Office des Ténèbres après 1969

jeanbaptiste
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Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par jeanbaptiste » lun. 02 avr. 2012, 15:03

Bonjour,

J'ai lu ici et là des indications concernant la célébration des Ténèbres, dans la forme ordinaire du rit, dans telle et telle paroisse.

Or, si je ne fais pas erreur, cet Office a été supprimé avec la réforme de 69. D'ailleurs il me semble que sous ce nom les paroisse ne font que proposer l'Office de l'Office des lectures du jour.

Qu'en est-il en réalité ? Est-il permis d'intégrer l'Office des Ténèbres dans la forme ordinaire ? Cela est-il pratiqué ?

Autre question de moindre importance : que savez-vous de la réforme de cet Office en 55 ? N'ayant pas l'Office des Ténèbres dans mon missel Lefebvre pré-1955, mais uniquement dans mon Barroux post-1955, je ne peux pas faire la comparaison.

Merci.

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steph
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Re: Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par steph » lun. 02 avr. 2012, 17:20

Bonjour Jean-Baptiste!

Il me semble qu'on le célèbre à dans la Communauté Saint-Martin (photo; avec le grand chandelier = avec plus que trois psaumes).

Il me semble aussi que la Schola Saint-Maur (exclusivement FORM, si je ne me trompe) célèbre (a célébré) un office des Ténèbres. Voir ici.

J'ai la chance d'avoir un Paroissien romain n° 800 de 1956 qui mentionne systématiquement les changements de rubriques, pour éviter les problèmes d'habitude. Apparemment, il n'y a pas de modification des textes (sauf traduction du psautier: mais cette édition donne le texte du psautier gallican et le "nouveau psautier" est utilisable par renvoi à l'appendice). Je n'ai pas fait de comparaison exaustive, mais cela correspond à mon sentiment que cet office est resté inchangé. Ce sentiment se fonde sur le fait que j'ai assisté à cet office (célébré dans le cadre prévu par Summorum Pontificum) avec un livre antérieur à 1955 (1926) et que je n'ai eu aucun souci pour suivre/ participer.
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François-Xavier
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Re: Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par François-Xavier » lun. 02 avr. 2012, 17:29

L'office des Ténèbres est historiquement un raccourçi de l'office complet (nocturne et diurne) pendant les jours saints. Il a toujours été comme une expression liturgique qui faisait converger les usages séculiers et monastiques. Or, lorsqu'on regarde les usages des monastères qui pratiquent avec un certain sérieux l'office choral, ils n'ont pas fait disparaître cet office après 1969. Bien plus l'office des Ténèbres est même maintenu et rénové (y compris avec des recherches sur les manuscrits).
Du côté séculier, le gros changement concerne les lectures qui sont en fait celles de Liturgia Horarum dans l'office des lectures. L'ordre des répons a été légèrement retouché pour correspondre au mansucrit de Hartker.
La communauté saint Martin a travaillé dans cette idée en lien avec Solesmes pour proposer un ordo de Ténèbres que nous utilisons à la schola Saint Maur depuis maintenant plusieurs années. Elles seront célébrées par nous, à Versailles le samedi matin à 9.00 (église Sainte Jeanne d'arc) et à Saint Etienne le Vendredi à 21.00 à la cathédrale Saint Charles Borromée.
Miracle cette année, pour la première fois (et à Versailles, et à Saint Etienne !) nous aurons le fameux chandelier à 15 branches. Et il est évident que nous mettons en oeuvre tout le "folklore" qui va avec...(le stepidus, et le fait de cacher le dernier cierge pendant le répons Christus etc...) !

Cet ordo est à la fois approuvé dans la congrégation de Solesmes et à la communauté Saint Martin. Il est également admis sans état d'âme par au moins deux évêques en tant que célébration de l'office des Ténèbres dans la forme ordinaire, et par un des deux évêques dans sa propre cathédrale...

Pour des raisons théologiques, je crois qu'il est réellement fondamental de célébrer cet office au moins le samedi saint (que ce soit dans la nuit après l'office de l'adoratio crucis ou le samedi au petit matin). D'ailleurs plusieurs communautés religieuses ou paroisses qui ne connaissent pas l'usage romain on parfois improvisé ou adapté la célébration de ce mystère par un "office de l'ensevelissement", plus ou moins inspiré des usages (réputés) byzantins. Ce qui est à mon sens une grossière erreur liturgique. En occident, nous avons une tradition très riche pour cet office, que ce soit en grégorien ou en polyphonie, et donc il suffit de la mettre en oeuvre liturgiquement.
Cela se fait aussi largement en français, comme par le P. Gitton qui est connu pour la justesse de ses positions liturgiues. Comme sa communauté Ain Karem est à Paris pour le triduum cette année, il nous prête son chandelier à 15 branches pour les Ténèbres du Samedi Saint à Versailles ! Merci à lui !
Nous mettrons sur notre site des photos de cette célébration si belle et si particulière !

Si vous êtes dans le coin (Versailles ou Saint Etienne) n'hésitez pas à venir !

Ici vous avez le texte latin-français que l'on donne aux gens qui suivent l'office... http://www.scholasaintmaur.net/img/tene ... nt-txt.pdf
Là vous avez les partitions : http://www.scholasaintmaur.net/img/tene ... sancto.pdf

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Re: Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par jeanbaptiste » lun. 02 avr. 2012, 21:15

Bonjour, merci infiniment à vous deux !

Merci François-Xavier pour les pdf, l'office avec les traduction officielle et les partitions compléteront magnifiquement mes Heures Grégoriennes !

Merci pour l'explication concernant l'office conçu comme convergence des usages séculiers et monastiques.

Mais, tout cela ne répond pas tout à fait à ma question ;)

Je dispose bien de cet office dans mon missel du Barroux pour les trois jours (jeudi, vendredi, samedi).

Je ne l'ai pas dans les Heures Grégoriennes ni dans le diurnal monastique du Barroux, car ce sont des diurnal, rien d'étonnant là-dedans.

Cependant, je ne le trouve pas dans le PTP qui contient pourtant l'office des lectures. Et le livre des jours ne donne pas les différente leçons, mais propose la structure classique avec lecture biblique et lecture issue de la Tradition.

D'après ce que vous me dites, ma question est alors la suivante :

- Pourquoi le PTP ne contient pas cet office ? Est-ce une erreur ? Est-ce une possibilité ? La Liturgie des Heures le contient-il ? Et la Liturgia Horarum ?

Avons-nous affaire à un office qui existe toujours mais qui serait "optionnel" ?

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Re: Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par steph » lun. 02 avr. 2012, 22:54

Bonsoir Jean-Baptiste,

Cet office ne se trouve en effet ni dans LdH, ni dans LH... On ne trouve dans le bréviaire que des offices brefs.

Vous nous ferez remarquer que normalement LH et LdH donnent des indications pour la célébration de Vigiles.
Je vous traduis ici les indications de LH (en tout cas dans l'édition typique de 1977, 10e impression):
Rappel: les vigiles se célèbrent par l'ajout à l'office des Lectures normal (arrêté juste avant l'oraison) de cantiques et d'un évangile (avec homélie).
Il n'est rien prévu pour le jeudi saint.

Les cantiques sont les suivants: Ier 14, 17-21; Ez 36, 24-28; Lam 5, 1-7. 15-17. 19-21 (comme pour les dimanches de Carême), avec les antiennes suivantes:
Le vendredi saint: Du côté du Seigneur crucifié, ouvert par la lance du soldat, ont jailli le sang et l'eau pour l'acquisition (redemptio) de notre salut.
Le samedi saint: Tandis que j'étais tourmenté, j'ai crié vers le Seigneur, du ventre de l'enfer, et il m'a exaucé.

Les évangiles sont les suivants:
Vendredi saint: Mt 27, 1-2. 11-56; ou bien Mc 15, 1-41; ou bien Lc 23, 1-49 (ce sont des Passions, on génuflecte à la mention de la mort du Seigneur).
Samedi saint: Mt 27, 57-66; ou bien Mc 15, 42-47; ou bien Lc 23, 50-56 (évangiles de l'ensevelissement par Joseph d'Arimathie: petite note à François-Xavier: apparemment, les byzantinisants ont eu gain de cause!)

Bref, le bréviaire romain FORM (Liturgia Horarum) ne contient rien qui ressemble à un office de Ténèbres (pas même une mention!)...
Mais François-Xavier nous a bien montré qu'il n'en était pas moins pertinent.
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Re: Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par François-Xavier » mar. 03 avr. 2012, 9:06

En fait la vraie question qu'il faut se poser est la suivante : les livres de Liturgia Horarum sont ils adaptés à la liturgie chantée ? Et la réponse est évidemment : non.
Pour rappel la distinction entre liturgie lue et liturgie chantée date de 1958 et a amené un certain nombre de questions par rapport au rapport à l’usage liturgique.
Jusqu'à une date très récente, il n'y avait aucun livre officiel concernant l'office divin chanté conforme à la réforme de Vatican II; le seul livre officiel du rite romain qui est paru est le Vesperale romanum des dimanches et fêtes (2009) et ne concerne évidemment pas les Ténèbres (qui sont l'adjonction des vigiles et des laudes aux jours saints).

Il est évident par exemple que liturgia horarum n'est pas vraiment utilisable au choeur, puisqu'il n'y a aucune partition. Et en plus de ça, si vous connaissez les Heures grégoriennes, on voit bien que cette instance de l'office chanté "iuxta cum typicum" s'éloigne en fait assez fortement de liturgia horarum tant pour les textes des antiennes que pour l'ordo lui même (mais on peut également faire cette remarque pour le Vesperale romanum qui va encore plus loin).
La fracture entre la liturgie lue (liturgia horarum) et la liturgie chantée (antiphonale romanum) est donc désormais consommée, et ce de façon tout à fait officielle comme le montre le proemium du Vesperale.
Donc, on peut sans aucun etat d'âme, à mon sens, considérer que la question de la célébration solennelle des Ténèbres entre dans la catégorie de la liturgie chantée, pour laquelle il n'y a pas [vraiment encore] de livre officiel. De plus, on peut également considérer que cette question est laissée à l'élaboration de l'ordinaire, sur approbation de la congrégation du culte divin. Or, il y a déjà plusieurs ordinaires qui ont approuvé cette façon de faire ; et comme c'est une question qui me tient vraiment à coeur, j'en ai même touché 2 mots au Cardinal Canizares Llovera (le préfet de la congrégation du culte divin) lors de son passage en France à l’automne dernier. Et il m'a dit qu'il était très favorable à la mise en oeuvre d'un ordo de vigiles chanté pour les séculiers (qui s'éloignerait donc de façon très forte de ce que propose dans la liturgie lue Liturgia Horarum, même avec les Vigiles "protracta qui allongent l'office de lectures avec 3 cantiques de l'AT et l'Evangile.).

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Re: Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par François-Xavier » mar. 03 avr. 2012, 9:20

chandelier.jpg
Merci au P. Gitton (recteur de la Collégiale Saint Quiriace de Provins) qui nous prête son chandelier ;
Dom Guéranger, l'Année liturgique :

L'Office des Matines et des Laudes des trois derniers jours de la Semaine sainte diffère en beaucoup de choses de celui des autres jours de l'année. Tout y est triste et sombre, comme à des funérailles; et rien n'est plus propre à nous donner une idée de la tristesse à laquelle l'Église est en proie, en ces jours de deuil. Elle s'interdit, à tous les Offices du Jeudi, du Vendredi et du Samedi, ces cris de joie et d'espérance par lesquels elle commence la louange de Dieu. On n'entend plus retentir : Domine, labia mea aperies : Seigneur, ouvrez mes lèvres pour votre louange ; ni Deus, in adjutorium meum intende : O Dieu, venez à mon aide. Les Offices divins ne conservent plus que ce qui leur est essentiel dans la forme, et ils ont perdu toutes ces aspirations vives que les siècles y avaient ajoutées. Une psalmodie sévère, des lectures lamentables, des chants lugubres : voilà ce qui leur reste. Chacune des Heures Canoniales se termine par le Psaume Miserere, et par une mention de la Mort et de la Croix du Rédempteur.
On donne vulgairement le nom de Ténèbres à l'Office des Matines et des Laudes des trois derniers jours de la Semaine sainte, parce que cet Office se célébrait autrefois la nuit, comme dans les autres jours de l'année. Ce nom lui appartient encore pour une autre raison; c'est qu'on le commence a la lumière du jour, et qu'il ne se termine qu'après le coucher du soleil. Un rite imposant et mystérieux, propre seulement à ces Offices, vient aussi confirmer cette appellation. On place dans le sanctuaire, près de l'autel, un vaste chandelier triangulaire, sur lequel sont disposés quinze cierges. Ces cierges, ainsi que les six de l'autel, sont en cire jaune, comme à l'Office des Défunts. A la fin de chaque Psaume ou Cantique, on éteint successivement un des cierges du grand chandelier ; un seul, celui qui est placé à l'extrémité supérieure du triangle, reste allumé. Pendant le Cantique Benedictus, à Laudes, les six cierges qui brûlaient sur l'autel sont pareillement éteints. Alors le Cérémoniaire prend l'unique cierge qui était demeuré allumé sur le chandelier, et il le tient appuyé sur l'autel durant le chant de l'Antienne qui se répète après le Cantique. Puis il part et va cacher ce cierge, sans l'éteindre, derrière l'autel. Il le maintient ainsi loin de tous les regards pendant la récitation du Miserere et de l'Oraison de conclusion qui suit ce Psaume. Cette Oraison étant achevée, on frappe avec bruit sur les sièges du chœur, jusqu'à ce que le cierge qui avait été caché derrière l'autel reparaisse et annonce par sa lumière toujours conservée que l'Office des Ténèbres est terminé.
Expliquons maintenant le sens de ces diverses cérémonies. Nous sommes dans les jours où la gloire du Fils de Dieu est éclipsée sous les ignominies de sa Passion. Il était « la lumière du monde », puissant en œuvres et en paroles, accueilli naguère par les acclamations de tout un peuple ; maintenant le voilà déchu de toutes ses grandeurs, « l'homme de douleurs, un lépreux », dit Isaïe; « un ver de terre, et non un homme », dit le Roi-Prophète ; « un sujet de scandale pour ses disciples », dit-il lui-même. Chacun s'éloigne de lui : Pierre même nie l'avoir connu. Cet abandon, cette défection presque générale sont figurés par l'extinction successive des cierges sur le chandelier triangulaire, même jusque sur l'autel. Cependant la lumière méconnue de notre Christ n'est pas éteinte, quoiqu'elle ne lance plus ses feux, et que les ombres se soient épaissies autour d'elle. On pose un moment le cierge mystérieux sur l'autel. Il est là comme le Rédempteur sur le Calvaire, où il souffre et meurt. Pour exprimer la sépulture de Jésus, on cache le cierge derrière l'autel ; sa lumière ne parait plus. Alors un bruit confus se fait entendre dans le sanctuaire, que l'absence de ce dernier flambeau a plongé dans l'obscurité. Ce bruit, joint aux ténèbres, exprime les convulsions de la nature, au moment où le Sauveur ayant expiré sur la croix, la terre trembla, les rochers se fendirent, les sépulcres furent ouverts. Mais tout à coup le cierge reparaît sans avoir rien perdu de sa lumière ; le bruit cesse, et chacun rend hommage au vainqueur de la mort.
Le Samedi saint :
La nuit a passé sur le sépulcre où repose le corps de l’Homme-Dieu. Mais si la mort triomphe au fond de cette grotte silencieuse, si elle tient dans ses liens celui qui donne la vie à tous les êtres, son triomphe sera court. Les soldats ont beau veiller à l’entrée du tombeau, ils ne retiendront pas le divin captif, quand il prendra son essor. Les saints Anges adorent, dans un respect profond, le corps inanimé de celui dont le sang va « pacifier le ciel et la terre ». Ce corps séparé de l’âme pour un court intervalle est demeuré uni au Verbe divin ; l’âme qui a cessé un moment de l’animer, n’a point non plus perdu son union avec la personne du Fils de Dieu. La divinité reste unie même au sang épanché sur le Calvaire, et qui doit rentrer dans les veines de l’Homme-Dieu, au moment de sa prochaine résurrection. Nous aussi, approchons de ce tombeau, et vénérons à notre tour la froide dépouille du Fils de Dieu. Nous comprenons maintenant les effets du péché. « C’est par le péché que la mort est entrée dans le monde et qu’elle a passé dans tous les hommes. » Jésus, « qui n’a point connu le péché », a cependant permis à la mort d’étendre jusque sur lui son empire, afin d’en diminuer pour nous les horreurs et de nous rendre, en ressuscitant, cette immortalité que le péché nous avait ravie. Adorons dans toute notre reconnaissance ce dernier anéantissement du Fils de Dieu. Il avait daigné, dans son incarnation, prendre « la forme d’esclave » ; en ce moment, il est descendu plus bas encore. Le voilà sans vie et glacé dans un tombeau ! Si ce spectacle nous révèle l’affreux pouvoir de la mort, il nous montre bien plus encore l’immense et incompréhensible amour de Dieu pour l’homme. Cet amour n’a reculé devant aucun excès ; et nous pouvons dire que si le Fils de Dieu s’est abaissé outre mesure, nous avons été d’autant plus glorifiés par ses abaissements. Qu’elle nous soit donc chère cette tombe sacrée qui doit nous enfanter à la vie ; et après avoir rendu grâces au Fils de Dieu de ce qu’il a daigné mourir pour nous sur la Croix, remercions-le aussi d’avoir accepté pour nous l’humiliation du sépulcre.
Descendons maintenant dans Jérusalem, et visitons humblement la Mère des douleurs. La nuit aussi a passé sur son cœur affligé ; et les scènes lamentables de la journée n’ont cessé d’assiéger sa mémoire. Le fils de sa tendresse a été foulé sous les pieds des hommes, elle a vu couler son sang par torrents ; et maintenant il est dans le tombeau, comme le dernier des mortels ! Que de larmes a versées déjà la fille de David durant ces longues heures ; et son fils ne lui est pas rendu encore ! Près d’elle, Madeleine, toute brisée des secousses qu’elle a ressenties dans les rues de Jérusalem et sur le Calvaire, éclate en sanglots, muette de douleur. Elle aspire au lever du jour suivant pour retourner au tombeau, et revoir les restes de son cher maître. Les autres femmes, moins aimées que Madeleine, mais cependant chères à Jésus, elles qui ont bravé les Juifs et les soldats pour l’assister jusqu’à la fin, entourent avec discrétion l’inconsolable mère, et songent aussi à soulager leur propre douleur, en allant avec Madeleine lorsque le Sabbat sera écoulé, de poser dans le sépulcre le tribut de leur amour et de leurs parfums.
Jean, le fils d’adoption, le bien-aimé de Jésus, pleure sur le Fils et sur la mère. D’autres apôtres, des disciples, Joseph d’Arimathie, Nicodème, visitent tour à tour cette maison de deuil. Pierre, dans l’humilité de son repentir, n’a pas craint de reparaître aux regards de la Mère de miséricorde. On s’entretient à voix basse du supplice de Jésus, de l’ingratitude de Jérusalem. La sainte Église, dans l’Office de cette nuit, nous suggère quelques traits des entretiens de ces hommes qu’une si terrible catastrophe a ébranlés jusqu’au fond de l’âme. « C’est donc ainsi, disent-ils, que meurt le juste, et personne ne s’en émeut ! Il a disparu devant l’iniquité ; semblable à l’agneau, il n’a pas ouvert la bouche ; il a été enlevé au milieu des angoisses ; mais son souvenir est un souvenir de paix. »
Ainsi parlent ces hommes fidèles, pendant que les femmes, en proie à leur douleur, songent aux soins des funérailles. La sainteté, la bonté, la puissance, les douleurs et la mort de Jésus, tout est présent à leur pensée ; mais sa résurrection qu’il a annoncée et qui ne doit pas tarder, ne leur revient pas en souvenir. Marie seule vit dans cette attente certaine. L’Esprit-Saint dit de la femme forte : « Durant la nuit, sa lampe ne s’éteint jamais » ; cette parole s’accomplit aujourd’hui en la Mère de Jésus. Son cœur ne succombe pas, parce qu’elle sait que bientôt la tombe doit rendre son fils à la vie. La foi de la résurrection du Sauveur, cette foi sans laquelle, comme dit l’Apôtre, notre religion serait vaine, est, pour ainsi dire, concentrée dans l’âme de Marie. La Mère de la Sagesse conserve ce dépôt précieux ; et de même qu’elle a tenu dans ses chastes flancs celui que le ciel et la terre ne peuvent contenir, ainsi aujourd’hui, par sa croyance ferme et constante aux paroles de son fils, elle résume en elle-même toute l’Église. Sublime journée du Samedi qui, au milieu de toutes ses tristesses, vient encore ajouter aux grandeurs de Marie ! La sainte Église en garde à jamais le souvenir ; et c’est pour cela que, désirant consacrer à sa grande Reine un jour spécial chaque semaine, elle lui a dédie pour toujours le Samedi.

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Re: Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par jeanbaptiste » mar. 03 avr. 2012, 10:50

Merci beaucoup pour vos précisions et clarifications François-Xavier, je comprends mieux maintenant.

Je serai curieux de jeter un œil au Vesperale Romanum pour la forme ordinaire. Un PDF serait-il disponible ?

Je sais que je vous demande beaucoup ! Veuillez me pardonner, mais étant musicien amateur, tout cela m'intéresse énormément ;)

Et merci encore pour les partitions grégoriennes des Ténèbres du samedi, c'est absolument magnifique !

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Re: Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par François-Xavier » mar. 03 avr. 2012, 10:55

Pour les partitions des Ténèbres, les remerciements devraient plutôt aller à Adoramus Te.
Par contre pour le Vesperale romanum, il n'y a pas de version électronique de disponible ; c'est comme les heures grégoriennes.

On trouve des partitions ça et là sur internet, mais musicalement et / ou liturgiquement ce n'est pas très sérieux.... Même si ça peut dépanner !

NB : Sur le pdf fourni, il y a quelques fautes (mais c'est de ma faute) : pas de réintonation aux psaumes 149 et 150 des laudes, et la collecte finale est amputée de quelques mots (choses qui sont rétablies dans le livret latin-français).

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Re: Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par jeanbaptiste » mar. 03 avr. 2012, 14:38

Vous doit-on le récent article sur l'Office des Ténèbres publié sur Grégorien en paroisse ?

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Re: Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par steph » mar. 03 avr. 2012, 15:17

Bonjour!
François-Xavier a écrit :En fait la vraie question qu'il faut se poser est la suivante : les livres de Liturgia Horarum sont ils adaptés à la liturgie chantée ? Et la réponse est évidemment : non.
C'est ce qui soutendait mon affirmation selon laquelle "On ne trouve dans le bréviaire que des offices brefs."

On peut par contre, au vu de ce qui se dit ici, se poser quelques questions dont les suivantes: à quoi ressembleraient ces Vigiles chantées par les séculiers? Tous les jours seraient-ils pourvus de Vigiles ou seulement les fêtes ou féries majeures? Dans quelle mesure l'office choral peut alors prendre ses distances d'avec l'office à réciter? Dans quelle mesure aussi repenser la répartition des psaumes? Tant qu'on y est dans quelle mesure utiliser le psautier de la Vulgate (vu qu'on y est revenu, si j'ai bien lu, pour le Magnificat, dans le Vesperale Romanum)? Et si l'on se pose cette question: ne peut-on pas tout simplement reprendre l'office préconciliaire en changeant seulement un certain nombre d'antiennes pour qu'elles collent avec l'évangile du jour (et en multipliant hymnes et capitules, insérant les litanies) (là, je déraille^^)?
Je ne suis pas sûr d'un programme liturgique à plusieurs vitesses où les vel, vel se multiplient à l'envi.
Quand on voit le temps qu'il faut apparemment pour que Solesmes puisse faire paraître son volume concernant les Heures de la nuit; quand on voit le temps que prend la publication de l'ARomanum (et encore, on n'a que les vêpres des dimanches et fêtes!), j'ai l'impression que l'on pourra attendre longtemps des vigiles chantées pour les séculiers...

L'important est qu'on y réfléchisse^^
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Re: Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par François-Xavier » mer. 04 avr. 2012, 8:51

steph a écrit :Bonjour!

On peut par contre, au vu de ce qui se dit ici, se poser quelques questions dont les suivantes: à quoi ressembleraient ces Vigiles chantées par les séculiers? Tous les jours seraient-ils pourvus de Vigiles ou seulement les fêtes ou féries majeures? Dans quelle mesure l'office choral peut alors prendre ses distances d'avec l'office à réciter? Dans quelle mesure aussi repenser la répartition des psaumes? Tant qu'on y est dans quelle mesure utiliser le psautier de la Vulgate (vu qu'on y est revenu, si j'ai bien lu, pour le Magnificat, dans le Vesperale Romanum)? Et si l'on se pose cette question: ne peut-on pas tout simplement reprendre l'office préconciliaire en changeant seulement un certain nombre d'antiennes pour qu'elles collent avec l'évangile du jour (et en multipliant hymnes et capitules, insérant les litanies) (là, je déraille^^)?
Je ne suis pas sûr d'un programme liturgique à plusieurs vitesses où les vel, vel se multiplient à l'envi.
Quand on voit le temps qu'il faut apparemment pour que Solesmes puisse faire paraître son volume concernant les Heures de la nuit; quand on voit le temps que prend la publication de l'ARomanum (et encore, on n'a que les vêpres des dimanches et fêtes!), j'ai l'impression que l'on pourra attendre longtemps des vigiles chantées pour les séculiers...

L'important est qu'on y réfléchisse^^
Je suis bien d'accord : l'important c'est qu'on y réfléchisse. Le gros problème, c'est qu'un certain nombre de (néo)rubricistes interdisent toute initiatve dans le sens de l'office nocturne chanté sous prétexte que ce n'est pas conforme à Liturgia Horarum, tout comme ils interdisent tout célébration solenelle de vêpres ou de laudes pour les mêmes raisons (même si le fossé entre liturgia horarum et l'antiphonale romanum est moins grand ; ceci dit entre PTP et l'antiphonale romanum il reste une énorme crevasse...).
On pourrait imaginer une solution ressemblant à celle adoptée par le choeur grégorien de Paris pour les journées grégoriennes de mai dernier, avec des Vigiles à 9 psaumes, leçon et répons, (en partant de l'ordo de la réforme du bréviaire de 1912). Evidemment, il ne s'agirait que de l'office chanté, liturgia horarum faisant foi pour l'office lu de façon individuele.
Pour les leçons, on peut prendre celles de LH en les coupant en 3 ou encore de celles de Solesmes (qui sont mieux).

Evidemment, prendre 12 psaumes ça a à mon sens une signification et une authenticité beaucoup plus traditionnelle. C'est la "mesure de l'ange". Dans cet esprit, je vous mets ici un texte que nous avons mis en tête d'un livret de vigiles chanté ici à Saint Etienne :
L'Office des Vigiles
Le mot « vigile » vient du latin vigilare : éveiller. La vigile au singulier, désigne la veille d’un jour. Tandis que les vigiles au pluriel désignent les vigiliae matutinae, la prière de l'Eglise célébrée la nuit. Cet office des Vigiles (appelé longtemps « matines ») prolonge la pratique du Christ et des premiers chrétiens qui priaient longuement de nuit. Il n’était pas rare qu’en un temps où le dimanche n’était pas jour de repos chômé, les fidèles passent une grande partie de la nuit en prière, jusqu’à l’aube où était célébré le sacrifice eucharistique, avant qu’ils ne regagnent chacun son travail.
Les Vigiles sont un office particulier, parce qu'il est nocturne, et que la nuit est ambiguë. C’est le temps du repos de la nature, grâce au silence et à l’obscurité ; c’est aussi le temps du repos du corps de l’homme mais aussi celui de son cœur, qui demeure inquiet (sans repos), tant qu’il ne repose pas en Dieu (Saint Augustin).
Quand les premiers moines, en Egypte, voulurent vivre une prière aussi constante que possible, ils élurent le psautier biblique, pris dans l’ordre numérique des psaumes, comme le tissu conjonctif de leur prière, notamment nocturne. C’est ainsi que les frères avaient coutume de se réunir à la tombée du jour ou un peu plus tard pour une très longue veillée, où étaient chantées (il vaudrait mieux dire cantilées) par l’un d’eux des séries de douze psaumes, ponctués de Gloire au Père, où tout le monde se levait et se prosternait face contre terre. Certains chantaient ainsi tout le psautier (les 150 psaumes), d’autres le répartissaient sur la semaine.
Dans les églises séculières (notamment les cathédrales et les basiliques), on se réunissait aussi de nuit pour la prière. Saint Ambroise en 386, entraînant son peuple à veiller dans la basilique porcienne à Milan pour résister aux troupes impériales qui menaçaient d’occuper l’édifice, lui fit chanter pour la première fois les psaumes en alternance.
Saint Jean Cassien, un auteur monastique du début du Ve siècle, indique le déroulement des Vigiles, qui comporte dès cette époque, outre des psaumes, de longues lectures (« leçons ») prises dans les différents livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. On y ajoutera par la suite d’autres prises dans les auteurs ecclésiastiques, déjà qualifiés de « Pères », c'est à dire jouissant d’une autorité certaine dans l’Eglise.
Saint Benoît, le Père des moines d’Occident au VIe siècle, indique dans sa Règle le détail des psaumes affectés à chaque jour et mentionne trois « nocturnes » (au moins pour les jours de fête), qui partagent l’office de nuit : le premier composé de six psaumes précédant quatre leçons scripturaires suivies chacune d’un répons, le second encore de six psaumes introduisant quatre leçons patristiques , le troisième de trois cantiques de l’Ancien Testament faisant fonction de psaumes avant un commentaire de l’Evangile divisé lui aussi en quatre leçons tirées d’un auteur patristique. Cet office, avec son commencement (l’invitatoire et l’hymne du jour) et sa conclusion (Te Deum, évangile du jour, Te decet laus, et la collecte du jour) forme un ensemble impressionnant qui donne son poids et son sérieux à la prière nocturne.
L’Office qui va être celui des chanoines desservant cathédrales et collégiales suit à peu près le même schéma, avec des nuances où chacun met la fierté de son usage propre. Les laïcs fondent parfois des confréries pour soutenir la prière de nuit des chanoines en y assistant eux-mêmes.
Les Vigiles, à partir du Moyen Age et dans la suite, ne sont plus seulement une récitation, même chantée, c’est un véritable office liturgique, avec tout un ballet d’exécutants qui interviennent selon un déroulement savamment prévu. Les jours solennels, de somptueuses chapes sont revêtues par les chantres tandis qu’ils chantent l’invitatoire et le 3ème nocturne. Les premiers mots de chaque antienne sont entonnés à tour de rôle par chacun des membres du chœur en commençant par le premier de chaque côté. Autour du lutrin en forme d’aigle placé au centre, où sont chantées les leçons et les répons, se succèdent chantres et lecteurs, en commençant cette fois-ci par les plus jeunes. Au moment de l’Evangile, le célébrant revêt la chape à son tour et, entouré de lumières et précédé de l’encens, il se rend à l’ambon d’où est chanté le texte évangélique...
La grâce de l’office des vigiles tient à cette heure où tout repose et où l’on veille pour louer Dieu dans le silence de la nuit. Tout part de la prière silencieuse qui l’a normalement précédé et tout conduit à un recueillement qui se prolonge ensuite, pendant de longues minutes, après la dernière note chantée. Moment d’attention donnée aux choses de Dieu, dans une souveraine gratuité...
Le psaume 15 dit : « même la nuit mon cœur m’instruit. » car le Seigneur nous instruit pendant la nuit : c’est le cas dans les songes. Le psaume 62 dit : « Je songe à Toi sur ma couche, au long des veilles je médite sur Toi. ». De la même façon, c'est pendant la nuit que Paul et Silas louent le Seigneur en prison. La veille a la signification d'une d’une présence intime à Dieu, et même d’une union à Dieu-époux. C’est pendant son sommeil que Dieu a tiré Eve de son côté, et c’est aussi la nuit que l’homme et la femme ne font qu’une seule chair. C'est le temps de l’intimité de l’amour. « Je dors mais mon cœur veille » dit le cantique des cantiques ; et c’est par une grâce spéciale de Dieu qu’il y a repos du corps et du cœur.
Mais le démon s’oppose à l’action de Dieu spécialement pendant ce temps privilégié. C’est pourquoi la veille est le lieu d’un combat spirituel contre les ténèbres et le sommeil, c'est à dire le péché qui rend opaque à la grâce de Dieu. L’épisode de Samuel, appelé par Dieu pendant la nuit, montre qu’il faut se réveiller, pour pouvoir écouter la Parole de Dieu : « Parle, Seigneur, Ton serviteur écoute. »: il faut un engagement de notre volonté. « Ne réveillez pas mon époux avant qu’il ne le veuille (Cantique 2, 7). » L’agonie à Gethsémani est une prière de Vigiles, et c'est aussi un combat. L'office des Vigiles a donc une dimension ascétique, parce que le démon a sur nous un pouvoir de lassitude, pour nous décourager de prier. Mais Dieu regarde avec bienveillance tous ceux qui ont le courage de prendre sur leur sommeil pour prier.
La veille est donc le mémorial de la Pâque du Christ, mais aussi celui de la Pâque juive : Le livre de l’Exode au chapitre 12, au verset 19 dit : « Au milieu de la nuit, Yahvé frappa tous les premiers-nés dans le pays d'Egypte » et au verset 42 : « Cette nuit durant laquelle Yahvé a veillé pour les faire sortir d'Egypte doit être pour tous les Israélites une veille pour Yahvé, pour leurs générations. » C'est cette articulation qui est l’axe de toute veille chrétienne. Sagesse 18, 13 : « Alors qu'un silence paisible enveloppait toutes choses et que la nuit parvenait au milieu de sa course rapide, du haut des cieux, Ta Parole toute-puissante s'élança du trône royal. » Ces versets sont lus dans l'Eglise comme une prophétie appliquée à la nuit de Pâques, puisque l’Exode est la sortie d’Egypte, et le passage au désert vers la terre promise, mais aussi la Pâque du Christ, Sa mort, Sa résurrection et Son entrée dans la gloire.
La grande Vigile est donc celle de Pâques. C’est la première qui est célébrée par l’Eglise, puis vient ensuite progressivement celle de Noël et de la Pentecôte, et celle de chaque dimanche.
Nous vivons dans l’attente de la réalisation des promesses du Christ, de Sa seconde venue dans la gloire avec les anges et les saints. Dans cette attente, l'office liturgique des Vigiles nous encourage à veiller pour être prêts, les lampes à la main, lorsqu'Il viendra. Cette vigilance est rappelée par Jésus par la parabole des dix vierges, ou celle du voleur, dont les péricopes sont lues lors des dimanches qui précèdent la célébration, à la fin de l'année liturgique, de la solennité du Christ-Roi dont le caractère eschatologique est fortement marqué. Ces appels sont répercutés dans les épîtres : 2 Pierre 3, 10 : « Il viendra, le Jour du Seigneur, comme un voleur. » 1 Thessaloniciens 5, 1-8 : « Quant aux temps et moments, vous n'avez pas besoin, frères, qu'on vous en écrive. Vous savez vous-mêmes parfaitement que le jour du Seigneur arrive comme un voleur en pleine nuit. »
Et c'est par la Foi que nous dissipons les Ténèbres, puisque Saint Paul nous dit que parce que nous avons la foi, nous sommes enfants de lumière. Dans la veille, il s’agit alors de rejoindre Dieu qui ne dort pas. Alors que lors de la nuit, chacun dort ou s’enivre, et ne pense pas au Seigneur, le Chrétien, lui, veille, et reste sobre, et résiste, fort dans la foi, au diable, qui comme un lion qui rugit, rôde et cherche à le dévorer. (cf. 1 Pierre 5,8)
C'est parce que nous avons une prière communautaire que l'Eglise organise de façon précise la liturgie des Vigiles. L'office des Vigiles antique à 12 psaumes et 12 leçons a été allégé au siècle dernier, mais la présentation générale de la liturgie des heures recommande de conserver à l’office de lectures son caractère nocturne (n°72). Elle indique qu’on peut utiliser l’office de lectures pour célébrer les Vigiles, en faisant suivre les lectures par les trois cantiques, l’Evangile et le Te Deum (n°73). Les vigiles sont spécialement recommandées pour les grandes fêtes de l'année liturgique afin de marquer la spiritualité de la veille et de l’écoute de la Parole. C'est donc ce que nous mettons en pratique ici pour la solennité de Notre Seigneur Jésus-Christ, roi de l'univers.

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François-Xavier
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Re: Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par François-Xavier » mer. 04 avr. 2012, 8:54

jeanbaptiste a écrit :Vous doit-on le récent article sur l'Office des Ténèbres publié sur Grégorien en paroisse ?
C'est sûr que c'est signé "schola saint Maur" !

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Re: Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par AdoramusTe » mer. 11 avr. 2012, 8:38

François-Xavier a écrit :Pour les partitions des Ténèbres, les remerciements devraient plutôt aller à Adoramus Te.
C'est bien aimable :)
NB : Sur le pdf fourni, il y a quelques fautes (mais c'est de ma faute) : pas de réintonation aux psaumes 149 et 150 des laudes, et la collecte finale est amputée de quelques mots (choses qui sont rétablies dans le livret latin-français).
J'ai déjà préparé depuis un bon moment une version corrigée mais je n'ai pas eu de réponse quand j'ai proposé cette nouvelle version aux personne intéressées. Dommage ! :(
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Re: Office des Ténèbres après 1969

Message non lu par AdoramusTe » mer. 11 avr. 2012, 8:44

Bonjour,

Je viens de découvrir cet excellent fil de discussion.

J'annonce qu'il y a dans les cartons le projet de livrets pour les ténèbres du jeudi saint et du vendredi saint.

Sujet intéressant : doit-on célébrer les ténèbres du jeudi saint dès lors que la messe de la Cène a lieu désormais le jeudi soir, depuis la réforme de Pie XII ?
La Communauté Saint-Martin estime que non, compte tenu de la chronologie.
En ce qui me concerne, je suis d'un avis contraire : j'ai la conviction que les ténèbres sont un triduum dans le Triduum, les trois sont inséparables et qu'il faut faire fi d'une vision rationnelle des choses.

A débattre. ;)
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