La prière comme puits de lumière

« Mon âme aspire vers toi pendant la nuit, mon esprit te cherche dès le matin. » (Is 26.9)
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etienne lorant
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L'hécatombe ordinaire se poursuit...

Message non lu par etienne lorant » mer. 08 sept. 2010, 19:24

Je viens de recevoir un homme de 44 ans, ancien militaire, qui m'a déclaré "Je viens de fêter mon anniversaire !..." Je l'avais déjà croisé, mais je n'ai pas voulu relever la tête: il aurait pu y lire que je lui aurais facilement donné 10 ans de plus... tant son visage creusé révèle la consommation abusive d'alcool et de tabac durant plusieurs années. Ensuite, à peine quinze minutes plus tard, j'ai reçu Jean-Paul, ancien grutier, 58 ans. Il n'a plus que la peau sur les os ! Lui a arrêté de picoler il y a plusieurs années. Peut-être la mort prématurée de ces deux colocataires, à quatre ans d'intervalle, des suites des mêmes abus, a-t-il joué dans cette sobriété retrouvée ? Hélas, la bonne volonté lui est sans doute venue un peu tardivement: il souffre de graves problèmes de vessie, du fait qu'il se nourrit trop peu, et surtout ne boit pas assez... d'eau. Bon sang, comment faire entendre raison à des têtes aussi carrées: il est bien évident qu'une demie bouteille d'eau par 24 heures et une alimentation uniquement constituée de biscuits et de chocolats ne peuvent suffire à un homme ! Bref, encore un qui va se retrouver chez saint Pierre avant longtemps.

Il y a 27 ans que je tiens magasin. Chaque année, j'ai systématiquement veillé à vérifier si je ne risquais pas de me retrouver dans le "trou" où je voyais les autres tomber. Et cette vigilance, jugée présomptueuse ("Pour qui tu te prends ?"), m'a valu de ne guère maintenir de relations dans l'entourage. S'il fallait citer un chiffre, je dirais, oui, j'ai connu facilement une trentaine d'hommes et une dizaine de femmes aujourd'hui décédées des suites d'un cancer lié à des consommations abusives de toutes sortes. Le dernier cas dont je connais l'existence, c'est celui de Constantin, un belge d'origine grecque, polyglotte, fils d'un restaurateur connu... qui a commencé à "dériver" à la trentaine. Bel homme, il a cumulé les aventures et les nuits chaudes... et à 42 ans, il est en soins palliatifs.

Je refuse de rencontrer de nouveau Véronique, une amie depuis 1980, qui n'a jamais voulu entendre raison et cesser de "picoler". Sa fille, Rachel, m'a dit un jour, comme pour s'excuser d'avoir choisi de vivre en Normandie plutôt qu'ici, m'a glissé à l'oreille, la dernière fois que je l'ai vue: "Tu sais , Etienne, toi tu as essayé d'aider maman, mais tu as dû renoncer aussi. Eh bien, dis-toi que tu n'as jamais vu que le bon côté de ma mère. Quand tu étais là, elle faisait un effort, mais une fois la porte refermée, elle reprenait du biberon !!!" C'est ainsi que j'ai compris pourquoi Rachel paraissait si distante, certains jours.

Le dernier cas que je cite est assez inhabituel: il s'agit d'un médecin à la retraite, 64 ans, qui m'a connu au moment où j'ai cessé de fumer. Il a continué de fumer mais en prenant des précautions: avec quatre pastilles de chewing gum à la nicotine par heure, il est parvenu à limiter sa consommation de tabac à 8 cigarettes sur le même laps de temps (vous imaginez ce que ça lui coûte sur un mois ?!?). Quant à prendre encore un repas avec lui, c'est désormais exclu - ce n'est pas que son vin soit mauvais, au contraire, il est excellent ! Mais non, c'est non, et je me demande parfois si toute mon historie ne se résumerait pas au nombre de fois où j'ai dit: "C'est gentil, mais non, merci."

Miséricorde !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: L'âme de Jésus troublée...

Message non lu par Petit Matthieu » mer. 29 sept. 2010, 20:21

etienne lorant a écrit :Si nous ne croyons pas en ce Dieu qui s'est fait homme, alors ce n'est vraiment pas la peine de désirer croire autre chose.
:)
Je me rappellerai toujours de cet abbé, déjà bien vieux, qui disait qu'on était tous assez benêt devant la grandeur et le choc de l'Incarnation.
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Phrase finale de saint Vincent de Paul dans le film "Monsieur Vincent".

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Re: L'âme de Jésus troublée...

Message non lu par PaxetBonum » mar. 19 oct. 2010, 17:52

Juste avant d'évoquer ce trouble Jésus disait :

Jn 12:25-Qui aime sa vie la perd ; et qui hait sa vie en ce monde la conservera en vie éternelle.
Jn 12:26-Si quelqu'un me sert, qu'il me suive, et où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera.

Son trouble était autant pour Lui-même sachant qu'ainsi Il avait annoncé son sacrifice, que pour tous ceux qu'Il invitait à Le suivre sur cette voie en conduisant nombre au martyr.
Pax et Bonum !
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St François d'Assise

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Marcher une heure avec saint François

Message non lu par etienne lorant » lun. 25 oct. 2010, 16:55

Ce midi, n'ayant pu trouver une place de parking en zone bleue, j'ai dû pratiquement faire demi-tour et revenir à pieds au travail. Il tombait une fine pluie froide et j'ai tout d'abord recommencé à pester contre les fonctionnaires de l'administration qui m'ont refusé le renouvellement de ma carte de riverain. Mais... comme j'avais mon chapelet en poche, je me suis mis à prier, pratiquement sans y penser.

C'est sans doute le fait de ne pas y avoir songé (je veux dire: comme une activité qui me raccourcirait la marche)... je me suis senti de nouveau tout proche de saint François d'Assise. Pour expliquer ce sentiment, je dois remonter aux premiers jours après ma conversion. Je baignais du matin au soir dans une béatitude profonde. J'avais vingt-neuf ans et je me suis trouvé comme amusement de marcher pieds nus dans mon jardin, puis pieds nus en sandalettes en rue. J'avais souvent marché pieds nus dans l'herbe lorsque j'étais enfant... J'ai donc marché ainsi depuis le mois d'août jusqu'à fin octobre... Je ne ressentais ni le froid, ni la pluie. Ou plutôt : oui, je ressentais le froid et la pluie, mais pas comme quelque chose de négatif, pas comme une souffrance, un mal, un désordre quelconque... Avoir des frissons, comme c'était bon !

Peu de gens, je crois, peuvent saisir cela. (C'est un privilège, je sais, mais les privilèges ont aussi leurs contre-parties, c'est vrai aussi). En tout cas, la marche à pieds nus, le plus proche du sol possible, fut pour moi comme de suivre un nouveau catéchisme. Celui de l'homme qui est heureux à sa place dans l'univers, à condition de ne pas chercher à en obtenir une plus grande. Cela voulait dire... exactement ce que je découvrirais des années plus tard dans un ouvrage de théologie: qu'il est bon que l'homme retrouve sa juste place dans l'univers. Il règne sur toute la création, il en est le sommet, oui, MAIS il est lui-même créature. Et la simple humilité de se reconnaître tel qu'on est, c'est un bonheur. Connaître et vivre la vérité de son être, c'est une réconciliation extraordinaire, c'est un bonheur limpide, non teinté d'envie.

Saint François d'Assise a dû connaître cela. Lorsqu'il s'est dépouillé de ses vêtements devant son père biologique, à ce moment-là, en un clin d'œil, il a "revêtu le Christ". Or, le vêtement des Noces est un le meilleur des habits, car il est le plus adapté à l'être qui le porte. Voyez les lys des champs, dit Jésus, ils ne tissent ni ne filent mais Salomon dans toute sa gloire ne fut pas vêtu mieux qu'eux ! Ce n'est pas une invitation à pratiquer le nudisme, naturellement. Je dis seulement qu'il y a du bonheur à se reconnaître tel qu'on est, et tel qu'on est sous le regard de Dieu. Un jour, dans un "Journal", Julien Green avait écrit, également à propos de saint François: "Peu importe de dormir la nuit sur une simple planche, si le Christ ou Marie viennent vous y border chaque soir !" Et l'écrivain ne plaisantait pas, car il s'était plusieurs fois senti appelé à tout quitter pour échapper au combat qu'il a mené toute sa vie contre ses propres penchants.

La pauvreté, si elle était mieux comprise, ce n'est pas la misère, mais c'est la simple et lucide et bienheureuse reconnaissance de notre condition humaine. J'ai la chance d'être le plus petit des bouquinistes de ma région - un des seuls qui résiste à la crise actuelle, d'ailleurs !
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Des réconciliations silencieuses

Message non lu par etienne lorant » sam. 06 nov. 2010, 16:13

Depuis la dernière pleine et entière réconciliation avec les membres les plus proches de ma famille, je n'ai plus aucun contact avec eux. J'ai reçu un message me disant "Tu es tout à fait pardonné et nous sommes réconciliés". Tant et si bien que, lorsque je choisis un jour pour prendre le repas en maison de repos avec ma mère, je me retrouve seul avec elle. Ma mère est âgée de 86 ans mais pas encore aveugle: elle m'a demandé si nous nous étions concertés pour qu'il y en ai toujours un(e) "de garde" auprès d'elle... mais je n'ai pas démenti la chose. Mieux vaut qu'elle puisse croire que nous nous sommes organisés, tandis que la réalité est beaucoup plus crue: chacun sa vie, chacun chez soi, chacun pour soi et Dieu pour tous. Puisque je gère tous les comptes, j'envisage d'envoyer des rapports mensuels comme un comptable... et vive la famille !!!
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Phénomènes spirituels et marche vers Dieu

Message non lu par etienne lorant » lun. 03 janv. 2011, 17:44

Au cours de l'année 2004, après mon adhésion aux "Apôtres de la Miséricorde divine", un matin, au cours de la messe, j'ai entendu le prêtre dire, en plein milieu de l'Évangile, une parole dont je ne me souvenais pas. Il avait dit: "Vous désirez le bien, mais vous ne savez pas résister au mal." C'était très étrange. L'Évangile du jour, je le connaissais avant de venir au monastère ! Donc, ces mots, pour moi, étaient vraiment bizarres, en dépit même de leur cohérence. La messe se termine, j'attends le prêtre et je lui dis: "Je n'ai pas compris que vous ayez dit dans l'Évangile, cette parole : "Vous désirez le bien, mais vous ne savez pas résister au mal"... Le prêtre me regarde et me dit : mais non, cela ne faisait pas partie des lectures et je n'ai pas dit cela.

Avais-je rêvé ? Le lendemain, je pose la question aux Sœurs Clarisses, qui ne me répondent pas de suite (échange de mots sur papier, on n'ouvre pas la bouche). En même temps, j'adresse la même question à Sr Sangwina qui est ma supérieure dans mon ordre. Trois jours plus tard, je reçois la même réponse, exactement avec les mêmes mots, depuis Cracovie et des Clarisses de ma ville: "C'est Jésus qui s'est adressé à vous, ne vous inquiétez de rien, mais remerciez-le."

Je remercie donc le Seigneur, je fais le rapprochement avec des mots de saint Paul : "Je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je hais". N'était-ce pas ce que Jésus voulait m'indiquer sur ce temps ? A cette époque, je reste dans l'étonnement. Mais trois mois plus tard, j'allais être délivré du tabac, en trois jours, après vingt ans d'esclavage.

La solution du mystère a pris tant de temps... Cependant, en ouvrant un exposé de Saint Jean de la Croix, j'ai découvert que cette parole inédite et inconnue... m'a très certainement été adressée par le Seigneur, non pour servir à d'autres, mais à moi-même. Ce que Jésus m'avait dit ne concernait que moi seul. Le 'vous', était un vous de respect! Maiss en l'absence d'un directeur de conscience ... bref, j'ai tout gardé secret. Il m'a fallu attendre des années en plus pour simplement comprendre que Jésus, toujours aussi humble, pour s'adresser à moi, avait utilisé le "vous" respectueux ! Comment aurais-je pu songer à cela ?

En quoi puis-je me vanter ? Je me sens vraiment tout petit... Je n'aurais jamais cru que le Seigneur utiliserait envers moi le vous que je réserve à mes supérieurs uniquement !

Etienne
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Un encouragement pour ceux qui servent

Message non lu par stephlorant » ven. 22 avr. 2011, 15:09

Le sourire de ma mère, ce matin, lorsque je lui ai proposé de la conduire dans le parc et d'en faire le tour ! Deux minutes plus tôt, elle m'avait dit : "C'est pour me consoler que tu restes jusqu'à la fin du repas ?" Car elle a ses chagrins qu'elle garde secrets, pour elle-même, de peur de ne plus avoir de visites.

Bref, ce sourire et ce regard valent pour moi toutes les fatigues endurées ces derniers jours. Surpris par la tournure des derniers événements (encore un membre âgé de la famille qu'il m'a fallu veiller en plus...) j'avais demandé à ma mère si elle ne voudrait pas 'tester' en ma faveur : je me suis rendu compte qu'en réalité, je pensais en fait à une forme de récompense pour tous ces mouvements et cette fatigue supplémentaire qui m'ont troublé. Mais j'y ai renoncé, parce que j'ai constaté que derrière mon sentiment de compassion, c'était de l'intérêt qui pointait le bout du nez...

J'ai renoncé et le bleu pétillant de son regard fut déjà une récompense. Il faut l'avoir vécu pour comprendre. Je prie le Seigneur, qu'un jour lorsque la santé m'aura abandonné, que l'argent auquel j'avais un moment songé, soit remplacé par des grâces, car je voudrais réussir "l'épreuve qui nous est proposée" (comme dit saint Paul).

Du reste, c'est bien de notre temps d'avoir pu convaincre, non seulement que les hommes et les femmes, mais aussi les enfants, doivent être productifs et rentables, tandis que les malades, les handicapés et les personnes âgées "ont déjà vécu, après tout", et peuvent être tenus à l'écart.

Aujourd'hui, Jésus habite un home pour personnes âgées - ou un "centre de protection de la jeunesse"... où les enfants sont traités rudement. Il habite aussi les prisons bien sûr ! J'en connais une dans la quelle les cellules sont occupées par cinq au lieu de deux, avec un seau hygiénique derrière un petit paravent, et dans laquelle les promenades dans la cour sont réduites à une par semaine... (et l'on s'étonne qu'il y ait du trafic de drogue dans les prisons). Je me demande si cela irait mieux si, comme j'entends dire, les prisons étaient remises au bon soin du secteur privé... mais c'est une autre histoire.
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Il vit et il crut...

Message non lu par stephlorant » dim. 01 mai 2011, 11:40

(20, 24.29) "Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans m'avoir vu"

Donc, heureux sommes -nous, nous qui avons cru sans avoir vu. Ce matin, j'étais présent à une messe dont les participants étaient limités à trois... en ce compris le prêtre âgé qui a célébré l'Eucharistie, et qui nous avait prié, ma tante et moi, de bien vouloir participer. Agé de 86 ans et très sourd, il n'a rien compris lorsque je suis allé le trouver pour dire: "C'est aujourd'hui la Solennité à la Miséricorde divine !" Evidemment, je fus un peu décu, mais à la sortie, avec l'hostie, la joie et la force avaient de nouveau envahi jusqu'à ma détesse de solitude en un jour comme celui -ci.

Demeuré sur cette impression pénible au début, je me suis dit ensuite : combien ils sont nécessaires ceux qui, aujourd'hui encore, par leurs gestes, leurs prières et leurs paroles, manifestent le Christ présent parmi nous ! S'il n'y avait pas cette multitude de témoins que l'on reconnaît à leur façon d'être, je crois que nous en resterions à un balbutiement de foi. Il faut se souvenir qu'avant sa Passion, Jésus, après avoir prié pour ses disciples, avait aussi prié en disant: "Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi." (St-Jean)

Il s'est souvent vérifié que la patience et la douceur dont manifestèrent, tout une vie durant, de simples fidèles (comme s'ils n'avaient jamais rencontré d'épreuves) firent autant,sinon plus, qu'un beau sermon ou un livre bien écrit. J'en connais quelques-uns et combien de fois me suis-je surpris de constater que j'avais bien difficile de les imiter dans leur régularité et leur simplicité !

C'est à mon tour, à présent, je le sais, de témoigner d'une grande impassiblité devant les événements qui s'annoncent et qui se sont déjà produits : la famille divisée, la crainte du lendemain entretenue par les media, les épreuves plus intimes dont on ne dit mot, etc. Tout cela porte témoignage de la présence de Jésus parmi nous.

Montrons-nous donc vaillants, car nous sommes plus souvent observés que nous imaginons !
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Il est vraiment bon d'être ici !

Message non lu par stephlorant » sam. 14 mai 2011, 18:08

Certainement, Pierre, "il est" vraiment "bon" d'être ici avec Jésus, et d'y être pour toujours. Qu'y a-t-il de plus heureux, qu'y a-t-il de plus sublime, qu'y a-t-il de plus noble que d'être avec Dieu, que d'être transfiguré en Dieu dans la lumière ? Certes, chacun de nous, possédant Dieu dans son cœur, et transfiguré à l'image de Dieu doit dire avec joie : "Il nous est bon d'être ici", où tout est lumineux, où il y a joie, plaisir et allégresse, où tout, dans notre cœur, est paisible, calme et imperturbable, où l'on voit Dieu : là il fait sa demeure avec le Père et il dit, en y arrivant : "Aujourd'hui le salut est arrivé pour cette maison". Là tous les trésors des biens éternels sont présents et accumulés. Là sont présentées comme dans un miroir les prémices et les images de toute l'éternité à venir.

Anastase du Sinaï
Homélie pour la Transfiguration
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Comment jongler avec la contrariété

Message non lu par stephlorant » jeu. 19 mai 2011, 11:21

"L'amour ne s'irrite pas, il n'entretient pas de rancune, mais il entretient sa joie dans la vérité" (1 Co 13)

Et c'est parce qu'il entretient sa joie dans la vérité, c'est parce que l'amour nourrit constamment sa joie par la vérité, qu'il ne saurait s'irriter, ni entretenir de rancune. Je crois qu'il nous faut tendre du mieux possible à vivre de la seule vérité au milieu du perpétuel tintamarre que produit le mensonge à nos oreilles. Si nous sommes certains de la vérité qui nous a remués jusqu'au plus profond du cœur, afin que nous proclamions que l'amour n'a pour seule vérité que le Christ, alors nous ne saurions nous irriter du mal et entretenir de rancune.

Exemple immédiat : on vient de me voler un objet, j'en ai été très contrarié sur le moment, mais je sais depuis longtemps que une c'est une réaction tout à fait émotionnelle; dans la demie heure qui a suivi, je me suis calmé... tout en ressentant très bien où le piège apparaissait: jadis, en une telle occasion, j'aurais fumé trois cigarettes et tenté de me distraire de n'importe quelle manière - je veux dire : la mauvaise manière, évidemment !

Mais aujourd'hui, j'ai laissé passer, je me suis suspendu au linteau métallique de ma porte afin d'étirer tous mes muscles, puis j'ai prié. Quelques minutes plus tard, j'ai vendu un article que j'avais cru invendable - et au double du prix, auquel j'avais songé de le 'liquider'... tout va bien !
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Vertu d'acceptation...

Message non lu par stephlorant » ven. 17 juin 2011, 18:59

J'ai découvert cette citation de St Jean de la Croix (Extrait de la Lettre n° 20)

Quand quelque désagrément ou peine vous atteindra, souvenez-vous du Christ crucifié et taisez-vous.
Vivez en foi et en espérance, bien que ce soit dans le noir ; dans ces ténèbres Dieu protège l'âme.

Je suis heureux de découvrir cette directive, car elle est semblable à celle qui se trouvait dans ma formation à la vie intérieure: 'Vous vous engagez à supporter avec patience et dans l'amour de Jésus toute peine, angoisse et souffrance qui peut vous advenir.'

Quand je médite l'Evangile du jour, je suis dans la Joie, et la Joie me remplit, illumine mon esprit. Mais en dehors de ça... ce soir sera encore une longue et pénible nuit... mais je veux obéir !
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Re: Vertu d'acceptation...

Message non lu par stephlorant » sam. 18 juin 2011, 14:42

C'est Jean de la Croix qui a raison, même s'il m'est parfois difficile de l'admettre. J'ajouterais volontiers que dans les temps où je ressens péniblement l'absence de Dieu, je reçois pourtant des grâces de force. C'est-à-dire que, d'une part, la peine que j'éprouve me protège de mes tentations habituelles (n'est-ce pas exactement ce que dit la citation ?), mais aussi, pour tenir bon, je me sens véritablement poussé à travailler plus.
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Re: Vertu d'acceptation...

Message non lu par stephlorant » sam. 18 juin 2011, 17:45

stephlorant a écrit : Quand quelque désagrément ou peine vous atteindra, souvenez-vous du Christ crucifié et taisez-vous.
Vivez en foi et en espérance, bien que ce soit dans le noir ; dans ces ténèbres Dieu protège l'âme.
Dans la tentation, aujourd'hui, j'ai vraiment mesuré l'efficacité du précepte de saint Jean de la Croix. Mais il fallait l'expérimenter pour le comprendre vraiment. Sauf au moment où j'ai médité l'Évangile du jour, j'ai été constamment tenté, soit de passer mon temps à des jeux électroniques, soit d'accepter un verre d'alcool. Cependant, la peine que j'ai éprouvée de ne pas ressentir la présence du Seigneur était plus forte que les tentations. J'ai donc vraiment été protégé dans cet état que je n'aime pas. Et au moment où j'écris, la Joie reflue, bien que légèrement.
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S'abandonner à Dieu en tout et pour tout

Message non lu par stephlorant » mer. 29 juin 2011, 19:05

"Mon pied s'attache à ses pas" (Job, 23:11)

Ce que dit Job, c'est qu'il ne lui vient pas à l'esprit de questionner Dieu, mais il lui suffit de Le suivre à chaque pas. Un psaume dit de façon semblable: "Ta Parole, lampe sur mes pas, lumière sur ma route". Ce qui est désirable à mes yeux, c'est d'atteindre une forme de vie d'intimité dans la relation avec Dieu. Cela ne pouvait se faire aussi longtemps que je me cherchais une épouse - je me souviens encore de ce que me lançait ma dernière "fiancée" : "Toi et tes états d'âme !" A présent que je suis presque seul dans la vie, je constate qu'il n'est rien de plus désirable que de s'appuyer sur le Seigneur en tout et pour tout. Il me faut prendre quoi qu'il m'arrive dans la vie comme une manifestation de la miséricorde divine. C'est presque trop simple, n'est-ce pas ?
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Diverses décisions

Message non lu par stephlorant » sam. 02 juil. 2011, 15:24

J'ai traversé ces derniers jours quelques situations au cours desquelles j'ai réagi de façon différente, en espérant avoir agi correctement selon ma foi:

- Je me suis rendu à la messe de village où j'avais l'habitude d'aller du temps où ma vieille tante ne s'était pas mise à me harceler au téléphone. Elle insistait que j'accomplisse de nombreuses choses selon son idée (cela dure depuis trois semaines et je filtre désormais tous mes appels). Ayant très envie de communier ce samedi, je suis tout de même retourné dans le village natal de mon père. Mais parce que je craignais que les murs aient des yeux ou des oreilles, j'ai franchi la porte de la chapelle à huit heures vingt-neuf minutes (plutôt que trente pile), en espérant pouvoir me recueillir tout de même... Peine perdue: la messe n'a pas commencé que a porte de la chapelle s'est rouverte, ma tante s'est assise à mes côtés et m'a fait la bise en m'encadrant avec force de son bras droit. Mais aussitôt ensuite, je me suis relevé, j'ai fait une génuflexion et je suis reparti. J'ai déjà trouvé une église (jamais fréquentée jusqu'ici pour y communier demain).

- J'ai totalement accepté l'attitude de "mise à distance" que pratiquent envers moi nombre de mes anciens amis ainsi que des membres de ma famille. Une partie de cette semaine, j'ai souffert d'insomnies, mais je me retrouve, à la sortie, pleinement d'accord avec moi-même. C'est la Litanie au Sacré-Coeur (avec cette invocation: "Roi et Centre de tous les coeurs...) qui m'a poussé à l'abandon complet de ma propre volonté.

- J'ai rappelé à une de mes plus anciennes relations (1980) que je suis toujours prêt à la recevoir, pourvu qu'à nos âges respectifs, nous ne soyons plus ni l'un ni l'autre contraints de demander des permissions à sa chère maman... laquelle n'est autre que la très riche propriétaire de ma boutique, qui tient à garder vraiment tout sous son autorité.

Je ne cherche pas à "gagner des points". Je désire seulement que nous puissions tous et toutes vivre en bonne entente.
In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum
http://www.youtube.com/watch?v=WDV94Iti5ic&feature=related (Philippe Herreweghe)

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