Cher prodigal,
j'apprécie vos interventions et plus généralement cette discussion de bonne tenue malgré quelques petits énervements inévitables sans doute. Mais deux choses me turlupinent. Ce n'est pas pour polémiquer, mais pour mieux comprendre.
Merci de votre beau compliment, j'espère me montrer à la hauteur.
1) vous dites que la liberté religieuse ne repose pas sur l'essence de l'homme, mais sur la conscience inviolable de la personne humaine. Il me semble que c'est la même chose. C'est parce que l'homme est par essence doté d'une conscience que sa liberté est respectable. Ou bien voyez-vous un autre fondement?
Je veux dire que la liberté religieuse ne repose pas sur le droit de l'homme de croire en ce qu'il veut (au sens où il y aurait un "droit" de croire en l'erreur, alors que l'homme est destiné au vrai), mais sur l'inviolabilité de sa conscience. En d'autres termes, on n'a pas le droit d'effectuer sur vous une pression violente ou une coercition pour vous faire changer d'avis. En revanche, on a le devoir comme catholique d'annoncer la vérité à tout homme.
2) vous dites que l'amalgame messe tradi = fasciste (pour faire simple) est justifié en un certain sens. De fait, ceux qui assistent régulièrement aux messes traditionnelles sont (ou seraient) dans leur grande majorité d'extrême-droite (ou royaliste, j'approuve votre distinguo). Mais peut-être que Suliko n'a pas tout à fait tort, du point de vue toutefois de l'historien de la période conciliaire. S'il en est ainsi, n'est-ce pas aussi parce que durant cette période (dont j'aime parler au passé) personne d'autre que les "tradis" n'a soutenu la messe traditionnelle, au moins en demandant simplement qu'elle soit autorisée? et célébrée parfois par des prêtres "normaux"?
De fait, je pense que c'était une erreur que d'interdire tout de suite la FERM (forme extraordinaire). Il aurait mieux valu la conserver pendant quelques temps, le temps que le changement passe. S'il est un point sur lequel je suis tout à fait d'accord avec les traditionalistes, c'est sur la brutalité de cette réforme qui a voulu faire en quelques années ce qui prend des décennies, voire des siècles.
En revanche, dès lors que cette messe est devenue l'étendard de l'extrême-droite et de la contestation du concile, comment voulait-on que Paul VI l'autorise ?
C'est pourquoi autant sur la question du dogme je suis convaincu, je l'avoue, que les traditionalistes se trompent et que les conciliaires ont raison, autant sur celle du rite il me semble que les torts sont partagés, voire plus importants du côté conciliaire (dans la mesure où c'est de leur bord qu'est venu le déclenchement des hostilités), et que les temps sont venus pour qu'un effort de réconciliation soit fait des deux côtés. Vœu pieux sans doute.
Vœu pieux ? Je ne sais pas. Mais c'est un objectif louable, que je partage. Je vous remercie de l'avoir exprimé de si belle façon.
Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος. Οὗτος ἦν ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν θεόν. Πάντα δι’ αὐτοῦ ἐγένετο, καὶ χωρὶς αὐτοῦ ἐγένετο οὐδὲ ἓν ὃ γέγονεν. Ἐν αὐτῷ ζωὴ ἦν, καὶ ἡ ζωὴ ἦν τὸ φῶς τῶν ἀνθρώπων, καὶ τὸ φῶς ἐν τῇ σκοτίᾳ φαίνει, καὶ ἡ σκοτία αὐτὸ οὐ κατέλαβεν.