Un jour après d'un sevrage à l'autre

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elisabeth
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Un jour après d'un sevrage à l'autre

Message non lu par elisabeth » lun. 26 juin 2023, 21:16

Ce message risque d'être long mais j'ai besoin que cela sorte et j'espère que cela pourra aider peut-être quelqu'un un jour.
Je suis atteinte de plusieurs pathologies qui ont des répercussions neurologiques, cognitives et comportementales. Des deux côtés de ma famille il y a des problèmes importants d'addiction.
Le 1er juillet de cette année je fêterai mes 13ans de sobriété alcoolique. L'alcool a toujours été là, même à l'âge de 5ans j'avais ma coupe de champagne aux différentes fêtes ou anniversaires. Résultat j'ai pris ma première cuite à 10ans j'ai descendu 5 bouteilles de champagne sans que personne voie rien ( je me propose pour remplir les verres). Puis avec l'évolution silencieuse de pathologie non diagnostiquée, je suis devenue accro aux antidouleurs dont la morphine, somnifères, anxiolytiques, antidépresseurs le tout avant 13ans.
J'ai fait mon premier sevrage à 13ans pour la morphine (sevrage que j'avais décidé par moi-même après une tentative de suicide qui est passée complètement inaperçue). Je sais que Dieu avait d'autre projet pour moi et ce ne sera pas la seule fois où il me sauve la vie. Je ne sais toujours pas comment j'ai pu survivre ce jour là. J'ai eu beaucoup de sevrage dans ma vie.
J'avais 20ans quand j'ai arrêté l'alcool après deux relations toxiques (où j'ai subi des abus divers, mon addiction au porno date de cette époque je pense) même si je pouvais passer des périodes sans en regarder mais jamais plus d'un mois.
Le problème des addictions c'est que l'on cherche toujours plus , plus fort, plus loin.

Honnêtement mon sevrage sur la pornographie est beaucoup plus dur que pour la masturbation. J'ai vu mon premier porno à 9ans et a l'époque c'était des vhs et non sur le net.
Mes parents avaient une relation disfonctionnelle, il l'ont toujours mais à un niveau beaucoup moindre. Car ma mère s'obligeait à accomplir son devoir conjugal. Je peux vous dire que demander à sa maitresse ce que devoir conjugal voulait dire à 9ans j'ai gagné un aller simple dans le bureau de la directrice avec convocation de mes parents. J'ai donc eu une vision faussée depuis mon plus jeune âge et encore à l'époque on avait pas internet à la maison ni de téléphone portable.

Je suis passée d'une addiction a l'autre. J'ai essayé à plusieurs reprises d'apporter ces sujets avec les différents psy et médecin. J'ai toujours eu le droit " c'est les hormones c'est pas grave et puis c'est déplacé pour une fille de parler de cela. J'ai eu des pratiques assez extrêmes et immorales, puis j'ai arrêté de boire.

Etant catholique pratiquante maintenant je peux vous dire que pour moi, la confession est une vraie grâce. Le plus dur dans le chemin que j'ai fait pour recevoir les sacrements de l'initiation chrétienne en 2018 a été d'accepter toutes les horreurs que j'ai subies mais aussi que je me suis fait subir. Il faut savoir que j'ai demandé le baptême juste 15 jours après une séparation d'une relation de 4ans ( dans laquelle j'évitais au max les rapports intimes ce qui a mis fin à la relation). Je n'ai jamais vraiment su mais je me souviens que je me suis faire larguer entre 2 arrêts de métro.

Je suis sortie et j'ai marché en passant par un pont ( j'ai peur de la hauteur); je me souviens que j'étais adossée sur le parapet du pont, j'ai levé les yeux et j'ai vu le clocher de la cathédrale de Rouen. Et j'ai littéralement entendu dans mon esprit "Non mon enfant, je suis là pour toi". Je me suis brusquement éloignée du pont, j'étais brisée en moi mais encore plus en colère d'avoir pensé à sauter du pont. Pendant 15 jours j'entendais toujours " je suis là pour toi".

J'ai commencé a faire des recherches sur le net ( j'étais païenne et engagée à l'époque). J'avais toujours eu une attirance pour la foi, je me suis retrouvée à aller chercher des livres d'une commande et quand je suis passée à côté d'un présentoir, une bible (louis segond) est tombée, je me suis dit bon 3e pour une bible. Je suis passée à la caisse et j'ai commencé à la feuilleter j'ai trouvé un plan de lecture pour une première prise en main. De mes films préférés depuis l'enfance sont les 10 commandement et Ruth. J'ai commencé à faire des recherches en prenant mes distances avec tous les forums où j'étais.

Je souris en écrivant ce texte, un matin j'ai ouvert mon pc et regarde pour le baptême comme adulte (bien qu'étant païenne je croyais déjà aux vertus de la confession). Je sais plus comment mais je me suis retrouvée à la maison paroissiale; je suis entrée sans dire bonjour. J'ai juste dit que voudrais être baptisée. Au début je pouvais aller comme je voulais à la messe mais en mars 2017 j'étais mise en arrêt de travail, et mon état s'est vite dégradé, j'ai dû commencer le fauteuil roulant en novembre 2017. Je me souviens de mon premier carême surtout du mercredi des Cendres car j'avais été chez le dentiste pour me faire arracher des dents. Cela avait étonné quelques membres de la paroisse quand je suis venue ce soir là avec le côté du visage tout gonflé. Mon prêtre m'a surtout dit d'essayer de faire une petite chose par jour (cette année là j'ai fait un carême sans chocolat et j'ai pris conscience que j'étais vraiment addict à l'écran).

J'ai eu un gros passage à vide pendant 3ans et demi, je suis retournée à l'église en mai de cette année. Je pratique le chapelet de la miséricorde une fois par jour pour les intentions du pape, en plus d'un chapelet plus traditionnel. J'ai même mis en place 2 jours de pratique du rosaire. J'ai refait ma garde-robe avec des vêtements féminins (plus de tee shirt militant type lgbt ou autre message agressif); je remets des jupes et des robes modestes et décentes. Le plus dur c'est mon comportement qui peut être assez aléatoire à cause de mes problèmes de santé.

Le plus dur avec l'addiction au porno est que l'on a constamment les images en tête, j'ai encore beaucoup de flash back de scène. C'est pour cela que j'ai fait du grand ménage dans mes livres, cd, dvd, mais aussi sur youtube, insta j'ai mis en place des filtres. J'essaie d'améliorer mon vocabulaire et surtout ma façon de parler, j'utilise des études bibles (ok elles sont protestantes mais j'utilise ma bible catholique pour les faire) Ce mois-ci c'est sur la tempérance qui est un très vaste sujet.

J'ai repris les choses à zéro, grâce à l'aide et au soutien des membres du forum, de plusieurs recommandations. Je me retrouve enfin, je n'ai plus besoin de mon gros mot la plupart du temps. J'ai commencé à prier les laudes et les vêpres. Dieu ne m'a jamais abandonnée et c'est en écrivant mon histoire personnelle (un travail pour moi-même) que je vois le nombre de fois où Notre Seigneur est intervenu dans ma vie.

Depuis peu j'ai enfin décidé de faire des recherches sur la vie (suite à la demande d'une de mes spécialistes je dois rédiger mes directives anticipées et j'ai regardé une série de reportages sur l'affaire Vincent Lambert). Je savais déjà que l'Eglise réprouvait le suicide mais je me suis interrogée sur ce que cela comprenait vraiment. J'ai enfin compris et surtout acquis la conviction du prix (ou justement que la vie n'a pas de prix)
J'espère que mon message sera bien posté au bon endroit si c'est pas le cas désolée pour la modération.

Mais quoi qu'il arrive vous avez du prix aux yeux du Seigneur.
Que Dieu vous bénisse tous

Ombiace
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Un jour après d'un sevrage a l'autre

Message non lu par Ombiace » mar. 27 juin 2023, 1:19

Bonjour elisabeth
Merci pour votre témoignage, l'espérance qu'il véhicule

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nicolas-p
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Re: Un jour après d'un sevrage à l'autre

Message non lu par nicolas-p » mar. 27 juin 2023, 21:31

Et bien !

Vous avez vécu des choses bien dures et vous vous relevez et allez de l'avant vers le Seigneur avec tout cela à porter.

De l'ombre naît la lumière et c'est bien à cela que je pense avec un tel témoignage .

Quel chemin! Et ce n'est que le début.
Continuez à suivre cet appel que vous avez reçu de celui qui vous aime plus que tout .

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Deo_Gratias
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Re: Un jour après d'un sevrage à l'autre

Message non lu par Deo_Gratias » mer. 28 juin 2023, 15:57

Merci pour votre témoignage. Vous montrez bien, entre autres, la grâce de la confession à laquelle on va parfois à reculons, malheureusement.

Vous avez traversé nombre d'épreuves très difficiles et je suis heureuse que les choses aillent mieux pour vous.
Je vous souhaite beaucoup de courage encore dans vos luttes !

Que le Seigneur vous bénisse et vous garde :coeur:

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