Pater Noster

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Socrate d'Aquin
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Pater Noster

Message non lu par Socrate d'Aquin » jeu. 08 mars 2018, 20:27

Bonjour à tous.

Allons droit au but: pour vous, le Pater doit-il être chanté par tous ou par le seul prêtre ? Et pourquoi ?

Merci et à bientôt !

PS: il va de soi qu'ultimement, c'est à l'Eglise d'en juger. Mais il n'est pas interdit d'exprimer des opinions.
Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος. Οὗτος ἦν ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν θεόν. Πάντα δι’ αὐτοῦ ἐγένετο, καὶ χωρὶς αὐτοῦ ἐγένετο οὐδὲ ἓν ὃ γέγονεν. Ἐν αὐτῷ ζωὴ ἦν, καὶ ἡ ζωὴ ἦν τὸ φῶς τῶν ἀνθρώπων, καὶ τὸ φῶς ἐν τῇ σκοτίᾳ φαίνει, καὶ ἡ σκοτία αὐτὸ οὐ κατέλαβεν.

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Cepora
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Re: Pater Noster

Message non lu par Cepora » ven. 09 mars 2018, 12:01

Bonjour.

J'ignore les raisons pour lesquelles cette prière ne devrait pas être récitée à voix haute par l'assemblée dans la célébration liturgique. En théorie, je n'en vois aucune, le Notre Père est la prière de tous les baptisés, il faut donc que les chrétiens puissent dire ensemble cette prière. Mais si on ne prend pas soin de renvoyer les profanes et les catéchumènes avant l'oblation, dans ce cas, cela justifierait peut-être de ne pas faire participer tout le peuple.

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Re: Pater Noster

Message non lu par Kerniou » ven. 09 mars 2018, 17:52

Pour moi, le Notre Père a vocation d'être chanté ou dit par toute l'assemblée. C'est en effet, la prière que Jésus nous a transmise; c'est pourquoi nous devons la dire ensemble.
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Théodore
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Re: Pater Noster

Message non lu par Théodore » ven. 09 mars 2018, 23:36

Socrate,
C'est de la provocation !

Dans le Rit romain, le Pater n'est traditionnellement pas chanté par toute l'assemblée. C'est une innovation des années 1950, qui se confond avec les "messes dialoguées", et qui fait une croix sans raison apparente sur toute la tradition latine, où l'assemblée n'a jamais dit ou chanté le Pater.

Pourquoi ?

C'est Saint Grégoire le Grand, pape du VIè siècle, qui a introduit le Pater à son emplacement actuel, à la fin de la Prière Eucharistique. Il avait, en effet, été légat du pape à Constantinople, et connaissait la liturgie byzantine, où, depuis un temps immémorial, le Pater est chanté par toute l'assemblée.
Devenu pape, et mettant la touche finale à la liturgie romaine telle qu'on la connaîtra en Occident jusqu'en 1969, il décide d'accoler le Pater à la fin du Canon Romain, qui était déjà l'unique et antique prière eucharistique de l'Eglise romaine, et avant la fraction.
Auparavant le Pater était probablement après la fraction et commixtion, au début de la communion, comme c'est encore le cas dans le Rit ambrosien.
Grégoire justifie ce changement en disant qu'il lui a paru fort à propos que le Pater, prière enseignée par le Seigneur, suive directement le Canon Romain, oeuvre composée "par un scholastique", c'est-à-dire un texte purement ecclésial. En quelque sorte, par la bouche du prêtre, le Pater ratifie le Canon, d'où le fait qu'il le suive. Saint Grégoire se fait l'écho d'une tradition comme quoi les Apôtres avaient le Pater comme unique prière eucharistique ; il l'assimile donc à la prière eucharistique et consécratoire. Dans le même mouvement, il se défend d'imiter les Grecs, chez qui, justement, tout le peuple, à l'époque comme aujourd'hui, dit le Pater !
Jusqu'au XXè siècle, certains missels inclueront le Pater et l'embolisme dans la section "Canon de la Messe".

Saint Grégoire justifie tous ces changements dans cette épître à Jean, évêque de Syracuse, qui lui reproche ses réformes : http://www.newadvent.org/fathers/360209012.htm C'est un texte passionnant.

Bref. La logique même du Pater dans la liturgie romaine en fait une prière présidentielle, priée par le prêtre au nom du peuple, et auquel le peuple répond "Sed libera nos a malo" - mais délivre-nous du Mal. C'est un trait ancien, qui nous distingue des autres Rits de l'Eglise.

Par ailleurs, c'est ainsi que le Pater est chanté dans l'office monastique, à Laudes et à Vêpres ; l'hebdomadier dit tout, et le choeur répond "Sed libera nos a malo". Pareil quand le Pater est dit en silence, comme c'est souvent le cas dans la liturgie romaine : l'hebdomadier entonne "Pater noster", reprend à "et ne nos inducas" et le choeur répond "Sed libera nos a malo".

Je ne vois pas quel avantage apporte ce changement, sinon la perte d'un signe distinctif du Rit romain et une atteinte à la diversité de l'Eglise. Je me suis personnellement très bien fait à "l'ancienne" façon de faire en assistant à la FERM.
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Re: Pater Noster

Message non lu par Socrate d'Aquin » mar. 20 mars 2018, 21:12

Je vous remercie, Théodore, de votre réponse.

Maintenant que certains ont exprimé leur opinion, je m'en vais présenter la mienne.

Pour ma part, je défendrais l'usage du Pater chanté par tous durant la liturgie romaine. Et ce pour les raisons suivantes.

Tout d'abord, il me semble que le Pater est une prière destinée à être dite par le peuple chrétien tout entier; et en cela, je ne suis pas vraiment d'accord avec le Pape Grégoire (qui, dans le texte que ce cher Théodore cite, ne justifie pas vraiment sa position). Le Christ donne bien un ordre à ses fidèles de prier ainsi; il n'ordonne pas à ses fidèles de se taire pendant le chant du prêtre. Ce qui n'empêche pas que cette position venant d'un saint père de l'Eglise, pape de surcroit, elle ne peut être considérée avec mépris.
Voici donc comment vous devez prier: Notre Père qui es aux cieux! Que ton nom soit sanctifié...
Matthieu 6, 9
Ensuite, si j'en crois un excellent livre dont je dispose, la coutume en France était de chanter le Notre Père, prêtre et fidèles, una voce. Cette coutume est attestée par un miracle de saint Martin de Tours, qui, ayant guéri une femme muette, lui donna par là-même l'occasion de chanter le Pater avec les autres fidèles. Par conséquent, il serait tout à fait indiqué pour nous français, de chanter le Pater pendant la Messe.

Enfin, c'est ce qu'a décidé l'Eglise romaine aujourd'hui, et elle en a fait sa manière ordinaire de le prier. Rien que pour cela, je préfère cette manière de procéder.

Cela étant dit, la position de S. Grégoire le grand ne saurait être tout simplement mise de côté; et elle a l'ancienneté pour elle. Aussi serait-il possible de concevoir une alternance des deux manières de faire, un peu comme l'Eglise romaine choisit jadis d'alterner dalmatiques/tuniques et chasubles pliées, réservant ces dernières (très anciennes) aux jours de pénitence et de deuil. Peut-être serait-il possible de faire de même... Reste que c'est à l'Eglise d'en décider.

En prime: voici une vidéo sur le chant du Pater dans la forme extraordinaire:

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=BncfPQ-GJy0[/youtube]

PS: En quoi est-ce une provocation ?
Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος. Οὗτος ἦν ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν θεόν. Πάντα δι’ αὐτοῦ ἐγένετο, καὶ χωρὶς αὐτοῦ ἐγένετο οὐδὲ ἓν ὃ γέγονεν. Ἐν αὐτῷ ζωὴ ἦν, καὶ ἡ ζωὴ ἦν τὸ φῶς τῶν ἀνθρώπων, καὶ τὸ φῶς ἐν τῇ σκοτίᾳ φαίνει, καὶ ἡ σκοτία αὐτὸ οὐ κατέλαβεν.

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Re: Pater Noster

Message non lu par Héraclius » mar. 20 mars 2018, 23:45

Je ne suis pas forcément d'accord avec Théodore, mais notez que la force de l'argument sur la position de St Grégoire n'est pas simplement dû à son ancienneté. St Grégoire est, si il en est un, le principal auteur du rite romain (qu'on appelle parfois ''Divine Liturgie de Saint Grégoire'' en Orient). Il est celui qui a introduit le Pater là ou il est, c'est lui qui lui a donné sa place et son rôle dans la liturgie romaine. Il n'est pas seulement une autorité sur la place et le rôle du Pater dans notre rite... Il en est l'acteur, l'auteur !

Si bien que conserver le Pater à son lieu actuel, où il avait été placé pour être une prolongation du canon, comme prière sacerdotale, tout en le faisant chanter par l'assemblée, c'est nier son rôle de prière sacerdotale ministérielle qui a motivé sa place que paradoxalement nous conservons.

J'ajoute que des arguments sur le Pater en général (c'est la prière de tout chrétien, donc on doit tous la chanter) est faible. En effet nous parlons d'un usage particulier de ''la Prière du Seigneur'' : à la messe, dans un usage particulier, celui de Rome.

L'argument central, c'est qu'il s'agit d'un développement organique, qui se présente à nous comme un fait brut après un siècle de pratique, qui s'intègre à un mouvement d'Eglise reconnue par un Concile (le mouvement liturgique) avec un objet louable : remettre en valeur le sacerdoce commun des fidèles dans la liturgie et la participatio actuosa.

A noter que dans le Pater chanté, seul le prêtre est en position orante selon les rubriques de la FO comme de la FE. Ce qui le distingue des fidèles dans son sacerdoce, et le fait réciter différemment ce Notre-Père sacerdotal.

(Ne tendez pas vos mains au Notre-Père. A chaque fois que vous faites cela, on égorge un chaton en Chine. C'est vrai. Pensez aux chatons. Ne prenez pas de position orante).
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)

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Re: Pater Noster

Message non lu par Théodore » mer. 21 mars 2018, 15:22

Socrate d'Aquin a écrit :
mar. 20 mars 2018, 21:12
Ensuite, si j'en crois un excellent livre dont je dispose, la coutume en France était de chanter le Notre Père, prêtre et fidèles, una voce. Cette coutume est attestée par un miracle de saint Martin de Tours, qui, ayant guéri une femme muette, lui donna par là-même l'occasion de chanter le Pater avec les autres fidèles. Par conséquent, il serait tout à fait indiqué pour nous français, de chanter le Pater pendant la Messe.
Cher Socrate,
Au temps de Saint Martin, la liturgie en Gaule était la liturgie gallicane, encre bien distincte de celle de Rome. Il ne s'agit donc pas de notre tradition. Il me semble bien qu'il y a eu des essais de récitation commune dans certains rites né-gallicans au XVIII, sous l'influence du jansénisme... mais est-ce vraiment un exemple à suivre ?

Quant à la provocation, je vous taquinais ;-)
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Re: Pater Noster

Message non lu par Socrate d'Aquin » jeu. 22 mars 2018, 19:56

Héraclius a écrit :
mar. 20 mars 2018, 23:45
Je ne suis pas forcément d'accord avec Théodore, mais notez que la force de l'argument sur la position de St Grégoire n'est pas simplement dû à son ancienneté. St Grégoire est, si il en est un, le principal auteur du rite romain (qu'on appelle parfois ''Divine Liturgie de Saint Grégoire'' en Orient). Il est celui qui a introduit le Pater là ou il est, c'est lui qui lui a donné sa place et son rôle dans la liturgie romaine. Il n'est pas seulement une autorité sur la place et le rôle du Pater dans notre rite... Il en est l'acteur, l'auteur !

Si bien que conserver le Pater à son lieu actuel, où il avait été placé pour être une prolongation du canon, comme prière sacerdotale, tout en le faisant chanter par l'assemblée, c'est nier son rôle de prière sacerdotale ministérielle qui a motivé sa place que paradoxalement nous conservons.

J'ajoute que des arguments sur le Pater en général (c'est la prière de tout chrétien, donc on doit tous la chanter) est faible. En effet nous parlons d'un usage particulier de ''la Prière du Seigneur'' : à la messe, dans un usage particulier, celui de Rome.

L'argument central, c'est qu'il s'agit d'un développement organique, qui se présente à nous comme un fait brut après un siècle de pratique, qui s'intègre à un mouvement d'Eglise reconnue par un Concile (le mouvement liturgique) avec un objet louable : remettre en valeur le sacerdoce commun des fidèles dans la liturgie et la participatio actuosa.

A noter que dans le Pater chanté, seul le prêtre est en position orante selon les rubriques de la FO comme de la FE. Ce qui le distingue des fidèles dans son sacerdoce, et le fait réciter différemment ce Notre-Père sacerdotal.

(Ne tendez pas vos mains au Notre-Père. A chaque fois que vous faites cela, on égorge un chaton en Chine. C'est vrai. Pensez aux chatons. Ne prenez pas de position orante).
Tout à fait d'accord. Sauf sur un point: il se trouve que je déteste les chatons...
Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος. Οὗτος ἦν ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν θεόν. Πάντα δι’ αὐτοῦ ἐγένετο, καὶ χωρὶς αὐτοῦ ἐγένετο οὐδὲ ἓν ὃ γέγονεν. Ἐν αὐτῷ ζωὴ ἦν, καὶ ἡ ζωὴ ἦν τὸ φῶς τῶν ἀνθρώπων, καὶ τὸ φῶς ἐν τῇ σκοτίᾳ φαίνει, καὶ ἡ σκοτία αὐτὸ οὐ κατέλαβεν.

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Re: Pater Noster

Message non lu par cmoi » mar. 11 févr. 2020, 17:23

Bien tardivement, je viens apporter ma vision personnelle sur ce sujet

Rapporté de la liturgie byzantine, qui le faisait dire par l'assemblée, pourquoi ne pas en avoir gardé la coutume ?
Celle-ci s'inscrit dans la logique du non-usage des instruments. (Jouer d'un instrument peut-être une façon de louer Dieu, mais cela engage moins la personne intérieure que le chant...)

A savoir qu'une fois seul chez soi, il est plus facile de "potentialiser" sa prière personnelle en s'appuyant sur des souvenirs liturgiques, quand la liturgie se rapproche de ce qui nous est alors possible.
Et donc, quand on y participait au chant et à la prière.

C'est une sorte d'incitation à la prière personnelle par le souvenir et c'est pourquoi je suis favorable à la participation de l'assistance..
C'est vrai pour d'autres prières aussi...

Je complète ici ma réponse :

Ce que seul le prêtre prononce ou chante pendant la messe, cela n'aide pas les laïcs à se l'approprier par/dans leur prière personnelle
Un chant à capella (même profane) donne plus envie de chanter soi-même qu'avec un accompagnement, surtout quand la voix ne fait plus qu'accompagner les instruments, plutôt que le contraire (testez...)
Le "notre père" en français peut-être très beau mais bien chanté, or il est difficile à bien chanter. Je me demande s'il aurait pas mieux valu retenir une version moins belle, mais plus accessible, plus rythmée, genre gospel.

C'est une question bêtement psychologique et de motivation, mais pourquoi en faire fi...

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Re: Pater Noster

Message non lu par Altior » dim. 09 mai 2021, 16:27

C'est à peine maintenant que je déniche ce fil. S'il n'y a pas de nouveaux messages, si, par habitude devenue deuxième nature de taper « la cité catholique » on n'obtient rien de neuf, alors on se balade parmi les vieux sujets...

Théodore a écrit :
ven. 09 mars 2018, 23:36

Dans le Rit romain, le Pater n'est traditionnellement pas chanté par toute l'assemblée. C'est une innovation des années 1950, qui se confond avec les "messes dialoguées", et qui fait une croix sans raison apparente sur toute la tradition latine, où l'assemblée n'a jamais dit ou chanté le Pater.

Pourquoi ?

C'est Saint Grégoire le Grand, pape du VIè siècle, qui a introduit le Pater à son emplacement actuel, à la fin de la Prière Eucharistique. Il avait, en effet, été légat du pape à Constantinople, et connaissait la liturgie byzantine, où, depuis un temps immémorial, le Pater est chanté par toute l'assemblée.
Absolument d'accord avec Théodore (dont je regrette l'absence prolongée). Sauf que, dans le rite byzantin, la récitation (plus rarement la chanson) du Pater par toute l'assemblée a une logique: le Pater ne fait par partie du Canon. Il est mis après la commixtion. C'est une rubrique à part.

Rien de ça dans le rite latin. Ici le Pater est non après, mais avant la commixtion et même la fraction (très bien vu, Théodore!). Il s'agit d'une prière eucharistique, à être dite par le prêtre célébrant. Par contre, être récitée (pire: chantée) par l'assemblée ne correspond pas à la logique liturgique et encore moins être récitée avec les mains élevées, comme Moïse pendant la guerre contre les Amalécites.

Alors, la question devient: si, dans la Messe Grégorienne le Pater est récité par le prêtre seul parce qu'il est avant la commixtion, pourquoi dans la Messe Pauline il est récité/chanté par toute l'assemblée, bien qu'on lui ait gardé la même rubrique? La réponse, à mon avis, est la même qu'à la question « pourquoi les prêtres conciliaires (pour la plupartt) ne portent plus la soutane ?». Eh bien, pour effacer la différence ontologique entre le corps sacerdotal et les laïques.

Par ailleurs, je note que, même dans le rite byzantin, la Doxologie Finale est récité par le prêtre seul.

cmoi
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Re: Pater Noster

Message non lu par cmoi » lun. 10 mai 2021, 7:20

Altior a écrit :
dim. 09 mai 2021, 16:27
Rien de ça dans le rite latin. Ici le Pater est non après, mais avant la commixtion et même la fraction (très bien vu, Théodore!). Il s'agit d'une prière eucharistique, à être dite par le prêtre célébrant.
Merci de nous préciser ce qui empêche que le pater fasse partie de la communion, tout en étant avant ? S'agissant d'une autre liturgie, les règles de regroupement ne pourraient-elles être différentes ?

Altior a écrit :
dim. 09 mai 2021, 16:27
Par contre, être récitée (pire: chantée) par l'assemblée ne correspond pas à la logique liturgique et encore moins être récitée avec les mains élevées, comme Moïse pendant la guerre contre les Amalécites.
Même question : en quoi cette attitude ne pourrait-elle entrer dans une "logique liturgique" ? A moins que vous n'ayez décidé de cette logique pour l'exclure, ce qui revient à en refuser certaines au profit d'autres, jugées plus traditionnelles.
Mais qui décide de la Tradition? Le magistère, n'est-ce pas? En proposant une nouvelle messe, ce magistère n'a-r-il pas le droit de fixer de nouvelles règles et une autre logique ? Ou le lui refusez-vous?
Le débat devrait plutôt porter sur le sens porté par la prière, dans l'un et l'autre cas, il n'y a pas de raison en soi d'en exclure un, le rôle du magistère est aussi de s'adapter à celui qui spontanément vient à l'esprit pour une époque.
Altior a écrit :
dim. 09 mai 2021, 16:27
La réponse, à mon avis, est la même qu'à la question « pourquoi les prêtres conciliaires (pour la plupartt) ne portent plus la soutane ?». Eh bien, pour effacer la différence ontologique entre le corps sacerdotal et les laïques.
Là c'est vous qui l'extrapolez, votre comparaison est presque tendancieuse, à cause du sens que cela avait "avant" et qui y était associé.
Mais ce sens peut très bien exister après, se vivre et s'exprimer autrement, et ce qui s' y associe alors être différent qui existait déjà aussi avant mais s'y exprimait autrement.
Tout dépend de l'importance que l'on donne, ici, dans votre comparaison, au vêtement. Il serait tout à fait possible de considérer que signifier "la différence ontologique entre le corps sacerdotal et les laïques" par un vêtement, c'est en rabaisser la distinction, la situer au niveau des apparences : sauf que vous vous avez décidé que non et avez formaté votre sensibilité pour que ce soit comme cela.
En réalité, ce n'est plus comme cela. Le sens de "parure" attribué au vêtement autrefois a changé, il est devenu autre et serait aujourd'hui péjoratif.
Aujourd'hui, nos contemporains et l'avis dominant considèrent que c'est "ce que nous avons à l'intérieur qui est le plus important", et c'est très bien comme cela : un vrai progrès que votre entêtement refuse de voir et apprécier à sa juste valeur, pour maintenir une tradition devenue un contre exemple. Cela peut vous déplaire, peut-être que vous, vous avez encore besoin de ces apparences pour croire en ce qu'elles représentent, mais c'est ainsi. Le monde a évolué et c'est dans le bon sens, ou prouvez le contraire !
Cela ne veut pas dire que les prêtres ne puissent avoir un "uniforme", mais c'est sûr, l'ancien n'a plus l'aura ni le prestige qu'il avait et il serait mieux d'en inventer un autre alors.

En tout cas, c'est un sujet qui mérite une vraie réflexion, et non de partir de postulats obsolètes et sclérosés.
C'est à peu prés comme si vous vouliez aujourd'hui donner à nos soldats, au lieu d'une tenue de camouflage, les uniformes pimpants et hauts en couleurs d'autrefois : ils iraient à la mort, ce qui n'est pas le but ! Alors qu'autrefois, c'était pour impressionner l'adversaire ! (Et cela marchait, pour gênant que ce soit...)
Un peu de pragmatisme ne ferait pas de mal, ce qui demande à retrouver le sens authentique et vrai de ce qui était traditionnel, pour s'apercevoir que cela doit évoluer pour précisément conserver le sens de cette tradition : ici et dans mon exemple, gagner la guerre.

C'est pourtant simple !!!

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Fernand Poisson
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Re: Pater Noster

Message non lu par Fernand Poisson » lun. 10 mai 2021, 9:35

Dans ma paroisse FERM, le Pater est chanté par le chœur et l'assemblée selon l'autorisation donnée (sauf erreur de ma part) par Pie XII. :fleur:

Personnellement, je ne suis pas choqué que les deux pratiques existent.

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Re: Pater Noster

Message non lu par Gaudens » lun. 10 mai 2021, 10:44

En sortant exceptionnellement de mon intention de silence, je ne peux pas m’empêcher de remarquer une fois de plus chez nos "tradis" autoproclamés actuels, une posture archéologisante voire fossilisante. Socrate d’Acquin avait bien indiqué l’an passé le caractère organique, donc sain et acceptable de cette évolution quasi centenaire vers une récitation , voire un chant (pas une chanson !) du Pater par l’ensemble des fidèles. Qui, de plus, restaurait peut-être une pratique ancienne. Car sinon ,pourquoi la monition introductive au Pater ,dite par le célébrant, dirait-elle dans son expression latine maintenue dans la forme extraordinaire du rite romain :
« Praeceptis salutaribus moniti et divina institutione formati AUDEMUS dicere ».Oui, vous avez bien lu : NOUS OSONS dire « .Ce qui est plus que normal pour la prière enseignée par le Christ à ses fidèles, prière que dans mon enfance on appelait « oraison dominicale ».

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Re: Pater Noster

Message non lu par Altior » lun. 10 mai 2021, 13:57

Gaudens a écrit :
lun. 10 mai 2021, 10:44
Car sinon ,pourquoi la monition introductive au Pater ,dite par le célébrant, dirait-elle dans son expression latine maintenue dans la forme extraordinaire du rite romain :
« Praeceptis salutaribus moniti et divina institutione formati AUDEMUS dicere ».Oui, vous avez bien lu :NOUS OSONS dire « .Ce qui est plus que normal pour la prière enseignée par le Christ à ses fidèles,prière que dans mon enfance on appelait « oraison dominicale ».
1) Audemus dicere: il s'agit (probablement) d'un pluriel de politesse. Une autre hypothèse serait que cela marque le fait que le prêtre récite au nom de toute l'assemblée. D'ailleurs, comme toute la Messe dans son ensemble...

2) Oraison dominicale: Oraison qui vient de Dieu (Oratio Dominica)

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Re: Pater Noster

Message non lu par Jean-Mic » lun. 10 mai 2021, 15:18

La PGMR, présentation générale du missel romain, est très claire :
L’oraison dominicale
81. Dans l´oraison dominicale, on demande le pain quotidien qui, pour les chrétiens, évoque surtout le pain eucharistique, et on y implore la purification des péchés, pour que les choses saintes soient vraiment données aux saints. Le prêtre prononce l´invitation à la prière, tous les fidèles disent celle-ci avec le prêtre, et le prêtre seul ajoute l´embolisme que le peuple conclut par la doxologie. L´embolisme, qui développe la dernière demande de l´oraison dominicale, demande pour toute la communauté des fidèles la libération de l’emprise du Mal. L´invitation, la prière proprement dite, l´embolisme et la doxologie par laquelle le peuple conclut cet ensemble, sont chantés ou dits à haute voix.
... ou, dit autrement :

  • 1/ le prêtre invite les fidèles à prononcer les mots de la prière donnée par le Seigneur,
  • 2/ tous (fidèles et prêtre) disent ensemble (récitent ou chantent) le Notre Père,
  • 3/ le prêtre seul prononce l'embolisme "Délivre-nous de tout mal, Seigneur…" ,
  • 4/ l'assemblée (mais pas le prêtre) conclut par la doxologie : "car c'est à Toi qu'appartiennent..." jusqu'au point d'orgue "Amen" prononcé par l'assemblée.
Il ne s'agit en aucun cas d'un dialogue puisque toutes les demandes et acclamations sont adressées directement et sans équivoque à Dieu, mais bien d'une formulation "à deux voix" adressée par l'Église tout entière, chacun des membres étant à sa place.
Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes. Ils n'ont pas fini de s'amuser !

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