La DSE et les différentes formes de gouvernement

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Christophe
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La DSE et les différentes formes de gouvernement

Message non lu par Christophe » dim. 17 avr. 2005, 21:24

La Doctrine de l'Eglise et les différentes formes de gouvernement

I. Tout pouvoir provient de Dieu

" Que si l'on veut déterminer la source du pouvoir dans l'Etat, l'Eglise enseigne avec raison qu'il la faut chercher en Dieu. C'est ce qu'elle a trouvé exprimé avec évidence dans les saintes Lettres et dans les monuments de l'antiquité chrétienne. [...]

Cette origine divine de l'autorité humaine est attestée de la façon la plus claire en maints passages de l'ancien Testament : " C'est par moi que règnent les rois, par moi que les souverains commandent, que les arbitres des peuples rendent la justice (Prov., VIII, 15-16)." [...]

Et, en effet, la doctrine et la morale de Jésus-Christ ont trouvé un écho fidèle dans la prédication des Apôtres. On connaît l'enseignement sublime et décisif que saint Paul donnait aux Romains, bien qu'ils fussent soumis à des empereurs païens. " Il n'y a de pouvoir que celui qui vient de Dieu (Tract. CXVI in Joan., n.5)." D'où l'Apôtre déduit, comme une conséquence, que " le souverain est le ministre de Dieu (Ad. Rom., XIII, 1, 4)."
"
S.S. le Pape Léon XIII, Encyclique Diuturnum illud, "Sur l'origine du pouvoir civil" (1881)

:arrow: Le Magistère de l'Eglise reconnaît en Dieu la source unique et naturelle de toute autorité humaine. Dans l'ordre politique, le souverain est ministre de Dieu : la souveraineté est exercée au nom de Dieu et son seul objet est d’œuvrer à accomplir le bien commun, qui est la volonté de Dieu pour la Cité.


II. Tout régime politique concourant au bien commun est légitime

" Si l'autorité renvoie à un ordre fixé par Dieu, "la détermination des régimes politiques, comme la détermination de leurs dirigeants, doivent être laissées à la libre volonté des citoyens" (GS, n. 74). La diversité des régimes politiques est moralement admissible, pourvu qu'ils concourent au bien légitime de la communauté qui les adopte. Les régimes dont la nature est contraire à la loi naturelle, à l'ordre public et aux droits fondamentaux des personnes, ne peuvent réaliser le bien commun des nations auxquelles ils se sont imposés. "
(CEC, n. 1901)

" Toutefois, il importe de remarquer ici que, s'il s'agit de désigner ceux qui doivent gouverner la chose publique, cette désignation pourra dans certains cas être laissée au choix et aux préférences du grand nombre, sans que la doctrine catholique y fasse le moindre obstacle. Ce choix, en effet, détermine la personne du souverain, il ne confère pas les droits de la souveraineté; ce n'est pas l'autorité que l'on constitue, on décide par qui elle devra être exercée. Il n'est pas question davantage des différents régimes politiques : rien n'empêche que l'Église n'approuve le gouvernement d'un seul ou celui de plusieurs, pourvu que ce gouvernement soit juste et appliqué au bien commun. Aussi, réserve faite des droits acquis, il n'est point interdit aux peuples de se donner telle forme politique qui s'adaptera mieux ou à leur génie propre, ou à leurs traditions et à leurs coutumes. "
S.S. le Pape Léon XIII, Encyclique Diuturnum illud, "Sur l'origine du pouvoir civil" (1881)

:arrow: La Doctrine sociale de l'Eglise reconnaît comme légitime tout régime concourant au bien commun. Ceci suppose le respect de la loi naturelle, de l'ordre public et des droits fondamentaux des personnes. La détermination du régime politique est laissé à la libre volonté des citoyens.


III. Qu'est-ce que la démocratie chrétienne ?

" De la sorte, sous les auspices de l'Eglise, il s'est établi entre les catholiques une communauté d'action et une série d'œuvres destinées à venir en aide au peuple, exposé aux pièges et aux périls non moins souvent qu'à l'indigence et aux labeurs.

Au commencement, cette sorte de bienfaisance populaire ne se distinguait ordinairement par aucune appellation spéciale. Le terme de socialisme chrétien, introduit par quelques-uns, et d'autres expressions dérivées de celle-là, sont justement tombées en désuétude. Il plut ensuite à certains, et à bon droit, de l'appeler action chrétienne populaire. En certains endroits, ceux qui s'occupent de ces questions sont dits chrétiens sociaux. Ailleurs, la chose elle-même est appelée démocratie chrétienne, et ceux qui s'y adonnent sont les démocrates chrétiens ; au contraire, le système défendu par les socialistes est désigné sous le nom de démocratie sociale.

Or, des deux dernières expressions énoncées ci-dessus, si la première, " chrétiens sociaux ", ne soulève guère de réclamations, la seconde, " démocratie chrétienne ", blesse beaucoup d'honnêtes gens, qui lui trouvent un sens équivoque et dangereux, ils se défient de cette dénomination pour plus d'un motif. Ils craignent que ce mot ne déguise mal le gouvernement populaire ou ne marque en sa faveur une préférence sur les autres formes de gouvernement. [...]

Mais il serait condamnable de détourner à un sens politique le terme de démocratie chrétienne. Sans doute, la démocratie, d'après l'étymologie même du mot et l'usage qu'en ont fait les philosophes, indique le régime populaire ; mais, dans les circonstances actuelles, il ne faut l'employer qu'en lui ôtant tout sens politique, et en ne lui attachant aucune autre signification que celle d'une bienfaisante action chrétienne parmi le peuple.
"
S.S. le Pape Léon XIII, Encyclique Graves de communi re, "Sur la démocratie-chrétienne" (1901)

:arrow: Il semble préfèrable de parler de " christianisme social " plutôt que de " démocratie chrétienne ". En effet, l'expression " démocratie chrétienne " porte à l'ambiguïté : elle semble indiquer une préférence pour le régime populaire alors qu'il ne faut lui accorder aucune autre signification qu'une bienfaisante action chrétienne parmi le peuple.


IV. Le Magistère défend aux chrétiens-sociaux de se lier à une forme de gouvernement

" En effet, les préceptes de la nature et de l'Evangile étant, par leur autorité propre, au-dessus des vicissitudes humaines, il est nécessaire qu'ils ne dépendent d'aucune forme de gouvernement civil ; ils peuvent pourtant s'accommoder de n'importe laquelle de ces formes, pourvu qu'elle ne répugne ni à l'honnêteté ni à la justice.

Ils sont donc et ils demeurent pleinement étrangers aux passions des partis et aux divers événements, de sorte que, quelle que soit la constitution d'un Etat, les citoyens peuvent et doivent observer ces mêmes préceptes qui leur commandent d'aimer Dieu par-dessus toutes choses et leur prochain comme eux-mêmes. Telle fut la perpétuelle discipline de l'Eglise ; c'est celle qu'appliquèrent toujours les Pontifes romains vis-à-vis des États, quelle que fût pour ceux-ci la forme de gouvernement.

Ceci étant posé, les intentions et l'action des catholiques qui travaillent au bien des prolétaires ne peuvent, à coup sûr, jamais tendre à préférer un régime civil à un autre ni à lui servir comme de moyen de s'introduire. [...]

Mais ce qui importe par-dessus tout, c'est que, dans une affaire si capitale, il y ait chez les catholiques unité d'esprit, unité de volonté, unité d'action.
"
S.S. le Pape Léon XIII, Encyclique Graves de communi re, "Sur la démocratie-chrétienne" (1901)

:arrow: L'Eglise catholique - visant l'unité d'action des catholiques-sociaux - refuse de se lier à une quelconque forme de constitution civile. Aussi, toute action des catholiques sur le plan politique ayant pour objet de promouvoir une forme particulière de gouvernement irait contre l'unité d'action des catholiques-sociaux et serait - par là-même - illégitime.


IV. L'enseignement de l'Eglise catholique sur la démocratie

" En réalité, la démocratie ne peut être élevée au rang d'un mythe, au point de devenir un substitut de la moralité ou d'être la panacée de l'immoralité. Fondamentalement, elle est un "système" et, comme tel, un instrument et non pas une fin. Son caractère "moral" n'est pas automatique, mais dépend de la conformité à la loi morale, à laquelle la démocratie doit être soumise comme tout comportement humain: il dépend donc de la moralité des fins poursuivies et des moyens utilisés. Si l'on observe aujourd'hui un consensus presque universel sur la valeur de la démocratie, il faut considérer cela comme un "signe des temps" positif, ainsi que le Magistère de l'Église l'a plusieurs fois souligné. Mais la valeur de la démocratie se maintient ou disparaît en fonction des valeurs qu'elle incarne et promeut. "
S.S. le Pape Jean-Paul II, Evangelium Vitae, "Sur la valeur et l'inviolabilité de la vie humaine" (1995)

" L'Eglise apprécie le système démocratique, comme système qui assure la participation des citoyens aux choix politiques et garantit aux gouvernés la possibilité de choisir et de contrôler leurs gouvernants, ou de les remplacer de manière pacifique lorsque cela s'avère opportun. Cependant, l'Eglise ne peut approuver la constitution de groupes dirigeants restreints qui usurpent le pouvoir de l'Etat au profit de leurs intérêts particuliers ou à des fins idéologiques.
Une démocratie authentique n'est possible que dans un Etat de droit et sur la base d'une conception correcte de la personne humaine. Elle requiert la réalisation des conditions nécessaires pour la promotion des personnes, par l'éducation et la formation à un vrai idéal, et aussi l'épanouissement de la "personnalité" de la société, par la création de structures de participation et de coresponsabilité. On tend à affirmer aujourd'hui que l'agnosticisme et le relativisme sceptique représentent la philosophie et l'attitude fondamentale accordées aux formes démocratiques de la vie politique.... A ce propos, il faut observer que, s'il n'existe aucune vérité dernière qui guide et oriente l'action politique, les idées et les convictions peuvent être facilement exploitées au profit du pouvoir. Une démocratie sans valeurs se transforme facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois, comme le montre l'histoire.
"
S.S. le Pape Jean-Paul II, Centesimus Annus, (1991)

:arrow: L'Eglise catholique s'accommode du régime démocratique et l'apprécie dans la mesure où il assure la participation des citoyens à la vie politique. Néanmoins, elle rappelle que l'assentiment de la majorité ne constitue pas une garantie de moralité, ni donc de légitimité... Lorsque la démocratie tente de s'émanciper de la loi morale objective, elle se corrompt rapidement en une sorte de totalitarisme manifeste ou insidieux. Aussi, plutôt qu'insister sur la valeur de la démocratie, l'Eglise catholique souhaite promouvoir la pénétration des doctrines évangéliques au sein des institutions, en rupture avec le relativisme sceptique qui mine la vie politique et trouve son paroxysme dans une conception erronée de la laïcité.


Christophe
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