Bonjour Toto,
l est bien précisé que "2. Cependant, on réservera toujours à chaque prêtre la liberté de célébrer la messe individuellement, mais non pas au même moment dans la même église, ni le Jeudi saint."
D ailleurs le texte se contredit sur les deux paragraphes. Au premier point la faculté de concélébrer est étendu au jeudi saint, au deuxième le prêtre est privé de la faculté de célébrer la messe individuellement au même jeudi saint apparemment.
Enfin l essentiel est que ce texte indique clairement qu à part peut être le jeudi saint aucun prêtre n est tenu de concélébrer.
Mais ici on est purement sur un point disciplinaire.
Avant de vous aventurer en osant affirmer qu’un texte voté par les pères conciliaires soit marqué de contradiction d’un paragraphe à l’autre, comme si l’évidente contradiction que vous croyez y voir ait pu échapper, malgré l’évidence que vous lui supposez, à la sagacité des pères débattant de chaque aspect du texte lors de ses sessions préparatoires ; voilà, trouve-je, un point de vue bien hardi : un jugement téméraire… Jugement d’autant plus grave qu’il présume un document conciliaire frappé d’erreur.
En vérité il est â craindre que vous ne croyiez en cette contradiction que parce que vous
voulez qu’elle y soit, ce afin d’écarter à bon compte les dispositions du droit : afin de légitimer à bon compte le refus de se soumettre à la loi ecclésiastique : afin de lêgitimer à bon compte la rébellion contre l’autorité ecclésiale. Ce qui ouvre une question : êtes vous, oui ou non, sujet de la loi ecclésiastique ? Pour le dire autrement, les fils de l’Église étant soumis à ses lois, êtes-vous encore d’Église ? Il vous faudrait, pour rèpondre affirmativement, que la loi à laquelle vous dissentez soit si contradictoire qu’inapplicable. Est-ce le cas ? Non, comme la suite va immédiatement le montrer. Aussi me voyez-vous contraint de penser que vous n’êtes plus véritablement d’Église, tant votre propos tendancieux dénote un état d’esprit schismatique.
En vérité j’avoue être très étonné de votre réponse, tant est évident que la prétendue contradiction que vous
voulez y voir n’existe pas. La règle posée par le document conciliaire est que chaque prêtre à la liberté de célébrer quotidiennement des messes individuelles sous réserve d’un tempérament et d’une exception.
- Le tempérament est que la messe individuelle ne peut être célébrée en un lieu au moment-même où une messe est concélébrée en ce lieu. Le prêtre voulant célébrer individuellement doit célébrer avant ou après la messe concélébrée. Rien de contradictoire donc. Si la concélebration est à 9 heures, rien n’empêche de célébrer individuellement à 7 heures… Où. voyez-vous là contradiction ?
- La règle est aussi marquée d’une exception. La loi ecclésiastique affirme tout à la fois une règle générale et une exception à cette règle : le prêtre a la liberté de célébrer quotidiennement des messes individuelles sauf le jeudi saint.
En vérité la contradiction que vous supposez pour mieux vous rebeller à l’autorité ecclésiastique n’existe pas.
Au N. 57 §1 1. est affirmé que les concélébrations sont étendues aux cas suivants : « a) le Jeudi saint, tant à la messe chrismale qu’à la messe du soir ; b) aux messes célébrées dans les conciles, les assemblées épiscopales et les synodes ; c) à la messe de la bénédiction d’un abbé. »
Au N. 57 §1 2. est de surcroît posé que l’évêque diocésain peut étendre les cas de concélébration : « a) à la messe conventuelle et à la messe principale dans les églises, lorsque le bien spirituel des fidèles ne requiert pas que tous les prêtres présents célèbrent individuellement ; b) aux messes des assemblées de prêtres de tout genre, aussi bien séculiers que religieux. »
Et hors le cas du Jeudi saint, le N.57 §2 2. maintien le droit de chaque prêtre à célébrer quotidiennement et individuellement, rien n’empêchant le même prêtre de dire plusieurs messes par jour.
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La vérité est dans le juste milieu. Si l’Église est attaquée sur sa gauche par des discours hétérodoxes, elle est attaquée sur sa droite par des discours schismatiques. Je suis sidéré de voir à quel point les tradissidents multiplient les paralogismes et les jugements téméraires pour trouver prétexte à leur rébellion insensée. Loin de soumettre leur volonté au jugement de l’Église, ils soumettent ce jugement à leur volonté propre qui, voulant dissentir, cherche conséquemment des prétextes à son dissentiment.
De sorte qu’ils en viennent aussi à dénigrer à peu de frais les études ou les argumentaires allant en sens contraire à celui de leur dissentiment à la Sainte Église. Je suis affligé de lire que l’étude du père Tihon serait suspecte du seul fait que son auteur est un jésuite et que son étude fut publiée en 1964. Comme motif de suspicion, c’est léger…
Et puisque nous parlons, quant aux tradissidents, de gens qui subvertissent la Tradition qu’ils prétendent défendre, laissez moi vous rappelez l’enseignement de saint Ignace d’Antioche, un Père de l’Eglise de la première génération chrétienne, celle ayant personnellement connue les Apôtres.
Dans son Épître aux Smyniotes il écrit : « VIII, 1. Suivez tous l'évêque, comme Jésus-Christ suit son Père, et le presbyterium comme les Apôtres ; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse, en dehors de l'évêque, rien de ce qui regarde l'Église. Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l'évêque ou de celui qu'il en aura chargé. 2. Là où paraît l'évêque, là est la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l'Église catholique. » Et encore : « IX,1. Il est bon de reconnaître Dieu et l'évêque. Celui qui honore l'évêque est honoré de Dieu; celui qui fait quelque chose à l'insu de l'évêque sert le diable. »
Dans son Épître aux Éphésiens il écrit : « V,3 : Ayons donc soin de ne pas résister à l'évêque, pour être soumis à Dieu. » Et en VI, 1 de préciser : « Donc il est clair que nous devons regarder l'évêque comme le Seigneur lui-même. »
Je demande donc quelle légitimité ont ces mauvais prêtres pour refuser de concélébrer alors que leur évêque le leur demande conformément au droit ; évêque « à qui il appartient d’apprécier l’opportunité de la concélébration » (Constitution Sacrosanctum Concilium, N.57, §1, 2). En quoi ces prêtres respectent-ils la structure hiérarchique de l’Église ? En quoi sont-ils encore unis à leur évêque et par lui au collège épiscopal uni au Pape pris selon son office ? Bref en quoi sont-ils encore catholiques ?
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Je répondrais ultérieurement à la suite de votre message, quand ma lecture de ce fil sera terminée. Soyez assuré que je ne cherche pas à vous dénigrer ou à polémiquer : je ne fais que vous manifester ma stupeur et ma profonde affliction à la lecture de propos manquant si manifestement d’esprit ecclésial.
Cordialement dans le Seigneur.