Ils n'ont pas sauvé cette liturgie, ils l'ont emprisonnée dans un microcosme et associé pour longtemps à l'extrême-droite. La réalité objective que vous décrivez n'est objective que pour ceux qui regardent les choses à travers une certaine idéologie.Carhaix a écrit : ↑jeu. 24 mai 2018, 23:28Oui mais ils ont sauvé cette liturgie. Et ça, c'est la réalité objective. Sans eux, elle aurait disparu, et on ferait encore plus n'importe quoi dans les paroisses aujourd'hui. Et donc ce serait bien pire.Socrate d'Aquin a écrit : ↑jeu. 24 mai 2018, 22:41
Moi je les incriminerais (du moins certains d'entre eux), car comme je l'ai expliqué dans un autre fil de discussions, ils ont rendu la forme extraordinaire (et plus largement la tradition latine) abominable pour beaucoup, en l'associant à l'extrême-droite.
Et si les "tradis" n'ont pas forcément fait fuir les fidèles, certains d'entre eux les ont entraîné au schisme, péché extrêmement grave.
Il me semble que vous exigez un idéal parfait. Mais il n'y a rien de parfait sur terre.
Et parfois, des choses bonnes arrivent grâce à des gens peu sympathiques. C'est la Providence divine qui permet cela. Comme le bon larron sur la Croix qui est le premier à entrer au Paradis, tout criminel qu'il fut dans la vie.
Pour prendre un exemple, si un jour un homme brûlait votre maison, vous forçant à la rebâtir en mieux, vous seriez certes content du progrès, mais n'irez pas louer l'attitude de cet homme.
Et il en va de même pour les traditionalistes (du moins certains d'entre eux). Certes, ils ont préservé la liturgie romaine dans l'état où elle se trouvait avant les réformes du deuxième concile œcuménique du Vatican. Mais on peut d'une part s'interroger sur le bien-fondé de cette attitude; on peut d'autre part se demander si les moyens qui furent employés furent bien les bons.
Par leur faute, on associe désormais la tradition latine au fascisme. Par leur faute, célébrer ad orientem revient à professer sa nostalgie du gouvernement du Maréchal Pétain. Je force le trait ? Oui, sans doute, ce qui ne diminue pas l'existence dudit trait.
Par ailleurs, on peut penser que si Mgr Lefebvre s'était filialement soumis à l'autorité de Paul VI puis de Jean-Paul II, la situation liturgique se serait petit à petit apaisée, et l'on aurait pu multiplier les dérogations permettant de célébrer la Messe selon la forme extraordinaire. Il n'en fut pas ainsi, Mgr Lefebvre s'est entêté dans sa désobéissance.
Ils ont donc leur part de responsabilité dans la crise de l'Eglise aujourd'hui.
Conclusion: gardons-nous d'une vision du monde où on aurait tous les bons d'un coté et tous les méchants de l'autre. On n'a pas d'un coté les adorables partisans de Mgr Lefebvre et de l'autre les abominables progressistes (la présentation inverse étant tout aussi erronée). La réalité, comme toujours, est plus complexe.