Les reliques

[christiane]

Je n'ai jamais vu de reliques (parcelle d'os d'un saint ou d'un vêtement lui ayant appartenu). Mais si j'en voyais, je ferais montre d'un profond respect.

Mais étant de Lyon, j'avoue que je voudrais voir le coeur du Curé d'Ars car non seulement j'honorerai un ami du Christ mais aussi j'essaierai, avec lui, de progresser dans la foi.

N'est-ce pas pénétrer de plain-pied dans la communion des saints ?

PORTEZ-VOUS BIEN !!
Christiane

[Théophane]

J'ai une relique de saint Jean-marie Vianney qui date du XIXème siècle. Il s'agit d'un morceau de tissu qui a touché son corps. C'est un prêtre qui me l'avait donnée.

Je pense aussi que cela peut nous aider à prier, à nous approcher de Dieu ; mais bien sûr il faut toujours rester prudent avec cette dévotion.

[coeurderoy]

Bonjour,
j'avais beaucoup apprécié la lecture de "Des reliques et de leur bon usage", de Patrick Boussel (Editions Balland 1971). Enquête documentée et intelligente sur ce culte. J'ai été personnellement ému l'an passé, en l'église sainte Élisabeth de Hongrie à Paris (quartier du Temple) de pouvoir vénérer le manteau envoyé à cette sainte par saint François d'Assise. Ce vêtement à l'étoffe remarquablement conservée se trouve habituellement chez les Capucins de Paris.
Cordialement

[Fée Violine]

Un vêtement, d'accord. Mais le coeur...

[coeurderoy]

Le cœur de Sainte-Élisabeth (retrouvé après les bombardements sous les décombres d'une église de Viterbe je crois) est évidemment une relique éminemment précieuse. Ce qui m'a ému, à Paris, devant ce manteau présenté sur un mannequin, c'est de prendre conscience de la "réalité terrestre" - taille du corps, stature - de nos frères et sœurs du ciel. C'est mon épouse, dont c'est la sainte patronne qui m'a fait découvrir la vie de Sainte Elisabeth (dont on peut voir la superbe châsse à Marbourg, vide de reliques cependant) : connaissant les détails de cette vie douloureuse (une de toutes premières enquêtes canoniques faites auprès des témoins directs : voir Montalembert), j'ai été heureux de pouvoir contempler ce manteau envoyé par Frère François !
Fraternellement

[coeurderoy]

Sur les tribulations (récentes) subies par cette relique, aujourd'hui conservée à Cambrai,
voyez : http://www.sainteelisabethdehongrie.com

Cordialement

[coeurderoy]

Erratum : concernant Viterbe : c'est le reliquaire du "chef" (crâne) de Sainte Elisabeth qu'on retrouva intact sous les ruines. son coeur est à Cambrai depuis le Moyen-Age quant à lui : ah ! ces pauvres saints qu'on débitait "en petits morceaux" pour incruster notamment leurs reliques dans les tables d'autel, les pommeaux d'épées, etc...

[Anne]

Nous pouvons, avec les yeux et la "sensibilité" de notre siècle, nous apitoyer sur le sort réservé aux corps des rois et saints à d'autres époques...

Mais c'est complètement évacuer toute la dimension culturelle du rapport au corps en tant que tel qu'on avait à ce moment-là, et ce n'est pas nécessairement rendre service à cette grande forme de respect (car c'en était une) que de le faire...

[DavidB]

Erratum : concernant Viterbe : c'est le reliquaire du "chef" (crâne) de Sainte Elisabeth qu'on retrouva intact sous les ruines. son coeur est à Cambrai depuis le Moyen-Age quant à lui : ah ! ces pauvres saints qu'on débitait "en petits morceaux" pour incruster notamment leurs reliques dans les tables d'autel, les pommeaux d'épées, etc...

Imaginez le résultat lors de la résurrection...

[coeurderoy]

Chère Anne, je plaisantais bien sûr ! je vénère et respecte personnellement ces reliques, habitacles de corps que le Saint-Esprit combla et destinés à la glorieuse résurrection des corps : ma sensibilté est toute "médiévale" à cet égard et je connais une personne (déclarée incurable) guérie par l'attouchement d'une relique de Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus. J'ai lu un jour le récit de la "distribution" des reliques du corps de Saint Louis, après sa canonisation (envoi de telle phalange dans tel monastère, de tel ou tel os dans le "sacrarium" de telle cathédrale ou hôpital qu'il avait fondé )d'où ma remarque qui ne se voulait en rien irrévérencieuse ! (lire à propos des reliques la curieuse faculté qu'avait la bienheureuse Anne-Catherine Emmerick pour distinguer les vraies des fausses)
Cordialement

[Anne]

Erratum : concernant Viterbe : c'est le reliquaire du "chef" (crâne) de Sainte Elisabeth qu'on retrouva intact sous les ruines. son coeur est à Cambrai depuis le Moyen-Age quant à lui : ah ! ces pauvres saints qu'on débitait "en petits morceaux" pour incruster notamment leurs reliques dans les tables d'autel, les pommeaux d'épées, etc...

Imaginez le résultat lors de la résurrection...

Imaginez le résultat lors de la résurrection d'un corps incinéré dont les cendres sont dispersées à tous vents...
<:
J'espère qu'Il aime ça, les puzzles!

[Anne]

Chère Anne, je plaisantais bien sûr!

Désolée, coeurderoy! Mais on entend souvent "cette répugnance" exprimée par bien des gens...
Mais soyez certaine que je ne voulais pas non plus être abrupte et vous blesser!

[coeurderoy]

Bonjour Anne,
et merci de votre petit message, la répugnance de nos contemporains trouve évidemment sa source dans la peur des fins dernières. Par ailleurs la désaffection d'une partie du clergé vis à vis des reliques qu'on remise honteusement dans des coins de sacristie poussiéreux vient aussi d'une incompréhension de ce culte facilement assimilé au fétichisme. lorsqu'on voit, dans les familles, le soin qu'on a à se transmettre les souvenirs, photos, etc de tel ou tel aïeul...ce qui est légitime.
Le culte des reliques, remontant aux tous premiers siècles de l'Eglise est empreint de respect pour notre dépouille charnelle, par ailleurs on n'imagine guère le nombre d'oeuvres d'Art Sacré qu'il fit naître : déambulatoires des églises permettant d'accéder aux "corps saints" lorsque, les sortant des cryptes, on commença à les proposer à la vénération des fidèles, développement des métiers des arts précieux (orfèvres, émailleurs, ivoiriers, gemmiers) qui firent de Paris une capitale européenne de ces métiers dés le XIII ème s. ,construction des reliquaires "de pierre" que sont les Saintes-Chapelles royales ou princières destinées aux reliques de la Passion, sans parler du développement économique des villes et bourgs possédant des églises de pèlerinage (Limoges, Tours, Toulouse par ex.)
La France qui, jusqu'n 1792 était, avec l'Italie, l'un des pays d'Europe les plus riches en oeuvres d'art de ce type en est réduite aujourd'hui à en admirer les vestiges dans les musées car bien des reliques fameuses (corps de Saint-Martin à Tours) ont été la proie du fanatisme dés le XVI ème s. Raison de plus de conserver et respecter comme ilse doit ces vestiges glorieux pour lesquels l'Eglise a composé un office liturgique !

Ci-desous : châsse de Saint Taurin d'Evreux, XIIIème s., Sainte Chapelle du château de Châteaudun (XVème s.), reliquaire du chef de Sainte Valérie (Chambon-sur Voueize, Creuse, XVème s.)

[steph]

Dans ma paroisse, nous avons quelques reliques exposées sur le retable du maître-autel (mais plus perçues comme de la décoration...)... Mais dans la sacristie, on a mis un certain soin à les ranger au dessus de l'armoire à aubes et j'ai découvert qu'outre une parcelle de la ceinture de la Bienheureuse et toujours-Vierge Marie, nous avions (entre autres) un morceau d'os de Ste Anastasie... Et comme coeurderoy l'a suggéré, il y a quelque chose du "souvenir de famille"... Du coup, quand l'occasion se présente, lorsque je ramène l'encensoir à la sacristie je les encense des deux coups (doubles) auxquels elles ont droit...

[coeurderoy]

Bonjour steph, (et félicitations !)

il est vrai qu'on a noté un nombre important de vol de reliques ces dernières années et que, faute de protection suffisante, il est souvent préférable de les mettre à l'abri. Certains de ces vols n'étaient pas motivés par la valeur du reliquaire mais par les reliques elles-mêmes (destinées à quel usage ?).

En revanche, dans les années qui suivirent immédiatement le Concile certains membres du clergé plus ou moins gênés firent tout pourqu'on les..bazarde définitivement où n'en parlèrent qu'avec des sourires de commisération.
Je connais une personne ayant fait une recherche sur Sainte Clotilde qui entama un parcours du combattant : ne les ayant pas trouvées à Vivières (Aisne) où elles étaient l'objet d'un ancien pélerinage, il se rendit à l'évéché de Soissons et c'est sa requête qui permit à la personne qui le reçut de les...retrouver à un endroit incongru où elles semblaient définitivement vouées à l'oubli.

A une époque où on nous parle temps du "rapport au corps" des "fonctions mémorielles et patrimoniales" cet oubli (volontaire ?) du culte de ceux qui ont contribué à la formation spirituelle d'une nation n'est-il pas révélateur.

Cf : l'anecdote intéressante concernant les reliques de Sainte Audrey (je crois) dans Pour en finir avec le Moyen-Age de Régine Pernoud, anecdote qui en dit long sur la ...crainte de certains de nos contemporains face à ces souvenirs "embarrassants !
Cordialement