Liturgie du jour avec Etienne Lorant (2011-2012)

« Mon âme aspire vers toi pendant la nuit, mon esprit te cherche dès le matin. » (Is 26.9)
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etienne lorant
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Relation à Dieu et au pouvoir

Message non lu par etienne lorant » ven. 13 janv. 2012, 11:19

Lecture du premier livre de Samuel ((1S 8, 4-7.10-22a)

Samuel, devenu vieux, avait remis à ses fils le gouvernement d'Israël.
Tous les anciens se réunirent et vinrent le trouver à Rama.
Ils lui dirent :
« Tu es devenu vieux, et tes fils ne marchent pas sur tes traces. Donne-nous donc, pour nous gouverner, un roi comme en ont toutes les nations. »
Samuel fut mécontent parce qu'ils avaient dit : « Donne-nous un roi pour nous gouverner », et il se mit à prier le Seigneur.
Or, le Seigneur lui répondit :
« Donne satisfaction au peuple pour tout ce qu'il demande. Ce n'est pas toi qu'ils rejettent, c'est moi qu'ils rejettent, car ils ne veulent pas que je règne sur eux. »

Samuel rapporta toutes les paroles du Seigneur au peuple qui lui demandait un roi : « Voici quel sera le statut du roi qui va régner sur vous. Il prendra vos fils, il les affectera à ses chars et à ses chevaux, et les fera courir devant son char. Il les utilisera comme chefs de mille hommes et comme chefs de cinquante ; il les fera labourer et moissonner à son profit, fabriquer ses armes de guerre et ses attelages. Il prendra vos filles pour la préparation de ses parfums, pour sa cuisine et pour sa boulangerie.Il prendra vos champs, vos vignes et vos oliveraies les meilleures, pour les donner aux gens de sa maison. Sur vos cultures et vos vignes il prélèvera la dîme, pour la donner à ses ministres et aux gens de sa maison. Les meilleurs de vos serviteurs, de vos servantes, de vos boeufs et de vos ânes, il les prendra et les fera travailler pour lui. Il prélèvera la dîme sur vos troupeaux, et vous-mêmes deviendrez ses esclaves. Alors, vous pousserez des cris pour vous plaindre du roi que vous avez voulu, mais alors le Seigneur ne vous répondra pas ! »
Le peuple refusa d'écouter Samuel et dit :
« Tant pis ! il nous faut un roi ! Nous voulons être, nous aussi, comme toutes les autres nations ; notre roi nous gouvernera, il marchera à notre tête et combattra avec nous. »
Samuel entendit toutes les paroles du peuple et les rapporta au Seigneur.
Et le Seigneur lui dit :
« Écoute-les et donne-leur un roi. »

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 2, 1-12)

Jésus était de retour à Capharnaüm, et la nouvelle se répandit qu'il était à la maison.
Tant de monde s'y rassembla qu'il n'y avait plus de place, même devant la porte.
Jésus leur annonçait la Parole.
Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par quatre hommes. Comme ils ne peuvent l'approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus de Jésus,
font une ouverture et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé.
Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé :
« Mon fils, tes péchés sont pardonnés. »

Or, il y avait dans l'assistance quelques scribes qui raisonnaient en eux-mêmes :
« Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? »
Saisissant aussitôt dans son esprit les raisonnements qu'ils faisaient, Jésus leur dit :
« Pourquoi tenir de tels raisonnements ? Qu'est-ce qui est le plus facile ? de dire au paralysé : 'Tes péchés sont pardonnés', ou bien de dire : 'Lève-toi, prends ton brancard et marche' ? Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l'homme
a le pouvoir de pardonner les péchés sur la terre, je te l'ordonne, (dit-il au paralysé),
lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi. »
L'homme se leva, prit aussitôt son brancard, et sortit devant tout le monde.
Tous étaient stupéfaits et rendaient gloire à Dieu, en disant :
« Nous n'avons jamais rien vu de pareil. » Cy, Aelf, Paris


Les lectures de ce jour répondent bien encore à celles d'hier. Elles y dénoncent très bien la vision tronquée qu'ont les hommes à propos de Dieu, d'où découle leur manière de vivre, mais aussi l'issue de leur vie spirituelle.

Dans la première lecture, les juifs réclament un roi au prophète Samüel . Ne dirait-on pas tout simplement que s'étant mis de nouveau à récriminer contre Dieu, c'est un message d'apostasie qu'ils Lui envoient ? Un message qui dit : "Eh bien, puisque toi, Dieu, tu n'as pas voulu obéir à nos prières et faire périr nos ennemis quand nous te l'avons demandé, nous ne voulons plus de toi, et nous prendrons un roi, comme les autres nations !" Ce commentaire est-il exagéré ? Mais non: "Il suffit de lire ce que Dieu répond à Samuël - comme pour le consoler, lui, Samuël : "Laisse-les donc faire !": "Donne satisfaction au peuple pour tout ce qu'il demande. Ce n'est pas toi qu'ils rejettent, c'est moi qu'ils rejettent, car ils ne veulent pas que je règne sur eux."

C'est ainsi que les nations d'aujourd'hui, en se détournant de Dieu et de l’Église, se sont donnés des gouvernements et des chefs d’État - qu'elle critiquent sévèrement dans les media, mais après avoir voulu et approuvé ces modes de gouvernement. Le lien à faire avec ce que nous vivons encore, des milliers d'années plus tard, est tellement évident : les citoyens sont soumis à des pouvoirs qui les exploitent et les contraignent à une existence pénible.

Dans l’Évangile, ce pouvoir est également présent et surveille Jésus afin de rapporter ses faits et gestes. Je m'imagine leur étonnement, pas seulement lorsqu'ils assistent au relèvement du paralytique, instantanément guéri, mais aussi du fait que le Seigneur a dévoilé publiquement les pensées qu'ils nourrissaient ! C'est que nous n'avons rien à cacher à Dieu. Jésus est au milieu de nous comme il l'était dans cette épisode et toutes nos pensées lui sont connues: quelle incitation à l'humilité !

Seigneur Jésus, pour mon propre intérêt, pour le bonheur de mes proches et de tous ceux que je croiserai en ce jour, accorde-moi d'être attentif et docile, prompt à répondre aux inspirations que Tu m'adresses !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Les choix de Dieu

Message non lu par etienne lorant » sam. 14 janv. 2012, 12:31

1ère lecture : Élection et onction royale de Saül (1S 9,1-4.17-19a; 10,1a)

Lecture du premier livre de Samuel
Il y avait dans la tribu de Benjamin, un riche propriétaire qui s'appelait Kish.Cet homme avait un fils nommé Saül, qui était jeune et beau.
Aucun fils d'Israël n'était plus beau que lui et il dépassait tout le monde de la tête.
Des ânesses appartenant à Kish, père de Saül, s'étaient égarées.
Kish dit à Saül : « Prends avec toi l'un des serviteurs, et pars à la recherche des ânesses. »
Ils traversèrent la montagne d'Éphraïm,
ils traversèrent le pays de Shalisha sans les trouver ;
ils traversèrent le pays de Shaalim : elles n'y étaient pas ;
ils traversèrent le pays de Benjamin sans les trouver.
Alors ils allèrent consulter Samuel.
Quand Samuel aperçut Saül, le Seigneur lui dit :
« Voilà l'homme dont je t'ai parlé ; c'est lui qui gouvernera mon peuple. » Saül aborda Samuel à l'entrée de la ville et lui dit :
« Indique-moi où est la maison du voyant. »
Samuel répondit à Saül :
« C'est moi le voyant. Monte devant moi sur le haut lieu où je vais offrir un sacrifice. Vous mangerez aujourd'hui avec moi. »
Le lendemain, Samuel prit une fiole d'huile et la répandit sur la tête de Saül ; puis il l'embrassa et lui dit :
« Oui, c'est le Seigneur qui t'a consacré comme chef d'Israël, son peuple choisi. »

Evangile : Jésus appelle un publicain et tous les pécheurs (Mc 2, 13-17)

Jésus sortit de nouveau sur le rivage du lac ; toute la foule venait à lui, et il les instruisait.
En passant, il aperçut Lévi, fils d'Alphée, assis à son bureau de publicain (collecteur d'impôts). Il lui dit : « Suis-moi. »
L'homme se leva et le suivit.

Comme Jésus était à table dans sa maison, beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec Jésus et ses disciples, car il y avait beaucoup de monde.

Même les scribes du parti des pharisiens le suivaient aussi, et, voyant qu'il mangeait avec les pécheurs et les publicains, ils disaient à ses disciples :
« Il mange avec les publicains et les pécheurs ! »
Jésus, qui avait entendu, leur déclara :
« Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. » Cy Aelf, Paris


La première lecture bouleverse encore une fois nos conventions de pensée à propos de Dieu. En effet, nous aurions tous pu nous attendre que Dieu, rejeté par son peuple, le laisse à son destin. Mais non, même rejeté, Dieu demeure rempli de miséricorde. Il ne se détourne pas, tout du contraire : c'est Lui et Lui seul qui va choisir le futur roi que les juifs ont réclamé à Samuel.

Et dans la suite du récit, Saül est retranché de son entourage familier. Son père l'envoie rechercher des ânesses égarées. Pourquoi lui ? Pourquoi son fils ? Car ce père est riche et n'importe quel serviteur eut suffi pour ce travail ! Mais il envoie son fils, son unique, le plus beau des enfants. (Bien sûr, il y a ici une préfiguration du Christ.) Le fils part donc à la recherche des ânesses égarées... qui sont allées très loin dans l'égarement, car il faudra traverser une montagne et pas moins de trois pays, sans résultat ! Mais au bout de cette longue recherche, qui ressemble une mise à l'épreuve - et une épreuve de patience, l'enfant a mûri en sagesse. Contrairement aux autres juifs - qui ont désavoué le prophète, il décide d'aller trouver Samuel : le prophète du Tout-Puissant saura lui dire où retrouver les animaux perdus. Et à ce moment, les ânesses ne comptent plus, mais le jeune homme est "trouvé" comme futur roi ! Dans la façon que j'ai choisie de commenter ce passage, je ne cherche pas à expliquer "l'agir" de Dieu, mais si l'on me le demandait, je dirais: voyez comme les desseins de Dieu nous échappent ! Et il en est ainsi, non pas seulement pour le jeune Saül, mais pour chacun et chacune d'entre nous.

Ceci dit, le lien avec l'élection de Matthieu, le collecteur d'impôts, est tout à fait intéressant du point de vue de l'étonnement dans lequel nous entraîne le Seigneur. Pourquoi Matthieu ? Pourquoi ce 'pécheur public' ? Il faut savoir que pour les juifs, un collecteur d'impôts est un homme impur "par la force des choses" - du fait de ses rapports avec l'occupant et de sa profession bien sûr, auxquels s'ajoutent ses péchés personnels. Mais c'est celui dont aucun juif n'aurait voulu que Jésus appelle et - miracle, le voici qui se lève et le suit aussitôt !

La péricope suivante me réjouit car elle porte tellement la marque de l'écriture de l’Évangéliste ! Il faut la relire, elle dit : Comme Jésus était à table dans sa maison, beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec Jésus et ses disciples, car il y avait beaucoup de monde. Bien sûr, la phrase est soudain plus lourde : Jésus est cité deux fois, d'abord seulement Jésus, puis Jésus avec ses disciples, des publicains, des pécheurs - et Marc ajoute: il y avait beaucoup de monde ! Le secret de ce verset, c'est qu'en faisant se bousculer les mots, l'évangéliste cherche à nous faire éprouver le brouhaha qui régnait à cette table.

La finale est une nouvelle fois que le Seigneur est tout à fait souverain dans ses choix. Et ses choix sont savoureux et doux de la saveur et de la douceur de la miséricorde divine: "Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades". Que pourraient répondre les scribes ? D'un mot imparable, Jésus leur a fermé la bouche.

A la fin de ces lectures, me voici tout revigoré moi aussi, de cet étrange chaleur qui monte lorsque l'on se plonge dans l'écriture. Alléluia, car ce sont les pécheurs qui sont appelés !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Dimanche : l'heure et le jour

Message non lu par etienne lorant » sam. 14 janv. 2012, 19:18

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 1,35-42.

Jean Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples.
Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l'Agneau de Dieu. »

Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus.
Celui-ci se retourna, vit qu'ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi (c'est-à-dire : Maître), où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils l'accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C'était vers quatre heures du soir.

André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus.
Il trouve d'abord son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit : le Christ). André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t'appelleras Képha » (ce qui veut dire : pierre).

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


"Venez et vous verrez" leur dit Jésus. Voici une parole de Jésus simple à retenir. Il y a, dans l'évangile de Jean des mots pleins de saveur, comme ce verbe qui suit :"demeurer" : "ils virent où il demeurait et ils restèrent auprès de lui ce jour-là", dit le texte.

La démarche de tout croyant sincère est évidente. Il y a d'abord un questionnement qui peut paraître long mais qui est imparable pour peu qu'il soit sincère. Ensuite, il y a un déplacement à faire, dont on ne peut prévoir où il nous conduira.

On me dira peut-être que j'abuse du texte, que je force les mots ? Mais en suivant le texte du doigt, je constate que je suis dans le vrai: "Ils l'accompagnèrent, ils virent où il demeurait et ils restèrent auprès de lui". La démarche de la foi consiste donc à suivre Jésus sans qu'il nous soit dit où le Seigneur nous conduira, car le simple fait de le connaître doit suffire à toutes nos interrogations.

Je note encore : "C'était vers quatre heures du soir". Cette précision est importante; car elle indique la quotidienneté de la rencontre et le cadre de notre effort: à chaque jour suffit sa peine.

Ceci me rappelle qu'en Matthieu, lorsque jésus répond aux pharisiens qui tentent de le faire taire - en invoquant la menace du roi Hérode fait peser sur lui, Jésus répond: "Allez dire à ce renard : Aujourd'hui et demain, je chasse les démons et je fais des guérisons ; le troisième jour, je suis au but." Cette manière de discerner le temps me convient tout à fait - mais il n'en fut pas toujours ainsi ! Gare à l'inquiétude qui ronge !

Et à la fin du texte, Simon, qui était fils de Jean, deviendra Khéfa: c'est-à-dire qu'en suivant Jésus, ce n'est pas seulement une autre vision du monde que nous allons acquérir, ni une autre façon de vivre, mais nous allons carrément changer d'identité. Même notre être physique sera subtilement transformé. Ce sont des choses certaines et vécues, mais seuls les connaissent ceux et celles qui ont véritablement cherché à connaître Jésus.

Bon dimanche !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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La joie de la vive religion

Message non lu par etienne lorant » lun. 16 janv. 2012, 12:10

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 2, 18-22)

Comme les disciples de Jean Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vient demander à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens ? »
Jésus répond :
« Les invités de la noce pourraient-ils donc jeûner, pendant que l'Époux est avec eux ?
Tant qu'ils ont l'Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. Mais un temps viendra où l'Époux leur sera enlevé : ce jour-là ils jeûneront.

Personne ne raccommode un vieux vêtement avec une pièce d'étoffe neuve ; autrement la pièce neuve tire sur le vieux tissu et le déchire davantage. Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement la fermentation fait éclater les outres, et l'on perd à la fois le vin et les outres. À vin nouveau, outres neuves. »

Cy Aelf, Paris


Les jeûnes, les purifications et les sacrifices des pharisiens font partie d'une très large gamme de pratiques destinées beaucoup moins à honorer Dieu qu'à "l'instrumentaliser". Si je me purifie, si j'offre des sacrifices, si je pratique le jeûne, alors Dieu ne peut faire autrement que m'exaucer dans mes prières.

Cette forme de relation à Dieu a toujours existé. Dans la première lecture, le jeune roi Saül a vite attrapé les manières des autres rois de la terre ! A peine a-t-il mené son premier combat qu'il a désobéi à Dieu en faisant main basse sur le butin ! De même les pharisiens, les scribes et l'élite religieuse des juifs. La religion instituée, codifiée, soumise à de multiples règles est une manière humaine intéressante d'allier le profit à toutes les apparences de la respectabilité ! Je n'oublie pas avec quels mots crus Jésus a dévoilé leurs pensées : "Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des tombeaux blanchis à la chaux: à l'extérieur, ils ont une belle apparence, mais l'intérieur est rempli d'ossements et de toutes sortes d'impuretés. (Mt - 23 : 27). ... Et de même, certains catholiques, oui : ils pratiquent, ils connaissent tous les points de la liturgie et des rites, et sont capables de dire: ce prêtre n'a pas respecté la règle - ils ne s'en privent d'ailleurs pas... et c'est au point qu'un certain nombre d'entre eux ont rompu avec Rome. N'est-ce pas ainsi que le vin nouveau du Concile Vatican II a déchiré un vieux vêtement ?

Heureusement, il y a parmi nous de vrais amoureux et de vraies amoureuses de Dieu, comme des fleurs écloses au milieu de l'hiver, des âmes généreuses que le Jésus continue de susciter au milieu de ce monde et de ce temps. J'écris cela ici car je demeure émerveillés par certaines conversions - des conversions de ces deux dernières années. Elles manifestent la justesse de la réponse de Jésus dans ce texte: comment les invités de la noce pourraient-ils jeûner ? Et quand le fils prodigue est revenu du lointain pays où il s'était retrouvé en pitoyable situation, ne fallait-il pas se réjouir ?

Ce que Jésus, par son incarnation, nous a apportés de neuf, il faut des "outres neuves" pour le contenir. C'est une nouvelle religion, vivante et joyeuse - et joyeuse parce que vivante, dont le temple est devenu le corps. Et le vin nouveau a ses outres nouvelles !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Dieu est Amour

Message non lu par etienne lorant » mar. 17 janv. 2012, 10:17

Lecture du premier livre de Samuel
Le Seigneur dit à Samuel :
« Combien de temps encore vas-tu pleurer Saül ? Je l'ai rejeté. Il ne régnera plus sur Israël. Je t'envoie chez Jessé de Bethléem, car j'ai découvert un roi parmi ses fils. Prends une corne que tu rempliras d'huile, et pars ! »
Samuel répondit :
« Comment faire ? Saül va le savoir, et il me tuera. »
Le Seigneur reprit :
« Emmène avec toi une génisse, et tu diras que tu viens offrir un sacrifice au Seigneur. Tu inviteras Jessé au sacrifice ; je te dirai alors ce que tu dois faire : tu consacreras par l'onction celui que je te désignerai. »
Samuel obéit à l'ordre du Seigneur.
Quand il parvint à Bethléem, les anciens de la ville furent pris de crainte ; ils allèrent à sa rencontre et lui demandèrent :
« Est-ce pour la paix que tu viens ? »
Samuel répondit :
« Oui, pour la paix. Je suis venu offrir un sacrifice au Seigneur. Purifiez-vous pour sacrifier avec moi. »
Il purifia lui-même Jessé et ses fils et les invita au sacrifice.
Lorsqu'ils arrivèrent et que Samuel aperçut Éliab, il se dit :
« Sûrement, c'est celui que le Seigneur a en vue pour lui donner l'onction ! »
Mais le Seigneur dit à Samuel :
« Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l'ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l'apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. »
Jessé appela Abinadab et le présenta à Samuel, qui dit :
« Ce n'est pas lui non plus que le Seigneur a choisi. »
Jessé présenta Shamma, mais Samuel dit :
« Ce n'est pas lui non plus que le Seigneur a choisi. »
Jessé présenta ainsi à Samuel ses sept fils, et Samuel lui dit :
« Le Seigneur n'a choisi aucun de ceux-là. N'as-tu pas d'autres garçons ? »
Jessé répondit :
« Il reste encore le plus jeune, il est en train de garder le troupeau. »
Alors Samuel dit à Jessé :
« Envoie-le chercher : nous ne nous mettrons pas à table tant qu'il ne sera pas arrivé. »
Jessé l'envoya chercher : le garçon était roux, il avait de beaux yeux, il était beau.
Le Seigneur dit alors :
« C'est lui ! donne-lui l'onction. »
Samuel prit la corne pleine d'huile, et lui donna l'onction au milieu de ses frères.
L'esprit du Seigneur s'empara de David à partir de ce jour-là. Quant à Samuel, il se mit en route et revint chez lui, à Rama.

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc ((Mc 2, 23-28)
Un jour de sabbat, Jésus marchait à travers les champs de blé ; et ses disciples, chemin faisant, se mirent à arracher des épis.
Les pharisiens lui disaient :
« Regarde ce qu'ils font le jour du sabbat ! Cela n'est pas permis. »
Jésus leur répond :
« N'avez-vous jamais lu ce que fit David, lorsqu'il fut dans le besoin et qu'il eut faim,
lui et ses compagnons ? Au temps du grand prêtre Abiathar, il entra dans la maison de Dieu et mangea les pains de l'offrande que seuls les prêtres peuvent manger, et il en donna aussi à ses compagnons. »
Il leur disait encore :
« Le sabbat a été fait pour l'homme, et non pas l'homme pour le sabbat. Voilà pourquoi le Fils de l'homme est maître, même du sabbat. »

Cy Aelf, Paris


C'est par amour et par amour de miséricorde que le Seigneur agit. Ainsi, lorsqu'Il choisit un roi pour son peuple, Il ne prête guère attention à l'apparence de force, ni à l'intelligence des hommes qui lui sont présentés, mais Il choisi le dernier des enfants, le plus jeune, celui dont, sans doute, on ne voulait pas dans la famille. Justement, c'est un berger - eh bien, de sa descendance se lèvera le Berger qui paîtra son peuple jusqu'à la fin des temps. C'est le coeur de la leçon donnée dans la première lecture.

La seconde lui est semblable. L'arrachage d'épi de blés le jour du sabbat est bien interdit ... mais c'est une interdiction qui a été surajoutée par les scribes, qui justifient par là leur fonction: ils sont gardiens de la loi et ils agissent en gardien. La Loi a toujours été d'aimer son prochain comme soi-même, mais eux se sont égarés à aimer la Loi pour elle-même. Ce qui aboutit en situations absurdes. Jésus - qui répond ici en "forçant le trait" rappelle que le roi David (auquel ses détracteurs ont l'habitude de se référer) fit un jour bien pire, du point de vue de la Loi, que de consommer des épis de blé !

Et la conclusion est au bout: c'est bien évidemment par amour pour l'homme que Dieu a instaurer le sabbat, mais qu'ont fait les hommes ? Ils ont retourné la Loi et ils ont dit : l'homme doit se purifier strictement le jour du sabbat - le sabbat ne fut plus le jour de repos donné par amour, mais le jour des plus sévères contraintes.

Jésus a dénoncé par amour cette déformation de l'amour et il le fera jusqu'à son dernier souffle sur la croix.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Tribunal, procès et complot !

Message non lu par etienne lorant » mer. 18 janv. 2012, 10:54

1ère lecture : Champion du Dieu d'Israël, David terrasse Goliath (1S 17, 32-33.37.40-51)

Lecture du premier livre de Samuel

Le Philistin Goliath venait tous les jours défier l'armée d'Israël.
David dit au roi Saül : « Que personne ne perde courage à cause de ce Philistin. Moi, ton serviteur, j'irai me battre avec lui. »
Saül répondit à David :« Tu ne peux pas marcher contre ce Philistin pour lutter avec lui, car tu n'es qu'un enfant, et lui, c'est un homme de guerre depuis sa jeunesse. » David insista : « Le Seigneur, qui m'a sauvé des griffes du lion et de l'ours, me sauvera des mains de ce Philistin. » Alors Saül lui dit : « Va, et que le Seigneur soit avec toi ! »
David prit son bâton, il choisit dans le torrent cinq cailloux bien ronds et les mit dans une poche de son sac de berger ; puis, la fronde à la main, il marcha vers le Philistin. Le Philistin s'avança, précédé de son porte-bouclier, et arriva près de David. Lorsqu'il le vit, il le regarda avec mépris car c'était un jeune garçon ; il était roux et de belle apparence.
Le Philistin lui dit : « Suis-je donc un chien, pour que tu viennes contre moi avec un bâton ? » Et il lui lança une malédiction en invoquant ses dieux.Il dit à David : « Viens ici, que je te donne en pâture aux oiseaux du ciel et aux bêtes sauvages ! » David lui répondit : « Tu marches contre moi avec l'épée, la lance et le javelot, mais moi, je marche contre toi au nom du Seigneur des armées, le Dieu des troupes d'Israël que tu as insulté. Aujourd'hui le Seigneur va te livrer en mon pouvoir, je vais te tuer, te trancher la tête, donner aujourd'hui même les cadavres de l'armée philistine aux oiseaux du ciel et aux bêtes sauvages. Toute la terre saura qu'il y a un Dieu pour Israël, et tous ces gens rassemblés sauront que le Seigneur ne donne la victoire ni par l'épée ni par la lance, mais que le Seigneur combat lui-même, et qu'il vous livre entre nos mains. » Goliath s'était avancé et venait à la rencontre de David. Celui-ci s'élança et courut vers les rangs des ennemis au-devant du Philistin. Il plongea la main dans son sac, et en retira un caillou qu'il lança avec sa fronde. Il atteignit le Philistin au front, le caillou s'y enfonça, et Goliath tomba la face contre terre.
Ainsi David triompha avec une fronde et un caillou : quand il frappa le Philistin à mort, il n'avait pas d'épée à la main. David se précipita, et arrivé près du Philistin, il lui prit son épée, qu'il tira du fourreau, et le tua en lui tranchant la tête.Quand les Philistins virent que leur champion était mort, ils prirent la fuite.

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 3, 1-6)

Un jour, Jésus entra dans une synagogue ; il y avait là un homme dont la main était paralysée. On observait Jésus pour voir s'il le guérirait le jour du sabbat ; on pourrait ainsi l'accuser. Il dit à l'homme qui avait la main paralysée : « Viens te mettre là devant tout le monde. »
Et s'adressant aux autres :

« Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien, ou de faire le mal ? de sauver une vie, ou de tuer ? » Mais ils se taisaient. Alors, promenant sur eux un regard de colère, navré de l'endurcissement de leurs cœurs, il dit à l'homme : « Étends la main. »
Il l'étendit, et sa main redevint normale.

Une fois sortis, les pharisiens se réunirent avec les partisans d'Hérode contre Jésus, pour voir comment le faire périr Cy Aelf. Paris


La guérison de l'homme paralysé de la main, dans cette synagogue, m'a fait songer à un procès. Il est bien question d'accusation et l'homme qui s'avancera pour étendre la main semblera ainsi prêter serment devant des juges. (Or, il y a une autre image - cachée derrière celle-ci, mais je la garde pour la fin.)

Pourra-t-on dire que Jésus a pratiqué la médecine dans une synagogue le jour du Sabbat, durant lequel tout travail est interdit, y compris de donner des soins ? Certes non ! Jésus n'a posé aucun geste, il a simplement parlé, bien qu'il soit plus exact de dire qu'il a parlé en avocat du Père !

Ce qui fait le lien entre la première lecture et celle de l’Évangile, c'est d'une part la simplicité des moyens. David se servira d'un seul petit caillou rond pour un abattre un homme entraîné à la guerre depuis sa jeunesse et qui est le meilleur d'entre les Philistins. Et de son côté, Jésus se sert uniquement de sa voix - mais de sa voix qui n'est rien d'autre que la Parole créatrice ! A cette Parole, l'homme étendit la main et sa main fut guérie.

Le complot vient ensuite. Il s'agit bien d'un complot, car voici des hommes de loi qui vont solliciter l'appui des services de la police secrète d'Hérode. Et le but sera de se débarrasser une fois pour toutes d'un Dieu qui ne cesse d'aller au-delà des règles fixées (ou plutôt détournées) par ses prêtres.

L'image qui m'est venue à l'esprit durant la lecture de l'Evangile, c'est celle qui orne le plafond de la chapelle Sixtine, à Rome. J'ai dit que Jésus avait employé seulement la Parole et j'avais déjà cette image en tête. Elle est frappante car, dans cette fresque de Michel-Ange, Dieu crée Adam en tendant vers lui sa main :

.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

etienne lorant
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Jésus pressé de partout

Message non lu par etienne lorant » jeu. 19 janv. 2012, 15:57

Evangile : Jésus, ses disciples et la foule au bord du lac (Mc 3, 7-12)

Jésus se retira avec ses disciples au bord du lac ; et beaucoup de gens, venus de la Galilée, le suivirent ; et aussi beaucoup de gens de Judée, de Jérusalem, d'Idumée, de Transjordanie, et de la région de Tyr et de Sidon avaient appris tout ce qu'il faisait, et ils vinrent à lui.
Il dit à ses disciples de tenir une barque à sa disposition pour qu'il ne soit pas écrasé par la foule. Car il avait fait beaucoup de guérisons, si bien que tous ceux qui souffraient de quelque mal se précipitaient sur lui pour le toucher. Et lorsque les esprits mauvais le voyaient, ils se prosternaient devant lui et criaient : « Tu es le Fils de Dieu ! » Mais il leur défendait vivement de le faire connaître. Cy Aelf, Paris


La première lecture rapporte comment Jonathan, le fils de Saül, roi déchu à cause de sa désobéissance, rétablit une entente précaire entre son père et David, le nouveau roi. Dans la soirée d'hier, j'ai lu avec intérêt plusieurs du livre de Samuel. J'ai été frappé de voir que même après que les les Philistins se fussent emparer de l'Arche d'Alliance, cette dernière - par sa seule présence dans le camp adverse, leur causa de grands torts. Et finalement, après la défaite de Goliath par David, ils rendirent l'Arche aux israélites avec des présents de 'réparation'. Ainsi, Dieu demeure fidèle à son peuple, même lorsque celui-ce le rejette, car il a pitié d'eux.

Ce Dieu fidèle, patient et rempli de miséricorde, je le retrouve aujourd'hui. Les textes de liturgie se suivent bien pourvu que l'on fasse l'effort de les interroger. En effet, dans cet Évangile, on voit Jésus s'efforcer d'être présent à tous, pour tous, mais la foule est à ce point nombreuse qu'il demande qu'on tienne une barque à sa disposition, afin qu'il puisse enseigner le peuple sans se faire écraser dans un mouvement de foule.

Le verbe "écraser", pris dans ce contexte, m'a fait songer au "pressoir". C'est peut être ce qu'il y a de plus pénible pour Jésus durant le temps de sa mission: il est vraiment venu pour se donner à tous, mais aussi longtemps qu'il 'habite' un corps de chair, il est contraint d'en accepter les limites - et cela jusqu'à la croix. La croix ? Aussitôt que les hommes l'y auront 'pressé', comme un raisin bien mûr, Jésus laissera échapper du sang et de l'eau - qui jailliront (comme de l'Arche de l'Alliance) en rayons de sanctification et de miséricorde.

Pour l'instant, seuls les esprits mauvais, contraints et forcés - mais qui voient à travers la chair, ne peuvent qu'exprimer leur terreur à la rencontre de Jésus. Ils sont ainsi contraints de dire la vérité - et n'est-ce pas déjà, ici, déjà le triomphe du Seigneur - d'obliger le Menteur à dire le vrai ! Mais ce n'est pas cela que Jésus souhaite et il lui commande avec autorité de se taire.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Jésus pressé de partout

Message non lu par etienne lorant » jeu. 19 janv. 2012, 19:41

etienne lorant a écrit : La première lecture rapporte comment Jonathan, le fils de Saül, roi déchu à cause de sa désobéissance, rétablit une entente précaire entre son père et David, le nouveau roi. Dans la soirée d'hier, j'ai lu avec intérêt plusieurs du livre de Samuel. J'ai été frappé de voir que même après que les les Philistins se fussent emparer de l'Arche d'Alliance, cette dernière - par sa seule présence dans le camp adverse, leur causa de grands torts. Et finalement, après la défaite de Goliath par David, ils rendirent l'Arche aux israélites avec des présents de 'réparation'. Ainsi, Dieu demeure fidèle à son peuple, même lorsque celui-ce le rejette, car il a pitié d'eux.
J'ai retrouvé sur Internet le passage lu hier soir. Je trouve que cela vaut la peine d'être partagé. En effet, le Seigneur n'agit vraiment pas à la manière des hommes ! Comme le roi Saül a désobéi, l'Arche d'Alliance ne lui a servi en rien au coeur du combat - mois trente mille hommes ont été perdus et l'Arche saisie... Cependant, Dieu demeure fidèle même après qu'Il ait dit au prophète Samüel - "S'ils veulent un roi, c'est parce qu'ils me rejettent, ils ne veulent pas que je règne sur eux". Ainsi Dieu rejeté est Dieu qui demeure fidèle. Nous devrions penser à cela lorsque nous avons péché, ne nous croyons pas rejeté d'office, car ce n'est pas la manière de Dieu de rejeter le pécheur... au contraire, c'est lui qui fait l'objet d'un appel de vocation !

Bref, voici cette lecture :


Premier livre de Samuel 5

Les Philistins prirent l’arche de Dieu, et ils la transportèrent d’Eben-Ézer à Asdod.
Après s’être emparés de l’arche de Dieu, les Philistins la firent entrer dans la maison de Dagon et la placèrent à côté de Dagon.
Le lendemain, les Asdodiens, qui s’étaient levés de bon matin, trouvèrent Dagon étendu la face contre terre, devant l’arche de l’Éternel. Ils prirent Dagon, et le remirent à sa place.
Le lendemain encore, s’étant levés de bon matin, ils trouvèrent Dagon étendu la face contre terre, devant l’arche de l’Éternel ; la tête de Dagon et ses deux mains étaient abattues sur le seuil, et il ne lui restait que le tronc.
C’est pourquoi jusqu’à ce jour, les prêtres de Dagon et tous ceux qui entrent dans la maison de Dagon à Asdod ne marchent point sur le seuil.
La main de l’Éternel s’appesantit sur les Asdodiens, et il mit la désolation parmi eux ; il les frappa d’hémorroïdes à Asdod et dans son territoire.
Voyant qu’il en était ainsi, les gens d’Asdod dirent : L’arche du Dieu d’Israël ne restera pas chez nous, car il appesantit sa main sur nous et sur Dagon, notre dieu.
Et ils firent chercher et assemblèrent auprès d’eux tous les princes des Philistins, et ils dirent : Que ferons-nous de l’arche du Dieu d’Israël ? Les princes répondirent : Que l’on transporte à Gath l’arche du Dieu d’Israël. Et l’on y transporta l’arche du Dieu d’Israël.
Mais après qu’elle eut été transportée, la main de l’Éternel fut sur la ville, et il y eut une très grande consternation ; il frappa les gens de la ville depuis le petit jusqu’au grand, et ils eurent une éruption d’hémorroïdes.
Alors ils envoyèrent l’arche de Dieu à Ékron. Lorsque l’arche de Dieu entra dans Ékron, les Ékroniens poussèrent des cris, en disant : On a transporté chez nous l’arche du Dieu d’Israël, pour nous faire mourir, nous et notre peuple !
Et ils firent chercher et assemblèrent tous les princes des Philistins, et ils dirent : Renvoyez l’arche du Dieu d’Israël ; qu’elle retourne en son lieu, et qu’elle ne nous fasse pas mourir, nous et notre peuple. Car il y avait dans toute la ville une terreur mortelle ; la main de Dieu s’y appesantissait fortement.
Les gens qui ne mouraient pas étaient frappés d’hémorroïdes, et les cris de la ville montaient jusqu’au ciel.

Premier livre de Samuel 6

L’arche de l’Éternel fut sept mois dans le pays des Philistins.
Et les Philistins appelèrent les prêtres et les devins, et ils dirent : Que ferons-nous de l’arche de l’Éternel ? Faites-nous connaître de quelle manière nous devons la renvoyer en son lieu.
Ils répondirent : Si vous renvoyez l’arche du Dieu d’Israël, ne la renvoyez point à vide, mais faites à Dieu un sacrifice de culpabilité ; alors vous guérirez, et vous saurez pourquoi sa main ne s’est pas retirée de dessus vous.
Les Philistins dirent : Quelle offrande lui ferons-nous ? Ils répondirent : Cinq tumeurs d’or et cinq souris d’or, d’après le nombre des princes des Philistins, car une même plaie a été sur vous tous et sur vos princes.
Faites des figures de vos tumeurs et des figures de vos souris qui ravagent le pays, et donnez gloire au Dieu d’Israël : peut-être cessera-t-il d’appesantir sa main sur vous, sur vos dieux, et sur votre pays.
Pourquoi endurciriez-vous votre cœur, comme les Égyptiens et Pharaon ont endurci leur cœur ? N’exerça-t-il pas ses châtiments sur eux, et ne laissèrent-ils pas alors partir les enfants d’Israël ?
Maintenant, faites un char tout neuf, et prenez deux vaches qui allaitent et qui n’aient point porté le joug ; attelez les vaches au char, et ramenez à la maison leurs petits qui sont derrière elles.
Vous prendrez l’arche de l’Éternel, et vous la mettrez sur le char ; vous placerez à côté d’elle, dans un coffre, les objets d’or que vous donnez à l’Éternel en offrande pour le péché ; puis vous la renverrez, et elle partira.
Suivez-la du regard : si elle monte par le chemin de sa frontière vers Beth-Schémesch, c’est l’Éternel qui nous a fait ce grand mal ; sinon, nous saurons que ce n’est pas sa main qui nous a frappés, mais que cela nous est arrivé par hasard.
Ces gens firent ainsi. Ils prirent deux vaches qui allaitaient et les attelèrent au char, et ils enfermèrent les petits dans la maison.
Ils mirent sur le char l’arche de l’Éternel, et le coffre avec les souris d’or et les figures de leurs tumeurs.
Les vaches prirent directement le chemin de Beth-Schémesch ; elles suivirent toujours la même route en mugissant, et elles ne se détournèrent, ni à droite ni à gauche. Les princes des Philistins allèrent derrière elles jusqu’à la frontière de Beth-Schémesch.
Les habitants de Beth-Schémesch moissonnaient les blés dans la vallée ; ils levèrent les yeux, aperçurent l’arche, et se réjouirent en la voyant.
Le char arriva dans le champ de Josué de Beth-Schémesch, et s’y arrêta. Il y avait là une grande pierre. On fendit le bois du char, et l’on offrit les vaches en holocauste à l’Éternel.
Les Lévites descendirent l’arche de l’Éternel, et le coffre qui était à côté d’elle et qui contenait les objets d’or ; et ils posèrent le tout sur la grande pierre. Les gens de Beth-Schémesch offrirent en ce jour des holocaustes et des sacrifices à l’Éternel.
Les cinq princes des Philistins, après avoir vu cela, retournèrent à Ékron le même jour

http://fr.wikipedia.org/wiki/Premier_li ... olique.org
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Fidèles par la raison, ou par le coeur ?

Message non lu par etienne lorant » ven. 20 janv. 2012, 10:55

1ère lecture : Loyauté de David envers le roi Saül, qui le poursuit (1S 24, 3-21)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 3, 13-19)

Jésus gravit la montagne, et il appela ceux qu'il voulait. Ils vinrent auprès de lui, et il en institua douze pour qu'ils soient avec lui, et pour les envoyer prêcher avec le pouvoir de chasser les esprits mauvais.
Donc, il institua les Douze : Pierre (c'est le nom qu'il donna à Simon),
Jacques, fils de Zébédée, et Jean, le frère de Jacques
(il leur donna le nom de « Boanerguès », c'est-à-dire : « Fils du tonnerre »), André, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d'Alphée,
Thaddée, Simon le Zélote, et Judas Iscariote, celui-là même qui le liv
ra.


Dans la première lecture, David a eu l'occasion de tuer le roi Saül, mais il dit : "Je ne ferai aucun mal au roi qui a reçu l'onction du Seigneur !" Or, David lui-même à reçu l'onction royale des mains du prophète Samuel.

A partir de cet événement et en notant, dans le choix des douze apôtres (douze à cause des douze tribus d'Israël) l'élection de "Judas Iscariote, celui-là même qui le livra", notre prêtre a soulevé un point qui peut paraître étonnant mais qui s'avère essentiel. En effet, parmi les douze, il n'y a pas que Judas le traître, il y a aussi un ancien zélote, un ex publicain et collecteur d'impôts et deux 'fils du tonnerre' dont les parents ont beaucoup d'ambition pour eux... Simon, quant à lui, fut un simple pêcheur sur le lac de Galilée. Bref, voici un groupe assez hétéroclite.

Mais pourquoi avoir choisi un traître ? Le point soulevé est celui-ci: du point de vue humain, Judas Iscariote sera bien un traître; mais du point de vue de la raison, de la justice et de la loi juives, c'est un "légaliste", un homme qui agit en réfléchissant. Un juif respectueux de la loi.

Ici se situe le lien entre les deux lectures. David avait de très bonnes raisons de mettre à mort son rival, mais il s'est retenu par amour du Seigneur. Il n'a pas été logique. Judas, quant à lui, a été logique selon la Loi - et sans doute sa trahison fut-elle l'objet d'une longue réflexion. Et la question qui se pose à nous et à tout chrétien est celle-ci: quelle la nature de notre rapport individuel à Dieu. Avons nous une fois de raison, ou bien une foi d'amour ? Trouvons-nous que Dieu doit agir de telle ou telle manière ou bien lui abandonnons-nous tout notre avenir comme le fit David ?

La conclusion est assez simple: il y aura toujours parmi nous et il y aura toujours, dans l’Église, des 'légalistes' spécialistes des règles que devraient suivre l’Église pour subsister; il y aura d'ambitieux 'fils du tonnerre' qui penseront d'abord à devenir "les meilleurs"; il y aura également des 'légalistes' qui aimeront Dieu à cause d'une certaine idée de l'ordre, et il y aura enfin des âmes simples - comme celle de Simon, qui seront la pierre sur laquelle repose cet édifice ... tout à fait particulier !

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«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Effervescence de l'esprit

Message non lu par etienne lorant » sam. 21 janv. 2012, 11:32

1ère lecture : David apprend la mort de Saül et de Jonathan, et chante une lamentation (2S 1, 1-4.11-12.19.23-27)

Lecture du second livre de Samuel
David, après avoir battu les Amalécites, revint à Ciklag et y demeura deux jours.
Le troisième jour, un homme arriva du camp de Saül, les vêtements déchirés et la tête couverte de poussière. En arrivant auprès de David, il se jeta à terre et se prosterna.
David lui demanda : « D'où viens-tu ? - Je me suis sauvé du camp d'Israël. - Que s'est-il donc passé ? Raconte-le-moi ! »
L'homme répondit :
« L'armée a pris la fuite, et beaucoup d'hommes sont tombés. Saül lui-même et son fils Jonathan ont péri ! »
Alors David déchira ses vêtements, et tous les hommes qui étaient avec lui firent de même. Ils pleurèrent et jeûnèrent jusqu'au soir, ils se lamentèrent sur Saül et sur son fils Jonathan, parce qu'ils étaient tombés par l'épée.

Et David chanta cette lamentation :
« Comment donc, Israël,
ta fierté, sur les hauteurs,
a-t-elle été transpercée ?
Comment sont-ils tombés, ces héros ?

Saül et Jonathan, bien-aimés et rayonnants !
Ni la vie ni la mort ne les ont séparés.
Ils étaient plus rapides que les aigles,
ils étaient plus forts que les lions.
Pleurez sur Saül, filles d'Israël :
il vous habillait de pourpre somptueuse,
avec des joyaux d'or, il rehaussait votre parure.

Comment sont-ils tombés, ces héros,
au milieu des combats ?

Jonathan, sur les hauteurs, fut frappé à mort !
Je pleure sur toi, mon frère Jonathan.
Tu m'étais si cher :
ton amitié était pour moi plus merveilleuse
que l'amour d'une femme.

Comment sont-ils tombés, ces héros,
comment ont-ils péri, ces puissants guerriers ? »
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Psaume : Ps 79, 2-3, 5-7

R/ Que ton visage s'illumine
et nous serons sauvés !
Berger d'Israël, écoute,
toi qui conduis Joseph, ton troupeau :
resplendis au-dessus des Kéroubim,
devant Éphraïm, Benjamin, Manassé !
Réveille ta vaillance
et viens nous sauver.

Seigneur, Dieu de l'univers,
vas-tu longtemps encore
opposer ta colère aux prières de ton peuple,
le nourrir du pain de ses larmes,
l'abreuver de larmes sans mesure ?
Tu fais de nous la cible des voisins :
nos ennemis ont vraiment de quoi rire !

Evangile : Incompréhension de la famille de Jésus (Mc 3, 20-21)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Seigneur Dieu, ouvre notre cœur,
pour qu'il recherche avec amour
les paroles de ton Fils.
Alléluia. (cf. Ac 16, 14)


Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Jésus entre dans une maison, où de nouveau la foule se rassemble, si bien qu'il n'était pas possible de manger.
Sa famille, l'apprenant, vint pour se saisir de lui, car ils affirmaient :
« Il a perdu la tête. » Cy Aelf, Paris


Lorsque David apprend la mort du roi Saül et de son fils Jonathan, il tombe aussitôt dans une grande peine et pousse des plaintes, des cris de détresse et des lamentations... qui ne ressemblent guère aux chants des pleureuses de profession ! Au point que c'est étonnant. Car dans les textes, nous voyons que Jonathan fut effectivement l'ami intime de David, mais que son père Saül était son plus redoutable ennemi ! Car Saül avait perdu la faveur de Dieu et considérait David comme un rival. Plusieurs fois, il a cherché à le faire mourir. D'où cette pensée qui m'est venue : les lamentations de David lui sont inspirées par sa foi. Sa foi de juif dans le contexte de l'époque. Les Psaumes seront beaucoup plus détachés des circonstances de temps et des lieux et certains d'entre eux sont de purs joyaux pour le chrétien.

Si donc le jeune David, roi consacré par l'onction, peut éprouver une telle peine en cette occasion, combien Jésus, à plus forte raison, lui l'Oint du Seigneur, le Saint de Dieu, fera monter de son cœur des louanges et des lamentations, des chants d'allégresse, mais aussi la miséricorde du Père ! Les familiers de Jésus sont dépassés par l’effervescence qui agite les foules par la seule présence de Jésus. Il m'est difficile de me représenter les "paroles de grâce" qui sortaient de sa bouche. Or, ce n'est pas Jésus qui perd la tête, c'est plutôt nous qui portons la nôtre un peu trop vissée à notre corps !

Je me souviendrai toute ma vie de l'exultation de joie surnaturelle qui m'a saisi au pied de mon crucifix, le matin de ma conversion. Par cinq fois, j'ai voulu en rédiger un témoignage, mais à chaque fois les mots n'exprimaient que très imparfaitement mon ressenti. En quelques jours à peine, je m'étais réconcilié avec toutes les personnes à qui j'avais causé de la peine. J'étais continuellement emporté et je désirais tout autant mourir. Dans l'après-midi du dimanche suivant, après avoir communié tôt le matin, j'ai voulu comparer mes anciennes ivresses (à la bière blonde) et la Joie reçue d'en-haut. Un seul verre m'a suffi : il n'y avait aucune comparaison possible. Ce qui se passait, c'était tout simplement que je réapprenais à vivre !

Puisse le Seigneur accorder à ceux qui de ce temps-ci m'observent avec jalousie et amertume, éprouver aussi la joie et la force que Dieu donne à quiconque lui ouvre son cœur !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Dimanche : un jour de conversion qui se continue

Message non lu par etienne lorant » sam. 21 janv. 2012, 18:11

Livre de Jonas 3,1-5.10.
La parole du Seigneur fut adressée à Jonas :
« Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, proclame le message que je te donne sur elle. »
Jonas se leva et partit pour Ninive, selon la parole du Seigneur. Or, Ninive était une ville extraordinairement grande : il fallait trois jours pour la traverser. Jonas la parcourut une journée à peine en proclamant : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! »
Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne, et tous, du plus grand au plus petit, prirent des vêtements de deuil.
En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés.

Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 7,29-31.
Frères, je dois vous le dire : le temps est limité. Dès lors, que ceux qui ont une femme soient comme s'ils n'avaient pas de femme,
ceux qui pleurent, comme s'ils ne pleuraient pas, ceux qui sont heureux, comme s'ils n'étaient pas heureux, ceux qui font des achats, comme s'ils ne possédaient rien, ceux qui tirent profit de ce monde, comme s'ils n'en profitaient pas. Car ce monde tel que nous le voyons est en train de passer.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1,14-20.
Après l'arrestation de Jean Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu ; il disait :
« Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. »
Passant au bord du lac de Galilée, il vit Simon et son frère André en train de jeter leurs filets : c'étaient des pêcheurs.
Jésus leur dit : « Venez derrière moi. Je ferai de vous des pêcheurs d'hommes. »
Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent.
Un peu plus loin, Jésus vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient aussi dans leur barque et préparaient leurs filets.
Jésus les appela aussitôt. Alors, laissant dans la barque leur père avec ses ouvriers, ils partirent derrière lui.


Les lectures de ce dimanche montrent chacune un changement radical et immédiats chez les hommes qui entendent la Bonne Nouvelle de Dieu. Ceux et celles qui sont convertis n'auraient aucun besoin de relire ces textes puisqu'ils ont vécu cette mutation à la suite de l'appel de Jésus. D'apparence, ce sont les mêmes personnes, mais dans leur cœur ils sont devenus autres.

Je peux comprendre que la conversion immédiate des habitants de Ninive puisse surprendre le lecteur; de même, que les pêcheurs du lac de Galilée abandonnent aussitôt leurs barques et sans se retourner,se mettent à suivre Jésus, c'est étonnant ! Et quand saint Paul dit qu'il faut, immédiatement, aussi bien renoncer dans l'instant à son plaisir, comme à son bonheur - et à son malheur aussi, est-ce qu'il n'y va pas un peu fort ?

Cependant, lorsque j'y réfléchis un moment, ce qui m'est arrivé est tout semblable. C'est seulement une version "moderne" de ces autres textes, voilà tout. Un samedi matin, j'ai claqué la porte de ma boutique et j'ai dit: "Je jure de ne jamais reprendre le travail ni faire quoi que ce soit aussi longtemps que je ne saurai pas POURQUOI l'homme est malheureux !". A mon réveil, le lendemain, j'ai tourné mon regard vers un crucifix et aussitôt, c'était fait, le monde avait commencé de tourner dans l'autre sens...

Et tout ce que j'ai vécu depuis ce jour-là ressemble fortement à la même journée. Dans un Évangile récent, deux des disciples de Jean le Baptiste se mettent à suivre Jésus; celui-ci se retourne vers eux leur demande ce qu'ils cherchent. Ils lui demande: "Où demeures-tu ?" Et Jésus leur répond: "Venez, et vous verrez". Et ils y demeurèrent "ce jour-là."

Bref, je suis tout simplement en train d'écrire que la journée de ce samedi 21 janvier 2012 n'est en réalité pour moi que la continuation de l'événement du 18 août 1985. Car aussitôt ma conversion acquise, le temps a cessé d'être le temps. Voilà pourquoi je m'étonne toujours lorsque des personnes de bonne foi me conseille de 'prendre du temps pour moi' ! C'est un langage que je ne sais plus comprendre, puisque le temps ne s'écoule plus de la même manière.

En vingt ans, j'ai bien sûr vécu une foule d'événements ! Mais aucun d'entre eux n'a surpassé celui-là, et la formulation de l'apôtre est excellente : "Que ceux qui pleurent vivent comme s'ils ne pleuraient pas, ceux qui sont heureux, comme s'ils n'étaient pas heureux, ceux qui font des achats, comme s'ils ne possédaient rien"... Car tout ce qui est de ce monde est réellement en train de passer.

Ah, comme je voudrais me faire bien comprendre !

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Les démons et les idées - et l'amour de Dieu

Message non lu par etienne lorant » lun. 23 janv. 2012, 11:16

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 3, 22-30)
Les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : « Il est possédé par Béelzéboul ; c'est par le chef des démons qu'il expulse les démons. »
Les appelant près de lui, Jésus disait en parabole : « Comment Satan peut-il expulser Satan ? Si un royaume se divise, ce royaume ne peut pas tenir.
Si une famille se divise, cette famille ne pourra pas tenir.
Si Satan s'est dressé contre lui-même, s'il s'est divisé, il ne peut pas tenir ; c'en est fini de lui. Mais personne ne peut entrer dans la maison d'un homme fort et piller ses biens, s'il ne l'a d'abord ligoté. Alors seulement il pillera sa maison. Amen, je vous le dis : Dieu pardonnera tout aux enfants des hommes, tous les péchés et tous les blasphèmes qu'ils auront faits.
Mais si quelqu'un blasphème contre l'Esprit Saint, il n'obtiendra jamais le pardon. Il est coupable d'un péché pour toujours. »
Jésus parla ainsi parce qu'ils avaient dit : « Il est possédé par un esprit impur. »
Cy Aelf, Paris


La société humaine est divisée, mais elle n'est pas divisée au sujet de l’amour de Dieu, par rapport à l'amour de Dieu, elle est divisée parce qu'elle a cru comme Adam et Ève au mensonge du serpent: "Vous connaîtrez le bien et le mal, vous serez comme Dieu".

Ce matin, le prêtre nous a prévenus contre la division qui naîtrait entre nous du fait de nos opinions à propos de Dieu. Car les démons que Jésus a chassés lors de sa mission sont toujours présents aujourd'hui. En effet, parmi nous, les hommes qui ne croient pas professent toutes sortes de théories sur le sens de la vie, sur la manière d'exister, sur le bien et le mal, sur le bonheur et le malheur. Et il faut admettre qu'ils remportent un franc succès: car, hors de la foi, l'homme est propriétaire de sa vie et il peut donc en faire tout ce qu'il voudra.

Mais si nous croyons, qu'il n'y ait pas de division entre nous. En affirmant que Dieu est Amour, nous sortons des catégories de bien et de mal qui font achopper tant de nos contemporains. Nous n'avons même pas à discuter, puisqu'il nous suffit d'aimer et d'accueillir l'Esprit Saint.

Dans la première lecture, le roi David est enfin proclamé roi. On dira: c'était la volonté de Dieu ! Mais si on lit bien le Livre de Samuel, on verra qu'au cours de multiples épisodes, David, à chaque étape, s'en est remis à Dieu. Plusieurs fois, il a eu l'occasion de tuer Saül, le roi déchu qui voulait sa mort, mais il s'est fié à l'amour de Dieu, plutôt qu'à ses propres raisonnements et aux occasions de succès facile.

Jésus est bien venu pour piller la maison de cette "homme fort" qu'est le démon, ce démon qui raisonne en tout homme et qui calcule. Prenons garde, car il nous faut aimer comme Dieu aime et il suffit de si peu pour sortir de l'Amour !

On trouve dans l'Evangile même une autre belle image de ce que N'est PAS la confiance en l'amour de Dieu et son contraire. En Marc 8, 27-35, juste après avoir élu Pierre pour la fondation de son Eglise, Jésus annonce sa passion et sa mort. A cet instant, Pierre intervient vivement : il n'est pas question que Jésus meure à Jérusalem ! C'est bien sûr qu'il dit cela par amour pour son maître, mais que répond Jésus ? Verset 33 : "Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

C'est dire combien nos pensées ont toujours besoin d'être purifiées dans l'Amour !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Jésus renvoie sa mère ?

Message non lu par etienne lorant » mar. 24 janv. 2012, 18:10

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (3, 31-35)
Comme Jésus était dans une maison, sa mère et ses frères arrivent. Restant au-dehors, ils le font demander. Beaucoup de gens étaient assis autour de lui ; et on lui dit : « Ta mère et tes frères sont là dehors, qui te cherchent. » Mais il leur répond :
« Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère. »
Cy Aelf, Paris


J'ai toujours été très attaché aux miens - parents, grands-parents, sœurs, oncles et tantes, et le sentiment demeure en dépit même des décès. Mais de l'attachement sentimental et même 'viscéral' dirait-on, la foi m'a fait passé au détachement. Ce sont exactement les mêmes sentiments, mais qui se purifient sans cesse, et dont la purification n'est pas encore achevée.

Mais comment peut-on aimer sans s'attacher ? Sans doute de la même manière que l'on ne confond plus fidélité et attachement. Mais il y a un autre point de vue intéressant à souligner, plus exact et plus réjouissant encore. Un jour, c'est cette parole de Jésus qui a fait dire à une de mes amies - qui me montrait son chapelet : "Je ne comprends pas pourquoi Jésus renvoie sa mère ainsi !"

Or, j'avais une lecture tout à fait différente. Car en parlant comme il le fait, Jésus honore d'abord sa mère, et ensuite tous ceux et toutes celles qui auront ordonné leurs affections en fonction de ce seul principe - de faire la volonté de Dieu. C'est ce qu'a fait Marie en répondant à l'ange: « Voici la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole. » (Si Marie n'avait pas adhéré d'emblée à la volonté de Dieu, il n'y eut pas eu de rédemption !)

Cette hommage voilé se reproduit à un autre moment dans l’Évangile de Luc : "Tandis que Jésus parlait, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui dit: Heureux le ventre qui t'a porté! Heureux les seins qui t'ont allaité! Et il répondit: Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent! (Luc 11:27-28) Je ne sais pas comment d'autres le comprennent ce dernier trait, mais moi je lis, sous les mots: "Si Marie, ma mère est bienheureuse, c'est parce qu'elle écoute la parole de Dieu et qu'elle la garde !"

Il y a un dernier point que je veux souligner. Si vous avez connu et connaissez encore des problèmes de relations familiales, de grâce ne tentez pas de les résoudre par vos propres forces, car vous vous heurteriez peut-être au dessein de Dieu sur vous tous. Dans les mystères du Rosaire, Marie et Joseph ont beaucoup souffert eux aussi de s'entendre répondre par l'enfant Jésus: "Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne savez-vous pas que je me dois aux choses de mon Père ?" Aimons les membres de notre famille quand bien même ils semblent nous repousser, voire nous détester.
Car il y a bien un secret de vertu dans l'amour qui accepte et supporte, mais qui ne passe pas...

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«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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La lampe et la mesure

Message non lu par etienne lorant » jeu. 26 janv. 2012, 12:20

Evangile : Discours en paraboles : la lampe ; la mesure (Mc 4, 21-25)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Ta parole, Seigneur :
une lampe pour guider nos pas,
une lumière sur la route !
Alléluia. (cf. Ps 118, 105)


Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Jésus disait encore à ses disciples cette parabole :
« Est-ce que la lampe vient pour être mise sous le boisseau ou sous le lit ? N'est-ce pas pour être mise sur le lampadaire ? Car rien n'est caché, sinon pour être manifesté ; rien n'a été gardé secret, sinon pour venir au grand jour. Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende ! »
Il leur disait encore : « Faites attention à ce que vous entendez ! La mesure dont vous vous servez servira aussi pour vous, et vous aurez encore plus. Car celui qui a recevra encore ; mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a. »
Cy Aelf, Pari
s


Cet enseignement est simple à entendre, mais beaucoup plus difficile à mettre en œuvre. Quiconque a été touché par la grâce divine, doit briller aux yeux de tous - mais pour briller selon la volonté de Dieu, encore faut-il être irréprochable... puisque rien n'est caché qui ne sera manifesté ! Et donc, il ne s'agit certes pas de briller à la manière du monde : que l'on accomplisse une œuvre pieuse et charitable, il faut garder celle-ci secrète le plus possible et "que ta main droite ignore ce que fait ta main gauche !" Dans le concret du quotidien, l'on sert beaucoup plus le Seigneur en prêchant par l'exemple encore plus qu'en paroles, mais celui qui prêche en paroles, qu'il se contraigne lui-même a vivre comme il a dit !

Faîtes attention à ce que vous entendez ! Ce mot mériterait un chapitre à lui seul. Car il ne nous faut pas juger autrui d'après ce qu'il dit mais d'après ce qu'il fait. Un homme peut très bien dire : je ne crois en rien, et se montrer plein de douceur envers son voisin malheureux. Laquelle des deux choses faut-il retenir de cet homme ? D'où la mesure dans les jugements sur le prochain. Si l'on s'en tient à une première impression, à une parole entendue, la mesure est très courte: ou bien n'avons-nous jamais rencontré quelqu'un qui change d'avis, et qui change de vie aussi ? Il suffit parfois d'être patient, tout en veillant d'abord à nous maintenir dans la rectitude que le Seigneur nous demande.

Si nous faisons ainsi, notre récolte sera bonne. Nous porterons du fruit, sans avoir abusé du langage, sans avoir joué un rôle, sans prétention mais en grande humilité. Mais celui qui se fie sur quelques bonnes paroles et quelques actes de miséricorde, n'aura que peu à montrer à son Maître. Mais il faut envisager toutes ces choses, tout ce que nous vivons selon le projet de Dieu. Somme toute, il nous faut grandir en paraissant nous effacer; il nous faut manifester beaucoup de clarté, sans nous être servi de lampes. Que l'autre puisse voir la lumière qui émane de notre être et dont il pourra dire "Oui, vraiment, cela ne peut lui venir que de son Dieu"...

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Acquisition d'une foi éprouvée

Message non lu par etienne lorant » sam. 28 janv. 2012, 11:49

Evangile : La tempête apaisée (Mc 4, 35-41)

Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule en paraboles. Le soir venu, il dit à ses disciples : « Passons sur l'autre rive. » Quittant la foule, ils emmènent Jésus dans la barque, comme il était ; et d'autres barques le suivaient. Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait d'eau. Lui dormait sur le coussin à l'arrière. Ses compagnons le réveillent et lui crient : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Réveillé, il interpelle le vent avec vivacité et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : « Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n'ayez pas la foi ? » Saisis d'une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »


Cet Évangile est un des plus célèbres, du moins parmi ceux et celles qui l'ont exploré dans un temps de détresse, comme celui que nous traversons. Car les fondements de nos sociétés ont été altérés, les familles se dissolvent, les gouvernements font de la gérance au coup par coup (comme en suivant les vagues de la bourse) et chacun s'inquiète pour soi-même car il semble qu'il n'y ait plus de refuge pour le cœur qui souffre.

Cependant, Jésus demeure présent, son calme ne peut être altéré par rien. Au milieu de la tempête qui épouvante ceux qui le suivent, il semble dormir d'un profond sommeil. "Maître, nous sommes perdus et cela ne te fait rien ?"... Tel est le cri des hommes vers le Seigneur, dont on attend des remèdes en chaque occasion, comme si la foi consistait en une force magique à notre disposition. "Mais où est votre foi ?", leur répond le maître.

La foi a besoin d'être mise à l'épreuve, et c'est le secret - du moins pour moi - de ce passage d'une rive à l'autre. Entre le moment où nous avons accueilli dans la joie la parole de Jésus et celui où nous devenons capables de demeurer en son Amour, quelles que soient les circonstances, il y a l'épreuve. Il est bien nécessaire qu'il y ait des occasions de chutes, et même qu'il y ait des chutes, mais suivies de relèvements. Car c'est ainsi et seulement ainsi, par l'épreuve, du fait de l'endurcissement de nos cœurs, que la foi de confiance, et la foi d'abandon dans la confiance, pourra faire de nous de vrais serviteurs du Très-Haut, inébranlables.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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