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Une faim et une soif pour traverser le monde

Publié : ven. 04 juil. 2008, 10:41
par etienne lorant
11 Voici venir des jours, déclare le Seigneur Dieu,
où j'enverrai la famine sur la terre ;
ce ne sera pas une faim de pain ni une soif d'eau,
mais la faim et la soif d'entendre les paroles du Seigneur.
(Am 8,11)

La faim et la soif d'entendre les paroles du Seigneur, je la connais chaque jour depuis les années 1976-1977 lorsque, ayant réalisé que je risquais de perdre mon coeur en accordant trop d'importance à la philosophie et à la raison (jusqu'à vouloir en vivre), j'ai fait demi-tour à la suite d'un grand chagrin que cette ambition me causait. C'était contradictoire mais très puissant. Je suis alors entré sur un chemin de conversion qui connaîtrait un premier aboutissement en 1985. Mais c'est une autre histoire. Oui, dès 1976 (à mes vingt ans - j'en aurai 52 ce 7 juillet), j'ai eu faim et soif d'entendre la voix du Seigneur. Et comme mon oreille intérieure était encombrée d'une foule d'autres paroles (philosophes, psychanalystes, scientifiques, etc.) - qui m'empêchaient d'ouvrir directement les Evangiles, j'ai commencé par lire ceux que j'appelais des "chercheurs de Dieu": Bernanos en premier lieu (Le Journal d'un curé de campagne fut pour moi une bouée de sauvetage), et puis de nombreux autres.

Je ne saurais les citer tous: je me souviens de Lanza del vasto ("Le Diable dans le jeu"), Léon Bloy, mais aussi Carlo Cocciolo (Le ciel et la terre), Bossuet (Les sermons), Récit d'un pèlerin russe, et d'autres encore... mais curieusement aucun François Mauriac. Rétrospectivement, il semble bien que j'ai été guidé imperceptiblement dans les livres que je décidais de lire, alors même que je pensais ne faire aucun tri (!) mais, aujourd'hui, je suis surpris. Ces auteurs me procuraient donc de la nourriture pré-mâchée, car je me reconnaissais dans leurs propres difficultés à réactualiser le message des Evangiles. Tous, à peu de choses après, convergeaient au même point: non seulement le monde ment sur Dieu, mais aussi sur la nature véritable de l'homme. Après ma conversion, j'ai continué d'avoir faim de la Parole - mais cette fois, la Bible a trôné (en plusieurs exemplaires, parfois) a trôné sur la table de ma chambre.

Cette faim et cette soif, je les considère à présent comme "de première nécessité" car de toute façon, je ne serai jamais assouvi sur la terre. Cette citation du prophète me renvoie directement au dialogue de Jésus avec la Samaritaine:

13 Jésus lui répondit : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; 14 mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. » (Jn 4, 13) Et, quant à la faim, il me suffit de descendre de quelques versets pour trouver: "30 Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers Jésus. 31 Pendant ce temps, les disciples l'appelaient : « Rabbi, viens manger. »
32 Mais il répondit : « Pour moi, j'ai de quoi manger : c'est une nourriture que vous ne connaissez pas. » 33 Les disciples se demandaient : « Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ? » 34 Jésus leur dit : « Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre.

Aujourd'hui, je voudrais proclamer la louange du Seigneur, spécialement en ceci : que ni les difficultés, les désordres, les distractions, les peurs, les angoisses, les surcharges de travail... de tout cela, rien, fondamentalement, ne résiste au besoin où je suis d'appeler Dieu pour obtenir son conseil à propos de tout et de rien. Car "L'homme n'est qu'un pauvre qui a besoin de tout demander à Dieu" (Jean-Marie Vianney, curé d'Ars)