Socrate d'Aquin a écrit : ↑mer. 19 avr. 2017, 11:07
Le missel unifié voulu par le Concile de Trente avait surtout pour but de mettre fin aux abus liturgiques. Il ne s'agissait nullement d'inventer un nouveau missel (mais de définir une recension des usages existants), et le fait que les liturgies à l'antiquité (plus de 200 ans) attestée aient été préservé le montre bien. On est loin de l'idée d'unifier parce qu'on ne veut voir qu'une seule tête.
Je crois bien au contraire qu'il y a une volonté des papes d'imposer la liturgie romaine à tous les chrétiens de rit latin. Ainsi, même après la réforme tridentine, progressivement, on constate une romanisation des usages locaux: c'est assez patent avec la liturgie lyonnaise.
Je vous suggère de relire Quo Primum: S. Pie V dit explicitement que son missel doit être suivi par tous les chrétiens de rit latin (à quelques exceptions, qui demeurent d'ailleurs aujourd'hui: rit ambrosien, mozarabe...):
Pour que tous accueillent partout et observent ce qui leur a été transmis par l'Église romaine, Mère et Maîtresse de toutes les autres Églises, et pour que par la suite et dans les temps à venir dans toutes les églises, patriarcales, cathédrales, collégiales et paroissiales de toutes les provinces de la Chrétienté, séculières ou de n'importe quels Ordres monastiques, tant d'hommes que de femmes, même d'Ordres militaires réguliers, et dans les églises et chapelles sans charge d'âmes dans lesquelles la célébration de la messe conventuelle à haute voix avec le Chœur, ou à voix basse selon le rite de l'Église romaine est de coutume ou d'obligation, on ne chante ou ne récite d'autres formules que celle conforme au Missel que Nous avons publié, même si ces églises ont obtenu une dispense quelconque, par un indult du Siège Apostolique, par le fait d'une coutume, d'un privilège ou même d'un serment, ou par une confirmation apostolique, ou sont dotées d'autres permissions quelconques ; à moins que depuis la première institution approuvée par le Siège Apostolique ou en vertu de la coutume, cette dernière ou l'institution elle-même aient été observées dans ces mêmes églises depuis deux cents ans au moins, d'une façon continue, pour la célébration des messes.
L'unification liturgique est donc une volonté pontificale. La volonté du Bx. Paul VI est exactement la même que celle de S. Pie V.
Certes, mais ce n'était pas la question. Vous affirmiez ceci:
et je faisais remarquer que votre "idéal" est contraire à toute l'histoire de l'Eglise qui a toujours connu des liturgies différentes, aussi bien des rites distincts que des usages distincts à l'intérieur d'une même famille rituelle.
Je viens de montrer le contraire. Après, ce n'est pas ma faute ni celle de Paul VI si certains ordres ou diocèses ont abandonnés leurs liturgies propres.
Cf la citation de Summorum Pontificum (document émis par un pape...) que j'ai mise plus haut: Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il ne dit pas que Paul VI n'a jamais interdit l'ancien missel (sa volonté était trop évidente), mais qu'il ne pouvait pas, qu'il n'avait pas le droit de le faire. Même le Pape n'est pas au-dessus de la tradition de l'Eglise et des canons tenus par tous pour sacrés de par leur ancienneté (et en particulier, le Canon romain était considéré comme extrêmement vénérable et sacré, même après Vatican II, il a été plusieurs fois répété aux évêques inquiets qu'on ne toucherait pas au Canon romain... On a vu le résultat).
En effet, ce qui était grand et sacré pour nos prédécesseurs le demeure pour nous. Mais vous oubliez de donner la phrase qui précède cette affirmation: "
Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous...". Aussi est-il permis de penser que cette phrase ne désigne pas le missel de S. Pie V mais la tradition latine en général.
Cette phrase ne se trouve d'ailleurs que dans la lettre aux évêques, pas dans Summorum Pontificum.
Pourquoi Paul VI n'aurait-il pas eu le droit d'interdire le Missel de S. Jean XXIII ? Vous croyez que Jean XXIII s'est gêné pour interdire celui de Pie XII ? Ou S. Pie V pour interdire celui de son prédécesseur ? Tenez, lisez ce que disait S. Pie X au moment de promulguer son bréviaire:
Par l'autorité des présentes lettres, avant tout, nous abolissons la disposition du psautier telle qu'elle est actuellement dans le Bréviaire romain et nous en interdisons absolument l'usage à partir des calendes de janvier de l'an mille neuf cent treize.
Ce qu'avait fait un Pape, un autre peut le défaire.
D'autre part, voici ce que disait Paul VI à Jean Guitton:
Je serais tout prêt à autoriser la messe de Pie V: je l’ai célébrée toute ma vie. Mais ce rite est devenu un symbole, comme le drapeau blanc des monarchistes légitimistes: le symbole d’une opposition au Concile. Mon devoir de pape est d’appliquer le Concile
Quand au canon romain... il demeure dans le missel de Paul VI: PREX EUCHARISTICA I SEU CANON ROMANUS. Il fut certes un peut modifié, mais ces modifications sont insignifiantes et ne touchent pas à son essence.
Je n'ai nullement dit cela... (ce qui ne justifiait nullement d'inventer de nouvelles Prières Eucharistiques écrites sur un coin de table, dixit le P. Louis Bouyer).
A supposer que le P. Bouyer soit honnête, ça ne concerne qu'une seule prière eucharistique, la deuxième.
Et puis les autres canons ont quand même certains mérites que n'avait pas le canon romain. Je pense notamment au rôle du Saint-Esprit.