tourné vers l'icône (que l'on aime imaginer de taille conséquente), il y a là une belle symbolique. Encore que la disposition des bancs ne me semble pas forcément permettre l'orientation des fidèles vers cette même icône. C'est bien le souci, à mon avis, de cette disposition : spontanément, les fidèles vont regarder le célébrant. En d'autres termes, tous les regards convergent vers le centre où va se dérouler le sacrifice. En soi, c'est très bien. Mais est ainsi perdue la symbolique eschatologique. Dommage.

Enfin, en dernier lieu, il me semble qu'il est préférable d'éviter d'invoquer ce qui fut fait à une époque pour justifier l'actuel. Non pas que ce soit par principe hors de propos, mais la mentalité de l'époque n'est pas notre mentalité. La question n'est donc pas tant de savoir si cela a déjà été fait par le passé, mais bien plutôt pourquoi cela est fait aujourd'hui. Pour un même problème, la réponse pourra conduire à rejeter l'adaptation ou à la conserver suivant le pays, suivant la communauté, etc.

+
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Re: L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par Théophane » jeu. 07 août 2008, 14:00

Quand on regarde le croquis, on s'aperçoit que la croix est proche de l'ambon, mais qu'elle n'est pas pour autant éloignée de l'autel. Je pense que pour des questions pratiques, il est plus commode de procéder ainsi. Selon moi, mais ce n'est qu'une préférence personnelle, l'idéal liturgique est d'avoir un crucifix posé sur l'autel. On comprend que cela est difficilement possible avec la disposition propre au Chemin néo-catéchuménal :

Image

Selon certains théologiens, la présence du Christ serait autant effective dans l'Hostie que dans la proclamation de l'Évangile. Mais cela reste une question à débattre.

Pour finir, des catéchistes du Néo-catéchuménat m'avaient expliqué que l'agencement de l'autel, des fidèles et du prêtre, représentait un sein maternel qui fait penser à l'enfantement. Il faut reconnaître que c'est une idée plutôt originale.
« Être contemplatifs au milieu du monde, en quoi cela consiste-t-il, pour nous ? La réponse tient en quelques mots : c’est voir Dieu en toute chose, avec la lumière de la foi, sous l’élan de l’amour, et avec la ferme espérance de le contempler face à face au Ciel. »
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Re: L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par wanderer » jeu. 07 août 2008, 16:01

Théophane a écrit : Selon certains théologiens, la présence du Christ serait autant effective dans l'Hostie que dans la proclamation de l'Évangile. Mais cela reste une question à débattre.
1088 " Pour l’accomplissement d’une si grande œuvre " – la dispensation ou communication de son œuvre de salut, – " le Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques. Il est là présent dans le Sacrifice de la Messe, et dans la personne du ministre, ‘le même offrant maintenant par le ministère des prêtres qui s’offrit alors Lui-même sur la Croix’ et, au plus haut point, sous les espèces eucharistiques. Il est là présent par sa vertu dans les sacrements, au point que lorsque quelqu’un baptise, c’est le Christ Lui-même qui baptise. Il est là présent dans sa parole, car c’est Lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures. Enfin il est là présent lorsque l’Église prie et chante les psaumes, Lui qui a promis : ‘Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux’ (Mt 18, 20) " (SC 7).

CEC
Non, c'est une question tranchée.

Wanderer

:fleur:

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Re: L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par Boris » mer. 13 août 2008, 16:08

Théophane a écrit :cela est difficilement possible avec la disposition propre au Chemin néo-catéchuménal
Tout est dit !

Pourquoi n'utilisent-ils pas la disposition Romaine ou Ecclésiale ?
Par désobéissance !
UdP,
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Re: L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par Théophane » mer. 13 août 2008, 22:12

Je ne connais pas assez bien la doctrine liturgique Chemin mais à mon avis cela fait partie de leurs moyens de formation chrétienne dont l'utilité a été confirmée par quarante années de pratique. A mon avis, on pourrait même parler d'un rite néo-catéchuménal, tout comme on connaît le rite romain ou le rite ambrosien.
« Être contemplatifs au milieu du monde, en quoi cela consiste-t-il, pour nous ? La réponse tient en quelques mots : c’est voir Dieu en toute chose, avec la lumière de la foi, sous l’élan de l’amour, et avec la ferme espérance de le contempler face à face au Ciel. »
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Re: L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par Olivier JC » jeu. 14 août 2008, 17:28

Bonsoir,

Le sens ecclésial du fondateur du Chemin néo-catéchuménal m'est apparu, disons, assez discret.

Il ne suffit pas de faire du chiffre pour avoir droit de cité.

+
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Re: L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par steph » dim. 17 août 2008, 19:04

Il ne me semble pas du tout impossible de mettre la croix devant (ou sur) ce type d'autel... de même pour les cierges...

Ensuite, sachant que si le TSt Sacrement a le plus haut degré de présence réelle, l'évangéliaire, la croix et l'autel y participent, il faut donc les encenser, même avec encensement réduit...
Ne pas encenser les oblats est moins grâve que ne pas ensencer l'Evangéliaire qui serait moins grâve que ne pas ensencer aux élévations.
L'encensement des oblats étant de l'ordre de la préparation, celui des Autel, Croix, Evangéliaire, Saints Corps et Sang de NSJC, de l'ordre de la vénération.

Mais c'est vrai que beaucoup de catholiqes se protestantisent... Je me souviens d'un fil du forum orthodoxe qui considérait cela (pour être tout à fait honnête, je dois préciser que je crois qu'il y était question de ce phénomène pour le XVIe, donc le siècle de la naissance du protestantisme) comme une évolution logique de ce qu'est l'Eglise occidentale depuis le schisme. Et si Trente avait endigué le problème d'une manière plus ou moins efficace (catho=catho, prot= prot), le voici à nouveau, sous une autre forme (catho=?prot).
Stat Crux dum volvitur orbis!
Dic animae meae: “ Salus tua ego sum ” Ps XXXIV 3

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Re: L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par VexillumRegis » lun. 18 août 2008, 14:09

Réponse de l'auteur sur son blog :

J’ai lu avec intérêt votre commentaire qui appelle deux remarques.

1. La liturgie eucharistique telle que la veut l’église et telle que l’applique le néocatéchuménat - l’autel au centre - nécessite une nouvelle architecture. Les églises gothiques et romanes ont été construites à partir d’une liturgie donnée et donc conviennent mieux à un certain type de liturgie plus individualisée. Le néocatéchuménat construit lorsqu’il le peut de nouvelles chapelles et de nouvelles églises pour rendre cohérent l’architecture et la liturgie plus collective (l’assemblée forme davantage un corps). De ce point vue, le néocatéchuménat permet de résoudre le problème soulevé par Louis Bouyer (cf. citation dans le billet). Il n’est bien évidemment pas question de faire table rase du passé et de détruire les églises ou de supprimer les autres liturgies, y compris traditionalistes. Il y a différentes façons d’exprimer la même foi et de célébrer le même mystère. Le néocatéchuménat veut offrir une manière supplémentaire d’agencer l’assemblée en conformité avec les règles liturgiques de l’église.

2. Je ne comprends pas votre réflexion sur la croix qui n’est pas sur l’autel. Car la Présentation générale du Missel Romain - qui est la seule référence en matière de liturgie - n’oblige pas à mettre une croix sur l’autel (relisez mon article pour la référence précise). La croix est à proximité de l’autel et est, vous le remarquez, bien visible au moment de la liturgie eucharistique. Cette disposition est conforme aux règles de l’église catholique romaine et c’est tout ce qui compte.
Le néocatéchuménat a le soucis d’appliquer le Concile Vatican II dans la vie de la paroisse. Il s’appuie sur les directives de la Congrégation chargée de la Liturgie pour proposer une manière de célébrer plus cohérente. On peut ne pas être d’accord, mais il faut au moins reconnaître que, du point de vue de la disposition liturgique, le néocatéchuménat respecte les règles de l’Église
.


_________________

En ce qui concerne votre premier point, je suis globalement en accord avec vous, même s’il faudrait à mon avis nuancer votre propos sur l’architecture des églises romanes et gothiques, sensée refléter une conception de la liturgie plus “individualisée”. Cela ne me semble que partiellement vrai.

Je suis par contre fermement en désaccord avec votre second point. Comme l’indique le § 308 de la Présentation générale du Missel romain 2002 - que vous citez -, la croix doit être “sur l’autel ou à proximité, bien visible pour le peuple assemblé”.

Je maintiens que la place de la croix à l’ambon n’est pas compatible avec les dispositions de ce § 308 de la PGMR, laquelle associe clairement la croix et l’autel. La croix doit être soit sur l’autel, ce qui se fait à Rome (ici), soit suspendue au-dessus de l’autel, comme ici. Cette proximité immédiate de la croix avec l’autel illustre la doctrine catholique du Saint-Sacrifice de la Messe telle qu’elle a été énoncée au concile de Trente, à savoir l’identité substantielle du Sacrifice de l’autel avec le Sacrifice du Calvaire, la différence n’étant que dans la manière d’offrir cet unique sacrifice : sanglant sur la croix, non sanglant sur l’autel. Ceci étant dit et assimilé, il n’en ressort que mieux l’incongruité qu’il y a à placer la croix à l’ambon, et ce malgré votre tentative d’explication, qui ne me semble pas convaincante (*). Même si la croix n’est pas très éloignée de l’autel, il n’en reste pas moins vrai que son association étroite à l’ambon déforme le sens obvie que lui accorde la liturgie romaine.

(*) "Dans le néocatéchuménat, cette croix est placée à côté de l’ambon, derrière l’autel. Sa grande taille permet d’être toujours bien vue par tous. La liturgie de la Parole est ainsi mise en valeur, rappelant que c’est du Christ mort et ressuscité qui est présent dans les lectures."

Par ailleurs, dans l’esprit de Benoît XVI, la croix disposée sur l’autel pallie en quelque sorte à la déficience eschatologique créée par le retournement des autels (cf. les propos de Mgr Marini recueillis dans l’Osservatore romano du 26 juin 2008 ici) : “La position du prêtre tourné vers le peuple a fait de l’assemblée une communauté refermée sur elle-même. Celle-ci n’est plus ouverte ni vers le monde à venir, ni vers le Ciel.” (Cardinal Ratzinger, L’esprit de la liturgie, p. 68). La croix est une iconostase, une échelle qui nous oriente, nous relie à la liturgie céleste. Car le sacrifice célébré sur l’autel non seulement actualise le sacrifice de la croix, mais il nous rend aussi participant de l’éternelle liturgie célébrée dans le sanctuaire céleste telle qu’elle nous est dévoilée dans l’Apocalypse. La croix est aussi un signe eschatologique (**), l’étendard glorieux de Celui dont nous attendons le retour (le Crucifié de la seconde photo exprime bien cela, lui qui, bien que crucifié, est déjà transfiguré et couronné). De ce point de vue, c’est l’icône du Christ ressuscité qui, dans la disposition architecturale du Chemin, exprime l’essence eschatologique de la Divine Liturgie. Il y aurait du sens à ce que le prêtre célèbre le sacrifice tourné avec les fidèles vers cette icône, de telle sorte qu’à l’élévation il puisse avoir cette icône glorieuse en point de mire.

(**) "L'orientation vers l'est, nous l'avons vu, fut mise en rapport avec le 'signe du fils de l'Homme', la Croix, qui annonce la seconde venue du Seigneur. L'est fut ainsi relié très tôt avec le signe de la Croix. Là où l'orientation commune vers l'est n'est pas possible, la Croix pourrait servir d' 'est intérieur'. Elle devrait se trouver au milieu de l'autel et représenter le point focal commun pour le prêtre et les fidèles en prière. (...) Je compte parmi les manifestations les plus absurdes des dernières décennies d'avoir mis la croix de côté pour libérer la vue du prêtre." (Cardinal Ratzinger, L'esprit de la liturgie, pp. 70-71).

D’une manière plus générale, je crois que la liturgie du Chemin souffre d’une excessive mise en valeur du banquet eucharistique au détriment du sacrifice, ainsi par exemple que le démontre la manière de distribuer la communion (les fidèles restent à leur place, c’est le prêtre qui se déplace, dans une sorte de mime de ce qui s'est hypothétiquement passé à la dernière Cène). La place de la croix à l’ambon participe de cette distorsion. De ce fait, le Chemin devrait plutôt se sentir concerné par cette critique du Cardinal Ratzinger : “La célébration versus populum paraît être aujourd'hui la conséquence du renouveau liturgique voulu par le concile Vatican II. En fait l'orientation versus populum est l'effet le plus visible d'une transformation qui ne touche pas seulement l'aménagement extérieur de l'espace liturgique, mais implique une conception nouvelle de l'essence de la liturgie : la célébration d'un repas en commun. Cette notion résulte non seulement d'une fausse interprétation du sens de la basilique romaine et de la disposition de son autel, mais aussi d'une compréhension pour le moins approximative de ce que fut la Sainte Cène.” (L’esprit de la liturgie, pp. 65-66).

Cordialement en Jésus +,

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apologie
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Re: L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par apologie » jeu. 21 août 2008, 3:09

RÉPONSES A VEXILLUM REGIS ET PRO LITURGIA
L'auteur de l'article "L'espace liturgique dans le néocatéchuménat" répond deux derniers billets de ce forum.

1. SUR L'EMPLACEMENT DE LA CROIX
La Présentation Générale du Missel Romain indique que la croix doit être “sur l’autel ou à proximité, bien visible pour le peuple assemblé” sans autre précision. Le désaccord entre Vexillum Régis et moi porte sur ce “à proximité” qui est vague. Il interprète cette expression d’une manière restrictive : la croix doit être sur ou au dessus de l’autel. Mais “à proximité” peut aussi s’interpréter comme devant, derrière ou à côté. Pourquoi une croix suspendue serait plus appropriée qu’une croix du néocatéchuménat ? La distance qui sépare l’autel de cette croix suspendue est-elle plus courte que celle qui sépare l’ambon de l’autel ? La PGMR n’a pas donné d’indications plus précises, on doit donc accepter toutes les possibilités du moment que la croix est “bien visible pour le peuple assemblé”, comme c’est le cas dans le néocatéchuménat. Même si cette façon de faire n’a pas la faveur de certains, il faut reconnaître qu’elle n’est pas sans fondement et, surtout, pas contradictoire avec les règles du Missel Romain.

2. SUR LA PLACE DE L'AUTEL
Les textes de l'Église indiquent que l’autel doit occuper une place centrale dans l’Église. Le débat porte sur l'interprétation de cette notion de centre : Vexillum Régis et Pro Liturgia opposent le “centre de convergence” et le “centre géométrique”, le centre "spirituel" et le centre "géographique" de l'église. Cette opposition renvoie à la question de la place concrète de l'autel dans chaque église. Dans les églises conçues sur le modèle classique du chœur et de la nef, il est clair que l'autel ne peut pas être au centre géographique de l'église : l'architecture ne l'a pas prévu ainsi, sa place est dans le chœur. L'autel reste le centre de l'activité liturgique. Dans les églises neuves, par contre, on peut imaginer de placer véritablement l’autel au centre à la fois de l’église, de l’attention, de l’activité liturgique. L’importance de l’autel - sa centralité - dans la célébration de l’eucharistie est d’autant mieux soulignée que l’autel est effectivement au centre du point de vue architectural.

3. SUR LA HIÉRARCHIE DU PEUPLE DE DIEU
La hiérarchie des membres du Corps du Christ est bien entendu exprimé par la place que chacun occupe.
Les clercs sont situés à une extrémité de l’église alors que les laïcs sont situés des autres côtés. La place des clercs est clairement distingués : ils se trouvent devant une grande icône, derrière l’ambon et l’autel. Leurs sièges sont mis en valeur par rapport aux chaises ou aux bancs des laïcs. Ils sont surélevés par rapport à l’assemblée pour être visibles même lorsqu’un lecteur proclame la Parole de Dieu. De plus, seuls les clercs se présentent devant l’autel. Les laïcs sont tenus plus éloignés de la Table eucharistique. Il n’y a pas de confusion possible.
Les chanteurs et musiciens se trouvent du côté droit des clercs, près de l’ambon et de l’autel. Ils sont dans l’assemblée mais sont bien distinct des autres laïcs par la place qu’ils occupent. Ils forment un corps dans le Corps. Les fidèles ne se tiennent pas indistinctement autour de l’autel : Pro Liturgia ne semble pas avoir vu le schéma de répartition de mon billet et les deux photos que l’on peut agrandir et qui montrent bien que l’assemblée est ordonnée et hiérarchisée.
Pro Liturgia relève que ma citation sur la place du prêtre est introuvable dans la Présentation Générale du Missel Romain. C’est que j’ai repris la traduction du site “Cérémoniaire : les rites liturgiques” et non celle du Vatican, ce que j’indiquais en renvoyant par lien au site. La traduction n’est pas exactement la même et celle du Vatican est bien entendu celle à prendre en référence. Je reconnais mon erreur et je vais rectifier le billet ! Mais, la traduction officielle n’interdit pas que les clercs soient placés à l’extrémité de l’église, elle précise seulement qu’ils doivent être "tournés vers les fidèles" et "situés dans l’axe du sanctuaire". Pro Liturgia relève une erreur de traduction qui risque d'induire en erreur (la phrase laisse penser que c'est une pratique à généraliser), mais cela ne prouve pas que cette pratique soit interdite, surtout quand il n'y a pas de maître-autel avec tabernacle (situé dans le néocatéchuménat dans une chapelle à côté) que le prêtre risque de cacher.

4. SUR LES CITATIONS DU CARDINAL RATZINGER
Le cardinal Ratzinger était particulièrement intéressé par les débats liturgiques même si ce n'était pas son domaine de spécialité en théologie. Il discutait volontiers avec d’éminents liturgistes et n'hésitait pas à entrer en débat avec eux - comme ce fut le cas dans la revue La Maison-Dieu avec le dominicain Pierre-Marie Gy. Il prenait la liberté de donner son point de vue personnel sans abuser de son titre (cardinal) ou de sa position hiérarchique (préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi). Devenu pape, il a gardé cette liberté de paroles en publiant “Jésus de Nazareth” à titre privé et non comme pape, en son nom propre plus qu'en celui de l'Église. Il admettait qu'on pouvait être en désaccord sur certains points sans être dans la désobéissance ou l’erreur. En tant que cardinal, il a donc pu écrire des choses qui reflétaient davantage son opinion, son point de vue, subjectif et documenté. Il faut donc distinguer absolument les écrits produits par le cardinal Ratzinger en tant que théologien et en tant que préfet, en tant qu'intellectuel et en tant qu'autorité de l'Église. Il faut encore plus distinguer les écrits personnels du cardinal des discours et prises de position en tant que pape. Il ne faut pas utiliser les écrits du cardinal Ratzinger en leur donnant un poids équivalent à ceux qu'il peut écrire en tant que pape.
On peut penser que le pape n’est pas friand des eucharisties du néocatéchuménat et qu’il préfère, à titre personnel, une liturgie plus traditionnelle avec chant grégorien. Mais, comme pape c’est-à-dire en tant que Vicaire du Christ, il a permis au néocatéchuménat quelques exceptions par rapport aux règles du Missel. C’est un pape d’orientation liturgique traditionnelle qui permet au Chemin NC de recevoir la communion sous les deux espèces tout en restant sur place. Bien entendu, il a corrigé certaines manières de faire et le néocatéchuménat a obéi.
Dans ses ouvrages ou dans ses articles, le cardinal Ratzinger n’a jamais fait explicitement référence à la liturgie telle qu’elle est vécue dans le néocatéchuménat. Ses critiques sur certaines manières de célébrer “face au peuple” concernent d’abord la grande majorité des paroisses habituelles (ou sans étiquettes en quelque sorte). Quand il dit que déplacer la croix pour “libérer la vue du prêtre” est une aberration il dénonce une pratique qui ne peut avoir lieu que dans les églises où le chœur est surélevé par rapport à la nef et où le prêtre derrière l’autel peut être gêné par la Croix qui l’empêche de voir l’assemblée. Sa remarque ne concerne pas le néocatéchuménat pour qui ce problème ne se pose pas.
User des paroles du cardinal Ratzinger - et non du pape lui-même qui parle au nom de l’Église - pour contredire le néocatéchuménat est injuste car vous lui faites dire quelque chose qu’il ne dit pas. Ne mettez surtout pas les actes publics du pape - qui béni le néocatéchuménat - en contradiction avec ses discours personnels.

5. SUR L'ASPECT COMMUNAUTAIRE DE LA MESSE
Pour le néocatéchuménat, l’eucharistie est bien à la fois un MÉMORIAL du SACRIFICE unique du Christ sur la Croix et du REPAS de la Cène. On ne peut séparer l’un de l’autre et il est vain de vouloir les opposer.
Vexillum Régis dénigre les messes du chemin néocatéchuménal en écrivant qu’elles cherchent à singer les pratiques du Christ (sic)… mais ira-t-il jusqu'à écrire que la célébration du lavement des pieds le Jeudi-Saint est un mime de la cène ? Un mémorial n'est-il que cela ?
Je ne comprends pas bien en quoi l’architecture des églises selon le néocatéchuménat risque d’enfermer sur soi ? La célébration selon le rite tridentin ne risque-t-elle pas non plus d’enfermer sur soi ? L’usage intégral du latin ne risque-t-il pas de sélectionner les croyants selon une certaine catégorie socioprofessionnelle et certaines valeurs politiques ? On peut généraliser à toutes les célébrations... Le cardinal Ratzinger avait raison d’avertir toutes les communautés (paroissiale, monacale, mouvement… ) du risque de “transformer l’assemblée en un cercle fermée”. Il avait raison, ce n’est pas la communauté qui rassemble mais la communauté est rassemblée par Dieu pour le célébrer. Mais je ne vois pas en quoi cela ne concerne que le néocatéchuménat.
Puisque ces auteurs aiment les citations, je vais à mon tour en donner.
Louis Bouyer, dans La vie de la liturgie, parue aux édition du Cerf, écrivait que : « La communion ( … ) ne doit pas être comprise dans son usage moderne, c’est-à-dire comme la réception d’un sacrement par un croyant individuel. Il faut plutôt le comprendre, ainsi que le mot koinômia a toujours été employé par les Pères, comme signifiant la “communion avec” d’autres dans une participation commune aux mêmes dons. ( … ) L’eucharistie est un repas, un repas de communauté dans lequel tous les participants sont rassemblés pour participer en commun à des biens communs. Ces biens communs commencent par être le pain et le vin d’un véritable repas humain, quelle que soit leur signification plus profonde. » La communauté dont il est question n'est pas n'importe quelle communauté, c'est le peuple de Dieu, le Corps du Christ. C'est pourquoi, le pape Jean-Paul II disait : « On ne doit pas laisser l’anonymat des villes envahir nos communautés eucharistiques. De nouvelles méthodes et de nouvelles structures doivent être trouvées pour construire des ponts entre les personnes, de sorte que se réalise réellement cette expérience d’accueil mutuel et de proximité que la fraternité chrétienne requiert. Il se pourrait bien que cette expérience et que la catéchèse qui doit l’accompagner soient mieux accomplies dans des communautés plus réduites. » (« Discours aux évêques de l’Ontario en visite ad Limina » (n.5), La documentation catholique, 20 juin 1999, n° 2206, p.557)

Sur la dignité de la liturgie du néocatéchuménat voir :[youtube]http://fr.youtube.com/watch?v=kqdjMfHEcqE[/youtube] et [youtube]http://fr.youtube.com/watch?v=FOYWWI1n0UA[/youtube]

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Re: L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par Olivier JC » jeu. 21 août 2008, 18:45

Bonsoir,

Effectivement, si toutes les célébrations revêtent la même dignité et si l'on y retrouve la même ferveur qu'il est possible de deviner sur ces vidéos...

Je me permets d'apporter mon grain de sel.

Premièrement, sur la Croix. J'avoue que sur ce point, j'ai tendance à être d'accord avec VexillumRegis. Certes, si l'on s'en tient à la PGMR, pourvu que la Croix soit dans le sanctuaire, cela semble pouvoir faire l'affaire.
Mais d'une part, il faut tenir compte de la pratique léguée du rite romain, ce que précise cette même PGMR. Et la pratique léguée du rite romain, c'est la Croix sur l'autel.
D'autre part, il faut voir le fondement de la prescription liturgique : en quelque sorte, la Croix doit être à proximité de l'autel (l'idéal étant sur l'autel) parce que c'est sur cet autel que va être sacramentellement renouvelé le S. Sacrifice de la Croix. La dignité de l'ambon est éminente, mais ce n'est pas en ce lieu que se déroulera le sacrifice.

Cela dit... Si la formation des néocatéchumènes est suffisamment solide pour pouvoir se passer de ce signe sans risque d'appauvrissement... Pourquoi pas.

J'avoue que ce qui me dérange le plus dans la manière du Néocatéchuménat, c'est le fait de célébrer l'Eucharistie en petit groupes, en fonction de l'avancement (le terme n'est sans doute pas approprié). Autant je comprends parfaitement la nécessité de se retrouver en petits groupes, autant cela me gène que cette logique se rencontre aussi en liturgie.

Mais avec la correction apportée aux statuts par le Saint Siège, il ne devrait plus y avoir de difficulté de ce côté-là.

De façon plus large, c'est souvent l'impression que j'ai avec tous ces nouveaux mouvements (qu'ils soient charismatiques ou pas, d'ailleurs) : c'est qu'il s'agit d'une sorte de "port". Je ne sais comment dire... Il y a toujours quelque chose de plus ou moins "fermé". Sans doute à cause du péché, naturellement, et non pas en soi. Mais j'ai souvent senti cette logique du "entre-nous". Logique qui me semble bien moins perceptible chez les dominicains ou les bénédictins, par exemple, que chez la Com. Béatitudes, ou Chemin Neuf, ou Emmanuel, ou, à l'autre "bout", Opus Dei ou Légion du Christ.

Mais bon... C'est personnel. Je préfère la logique paroissiale, même si c'est celle qui est en première ligne et qui trinque en premier.

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VexillumRegis
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Re: L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par VexillumRegis » ven. 22 août 2008, 10:13





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Boris
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Re: L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par Boris » ven. 22 août 2008, 10:55

Il semble évident dans ce que nous lisons ici que le chemin refuse la liturgie romaine et cherche à en inventer une nouvelle.

Associer les expressions "centre de convergence” et “centre géométrique” montre la pauvreté spirituelle de la conception liturgique.
C'est en même temps une profonde négation de la Tradition de l'Eglise et même de l'orignie des mots !

Autel, vient du mot latin altare qui signifie "lieu élevé".
Dans la vidéo fournie par VR, on voit bien que le chemin pratique exactement l'inverse : l'Autel est le point le plus bas !

La Tradition Catholique Romaine cherche toujours à figurer la hiérarchie des personnes :
- les laïcs en bas
- le Christ en haut
- entre les deux les serviteurs qui via le latin nous donne le mot ministre, dont les ministres ordonnés.
Cette disposition fait directement référence à l'écriture : combien de fois est-il fait mention des genoux qui fléchissent au nom du Seigneur, combien plus doivent-ils fléchir en présence du Seigneur !

Et bien non, d'après le chemin : c'est le Seigneur qui est plus bas que tous, autrement dit qui s'humilie devant les pécheurs !

Voilà la Foi exprimée par une telle disposition.
UdP,
Boris

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Re: L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par Théophane » ven. 22 août 2008, 15:16

Boris a écrit : Et bien non, d'après le chemin : c'est le Seigneur qui est plus bas que tous, autrement dit qui s'humilie devant les pécheurs !
Cela correspond assez, il me semble, à la spiritualité du Chemin néo-catéchuménal, qui place la Passion et l'abaissement du Christ, au centre de tout.
« Être contemplatifs au milieu du monde, en quoi cela consiste-t-il, pour nous ? La réponse tient en quelques mots : c’est voir Dieu en toute chose, avec la lumière de la foi, sous l’élan de l’amour, et avec la ferme espérance de le contempler face à face au Ciel. »
Bienheureux Álvaro del Portillo (1914-1994)

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Re: L’espace liturgique dans le chemin néocatéchuménal

Message non lu par Hélène » ven. 22 août 2008, 15:33

Sans justifier quoi que ce soit concernant le Chemin (je n'ai pas suivi le débat et je ne connais pas le dossier concernant leur liturgie), je trouve assez étonnant de lire ceci :
Boris a écrit :Et bien non, d'après le chemin : c'est le Seigneur qui est plus bas que tous, autrement dit qui s'humilie devant les pécheurs !
Ne s'est-Il pas abaissé au plus bas (voir le lavement des pieds... travail de l'esclave) et jusque dans notre mort pour nous relever ? :incertain:

"Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même, prenant la condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix ! Aussi Dieu l'a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s'agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu'il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père". (Ph 2, 6-11)

L'humilité déconcertante de Dieu se lit dans le visage du Christ...

Ne soyons pas comme Pierre : "toi Seigneur me laver les pieds ? Jamais !"

C'est toujours Lui qui s'est abaissé le premier et c'est Lui qui nous relève jusque dans les hauteurs.

Nous nous agenouillons parce que nous avons reconnu son abaissement et son Amour fou pour les pauvres pécheurs que nous sommes. Autrement nous risquons de nous prosterner par crainte servile plutôt que pour répondre amour pour Amour.

En terme théologique, on l'appelle la kénose.

« Qu'est-ce donc que l'homme, Seigneur, pour en faire si grand cas, pour fixer sur lui ton attention ? » (Jb 7,17) Je voudrais bien savoir pourquoi Dieu a voulu venir lui-même à nous et pourquoi ce n'est pas plutôt nous qui sommes allés à lui. Car c'est notre intérêt qui est en cause. Ce n'est pas l'habitude des riches d'aller chez les pauvres, même quand ils ont l'intention de leur faire du bien. C'était à nous qu'il convenait d'aller vers Jésus. Mais un double obstacle nous en empêchait : nos yeux étaient aveugles et lui habite une lumière inaccessible ; nous gisions paralysés sur notre grabat, incapables d'atteindre la grandeur de Dieu. C'est pourquoi notre très bon Sauveur et le médecin de nos âmes est descendu de sa hauteur et a tempéré pour nos yeux malades l'éclat de sa gloire. Il s'est revêtu comme d'une lanterne, je veux dire de ce corps lumineux et pur de toute souillure qu'il a assumé. (Saint Bernard de Clairvaux, moine cistercien et docteur de l'Église, Sermon 1 pour l'Avent, 7-8)

Hélène
"Le Père n'a dit qu'une seule Parole, c'est son Fils et, dans un éternel silence, il la prononce toujours". (Saint Jean de la Croix)

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