Exploration du monde invisible

[Pneumatis]

Bonsoir mon Père,

Je me permets de vous reposer une question, que j'avais déjà déposé à votre attention dans la "corbeille à question" à l'issue d'une de vos conférences, mais n'avait pu être présent au moment où vous répondiez à ces questions.

Ma question était la suivante (pas forcément mot pour mot) : la nature comprenant tout à la fois le monde visible et le monde invisible, pourriez-vous expliquer pourquoi on ne peut justifier l'exploration du monde invisible, par des sciences dites "occultes", comme on justifie et même recommande l'exploration et la connaissance du monde visible à travers les sciences positives ? Sur ce sujet, je pense notamment à des démarches comme celles d'Allan Kardec, et sa méthodologie à prétention scientifique d'étude des phénomènes spirites. Je pense aussi à ceux qui ont développé certaines maitrises de la projection astrale, se permettant d'établir une quasi "cartographie" des plans de conscience modifiée et dimensions astrales, etc...

En vertu de quels principes l'Eglise condamne-t-elle ce genre de pratiques, en particulier pour un chrétien comme vous qui serait avisé des sous-bassement gnostiques dans lesquelles prennent racines ces pratiques mais saurait séparer, disons, la technique de l'idéologie ? Est-ce uniquement une question de "danger" pour l'âme ? Ou serait-il question de quelque chose s'apparentant à de la profanation d'un domaine réservé ou sacré ? Ou simplement la dérive idéologique est-elle inévitable ?

[Père J.M. Verlinde]

J'essaye d'être bref.
La prétention "scientifique" des soi-disant "sciences" occultes est totalement usurpée.
En bonne épistémologie, pour pouvoir avoir le label de "science", il faut au moins pouvoir répondre à l'exigence de l'objectivité faible. Ce qui veut dire: deux expérimentateurs effectuant dans les mêmes conditions un même protocole d'expérience, doivent aboutir au même résultat.
Or ce n'est guère le cas dans les "sciences" occultes, dans lesquelles la subjectivité est bien trop importante pour pouvoir être qualifiées de scientifiques.
Mais là n'est pas la raison de la réticence de l'Eglise.
En fait, la Tradition et le Magistère ont toujours condamné les curiosités occultes en raison de la très sévère condamnation formulée à plusieurs reprise par les Ecritures.
Il semble bien que ces domaines ou ces mondes parallèles (occultes) soient gouvernés par des entités (des esprits) malveillantes. Les hindous les appellent des "dévas", les musulmans les nomment des "djinns" et nous les désignons comme des "démons". Ce qui me frappe, c'est que toutes les Traditions parlent de ces entités gouvernant les plans occultes et en parlent de façon négative, leur fréquentation étant dangereuse, je veux dire conduisant à des aliénations.
Il faut savoir que tous les mages ou occultistes reconnaissent que l'homme n'aurait aucun pouvoir dans les mondes occultes sans la collaboration avec ces entités...

[Pneumatis]

Merci beaucoup pour votre réponse. L'aspect "collaboration incontournable" avec les entités du monde invisible est en effet un critère de discernement déterminant.

Ceci dit, d'autres traditions - toutes celles qui, de près ou de loin travaillent sur les états modifiés de conscience - argueront qu'il ne s'agit généralement que d'exploration de la conscience et de son univers. C'est le cas dans certains néo-chamanismes notamment, je crois, dont certains supposent la prise de drogues, ou dans d'autres versions, des conditionnements particuliers de la conscience (musiques, mandalas, yogas, etc...).

Peut-on dire que les états modifiés de conscience supposent systématiquement une soumission aux entités du monde invisible ?