Liturgie du jour avec Etienne Lorant (2010-2011)

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Epsilon
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Re: Une question sur Jonas et Jésus.

Message non lu par Epsilon » mar. 11 oct. 2011, 15:40

etienne lorant a écrit :Merci de bien vouloir m'éclairer... je "sèche" tout à fait !
Voyons voir ...

Pour Jonas … il est précisé qu’il « est descendu au fond du bâtiment » pour effectivement y dormir … le « fond du bâtiment » est le lieu par excellence ou la « lumière » ne permettre pas … donc d’une part Jonas fui cette lumière et d’autre part il cherche le « sommeil » … il cherche ainsi l’oubli de sa faute afin d’avoir/obtenir le repos de sa conscience troublée.

Pour Jésus … il dort du sommeil du juste après une sainte fatigue … il quittait justement la foule pour trouver le repos (le récit de Marc est plus explicite).


Cordialement, Epsilon

Isabelle47
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Re: Une question sur Jonas et Jésus.

Message non lu par Isabelle47 » mar. 11 oct. 2011, 17:11

Le sommeil de Jésus est le signe de sa toute puissance, de son autorité, un signe de sa divinité.
Pour Jonas, le sommeil pourrait être signe de déni, de fuite, d'oubli, d'ignorance de la voie à suivre, une tentative d'oublier sa culpabilité d'avoir désobéi au "Lève-toi!" du Seigneur? ("Lève-toi" qui sera repris par le capitaine du bateau en 1,6)
Il me semble que les significations sont totalement opposées et la suite nous le démontre: d'un côté Jésus, souverain, calmant la tempête, de l'autre Jonas, fuyant l'appel de Dieu, se proposant comme victime expiatoire.
Selon vous quel est le lien entre Jonas et Jésus?
Merci de m'avoir permis, par votre question, de relire ces passages. :)
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Re: Une question sur Jonas et Jésus.

Message non lu par Anne » mer. 12 oct. 2011, 2:36

Lecture complémentaire :

Le signe de Jonas
http://www.cite-catholique.org/viewtopi ... 91&t=16772
"À tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés;
nous sommes désorientés, mais non pas désemparés;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés;
terrassés, mais non pas anéantis…
".
2 Co 4, 8-10

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Re: Une question sur Jonas et Jésus.

Message non lu par papillon » mer. 12 oct. 2011, 6:06

etienne lorant a écrit :Bref, je voudrais savoir si quelqu'un parmi vous pourrait m'expliquer quel est cet étrange sommeil dans lequel Jonas et Jésus sont plongés. On pourrait répondre : dans le cas de Jésus, c'est une image de la conscience parfaitement pure qui ne craint rien ni dans la vie ni dans la mort ... mais alors, quel est le sommeil de Jonas dans la tempête, lui dont la conscience n'est pas nette, puisqu'il a refusé de faire ce que Dieu lui avait ordonné ?
Le sommeil de Jonas était pour lui un refuge, une fuite de sa vie, de la réalité du moment.
On entend souvent des gens troublés, découragés ou désemparés dire "je veux dormir".
Des gens qui ne sont pas en harmonie, en équilibre, qui ne sont pas en paix avec eux-mêmes.
C'est d'ailleurs ce qui est de nos jours à l'origine de la grande popularité des somnifères et de leur surconsommation...

etienne lorant
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Les fardeaux trop lourds à porter

Message non lu par etienne lorant » mer. 12 oct. 2011, 10:02

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 11,42-46.
Jésus disait : "Malheureux êtes-vous, pharisiens, parce que vous payez la dîme sur toutes les plantes du jardin, comme la menthe et la rue, et vous laissez de côté la justice et l'amour de Dieu. Voilà ce qu'il fallait pratiquer, sans abandonner le reste.
Malheureux êtes-vous, pharisiens, parce que vous aimez les premiers rangs dans les synagogues, et les salutations sur les places publiques.
Malheureux êtes-vous, parce que vous êtes comme ces tombeaux qu'on ne voit pas et sur lesquels on marche sans le savoir. »
Alors un docteur de la Loi prit la parole : « Maître, en parlant ainsi, c'est nous aussi que tu insultes. »
Jésus reprit : « Vous aussi, les docteurs de la Loi, malheureux êtes-vous, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter, et vous-mêmes, vous ne touchez même pas ces fardeaux d'un seul doigt.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


En parlant comme il le fait, je crois que Jésus s'efforce de rappeler à ceux que tous considèrent comme des maîtres, qu'ils ne sont pas - du fait de leur rang, exemptés de se remettre en question. Tout du contraire ! De ceux qui ont reçu la charge de prendre des décisions qui engagent le peuple, on attend une conduite exemplaire. Or, Jésus n'hésite pas à les qualifier de tombeaux sur lesquels on marche sans même le savoir ! Quelle image, quelle réponse !

(En lisant cela, je ne peux m'empêcher de songer à tous nos hommes politiques, à qui les décisions concernant l'avenir du pays ont été confiées: certes, quand les dérives de leurs vies privées deviennent publiques, je me demande parfois pour qui voter - mais l'on me répond tout aussitôt que la vie privée n'a rien à voir avec la vie publique... argument que je trouve "faible".)

Repris de la sorte par un docteur de la Loi, Jésus va parler des "fardeaux impossibles" dont l'autorité charge les gens. Ce sont ces mêmes fardeaux trop lourds qu'il dénonce à l'occasion du sabbat, car dit-il : "Le sabbat a été fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat". Je n'ai pas pris la peine d'aller lire l’Évangile de demain, mais je ne serais pas étonné que le Seigneur, s'adressant aux plus humbles les invite à le suivre, car son joug à lui est "simple" et son fardeau "léger".

Je me réjouis de pouvoir écrire aujourd'hui - ah, si vous saviez ! Depuis quelques jours, non seulement mon isolement 'physique' (en ville sur mon lieu de travail comme en privé, dans ce qui me reste de famille) est devenu quasi complet, mais suivre Jésus n'en est finalement rendu que plus simple. D'autant qu'à la question: que faire maintenant, ma lombalgie a apporté une réponse immédiate. Je dois chercher à me soigner, et à me rendre l'existence quotidienne moins lourde. Et quelque part, au fond de mon cœur, la source de la Joie frémit et me nourrit d'abandon de confiance.

Que demander de plus. Comme je vois des visages inquiets ! Mais aussi : pourquoi prêter tant d'attention aux paroles et aux écrits, aux images sur les écrans. Il y a toujours un temps pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel, comme dit l'Ecclésiaste. Et de même: "A chaque jour suffit sa peine !" Puisse le Seigneur nous bénir tous et toutes en ces jours d'automne. Que toutes les crises annoncées et celles qui se déroulent déjà nous trouvent sereins dans la foi.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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S'emparer de la Parole

Message non lu par etienne lorant » jeu. 13 oct. 2011, 16:28

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 11,47-54.
Jésus disait aux docteurs de la Loi : " Malheureux êtes-vous, parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes, alors que vos pères les ont tués.
Ainsi vous témoignez que vous approuvez les actes de vos pères, puisque eux, ils ont tué les prophètes, et vous, vous bâtissez leurs tombeaux.
C'est pourquoi la Sagesse de Dieu elle-même a dit : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres, ils tueront les uns et en persécuteront d'autres.
Ainsi cette génération devra rendre compte du sang de tous les prophètes qui a été versé depuis la création du monde,
depuis le sang d'Abel jusqu'au sang de Zacharie, qui a péri entre l'autel et le sanctuaire. Oui, je vous le déclare : cette génération devra en rendre compte.

Malheureux êtes-vous, docteurs de la Loi, parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ; vous-mêmes n'êtes pas entrés, et ceux qui essayaient d'entrer, vous les en avez empêchés. »
Après que Jésus fut parti de là, les scribes et les pharisiens se mirent à lui en vouloir terriblement, et ils le harcelaient de questions ;
ils étaient à l'affût pour s'emparer d'une de ses paroles.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


Dans le second paragraphe, les scribes et les pharisiens, par leurs questions, se tiennent à l'affût afin de s'emparer d'une des paroles de Jésus. C'est exactement ce que de génération en génération, les membres de la caste des Docteurs de la Loi ont fait : ils se sont appropriés les paroles des prophètes, non pas dans le but saint d'enseigner le peuple, mais dans celui, combien pervers, d'asseoir leur pouvoir, et de condamner tous ceux qui les gêneraient. C'est ainsi qu'ils ont fini par enlever "la clé de la connaissance". Par leurs agissements, par leurs manipulations, en déplaçant des parfois de simples signes de ponctuation (*), ils ont fait dire à Dieu ce qu'Il n'a pas dit et il prête à Dieu des volontés qui ne sont nullement Ses volontés.

Voyez le Sabbat. Il existe même un cas où le chef d'une synagogue déclare: les hommes ont six jours pour se faire guérir, pourquoi viennent-ils le jour du Sabbat ? (Car dans ce cas ils assimilent la maladie à une sorte d'activité et il faudrait s'abstenir de se soigner le jour du repos !?!)

Mais ces esprits pervers n'arriveront pas à s'emparer d'une parole de Jésus que le jour où lui-même leur donnera cet "os à ronger". (C'est lorsqu'il leur dira: "Avant qu'Abraham fût, Je suis !")

Je songe aux perversions de pensées et aux manipulations d'informations qui grouillent sur les écrans et vont jusqu'à se contredire les unes les autres. De toute façon, elles atteignent leur but qui est de semer la peur et de préparer les esprits pour certaines bassesses et des ignominies dont le vingtième siècle garde pourtant les traces visibles - des traces que l'on peut même visiter ! Un homme m'a annoncé une de ses nouvelles qui font peur, et voyant que je ne réagissais pas beaucoup, il a ajouté : "Je t'l'jure, c'est vrai, t'as qu'à regarder la télé !" Eh bien non, certes pas. Regarder les nouvelles à la télé, voici ce qui est dangereux !



(*) On prend la parole de Jésus : "Je te le dis: aujourd'hui, tu seras avec moi dans le Paradis - et l'on en fait: "Je te le dis aujourd'hui : tu seras avec moi dans le Paradis"... il a suffi de changer de place les deux-points dans la phrase....
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Se tromper de Dieu: pire que mourir !

Message non lu par etienne lorant » ven. 14 oct. 2011, 10:55

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 12,1-7.
Comme la foule s'était rassemblée par dizaines de milliers, au point qu'on s'écrasait, Jésus se mit à dire, en s'adressant d'abord à ses disciples : « Méfiez-vous bien à cause du levain des pharisiens, c'est-à-dire de leur hypocrisie.
Tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu.
Aussi tout ce que vous aurez dit dans l'ombre sera entendu au grand jour, ce que vous aurez dit à l'oreille dans le fond de la maison sera proclamé sur les toits.
Je vous le dis, à vous mes amis : ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus.
Je vais vous montrer qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir d'envoyer dans la géhenne. Oui, je vous le dis : c'est celui-là que vous devez craindre.
Est-ce qu'on ne vend pas cinq moineaux pour deux sous ? et pas un seul n'est indifférent aux yeux de Dieu.
Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés. Soyez sans crainte : vous valez plus que tous les moineaux du monde.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


Pour bien comprendre ce qu'est-ce levain des pharisiens, il m'apparaît très utile de comparer ces derniers à la foi d'Abraham (dont parle saint Paul dans la première lecture). C'est à cause de la qualité de sa foi, non de ses œuvres, que Dieu estima qu'Abraham était "juste". Ce matin, le prêtre s'est longuement attardé sur cette explication, car lorsque nous parlons de foi en Dieu, nous avons tous tendance à en rester à une image de Dieu, une image à la manière humaine. Tandis qu'Abraham, lui, le fondateur, est sorti des "estimations" humaines, il s'est pris d'amour pour Dieu et est est entré de plain pied dans l'absolu. Dieu, dès le commencement, lui a dit de tout quitter pour marcher vers le pays qu'Il lui donnerait - et sans poser de question, pas la moindre, Abraham s'est mis en chemin.

Le levain des pharisiens, tel qu'a voulu nous le montrer notre prêtre, c'est la représentation de Dieu selon notre jugement humain. Et il est assez facile de comprendre combien c'est plus facile et commode. On prend les paroles de Dieu, on en déduit des lois, puis une multitude de règles, on introduit une tradition et en définitive... on a enfermé Dieu dans un livre, on l'a mis en boîte. Au contraire de leur père Abraham, qui s'en est remis totalement à Dieu, les pharisiens enseignent un Dieu tel qu'ils ont jugé qu'Il devait être. C'est bien ainsi que, dans l’Évangile d'hier, Jésus leur reproche d'avoir retiré la clé de la connaissance. Je cite "Malheureux êtes-vous, docteurs de la Loi, parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ; vous-mêmes n'êtes pas entrés, et ceux qui essayaient d'entrer, vous les en avez empêchés. » Et forcément : celui qui ne fait pas partie de leur caste, leur université, dirai-je, ne peut entrer dans la compréhension de Dieu. Or, c'est faux, bien sûr ! Dieu se laisse rencontrer par quiconque cherchera la vérité. "Quiconque cherche la vérité entend ma voix", dit Jésus à Pilate, le Romain.

Le levain des pharisiens ne conduit pas seulement à l'erreur et à la chute, mais il conduit à la mort aussi. Et Jésus, malgré toutes les paroles extraordinaires qu'il a dites, malgré les malades qu'il a guéris, malgré les démons chassés, malgré les pains et les poissons multipliés, malgré la façon dont il a réglé l'affaire de la femme adultère, malgré l'accomplissement des Écritures jusque dans chaque détail de sa passion et de sa crucifixion, rien n'y a fait, car nul n'est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre; ni plus aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Et c'est bien pourquoi, tout à la fin, Jésus rassure son "petit troupeau": il ne faut pas craindre la mort, mais il faut craindre de se tromper - se tromper de Dieu, c'est plus grave que de mourir !
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Accueillir l'Esprit Saint

Message non lu par etienne lorant » sam. 15 oct. 2011, 10:19

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 12,8-12.
Jésus disait à ses disciples : " Je vous le déclare : Celui qui se sera prononcé pour moi devant les hommes, le Fils de l'homme se prononcera aussi pour lui devant les anges de Dieu.
Mais celui qui m'aura renié en face des hommes sera renié en face des anges de Dieu.
Et celui qui dira une parole contre le Fils de l'homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu'un blasphème contre l'Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné.
Quand on vous traduira devant les synagogues, les puissances et les autorités, ne vous tourmentez pas pour savoir comment vous défendre ou comment parler. Car l'Esprit Saint vous enseignera à cette heure même ce qu'il faudra dire. »Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


J'ignore si vous avez eu la même réaction que moi, mais à la lecture des premières ligne de ce passage, je me suis posé la question en conscience : me suis-je prononcé pour Jésus devant les hommes ? Et ne l'aurai-je pas, ne serait-ce qu'une fois, renié ? Je me pose des questions plus profondément et avec plus de rigueur qu'autrefois en partie à cause de l'isolement, de la dureté de ce temps, et de l'échéance de fin de vie qui s'est brutalement faite plus proche.

Quant au blasphème contre l'Esprit-Saint, je suis certain que non, car j'ai aimé ceux qui m'ont rejeté et je continue de les aimer. Or, pour un cœur humain, c'est impossible, car la souffrance qui en résulte est de celles qui creusent en profondeur et minent la vie elle-même. N'est-ce pas d'avoir aimé les siens jusqu'au bout, malgré le rejet et la trahison, que Jésus est mort, tout en disant : "Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ?"

Le témoignage qu'insuffle l'Esprit Saint directement dans la bouche de ceux qui se retrouvent acculés à confesser leur foi... est parfois la seule occasion de témoigner qu'ils ont eu de toute leur vie. Et ils se retrouvent, tout surpris, tout joyeux, tout illuminés comme le fut Étienne avant son martyre. Ah, comme j'ai demandé au Seigneur de mourir aussitôt, lorsque la Joie de la conversion (qui prend une majuscule car elle est bien au-delà de toutes les joies humaines) m'a atteint ! Si je ne la décris pas, c'est qu'elle est vraiment indescriptible. Je ne quitte pas Etienne puisqu'il fut l'un des premiers à témoigner par l'Esprit-Saint et ce jusqu'au don de sa vie. Dans la Bible de la Liturgie, j'ai trouvé que "Tous ceux qui siégeaient au grand conseil avaient les yeux fixés sur lui, et son visage leur apparut comme celui d'un ange."

Il ne faut donc pas craindre rien en ce monde, mais il faut croire et s'ouvrir de tout son cœur à l'action du Seigneur en nous.
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S'en remettre à Dieu pour tout

Message non lu par etienne lorant » lun. 17 oct. 2011, 10:17

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 12,13-21.
Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? » Puis, s'adressant à la foule : « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d'un homme, fût-il dans l'abondance, ne dépend pas de ses richesses. »
Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait : 'Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte. ' Puis il se dit : 'Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j'en construirai de plus grands et j'y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l'existence. ' Mais Dieu lui dit : 'Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l'aura ? '
Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d'être riche en vue de Dieu. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


La vie d'un homme ne dépend pas de ses richesses. S'il ne me fallait retenir qu'une seule phrase, je choisirais celle-ci, car elle peut être reliée à tant d'autres dans les Évangiles !

Je les cite comme elles me viennent : "Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice et tout le reste vous sera donné par surcroît"; "Ne vous faîtes pas tant de soucis... A chaque jour suffit sa peine". "Bienheureux les pauvres pour l'esprit" et surtout, la demande du notre Père : "Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour". Outre les paroles, j'ai réalisé que Jésus n'admirait pas le temple ni ses richesses d'architecture, ni les trésors qu'il contenait, mais son regard se posait avec ravissement sur les lys des champs et sur les petits moineaux. Lorsqu'on lui a réclamé les deux drachmes de l'impôt, il s'est adressé à Pierre pour régler cette affaire sans grand effort ni scandale: "Va à la mer, jette l’hameçon, et tire le premier poisson qui viendra, ouvre-lui la bouche, et tu trouveras un statère. Prends-le, et donne-le-leur pour moi et pour toi" - car Dieu pourvoit à tout pour peu qu'on lui accorde sa confiance.

L'histoire de l'homme qui est riche au point de ne plus savoir que faire de ses récoltes, elle est tellement d'actualité ! Et l'on peut dire, je pense, qu'elle l'a été de tout temps ! Je l'ai vécue à ma façon à diverses périodes de ma vie, et encore récemment: lorsque j'ai appris qu'il n'y aurait pas pour moi de revenu garanti de pension avant l'âge de soixante-cinq ans. Pour ne pas étaler ici mon étonnement, je reprends à mon compte la fable du savetier et du financier - que je laisse en post-scriptum : son auteur dit tout très bien !)

Le prêtre nous a dit que, du temps de Jésus, il était assez courant de faire appel à un rabbin pour régler les questions d'héritage: de la part de cet homme dans la foule, la question n'était donc pas du tout vulgaire; au contraire, elle témoignait de sa confiance en l'autorité de Jésus, mais celui-ci ne veut pas de ce rôle.

Et voici la délicieuse sagesse de la fable:
Un Savetier chantait du matin jusqu’au soir ;
C’était merveilles de le voir,
Merveilles de l’ouïr ; il faisait des passages,
Plus content qu’aucun des sept sages.
Son voisin, au contraire, étant tout cousu d’or,
Chantait peu, dormait moins encor ;
C’était un homme de finance.
Si sur le point du jour parfois il sommeillait,
Le Savetier alors en chantant l’éveillait.
Et le Financier se plaignait,
Que les soins de la Providence
N’eussent pas au marché fait vendre le dormir,
Comme le manger et le boire.
En son hôtel il fait venir
Le chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire,
Que gagnez-vous par an ? — Par an ? Ma foi, Monsieur,
Dit avec un ton de rieur,
Le gaillard Savetier, ce n’est point ma manière
De compter de la sorte ; et je n’entasse guère
Un jour sur l’autre : il suffit qu’à la fin
J’attrape le bout de l’année :
Chaque jour amène son pain.
— Eh bien ! que gagnez-vous, dites-moi, par journée ?
— Tantôt plus, tantôt moins : le mal est que toujours ;
(Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes,)
Le mal est que dans l’an s’entremêlent des jours
Qu’il faut chômer ; on nous ruine en fêtes.
L’une fait tort à l’autre ; et Monsieur le curé
De quelque nouveau Saint charge toujours son prône.
Le Financier, riant de sa naïveté,
Lui dit : « Je vous veux mettre aujourd’hui sur le trône.
Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin,
Pour vous en servir au besoin. »
Le Savetier crut voir tout l’argent que la terre
Avait, depuis plus de cent ans,
Produit pour l’usage des gens.
Il retourne chez lui ; dans sa cave il enserre
L’argent et sa joie à la fois.
Plus de chant : il perdit la voix
Du moment qu’il gagna ce qui cause nos peines.
Le sommeil quitta son logis,
Il eut pour hôtes les soucis,
Les soupçons, les alarmes vaines.
Tout le jour il avait l’œil au guet ; et la nuit,
Si quelque chat faisait du bruit,
Le chat prenait l’argent. À la fin le pauvre homme
S’en courut chez celui qu’il ne réveillait plus.

Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
Et reprenez vos cent écus.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Fête de saint Luc

Message non lu par etienne lorant » mar. 18 oct. 2011, 9:48

Deuxième lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 4,9-17b.
Viens me rejoindre le plus vite possible,
car Démas m'a abandonné par amour de ce monde, et il est parti pour Thessalonique ; Crescens est parti chez les Galates, et Tite en Dalmatie.
Luc est seul avec moi. Amène Marc avec toi, il m'est très utile pour le ministère.
J'ai envoyé Tychique à Éphèse.
En venant, rapporte-moi le manteau que j'ai laissé à Troas chez Carpos. Apporte-moi aussi mes livres, surtout les parchemins.
Alexandre, le forgeron, m'a fait beaucoup de mal. Il recevra du Seigneur le salaire de ses actes.
Toi aussi, prends garde à lui, car il s'est violemment opposé à nos paroles.
La première fois que j'ai présenté ma défense, personne ne m'a soutenu : tous m'ont abandonné. Que Dieu ne leur en tienne pas rigueur.
Le Seigneur, lui, m'a assisté. Il m'a rempli de force pour que je puisse annoncer jusqu'au bout l'Évangile et le faire entendre à toutes les nations païennes.


En ce jour où nous fêtons saint Luc l’Évangéliste, le prêtre ayant souligné combien - dès le temps de Jésus, l'annonce de la Bonne Nouvelle serait pour ses disciples d'aller comme des brebis au milieu des loups... c'est cet appel à l'aide de saint Paul à Timothée que j'ai retenu aujourd'hui.

En effet, que deviendrons-nous, qui avons cru, dans un monde qui continue de refuser le message du Christ ? Plus les difficultés augmentent, plus nous devrons apprendre à demeurer simples et droits. Nous serons soumis à des épreuves: que celles-ci nous trouvent bien établis dans la foi. C'est ainsi que Paul, abandonné de tous, a présenté seul sa défense, mais assisté de l'Esprit Saint; il prie Dieu de ne pas tenir rigueur à ses frères qui l'ont abandonné.

Où que nous soyons, nous sommes en pays étranger, puisque notre patrie n'est plus de ce monde. Jésus conseille donc de ne pas s'attarder en vaines salutations - ce que le prêtre dans son homélie a rendu d'une manière amusante: "Il ne s'agit pas de faire de la Parole un bavardage, il ne s'agit pas de rechercher un consensus: il n'y a qu'une vérité, à prendre ou à laisser. Pourquoi se répandre en gentillesse, moi, je ne suis pas gentil : je dis ce que je dois dire." C'est un langage qui me plaît.

Je me retrouve moi-même très esseulé et je me rends compte de ce que l'on me reproche : je ne cherche plus à m'adapter à mon époque, je ne me ballade pas avec le dernier IPhone, je ne suis pas à l'affût des dernières catastrophes annoncées, mais je suis fidèle quand bien-même j'ai été rejeté. Je sais que cette attitude agace ceux qui prétendaient m'aimer, mais dont l'affection n'a pas résisté à la pression des idées du temps. Chacun va donc son chemin, alors qu'il n'en est qu'un. J'ai même dû admettre qu'un simple changement de paroisse m'a valu un rejet !

Aujourd'hui, en tout cas, puisque le Seigneur demande que l'on prie le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers, je prierai à cette intention au cours de ma journée.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

etienne lorant
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Parabole de l'intendant fidèle

Message non lu par etienne lorant » mer. 19 oct. 2011, 11:09

Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 6,12-18.
Frères, il ne faut pas que le péché règne dans votre corps mortel et vous fasse obéir à ses désirs. Ne mettez pas les membres de votre corps au service du péché pour mener le combat du mal : mettez-vous au contraire au service de Dieu comme des vivants revenus de la mort, et offrez à Dieu vos membres pour le combat de sa justice. Car le péché n'aura plus sur vous aucun pouvoir : en effet, vous n'êtes plus sujets de la Loi, vous êtes sujets de la grâce de Dieu.
[center]*[/center]
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 12,39-48.
Jésus disait à ses disciples : " Vous le savez bien : si le maître de maison connaissait l'heure où le voleur doit venir, il ne laisserait pas percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra. » Pierre dit alors : « Seigneur, cette parabole s'adresse-t-elle à nous, ou à tout le monde ? »
Le Seigneur répond : « Quel est donc l'intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de ses domestiques pour leur donner, en temps voulu, leur part de blé ? Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail. Vraiment, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens. Mais si le même serviteur se dit : 'Mon maître tarde à venir', et s'il se met à frapper serviteurs et servantes, à manger, à boire et à s'enivrer,
son maître viendra le jour où il ne l'attend pas et à l'heure qu'il n'a pas prévue ; il se séparera de lui et le mettra parmi les infidèles.
Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n'a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups.
Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n'en recevra qu'un petit nombre. A qui l'on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l'on a beaucoup confié, on réclamera davantage.


Il m'est arrivé ce matin comme il m'arrivait souvent au meilleur temps de ma participation à la messe matinale chez les sœurs Clarisses: je voulais me rendre à l'Eucharistie et je me suis réveillé juste à temps pour y être. Au moment opportun (mon réveil n'a pas sonné), j'ai comme été tiré hors de mon lit et chacun de mes gestes - pour une fois !, a été prompt et net en sorte que je suis arrivé deux minutes avant que commence la célébration. Je rapporte cet incident car j'en ai retrouvé l'écho dans les lectures de ce jour.

Dans son homélie, le prêtre a souligné plusieurs liens qui lui semblaient importants entre la parabole de l'intendant fidèle et ces "vivants revenus de la mort" dont parle saint Paul.

Il s'agit de veiller en tout temps, et pas seulement en vue des dimanches et des dates fêtées dans l’Église. Il faut que nos membres demeurent au service de Dieu de façon permanente. Autrefois, a-t-il rappelé, nos grands-parents vivaient très concrètement cette attention constante à la volonté de Dieu : on disait le bénédicité avant de prendre son repas, on ne se couchait pas sans avoir demandé la protection divine et on jeûnait réellement chaque vendredi ("qui n'était pas encore devenu seulement le jour du poisson !"). Ces règles de vie ont été peu à peu écartées de la vie moderne dans laquelle on n'a plus le temps d'établir des liens entre le matériel et le spirituel. Or, le temps de Dieu, si l'on est chrétien et que l'on veut bien y songer, c'est toujours "ici et maintenant".

De telle sorte que le serviteur qui pense que son maître tarde à venir se trompe lui-même, car le Seigneur est bien présent à nous à chaque instant. De même sont dans l'erreur ceux qui se nourrissent de lectures diverses qui annoncent le retour en gloire du Messie. Le fait d'attendre la Parousie est contraire à la volonté de Dieu - il y a autre chose à vivre dans l'immédiat. Car le Messie est déjà présent, et le fait qu'il ne se manifeste pas de manière éclatante à tout instant ne signifie pas du tout un retard quelconque.

Finalement, Jésus répond à la question que lui avait posée les disciples: "Cette parabole s'adresse-t-elle à nous ou à tout le monde ?" Sa réponse est évidente: "A qui l'on a beaucoup confié, on réclamera davantage !"

Je suis sorti tout ragaillardi de la messe, ce matin, non pas que j'aie à tirer une satisfaction quelconque d'y avoir participé, mais au contraire, parce que tout s'est mis en place au moment voulu afin que je ne la manque pas. C'est pour moi un signe que le Seigneur me veille particulièrement de ce temps, et cela me plonge dans la Joie.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Dieu ? Ou bien le monde ?

Message non lu par stephlorant » jeu. 20 oct. 2011, 20:29

Après l'humour, le chant qui fait écho dans le coeur :


In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum
http://www.youtube.com/watch?v=WDV94Iti5ic&feature=related (Philippe Herreweghe)

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Lire les signes du temps de Dieu

Message non lu par etienne lorant » ven. 21 oct. 2011, 10:33

Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 7,18-25a.

Je sais que le bien n'habite pas en moi, je veux dire dans l'être de chair que je suis. En effet, ce qui est à ma portée, c'est d'avoir envie de faire le bien, mais non pas de l'accomplir. Je ne réalise pas le bien que je voudrais, mais je fais le mal que je ne voudrais pas. Si je fais ce que je ne voudrais pas, alors ce n'est plus moi qui accomplis tout cela, c'est le péché, lui qui habite en moi.
Moi qui voudrais faire le bien, je constate donc en moi cette loi : ce qui est à ma portée, c'est le mal. Au plus profond de moi-même, je prends plaisir à la loi de Dieu. Mais, dans tout mon corps, je découvre une autre loi, qui combat contre la loi que suit ma raison et me rend prisonnier de la loi du péché qui est dans mon corps. Quel homme malheureux je suis ! Qui me délivrera de ce corps qui appartient à la mort ? Et pourtant, il faut rendre grâce à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur. Ainsi, moi, je suis à la fois, par ma raison, serviteur de la loi de Dieu, et, par ma nature charnelle, serviteur de la loi du péché.


En entendant la première lecture, ce matin, j'ai été saisi de tristesse, car moi je suis pécheur, et je le sais. Mais peut-être avais-je rêvé que saint Paul, lui qui a été enlevé en esprit plusieurs fois dans les Cieux, était capable de beaucoup plus de bien que moi ? Qu'il était plus docile que je le suis aux intuitions issues de l'Esprit Saint ? Voici qu'il me rappelle que non, qu'il est en notre pouvoir de désirer le bien, mais quand à l'accomplir, nous n'y parvenons pas.

Dans l’Évangile, Jésus nous fait le même reproche: nous voyons les signes du ciel et dire s'il fera beau ou mauvais le lendemain et nous serions incapables de lire les signes des temps de Dieu ?

Certes, par nous-mêmes nous ne parvenons à rien. Tout ce que nous pouvons faire c'est de nous en remettre au Seigneur et de dire : "Qu'il m'en soit fait non comme je veux mais comme Tu veux". Et c'est la grâce qui agira en nous. Il nous faut toujours passer par dessus nous-mêmes. Lorsque j'ai pratiqué la miséricorde envers quelqu'un, la plupart du temps, je ne ressens qu'une sorte d'agacement: j'ai été obligé de sortir de mon petit cocon intérieur et d'accomplir un geste qui paraît le contraire de mon intérêt !

Tout de même, Jésus nous incite à être conciliants entre nous : j'y vois, clairement, la recommandation de pratiquer la charité, car c'est notre intérêt. N'attendons pas d'être devant le juge ! Le même saint Paul dit que la charité couvre une multitude de péchés. Or, pour moi-même, je me permets de dire que la charité, c'est l'amour miséricordieux.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Après un sermon pitoyable...

Message non lu par stephlorant » dim. 23 oct. 2011, 15:19

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 22,34-40.
Les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l'un d'entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l'épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu'il y a dans l'Écriture - dans la Loi et les Prophètes - dépend de ces deux commandements. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


Ce dimanche, je me suis levé en me préparant à une journée difficile et la première messe, à 8h00, m'a rendu plus vigilant encore. Dans son homélie, le prêtre a commencé par citer Lao Tseu: "Ceux qui ne savent rien parlent beaucoup, celui qui sait ne dit rien". Eh bien, après avoir ajouté, pour commencer son sermon, que l'on ne saurait aimer le prochain sans d'abord s'aimer soi-même, je trouve qu'en grand sage comme il s'est présenté cet abbé aurait pu garder bouche close !

Tout cela m'a perturbé, je l'avoue. Pour rétablir la vérité, il faut commencer par rétorquer que pour s'aimer bien soi-même, c'est comme pour aimer bien son prochain: il faut d'abord aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme et de tout son esprit. Et replacer ainsi dans l'ordre réel le discours sur l'amour véritable. En effet, si ce n'est pas à cause de l'amour pour Dieu, pourquoi un homme comme moi (qui ne connaît aucun des fidèles qui bavardaient tous ensemble avant le début de la messe), serait-il sorti dans le grand froid et la nuit ?

N'y avait-il donc rien à dire de ce qui se passe aujourd'hui, dans ce pays comme dans l'Europe et le monde ? Pourtant cet extrait du livre de l'Exode, c'est-à-dire la première lecture de ce dimanche aurait bien pu permettre de glisser quelques idées au sujet de la crise de la dette: "Si tu prêtes de l'argent à quelqu'un de mon peuple, à un pauvre parmi tes frères, tu n'agiras pas envers lui comme un usurier : tu ne lui imposeras pas d'intérêts."

Et à propos de l'amour du prochain, n'était-il pas convenable de rappeler que les pays européens les plus riches, viennent de décider de ne plus fournir d'aide alimentaire aux plus démunis de leurs propres citoyens durant la période hivernale ! Oh oui, l’Évangile d'aujourd'hui permettait bien de rappeler qu'il ne suffit pas de venir à l'église une demie heure le dimanche. Il eût fallu parler de miséricorde et du don de soi, tous deux gages de félicité éternelle. Qu'avons-nous à perdre, tous les saints n'ont pas cessé de le répéter par leurs vies données à la suite de Jésus !

Je suis rentré chez moi avec la conscience un peu troublée, je l'admets. Mais il n'est pas question pour moi de recommencer ce que j'avais fait durant mon adolescence: j'avais tourné le dos à l'Eglise en la jugeant trop hypocrite et indulgente dans la question des moeurs. C'était dans les années 70. Lorsque j'y songe, c'était déjà grave à l'époque, mais à présent que l'individualisme et l'hédonisme sont passés sans grande résistance, comment aujourd'hui ne pas admettre aussi d'en revenir à l'esclavage ? Allons, nous savons tous bien le temps que nous vivons...

Ce qui fait de moi un 'indigné' de plus ! Seigneur, j'espère tout obtenir de Ta miséricorde, Tu le sais !
In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum
http://www.youtube.com/watch?v=WDV94Iti5ic&feature=related (Philippe Herreweghe)

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Re: Après un sermon pitoyable...

Message non lu par Griffon » dim. 23 oct. 2011, 18:09

Cher Etienne,

Y a-t-il encore quelqu'un ou quelque chose qui trouve grâce à vos yeux ?
Où est votre joie de chrétien ?

Ne voyez pas une critique dans ma question.
C'est juste pour que vous vous en rendiez compte...

Cordialement,

Griffon.
Jésus, j'ai confiance en Toi,
Jésus, je m'abandonne à Toi.
Mon bonheur est de vivre,
O Jésus, pour Te suivre.

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