Pneumatis a écrit :Bonjour,
Je passe vraiment en coup de vent, plus rapidement que jamais dans un de nos échanges, Popeye pour ajouter cette précision à votre raisonnement à la fois concis et complet : vous dénoncer ceci "Faire du choix en matière religieuse un droit". Or ce n'est pas au choix que s'applique le droit mais à sa cause : la liberté. L'hérésie est la conséquence du choix, qui rend le choix immoral. Mais la liberté, qui comporte peut-être pour vous cette confusion manifestée dans votre emploi du terme "libre-choix" (comme si liberté et choix étaient indissolubles en essence) n'est pas le choix : elle le précède en quelque sorte, elle en est la cause. Je n'ai pas le droit de choisir d'être hérétique, mais j'ai le droit d'être "libre" dans ma capacité à choisir. Cela parait comme un paradoxe parce que l'on tend à penser que tout ce qui ressort d'un usage de la liberté comporte en lui-même sa légitimité. Or ce n'est pas le cas : ce qui est, n'étant le produit d'aucune entrave ni aucune contrainte, n'est pas pour autant un droit au sens moral.
Désolé, je ne me relis pas, je repasserai plus tard, je dois y aller.
Bonjour.
Je vous retape de mémoire ma réponse à votre message, mon post ayant disparu sans que l'administration en ait gardé la moindre trace.
Vous avez raison d'affirmer qu'il faut distinguer la liberté de son exercice. On doit distinguer la puissance opérative de son opération. Ainsi, c'est parce que j'ai ce pouvoir de penser, cette capacité, cette faculté de penser, que je peux l'exercer. On distinguera donc l'intelligence ou intellect, faculté d'intelliger, de l'intellection, opération de cette faculté. De même, on distinguera la volonté de sa volition.
La liberté, c'est la capacité de libre choix ; choisir, c'est exercer son pouvoir de libre-choix. Comme vous l'écrivez, la liberté précède le choix ; elle en est la cause ontologique, le principium quo.
Par contre, vous avez tort d'affirmer que la déclaration conciliaire affirmant le droit à la liberté religieuse viserait la liberté comme telle : elle vise son exercice en matière religieuse. Car l'homme est une créature spirituelle = rationnelle et volontaire, dotée de volonté = de capacité de libre-choix = de liberté. À prendre la liberté comme capacité à poser des actes libres, capacité de libre-choix, la liberté est et n'est que la faculté ou puissance opérative que nous nommons volonté. L'homme étant par essence doté d'intelligence et de volonté, est absurde d'affirmer un quelconque droit à la liberté entendue comme capacité de libre-choix : loin qu'il s'agisse d'un droit, c'est un élément inhérent à sa nature. Les bipèdes n'ont pas un droit à avoir deux pieds : ils ont deux pieds. Serait absurde d'affirmer le droit a avoir une volonté = une liberté : tout homme l'a en naissant. Plus exactement, parce que la volonté, comme l'intelligence, a son principe dans l'âme (c'est une faculté spirituelle, pas corporelle) mais suppose pour s'exercer, chez l'homme (et à la différence de l'ange), qu'il soit doté d'un système cérébral et nerveux = suppose, en préalable à son exercice, des organes sains lui permettant de pouvoir s'exercer, la liberté conçue comme faculté requiert l'âme humaine et un organisme sain, organisme qui peut se trouver défaillant par suite d'une tare génétique ou d'une lésion subie. Auquel cas, le mauvais état de l'organisme est un facteur empêchant le pouvoir de libre-choix de s'exercer. Mais même alors, ce pouvoir subsiste, du moins en son principe radical, qui est la volonté, faculté de l'âme humaine.
Les pères conciliaires n'ont pas déclaré que l'homme a le droit d'avoir une âme humaine. Ils n'ont pas plus déclaré que l'homme a le droit que ses organes corporels ne soient pas endommagés. Ils ont déclaré qu'en matière religieuse (qui est bien un des objets sur lesquels
s'exerce la volonté), la volonté ou liberté pouvait s'exercer au for externe sans subir de contrainte.
Il suffit d'ailleurs de lire le texte de la déclaration conciliaire : « Le Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit,
de telle sorte qu'en matière religieuse nul ne soit forcé d'agir contre sa conscience ni empêché d'agir selon sa conscience, dans de justes limites, en privé comme en public, seul ou associé à d'autres.
Il déclare, en outre, que le droit a la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine ... »
Dignitatis humanae, 2. La dignité de la personne humaine, c'est d'être à l'image de Dieu ; de l'être en tant que créature spirituelle, intelligente et libre. La liberté dont vous parlez n'est que le fondement du droit affirmé par
Dignitatis humanae. Ce droit vise
l'exercice de la liberté :
agir selon sa conscience ; ne pas être empêché d'
agir selon sa conscience.
Est donc prouvé que le droit à la liberté religieuse visé par
Dignitatis humanae est un droit naturel à choisir sa religion et à la confesser, en public comme en privé.
Je reprends donc mon précédent argumentaire :
1. Que l'homme soit libre, assurément oui, puisqu'il est, en son âme spirituelle, intelligent et volontaire. Je vise ici la volonté en tant que faculté ou capacité à agir librement. Bref, j'entends
la liberté en tant que capacité de choisir librement, capacité de libre-choix, volonté.
2.
L'exercice de cette liberté, c'est le libre-choix ; action émanant de la volonté éclairée par l'intelligence, volition.
3. En exerçant sa liberté, l'homme peut bien en user ou mal en user. Moralement parlant, s'il en use bien, son choix est vertueux voire méritoire de la vie éternelle. S'il en mésuse, il pose un acte vicieux.
4. LA MORALITÉ D'UN ACTE EST DANS SA CONFORMITÉ À LA LOI DIVINE.
5. Lorsque la liberté s'exerce en matière religieuse, le choix peut se porter sur une religion antéchristique. Un tel choix est moralement mauvais (encore qu'il faille distinguer l'infidèle positif du négatif).
6. Faire du choix en matière religieuse un droit - et qui plus est, un droit naturel, un droit ressortant de la loi divine naturelle -, c'est affirmer que choisir une confession autre que chrétienne est un droit. Or, si c'est un droit ressortant de la loi divine naturelle - comme l'affirme Dignitatis humanae -, ce choix sera toujours moralement licite puisque permis par la loi de Dieu, alors même que constitutif d'une apostasie, d'une hérésie, d'un blasphème. On ne voit plus lors que le blasphème, l'hérésie ou l'apostasie puissent être des péchés.
7. Puis donc la loi divine telle que conçue par Dignitatis humanae donne le droit de choisir le péché, le blasphème, l'apostasie, avoir fait du libre-choix en matière religieuse un droit naturel est avoir concédé un droit au blasphème, à l'hérésie, à l'apostasie.
CQFD.