Méditations d'évangile

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Méditations d'évangile

Message non lu par PriereUniverselle » mer. 11 mai 2011, 10:45

3ème dimanche de Pâques : Luc 24, 13-35
Sur le chemin d'Emmaüs

Le récit des disciples d’Emmaüs- que nous trouvons uniquement chez st Luc- est une des plus belles pages sur la résurrection du Christ. Le mot « partage » pourrait résumer ce récit.

D’abord, le partage du chemin. Cléophas et son compagnon avaient tout quitté pour suivre Jésus. Ils avaient mis toute leur espérance en lui. Ils l’avaient reconnu comme un prophète puissant par ses actes et ses paroles. Ils attendaient de lui la libération d’Israël. Mais tout avait basculé en quelques heures avec l’arrestation, la condamnation et la mise à mort de Jésus. Pour eux, ce fut évidemment un grand désastre, un immense cauchemar.

Les deux disciples retournent alors chez eux, complètement abattus et désorientés. Mais Jésus va les rejoindre sur le chemin qui mène à Emmaüs. Il va marcher avec eux, les écouter et les interroger.

En marchant avec eux, en les écoutants, Jésus partage ainsi leur détresse et leur désespoir. Dans les moments difficiles que nous traversons, devant un coup dur (maladie, échec, divorce, chômage, trahison, deuil), il nous arrive d’être découragés, de croire que nous sommes seuls, de nous demander si Dieu existe, si la vie a un sens.

Comme les disciples d'Emmaüs, nous sommes alors tentés de rentrer chez nous, de nous replier sur nous-mêmes. C’est pourtant à ce moment que le Christ nous rejoint, car l’expérience d’Emmaüs a lieu chaque fois que quelqu’un s’approche d’une personne en détresse pour l’accompagner, l’écouter et lui redonner confiance et courage.

Mais notre fardeau est parfois tellement lourd que nos yeux sont aveuglés et donc incapables de le reconnaître.

Le deuxième partage est celui de la Parole de Dieu. Sur la route, Jésus prend le temps d’expliquer aux deux disciples ce qui le concerne en partant de Moïse et de tous les prophètes. Il leur fait comprendre que tous ces textes parlaient de lui. « Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? »

Ce que Jésus veut dire, c’est que son amour pour l’humanité devait aller jusqu’à affronter la méchanceté des hommes, la haine, l’abandon, la mort.

Nous aussi, c’est en prenant le temps de ce partage de la Parole que nous pouvons comprendre ce qui nous arrive. Le partage doit rejoindre les questions que chacun se pose. Nous devons prendre le temps d’écouter ces questions et de nous expliquer les uns aux autres en quoi tel ou tel passage de l’évangile nous rejoint.

Troisièmement : le partage du pain : L’étranger qui chemine avec les deux disciples fait semblant d’aller plus loin. Mais il est aussitôt prié de rester. Dans la tradition juive, c’est l’étranger qui disait la bénédiction à la place du chef de famille.

Jésus prend donc le pain, le bénit et le partage devant eux. Alors, leurs yeux s’ouvrent et ils le reconnaissent. A l’époque de Luc, les communautés chrétiennes avaient coutume de se retrouver pour la fraction du pain. C’est le nom qui était donné à l’Eucharistie. C’est la même chose pour nous : c’est l’Eucharistie qui nous permet de reconnaître le Christ.

Au-delà de la fraction du pain, nous sommes appelés à une vraie solidarité entre nous et avec tous ceux qui nous entourent, en particulier les plus pauvres et les plus éprouvés. Partager avec celui qui a faim, combattre l’injustice et l’exclusion, tendre la main aux naufragés de la vie sont des signes qui font reconnaître le Christ vivant dans l’Eglise et dans ses disciples. La fraction et le partage du pain déplacent les deux disciples vers la communauté.

Cléophas et son compagnon laissent leur repas et repartent vers Jérusalem où étaient réunis les onze apôtres. Ceux-ci authentifient la foi en la résurrection : « C’est bien vrai, le Seigneur est ressuscité ». Les deux disciples racontent leur expérience, qui vient enrichir la conviction des responsables. C’est dire que le partage des Écritures conduit au partage du pain et le partage du pain fonde la communauté.

En d’autres termes, Jésus ne peut être rencontré que dans une relecture de la Parole de Dieu, dans le signe du frère qui nous accompagne, dans le signe du pain rompu, dans la communauté chrétienne. L'intention de saint Luc est de nous dire non seulement que Jésus est vivant et que des témoins l'ont vu, touché et mangé avec lui, mais surtout qu'aujourd'hui encore il marche avec nous, qu’il partage notre chemin.

Oui, celui qu’on appelle Emmanuel - Dieu avec nous - ne nous laisse jamais seuls : il nous rejoint dans tous les détails de notre vie, même dans nos choix et décisions les plus discutables. Nous ne sommes jamais sans le Christ. Deux moyens sont à notre disposition pour le reconnaître : le partage de la Parole de Dieu et la fraction du pain.

En méditant la Parole de Jésus, nous comprenons ses enseignements, sa vie, sa mort et sa résurrection. Nous comprenons en même temps le sens de notre vie humaine. En partageant le pain au cœur de l'assemblée chrétienne, chaque dimanche, nous reconnaissons qu’il est avec nous jusqu’à la fin des temps.

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Notre Seigneur Jésus-Christ ! Le Bon Berger !

Message non lu par PriereUniverselle » lun. 16 mai 2011, 1:38

4eme dimanche de Pâques-A : Jn 10, 1-10

Jésus commence par nous mettre en garde contre les faux pasteurs qu’il qualifie de voleurs et de bandits.

Sont visés avant tout les pharisiens mais nous devons penser aussi aux illuminés de nos jours qui prédisent des calamités et des catastrophes de toute sorte, aux charlatans qui, contre espèces sonnantes et trébuchantes, promettent boulot, guérison et mariage, aux politiciens véreux qui se servent de nos voix pour acquérir argent et honneurs, à ceux qui se font appeler bienfaiteurs mais qui, en réalité, cherchent d’abord leur intérêt personnel, aux hommes et aux femmes qui abusent de leur pouvoir temporel ou spirituel.


Ils sont voleurs et bandits parce qu’ils sont manipulateurs, parce qu’ils profitent de nos souffrances et malheurs pour s’enrichir, parce qu’ils rendent dépendantes les personnes qui se tournent vers eux, parce qu’ils ne proposent que des perspectives limitées à l’humain, parce qu’ils font de belles promesses, parce qu’ils séparent les gens de leurs proches pour mieux les exploiter.


Aux antipodes de ces faux pasteurs, nous avons le bon berger.

Il est bon ,parce qu’il ne vient pas par des voies détournées, par des chemins de ruse et de mensonge, parce qu’il ne recourt pas à des procédés magiques, à des bizarreries ésotériques, parce qu’il connaît ses brebis et parce que celles-ci le connaissent, parce qu’il est un veilleur inquiet du bonheur des siens, parce qu’avec lui les brebis ont la liberté d’aller et de venir, parce qu’il ne cherche pas à retenir ceux qui ont décidé de le suivre (« si tu veux entrer dans le Royaume des cieux, si tu veux me suivre », dit Jésus), parce qu’il marche devant ses disciples, parce qu’il ira seul à la croix sans eux mais pour eux, parce qu’il est venu pour que nous ayons une vie en abondance, une vie en plénitude.

Qu’est-ce à dire ? La science, l’économie, la politique, la technique, la technologie, etc. ont travaillé et continuent de travailler à libérer l’homme de la faim, de la maladie, de la misère, de l’oppression.

Si ces libérations ne sont pas inutiles, si tous les chrétiens devraient y participer, Jésus nous fait toutefois remarquer qu’elles sont limitées, éphémères, que l’homme ne vit pleinement que s’il s’ouvre à Dieu, que « le milieu divin » (pour parler comme Teilhard de Chardin) est le seul milieu où l’homme respire vraiment et se dilate à l’infini. La porte qui ouvre sur cet infini, sur la vie en plénitude, c’est Jésus.

C’est donc lui, le vrai pasteur, le bon berger, que nous devons suivre.

C’est sa voix que nous devons écouter. Une voix qui appelle chaque brebis par son nom.

Jésus veut nous dire ici que l’Église, son Église, n’est pas une caserne où tout le monde marche au même pas et obéit au moindre coup de sifflet des autorités. Sa voix ne crée pas des clones, elle éveille plutôt chacun à sa propre vocation parce que chacun de nous est unique.

Ainsi saint Paul voyage sans arrêt alors que sainte Thérèse de Lisieux s’enferme dans un couvent ; Damien part chez les lépreux du Pacifique tandis que le curé d’Ars demeure avec les paysans de son village. Oui, chaque chrétien peut écouter le même Christ et le suivre sur sa propre voie, à son propre rythme, en utilisant les talents que Dieu lui a confiés. Si nous sommes appelés à écouter la voix du Christ, ce n’est cependant pas pour rester enfermés dans l’enclos.

Le bon berger fait sortir les brebis. Mgr Coffy disait : « Le chrétien ne vit pas une autre vie que la vie ordinaire, il vit autrement la vie ordinaire. » Nous devons rejoindre la vie ordinaire car la foi est une aventure, un exode. Elle nous conduit à ne pas nous reposer sur nos lauriers, à ne pas nous engluer dans une tranquillité routinière.


Dans la cacophonie ambiante, il n'est certes pas facile d'entendre la voix du Christ, pas facile de discerner sa présence quand les malheurs succèdent aux épreuves dans notre vie. Mais il existe quelques lieux où cette voix et cette présence se font connaître de manière sûre : les sacrements, la parole de Dieu, nos frères, les événements, joyeux ou douloureux.


En ce dimanche, nous pouvons prier pour tous les guides : guides politiques et religieux. Qu’ils puissent imiter Jésus, le berger par excellence, le vrai propriétaire des brebis ! Qu’ils aident chacun à accomplir sa vocation personnelle, qu’ils donnent l’audace de quitter les ornières de la médiocrité et du découragement, qu’ils s’exposent les premiers, qu’ils aient le souci de servir et non de se servir, qu’ils veillent à ne pas transformer les brebis qui leur sont confiées en moutons de Panurge, qu’ils disent la vérité au peuple au lieu de le caresser dans le sens du poil, qu’ils tiennent les engagements pris, qu’ils ne vivent pas dans un luxe insolent au moment où les brebis sont privées du minimum vital. Qu'ils ne soient pas sujets de scandales.


Je voudrais, pour terminer, citer l’apôtre Pierre : «Si l’on vous fait souffrir alors que vous avez bien agi, vous rendrez hommage à Dieu en tenant. » Ce qui est important ici, c’est l’appel à tenir bon et non la souffrance car l’évangile n’exalte pas la souffrance. Nous sommes invités à tenir bon dans la souffrance, dans les épreuves comme le Christ qui « couvert d’insultes s’est gardé d’insulter.


Que chacun de nous s’efforce en ce jour d’écouter la voix du Bon Pasteur, de se laisser envahir par la joie d’être connu de Lui, de se mettre à sa suite, découvrant la vocation personnelle que chacun de nous a reçue d’être son témoin là où il nous a appelés. Amen…

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Jésus, le bon Pasteur

Message non lu par stephlorant » mar. 17 mai 2011, 8:59

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (10, 11-18)

Jésus disait aux Juifs :
« Je suis le bon pasteur, le vrai berger. Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire, lui, n'est pas le pasteur, car les brebis ne lui appartiennent pas : s'il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s'enfuit ; le loup s'en empare et les disperse. Ce berger n'est qu'un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui.
Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.
J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.
Le Père m'aime parce que je donne ma vie pour la reprendre ensuite. Personne n'a pu me l'enlever : je la donne de moi-même. J'ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre : voilà le commandement que j'ai reçu de mon Père. »


Jésus vient rassembler, comme un bon pasteur son troupeau, tous les hommes de bonne volonté. Ceux-ci se reconnaîtront en lui, car ce berger les connaît intimement et les appelle par leur nom. En vérité, le pasteur aime chacune de ses brebis et la raison pour laquelle tous adhèrent à sa voix, car ce pasteur, contrairement au mercenaire, donne sa vie pour son troupeau.

Il en fut ainsi dès le temps de la première venue du messie. Après la résurrection, les brebis ne seront plus seulement celles de la maison d'Israël, mais leur nombre s'étendra pour comprendre tous les hommes, de toute la terre et de tous les temps.

C'est ce qui étonne Pierre qui s'exprime ainsi dans la première lecture: "Au moment où je prenais la parole, l'Esprit Saint s'empara de ceux qui étaient là, comme il l'avait fait au commencement pour nous.Alors je me suis rappelé la parole que le Seigneur avait dite : 'Jean a baptisé avec de l'eau, mais vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés.' S'ils ont reçu de Dieu le même don que nous, en croyant au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour empêcher l'action de Dieu ? »
En entendant ces paroles, ils se calmèrent et ils rendirent gloire à Dieu, en disant : « Voici que les païens eux-mêmes ont reçu de Dieu la conversion qui fait entrer dans la vie. »

C'est la raison pour laquelle, désormais, il n'y a plus de nourritures impures pour ceux qui croient dans le nom de Jésus. Mais, comme l'a justement fait remarquer le prêtre dans son homélie ce matin, Pierre a d'abord résisté par trois fois au Seigneur, qui lui ordonnait dans une vision de manger de toutes les viandes. C'est du fait de cette résistance - celle du premier Pape de l'ère chrétienne, qu'il nous a été demandé de prier pour les responsables de l'Église, afin qu'ils soient trouvés dociles aux incitations de l'Esprit-Saint.

Dimanche dernier, c'était la journée des vocations. Pour ma part, je prie instamment le Seigneur

- que l'Église n'hésite plus tant à désigner comme prêtres des hommes plus âgés, ayant déjà l'expérience de la vie dans le monde. Leur formation à la prêtrise en serait d'autant plus courte qu'il n'y aurait plus besoin de la doubler de l'apprentissage d'une profession.

- Je souhaiterais aussi que l'on propose aux jeunes en fin d'études de participer à une retraite de discernement.

-Et enfin, je ne comprends pas que beaucoup de prêtres que j'ai rencontrés ne m'ait pas écouté, car ma conversion leur semblait être un « léger trouble psychologique » - lorsqu'ils ont compris que j'étais tout à fait stable, je leur ai demandé d'apposer une petite affichette à leur porte où sur laquelle ils annonceraient clairement :affiché : « Ici, nous accueillons les convertis !»...

Mais veut-on réellement de nouveaux prêtres ?
In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum
http://www.youtube.com/watch?v=WDV94Iti5ic&feature=related (Philippe Herreweghe)

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Le bon pasteur donne la vie éternelle à ses brebis (Jn 10,

Message non lu par etienne lorant » mar. 17 mai 2011, 16:31

Evangile :
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Seigneur Jésus, tu es le vrai Pasteur : nous écoutons ta voix, nous marchons à ta suite. Alléluia. (cf. Jn 10, 27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

On célébrait à Jérusalem l'anniversaire de la dédicace du Temple. C'était l'hiver.
Jésus allait et venait dans le Temple, sous la colonnade de Salomon. Les Juifs se groupèrent autour de lui ; ils lui disaient : « Combien de temps vas-tu nous laisser dans le doute ? Si tu es le Messie, dis-le nous ouvertement ! » Jésus leur répondit : « Je vous l'ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage. Mais vous ne croyez pas, parce que vous n'êtes pas de mes brebis.Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »
(c) AELF 2011
http://www.aelf.org, le site officiel de la traduction française de la liturgie catholique

"Vous ne croyez pas parce que vous n'êtes de mes brebis", répond Jésus. Que faut-il donc pour devenir la brebis de Jésus ? Je réponds aussitôt : une attitude bien disposée. Il faut désirer connaître la vérité. Il faut tout simplement être une brebis, c'est-à-dire semblable à cet animal fragile et paisible, non-carnassier, qui a besoin du berger pour être guidé, protégé des prédateurs, ne pas tomber dans les ronces, ni s'égarer, mais aussi afin d'être reconduit à la bergerie pour y demeurer durant la mauvaise saison. Une brebis de Jésus a besoin d'être guidée: nous sommes tous pécheurs et nous savons bien l'étroite nécessité où nous sommes d'être conduits pas à pas, durant tout le temps que durera notre parcours terrestre.

Les pharisiens ne font donc que poser une question de pure forme, à moins qu'il ne s'agisse encore d'un piège. S'il répond oui, ils crieront au blasphème; s'il répond non, alors tous les miracles qu'il accomplit viennent du diable. Il est clair, de toute manière, que tous ceux et celles qui ne croient pas au Christ ne sont pas de vrais chercheurs de vérité. La vérité qu'ils prétendent chercher et découvrir ne sort que de leur ventre, siège de leurs passions. Or, c'est pour moi une chose évidente que la recherche de la vérité entraîne l'âme dans une réelle conquête. Et ce n'est guère étonnant que beaucoup d'hommes et de femmes se sont éloignés très loin de leur milieu afin de la découvrir. Je songe ici à Lanza del Vasto qui racontait qu'après de longues études universitaires, il s'étonnait de ne pouvoir rendre compte des choses les plus simples - c'est qu'il devait forcément il y avoir autre chose. Il parti à pieds à la rencontre de Ghandi, et ensuite, il effectua un pèlerinage en terre sainte, toujours à pieds. Mais il n'est pas non plus indispensable de se déplacer : celui qui ressent le besoin de vérité creuse en lui-même et finit par la trouver. Mais il n'est déjà plus le même.

La répétition de l'expression "les arracher de la main" indique, si besoin est, à quel point le démon est déchaîné contre les fidèles et surtout contre les convertis, tous ceux et toutes celles qui ayant auparavant suivi d'autres chemins ont finalement découvert le Christ. Ceux-là, selon le propos de mon vieux maître, provoquent la fureur du diable qui réclame à Dieu qu'ils soient soumis à des épreuves - et souvent Dieu le permet car les plants de vigne qui ont été taillés portent plus de fruits encore.

Dieu a miséricorde de tous ses enfants !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Récrimination Frères de Langues Grecque contre Hébraïque

Message non lu par PriereUniverselle » mar. 24 mai 2011, 2:26

5e dimanche de Pâques/A : Ac 6, 1-7 et Jn 14, 1-12

Dans le passage des Actes des apôtres qui nous est proposé en ce dimanche, les frères de langue grecque récriminent contre ceux de langue hébraïque parce que, disent-ils, les veuves de leur groupe sont désavantagées dans la distribution des secours.

Saisis de l’affaire, les Douze convoquent une assemblée. Ils proposent, au cours de cette assemblée, qu’on choisisse sept personnes « remplies d’Esprit saint et de sagesse » pour le service des repas. La proposition plaît à tout le monde…

Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie qu’il n’y a pas de communauté parfaite, sans histoire, sans problème (on peut dire la même chose des familles et des couples).

Ne rêvons pas d’une Église de purs ou de saints. Les Pierre, Jacques, André, Jean, Judas… n’étaient pas des saints mais de pauvres types, des pécheurs, que Jésus n’a cessé d’inviter à devenir « saints comme le Père céleste est saint ». Les premiers chrétiens n’étaient pas saints non plus.


Il leur est arrivé plusieurs fois de tempêter les uns contre les autres parce que des choses « bizarres », peu catholiques, se passaient dans leur communauté. Ces chrétiens étaient cependant capables de s’asseoir pour régler leurs problèmes.


C’est cela que je trouve intéressant et que nous devrions imiter : quand quelque chose nous a blessés ou choqués dans l’Église, quand nous avons l’impression que celle-ci est autre chose qu’« un lieu de vérité, de justice, de paix et d’amour », il ne s’agit pas de se dire qu’on va prier désormais chez soi ou dans une autre communauté mais d’exprimer son malaise dans la communauté.


Dans l’évangile, ce n’est pas seulement le départ de Jésus vers le Père qui bouleverse les disciples. Ce qui les bouleverse le plus, c’est qu’ils ne savent même pas où va le « maître et seigneur » comme le montre bien la remarque de Thomas.


Celui-ci pose une question fondamentale, la question que l’humanité n’a cessé de se poser : où vont ceux qui meurent ? Où allons-nous après cette vie ? Qu’y a-t-il après la mort ? Ceux qui se disent athées estiment que le ciel est vide, que la mort est la fin de tout.


Jésus, lui, affirme que l’Histoire a un sens, c’est-à-dire une direction : nous n’allons pas vers le néant, nous ne finissons pas dans un trou noir ; nous serons avec Dieu. C’est ce que traduisent les mots « maison » et « demeure ». Il dit aussi qu’il est, non pas un chemin parmi tant d’autres, mais « le chemin ». Jésus est le chemin parce qu’il est le seul à avoir vu le Père et le seul à être mort et ressuscité.

Cela ne veut pas dire que les non-chrétiens ne seront pas sauvés (pourquoi un Gandhi, apôtre de la non-violence, ne serait-il pas sauvé ?); cela veut dire que Jésus ne peut être mis sur le même plan que Mahomet, Bouddha, Confucius…

« Je suis le chemin » signifie également vous ne pourrez trouver une demeure dans la maison du Père que si vous vous efforcez de vivre comme j’ai vécu, c’est-à-dire en continuant à avoir confiance en Dieu même si autour de vous tout semble s’écrouler, même si vos « amis » et parents vous abandonnent, vous trahissent ou vous renient, en ne faisant pas de différence entre les personnes, en devenant compatissants, en vivant simplement et humblement, etc.

Amen.

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L'Esprit de Vérité, le Saint-Esprit !

Message non lu par PriereUniverselle » dim. 29 mai 2011, 0:38

6ème dimanche de Pâques- A : Jean 14, 15-21


A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c'est l'Esprit de vérité. Le monde est incapable de le recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous, et qu'il est en vous ».

Afin de nous préparer à la fête de la Pentecôte, la liturgie de ce dimanche attire notre attention sur l'Esprit Saint. Qui est-il, cet Esprit que Jésus nous promet et dont il est abondamment question dans son discours après le dernier repas du jeudi saint ?

Pour comprendre de quoi il s’agit, nous devons nous reporter à l'expérience faite par les 11 apôtres dès les premiers jours de l'Eglise. Jésus les avait quittés depuis quelques jours. Ils ne le voyaient plus. Et pourtant, ils avaient conscience qu’il était réellement présent dans leur vie personnelle et dans la vie de la petite communauté.

Il ne s'agissait pas de sentiments ou d'impressions plus ou moins fugitives, mais d'une réalité. Le Seigneur inspirait leurs paroles et leurs actes à telle enseigne qu'ils pouvaient se dire entre eux : « C'est l'Esprit de Jésus qui est en nous, c’est lui qui nous anime et nous pousse ». St Paul le résumera quelques années plus tard dans une formule saisissante : « Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi » (Gal 2, 20).

Pour eux, il s'agissait donc d'une présence réelle de Jésus. Une présence non plus extérieure, mais intérieure à chacun d'eux. Jésus était présent et vivant en eux. Pour décrire cette expérience, ils emploieront certains termes : « demeure », « temple ». Par exemple, aux Corinthiens St Paul posera la question : « Ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint Esprit » (1 Co 6, 19) ? Il voulait leur dire que l’Esprit saint est présent en eux comme l'intelligence est présente dans la main qui dessine ou peint.


Si on peut parler de l'esprit cartésien, de l’esprit gaulliste ou de l’esprit socialiste, on peut aussi parler de l'esprit de Jésus, c’est-à-dire la manière dont le Christ voit Dieu, l’homme et le monde. Nous découvrons dans les évangiles que Jésus a abordé le monde et les hommes avec un parti pris de justice, de compassion, de bienveillance. Il était animé par une volonté de servir : « Le fis de l’homme n’est pas venu pour être servi… » (Mc 10, 45). Il a pris fait et cause pour les petits et les défavorisés.

Il a dit à Pilate : « Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité ». Il était convaincu que la vérité libère (Jn 8, 32), qu’elle libère non seulement celui qui la dit mais aussi celui qui l’accueille. Il n’a jamais méprisé l’argent, le pouvoir, tout ce qui peut contribuer à l’épanouissement de l’homme mais il a fait montre d’une extraordinaire liberté vis-à-vis de ces choses-là. Jamais il ne s’est prosterné devant qui que ce soit pour acquérir richesse, honneurs et pouvoir.

Il a fait passer l’homme avant le respect de la loi, avant l’observance des coutumes. Car, pour lui, la route de Dieu passe par l’homme. Jean-Paul reprendra cette idée dans sa première encyclique, Le rédempteur de l’homme. Il a aimé sans calcul et sans réserve. Il a refusé d’imposer et de s’imposer : « Si tu veux », disait-il. Il ne se regardait pas comme le centre du monde. Aux apôtres il a déconseillé l’usage de la force. La souffrance des autres ne l’a jamais laissé indifférent.

Il a ainsi cheminé avec les deux disciples qui se rendaient, tristes et découragés, à Emmaüs, pleuré avec Marthe et Marie à la mort de Lazare. Il a été remué jusqu’aux entrailles face aux foules affamées et fatiguées. Pour lui, tout homme était un frère créé à l’image de Dieu. C’est pour cette raison qu’il s’est ouvert à des Samaritains, à des Romains et à des Syro-Phéniciens. Il remerciait le Père céleste avant de lui demander ceci ou cela : « Père, je te bénis, je te rends grâce ».

C’est cela l’Esprit de Jésus. C’est cet Esprit que Pierre et Jean appellent sur les gens de Samarie dans les Actes. C’est de cet Esprit que les destinataires de la lettre de Pierre sont appelés à témoigner, eux qui vivent dans un milieu païen et sont exposés à "faire comme tout le monde". Pierre leur rappelle que leur norme, c’est le Christ et les invite non pas à fuir le monde mais à y rester pour incarner l’Esprit du Christ et s’expliquer devant ceux qui leur demanderont de rendre compte de l’espérance qui est en eux.

C’est ce même Esprit que nous sommes invités à manifester là où nous vivons et travaillons. Nous sommes le lieu où le Christ parle et agit. Celui-ci n'est plus physiquement visible. Il disparaît dans l'homme.

C’est à nous de le manifester désormais ! C’est à nous de produire les fruits de l'Esprit dont Paul dit qu’ils sont amour, joie, paix, patience, bienveillance, bonté, fidélité, douceur et maîtrise de soi (Gal 5, 22). Rester fidèle à cet Esprit du Christ dont nous avons hérité par le baptême et la confirmation, vivre dans le monde comme le Christ a vécu n’est pas chose facile mais le Christ nous rassure : « Je ne vous laisserai pas orphelins. Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui ».

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La prière de Jésus = la prière sacerdotale !

Message non lu par PriereUniverselle » lun. 06 juin 2011, 18:56

7ème dimanche de Pâques

La liturgie de ce dimanche de Pâques nous propose la prière de Jésus. Une prière longue et
émouvante.

La tradition l’appelle la prière sacerdotale parce que Jésus intercède comme prêtre situé entre Dieu et les hommes. On dit aussi "prière œcuménique" parce qu’elle insiste sur l’unité : « Que tous soient un » ! Pendant trois ans, Jésus a guéri des malades, pardonné aux pécheurs, chassé démons et mauvais esprits, expliqué en quoi consiste le Royaume de Dieu et comment y entrer.

Au terme de cet engagement total, il se met à prier pour ses apôtres qu’il va laisser dans le monde. Chez Jean, le mot « monde » a deux sens totalement différents. Positivement, il s’agit de la terre qu’il nous faut aimer et rendre plus juste, plus fraternelle, plus humaine. Négativement, c’est le monde hostile à Jésus et à son message.

C’est de ce monde-là qu’il est question dans la prière de Jésus. Les disciples y sont envoyés pour être témoins d’amour et d’espérance. Ils y seront exposés à la persécution, à la prison et à la mort. C’est pourquoi Jésus prie pour eux. Mais Jésus prie aussi pour que le Père lui donne la gloire qu’il avait auprès de lui avant le commencement du monde.

La gloire, dans la tradition hébraïque et biblique, c’est le poids réel d’un être. Et Jésus est venu nous apprendre que Dieu seul fait le poids parce que lui seul ne nous déçoit jamais, lui seul a triomphé de la mort, lui seul peut pardonner les péchés. Les choses les plus belles ont moins de poids que Dieu.

Même l’amour et l’amitié paraissent bien fragiles et parfois décevants en comparaison avec la tendresse et la fidélité de Dieu ! Oui, Dieu seul "fait le poids" ! La gloire de Jésus, ce qui donne du poids à sa vie, ce ne sont ni les splendeurs, ni les honneurs mais l’amour fidèle qui le conduit à devenir ami des pécheurs et des exclus, à laver les pieds de ses disciples, à accepter d’être crucifié comme un criminel. Il y a parfois dans nos vies des poids importants que nous traînons, des épreuves qui nous ont marqués pour la vie, des situations professionnelles ou familiales qui ont du mal à se débloquer.

Il ne s’agit pas de les fuir, de nous débarrasser de ce qui nous pèse ou empêche d’aller aussi vite que nous aurions aimé. Si nous voulons glorifier Dieu dans notre vie, que ce ne soit pas malgré mais avec ces pesanteurs-là. Pour continuer sa mission, le Ressuscité a besoin d’hommes et de femmes qui pèsent lourd parce qu’ayant réussi à traverser bien des épreuves sans amertume ni haine, sachant ce que signifie avoir expérimenté l’échec, la ersécution, la trahison, l’humiliation ou l’abandon. C’est dans ces témoins-là qu’il trouve sa gloire.

Il n’y a pas que Jésus qui prie dans les textes de ce jour. Les apôtres, eux aussi, prient. Dans les Actes des apôtres, on les voit participer fidèlement à la prière avec quelques femmes dont la mère de Jésus. Conscients de leurs limites et de leurs faiblesses, ils prient en effet pour la venue de l’Esprit Saint sur eux. C’est cet Esprit qui témoignera par eux. C’est son témoignage qui passera dans leur regard, leur parole et leur vie.

Il en va de même pour l’Eglise d’aujourd’hui. Celle-ci ne peut être missionnaire sans se laisser guider et animer par l’Esprit Saint. Missionnaires, nous le sommes tous mais de manière différente : certains comme prêtres, religieux ou religieuses, d’autres comme laïcs engagés dans l’Eglise et dans la société. Dans la diversité de nos responsabilités, c’est le même Esprit qui agit. Que cet Esprit nous donne d’être les signes vivants de l’amour de Dieu dans notre vie de tous les jours !

Qu’il fasse de nous des gens capables de donner comme Jésus qui ne garde rien pour lui : « Je leur ai donné les paroles que tu m’avais données »,
ne confisque rien, ne se voit pas comme propriétaire des choses. Même les hommes qui ont accepté de le suivre ne sont pas sa propriété privée. « Ils étaient à toi, tu me les as donnés », dit-il à son Père. Il agit ainsi parce que tout ce qu’il est et tout ce qu’il a vient de son Père. Il est Dieu-donné et Dieu-donnant. Il se fait don pour que nous soyons donnés à nos frères. Ce qui parlera le plus de Dieu, en effet, c’est notre capacité à nous donner aux autres.

Que le saint Esprit nous donne aussi d’être unis entre nous ! Car des chrétiens divisés entre eux ont peu de chance d’être reconnus comme disciples du Christ. Par le baptême, nous devenons membres de la grande famille de Dieu. Le Christ veut que cette famille soit unie. C’était une grande réoccupation pour lui au moment de quitter les siens : « Père, qu’ils soient un comme toi et moi nous sommes un ». Oui, Blancs, Noirs, Jaunes, qu’ils soient un ! Qu’il n’y ait pas de racisme, de tribalisme, de fracture sociale entre eux !

Que l’Esprit saint nous accorde le goût de la prière ! S’il est important de travailler, de prêcher, de s’occuper des pauvres, de soigner les souffrants, nos activités ne seront fécondes que si elles sont portées par la prière. Le chrétien doit toujours revenir aux pieds de son Maître pour lui présenter les joies et les peines des hommes, pour demander la lumière et la force du saint Esprit. Il est invité à prendre ce temps de prière qui lui permettra d’être en harmonie avec celui qui l’envoie.

Dans cette prière, le rôle de Marie est à souligner. La mère de Jésus était présente dans le groupe des apôtres. Elle continue d’accompagner et de soutenir notre prière. Elle nous renvoie au Christ. Elle nous dit comme aux serviteurs de Cana : «Faites tout ce qu’il vous dira ». Que notre cœur soit accueillant à la venue de l’Esprit saint pour que notre vie dise au monde quelque chose de la présence et de l’amour du Christ.

Amen !

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Ouvrons notre esprit et notre cœur à l’Esprit de Dieu !

Message non lu par PriereUniverselle » dim. 12 juin 2011, 17:54

Pentecôte 2011 : Actes 2, 1-11, 1 Co 12, 3-7.12-13 et Jean 20, 19-23


Ouvrons notre esprit et notre cœur à l’Esprit de Dieu ! Bonne fête de la Pentecôte 2011 !


Selon saint Jean, c’est le soir de Pâques que les apôtres reçoivent l’Esprit saint. Quant à Luc, il situe la venue de l’Esprit saint 50 jours après Pâques. Soit dit en passant, « pentecôte » vient d’un mot grec , « pentêkostê »,qui signifie « cinquantième ». L’Esprit Saint est-il descendu sur les apôtres le
cinquantième jour après la résurrection ou bien le soir de Pâques ?

La réponse à cette question a peu d’importance. Le plus important, c’est le changement qui se produit dans la vie des disciples après que le Ressuscité eut répandu son souffle sur eux. Si l’on en croit le récit des Actes, Pierre et ses compagnons se mettent en effet à parler en d’autres langues de sorte
que Parthes, Mèdes, Élamites, Romains, Arabes et Crétois les entendent proclamer les merveilles de Dieu dans leur langue maternelle. Eux qui étaient obligés de vivre cachés et de verrouiller les portes du cénacle par peur des Juifs, ils vont ce jour là parler ouvertement de ce Jésus ressuscité par Dieu
après avoir été livré et crucifié par les Israélites. Nous avons là une caractéristique de l’Esprit saint : sa capacité à transformer les personnes à qui il est donné (il fait passer les apôtres de la peur au courage et à l’audace).

Deuxième caractéristique de l’Esprit Saint : il est imprévisible et insaisissable comme le vent dans la mesure où il vient quand il veut et souffle où il veut. On ne le possède pas ; au contraire, c’est lui qui nous possède. « Tu ne sais ni d’où il vient ni où il va », disait Jésus à Nicodème. La seule chose que nous sachions, c’est qu’il nous conduit, qu’il nous accompagne comme il conduisait Abraham, Moïse ou la sainte famille.

Troisièmement, l’Esprit Saint est dispensateur de dons. En effet, chacun de nous reçoit de lui un ou plusieurs dons, non pas pour fanfaronner ou pour faire marcher les autres mais uniquement en vue du bien de tous, pour l’édification de la communauté. Enfin, l’Esprit Saint nous met en marche ; il nous envoie en mission. Une mission qui consiste d’abord à voir et à traiter toute personne comme un frère car, comme dit Paul, « tous, juifs et païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps » (1 Co 12, 13). Membres d’un seul corps, enfants d’un seul et même Père, nous sommes cependant différents les uns des autres à tout point de vue parce qu’il est bon que, tout en étant relié aux autres, chacun reste lui-même, pleinement lui-même.

L’Esprit saint nous invite à honorer cette unité dans la diversité, à rejoindre chacun dans sa langue, à refuser le nivellement, à dire non à la pensée unique car prier le même Dieu ne signifie pas le prier de la même façon. Arabes, Elamites, Parthes, Mèdes et Crétois, chacun entendait le message des apôtres dans sa propre langue, écrit Luc dans les Actes des apôtres. Chacun comprenait les apôtres dans sa propre langue probablement parce que ces derniers voulaient non pas s’affirmer mais proclamer les merveilles de Dieu contrairement aux bâtisseurs de la tour de Babel qui recherchaient leur propre gloire (Gn 11, 4).

Chacune de nos initiatives peut être Babel ou Pentecôte, c’est-à-dire volonté de domination ou volonté de servir, repli sur soi ou ouverture aux hommes et à Dieu, nivellement ou accueil de la différence. En effet, A Babel, les hommes rêvaient d’un monde où tout le monde parlerait la même langue, où
chacun serait semblable à tous les autres. Ce rêve échoua parce que le projet de Dieu sur l'humanité n'est pas l'uniformité ou le nivellement mais le respect et l’accueil des différences.

A la Pentecôte, au contraire, toutes les langues et toutes les cultures sont prises au sérieux. Que Dieu donne à chacun de nous la grâce et la force d'honorer cette diversité des manières de voir et de faire ! Que notre société et notre Eglise se rapprochent plus de Pentecôte que de Babel ! La paix du monde ne peut se réaliser par l’imposition d’une seule langue, une seule culture. De plus, l’uniformité appauvrit. Seule la diversité des caractères, des goûts, des langues et des cultures enrichit. La mission consiste aussi à remettre à nos frères leurs péchés, à pardonner à ceux qui nous ont offensés.

Quand, dans l’évangile de ce dimanche, Jésus souhaite la paix aux apôtres et les exhorte à se pardonner, il veut montrer que seul le pardon libère et apaise à la fois le coupable et la victime.

Que l’Esprit Saint nous aide à nous pardonner ! Qu’il guérisse les blessures plus profondes de nos cœurs ! Qu’il nous rende forts et courageux afin que nous puissions abattre les barrières et les murs qui existent entre les peuples, les classes, les religions, les ethnies et les races. Qu’il fasse de nous des hommes et des femmes tolérants !

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Dieu nous rencontre dans le murmure d'une légère brise !

Message non lu par PriereUniverselle » lun. 08 août 2011, 21:46

19ème dimanche A : Mt 14, 22-33

Après la multiplication des pains, Jésus renvoie tout le monde : les disciples sur l’autre rive et les foules dans leurs villages. D’une part, pour les détourner de l’idée qu’il est un roi temporel (Jn 6, 15), le messie attendu par Israël, celui qui viendrait chasser l’occupant romain ; d’autre part, pour leur signifier que les nourritures terrestres, quelque nécessaires qu’elles soient, ne sont pas les plus importantes. Après quoi, il se rend dans la montagne à l’écart, pour prier.

La montagne : lieu privilégié de la rencontre avec Dieu (1 R 19, 9). Pensons, par exemple, à la rencontre d’Élie avec Yahvé sur le mont Horeb, rencontre qui n’est pas sans rappeler celle que fit Moïse sur la même montagne. Nous devons comprendre ici que, si transformer le monde, combattre la famine, lutter contre la misère et l’injustice sont des tâches fort utiles, la rencontre avec Dieu ne l’est pas moins.

Jésus veut nous dire, en d’autres termes, que prier n’est pas une perte de temps dans un monde qui apparaît souvent comme une. C’est dans la prière, en effet, que nous pouvons voir si notre manière d’être et de faire est en conformité avec la volonté de Dieu. C’est elle qui nous permet encore de découvrir que, même si la maladie, l’échec, les guerres, les tensions entre pays, les coups d’État nous font souffrir, ils n’ont pas le dernier mot.

Celui qui a le dernier mot, c’est bien le Christ qui « est au-dessus de tout » (Rm 9, 15) et domine les eaux. Ce Christ, pouvons-nous éprouver sa présence aujourd’hui ? Si oui, comment se manifeste-t-il ? Élie pensait trouver Dieu dans l’ouragan, le tremblement de terre et le feu. Il ne le rencontra que dans « le murmure d’une brise légère ».

Cessons donc de courir après le merveilleux, le spectaculaire. Comme le bien, Dieu ne fait pas de bruit. C’est dans l’humble ordinaire de nos vies qu’il se donne à découvrir. En effet, Dieu n’a pas arrêté de se manifester. Il nous parle, nous fait signe ; il vient à notre aide ; il est prêt à nous secourir lorsque la tempête fait rage et que nulle clarté ne luit ; il passe constamment près de nous dans la personne d’un frère, d’un ami, d’un voisin qui vole à notre secours ou qui a besoin de notre aide mais nous ne sommes guère conscients de son passage, soit parce que nous le cherchons dans des événements extraordinaires, soit parce que nous sommes distraits, empêtrés dans nos petits problèmes ou repliés sur nous-mêmes.

Les trois lectures de ce dimanche nous enseignent aussi que notre foi ne peut nous conduire à une rencontre en vérité avec le Seigneur que si nous avons fait l’expérience de notre propre fragilité, que si nous nous sommes débarrassés de toute prétention.

Une prétention qui avait conduit Élie à penser qu’il pouvait se sauver lui-même en se réfugiant dans la caverne. On voit la même chose avec Pierre. Tant que celui-ci s’appuyait sur l’ordre de Jésus, il pouvait marcher sur l’eau. Dès qu’il détourna son regard de Jésus, il commença à perdre pied. Nous ne sommes forts que si nous nous accrochons au Christ ; notre foi ne s’approfondit que quand nous nous dépouillons de nous-mêmes, quand nous acceptons de quitter nos fausses sécurités.

« Homme de peu de foi », dit Jésus à Pierre. La foi, nous l’avons toujours petite, fragile, imparfaite. En effet, notre cheminement spirituel est un mélange d’élan et de doute, d’enthousiasme et de désespoir, de confiance et d’appel au secours à Jésus quand la barque de notre vie est battue par les vagues d’une mer déchaînée.

Autant dire que la foi n’est pas définitivement acquise, que nul ne peut prétendre la posséder une fois pour toutes, que nous ignorons comment elle sera dans les mois à venir. La seule certitude est que, dans nos tempêtes (nos épreuves même les plus douloureuses et incompréhensibles), le Christ nous accompagne, nous disant comme aux disciples sur le lac de Galilée: « Confiance ! N’ayez pas peur ! ».

Amen.

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Pour le Christ, L'essentiel n'est pas là où nous pensons !

Message non lu par PriereUniverselle » lun. 29 août 2011, 3:43

21ème dimanche ordinaire –année A : Mt.16, 13-20

Le Christ n’attend pas d’abord de nous une connaissance intellectuelle sur lui...

Juifs, Grecs, Syriens et Romains avaient fait de Césarée de Philippe une ville d’adoration de leurs dieux. C'est dans cette ville abritant de nombreux temples que le charpentier de Galilée demande à ceux qui l'accompagnent : « Le Fils de l’homme, qui est-il d’après ce que disent les hommes ? ». Réponses des disciples : « Pour les uns, il est Jean-Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes ». Mais Jésus n’est pas satisfait de cette réponse. Si Jésus n’est pas satisfait de la réponse des disciples, c’est aussi parce que le ouï-dire ne l’intéresse pas. Il veut que les disciples se prononcent personnellement. C’est pourquoi il pose une autre question: « Et vous, que dites-vous ?

Pour vous, qui suis-je ?». Cette fois-ci, Simon-Pierre prend la parole au nom des disciples. Pour lui, Jésus n’est pas seulement l'’un des prophètes, un envoyé de Dieu mais L’envoyé, Le Messie attendu depuis des siècles, le Fils du Dieu vivant.

Dans le contexte de l'époque, la réponse de Pierre est stupéfiante. D’abord, parce que les juifs n'avaient pas coutume de prononcer à haute voix le nom de Dieu ; ensuite, parce qu’elle vient d’un petit pêcheur juif. Pierre aurait pu être crucifié pour une telle déclaration. Loin de s'offusquer, Jésus approuve Pierre avant de préciser qu'une telle révélation lui vient de Dieu. « Ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux ».

Cette histoire s’est passée il y a deux mille ans, loin d’ici. Les lieux ont changé, les Dieux aussi. Les dieux d’aujourd’hui sont en effet plus matériels. Le bonheur qu’ils sont censés apporter est immmédiat et palpable. Mais, comme les faux-dieux d’hier, ils risquent de nous éloigner de nous-mêmes, de nous détourner de Celui pour qui nous avons été créés. C’est la raison pour laquelle cet évangile s’adresse à chacun d’entre nous. Le Christ n'attend pas d’abord de nous une connaissance intellectuelle sur lui, que nous lisions des livres sur sa vie. Il nous demande de le connaître, de nous abandonner à lui, de lui faire confiance,d'entrer en relation avec lui. Cette relation se vivra de diverses manières en fonction de chacune de nos histoires personnelles.

Voici la réponse d’une femme de 34 ans qui avait le cancer et à qui on portait la communion : « Les médecins m’ont dit avant-hier que mes jours sont comptés. Or je continue à être en colère contre le père de ma fille, 8 ans après notre séparation qui s’est très mal passée. Je voudrais partir après lui avoir pardonné ; je voudrais me réconcilier avec lui puisque Jésus nous appelle à pardonner. » Trois jours plus tard, son ex-mari vint chez elle, elle se confessa puis fit la paix avec lui. Pour cette femme qui décéda dans la semaine qui suivit, Jésus était le pardon. Sa réponse n’était ni intellectuelle ni sentimentale mais quelque chose de vécu, un témoignage. Et nous, quelle est notre réponse ? Pour nous, qui est Jésus ? Qu’est-ce qu’il représente pour nous ? Bref, quelle(s) idée(s) nous faisons-nous de lui ?

Bref, le premier parmi les disciples, Pierre a reconnu Jésus comme le Fils du Dieu vivant. Dès cet instant, il met une confiance indéfectible en Jésus, il est prêt à donner sa vie pour lui. Pour sa part, Jésus a désormais une confiance totale en Pierre. D’où cette réponse : « Sur toi, je bâtirai mon Église, et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux; tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux ».

Pierre devient ainsi le premier chef visible de l'Église. Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est à un simple pêcheur que Jésus confie la direction de son peuple. Il en sera ainsi pour la suite des âges : l'Église que nous sommes sera confiée non pas à des héros mais à des hommes fragiles et limités. D’autre part, nous devons comprendre que Jésus n'a pas donné à Pierre la propriété de l'Église. L’Eglise ou communauté des croyants appartient au Christ : « sur toi je bâtirai mon Eglise », dit Jésus. C'est ce dernier qui nous convoque tous les dimanches. C'est lui qui rassemble, bâtit la communauté. C'est lui qui inspire et dirige l’Eglise. C'est lui qui nous conduit. Si l’Eglise était l’affaire des hommes, elle aurait disparu depuis longtemps. En confiant l’Eglise à Pierre, Jésus a voulu bâtir une communauté d’hommes et de femmes qui se rassemblent pour faire quelque chose ensemble. Il en résulte qu’on ne peut être chrétien tout seul. Car une foi solitaire s’atrophie et meurt à petit feu.

Dans cette Église, tout n'est pas parfaitement pur ni pleinement achevé. Mais le Seigneur a confié à Pierre le service du discernement et du pardon. C'est Pierre qui devra juger si les membres de l'Église vivent en conformité avec le projet de Jésus. Désormais, pour connaître le Christ et pour vivre en communion avec lui, il sera impossible de contourner l'Église. Car le pouvoir des clés et le pouvoir de lier et de délier ont été confiés à Pierre.

Nous pouvons nous demander pourquoi Jésus a donné autant de pouvoirs à un simple pêcheur. L’apôtre Paul pose la même question dans sa lettre aux Romains : « Les décisions du Seigneur sont insondables ; ses chemins, impénétrables. Qui a connu sa pensée ? » L’important n’est pas de connaître la pensée du Seigneur mais de faire confiance à Pierre et à l’Eglise, de les écouter en dépit des limites et faiblesses qu’ils peuvent avoir. Parce que Jésus a été le premier à leur faire confiance.

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La foi est loin d’être un long fleuve tranquille !

Message non lu par PriereUniverselle » lun. 29 août 2011, 3:49

22ème dimanche A : Mt 16, 21-27 - (2011)

La foi est loin d’être un long fleuve tranquille !

Dimanche dernier, quand Pierre déclara à Jésus « tu es le messie », il fut félicité et désigné comme le roc sur lequel sera bâtie l’Église du Christ. Mais quelle idée Pierre se faisait-il du « messie » ? Comme beaucoup de Juifs, Pierre attendait un messie fort, puissant, invincible. Jésus, lui, se présente comme un messie vulnérable, désarmé. Nous comprenons dès lors pourquoi il annonce aux disciples qu’il doit « partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes, être tué et ressusciter le troisième jour ». Nous comprenons aussi pourquoi il sermonne Pierre en ces termes : « Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. »

Quelles sont les pensées des hommes ? C’est la première question à laquelle je voudrais répondre. Les hommes pensent que vous n’êtes rien si vous ne possédez ni richesse, ni savoir, ni pouvoir ; ils rêvent de gloire et de succès, de triomphe et de titres ; ils sont assoiffés d’argent et d’honneurs ; ils attachent beaucoup d’importance aux apparences, s’intéressent davantage au contenant qu’au contenu ; ils veulent « gagner le monde entier » et sont prêts, pour cela, à piétiner, à écraser, voire à tuer leurs frères. Pour Jésus, la seule valeur de l’homme réside dans sa capacité à aider ses semblables à vivre et à vivre debout. Pour lui, exister, c’est sortir de soi-même, comme le suggère l’étymologie latine de ce verbe (ex-ire), Pour lui, l’homme n’est vraiment homme que s’il fonde sa vie sur l’amour, sur le don de soi.

Pour Saint Paul, qui exhorte les Romains à offrir à Dieu leur personne et leur vie, « c’est là l’adoration véritable ». Si le Christ est séduisant (« tu m’as séduit et je me suis laissé séduire », affirme Jérémie), c’est d’abord parce qu’il s’est offert, parce qu’il a accepté de perdre sa vie, parce qu’il a renoncé à lui-même. C’est sur ce chemin de renoncement à soi-même que le Christ nous appelle à le suivre. Renoncement que S. Kierkegaard explique de la manière suivante : « Deux jeunes s'aiment mais ils appartiennent à deux peuples différents et parlent deux langues totalement différentes. Si leur amour veut survivre et grandir, il est nécessaire que l’un des deux apprenne la langue de l'autre. Sinon, ils ne pourront pas communiquer et leur amour ne durera pas. Ainsi en est-il entre Dieu et nous. Nous parlons le langage de la chair, lui celui de l'esprit ; nous parlons le langage de l'égoïsme, lui celui de l'amour. Renoncer à soi-même, c'est apprendre la langue de Dieu. »

Mais Jésus ne parle pas que de renoncement à soi-même. Il nous invite aussi à prendre notre croix. Celui qui dira plus tard à Gethsémani « Père, si cela est possible, que ce calice s’éloigne de moi » (Mt 26, 42) ne veut pas faire ici l’apologie de la souffrance. En nous invitant à prendre notre croix, il ne nous demande pas de rechercher la souffrance. Ce qu’il veut dire, c’est que la vie chrétienne n'est pas facile. Il est effectivement difficile de vivre le partage et la solidarité alors même que tout pousse à amasser et à dépenser pour soi ; difficile de passer une heure auprès d’un malade ou d’une personne âgée quand on s’imagine que d’autres peuvent utiliser ce temps pour gagner plus d’argent, difficile de pardonner à ceux qui nous ont offensés ou blessés, difficile de s’afficher comme chrétien dans un environnement qui proclame que « Dieu est mort » et où certains médias prennent un malin plaisir à dénigrer l’Église et à la tourner en dérision, difficile de résister à la tentation du divorce dans une société où beaucoup de mariages ne durent pas plus de cinq ans, difficile d’être honnête en affaires quand les règles économiques sont celles du plus fort ou des dessous de table.

Face à ces difficultés, nous pouvons être tentés d’abandonner la partie, de baisser les bras. Jérémie a connu pareille tentation mais n’y a pas succombé comme il le confesse lui-même dans la première lecture de ce 22e dimanche : « À longueur de journée, la parole du Seigneur attire sur moi l’injure et la moquerie. Je me disais ‘‘je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son nom’’. Mais il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus profond de mon être. Je m’épuisais à le maîtriser, sans y réussir. » Devant ce Jérémie tour à tour découragé et retrouvant l’envie de témoigner du Seigneur, nous comprenons que la foi est loin d’être un long fleuve tranquille.

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Re: La foi est loin d’être un long fleuve tranquille !

Message non lu par gerardh » lun. 29 août 2011, 11:41

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Bonjour,

Dans un psaume, il y a : "demeure tranquille, appuyé sur l'Eternel".



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Acquittons-nous de la charité fraternelle avec douceur !

Message non lu par PriereUniverselle » mar. 13 sept. 2011, 18:52

23ème dimanche ordinaire : Matthieu 18, 15-20

Ceux que nous côtoyons en famille, au travail, dans les partis politiques, dans les associations, dans les groupes de prière, dans les communautés religieuses, etc. sont nos frères. Que faut-il faire quand ces frères ont commis un péché ? Faut-il se taire ? Non, car le silence peut favoriser et couvrir le mal. « Ce monde est dangereux, non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui savent et qui se taisent », disait le physicien allemand Albert Einstein.

Oui, il y a des silences dangereux comme il y a des silences complices ! Des silences hypocrites déguisés en tolérance ! Nous ne pouvons pas nous taire quand nous voyons nos frères se fourvoyer car Dieu nous veut responsables les uns des autres, il veut que nous veillions les uns sur les autres comme le prophète Ézéchiel était naguère une sentinelle pour la maison d’Israël. Si nous devons parler, c’est enfin parce que Dieu nous demandera des comptes si nous n’avertissons pas le méchant, si nous ne l’invitons pas à abandonner sa mauvaise conduite. Ne nous dérobons donc pas à ce devoir d'admonestation corrective fraternelle.

Mais comment s’y prendre ? Question capitale car, si nous avons besoin de courage et de franchise pour dénoncer le mal sous toutes ses formes, il est aussi nécessaire que nous ayons assez de tact de bonté et de délicatesse pour le faire de manière constructive afin que cette amicale correction apparaisse non pas comme une disqualification mais comme un encouragement. N’oublions pas que, quand nous intervenons, ce n’est pas pour ridiculiser, accabler ou humilier mais pour prévenir, pour aider l’autre à s’améliorer et à grandir.

C’est pour cette raison que Jésus nous recommande, dans un premier temps, de parler seul à seul avec le frère. Ce tête à tête a pour but de permettre au frère de garder sa réputation et son honneur. Si cette démarche n’aboutit pas, Jésus demande que nous fassions ensuite appel à deux ou trois personnes, pour éviter la précipitation et pour mieux convaincre. Si le frère refuse d’écouter ces personnes, il s’exclut alors de la communauté. Nous ne sommes pas pour autant dispensés de l’aimer car la seule dette dont nous ne pouvons pas nous défaire est celle de l’amour mutuel comme le rappelle l’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains. Acquittons-nous de « la dette de la charité fraternelle » avec douceur et compassion.

Aussi nous pouvons prier pour le frère. Parce que la prière, surtout la prière commune, est un moyen efficace que nous sommes appelés à utiliser pour venir à bout de certaines situations. « Si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux », dit Jésus. Prier pour le frère à qui on a donné toutes ses chances, c’est une manière de dire à Dieu : « Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour sauver notre frère mais en vain.

Nous le confions maintenant à ta miséricorde. Touche son cœur afin qu’il puisse revenir dans le droit chemin ! » L’humainement impossible devient ainsi possible grâce à la prière commune. Sans déprécier la prière individuelle (Mt 6,6), nous devons comprendre que la prière commune est le sommet de notre prière. Parce qu’elle a une densité de présence du Christ plus grande que la prière individuelle. Les rabbins en avaient conscience, qui affirmaient que là où deux ou trois sont ensemble et la Torah (la loi sainte) entre eux, là réside la Shekina, c’est-à-dire la gloire de Yahvé.

Au total, retenons que Notre Seigneur Jésus ne nous demande pas de parler lâchement dans le dos de nos frères ou de nous taire quand ils ont commis un péché mais d’avoir le courage et la simplicité d’aller les voir pour leur montrer leur erreur. Cette démarche, nous ne la faisons pas parce que nous serions meilleurs ou irréprochables mais uniquement parce que Dieu nous a établis sentinelles, veilleurs, guetteurs de nos frères, parce que sa volonté est qu’aucune brebis ne se perde et que le Ciel est concerné par ce qui se passe sur la terre : « Tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le Ciel ».

«Seigneur, Accordez-nous de nous la grâce de devenir “les sentinelles de l’aurore” (Jean-Paul II) qui avertissent, dénoncent, invitent à la conversion à temps et à contretemps - mais toujours dans la charité - ; qui encouragent, exhortent, soutiennent, accompagnent ; qui se donnent sans compter et n’ont de cesse que la brebis perdu ait retrouvé le chemin de la Bergerie du Père. »

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Le pardon n’a-t-il pas de limites ?

Message non lu par PriereUniverselle » mar. 13 sept. 2011, 19:04

24ème dimanche Ordinaire- Année A : Matthieu 18, 21-35

Dans la première lecture, Ben Sirac le Sage nous recommande de pardonner au prochain. Mais que signifie pardonner ? Que faut-il faire quand le prochain commet les mêmes fautes ? Concrètement, une épouse doit-elle continuellement supporter un mari violent et volage ? Un mari doit-il tolérer indéfiniment une femme égoïste et dépensière ? Un employeur peut-il fermer toujours les yeux sur les fautes de ses employés ? S’il le fait, ne risque-t-il pas de compromettre et de perdre son entreprise ? Comment être bon sans que la bonté ne devienne bêtise ? Combien de fois devons-nous pardonner à ceux qui nous ont offensés ?

Bref, le pardon n’a-t-il pas de limites ? Telle est la question de Pierre dans l’évangile d’aujourd’hui. Pour Jésus, on ne doit pas arrêter de pardonner. Avant de dire pourquoi nous devons éviter de garder rancune, je voudrais faire remarquer que pardonner ne signifie pas oublier car les choses ne disparaissent pas aussi facilement du cœur et de la mémoire mais affronter de plein fouet sa propre mémoire blessée et croire de nouveau en l’autre, en sa renaissance (A. Dupleix) comme la triple demande de Jésus à Pierre après la résurrection- « M’aimes-tu plus que les autres ? »- prouve que le premier n’avait pas oublié le triple reniement du second. C’est après cela qu’intervient la re-création, la restauration de Pierre : « Sois le pasteur de mes brebis ». Sommes-nous capables d’agir de la sorte ?

Au cours d’une retraite d'une chorale, quelqu’un fit part de sa difficulté à prononcer le « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aux autres » du « Notre Père ». Si j’interrogeais cette assemblée, beaucoup feraient probablement le même aveu. Ils me diraient que ce bout de phrase ne passe pas. Il ne passe pas parce que pardonner est difficile en couple, en famille, dans la vie professionnelle, dans le milieu ecclésial ou dans les relations internationales. Il est en effet difficile de pardonner à une personne qui a violé notre fille, pris notre conjoint, assassiné un membre de notre famille, détruit notre réputation, nous a abandonné au moment où nous comptions sur lui, nous veut du mal ou sans cesse complote contre nous.

La réaction naturelle est plutôt de rendre coup pour coup, d’appeler la foudre sur l’ennemi, de souhaiter sa mort. En Orient, la vengeance était sacrée. Et pourtant le pardon une exigence incontournable de la vie chrétienne. Pourquoi ? Pour Ben Sirac, Dieu ne peut accorder la guérison et le pardon des péchés à celui qui n’a pas de pitié pour son semblable. Le pardon a ainsi des conséquences sur celui qui le reçoit mais aussi sur celui qui le donne. Deuxièmement, Ben Sirac estime qu’il serait dommage que nous puissions partir dans la tombe avec de vieilles rancunes.

La troisième raison qui ne figure pas dans le livre de Ben Sirac le Sage peut être résumée ainsi : si nous répondons au mal par le mal, c’est l’escalade. Il n’y a plus moyen d’exister, plus d’avenir pour la vie familiale, professionnelle ou ecclésiale, plus de paix. C’est le règne de la violence destructrice. Jésus donne une quatrième raison dans la parabole du débiteur impitoyable: nous sommes insolvables devant Dieu. Non seulement nous n’avons pas de quoi lui rembourser mais Il nous remet infiniment plus que le petit peu de mal que nos frères nous font. Jésus ajoute donc à la question de Pierre un éclairage nouveau : nos discussions et nos débats ne se limitent pas à ce monde visible.

Au-delà des personnes humaines que nous côtoyons, Dieu est toujours partie prenante, lui qui est l’unique juge de l’humanité et vers qui nous marchons. C'est donc avec lui que nous devons pardonner. Demandons-Lui de nous apprendre à pardonner. Car c’est de Lui que vient tout pardon. Comme le dit une prière eucharistique, « c’est à Dieu que nous le devons si la vengeance fait place au pardon et si l’amour triomphe de la haine ». C’est Lui qui pardonne en nous quand nous pardonnons à ceux qui nous ont fait du tort.

La prière de Jésus sur la croix est, de ce point de vue, significative. En effet, Jésus ne dit pas à ses bourreaux qu’il leur pardonne mais demande à son Père de leur pardonner. C’est la raison pour laquelle je conseille aux personnes qui me disent avoir du mal à pardonner d’abandonner leur problème entre les mains de Dieu et de lui demander la force de pardonner plus tard. Je les invite aussi à prier pour celui qui les a offensés, le cœur peut-être encore plein de colère, de rancune et d’amertume. Parfois, je leur propose cette prière : « Seigneur, ce voyou ou cette sorcière, je ne peux pas les voir ; mais je veux que vous les regardiez. Je vous les confie. Touchez leur cœur afin qu’il se détourne du mal. Touchez le mien afin que j’arrive à leur pardonner un jour ».

Si nous jetons ainsi nos ennemis dans les bras de Dieu, alors notre regard sur eux change. Certes, nous n’oublions pas le mal qu’ils nous ont fait mais nous commençons à les voir avec le regard de Dieu et nous entrons peu à peu dans la dynamique du pardon, un pardon dont non ne dira jamais assez qu’il est nécessaire si nous voulons « relancer l’histoire et reconstruire le monde malgré la catastrophe ».

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mike.adoo
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Re: Le pardon n’a-t-il pas de limites ?

Message non lu par mike.adoo » sam. 17 sept. 2011, 12:01

PriereUniverselle a écrit :24ème dimanche Ordinaire- Année A : Matthieu 18, 21-35

Dans la première lecture, Ben Sirac le Sage nous recommande de pardonner au prochain. Mais que signifie pardonner ? Que faut-il faire quand le prochain commet les mêmes fautes ? Concrètement, une épouse doit-elle continuellement supporter un mari violent et volage ? Un mari doit-il tolérer indéfiniment une femme égoïste et dépensière ? Un employeur peut-il fermer toujours les yeux sur les fautes de ses employés ? S’il le fait, ne risque-t-il pas de compromettre et de perdre son entreprise ? Comment être bon sans que la bonté ne devienne bêtise ? Combien de fois devons-nous pardonner à ceux qui nous ont offensés ?


Bonjour

Dans ce message , je me bornerai à ne répondre qu'au premier paragraphe ( ci-dessus ).
Il ne faut pas confondre faute et offense . Bien qu'une faute puisse offenser , il s'agit de deux choses différentes .
Un mari violent ou volage présente un problème comportemental et on n'est pas violent ou volage par hasard . Il ne s'agit pas de pardonner mais de chercher la cause de ces dérives .
Le pardon , dans ces cas serait presque un encouragement !
Au niveau de l'entreprise , je tiendrai le même discours ; La législation va d'ailleurs dans le bon sens : Avertissement ( s ) puis licenciement .
Avertir un employé , doit être assimilé à une "correction fraternelle " . Par la suite , les sanctions doivent tomber !

Ben Sirac , comme Jésus , fait allusion aux offenses , c'est à dire aux blessures ( d'amour propre ) qui nous sont infligées . Dans ce cas , oui! il faut toutes les pardonner !
Par contre , les modalités du pardon doivent être adaptées à la mentalité de l'offenseur .
Parfois , une explication ,suivie d'une réconciliation peut être envisagée . Parfois , un pardon peut être interprété comme une faiblesse ce qui conduit à ajouter la moquerie à de nouvelles offenses ! Cela nous renvoie à la question : " Comment répondre à l'insensé ? "viewtopic.php?f=91&t=16283&hilit=ne+r%C ... sens%C3%A9 page 5

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