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etienne lorant
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L'affaire de la paille et la poutre

Message non lu par etienne lorant » ven. 11 sept. 2009, 11:58

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc 6,39-42.

Jésus s'adressait à la foule en paraboles : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans un trou ? Le disciple n'est pas au-dessus du maître ; mais celui qui est bien formé sera comme son maître. Qu'as-tu à regarder la paille dans l'oeil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton oeil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : 'Frère, laisse-moi retirer la paille qui est dans ton oeil', alors que tu ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Esprit faux ! enlève d'abord la poutre de ton oeil ; alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l'oeil de ton frère.

Dans la ligne de l'Evangile d'hier, le jugement péremptoire sur le comportement d'autrui doit être exclu. C'est exactement ce qui s'est passé lorsque le copain Christophe a dit, hier, de mon voisin atteint d'une jaunisse maligne "il n'en a pas pour très longtemps !" - alors que lui-même se bouche les oreilles chaque fois qu'on essaie de le convaincre d'aller se faire opérer.

Mais l'histoire de la paille et de la poutre offre une image d'un jugement tronqué qui est d'une telle qualité qu'elle fait partie intégrante de la culture occidentale, tout comme - et plus encore, l'affaire de la gifle reçue et l'autre joue tendue. On aura beau retirer les crucifix des écoles et des cliniques, comment faire disparaître cette paille comparée à une poutre, de même qu'on entendra toujours des hommes dire: "Moi, je m'appelle pas Jésus, je ne tends pas la joue gauche !"

A ce propos, Christophe, toujours athée mais qui lit désormais des passages de l'Ecriture et la vie des martyrs, m'a dit: "Dans votre livre, là, à aucun endroit Jésus lui-même n'a tendu la joue gauche !" J'ai dit: tiens, pas de façon littérale sans doute. Et lui: "Ah tu vois bien ! C'est une façon de parler, c'est tout". Que répondre ? Une fois de plus, une réponse m'est tombée dans la bouche. Mais oui, Jésus a tendu la joue gauche ! Naturellement, il n'a pas dit: "Vas-y tu m'as frappé à droite, frappe aussi à gauche !" ... Jésus ne parle pas comme çà. Mais au cours de la Passion, l'épisode est bien présent:
"Quand Jésus dit cela, un des gardes du temple qui est là lui donne une gifle. Il lui dit : "C’est de cette façon que tu réponds au grand prêtre ?". Jésus dit au garde : "Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal. Mais si j’ai bien parlé, pourquoi est-ce que tu me frappestu ?"."

Jésus s'est laissé frapper une fois, et Il s'est retourné sur le garde pour lui demander, sans perdre son sang-froid, et je dirais: avec une grande amabilité - une amabilité de Seigneur, si j'ose dire: Mon ami, es-tu bien certain d'avoir autorité pour me frapper ? Or s'il n'y a pas là une façon de tendre la joue gauche, c'est que nous n'avons rien compris : qui d'entre nous a jamais eu maille à partir avec des soldats ou des policiers "de seconde ou troisième classe" ? Il y en a dans chaque commissariat et dans chaque caserne, et je peux en parler, j'en ai eu l'expérience !

En tout cas, très beau texte encore aujourd'hui, très fort aussi, voici un passage qui réchauffe et qui nous brûle aussi un peu au-dedans: merci mon Dieu !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: L'affaire de la paille et la poutre

Message non lu par enverite » ven. 11 sept. 2009, 13:57

Cette histoire de paille et de poutre est particulierement amusante.
La morale que Jesus nous indique est bien de ne pas mentionner les pailles dans les yeux des autres .... a plus forte raison de pas chercher y voir des "poutres" !
Et de nous assurer que nous n'aurions pas une poutre chez nous ...

Ce qui est amusant, c'est la deviation si courante cette parabole ... pour signaler des poutres chez les autres ! ... au travers de cette même parabole envoyée à la figure d'un interlocuteur !

donc completement à l'inverse du message de Jesus...

Ce qui, par consequent, vaut pour moi en l'occurence pour ce message. OK, vu ma poutre !

Nous sommes donc invités à nous ameliorer, nous, et non pas s'acharner à tancer les autres.
a rapprocher du "Toi, suis-moi" dit à Pierre qui se preoccupait de l'avenir de Jean.

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Re: L'affaire de la paille et la poutre

Message non lu par Francesco » mer. 16 sept. 2009, 0:47

Bonjour,j'aime particulierement cette parabole qui est tres profonde ds son enseignement.

En fait,je pris Dieu tous les jours pour qu'il m'enleve la poutre ds mon oeil.....Alors la vie sera plus saine et je serai plus pret de Dieu

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La paille et la poutre. Le jugement.

Message non lu par etienne lorant » lun. 20 juin 2011, 15:30

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 7, 1-5
Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :
« Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ; le jugement que vous portez contre les autres sera porté aussi contre vous ; la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous.
Qu'as-tu à regarder la paille dans l'œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ?
Comment vas-tu dire à ton frère : 'Laisse moi retirer la paille de ton œil', alors qu'il y a une poutre dans ton œil à toi ?
Esprit faux ! Enlève d'abord la poutre de ton œil, alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l'œil de ton frère. »


La différence de dimension entre la paille et la poutre, c'est évidemment ce qui frappe l'imagination des auditeurs... et du lecteur aussi. Mais si le Christ emploie cette projection d'image, ce n'est pas uniquement pour éveiller l'attention, mais aussi, tout simplement, parce que les hommes jugent souvent leur prochain sans même avoir pris la peine de s'examiner eux-mêmes. C'est un peu comme si un homme qui a pris un bain de boue se mettrait à juger de la propreté d'un autre qui s'est trempé dans du goudron : "Que tu es sale, mon frère, comme tu sens mauvais !" Mais en réalité: qu'est-ce qui s'enlève le plus vite: la boue ou le goudron ?

Cet Évangile me renvoie à ce que Jésus a dit peu avant: "L'œil est la lampe du corps". Bien avant de nous permettre d'éduquer et de relever autrui, nous avons pour travail de veiller à nous garder dans la Lumière de Dieu. Et force est de reconnaître qu'au commencement du moins, cette tâche n'est pas aisée ! Car en ce monde, les ténèbres sont un peu partout, elles me font penser à ces nappes de brumes qui s'attardent jusque sous les réverbères, le soir, dans les faubourgs de Londres. Tout le monde les traverse et les respire, et certains si perdent...

A cette pensée, je suis retourné feuilleter Bernanos, celui qui selon moi en a parlé le mieux - et ce qu'il dit, c'est que la plus "éclairée" des raisons n'y peut rien: seule la Lumière de Dieu en est maître.

"Le monde du mal échappe tellement, en somme, à la prise de conscience de notre esprit ! D'ailleurs, je ne réussis pas toujours à l'imaginer comme un monde, un univers. Il est, il ne sera toujours qu'une ébauche, l'ébauche d'une création hideuse, avortée, à l'extrême limite de l'être. Je pense à ces poches flasques et translucides de la mer. Qu'importe au monstre un criminel de plus ou de moins ! Il dévore sur-le-champ son crime, l'incorpore à son épouvantable substance, le digère sans sortir un moment de son effrayante, de son éternelle immobilité.

Mais l'historien, le moraliste, le philosophe même, ne veulent voir que le criminel, ils refont le mal à l'image et à la ressemblance de l'homme. Ils ne se forment aucune idée du mal lui-même, cette énorme aspiration du vide, du néant. Car si notre espèce doit périr, elle périra de dégoût, d'ennui. La personne humaine aura été lentement rongée, comme une poutre par ces champignons invisibles qui, en quelques semaines, font d'une pièce de chêne une matière spongieuse que le doigt crève sans effort. Et le moraliste discutera des passions, l'homme d'État multipliera les gendarmes et les fonctionnaires, l'éducateur rédigera des programmes - on gaspillera des trésors pour travailler inutilement une pâte désormais sans levain
.
"

On dirait bien que Bernanos exagère, mais en réalité, il est dans le vrai: pratiquer la justice, c'est d'abord se corriger soi-même en tout temps et si nous nous livrons à cet exercice, nous donnons une occasion à notre prochain de faire de même. En dehors de cela, on se trompe d'objectif.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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stephlorant
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La paille et la poutre

Message non lu par stephlorant » jeu. 08 sept. 2011, 21:06

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 6,39-42.
Jésus s'adressait à la foule en paraboles : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans un trou ? Le disciple n'est pas au-dessus du maître ; mais celui qui est bien formé sera comme son maître. Qu'as-tu à regarder la paille dans l'œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : 'Frère, laisse-moi retirer la paille qui est dans ton œil', alors que tu ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Esprit faux ! enlève d'abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l'œil de ton frère.


Dans ce bref passage de l’Évangile de Luc, le disciple bien formé qui est comme son maître... c'est en réalité le plus humble de tous -humble comme le maître est humble. En effet, de toutes les personnes susceptibles de porter un jugement sur autrui, et de voir la paille ou la poutre dans l'oeil de l'autre, la plus qualifiée, c'est Jésus lui-même.

C'est le même Jésus qui, en pleine justice, eût pu jeter la première pierre à la femme adultère. Mais qui s'en est abstenu, tout en faisant reconnaître à la femme qu'il s'est passé quelque chose d'extraordinaire : tous ceux qui l'avaient accusées et s'apprêtaient la faire mourir, se sont retirés ! Il ne souligne même pas sa faute, mais dit simplement: "Moi non plus, je ne te juge pas : va et ne pèche plus". De même, lorsqu'il se rend chez Zachée, plutôt que de le montrer du doigt, un doigt accusateur signifiant : tu as beau grimper sur les arbres, je te vois !", il lui parle et dit :"Zachée, descends vite : aujourd'hui il faut que j'aille chez toi !"

Et donc, nous avons tout intérêt à nous méfier de nous-mêmes, quant il s'agit de pratiquer la "correction fraternelle".

J'ai eu la chance de rencontrer un jour un ancien professeur de philosophie. Il venait tous les matin, ils prenait un tabouret, toujours disponible pour lui, mais me demandait chaque fois s'il ne dérangeait pas. Je le considérais comme un ami, lui qui avait 85 ans à l'époque et moi à peine 26... Or, un jour, un voisin nous a pris en photo: il a passé la tête par la porte de la boutique et "flash", avant que nous ayons eu le temps de réagir, la photo est prise. Quelques jours plus tard, lorsque je lui ai montré cette photo, il m'a demandé: "Vous - car il me vouvoyait, vous ne remarquez rien sur cette photo ?" "Eh bien, non, nous regardons vers l'appareil-photo tous les deux, je n'y vois rien qu'une bonne photo, un souvenir." "Regardez encore !" Je regarde, je cherche un détail, je ne vois rien et je le luis dis : je ne comprends pas, expliquez-moi ! "Eh bien, vous souriez sur cette photo, vous souriez largement, tandis que moi, non, je regarde le photographe qui nous a surpris, je le fixe sans sourire..." C'était exact, mais je ne comprenais toujours pas où il voulait en venir. C'était à ceci: il est imprudent d'avoir tout le temps le sourire aux lèvres devant le premier venu, que l'on ne connaît pas encore. C'est imprudent d'autant plus lorsqu'on achète et revend des marchandises d'occasion.

Et il avait tout à fait raison, mon vieux visiteur. J'ai dû apprendre à devenir sévère, car combien de fois je me suis fait tromper ! Je trouve que cette petite histoire vécue donne une bonne idée de la façon de procéder dans la correction fraternelle: il faut amener l'autre à comprendre de lui-même en quoi consiste son erreur. Jésus le dit bien : "Si ton frère a péché, va le trouver seul t 18:15-, " Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le, seul à seul. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère." Oui, il s'agit vraiment, non d'avoir raison, mais d'avoir gagné son frère
.
In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum
http://www.youtube.com/watch?v=WDV94Iti5ic&feature=related (Philippe Herreweghe)

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stephlorant
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Re: La paille et la poutre

Message non lu par stephlorant » ven. 09 sept. 2011, 14:27

Entre-temps, à propos de cet Evangile, j'ai retrouvé ce texte magnifique de Mgr Decourtray - qu'un des membres de ce forum avait cité, et qui illustre comment le Christ, plutôt que de s'attarder sur les fautes commises, cherche chez les pécheurs une âme à éveiller, à relever, à entraîner, à sa suite, dans son Amour:

Jésus n’a pas dit : Cette femme est volage, légère, sotte, elle est marquée par l’atavisme moral et religieux de son milieu, ce n’est qu’une femme ! Il lui demande un verre d’eau et il engage la conversation.

Jésus n’a pas dit : Voilà une pécheresse publique, une prostituée à tout jamais enlisée dans le vice. Il dit : Elle a plus de chances pour le Royaume de Dieu que ceux qui tiennent à leurs richesses ou se drapent dans leur vertu ou leur savoir.
Jésus n’a pas dit : Celle-ci est une adultère. Il dit : Je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus.

Jésus n’a pas dit : Celle-là qui cherche à toucher mon manteau n’est qu’une hystérique. Il l’écoute, lui parle et la guérit.

Jésus n’a pas dit : Cette vieille qui met son obole dans le tronc pour les bonnes œuvres du Temple est une superstitieuse. Il dit qu’elle est extraordinaire et qu’on ferait bien d’imiter son désintéressement.

Jésus n’a pas dit : Ces enfants ne sont que des gosses. Il dit : Laissez-les venir à moi et tâchez de leur ressembler.

Jésus n’a pas dit : Cet homme n’est qu’un fonctionnaire véreux qui s’enrichit en flattant le pouvoir et en saignant les pauvres. Il s’invite à sa table et assure que sa maison a reçu le salut.

Jésus n’a pas dit comme son entourage : Cet aveugle paie sûrement ses fautes ou celles de ses ancêtres. Il dit que l’on se trompe complètement à son sujet, et il stupéfie tout le monde, ses apôtres, les scribes et les pharisiens en montrant avec éclat combien cet homme jouit de la faveur de Dieu : « Il faut que l’action de Dieu soit manifeste en lui ».

Jésus n’a pas dit : Ce centurion n’est qu’un occupant. Il dit : Je n’ai jamais vu pareille foi en Israël.

Jésus n’a pas dit : Ce savant est un intellectuel. Il lui ouvre les voies par une renaissance spirituelle.

Jésus n’a pas dit : Cet individu n’est qu’un hors-la-loi. Il dit : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis.

Jésus n’a pas dit : Ce Judas n’est qu’un traître. Il l’embrasse et lui dit : Mon ami.

Jésus n’a pas dit : Ce fanfaron n’est qu’un renégat. Il lui dit : Pierre, m’aimes-tu ?

Jésus n’a pas dit : Ces grands-prêtres ne sont que des juges iniques, ce roi n’est qu’un pantin, ce procurateur romain n’est qu’un pleutre, cette foule qui me conspue n’est qu’une plèbe, ces soldats qui me maltraitent ne sont que des fonctionnaires. Il dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font.

Jésus n’a jamais dit : Il n’y a rien de bon dans celui-ci, dans celui-là, dans ce milieu-ci et dans ce milieu-là. De nos jours, il n’aurait jamais dit : Ce n’est qu’un intégriste, qu’un moderniste, qu’un gauchiste, qu’un fasciste, qu’un mécréant, qu’un bigot…Pour lui, les autres, quels qu’ils soient, quels que soient leurs actes, leur statut, leur réputation, sont toujours aimés de Dieu.

Jamais homme n’a respecté les autres comme cet homme. Il est unique. Il est le Fils unique de Celui qui fait briller son soleil sur les bons et les méchants.
En celui qu’il rencontre il voit toujours un extraordinaire possible ! un avenir tout neuf ! malgré le passé.
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etienne lorant
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Ne jugez pas, vous ne serez pas jugés...

Message non lu par etienne lorant » lun. 25 juin 2012, 10:53

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 7,1-5.
Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : " Ne jugez pas, pour ne pas être jugés; le jugement que vous portez contre les autres sera porté aussi contre vous ; la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. Qu'as-tu à regarder la paille dans l'œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? Comment vas-tu dire à ton frère : 'Laisse moi retirer la paille de ton œil', alors qu'il y a une poutre dans ton œil à toi ? Esprit faux ! Enlève d'abord la poutre de ton œil, alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l'œil de ton frère.


Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Dans la première lecture, extraite du Livre des Rois, les juifs se sont détournés de Dieu et n'ont pas obéi à ses commandements: ils se retrouvent livrés à leurs ennemis et emmenés en esclavage. Afin de nous éviter un pareil sort, Jésus nous montre à quel point notre propre jugement sur autrui est faussé si en toutes choses, et spécialement celle-ci, nous ne nous en remettons pas à la justice du Père. Autrement dit, avant de traiter notre prochain d'ignorant, mesurons d'abord combien grande est notre ignorance des desseins de Dieu.

Pour être plus concret, je passe à des choses vécues. Autrefois, lorsque je prenais un petit voleur en flagrant délit, j'étais sévère, je réagissais selon le cas en racontant partout mon petit malheur ou bien j'augmentais le prix d'autres marchandises... avec le recul, et pour dire le vrai, ai-je toujours bien tenu le compte de mes ventes, les jours où elles avaient bien rapporté ? Frauder n'est ce pas comme du vol à l'étalage ? Je sais très bien que le Seigneur peut me faire tourner les yeux vers des choses que je ne voudrais pas voir.

Mais je me réjouis que, la semaine dernière, un internaute m'a envoyé un message privé qui posait une question mais était largement accompagné de propos orduriers... j'ai, mais après avoir eu le temps de réfléchir, répondu à une question qu'il me posait ... comme si je ne m'étais pas vu l'insulte qui accompagnait sa question.

Cet enseignement sur le jugement, je le retrouve pratiqué par Jésus lors de la gifle qu'il a reçue de la main d'un des gardes du temple. Il s'est retourné sur lui et lui a dit: "Si j'ai mal parlé, montre ce que j'ai dit de mal, mais si j'ai bien dit, pourquoi me frapper ?" Et plus tard devant Pilate, qui doit décider et qui est embarrassé, c'est encore Jésus, déjà flagellé, qui lui dit: "Tu n’as aucun pouvoir sur moi à part celui que Dieu t’a accordé. C’est pourquoi, l’homme qui m’a livré à toi est plus coupable que toi." Qui de nous eût pu parler ainsi ?

Et donc, il ne m'étonne guère que beaucoup de saints et de saintes ont supporté bien des tourments injustes, non en récriminant contre Dieu, mais afin d'obtenir de sa grâce que le cœur des hommes change.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Ne jugez pas, vous ne serez pas jugés...

Message non lu par etienne lorant » lun. 25 juin 2012, 18:13

etienne lorant a écrit :Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 7,1-5.[/b]
"Ne jugez pas, pour ne pas être jugés; le jugement que vous portez contre les autres sera porté aussi contre vous ; la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous..

Je reprends la plume (si j'ose dire) à propos de ce commentaire car je me suis souvenu de ce détail: chaque fois que l’Écriture utilise la forme passive "Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés", c'est dans le but d'éviter de prononcer le nom de Dieu. Jésus lui-même emploie cette façon de parler afin de ne pas heurter la sensibilité de son public - mais ce public, qui est constitué de juifs, comprend tout à fait :

"Ne jugez pas et Dieu ne vous jugera pas. Le jugement que vous portez contre les autres, Dieu le portera aussi contre vous. La mesure dont vous vous servez pour les autres, Dieu s'en servira aussi pour vous".

Je trouve que la précision vaut le coup: n'allons pas dire que Jésus emploie un langage comme s'il désignait une "justice immanente" - c'est bien de Dieu qu'il parle.

Merci à vous qui me lisez et m'encouragez à m'appliquer !


Etienne
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Message non lu par etienne lorant » ven. 13 sept. 2013, 9:55

Première lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 1,1-2.12-14.
Moi, Paul, qui suis Apôtre du Christ Jésus par ordre de Dieu notre Sauveur et du Christ Jésus notre espérance, je te souhaite à toi, Timothée, mon véritable enfant dans la foi, grâce, miséricorde et paix de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Seigneur.
Je suis plein de reconnaissance pour celui qui me donne la force, Jésus Christ notre Seigneur, car il m'a fait confiance en me chargeant du ministère, moi qui autrefois ne savais que blasphémer, persécuter, insulter. Mais le Christ m'a pardonné : ce que je faisais, c'était par ignorance, car je n'avais pas la foi ; mais la grâce de notre Seigneur a été encore plus forte, avec la foi et l'amour dans le Christ Jésus
.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 6,39-42.
Jésus s'adressait à la foule en paraboles : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans un trou ?
Le disciple n'est pas au-dessus du maître ; mais celui qui est bien formé sera comme son maître.
Qu'as-tu à regarder la paille dans l'œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ?
Comment peux-tu dire à ton frère : 'Frère, laisse-moi retirer la paille qui est dans ton œil', alors que tu ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Esprit faux ! enlève d'abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l'œil de ton frère.


Cy Aelf, Paris

Le lien qui peut s'établir entre les deux textes tient au pardon accordé par le Christ à saint Paul, afin de faire de lui un apôtre. En effet, celui qui fut Saul, persécuteur des chrétiens, le Seigneur l'a fait tomber sur le chemin de Damas... Il l'a rendu aveugle durant un temps afin qu'il puisse ensuite y voir clair.

Chez tous les humains, dans le regard qu'ils posent sur autrui, se retrouve le penchant au jugement. Un homme au front dégagé sera facilement pris pour un intellectuel, un homme de connaissance, tandis qu'un autre aux cheveux abondants et mal coiffé, sera - encore plus facilement, je crois, considéré comme un bon à rien ! Ce qui ne veut rien dire, si l'on prend, par exemple, la photo d'Einstein, les cheveux non coiffés et qui tire la langue. Il eût pu faire un bon clown !

Et donc, la plus ou moins bonne estimation que nous avons d'autrui, tient souvent à une "paille" dans notre œil, lorsque nous jugeons peu, ou bien carrément une poutre, si nous sommes remplis de préjugés.

Avec ces images de la paille et de la poutre, le Seigneur nous renvoie à nous-mêmes. C'est bien en nous-mêmes qu'un changement, qu'un conversion du regard est possible. Et souvent, elle intervient dans ces moments où nous étions fragilisés, mais où nous avons trouvé un secours auprès d'une personne pour laquelle nous n'avions que peu d'estime à priori.

Le but final de l'enseignement de Jésus est de nous apprendre à aimer - et encore plus: aimer même nos ennemis à cause du Seigneur.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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