Liturgie du jour avec Etienne Lorant (2010-2011)

« Mon âme aspire vers toi pendant la nuit, mon esprit te cherche dès le matin. » (Is 26.9)
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Avoir du sel pour soi-même

Message non lu par stephlorant » jeu. 24 févr. 2011, 15:00

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 9,41-50.

Jésus disait à ses disciples : " Celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.
Celui qui entraînera la chute d'un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu'on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu'on le jette à la mer.

Et si ta main t'entraîne au péché, coupe-la. Il vaut mieux entrer manchot dans la vie éternelle que d'être jeté avec tes deux mains dans la géhenne, là où le feu ne s'éteint pas.

Si ton pied t'entraîne au péché, coupe-le. Il vaut mieux entrer estropié dans la vie éternelle que d'être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne.

Si ton œil t'entraîne au péché, arrache-le. Il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne,
là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas.

Car tout homme sera salé au feu.
C'est une bonne chose que le sel ; mais si le sel cesse d'être du sel, avec quoi allez-vous lui rendre sa force ? Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous. »

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


De la manière dont auront agi envers les hommes envers les "petits de Jésus", ils recevront leur récompense ou bien leur châtiment. Mais que le disciple soit son propre juge, qu'il ait ainsi du sel en lui-même, car du sel sur une blessure, cela pique et cela brûle, mais le sel agit: il empêche la putréfaction et il cicatrise. Il est inévitable qu'en l'une ou l'autre occasion, nos sens nous entraînent au péché.

Lorsqu'elle parlait de la beauté, et des liens entre beauté et amour, une philosophe chrétienne disait: "Le problème naît du fait que l'homme, lorsqu'il remarque qu'une chose est belle et bonne, son mouvement premier est de vouloir s'en emparer, le dégrader et le réduire à son propre ego.

Pourquoi ce geste de cueillir la première fleur qui a fleuri et illumine le jardin au printemps, alors que sa contemplation à elle seule apporte la joie au coeur de celui qui l'a découverte ? Pourquoi la couper, la déposer dans un vase ? Elle n'est plus dans son environnement et l'étonnement de la découverte a complètement disparu.

De même, il peut exister dans la vie de très belles amitiés, et également des amours qui réussissent et ne cessent de s'épanouir avec le temps. Mais l'on s'est abstenu de dire : "Tu es à moi, tu m'appartiens, tu dois penser et vivre comme moi et selon moi". Et il en va des relations humaines comme des choses moins importantes.

Le travail est une bonne chose en soi, le travail est créateur d'abord de contentement intérieur, car il suscite le sentiment d'être utile et de servir le bien commun. Mais dès qu'on le réduit au moyen d'acquérir des biens matériels ou une forme de pouvoir sur autrui, voici une bonne chose de nouveau dégradée, rendue pénible et souvent mauvaise.

Le jeu est une activité saine qui permet de soulager d'un stress. Mais ici encore, il suffit que l'homme veuille le "pimenter" avec enjeu financier ou de pouvoir avec autrui, et le bien qu'apportait le jeu se change aussi vite en moyen d'asservissement.

L'idéal est un vrai détachement qui n'empêche aucunement la jouissance de tout ce qui est bon et a été donné à l'homme. Avec l'absolu, heureux ceux qui découvrent comme il est doux, vrai et rempli d'espérance, de s'abandonner à la volonté divine. Quiconque a tenté, au moins une fois, dans son quotidien le plus banal, de laisser un imprévu devenir une occasion - ou bien de chercher dans la contrariété le message qu'elle renferme souvent, voilà quelqu'un qui a saisit quelque chose de l'amour que le Père manifeste continuellement à ses enfants.

Si nous avons donc du sel en nous-mêmes, quel bon sel ! Comme il donne du goût à la vie !
Jésus,
Je dis que tu es le Bien,
Tu es le grand Bien,
Tu es le vrai Bien,
Tu es le seul Bien
Tu es le souverain Bien !

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Petit Matthieu
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Re: Prétextes pour ne rien entendre

Message non lu par Petit Matthieu » dim. 27 févr. 2011, 22:36

Bonsoir cher Etienne,

Moi aussi je me demande bien des choses. Je gaspille mon temps, je m'éparpille. Et pourtant, à chaque chemin pris, je retombe sur le Christ. Systématiquement, comme si je retrouvais mon ombre au moindre virage abordé sur n'importe quel sentier. Et ce constat m'a enseigné que le Christ est toujours là, discret mais à portée.

Vous voyez, même si la situation de l'Eglise de France ne peut pas nous faire sauter au plafond, gardons confiance dans la parabole du Christ quand il dit que le royaume des cieux germe nuit et jour. Nous ne le voyons pas, mais dans les coeurs, beaucoup d'hommes sont sans doute plus proches du Christ qu'ils ne le laissent croire. Des nourrisons, des enfants, des adolescents qui vivent aujourd'hui deviendront de grands saints : le Seigneur les a multiplié en France, pourquoi cela ne continuerait pas ?

Soyons heureux, joyeux, confiants. Malgré tout, comme disait l'abbé Pierre.
"Ce n’est que pour ton amour, pour ton amour seul, que les pauvres te pardonneront le pain que tu leur donnes."
Phrase finale de saint Vincent de Paul dans le film "Monsieur Vincent".

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Une annonce de la Passion

Message non lu par etienne lorant » mer. 02 mars 2011, 22:15

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 10,32-45.
Les disciples étaient en route avec Jésus pour monter à Jérusalem ; Jésus les précédait ; ils étaient effrayés, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte. Prenant de nouveau les Douze avec lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver :
« Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l'homme sera livré aux chefs des prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort, ils le livreront aux païens,
ils se moqueront de lui, ils cracheront sur lui, ils le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. »
Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s'approchent de Jésus et lui disent : « Maître, nous voudrions que tu exauces notre demande. »
Il leur dit : « Que voudriez-vous que je fasse pour vous ? »
Ils lui répondirent : « Accorde-nous de siéger, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ta gloire. »
Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? »
Ils lui disaient : « Nous le pouvons. » Il répond : « La coupe que je vais boire, vous y boirez ; et le baptême dans lequel je vais être plongé, vous le recevrez.
Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m'appartient pas de l'accorder, il y a ceux pour qui ces places sont préparées. »
Les dix autres avaient entendu, et ils s'indignaient contre Jacques et Jean.
Jésus les appelle et leur dit : « Vous le savez : ceux que l'on regarde comme chefs des nations païennes commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur.
Celui qui veut être le premier sera l'esclave de tous :
car le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

L'annonce de ce qui va se passer pour Jésus à Jérusalem trouble beaucoup ses disciples. Les uns se replient sur eux-mêmes, ils ont peur et n'ont tout simplement pas envie de savoir. Mais tout ce que Jésus leur dit maintenant, par la suite, ils s'en souviendront.

Jacques et Jean sont d'une autre trempe. En compagnie de Pierre, ils ont assisté à la transfiguration. Les deux frères sont les plus ardents de tous : eux non plus ne comprennent pas, mais ils réagissent avec la foi et la même passion qu'ils ont manifestées un jour devant le refus de certaines villes d'accueillir Jésus: " Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ?" (Luc 9, 28)
Il me semble certain qu'ils se disent: "Si Jésus doit souffrir et mourir ainsi, qu'adviendra-t-il de nous ?" Mais si l'heure est à ce point critique, si le maître et ses disciples doivent mourir, c'est forcément que la fin des temps est proche. Par delà la passion et la mort de Jésus, ils regardent - comme nous le faisons nous-mêmes, vers la Parousie.

Mais la réponse de Jésus les fait revenir les deux pieds sur la terre. La gloire de Dieu n'a rien à voir avec la gloire des hommes. Sur la terre, les puissants font sentir leur pouvoir et cela dure encore. Mais dès à présent, entre ceux qui suivent le Christ, il ne doit plus en être ainsi. Celui qui a du mérite aux yeux de Dieu, c'est celui qui se met au service de tous. Et donc, ici aussi, tout ce qui s'élève est abaissé, et tout ce qui est abaissé est élevé. Le plus grand parmi eux devra être, non le plus grand maître, mais le plus grand serviteur. Car si Jésus est venu non ps pour être servi mais pour servir, le disciple doit être comme son maître.

C'est une modification subtile mais extraordinaire qui est énoncée ici au sujet des rapports d'autorité au sein de la société humaine. Dans l'Église, elle se manifeste par un pouvoir qui n'est plus vertical, mais latéral. Le Pape à Rome est d'abord un simple prêtre. Il est aussi évêque comme tous les autres évêques dans le monde : il est l'évêque de Rome. Enfin, il est le Pape, mais il n'a jamais possédé "les divisions" que lui comptait Staline. Et pourtant ! Avec ses quarante-quatre hectares, le Vatican est le plus petit État du monde, mais le Saint-Siège exerce une souveraineté purement abstraite sur les catholiques du monde, estimés fin 2010 à plus de 1 100 000 000 de personnes.

(http://www.libertepolitique.com/actuali ... s-le-monde)

Sur le plan humain également, je reçois cet enseignement : il ne m'appartient pas de connaître les desseins de Dieu concernant la seconde venue du Christ. Mon rôle est tout à fait concret et consiste à témoigner le mieux possible que Dieu est miséricorde. Et pour cela, je ne peux regarder qu'au jour que je vis et qu'aux personnes que je rencontrerai. Qu'il en soit donc ainsi. L'avenir de l'humanité dépendra uniquement de tous ces serviteurs inutiles qui déclareront : nous n'avons fait que ce que nous devions faire....

etienne
.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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De qui sommes-nous l'effigie ?

Message non lu par etienne lorant » mar. 08 mars 2011, 12:28

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 12,13-17.
On envoya à Jésus des pharisiens et des hérodiens pour le prendre au piège en le faisant parler,
et ceux-ci viennent lui dire : « Maître, nous le savons : tu es toujours vrai ; tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne fais pas de différence entre les gens, mais tu enseignes le vrai chemin de Dieu. Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à l'empereur ? Devons-nous payer, oui ou non ? »
Mais lui, sachant leur hypocrisie, leur dit : « Pourquoi voulez-vous me mettre à l'épreuve ? Faites-moi voir une pièce d'argent. »
Ils le firent, et Jésus leur dit : « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? De l'empereur César », répondent-ils.
Jésus leur dit : « A César, rendez ce qui est à César, et à Dieu, ce qui est à Dieu. » Et ils étaient remplis d'étonnement à son sujet.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


Par cette parole demeurée célèbre même chez les incroyants, Jésus manifeste la puissance de l'Esprit. S'il avait répondu seulement : "Rendez à César ce qui est à César", il serait ipso facto devenu l'ennemi des Juifs et ses ennemis auraient eu beau jeu de traiter de 'collabo' avec l'occupant romain; mais s'il avait répondu qu'Israël est le peuple élu et qu'il ne doit rien aux païens mais à Dieu seul, alors il se serait retrouvé devant Pilate bien avant l'heure ! Le piège lui aussi jouait à double-face ! Mais quelle réplique ! C'est extraordinaire d'associer les deux propositions en une seule, en les plaçant sur le même pied d'égalité : il faut rendre à chacun ce qui lui appartient.

Cependant, celui qui a des oreilles, il entend ! Il entend et il comprend que même César ne serait rien sans Dieu, et il se souvient aussi que si César a une effigie, l'homme en possède une plus haute, puisqu'il a été crée "à l'image et à la ressemble" de Dieu. Quelle force donc, quelle puissance de discours dans ces quelques mots ! Ils sont d'ailleurs demeurés célèbres.

Pour le reste, l'hypocrisie des pharisiens et des hérodiens, dans la première partie du texte, se retournera un jour contre eux. Car en déclarant à Jésus :

- "Maître, nous le savons : tu es toujours vrai ; tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne fais pas de différence entre les gens, mais tu enseignes le vrai chemin de Dieu."

ils disent la vérité, car effectivement Dieu ne fait pas de différence entre les personnes, et le Christ est vraiment le chemin qui conduit à Dieu. Et puisqu'ils ont dit la vérité, puisqu'ils montrent qu'ils la connaissent, ils se rendent inexcusables. Ils se placent d'eux-mêmes hors de la miséricorde divine dont ils pouvaient bénéficier par la conversion.

Pour terminer, je ne peux pas m'empêcher de placer ici un lien qui renvoie à des notes du procès de sainte Jeanne d'Arc. Ces minutes comprennent la réponse célèbre que fit Jeanne à la question : "Êtes-vous en état de grâce, elle avait répondu aussitôt : "Si j'y suis Dieu m'y garde, si je ne suis pas, Dieu m'y mette". Réponse extraordinaire également, car elle manifeste ce que Jésus a dit à ses disciples: "Lorsque l'on vous interrogera, ne vous inquiétez pas de ce que vous direz, car c'est l'esprit de votre Père qui parlera à travers vous."

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saint ... c514897383
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Diverses tentations et la foi de la peur

Message non lu par stephlorant » dim. 13 mars 2011, 16:37

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 4,1-11.
Jésus, après son baptême, fut conduit au désert par l'Esprit pour être tenté par le démon.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
Le tentateur s'approcha et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
Mais Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Alors le démon l'emmène à la ville sainte, à Jérusalem, le place au sommet du Temple
et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Le démon l'emmène encore sur une très haute montagne et lui fait voir tous les royaumes du monde avec leur gloire.
Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes pour m'adorer. »
Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C'est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c'est lui seul que tu adoreras. »
Alors le démon le quitte. Voici que des anges s'approchèrent de lui, et ils le servaient.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris



La première des épreuves est en réalité la plus ancienne, celle des appétits du corps. Jésus a faim et le démon lui propose de faire un joli tour en changeant des pierres en autant de pains. Il me semble bien que Jésus reprend ici la tentation originelle, celle du fruit au milieu du jardin d'Éden. Mais il en est vainqueur car il est aussi le Verbe incarné. Il répond "L'homme ne se nourrit pas que de pain, mais aussi de toute parole qui sort de la bouche de Dieu", et ce n'est pas seulement une d'une nourriture spirituelle, car tout homme désormais peut se nourrir de ce pain, dans l'Eucharistie.

La deuxième tentation concerne le succès, la réussite mondaine, l'admiration des foules, l'excitation de l'imagination. Mais tout cela n'est que vanité et" poursuite du vent"; dans les Évangiles, pas une seule fois Jésus ne voudra opérer un prodige devant ceux qui lui réclamaient un "signe du ciel".

La troisième tentation est celle du désir et de la volonté de puissance. Elle est vaincue par l'obéissance parfaite, qui n'est pas soumission aveugle, mais don réciproque et intégral de soi. Le Dieu du pouvoir tel que les hommes se représentent ce pouvoir s'est laissé pendre au bois de la croix par pur amour.

En relisant plusieurs fois le récit de cette tentation de Jésus, j'ai éprouvé combien celui-ci demeure tout proche de Dieu, en attitude d'abandon total à la volonté du Père. Face à cette manifestation d'humilité, le démon - qui lui est un rebelle, se trouve complètement désarmé. Certes, il aura ce qu'il croira être sa revanche, au Golgotha, mais la résurrection le matin de Pâques met un terme au débat. Ce terme, c'est maintenant que nous le vivons, et chacun en soi-même...


*******

PS - La peur : une forme nouvelle de tentation.

Les événements en Arabie et le tsunami qui a ravagé le Japon ont fait, en deux jours à peine, que de nombreuses personnes m'ont demandé de dire ce que je pense des "avertissements du ciel" donnés, notamment, par "JNSR", la voyante de Dozulé. Il se trouve qu'entre les années 1990 et 2000, j'ai eu souvent ces ouvrages dans les mains, car les propriétaires de ma boutique m'obligeaient pratiquement à les lire. Mais à partir de 1995, j'ai remarqué que ma foi s'était teintée d'angoisse et de peur. J'avais beau me dire que ce n'est pas sur ces événements prédits qu'il me fallait fixer mon attention et mes efforts, mais sur la prière et les oeuvres... j'avais commencé de vivre une foi teintée de crainte, et non plus cette fois de confiance absolue qui avait présidé lors de ma conversion.

Ensuite, j'ai raisonné calmement et je me suis dit: est-ce qu'au cours des années trente, lorsque Hitler est arrivé au pouvoir en Allemagne, beaucoup de chrétiens n'y ont-il pas vu la venue de l'Antéchrist ? Eh bien oui, il existait à l'époque une littérature sur ce sujet. Du reste, dans l'occupation nazie, les atrocités commises, les massacres de masse, et finalement les deux bombes atomiques, suivies de la guerre froide, de la crainte de la guerre nucléaire... tous ces événements ont pu susciter une foi de la peur, qui n'est pas la foi demandée par Dieu. Depuis 1995, je vis au jour le jour et je ne me laisse plus inquiéter par les événements du monde sur lesquels je n'ai aucune prise. Mais c'est au quotidien que je dois vivre ma foi. J'écris ce post-scriptum afin d'encourager toutes celles et tous ceux qui le liront, à ne pas disperser leur attention : vivons selon l'Evangile et nos vies seront réussies de toute façon.
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Tout est simple !

Message non lu par stephlorant » jeu. 17 mars 2011, 19:48

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 7,7-12.

Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : " Demandez, vous obtiendrez; cherchez, vous trouverez; frappez, la porte vous sera ouverte.
Celui qui demande reçoit ; celui qui cherche trouve ; et pour celui qui frappe, la porte s'ouvrira.

Lequel d'entre vous donnerait une pierre à son fils qui lui demande du pain ?
ou un serpent, quand il lui demande un poisson ?
Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent !

Donc, tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi, voilà ce que dit toute l'Écriture : la Loi et les Prophètes.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris



J'ai pris l'initiative de lire ce passage en scindant les trois éléments du discours. La conclusion, qui présente en deux lignes à peine (!) une synthèse de "toute l'Écriture: la Loi et les Prophètes" est typique de la clairvoyance du Christ sur les âmes.

"Si vous demandez, si vous cherchez, si vous frapper à la porte, tout vous sera donné, car aux yeux de Dieu vous êtes comme des enfants. Or, si vous savez donner de bonnes choses à vos enfants en dépit même de votre nature pécheresse, combien Dieu, qui est parfait, saura donner plus encore !"

"Donc" ...

Et en conclusion, quiconque veut bien écouter cet enseignement fera pour les autres exactement ce qu'il voudrait que les autres fassent pour lui... car la façon la plus sûre et la plus directe d'obtenir de Dieu ce que nous voulons, c'est de le donner à notre prochain.

Ce que j'ai retenu, c'est que pour vivre heureux, il me faut tendre vers Dieu en passant en tout temps par mon prochain, car mon prochain est un autre moi-même et parce que c'est ainsi que Dieu veut que je procède.

Comme tout cela paraît simple, n'est-ce pas ?
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Pour adhérer à l'Amour, d'abord renoncer à toute haine...

Message non lu par stephlorant » ven. 18 mars 2011, 15:54

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5,20-26.
Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :
20 Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux.
21 Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu'un commet un meurtre, il en répondra au tribunal.
22 Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère en répondra au tribunal. Si quelqu'un insulte son frère, il en répondra au grand conseil. Si quelqu'un maudit son frère, il sera passible de la géhenne de feu.
23 Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
24 laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande.
25 Accorde-toi vite avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu'on ne te jette en prison.
26 Amen, je te le dis : tu n'en sortiras pas avant d'avoir payé jusqu'au dernier sou.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Cet Évangile est assez clair, mais à force de clarté, nos paupières voudraient parfois se fermer d'elles-mêmes afin de ne pas voir. La conversion doit être totale. Il ne suffira pas de s'être abstenu de tuer, mais il faut encore avoir évité la colère, il faut n'avoir insulté personne ni l'avoir maudit. Car la colère, l'insulte et la malédiction sont fondamentalement à l'origine du meurtre.

Il existe en outre une gradation dans le châtiment pour ces choses : la colère conduit l'homme devant son Juge et, selon qu'il aura insulté ou maudit, il sera passible de peines temporelles et même de la géhenne de feu (c'est-à-dire l'enfer.) Attention, car il est clair ici qu'aux yeux de Dieu, l'intention vaut l'acte !

Donc, quiconque se présente au Seigneur à la fin de sa vie (c'est ainsi que je le comprends) doit avoir tout entrepris pour s'être réconcilié d'abord avec tous les hommes. Je suis convaincu qu'il faut avoir, en soi-même, résolu le dilemme que nous pose l'ennemi qui est aussi notre frère. Au risque de me répéter, il me paraît indispensable qu'ayant donné la primauté à l'amour de Dieu, nous ayons aussi accompli l'effort d'être en paix avec tous les êtres humains.

Etty Hillesum, la jeune juive qui, comme sa compatriote Anne Frank, nous a un journal (intitulé "Une vie bouleversée" est allée pratiquement jusqu'au bout de ce renoncement à la haine. Elle écrit notamment : "Notre unique obligation morale, c’est de défricher en nous-même de vastes clairières de paix et de les étendre de proche en proche, jusqu’à ce que cette paix irradie vers les autres. Et plus il y a de paix dans les êtres, plus il y en aura aussi dans ce monde en ébullition."

Comme il est bon de découvrir l'Esprit Saint à l'œuvre jusque dans le ghetto juif d'Amsterdam ! ...
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Avez-vous été transfiguré ?

Message non lu par stephlorant » lun. 21 mars 2011, 20:55

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 17,1-9.
Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l'écart, sur une haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s'entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. »
Il parlait encore, lorsqu'une nuée lumineuse les couvrit de son ombre ; et, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! »
Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d'une grande frayeur.
Jésus s'approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et n'ayez pas peur ! »
Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul.
En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. »

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris



Combien de fois, dans la littérature,ai.je trouvé l'expression : "Quand il en est revenu, ce n'était plus le même homme: cette expérience l'avait complètement transfiguré !" Cette expression n'est jamais employée dans un sens négatif, car si le sens est négatif, on écrit : "Il n'en est pas sorti intact, cette expérience l'avait frappé pour toujours" ... D'où cette question que je me suis posée aujourd'hui: quel est l'événement de ma vie qui m'a le plus bouleversé, mais dans le bon sens ?

Je réponds : avant même mon expérience de conversion, mon séjour en Caroline du Sud en 1980. C'était après mon service militaire. Tout le monde autour de moi pensait qu'aussitôt le service terminé, je me chercherais un revenu dans un travail rentable. Mais moi, non. J'avais vu de trop près à quoi la société peut réduire les hommes pour survivre. A l'armée (service obligatoire à l'époque), aucune intimité, si ce n'est avec l'angoisse, chaque jour, du premier au dernier jour. Il y avait un 'quota de morts' admissible durant les exercices à balles réelles. Et pourtant, j'en avais retenu : la liberté intérieure.

Il faut que je raconte cette anecdote. Un matin, un sergent m'a mis de corvée pour nettoyer un local. Ce que j'ai fait avec les moyens connus : un seau d'eau, une serpillère, du savon, on lave, on rince... mais le sergent n'était pas satisfait: recommencez ! Et je recommence: une fois, deux fois, puis je me rebelle... Pourtant, au moment de risquer de prendre 'quinze jours !", je réfléchis et je me dis: 'Et après tout, pourquoi s'en faire ? Que ce soit laver la même pièce six fois de suite ou monter la garde autour du casernement avec un fusil sans munitions, quelle importance ?' C'était au cours du deuxième mois: j'étais un "gros bleu", mais j'ai appris assez vite comment devenir invisible...

Durant tout mon temps en Allemagne, je n'ai reçu de courrier que d'une personne (à l'exception de mes parents) : c'était Lisa, ma correspondante américaine, dont j'avais reçu l'adresse au collège cins ans plus tôt. Le prof voulait que nous correspondions et j'aimais assez bien d'écrire en anglais. Lisa, je n'avais reçu d'elle qu'une photo un peu floue, pas de quoi s'énerver ! Mais, à l'armée, très loin, à proximité d'Arnsberg, cela me faisait tellement sourire quand elle m'écrivait: "I'm very proud of you ! You defend our freedom !" Elle était sudiste, républicaine, membre d'une obscure église baptiste, très attachée à sa terre, qu'elle n'a jamais quitté. L'espèce d'innocence enfantine que manifestent les Américains dans certains domaines, est réellement extraordinaire: ils sont persuadés que tout va de soi, tandis que les Européens, ceux de l'ancien monde, sont beaucoup plus sceptiques...

Et me voici démobilisé. Je commence à faire le tour des officines pour un travail admnistratif: les banques, la poste, dans le privé, dans le domaine public, un peu partout, dans la capitale ou en province. Et puis, un jour, çà y est, je peux commencer à travailler dans le service public... Or, ce matin là, arrivé à la gare à trois heures du matin pour le train de six heures (!), j'ai revécu la pénible sensation que j'avais éprouvée lors de mon engagement à l'armée (j'avais dû prendre le train aussi et je l'avais fait, n'ayant aucune manière d'y échapper). J'ai laissé passé un train, puis un second, puis un troisième et je suis finalement sorti de la gare sans prendre le train. Et tout de suite, je me suis rendu dans une agence de voyages, j'ai réservé mon ticket d'avion, j'ai traversé trois rues et envoyé un télégramme qui disait: "Will arrive on July 1, Sabena flight 609, Atlanta, eta 4 pm, pls revert". En clair: j'arriverai le 1er juillet, vol sabena 609, temps estimé arrivée 16 heures, merci de confirmer". Et c'est ce que j'ai fait, j'ai pris l'avion, je suis parti après avoir revendu ma voiture et les quelques biens que je possédais à l'époque.

Cette histoire a un écho dans l'Evangile, ce que j'ignorais à l'époque : c'est celui du jeune homme riche qui s'en est retourné tout triste parce qu'il avait de grands biens... Des années plus tard, j'ai compris que telle avait été la manière de Dieu de tracer des lignes droites avec des courbes: il m'avait invité à rechercher le bonheur avant le statut social, l'aventure et tous les risques, plutôt que d'adhérer aux idées du monde à cette époque, à la fin des années 80. Je suis intimement persuadé que ce détachement complet, ce départ vers l'inconnu (je n'avais jamais rencontré ma correspondante), est de la même nature que celui que Jésus avait proposé au jeune homme riche. "Il ne te manque qu'une seule chose, va, vends tout ce que tu as, puis viens et suis-moi !" Ce fantastique voyage, la revanche sur l'armée, je ne l'ai pas reproduit ensuite. Cependant, j'assure bien que j'en suis revenu transfiguré ! J'étais un autre homme. En montant seul dans l'avion, avec ma petite valise, j'avais franchi une limite au-delà de laquelle il était impossible de faire demi-tour: c'était le plongeon dans l'inconnu... mais en direction de la vérité de Dieu. Sans le savoir, inspiré seulement par un besoin presque insupportable d'être libre, j'avais pris le chemin de la Vérité. Et cinq ans plus tard, lorsque Jésus s'est manifesté, j'étais prêt et j'ai dit Oui sans hésiter - aujourd'hui même, 31 ans plus tard, plus personne ne peut enchaîner ma liberté: car j'appartiens à Dieu et je suis né de Lui.
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Exercice !de physique divine

Message non lu par stephlorant » mar. 22 mars 2011, 11:07

Le mardi de la 2e semaine de Carême

Saint(s) du jour : Ste Léa, veuve (+ 384)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 23,1-12.
Jésus déclarait à la foule et à ses disciples :
« Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.
Pratiquez donc et observez tout ce qu'ils peuvent vous dire. Mais n'agissez pas d'après leurs actes, car ils disent et ne font pas.
Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ;
ils aiment les places d'honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues,
les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n'avez qu'un seul enseignant, et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n'avez qu'un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


Celui qui connaît se tient debout devant la tribune pour enseigner, tandis que celui qui apprend se tient assis pour écouter. C'est ainsi que cela se passe dans le monde. Le Christ, quant à lui, se tient en bas, car lorsqu'il enseigne inverse les positions: ils se tient en bas afin que tous se penchent pour l'écouter mais aussi afin que ses préférés, ceux qui qui reçoivent la parole comme des enfants, soient les premiers à l'entendre.

L'Évangile d'aujourd'hui, je l'ai entendu en me posant cette question: à force de commenter la parole de Jésus, chaque jour depuis l'année 2005, est-ce que je ne cours pas le risque de me répéter sans cesse ? Mais il me semble bien que cela ne soit jamais arrivé. Un danger que je crois plus plausible, ce serait de me prendre pour un 'maître de lecture'. Sans doute serait-il plus sage, avant de me lancer, d'aller lire ce que d'autres ont exprimé ? Le livre écrit par le Pape, j'ai donc décidé de me le procurer - cela me paraît évident de commencer par celui-là !

Reste l'énoncé de cette loi de la 'physique céleste':

"Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé."

Du point de vue de Dieu, en effet, il en est toujours ainsi. Voyez l'élection de David dans l'Ancien Testament: il était le dernier, le plus petit, il était même absent pour recevoir l'onction. Saül de Tarse, l'homme plein de fougue et de zèle, fut jeté à terre avant de devenir l'apôtre Paul. Il avait de grandes difficultés d'élocution, de même que Moïse. Le Christ lui-même, une fois sorti de Nazareth, fut traité de haut par les Anciens: que peut-il sortir de bon de Nazareth ?

Il est merveilleux l'enseignement de Jésus à propos d'un banquet: "Mais, lorsque tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que, quand celui qui t'a invité viendra, il te dise: Mon ami, monte plus haut. Alors cela te fera honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi !" De même, les ouvriers de la dernière heure, qui reçoivent les premiers leur salaire - avec cette parole finale du Maître: "Est-ce que tu vas me regarder mauvais parce que moi je suis bon ?"

En définitive, tout cela fut dit pour notre plus grand bonheur. Gardons notre âme dans le labeur quotidien, n'essayons pas d'arriver par nos propres forces, car tout nous sera donné en temps et en heure.


Comme je finis d'écrire, je me rends compte: c'est aujourd'hui la fête des Léa, c'est-à-dire aussi de ma maman de 86 ans, que j'appelle tout de suite, car il n'y a rien de plus urgent !
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La place du plus grand...

Message non lu par stephlorant » mer. 23 mars 2011, 12:29

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 20,17-28.
Au moment de monter à Jérusalem, Jésus prit à part les Douze et, pendant la route, il leur dit :
« Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l'homme sera livré aux chefs des prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort
et le livreront aux païens pour qu'ils se moquent de lui, le flagellent et le crucifient, et, le troisième jour, il ressuscitera. »
Alors la mère de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, s'approcha de Jésus avec ses fils et se prosterna pour lui faire une demande.
Jésus lui dit : « Que veux-tu ? » Elle répondit : « Voilà mes deux fils : ordonne qu'ils siègent, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ton Royaume. »
Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ? » Ils lui dirent : « Nous le pouvons. »
Il leur dit : « Ma coupe, vous y boirez ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m'appartient pas de l'accorder ; il y a ceux pour qui ces places sont préparées par mon Père. »
Les dix autres avaient entendu, et s'indignèrent contre les deux frères.
Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : les chefs des nations païennes commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ;
et celui qui veut être le premier sera votre esclave.
Ainsi, le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


Dans l'Évangile d'aujourd'hui, Jésus renverse de nouveau l'échelle des valeurs dans les sociétés humaines : celui qui sert tout en bas est plus utile que celui qui se tient tout en haut. Celui qui perd sa vie la sauve, celui qui prétend la garder la perd. Lui-même est venu non pas pour être servi mais pour servir. Et les mots qu'il emploie manifeste une très grande rigueur: "Celui qui veut être le premier sera votre esclave".

Qui, parmi nous, le suivra jusque-là ? Mais, oh, comme il y a de misères autour de nous, de ce temps ! Il est pratiquement certain qu'à l'heure où j'écris ces lignes, des ouvriers, des techniciens et des ingénieurs japonais sont en train de donner leurs vies comme ce fut le cas à Tchernobyl. Si la vie n'avait vraiment aucun sens comme le croient les athées, pourquoi abandonner la sienne pour en sauver d'autres ? Mieux encore: pourquoi des athées se sacrifient-ils pour leurs proches, sachant que ceux-ci tôt ou tard mourront eux aussi ?

C'est parce que Dieu a mis dans leurs cœurs d'exécuter Son dessein. dit l'Apocalypse (quoi qu'ils en pensent, même s'ils ne croient pas en Lui (voir Apocalypse 17,17). Je prie aujourd'hui pour moi-même, oui, mais en associant dans ma prière tous ceux et toutes celles qui se sont offerts - en suivant la ligne de leur engagement chrétien, à aller encore un peu plus loin dans le service.

Il y a tant à faire et je me retrouve seul à ne pas détourner mon regard de ma mère âgée et souffrante. Dans les mois qui viennent, jusqu'à ce qu'elle nous quitte (ou que je quitte ce monde moi-même - qui peut dire son heure !), je vais devoir m'investir beaucoup. La découverte de nouveaux soins, palliatifs à la douleur de l'arthrose m'engage dans d'autres services annexes, comme de changer de médecin traitant, veiller à son transport dans une clinique pour passer de nouveaux examens et l'accompagner dans toutes ses démarches.

Un ami m'a dit: "Pourquoi te gâcher la vie ainsi ?" La réponse est dans cet Évangile, bien sûr. Je voudrais dédier ce commentaire à 'Mireille-au-cœur-d'artichaut', qui se reconnaîtra !
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Lazare et le mauvais riche

Message non lu par stephlorant » jeu. 24 mars 2011, 17:32

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 16,19-31.
Jésus disait cette parabole : « Il y avait un homme riche, qui portait des vêtements de luxe et faisait chaque jour des festins somptueux.
Un pauvre, nommé Lazare, était couché devant le portail, couvert de plaies.
Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais c'étaient plutôt les chiens qui venaient lécher ses plaies.
Or le pauvre mourut, et les anges l'emportèrent auprès d'Abraham. Le riche mourut aussi, et on l'enterra.
Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; il leva les yeux et vit de loin Abraham avec Lazare tout près de lui.
Alors il cria : 'Abraham, mon père, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper dans l'eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. -
Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : Tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation, et toi, c'est ton tour de souffrir.
De plus, un grand abîme a été mis entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient aller vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne vienne pas vers nous. '
Le riche répliqua : 'Eh bien ! père, je te prie d'envoyer Lazare dans la maison de mon père.
J'ai cinq frères : qu'il les avertisse pour qu'ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de torture ! ’
Abraham lui dit : 'Ils ont Moïse et les Prophètes : qu'ils les écoutent ! ¦
Non, père Abraham, dit le riche, mais si quelqu'un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront. '
Abraham répondit : 'S'ils n'écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu'un pourra bien ressusciter d'entre les morts : ils ne seront pas convaincus. ' »

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


Selon moi, il y a plus dans ce récit que ce qui est dit. Bon, on me répondra que c'est pratiquement chaque fois le cas ! Oui, c'est vrai. Mais de toute façon, je ne saurais affirmer que cet homme riche est en enfer. L'enfer, c'est de ne plus aimer. L'enfer est le lieu depuis lequel les damnés voient l'Amour manifesté mais n'y ont plus accès parce qu'ils ont totalement renié tout amour.

Or, cette âme est dans un lieu de tourment, mais elle a encore la possibilité d'appeler et de supplier Abraham - en l'appelant "père". Et Abraham lui répond en l'appelant : mon enfant. Or, je suis persuadé que ceux qui sont maudits, maudissent encore les autres depuis l'enfer, et qu'aucune voix ne leur répond depuis les Cieux !

Mieux encore, ce mauvais riche montre lui-même qu'il reste en lui une capacité d'oubli de soi, puisqu'il demande: si moi, je ne mérite pas d'être soulagé de mon tourment, du moins permettez que mes frères soient avertis ! Envoyez vers eux Lazare, afin qu'ils se convertissent ! Bref, si cette âme est damnée, comment peut-elle s'inquiéter du sort de ses semblables ?

Cependant, la dernière parole, que Jésus met dans la bouche d'Abraham (le dernier verset), elle est vraiment terrible. Elle signifie, pour chacun de nous, que nos défunts nous sont proches et qu'ils intercèdent pour nous comme nous intercédons pour eux. Mais chez les vivants qui se détournent de Doei, il règne une telle indifférence, un telle attitude de négation envers les choses spirituelles, que "quelqu'un pourra bien ressusciter d'entre les morts : ils ne seront pas convaincus".

Il se trouve que j'ai un ami agnostique, du prénom de Christophe, qui est venu me relancer durant des années, car il sait que je crois. Or, à la mort de son père, je lui ai dit: 'et si, dans ton village, tout d'un coup, tu voyais ton père venir vers toi depuis le trottoir d'en face, en essayant visiblement de te parler, que ferais-tu ?" "Ah, m'a dit le copain - qui ne connaît pas l'Évangile, je me dirais que j'ai trop bu la veille et je m'enfuirais !"

Je sais bien que cet Évangile porte à débat sur l'existence de l'enfer et du purgatoire (car, pour moi, le mauvais riche n'est pas définitivement dans le lieu du tourment), mais qu'importe: que chacun dise ce qu'il en juge, et cela enrichira les autres !
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Re: Lazare et le mauvais riche

Message non lu par PaxetBonum » jeu. 24 mars 2011, 19:16

Lazare et le mauvais riche…
Cela ouvre une porte aux riches, si celui-ci est mauvais, il doit y en avoir des bons !
Mais il faudra qu'ils soient sveltes : "Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu"

Décidément St François a été fort inspiré de prendre dame pauvreté pour épouse
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Re: Lazare et le mauvais riche

Message non lu par Antoine Marie » jeu. 24 mars 2011, 19:35

A vrai dire la richesse extérieure peut cacher une humilité intérieur : ce qu'il faut purifier, c'est notre coeur de toute vanité.
Un prêtre disait : "Heureux les pauvres, ça veut dire "Heureux ceux qui ont choisi d'être pauvres !!"" Car la pauvreté n'est pas un bien en soi : on doit lutter contre la pauvreté.
Par contre, à l'exemple de Saint François, la pauvreté choisie est un chemin de grande sainteté car c'est le signe d'un abandon confiant et total en Dieu.

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Re: Lazare et le mauvais riche

Message non lu par stephlorant » jeu. 24 mars 2011, 19:56

PaxetBonum a écrit :Lazare et le mauvais riche…
Cela ouvre une porte aux riches, si celui-ci est mauvais, il doit y en avoir des bons !
Mais il faudra qu'ils soient sveltes : "Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu"

Décidément St François a été fort inspiré de prendre dame pauvreté pour épouse
J'aime bien ce que vous avez écrit ici: le paradoxe est frappant. Saint François en effet, dans sa pauvreté, est tout lumineux et il brille encore jusqu'à nous. Épouser Dame Pauvreté, c'est faire confiance en Dieu pour tout ce dont nous avons besoin, puisque c'est d'abord de sa miséricorde dont nous avons besoin...
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Re: Lazare et le mauvais riche

Message non lu par stephlorant » jeu. 24 mars 2011, 20:06

antoinemarie a écrit :A vrai dire la richesse extérieure peut cacher une humilité intérieur : ce qu'il faut purifier, c'est notre coeur de toute vanité.
Un prêtre disait : "Heureux les pauvres, ça veut dire "Heureux ceux qui ont choisi d'être pauvres !!"" Car la pauvreté n'est pas un bien en soi : on doit lutter contre la pauvreté.
Par contre, à l'exemple de Saint François, la pauvreté choisie est un chemin de grande sainteté car c'est le signe d'un abandon confiant et total en Dieu.

Fraternellement
La richesse extérieure et l'humilité intérieure - mais n'est-ce pas un chemin de sainteté aussi difficile que d'avoir choisi la pauvreté complète, d'un seul coup, comme saint François ? Je ne sais pas quoi penser: des deux qui tombent malades, par exemple, le riche sera plus fortement tenté d'avoir recours à son argent pour se soigner, tandis que le pauvre se tournera d'autant plus facilement vers Dieu... Mais quoi qu'il en soit, c'est déjà beaucoup si nous ne mettons pas notre confiance dans l'argent, mais en Dieu. Il y a là un combat de chaque jour !
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