"Au final, ce n'est pas l'équipe liturgique qui est "maître" de la liturgie mais bien le curé de la paroisse, ce qui est tout à fait normal."
Ce n'est pas le cas partout, et c'est donc tout à votre honneur de jouer votre juste rôle comme vous le décrivez.
J'avoue que, personnellement, puisque le sujet est abordé, j'ai déjà vu violon ou violoncelle au moment de l'offertoire (et c'était en rite extraordinaire)- et bien ça ne m'aide pas à prier, c'est trop lyrique. Là ce n'est pas une question de goût mais, comment dire, de type de musique (de même que toutes les musiques de tout le répertoire de l'orgue ne conviendront pas forcément).
Et ça n'est pas une question d'aimer ou non l'instrument : au contraire, j'aime beaucoup certaines pièces au violoncelle ou au violon - mais cela ne me porte pas vraiment à l'attention et à l'adoration, plutôt à la rêverie. Comme au concert, quoi.
Cela peut être purement et simplement un trait qui m'est propre - mais ça peut être aussi n'être pas complètement purement subjectif. M'est avis que tout de même ces instruments là sont plus facilement lyriques et donc moins porteurs pour la prière ou la Messe. En tout cas joués seuls.
(quant aux guitares : un vrai bon joueur de vraie guitare jouant des vraies pièces réellement musicales pour guitare, ça doit être rare, en tout cas je n'en est jamais croisé dans les paroisses où j'ai entendu utiliser cet instrument, qui souvent se contente de faire dzouïng-dzouïng pour donner un côté "jeune" (?) et "festif", en fait un aspect de kermesse, à une célébration dont ce n'est pas particulièrement le but ;
s'il existe quelque part dans une paroisse un musicien réellement capable de jouer de la musique avec cet instrument, disons du niveau musical de Vivaldi, Rodriguez ou Ariel Ramirez, là aussi en adaptant le choix des pièces au lieu et aux événements, alors soit.
ce n'est pas l'instrument lui-même qui me pose problème, je dirais, mais l'usage qui en est fait dans tous les cas où je l'ai vu utilisé)
(les moines de Keur Moussa, je ne sais plus où en Afrique, utilisent un instrument local amélioré par leurs soins depuis plusieurs décennies, la kora. Cordes pincées comme une sorte de harpe ou de luth. Très joli. Bien utilisé. Rien à voir avec dzouïng dzouïng.)
(et j'ai déjà pu assister, à Rome, dans une petite église, à une messe en rite éthiopien ; avec tam tam ; là encore, très bien utilisés, et je doute qu'on puisse les utiliser autrement et ailleurs avec bonheur.)
Le problème vient souvent, je le crains, d'un sens musical totalement nul et atrophié chez beaucoup de responsables de la musique liturgique dans nombre d'équipes paroissiales (et parfois d'un bon sens musical mais sans réelle intelligence liturgique ce qui donne de beaux morceaux au mauvais moment, la Messe n'étant pas non plus un concert),
absence de sens musical dont non seulement ils ne sont pas conscients, mais qu'une immense et terrifiante charge de bonne volonté vient transformer en tsunami liturgique.
J'aurais tendance à dire, exit les guitares tant qu'on n'a pas déjà des chants corrects à la chorale - des chants bien chantés, bien choisis, c'est-à-dire ayant des paroles sensées, intelligibles, et canoniquement correctes ;
alors seulement on peut introduire des instruments qui viendront réellement s'intégrer à une harmonie au service de Dieu et pour le recueillement des fidèles, et qui ne serviront pas de cache-misère encore pires que le mal qu'ils essayent de camoufler.
(bon, je parle là en général, je ne vous souhaite pas que cela soit chez vous aussi catastrophique que ce qu'on peut croiser ailleurs)