Liturgie du jour avec Etienne Lorant (2015-2016)

« Mon âme aspire vers toi pendant la nuit, mon esprit te cherche dès le matin. » (Is 26.9)
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etienne lorant
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Fête de la chaire de saint-Pierre

Message non lu par etienne lorant » lun. 22 févr. 2016, 11:17

Première lettre de saint Pierre Apôtre 5,1-4.
Bien-aimés, les anciens en fonction parmi vous, je les exhorte, moi qui suis ancien comme eux et témoin des souffrances du Christ, communiant à la gloire qui va se révéler :
soyez les pasteurs du troupeau de Dieu qui se trouve chez vous ; veillez sur lui, non par contrainte mais de plein gré, selon Dieu ; non par cupidité mais par dévouement ;
non pas en commandant en maîtres à ceux qui vous sont confiés, mais en devenant les modèles du troupeau.
Et, quand se manifestera le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas.


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 16,13-19.
En ce temps-là, Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? »
Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.
Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.
Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »


Cy Aelf, Paris

Lors de la Transfiguration, Pierre, ne sachant que dire, avait tout de même exprimé sa reconnaissance du grand mystère qui s'accomplissait sous ses yeux. Il avait proposé de monter des tentes - ce qui rappelle la "tente de la rencontre" lors de l'Exode. Qui d'entre nous eût pu énoncer quelque chose de cohérent devant un tel événement ? Mais cette intuition soudaine démontre tout de même que Pierre, qui parle déjà au nom des autres disciples, est vivement inspiré de l'amour de Dieu. Certes, ce n'est pas à cause de son intelligence que Pierre - et après lui tous les papes - est élu, mais bien sur le fait que le premier des apôtres se laisse inspirer par la volonté de Dieu.

Notre prêtre a ensuite évoqué le Pape actuel. Il nous faut bien prier pour le Pape, en une époque où seuls les hommes qui se laissent inspirer, dans le cœur d'abord, ouvriront des chemins pour "une multitude d'hommes égarés dans la violence"...

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«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Pas d'élévation sans abaissement

Message non lu par etienne lorant » mar. 23 févr. 2016, 16:16

Le mardi de la 2e semaine de Carême

Livre d'Isaïe 1,10.16-20.
Écoutez la parole du Seigneur, vous qui êtes pareils aux chefs de Sodome ! Prêtez l’oreille à l’enseignement de notre Dieu, vous, peuple de Gomorrhe !
Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de ma vue vos actions mauvaises, cessez de faire le mal.
Apprenez à faire le bien : recherchez le droit, mettez au pas l’oppresseur, rendez justice à l’orphelin, défendez la cause de la veuve.
Venez, et discutons – dit le Seigneur. Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront aussi blancs que neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme de la laine.
Si vous consentez à m’obéir, les bonnes choses du pays, vous les mangerez mais si vous refusez, si vous vous obstinez, c’est l’épée qui vous mangera. – Oui, la bouche du Seigneur a parlé.


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 23,1-12.
En ce temps-là, Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples, et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ;
ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »



Cy Aelf, Paris

Lorsque nous nous présentons à l'autel, lorsque nous participons à la messe, il est devenu assez clair que cette démarche est accomplie dans l'intention sincère de se confier à Dieu. Nous ne vivons plus le temps où l'absence à l'église le dimanche était "évaluée" d'une façon ou d'une autre. Et c'est très bien ainsi, car nous n'avons pas à juger de la présence ou de l'absence de fidèles. Nous n'avons à juger de rien.

Cependant, présent ou absent aux rites, quiconque cherche une solution à l'existence, à la solitude, à la précarité, à une addiction quelconque ... ne pourra trouver de vraies réponses qu'en une démarche de "sortie de soi", c'est-à-dire de l'ego, du "moi-même".

Lorsque Jésus énonce ce qui - pour moi - est devenu la règle absolue de l'évolution spirituelle (le relèvement et l'abaissement, l'abaissement et le relèvement), il proclame à l'humanité tout entière qu'il n'y a pas de progrès spirituel possible sans une remise en question absolue. Aucun d'entre nous n'y échappe. Il n'y a qu'un jugement final, mais il est précédé d'une multitude de remises en question... Profitons-en !

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«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Le Royaume ne vient pas de manière à frapper le regard

Message non lu par etienne lorant » mer. 24 févr. 2016, 16:11

Le mercredi de la 2e semaine de Carême

Livre de Jérémie 18,18-20.
Mes ennemis ont dit : « Allons, montons un complot contre Jérémie. La loi ne va pas disparaître par manque de prêtre, ni le conseil, par manque de sage, ni la parole, par manque de prophète. Allons, attaquons-le par notre langue, ne faisons pas attention à toutes ses paroles. » Mais toi, Seigneur, fais attention à moi, écoute ce que disent mes adversaires. Comment peut-on rendre le mal pour le bien ? Ils ont creusé une fosse pour me perdre. Souviens-toi que je me suis tenu en ta présence pour te parler en leur faveur, pour détourner d’eux ta colère.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 20,17-28.
En ce temps-là, Jésus, montant à Jérusalem, prit à part les Douze disciples et, en chemin, il leur dit :
« Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort
et le livreront aux nations païennes pour qu’elles se moquent de lui, le flagellent et le crucifient ; le troisième jour, il ressuscitera. »
Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils Jacques et Jean, et elle se prosterna pour lui faire une demande.
Jésus lui dit : « Que veux-tu ? » Elle répondit : « Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume. »
Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » Ils lui disent : « Nous le pouvons. »
Il leur dit : « Ma coupe, vous la boirez ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé par mon Père. »
Les dix autres, qui avaient entendu, s’indignèrent contre les deux frères.
Jésus les appela et dit : « Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude.
»
Cy Aelf, Paris


Tandis que les ennemis de Jérémie montent un complot contre Jérémie ils se disent entre eux, comme pour endormir leur conscience: "La loi ne va pas disparaître par manque de prêtre, ni le conseil, par manque de sage, ni la parole, par manque de prophète".

Et dans l’Évangile, la mère de Jacques et Jean va plus loin encore dans l'ambition "politique"! , car elle se dit : « puisque Jésus va mourir, la fin de l'Histoire est proche et dès lors, que mes deux fils aient les meilleures places dans le nouveau monde qui vient !»

Dans tout ce qui je joue ici, les hommes continuent systématiquement de raisonner de manière terrestre. Mais à nouveau, sans se lasser, va répéter encore que la grandeur selon Dieu n'a aucun rapport avec ce que les hommes "raisonnables" peuvent concevoir. A la place d'un ordre à la manière humaine, il y aura l'effusion de l'Esprit Saint, lequel conduit tout homme vers la vérité toute entière.

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Jouissance et privation

Message non lu par etienne lorant » jeu. 25 févr. 2016, 11:38

Le jeudi de la 2e semaine de Carême

Livre de Jérémie 17,5-10.
Ainsi parle le Seigneur : Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. Il sera comme un buisson sur une terre désolée, il ne verra pas venir le bonheur. Il aura pour demeure les lieux arides du désert, une terre salée, inhabitable.
Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance.
Il sera comme un arbre, planté près des eaux, qui pousse, vers le courant, ses racines. Il ne craint pas quand vient la chaleur : son feuillage reste vert. L’année de la sécheresse, il est sans inquiétude : il ne manque pas de porter du fruit.
Rien n’est plus faux que le cœur de l’homme, il est incurable. Qui peut le connaître ?
Moi, le Seigneur, qui pénètre les cœurs et qui scrute les reins, afin de rendre à chacun selon sa conduite, selon le fruit de ses actes.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 16,19-31.
En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens : « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux.
Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères.
Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères.
Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra.
Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui.
Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise.
– Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance.
Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.”
Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père.
En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !”
Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent !
– Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.”
Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” »


Cy Aelf, Paris

Dans la parabole de l'homme dans la fournaise, de quoi le mauvais riche brûle-t-il? Fondamentalement, il souffre de la privation de tout ce dont il avait la jouissance en ce monde. Imaginez donc, nous a dit le prêtre, un homme privé tout d'un coup de ce que l'on appelait hier des "aliénations" et, de nos jours, des "addictions". Une fois passé de l'autre côté des choses de ce monde :plus d'alcool pour l'alcoolique, plus de chair pour la jouissance, plus de tabac pour le fumeur, plus de cannabis, plus d'héroïne, de cocaïne, de LSD, etc. (Et pour ma part, je sais ce que j'ai souffert au troisième jour de sevrage de tabac !)

Tandis que le pauvre Lazare, couvert de plaies et qui souffrait de la faim (comme seuls les affamés savent en souffrir longtemps sans mourir), la mort fut une vraie délivrance.

De très nombreuses interprétations de ce texte ont quelque peu dérivé dans des tentatives de descriptions de l'au-delà, mais l'essentiel tient dans la résurrection immédiate et une évolution entreprise dans la vie sur la terre et qui se poursuit dans l'au-delà.

D'où l'utilité d'une démarche spirituelle à commencer tant que nous en avons l'opportunité : nous avons les sacrements, a conclu le prêtre, mais avons nous aussi l'acte de miséricorde que nul ne connaît, sinon le Seigneur ?
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Patience de la miséricorde divine

Message non lu par etienne lorant » ven. 26 févr. 2016, 11:47

Le vendredi de la 2e semaine de Carême

Livre de la Genèse 37,3-4.12-13a.17b-28.
Ils se dirent l’un à l’autre : « Voici l’expert en songes qui arrive !
C’est le moment, allons-y, tuons-le, et jetons-le dans une de ces citernes. Nous dirons qu’une bête féroce l’a dévoré, et on verra ce que voulaient dire ses songes ! » Mais Roubène les entendit, et voulut le sauver de leurs mains. Il leur dit : « Ne touchons pas à sa vie. »
Et il ajouta : « Ne répandez pas son sang : jetez-le dans cette citerne du désert, mais ne portez pas la main sur lui. » Il voulait le sauver de leurs mains et le ramener à son père.
Dès que Joseph eut rejoint ses frères, ils le dépouillèrent de sa tunique, la tunique de grand prix qu’il portait, ils se saisirent de lui et le jetèrent dans la citerne, qui était vide et sans eau.
Ils s’assirent ensuite pour manger. En levant les yeux, ils virent une caravane d’Ismaélites qui venait de Galaad. Leurs chameaux étaient chargés d’aromates, de baume et de myrrhe qu’ils allaient livrer en Égypte. Alors Juda dit à ses frères : « Quel profit aurions-nous à tuer notre frère et à dissimuler sa mort ?
Vendons-le plutôt aux Ismaélites et ne portons pas la main sur lui, car il est notre frère, notre propre chair. » Ses frères l’écoutèrent.
Des marchands madianites qui passaient par là retirèrent Joseph de la citerne, ils le vendirent pour vingt pièces d’argent aux Ismaélites, et ceux-ci l’emmenèrent en Égypte.



Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 21,33-43.45-46.
En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Écoutez une autre parabole : Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage.
Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne.
Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième.
De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais on les traita de la même façon.
Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : “Ils respecteront mon fils.” Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : “Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !”
Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.
Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? »
On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. »
Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux !
Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. »
En entendant les paraboles de Jésus, les grands prêtres et les pharisiens avaient bien compris qu’il parlait d’eux.
Tout en cherchant à l’arrêter, ils eurent peur des foules, parce qu’elles le tenaient pour un prophète.


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Ce ne sont certes pas nos offenses qui diminuent l'amour de Dieu envers nous, mais c'est en nous, par l'endurcissement du cœur dans le péché, qui refermons peu à peu notre conscience à la Miséricorde divine. Dans l'histoire de Joseph, c'est le jeune homme précipité dans une citerne par pure jalousie de ses frères, est choisi par Dieu pour devenir le sauveur de tout le peuple lorsque la famine frappera leur pays.

De même dans l’Évangile : ce n'est pas Dieu qui s'est lassé d'envoyer des prophètes, mais tout du tout du contraire, son amour de miséricorde l'a poussé à envoyer au peuple élu Jésus, le Verbe fait chair, afin que tous se convertissent et vivent. Or, Jésus sera mis à mort - mais sa mort donnera vie à la multitude des saints qui n'ont jamais cessé de propager le message du salut qui vient de Dieu.

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Primauté et béatitude de la miséricorde

Message non lu par etienne lorant » sam. 27 févr. 2016, 11:05

Le samedi de la 2e semaine de Carême

Livre de Michée 7,14-15.18-20.
De nouveau, tu nous montreras ta miséricorde, tu fouleras aux pieds nos crimes, tu jetteras au fond de la mer tous nos péchés ! Ainsi tu accordes à Jacob ta fidélité, à Abraham ta faveur, comme tu l’as juré à nos pères depuis les jours d’autrefois.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 15,1-3.11-32.
En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens.
Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.
Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !
Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.”
Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”
Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,
allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons,
car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.
Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.
Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait.
Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.”
Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier.
Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !”
Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.
Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »



Cy Aelf, Paris



D’emblée, c'est de miséricorde dont il est question. La miséricorde, ce non-recours à la justice - cette justice à laquelle tous les hommes songent en premier, mais qui leur réserve souvent de désagréables surprises. Ainsi, dans la parabole du fils prodigue, on peut très bien considérer que le cadet, lassé d'éprouver chaque jour l'autorité de son frère, aura voulu se faire justice: "N'ai-je pas droit au partage des biens ?" Et il est reparti avec sa juste part, pour "vivre sa vie". Ne dirait-on pas une crise d'adolescence ?

Et bien sûr, le frère aîné le prend de haut. Comment son père a-t-il pu, sans s'écrier, procéder au partage des biens de la famille !

De la même façon, chacune et chacun d'entre nous sommes beaucoup plus prompts à juger plutôt que d'essayer de comprendre le pourquoi d'une crise - lorsqu'elle éclate, et de chercher comment y remédier. Et c'est très dommage, car en l'absence de préjugés ou de jugements abrupts, nombre de situations pénibles seraient évitées.

Du reste, la parabole du fils prodigue est, tout à fait, celle dans laquelle la miséricorde divine est le mieux exposée. En effet, l'attitude de miséricorde est pour les hommes une béatitude ; heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !


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Foi et incrédulité

Message non lu par etienne lorant » lun. 29 févr. 2016, 12:13

Le lundi de la 3e semaine de Carême

Deuxième livre des Rois 5,1-15a.

Mais ses serviteurs s’approchèrent pour lui dire : « Père ! Si le prophète t’avait ordonné quelque chose de difficile, tu l’aurais fait, n’est-ce pas ? Combien plus, lorsqu’il te dit : “Baigne-toi, et tu seras purifié.” »
Il descendit jusqu’au Jourdain et s’y plongea sept fois, pour obéir à la parole de l’homme de Dieu ; alors sa chair redevint semblable à celle d’un petit enfant : il était purifié !
Il retourna chez l’homme de Dieu avec toute son escorte ; il entra, se présenta devant lui et déclara : « Désormais, je le sais : il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël ! »


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 4,24-30.
Dans la synagogue de Nazareth, Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ;
pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère.
Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »
À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux.
Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas.Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.




Naaman le Syrien avait beaucoup hésité à faire ce que le prophète lui avait dit : quoi donc, peut-on guérir de la lèpre, rien qu'en se baignant sept fois dans un fleuve ? Sans doute s'attendait-il à des épreuves dignes de sa force et de son courage - mais ses compagnons le raisonnent et il obtient sa guérison par une simple baignade.

Mais s'il est quelqu'un qui a du courage, c'est bien Jésus lorsqu'il se rend à village d’origine de Joseph, où il a travaillé comme simple charpentier, les Nazaréens exigent des preuves. Mais Jésus est l'homme rempli de l'autorité divine et, tout comme il affrontera les prêtres de Jérusalem, il expose la vérité telle qu'elle est, au risque de se faire précipiter d'un escarpement. Elle est énigmatique, n'est-ce pas, la petite phrase qui conclut : "Mais lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin. Jésus n'a employé aucun pouvoir surnaturel".
Pour ma part, je suis absolument persuadé qu'il a plongé son regard dans quiconque lui voulait du mal, et ce regard a suffi - l'enfant du pays n'était plus du tout celui qu'ils avaient connu.

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En pleine vérité !

Message non lu par etienne lorant » mar. 01 mars 2016, 11:52

En pleine vérité !

vLe mardi de la 3e semaine de Carême

Livre de Daniel 3,25.34-43.
En ces jours-là, Azarias, debout, priait ainsi ; au milieu du feu, ouvrant la bouche, il dit :
À cause de ton nom, ne nous livre pas pour toujours et ne romps pas ton alliance. Ne nous retire pas ta miséricorde, à cause d’Abraham, ton ami, d’Isaac, ton serviteur, et d’Israël que tu as consacré.
Tu as dit que tu rendrais leur descendance aussi nombreuse que les astres du ciel, que le sable au rivage des mers.
Or nous voici, ô Maître, le moins nombreux de tous les peuples, humiliés aujourd’hui sur toute la terre, à cause de nos péchés.
Il n’est plus, en ce temps, ni prince ni chef ni prophète, plus d’holocauste ni de sacrifice, plus d’oblation ni d’offrande d’encens, plus de lieu où t’offrir nos prémices pour obtenir ta miséricorde.
Mais, avec nos cœurs brisés, nos esprits humiliés, reçois-nous,
comme un holocauste de béliers, de taureaux, d’agneaux gras par milliers. Que notre sacrifice, en ce jour, trouve grâce devant toi, car il n’est pas de honte pour qui espère en toi.
Et maintenant, de tout cœur, nous te suivons, nous te craignons et nous cherchons ta face. Ne nous laisse pas dans la honte, agis envers nous selon ton indulgence et l’abondance de ta miséricorde.
Délivre-nous en renouvelant tes merveilles, glorifie ton nom, Seigneur.


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 18,21-35.
En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? »
Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.
Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.
Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).
Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.
Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.”
Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !”
Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.”
Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait.
Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé.
Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.
Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?”
Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.
C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur.
»


Cy Aelf, Paris

Le cœur de la prière d'Azarias, le voici : avec nos cœurs brisés, nos esprits humiliés, reçois-nous,comme un holocauste de béliers, de taureaux, d’agneaux gras par milliers.Car l'aveu simple de notre misère intérieure vaut plus que toutes sortes de démonstrations extérieures comme en pratiquaient les Juifs, et comme le faisaient les autres peuples à des divinités païennes". Un cœur brisé, c'est un cœur abattu, vaincu par le regret et le chagrin : quiconque a blessé injustement une personne aimée a connu cette amertume du regret. En outre, même l'esprit s'en retrouve affaibli, car il n'y a rien de plus pénible de constater que, non seulement on a eu tort, mais en plus: on s'est trahi soi-même et l'on a perdu le précieux équilibre du cœur et de l'esprit.

La reconnaissance de nos fautes rompt un équilibre que nous avions cru excellent ! C'est ce qu'exprime bien saint Paul dans son épître aux Romains au chapitre 7: "Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme intérieur; mais je vois dans mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de ma raison, et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres." Pour les catholiques, le moyen le plus sûr de retrouver l'équilibre de tout l'être, c'est le sacrement de réconciliation. Ce n'est pas tant la confession en elle-même qui est pénible, mais c'est la reconnaissance intérieure d'avoir fait le mal qu'on n'avait pas voulu faire. La pleine conscience de ce déséquilibre profond, voici ce qui peut nous délivrer.

L'homme que dépeint l’Évangile du jour, quant à lui, croit pouvoir, par une fausse attitude contrite, être débarrassé du problème - mais il fait pire que mieux, car sa malice se retourne contre lui avec d'autant plus de force. J'ai bien aimé la conclusion de notre prêtre : l'humilité est la reconnaissance pleine et entière de la vérité - et comme dit encore le Seigneur "la vérité vous rendra libres".


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«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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La Loi et l'accomplissement de la Loi

Message non lu par etienne lorant » mer. 02 mars 2016, 13:48

Le mercredi de la 3e semaine de Carême

Livre du Deutéronome 4,1.5-9.
Moïse disait au peuple : « Maintenant, Israël, écoute les décrets et les ordonnances que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. Ainsi vous vivrez, vous entrerez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères.
Voyez, je vous enseigne les décrets et les ordonnances que le Seigneur mon Dieu m’a donnés pour vous, afin que vous les mettiez en pratique dans le pays où vous allez entrer pour en prendre possession.
Vous les garderez, vous les mettrez en pratique ; ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples. Quand ceux-ci entendront parler de tous ces décrets, ils s’écrieront : “Il n’y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation !”
Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ?
Et quelle est la grande nation dont les décrets et les ordonnances soient aussi justes que toute cette Loi que je vous donne aujourd’hui ?
Mais prends garde à toi : garde-toi de jamais oublier ce que tes yeux ont vu ; ne le laisse pas sortir de ton cœur un seul jour. Enseigne-le à tes fils, et aux fils de tes fils.
»

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 5,17-19.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise.
Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. »
[/i]


Cy Aelf, Paris

La Loi reçue de Moïse, de la part de Dieu, Jésus va l'accomplir pleinement par le témoignage de sa parole, mais aussi de sa vie, jusqu'au don total de celle-ci.

Quiconque parmi nous ne se prépare pas à suivre le Christ dans ses œuvres comme dans ses souffrances jusque dans le don total de soi pour l'amour de Dieu.... n'a pas vraiment vécu sa foi dans la plénitude.

Notre prêtre nous a encouragés à ne pas vivre notre foi seulement dans la juste pratique de nos rites, mais aussi dans l'ouverture à autrui, et aussi le secours à autrui, quand bien même celui-ci ne reconnaît ni ne partage nos convictions. Car comment rencontrer Dieu, qui est le "tout-autre", si la simple différence entre mon prochain et moi, me bloque dans mon élan premier ? Il est inutile de vouloir aller vers Dieu sans passer par l'épreuve à laquelle notre prochain nous soumettra, d'une manière ou d'une autre. Et cette épreuve est d'aimer et de demeurer dans l'Amour quelles que soient les difficultés rencontrées.

Les juifs avaient pour idéal une obéissance parfaite aux dix commandements. Et, de nos jours encore, on oppose souvent à la morale des dix commandements , celle des Béatitudes. Mais cette opposition est factice : les deux textes désignent deux faces différentes de la même « morale ».

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«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Religion et hypocrisie

Message non lu par etienne lorant » jeu. 03 mars 2016, 12:26

Le jeudi de la 3e semaine de Carême

Livre de Jérémie 7,23-28.
Ainsi parle le Seigneur : Voici l’ordre que j’ai donné à vos pères : « Écoutez ma voix : je serai votre Dieu, et vous, vous serez mon peuple ; vous suivrez tous les chemins que je vous prescris, afin que vous soyez heureux. » Mais ils n’ont pas écouté, ils n’ont pas prêté l’oreille, ils ont suivi les mauvais penchants de leur cœur endurci; ils ont tourné leur dos et non leur visage.
Depuis le jour où vos pères sont sortis du pays d’Égypte jusqu’à ce jour, j’ai envoyé vers vous, inlassablement, tous mes serviteurs les prophètes. Mais ils ne m’ont pas écouté, ils n’ont pas prêté l’oreille, ils ont raidi leur nuque, ils ont été pires que leurs pères.
Tu leur diras toutes ces paroles, et ils ne t’écouteront pas. Tu les appelleras, et ils ne te répondront pas.
Alors, tu leur diras : Voilà bien la nation qui n’a pas écouté la voix du Seigneur son Dieu, et n’a pas accepté de leçon ! La vérité s’est perdue, elle a disparu de leur bouche.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 11,14-23.
En ce temps-là, Jésus expulsait un démon qui rendait un homme muet. Lorsque le démon fut sorti, le muet se mit à parler, et les foules furent dans l’admiration.
Mais certains d’entre eux dirent : « C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il expulse les démons. »
D’autres, pour le mettre à l’épreuve, cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel.
Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : « Tout royaume divisé contre lui-même devient désert, ses maisons s’écroulent les unes sur les autres. Si Satan, lui aussi, est divisé contre lui-même, comment son royaume tiendra-t-il ? Vous dites en effet que c’est par Béelzéboul que j’expulse les démons.
Mais si c’est par Béelzéboul que moi, je les expulse, vos disciples, par qui les expulsent-ils ? Dès lors, ils seront eux-mêmes vos juges.
En revanche, si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous.
Quand l’homme fort, et bien armé, garde son palais, tout ce qui lui appartient est en sécurité. Mais si un plus fort survient et triomphe de lui, il lui enlève son armement auquel il se fiait, et il distribue tout ce dont il l’a dépouillé. Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. »


Cy Aelf, Paris

Pour entrer dans les textes du jour, il est intéressant de relier les derniers mots de la première lecture aux premiers de la seconde. "La vérité a disparu de la bouche des juifs, en sorte qu'ils sont devenus comme cet homme qu'un démon a rendu muet. Mais en expulsant le démon, Jésus libère la parole de cet homme - qui ne peut que proclamer la louange du Seigneur.

Mais aussitôt, Jésus, comme les prophètes qui L'ont précédé, est pris à parti avec des arguments grossiers et blasphémateurs. Pourquoi cette hargne, pourquoi ce furieux endurcissement ?
Parce que les juifs ont cru pouvoir enfermer Dieu dans des règles qui permettant d'agir selon leur propre vouloir - dans leurs intérêts individuels et égoïstes.

Cependant, le règne de Dieu est devenu tout proche, il s'accomplit sous leurs yeux et ils refusent de voir ! Ils entendent parler le muet et ils se bouchent les oreilles jusqu'à blasphémer !

Nombreuses de nos fautes, à nous, fidèles catholiques, ressemblent à celles des juifs de la première Alliance. A la quête, chacun a préparé sa petite pièce - combien vont glisser un billet plié en quatre, discrètement ? Et quant au SDF assis à la sortie de l’église ... je le sais pour avoir franchi la barrière du dialogue, il m'a souri en me confiant : "Je ne m'attends jamais à un billet, c'est sûr, mais çà me fait plaisir que vous m'ayez parlé !"

Il me revient soudainement une béatitude qui n'est certes pas dans la Bible : "Béati Bene Nati"

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Aimer de l'amour dont nous sommes aimés

Message non lu par etienne lorant » ven. 04 mars 2016, 12:04

Le vendredi de la 3e semaine de Carême

Livre d'Osée 14,2-10.
Ainsi parle le Seigneur : Reviens, Israël, au Seigneur ton Dieu ; car tu t’es effondré par suite de tes fautes.
Revenez au Seigneur en lui présentant ces paroles : « Enlève toutes les fautes, et accepte ce qui est bon. Au lieu de taureaux, nous t’offrons en sacrifice les paroles de nos lèvres.
Puisque les Assyriens ne peuvent pas nous sauver, nous ne monterons plus sur des chevaux, et nous ne dirons plus à l’ouvrage de nos mains : “Tu es notre Dieu”, car de toi seul l’orphelin reçoit de la tendresse. »
Voici la réponse du Seigneur : Je les guérirai de leur infidélité, je les aimerai d’un amour gratuit, car ma colère s’est détournée d’Israël.
Je serai pour Israël comme la rosée, il fleurira comme le lis, il étendra ses racines comme les arbres du Liban.
Ses jeunes pousses vont grandir, sa parure sera comme celle de l’olivier, son parfum, comme celui de la forêt du Liban.
Ils reviendront s’asseoir à son ombre, ils feront revivre le froment, ils fleuriront comme la vigne, ils seront renommés comme le vin du Liban.
Éphraïm ! Peux-tu me confondre avec les idoles ? C’est moi qui te réponds et qui te regarde. Je suis comme le cyprès toujours vert, c’est moi qui te donne ton fruit.
Qui donc est assez sage pour comprendre ces choses, assez pénétrant pour les saisir ? Oui, les chemins du Seigneur sont droits : les justes y avancent, mais les pécheurs y trébuchent.



Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 12,28b-34.
En ce temps-là, un scribe s’avança vers Jésus pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? »
Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur.
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force.
Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »
Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui.
L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. »
Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger
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Cy Aelf, Paris

Le Seigneur est prompt au pardon et son pardon efface toute trace de la mémoire des fautes, puisque Il est Amour. L'Amour, une fois qu'Il pardonne, efface en Lui toute trace des fautes et rétablit l'homme dans son innocence première. Pour l'homme, il n'en va pas de même. L'homme a besoin de pleurer ses fautes et de les pleurer plusieurs fois - longuement, car les larmes sont un baume pour l'âme.

Cependant, pour qu'un homme soit libéré jusqu'au souvenir de ses propres fautes, la méthode la plus concrète consiste à pardonner de même qu'il a été pardonné. La recette de la délivrance complète est d'aimer son prochain tout simplement comme Dieu aime.

Il nous faut donc nous exercer à la miséricorde envers nos voisins, nos proches, et aussi celles et ceux qui nous blessent régulièrement par leurs actes, leurs jugements, leurs paroles. C'est cette mutation profonde de l'âme, de tout l'être, que les saints ont entrepris et qui les a conduits à ne plus vivre que de l'amour gratuit de Dieu.

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La foi grandit par l'épreuve

Message non lu par etienne lorant » sam. 05 mars 2016, 11:29

Le samedi de la 3e semaine de Carême

Livre d'Osée 6,1-6.
Venez, retournons vers le Seigneur ! Il a blessé, mais il nous guérira ; il a frappé, mais il nous soignera.
Après deux jours, il nous rendra la vie ; il nous relèvera le troisième jour : alors, nous vivrons devant sa face.
Efforçons-nous de connaître le Seigneur : son lever est aussi sûr que l’aurore ; il nous viendra comme la pluie, l’ondée qui arrose la terre.
(...)
Je veux la fidélité, non le sacrifice, la connaissance de Dieu plus que les holocaustes.



Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 18,9-14.
En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici :
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts).
Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain.
Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.” Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !”
Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé.
»



Cy Aelf, Paris

A quoi sert-il au juste d'aller au temple pour proclamer devant Dieu combien il est juste parmi tous les autres qui sont autour de lui - et pour lesquels il n'a pas la moindre considération ? Quelle est cette forme de prière ou de louange qui consiste à dire : "C'est moi le meilleur des fidèles parmi tous les autres !" Puisqu'il s'estime tel quel, il n'a aucune raison de venir à l'autel. De quelle grâce aurait-il besoin ?

En réalité, pour un fidèle, le risque réside, encore et toujours, dans la confusion entre une stricte obéissance aux règles pratiques de la religion - mais qui met de côté tout ce qui est vécu hors du temple ou hors de l'église.

Mais heureux, bienheureux, l'homme perdu dans de grands problèmes moraux, qui vient au pied de l'autel rapporter au Seigneur, en toute humilité, les problèmes qu'ils rencontrent, les séductions auxquelles il cède régulièrement, et le sentiment du désordre profond qui le perturbe. Ce dernier vient chercher un secours - et il l'obtiendra sûrement.

Je désire encore, ici, rapporter comment, après ma conversion, j'ai demandé au Seigneur de rendre ma foi stable. C'était au début des années 1990. L'immense joie de la conversion avait fusé à tout instant, dans mes rencontres au cours de trois années, mais je sentais que ce merveilleux temps s'achevait... Je m'étais donc mis à prier afin de demeurer "stable" dans la foi.

Résultat ? Du jour au lendemain, j'ai sombré dans une dépression calamiteuse qui dura deux à trois mois. C'était à n'y rien comprendre. Plutôt que me sentir mieux, je suis tombé si bas qu'à la fin, j'étais persuadé que j'allais finir à l'asile ! Et puis, tout d'un coup, un lundi matin, je me suis levé en disant : "Foutu pour foutu, je repars travailler". Tous les troubles ont disparu ce jour-là. N'y comprenant toujours rien, j'ai cependant résolu d'aller remercier le Seigneur en me rendant à la première messe en ville. J'y suis allé, j'ai de nouveau éprouvé de la joie et j'y suis retourné chaque jour - depuis vingt ans.

C'est plus tard que j'ai saisi la parole qui conclut l’Évangile de ce jour:
"Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé". J'avais été exaucé dans ma prière initiale - de demeurer stable dans ma foi. Pour quiconque est désorienté et lira ceci, qu'il soit régulier, même s'il ne comprend pas ce qui lui arrive : le Seigneur veille en tout temps et nous conduit en toute sûreté.

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L'oeuvre de Dieu s'accomplit

Message non lu par etienne lorant » lun. 07 mars 2016, 11:32

Le lundi de la 4e semaine de Carême

Livre d'Isaïe 65,17-21.
Ainsi parle le Seigneur : Oui, voici : je vais créer un ciel nouveau et une terre nouvelle, on ne se souviendra plus du passé, il ne reviendra plus à l’esprit.
Soyez plutôt dans la joie, exultez sans fin pour ce que je crée. Car je vais recréer Jérusalem, pour qu’elle soit exultation, et que son peuple devienne joie. J’exulterai en Jérusalem, je trouverai ma joie dans mon peuple. On n’y entendra plus de pleurs ni de cris.
Là, plus de nourrisson emporté en quelques jours, ni d’homme qui ne parvienne au bout de sa vieillesse ; le plus jeune mourra centenaire, ne pas atteindre cent ans sera malédiction.
On bâtira des maisons, on y habitera ; on plantera des vignes, on mangera leurs fruits.


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 4,43-54.
En ce temps-là, après avoir passé deux jours chez les Samaritains, Jésus partit de là pour la Galilée. – Lui-même avait témoigné qu’un prophète n’est pas considéré dans son propre pays.
Il arriva donc en Galilée ; les Galiléens lui firent bon accueil, car ils avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem pendant la fête de la Pâque, puisqu’ils étaient allés eux aussi à cette fête.
Ainsi donc Jésus revint à Cana de Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Or, il y avait un fonctionnaire royal, dont le fils était malade à Capharnaüm. Ayant appris que Jésus arrivait de Judée en Galilée, il alla le trouver ; il lui demandait de descendre à Capharnaüm pour guérir son fils qui était mourant.
Jésus lui dit : « Si vous ne voyez pas de signes et de prodiges, vous ne croirez donc pas ! » Le fonctionnaire royal lui dit : « Seigneur, descends, avant que mon enfant ne meure ! » Jésus lui répond : « Va, ton fils est vivant. » L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et il partit.
Pendant qu’il descendait, ses serviteurs arrivèrent à sa rencontre et lui dirent que son enfant était vivant.
Il voulut savoir à quelle heure il s’était trouvé mieux. Ils lui dirent : « C’est hier, à la septième heure, (au début de l’après-midi), que la fièvre l’a quitté. »Le père se rendit compte que c’était justement l’heure où Jésus lui avait dit : « Ton fils est vivant. » Alors il crut, lui, ainsi que tous les gens de sa maison.
Tel fut le second signe que Jésus accomplit lorsqu’il revint de Judée en Galilée.


Cy Aelf, Paris

Le ciel nouveau, la terre nouvelle, dont parle Isaïe, chacune et chacun d'entre nous peuvent en vivre, dès à présent. Et il en est ainsi de chaque génération depuis la venue du Christ parmi nous, par sa vie, sa mort, sa résurrection et l’effusion de l'Esprit saint.

Cette proximité du Royaume, l’Évangile en témoigne par l'accueil qu'ont réservé à Jésus les Samaritains, par le retour à Cana et le vin nouveau qu'il avait tiré de l'eau réservée aux rituels, par l'acte de foi immédiat du fonctionnaire royal - qui n'a pas eu besoin de voir pour croire.

La scène que nous proposent les textes de de jours semble en discordance avec les lectures qui suivront , dans lesquelles le Christ endurera le rejet de l'élite juive, vivra sa passion et sera mis à mort. En tout ceci, pour chacun d'entre nous, la meilleure attitude est celle qui manifeste un cœur tout à la fois rependant et confiant. Le monde est en perpétuel bouleversement mais le monde est aveugle tandis que notre regard est ouvert sur l’œuvre de Dieu qui s'accomplit dans nos cœurs.

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L'Eau qui sanctifie

Message non lu par etienne lorant » mar. 08 mars 2016, 11:52

Le mardi de la 4e semaine de Carême

Livre d'Ézéchiel 47,1-9.12.
En ces jours-là, au cours d’une vision reçue du Seigneur, l’homme me fit revenir à l’entrée de la Maison, et voici : sous le seuil de la Maison, de l’eau jaillissait (...) En tout lieu où parviendra le torrent, tous les animaux pourront vivre et foisonner. Le poisson sera très abondant, car cette eau assainit tout ce qu’elle pénètre, et la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent.
Au bord du torrent, sur les deux rives, toutes sortes d’arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. »


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 5,1-16.
À l’occasion d’une fête juive, Jésus monta à Jérusalem. Or, à Jérusalem, près de la porte des Brebis, il existe une piscine qu’on appelle en hébreu Bethzatha. Elle a cinq colonnades,
sous lesquelles étaient couchés une foule de malades, aveugles, boiteux et impotents.
[...]
Il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans.
Jésus, le voyant couché là, et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps, lui dit : « Veux-tu être guéri ? »
Le malade lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. »
Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton brancard, et marche. »
Et aussitôt l’homme fut guéri. Il prit son brancard : il marchait ! Or, ce jour-là était un jour de sabbat.
Les Juifs dirent donc à cet homme que Jésus avait remis sur pieds : « C’est le sabbat ! Il ne t’est pas permis de porter ton brancard. »
Il leur répliqua : « Celui qui m’a guéri, c’est lui qui m’a dit : “Prends ton brancard, et marche !” »
Ils l’interrogèrent : « Quel est l’homme qui t’a dit : “Prends ton brancard, et marche” ? »
Mais celui qui avait été rétabli ne savait pas qui c’était ; en effet, Jésus s’était éloigné, car il y avait foule à cet endroit.
Plus tard, Jésus le retrouve dans le Temple et lui dit : « Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver quelque chose de pire. »
L’homme partit annoncer aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri.
Et ceux-ci persécutaient Jésus parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat
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Cy Aelf, Paris

L'eau, c'est la vie pour l'homme. La nourriture aussi, c'est la vie pour l'homme, mais si l'on y songe rien qu'un peu: sans eau pas de nourriture - ni végétaux, ni animaux. Le lien entre la lecture d’Ézéchiel et la guérison de l'homme, paralysé depuis trente-huit ans, c'est évidemment l'eau. De temps à autre, l'eau de la piscine de Bethzatha se mettait à frémir et tous les malades proches se pressaient et se bousculaient pour y baigner leurs corps meurtris, avec l'espoir de maigrir. (Nul n'est obligé d'y croire, bien sûr, mais si l'on n'y croit pas, les piscines de Lourdes et les médecins qui constatent les guérisons ne seraient pas là non plus !)

Cependant, il y a dans l’Évangile, beaucoup plus que l'eau qui s'écoulait du Temple et qui multipliait la vie partout où elle s'épanchait.
Car Jésus est Jésus est lui-même la vie pour tout homme qui met sa foi en lui (Jn, 14-6), quel que soit son état. L'homme paralysé n'a pas eu besoin, pour guérir, de l'eau de la piscine miraculeuse, tout simplement parce qu'il a eu foi dans la parole de Jésus.

Et tout à la fin, comme Jésus crucifié est déjà mort, saint Jean ajoute au chapitre 19, après la mort de Jésus : "Etant ensuite venus à Jésus, et Le voyant déjà mort, ils ne Lui rompirent pas les jambes; mais un des soldats Lui ouvrit le côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau. Celui qui l'a vue en a rendu témoignage, et son témoignage est véridique. Et il sait qu'il est vrai, afin que, vous aussi, vous croyiez.

Notre prêtre a conclu en nous rappelant notre baptême : c'est pour nous aussi, pour notre délivrance, qu'a été versée l'eau bénite sur nos fronts. "Ne soyons pas incrédules !"

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«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

etienne lorant
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Fin du débat théologique

Message non lu par etienne lorant » mer. 09 mars 2016, 11:27

Le mercredi de la 4e semaine de Carême

Livre d'Isaïe 49,8-15.
Ainsi parle le Seigneur : Au temps favorable, je t’ai exaucé, au jour du salut, je t’ai secouru. Je t’ai façonné, établi, pour que tu sois l’alliance du peuple, pour relever le pays, restituer les héritages dévastés et dire aux prisonniers : « Sortez ! », aux captifs des ténèbres : « Montrez-vous ! » Au long des routes, ils pourront paître ; sur les hauteurs dénudées seront leurs pâturages.
Ils n’auront ni faim ni soif ; le vent brûlant et le soleil ne les frapperont plus. Lui, plein de compassion, les guidera, les conduira vers les eaux vives.


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 5,17-30.
En ce temps-là, après avoir guéri le paralysé un jour de sabbat, Jésus déclara aux Juifs : « Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre. »
C’est pourquoi, de plus en plus, les Juifs cherchaient à le tuer, car non seulement il ne respectait pas le sabbat, mais encore il disait que Dieu était son propre Père, et il se faisait ainsi l’égal de Dieu.
Jésus reprit donc la parole. Il leur déclarait : « Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement.
Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui montrera des œuvres plus grandes encore, si bien que vous serez dans l’étonnement.
Comme le Père, en effet, relève les morts et les fait vivre, ainsi le Fils, lui aussi, fait vivre qui il veut.
Car le Père ne juge personne : il a donné au Fils tout pouvoir pour juger, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui ne rend pas honneur au Fils ne rend pas non plus honneur au Père, qui l’a envoyé.
Amen, amen, je vous le dis : qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie.
Amen, amen, je vous le dis : l’heure vient – et c’est maintenant – où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront.
Comme le Père, en effet, a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir, lui aussi, la vie en lui-même ;
et il lui a donné pouvoir d’exercer le jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme. Ne soyez pas étonnés ; l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix ;
alors, ceux qui ont fait le bien sortiront pour ressusciter et vivre, ceux qui ont fait le mal, pour ressusciter et être jugés.
Moi, je ne peux rien faire de moi-même ; je rends mon jugement d’après ce que j’entends, et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas à faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. »


Cy Aelf, Paris

Les lectures de ce jour font suite à la guérison d'un paralytique, dans le temple, le jour du sabbat. Jusqu'alors, Jésus n'avait pas répondu directement avec des arguments théologiques aux juifs qui lui reprochaient d'opérer des guérisons le jour du sabbat. En parlant comme Il le fait, Jésus va rétablir la vérité pleine et entière, mais aussi ouvrir la voie pour sa condamnation, sa passion et sa mort.

Le cœur du problème est de savoir si l'on peut guérir le jour du sabbat, c'est-à-dire : accomplir un bienfait, un geste de pure miséricorde et d'amour le jour où l'on commémore le "repos" que Dieu se réserva une fois achevée l’œuvre de la création.

Plusieurs fois auparavant, Jésus avait soulevé la question du sabbat en répondant notamment que "le sabbat est fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat". Autrement dit, mais de manière voilée : Dieu est Dieu et n'a nul besoin de repos ! Et lorsqu'il est écrit que le septième jour, Dieu se reposa de l’œuvre qu'il avait faite, cela ne l'a pas empêché de soutenir toute sa création !

Mais le point le plus important, c'est bien sûr que l'on ne peut certes pas se passer de faire le bien le jour du Sabbat. Autant nier les principaux commandements : "Tu aimeras le Seigneur de tout ton coeur, de toute ton âme et de toutes tes forces" et "Tu aimeras ton prochain comme toi-même". Jésus aura patienté jusque là pour donner aux juifs un argument pleinement théologique : « Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre. »

Dans la logique tronquée, la doctrine falsifiée des maîtres du temple de Jérusalem, Jésus vient de se déclarer l'égal de Dieu - et il mérite donc la mort. Ce qui choque le fidèle chrétien, c'est bien que ce soit Jésus lui-même qui ait dû donner clairement - aujourd'hui - le motif "légal" de sa condamnation. (Mais nous savons tous qu'à l'instant même de la mort de Jésus, le voile du "Saint des saints" du temple se déchira de haut en bas - signe que Dieu ne se confinera plus dans le temple où les juifs s'imaginaient pouvoir l'y retenir...)

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«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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