Cette remarque n'est pas autre chose qu'une variante de l'argument lefebvriste suivant: "Sans Mgr Lefebvre, vous n'auriez pas la messe tridentine".pascalg a écrit : ↑dim. 08 avr. 2018, 16:17Isabella
piquante argumentation et stimulante pour l'esprit
à méditer,
"Certes la FSSPX tient des propos pour le moins tranchés, voire carrément excessifs, mais n'ont-ils pas ouvert la route à des fraternités sacerdotales plus conciliantes mais néanmoins fidèles à la tradition et fermes dans leurs choix ? "
Pour une part, c'est vrai; effectivement, l'attitude de Mgr Lefebvre a permis de maintenir la forme extraordinaire dans un certain nombre d'endroits.
Cela dit, son attitude a aussi nuit à la forme extraordinaire, en l'associant à l'extrême-droite, au pétainisme, voire au fascisme. Dieu sait qu'il y a nombre de simplifications dans cette affirmation (on se souviendra entre autres que Mgr Ducaud-Bourget, qui pris d'assaut Saint-Nicolas-du-Chardonnet, est un ancien résistant), mais dans le même temps, il est difficile de la nier toute entière.
Et d'une manière générale, on pourrait aussi penser qu'une tierce voie eut été possible. Je pense notamment à l'indult Agatha Christie, de nos amis anglais (ce qui a contribué, entre autres, à une situation liturgique bien meilleure en Angleterre qu'en France). Mgr Lefebvre, de par ses décisions, a fait ce que craignait Paul VI: il a fait de la Messe tridentine le symbole de l'opposition "conservatrice" au Concile. Comment Paul VI aurait-il pu l'admettre ?
Donc Mgr Lefebvre a permis de conserver la "Messe en latin" en l'associant pour longtemps avec le fascisme. C'est pourquoi pour le premier venu, latin + grégorien + dos au peuple (ce qui n'est pas propre à la forme extraordinaire) = nazisme.
Pas une très bonne promotion je trouve, d'autant plus qu'elle est entretenue, toutes proportions gardées, par beaucoup de communautés Ecclesia Dei.
Surtout, on pourrait se poser la remarque suivante, soulevée par Christophe Geffroy en 2011, lors d'un débat sur la FSSPX (cette remarque est précédée de l'intervention du père abbé de l'abbaye bénédictine de Kergonan):
A partir de 45:25
Et je broderais de la manière suivante: était-il opportun pour Mgr Lefebvre d'avoir eu cette attitude ? Fallait-il défendre la "Messe de S. Pie V" ? Ou alors, au contraire, méditer ainsi:
Et pour ce qui est de ces communautés, le fait que vous les considériez comme des "FSSPX dans l'Eglise" en dit long sur un certain traditionalisme...Il était donc urgent que les fidèles eussent en main de nouveau les textes qu’on est censé leur lire, ne serait-ce que pour qu’ils puissent connaître au moins ce qu’est la nouvelle liturgie, telle que l’Eglise nous la donne, et non les tripatouillages insensés que nombre de prêtres persistent à y substituer. Ceci, au moins, devrait avoir comme premier résultat de dissiper l’incroyable supposition, entretenue de concert par les intégristes et les progressistes, d’après laquelle « la messe de saint Pie V » aurait disparu sans laisser de trace du nouveau Missel. Elle a disparu, certes, de beaucoup d’églises et de célébrations farfelues. Mais on pourra s’en assurer, grâce aux missels des fidèles conformes aux textes officiels qui commencent à paraître, elle est toujours là, toujours la même, dans la liturgie rénovée.