La rencontre inespérée (Bartimée)

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boisvert
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La rencontre inespérée (Bartimée)

Message non lu par boisvert » jeu. 29 mai 2008, 17:01

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc 10,46-52.

Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho. Et tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord de la route. Apprenant que c'était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! » Beaucoup de gens l'interpellaient vivement pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Jésus s'arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l'aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t'appelle. » L'aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? — Rabbouni, que je voie. » Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t'a sauvé. » Aussitôt l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route.

J'ai écouté ce passage de l'Evangile dans un moment d'adoration pure. Comment le dirais-je autrement ? Si je disais que "ce fut un enchantement", c'est de musique ou de poésie que je parlerais. Mais dans l'adoration, il y a une compréhension surnaturelle, une participation de l'âme, une vision d'ensemble de la scène, une présence effective et attentive, un vécu merveilleux...

La première chose qui me vient à la bouche, c'est de rectifier l'opinion émise par certains exégètes modernes qui ne voient dans les miracles que des symboles: cette opinion est si décevante et en réalité si peu respectueuse du texte ! Le miracle est un signe: je suis d'accord, mais qu'on ne me dise pas que la guérison n'a pas eu lieu, que Lazare n'est pas sorti de sa tombe, que la transfiguration est simplement l'image de Jésus en prière, et qu'après la résurrection, les apôtres qui ont vu le Christ ont tous vécu une "expérience mystique"... Pour moi (tant pis pour moi, dira-t-on), le miracle est un fait, un événement réel qui a une portée symbolique - et voilà le signe !

Dans le texte d'aujourd'hui, l'aveugle, qui est bien identifié comme étant Bartimée, fils de Timée, de Jéricho, est guéri de sa cécité par Jésus de Nazareth, dont la renommée ne faisait que s'étendre et à qui le peuple donnait déjà le titre de Rabbouni, de Maître. Mais la lecture sous-jacente - qui n'enlève rien à la première, nous montre un homme qui non seulement va recouvrer la vue, mais qui va également sortir de la cécité spirituelle dont nous sommes tous atteints.

Le point central du récit, qui dévoile le sens caché derrière le sens apparent, c'est évidemment la question posée par Jésus: "Que veux-tu que je fasse pour toi ?" Cette interrogation est comme l'hameçon au bout de la ligne: elle appelle une réponse instantanée, mais qui va jaillir de l'intérieur du malade, du plus profond de son être : "Que je voie !" Que je voie ! Que je voie, mon Seigneur et mon Dieu, que je cesse d'être incrédule, que j'aie la foi, fais que mon coeur soit libre, que j'aime à nouveau, délivre-moi de ma peine, sauve-moi, pitié pour moi mon Dieu !

"Le malheur durcit et désespère car il imprime jusqu'au fond de l'âme, comme avec un fer rouge, le mépris, le dégoût et même la répulsion de soi-même". C'est de cela que je fus moi-même guéri, moi qui, en 1980, étais exactement comme Bartimée: au bord du chemin, ne voyant plus rien pour moi-même, ni devant ni derrière, certes entouré, mais de personnes que je ne pouvais rencontrer qu'à partir de mon propre malheur. Alors, j'ai crié aussi, j'ai pleuré, j'ai hurlé: fais que je voie ! Si Toi tu es vraiment Celui qui vient, alors fais que je voie ! J'ai fait tant de tapage qu'à un moment, lâchant mon manteau, oubliant, ma dernière armure, je me suis élancé en avant vers Jésus... et j'ai vu, et j'ai cru.

S'il me fallait une "preuve" que la guérison de cet aveugle est un signe encore pour chacun de nous, ce sont les derniers mots du passage qui me la fournissent : "L'homme se mit à voir et il suivait Jésus". Il se mit à voir, cela signifie bien que sa guérison s'est poursuivie, qu'elle n'a pas été le fait d'un moment. Ayant commencé à voir, Bartima ne s'en tint pas là, il voulut voir plus encore, et il eut faim de voir - et il suivait Jésus.

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Le cri de l'aveugle de Jéricho

Message non lu par etienne lorant » sam. 26 sept. 2009, 17:03

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 18, 35-44)

35 Comme Jésus approchait de Jéricho, un aveugle qui mendiait était assis au bord de la route.
36 Entendant une foule arriver, il demanda ce qu'il y avait.
37 On lui apprit que c'était Jésus le Nazaréen qui passait.
38 Il s'écria : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! »
39 Ceux qui marchaient en tête l'interpellaient pour le faire taire. Mais lui criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! »
40 Jésus s'arrêta et ordonna qu'on le lui amène. Quand il se fut approché, Jésus lui demanda :
41 « Que veux-tu que je fasse pour toi ? - Seigneur, que je voie ! »
42 Et Jésus lui dit : « Vois. Ta foi t'a sauvé. »
43 A l'instant même, l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, adressa ses louanges à Dieu.

Pour moi, voici un de plus beaux passages de l'Evangile. J'y reviens souvent, avec une émotion toujours neuve. L'aveugle était assis et il mendiait : comment autrement gagner de quoi se nourrir ? Je l'imagine aussi mal vêtu que mal lavé. Mais aussitôt qu'il apprend que c'est Jésus qui passe, il devient un autre homme. Tout d'un coup, l'espoir est revenu: il crie, il appelle, et plus on essaie de le faire terre, plus il crie, plus il appelle : "Jésus, fils de David, aie pitié de moi !" Au fait, d'où lui vient la connaissance de ce nom donné à Jésus ? Il en aura entendu parler, sur une place ou l'autre, quand la chaleur du jour se mêle au vent pour créer de petits tourbillons de sable. Il a aussi entendu parler des miracles que Jésus accomplit ici et là, en soulevant l'étonnement des foules. Et voici qu'il passe ! Oh, surtout, ne pas le manquer !

Et Jésus pose cette question toute simple, comme s'il n'était pas tout à fait évident qu'un aveugle désire recouvrer la vue: "Que veux-tu que je fasse pour toi ?" Eh bien, que je voie ! Et là, il se passe quelque chose en plus que la guérison de la cécité. L'homme va voir, en effet, mais pas seulement avec ses yeux de chair, mais aussi avec les yeux qui servent la foi. Nous qui pensons voir clair avec nos yeux de chair, ne sommes nous pas aveugles du point de vue de l'amour de Dieu ? Certes, nous y voyons quelque peu, mais juste assez pour ne pas tomber trop souvent ! Bref, je crois que lorsque Jésus a posé la question à l'aveugle de Jéricho, il lui a en même temps révélé les ténèbres spirituelles dans lesquelles il croupit, et tout cela pour l'en délivrer aussitôt.

Et l'homme vit... non, le texte dit bien: "I'homme se mit à voir", ce qui rend bien l'idée d'une compréhension en deux étapes: il se mit à voir et il voyant Jésus, il se mit à croire, et non seulement à croire mais à suivre Jésus et glorifier Dieu. Ce qui est tout à fait logique, puisque: "Nul ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut bien Le révéler".

Je me dis souvent que le Seigneur a fait pour cet homme ce qu'il a fait pour moi. J'étais vraiment l'esclave du tabac, et je lui avais demandé la délivrance... avec toutefois beaucoup moins de force que l'aveugle. Mais Jésus, malgré mon peu de foi, a été plus loin que ma demande: Il a fait de moi un homme qui ne fume pas. J'ai vraiment le sentiment d'avoir subi une sorte de "re-création". Il m'a remodelé. Tout de même, je me connais et je sais dire si j'ai changé en profondeur.

Pour en revenir au texte, ce qui me touche le plus, c'est le cri de l'aveugle : "Que je voie !" Ah, si je savais crier ainsi quand je prie, le bon Dieu, comme un aigle, fondrait tout de suite du plus haut des cieux pour embrasser sa créature !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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L'aveugle de Jéricho

Message non lu par etienne lorant » dim. 25 oct. 2009, 13:55

J'ai déjà commenté l'Evangile de ce dimanche - il y a une dizaine de jours, et je l'avais fait par ce que c'est de mes textes préférés. J'ai fait un copié/collé... pas de remue-méninges aujourd'hui !

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 18, 35-44)

35 Comme Jésus approchait de Jéricho, un aveugle qui mendiait était assis au bord de la route.
36 Entendant une foule arriver, il demanda ce qu'il y avait.
37 On lui apprit que c'était Jésus le Nazaréen qui passait.
38 Il s'écria : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! »
39 Ceux qui marchaient en tête l'interpellaient pour le faire taire. Mais lui criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! »
40 Jésus s'arrêta et ordonna qu'on le lui amène. Quand il se fut approché, Jésus lui demanda :
41 « Que veux-tu que je fasse pour toi ? - Seigneur, que je voie ! »
42 Et Jésus lui dit : « Vois. Ta foi t'a sauvé. »
43 A l'instant même, l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, adressa ses louanges à Dieu.

Pour moi, voici un de plus beaux passages de l'Evangile. J'y reviens souvent, avec une émotion toujours neuve. L'aveugle était assis et il mendiait : comment autrement gagner de quoi se nourrir ? Je l'imagine aussi mal vêtu que mal lavé. Mais aussitôt qu'il apprend que c'est Jésus qui passe, il devient un autre homme. Tout d'un coup, l'espoir est revenu: il crie, il appelle, et plus on essaie de le faire terre, plus il crie, plus il appelle : "Jésus, fils de David, aie pitié de moi !" Au fait, d'où lui vient la connaissance de ce nom donné à Jésus ? Il en aura entendu parler, sur une place ou l'autre, quand la chaleur du jour se mêle au vent pour créer de petits tourbillons de sable. Il a aussi entendu parler des miracles que Jésus accomplit ici et là, en soulevant l'étonnement des foules. Et voici qu'il passe ! Oh, surtout, ne pas le manquer !

Et Jésus pose cette question toute simple, comme s'il n'était pas tout à fait évident qu'un aveugle désire recouvrer la vue: "Que veux-tu que je fasse pour toi ?" Eh bien, que je voie ! Et là, il se passe quelque chose en plus que la guérison de la cécité. L'homme va voir, en effet, mais pas seulement avec ses yeux de chair, mais aussi avec les yeux qui servent la foi. Nous qui pensons voir clair avec nos yeux de chair, ne sommes nous pas aveugles du point de vue de l'amour de Dieu ? Certes, nous y voyons quelque peu, mais juste assez pour ne pas tomber trop souvent ! Bref, je crois que lorsque Jésus a posé la question à l'aveugle de Jéricho, il lui a en même temps révélé les ténèbres spirituelles dans lesquelles il croupit, et tout cela pour l'en délivrer aussitôt.

Et l'homme vit... non, le texte dit bien: "I'homme se mit à voir", ce qui rend bien l'idée d'une compréhension en deux étapes: il se mit à voir et il voyant Jésus, il se mit à croire, et non seulement à croire mais à suivre Jésus et glorifier Dieu. Ce qui est tout à fait logique, puisque: "Nul ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut bien Le révéler".

Je me dis souvent que le Seigneur a fait pour cet homme ce qu'il a fait pour moi. J'étais vraiment l'esclave du tabac, et je lui avais demandé la délivrance... avec toutefois beaucoup moins de force que l'aveugle. Mais Jésus, malgré mon peu de foi, a été plus loin que ma demande: Il a fait de moi un homme qui ne fume pas. J'ai vraiment le sentiment d'avoir subi une sorte de "re-création". Il m'a remodelé. Tout de même, je me connais et je sais dire si j'ai changé en profondeur.

Pour en revenir au texte, ce qui me touche le plus, c'est le cri de l'aveugle : "Que je voie !" Ah, si je savais crier ainsi quand je prie, le bon Dieu, comme un aigle, fondrait tout de suite du plus haut des cieux pour embrasser sa créature !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Anne
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Re: L'aveugle de Jéricho

Message non lu par Anne » dim. 25 oct. 2009, 20:16

L'autre partie touchante dans ce récit, c'est que l'aveugle laisse derrière lui son seul bien: son manteau! Il laisse là aussi, symboliquement, son ancienne vie.

Puis, il se met à la suite de Jésus, ce que n'a pu faire le riche dans l'évangile d'il y a deux semaines...

(C'est pas moi qui ai pensé à ça: c'était mentionné dans l'homélie d'aujourd'hui et dans mon Missel des Dimanches )...
"À tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés;
nous sommes désorientés, mais non pas désemparés;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés;
terrassés, mais non pas anéantis…
".
2 Co 4, 8-10

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Re: L'aveugle de Jéricho

Message non lu par mandonnaud » dim. 25 oct. 2009, 21:58

Dans notre approche, Jésus mesure notre soif et notre désir de lui, la nature de notre foi et, selon son intensité, il nous sauve.

paul


Texte de Dominique.

L'évangile de dimanche dernier parlait de suivre Jésus sur son chemin de service, d'humilité et de souffrance.
Le texte d'aujourd'hui a une couleur différente.

Cet homme est un aveugle, réduit à la mendicité. Tout au plus peut-il espérer faire un bon chiffre d'affaire les jours d'affluence.
Mais voilà qu'il apprend que Jésus est là, le Sauveur, le Messie que tout le monde attend (du moins, lui l'a compris).
Il profite immédiatement de cette chance unique, sans hésitation, sans doutes, sans scrupules, sans timidité, sans résignation, sans retour sur soi.
"Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur, écoute mon appel". Du fond de ses ténèbres, il appelle au secours. Il insiste malgré les obstacles. Il accourt au premier signe (fortifié aussi par la foi de son entourage). Il répond avec clarté et assurance à la question posée, qui n'était pas forcément évidente.
Quelle foi magnifique il a ! Sa cécité n'est pas spirituelle. Dès sa guérison le voilà disciple :"il suivait Jésus sur la route". Peut-être est-il ensuite devenu un grand saint, aimant beaucoup parce qu'il a beaucoup reçu, et partageant avec son maître une vie de service, d'humilité et de souffrance.

Avons-nous autant de lucidité pour identifier nos blessures, autant de simplicité, de confiance et d'énergie, pour présenter au Seigneur nos prières de demande, autant de persévérance pour le suivre une fois guéris ? Osons-nous lui demander ce que nous voulons vraiment ? Voulons-nous vraiment recevoir ce qu'il a à nous donner ?


Auteur: Delaporte
Date: 30-10-2006 15:19

Quelques points de réflexion :

Bar = fils ; Timée = impur. Bartimée était pécheur (aveugle) fils d’impur (lépreux ?, adultère ?). Toute sa personne et sa lignée sont moralement condamnables. C’est un zonard, fils de zonard.

Assis au bord de la route. Dans l’expectative, passif, incapable de sortir de son agnosticisme ou de son paganisme

il se mit à crier : "Jésus, fils de David, aie pitié de moi !". il connaît Jésus de réputation. Il a été évangélisé, mais sans plus. Il l’appelle au secours, mais à sa façon, pas celle du croyant. C’est pourquoi ceux qui ont la vraie foi veulent le faire taire, car Bartimée représente une sorte de caricature, un blasphème difficilement acceptable pour eux. Ne critiquons pas trop vite cette attitude du croyant lambda. D’abord ce pourrait être nous, et qui plus est, cette attitude est normale à vue humaine. Nos églises ne peuvent accueillir sans discernement tous les zonards fils de zonards. Mais lui reprend de plus belle, car il sait que si les formes de sa demande ne sont pas recevables, il n’a qu'elle, et croit au tréfonds de lui-même en quelque chose de plus que les seules forces humaines. Il a déjà un début de foi surnaturelle.

Jésus s'arrête et dit : "Appelez-le". Jésus s’arrête. Il ne fait rien de lui-même en direct. Il envoie en mission auprès du mendiant. Le discours missionnaire tranche avec le discours commun : Confiance, lève-toi ; il t'appelle. Le discours missionnaire est lui-même le fruit d’un appel. Pendant la mission, l’action de Dieu semble stoppée, en attente. Comme si Dieu après avoir missionné quelqu'un, avait Lui-même démissionné.

L'aveugle jeta son manteau. Il jette toutes ses protections humaines, ses contrat d’assurance, sa sécu, etc.

bondit et courut vers Jésus. Sans rien voir ! zèle absolu, bouillonnant, brouillon et tous azimuts des nouveaux convertis, si exaspérant pour les vieux croyants confirmés.

Jésus lui dit : "Que veux-tu que je fasse pour toi?. Chacun est libre devant Dieu. Celui-ci propose mais n’impose rien. Il veut répondre à la soif de l’homme.

Rabbouni, que je voie. Bartimée s’en tient à la thaumaturgie du Christ, au miracle, à la guérison, à ses besoins humains. Mais en demandant à voir, il s’engage dans un processus qui l’emportera tout entier infiniment au-delà de ses attentes.

Et Jésus lui dit : "Va, ta foi t'a sauvé". Aussitôt l'homme se mit à voir. Il ne faut pas hésiter à demander à Dieu des miracles légitimes, c’est une preuve de foi. Bartimée avait une foi implicite en se précipitant vers Jésus. Celui-ci confirme sa foi, et grâce à elle, il voit non seulement avec les yeux du corps, mais avec ceux de l’esprit. Telle est la grâce de la foi : faire voir ce à l’égard de quoi l'esprit était aveugle auparavant.

il suivait Jésus sur la route. Est-il besoin de commentaire ?

Cordialement
Jésus est infiniment misericordieux.
http://www.mandonnaud.net/

etienne lorant
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Les fils d'Abraham

Message non lu par etienne lorant » jeu. 27 mai 2010, 16:03

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 10,46-52.
Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho. Et tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord de la route. Apprenant que c'était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! » Beaucoup de gens l'interpellaient vivement pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Jésus s'arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l'aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t'appelle. » L'aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? - Rabbouni, que je voie. »
Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t'a sauvé. » Aussitôt l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route.


Une des perles de l'Evangile, histoire toute simple et combien merveilleuse, rencontre inespérée mais tant attendue... Chaque personnage est cité par son nom: Bartimée est le fils de Timée, bien connu dans la ville; Jésus de Nazareth est aussitôt identifié par l'aveugle comme le fils de David. L'hommme crie et la foule crie à son tour pour qu'il cesse son tapage, mais qui pourrait faire terre cet aveugle ! En effet, il a tout de suite compris ce qui se passe, il sait que la vision est proche, que la vision s'approche, qu'il peut voir, et qu'il va voir ! Suit l'appel de Jésus, sa réaction immédiate et cette question, incroyable, comme un défi à toute la logique des hommes:

- "Que veux-tu que je fasse pour toi ?"

Je ne pense pas qu'il s'agisse véritablement d'une mise à l'épreuve du malade avant sa guérison. Je crois que Jésus a voulu montrer à tous que cet homme pouvait demander ce qu'il voulait, sa foi lui eût obtenu aussitôt. En fait, par cette Parole, c'est la foi des autres que le Christ met ici à l'épreuve !

Et enfin, la délivrance. Comme si cet événement n'était pas assez beau et fort tel que Marc l'a saisi - car il a saisi cette scène comme un photographe de talent, l'Evangile conclut, dans un français assez particulier: "Aussitôt, l'homme se mit à voir et il suivait Jésus sur la route". Pourquoi écrit-il : "aussitôt", puisqu'il poursuit en ajoutant : "l'homme se mit à voir"; et pourquoi Marc écrit-il encore: "et il suivait Jésus", alors qu'il eût été plus logique d'écrire: "et il suivit Jésus" ?
C'est forcément pour indiquer qu'en présence du Seigneur, le temps tel que nous le connaissons est susceptible d'être transformé. Si l'homme se mit à voir, c'est qu'il y a la vision des yeux et la compréhension de l'âme, et l'une est distincte de l'autre. Et si l'homme suivait Jésus, plutot qu'il le suivit, c'est que, l'ayant vu, il se mit aussitôt à l'aimer.

La guérison de l'aveugle Bartimée dans cet Evangile me paraît une illustration fantastique de ce qui se passerait si l'on faisait taire les témoins de Jésus. "Si ceux-ci doivent se taire, alors les pierres crieront !" Ou encore: "De n'importe laquelle de ces pierres, Dieu peut susciter des enfants à Abraham" - et c'est ce que fait le Christ. Lui, le Fils, suscite par sa Parole des enfants à Abraham, c'est-à-dire des hommes qui croiront à la parole de Dieu, qui le suivront sans savoir où ils vont, et à qui la foi sera "comptée comme justice".

Saint Bartimée, priez le Seigneur pour que moi aussi je me mette à voir !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Marc raconte Bartimée

Message non lu par etienne lorant » dim. 28 oct. 2012, 16:39

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 10,46-52.
Jésus et ses disciples étaient venus à Jéricho. Et tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord de la route.
Apprenant que c'était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! »
Beaucoup de gens l'interpellaient vivement pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! »
Jésus s'arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l'aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t'appelle. »
L'aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.
Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? - Rabbouni, que je voie. »
Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t'a sauvé. » Aussitôt l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route.



Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Avec l'apôtre Jean, l'apôtre Marc me semble parmi les plus inspirés des apôtres. Mais sans doute ne dois-je pas parler ainsi: les quatre évangélistes ont été inspirés, mais de manière différente. Le dessein de Dieu n'était-il pas qu'ils deviennent chacun une image de Jésus en quatre dimensions, comme permettant de visualiser le Christ depuis les quatre points cardinaux ?

Cet Evangile est devenu l'un de mes préférés. Car la construction du texte est telle que, pour y entre, il faut vraiment réapprendre à lire. Et plus précisément, il faut glisser une part de soi-même dans la lecture si l'on veut en retirer de beaux fruits. Car plus on donne, plus on reçoit.

Le fils de Timée est connu de tous et pourtant nous ne savons rien de lui. C'est qu'il est caché derrière son étiquette de "mendiant aveugle". Si Marc avait écrit un "aveugle mendiant", la première déduction du lecteur eût été : il est devenu mendiant puisqu'il ne pouvait travailler étant aveugle. Eh bien non, c'est le contraire: sa cécité est liée directement à sa manière de vivre. Du point de vue juif, en tout cas ! Si Bartimée est devenue aveugle, c'est du fait qu'il ne se comportait pas en bon fils travailleur, ni en bon juif, et c'est évidemment à cause de son comportement négatif que Dieu l'a rendu aveugle.

Cependant, puni ou pas, à l'instant même où Bartimée entend que c'est Jésus de Nazareth qui va passer, un fol espoir rejaillit en lui. Il se met à pousser un cri que les catholiques orthodoxes n'ont jamais cessé de reprendre en choeur: "Jésus, fils de David, aie pitié de moi !" Et il crie d'autant plus qu'on veut le faire taire: "Jésus, fils de David, aie pitié de moi !" (Hélas, si seulement, nous savions tous crier ainsi vers le Christ !!!) Jésus n'est pas sourd, il avait entendu le cri de Bartimée avant même qu'il monte de son coeur à sa bouche - mais il convient d'abord que les hommes prennent vraiment conscience de l'état de malheur et de misère dans lequel le péché les plonge, et qu'ils demandent la miséricorde de toutes leurs forces.

A partir de là, tout va très vite. Le mendiant ne mendiera plus jamais. Tout aveugle qu'il est encore, il jette derrière lui son manteau (ce qui lui restait de fausse pudeur, c'est à dire aussi : "toute honte bue") et il bondit dans le noir absolu vers la voix qui l'appelle.

Mais pourquoi Jésus demande-t-il à un aveugle ce qu'il désire ? Est-ce donc que Jésus n'est pas aussi omniscient qu'on nous le dit, pour poser une telle question, devant l'évidence ? La vérité, c'est que Jésus va voiler la guérison de l'âme par la guérison du corps.
Car lorsque Bartimée recouvre la vue, non seulement il a cessé d'être aveugle, mais son âme elle aussi s'est ouverte à la Lumière. Ce dernier point, je le constate à l'emploi des temps dans le texte: "Il se mit à voir" (passé simple: temps précis du passé) "et il suivait Jésus".

Marc est le champion des discours brefs. Son écriture est comme un condensé de poudre de lait - qui aurait besoin de notre propre eau pour devenir une vraie nourriture et une vraie boisson. Bel Evangile, formidable réserve de richesse, de beauté et de puissance en quelques mots.[/color]
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Marc raconte Bartimée

Message non lu par etienne lorant » lun. 29 oct. 2012, 18:41

Trouvé ce commentaire dans l'homélie du Pape pour la messe de conclusion du synode:

La joie de Bartimée
Commentant l’Evangile de la guérison de l’aveugle Bartimée, le pape fait observer la condition du chrétien et de tout homme : « Il est essentiel de se reconnaître aveugles, de reconnaître qu’on a besoin de cette lumière, sans quoi on reste aveugle pour toujours ».
« Chers frères et sœurs, Bartimée, ayant retrouvé la vue par Jésus, se joignit au groupe des disciples, parmi lesquels se trouvaient certainement d’autres qui, comme lui, avaient été guéris par le Maître. Ainsi sont les nouveaux évangélisateurs : des personnes qui ont fait l’expérience d’être guéries par Dieu, par l’intermédiaire de Jésus Christ. Et leur caractéristique est la joie du cœur », a déclaré le pape.
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«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

mandonnaud
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Bartimée

Message non lu par mandonnaud » mer. 29 mai 2013, 21:00

jeudi 30 MAI 2010
et Ste Jeanne d'Arc(en France)1Co 1,26-31 ou Sg 8,9-15 Ps 26 Mt 16,24-27
MARC 10,46-52
(en année impaire Ben sirac le sage 42,15-25 Ps 32)
(en année paire 1 lettre de st pierre 2,2...12 Ps 99)
http://reflexions.mandonnaud.net/liturg ... 5-2013.php
46 Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho. Et tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord de la route.
47 Apprenant que c'était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! »
48 Beaucoup de gens l'interpellaient vivement pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! »
49 Jésus s'arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l'aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t'appelle. »
50 L'aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.
51 Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? — Rabbouni, que je voie. » 52 Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t'a sauvé. » Aussitôt l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route.___Marc.
Jeanne d'Arc
24 Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive.
25 Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera.
26 Quel avantage en effet un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s'il le paye de sa vie ? Et quelle somme pourra-t-il verser en échange de sa vie ? 27 Car le Fils de l'homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite.___Mathieu 24

A travers la réponse de l'aveugle, Jésus voit plus que le désir de voit, il voit la reconnaissance en Lui de la présence du Père tout puissent et d'amour et alors il laisse cette puissance agir par lui, le guérit et le renforce dans sa foi en LUI.Paul.
et en Jeanne 'd'Arc ,il y a l'aboutissement d'une conscience pure toute au service de la volonté de Dieu et ses saints dans la défense d'un pays libre pour Dieu.Paul
A travers la réponse de l'aveugle, Jésus voit plus que le désir de voit, il voit la reconnaissance en Lui de la présence du Père tout puissent et d'amour et alors il laisse cette puissance agir par lui, le guérit et le renforce dans sa foi en LUI.
Mandonnaud Paul de Limoges.
Jésus est infiniment misericordieux.
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etienne lorant
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Le jeudi de la 8e semaine du Temps Ordinaire

Message non lu par etienne lorant » jeu. 30 mai 2013, 10:25

Livre de l'Ecclésiastique 42,15-25.
Je vais rappeler les œuvres du Seigneur. Ce que j'ai vu, je vais le raconter : c'est au moyen de sa parole que le Seigneur a réalisé ses œuvres. Comme le soleil, dans son éclat, regarde chaque chose, ainsi la gloire du Seigneur rayonne dans toute son œuvre.
Il n'a pas été possible aux anges, les saints du Seigneur, de décrire toutes les merveilles de sa création, celles que le Seigneur tout-puissant a fondées pour que l'univers soit affermi dans sa gloire. Le Seigneur a scruté aussi bien les profondeurs de l'abîme que le cœur des hommes, il a discerné leurs subtilités. Car le Très-Haut possède toute connaissance, il a observé les signes des temps,
faisant connaître le passé et l'avenir, et dévoilant les traces des choses cachées.
Aucune pensée ne lui a échappé, pas une parole ne lui a été cachée.
Il a organisé les chefs-d'œuvre de sa sagesse, lui qui existe depuis toujours et pour toujours : rien ne peut lui être ajouté ni enlevé, il n'a eu besoin d'aucun conseiller.
Comme toutes ses œuvres sont attirantes, jusqu'à la plus petite étincelle qu'on peut apercevoir ! Tout cela subsiste pour toujours ; pour répondre à tous les besoins, tout lui obéit. Toutes les choses vont deux par deux, face à face, il n'a rien fait de défectueux, une chose confirme l'excellence de l'autre : qui peut se rassasier de contempler la gloire de Dieu ?



Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 10,46-52.
Jésus et ses disciples étaient venus à Jéricho. Et tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord de la route.
Apprenant que c'était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! »
Beaucoup de gens l'interpellaient vivement pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! »
Jésus s'arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l'aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t'appelle. »
L'aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.
Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? - Rabbouni, que je voie. »
Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t'a sauvé. » Aussitôt l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route.


Près de deux siècles avant la venue du Christ, l'Ecclésiastique décrit la perfection de l'oeuvre de Dieu dans sa création C'est un contemplatif, qui se nourrit de sa contemplation et qui s'y abreuve. Mais pratiquement à l'opposé de l'Ecclésiastique, la Liturgie nous désigne aujourd'hui l'aveugle Bartimée. Cela semble ironique, car comment, privé de la vue, celui-ci pourrait-il accéder à la sagesse que l'autre a tirée d'un regard attentif posé sur la création ?

Mais c'est pourtant à une autre oeuvre de Dieu que l'aveugle va puiser sa joie. Et cette oeuvre ultime, qui dépasse toutes les beautés de l'univers, c'est la miséricorde divine.

Comme j'écoutais l'Evangile, je me suis dit : qu'est-ce qui m'inspirera encore dans cet épisode ? Et aussitôt, il me fut donné de voir comment la rencontre du jeune homme riche, dans une précédente lecture, n'avait abouti à rien du fait de l'encombrement de la richesse. Pour ce riche, comme il sera difficile d'entrer dans le Royaume ! Tandis que Bartimée, le fils de Timée - dont tout le monde connaît l'existence et l'infortune, va d'un seul bond, dès le premier appel, trouver "le chemin, la vérité, la vie". Pourtant, il est, lui aussi, soumis à l'exigence du renoncement: après avoir été appelé, il lui faudra courir vers Jésus - et pour ce faire, pour aller plus vite, c'est sans hésiter qu'il va abandonner son manteau. Hors, lorsqu'on n'a qu'un manteau sur soi, pourquoi le jeter ? Ce manteau est à lui seul le symbole de tout ce dont nous sommes couverts, dont nous n'avons même plus conscience - mais qui et nous empêche de voir.

Pour moi, c'est un des plus beaux passages de l'Evangile. Surtout à cause des mouvements qui se produisent dans la scène qui est rapportée. L'appel à la pitié, l'appel, le bon, la course, la demande, tellement douce et tendre que fait Jésus, et la finale: "Il se mit à voir et il le suivait".

Cette question que Jésus pose à un aveugle, elle nous est posée à nous aussi, car elle nous oblige d'entrevoir tous les biens qui nous encombrent encore: "Et moi, qu'est-ce que je veux que Jésus fasse pour moi ?"
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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