Levé de bonne heure, en attendant que le café chauffe et le pain soit grillé, je m’immisce dans le débat entre Anarchiste chrétien, lagaillette et Souricette
L’un ne va pas sans l’autre pour nous tous. Si “je change”, ce changement a forcément un impact sur le monde.Toutes nos actions et nos pensées s'insèrent dans deux plans distincts:
-la dimension collective, extérieure
-la dimension individuelle, intérieure.
La dimension "collective" correspond à ce que vous appelez "histoire humaine". Bref, la Cité terrestre.
L'autre, c'est la dimension individuelle, intérieure, spirituelle.
Mais pour moi l'un ne va pas sans l'autre.
La question devient : “qui a la responsabilité de provoquer ce changement ?”
Les chrétiens répondent qu’il est nécessairement le résultat de notre liberté. Et les chrétiens vont loin dans l’affirmation de cette liberté, puisqu’elle opposable à Dieu Lui-même.
Les socialistes de tous poils, au contraire, pensent que notre conscience est déformée par l’idéologie dominante, les gens sont aliénés, et une bonne dose de coercition peut devenir nécessaire pour les amener à penser comme il faut et changer dans le bon sens.
Voilà où nos chemins se séparent, au carrefour de la liberté.
« Révolte apaisée », « bâtisseur d’une société plus juste et plus humaine », tout cela est bel et bon. Mais c’est un peu de « la langue de bois », vous ne trouvez pas ?De plus, en tant que chrétien, je pense justement que le message du Christ ne conduit pas à la résignation. Je pense au contraire que mon devoir de chrétien est d'entrer dans une révolte apaisée, qui se traduit politiquement par un travail de bâtisseur d'une société terreste plus juste et plus humaine. Ensuite, mes lectures politiques et mon analyses de la réalité me font croire que cette "société plus juste et plus humaine" trouve sa meilleure formulation dans l'anarchisme.
Tout « bâtisseur de société » doit répondre à la question fondamentale « qui décide de ce qui est permis et interdit ? »
Certains anarchistes apportent une réponse claire, objective, qu’on ne peut réfuter sans contradiction. Les autres anarchistes sombrent dans le pur arbitraire (« C’est le comité qui décide »). Donc ces anarchistes se retrouvent dans les relations de pouvoir qu’ils prétendaient justement abolir.
Les maladies aussi sont un fait. Notre action vise à les éradiquer, pas à baisser les bras, encore moins à inventer d’autres maladies. Face à la violence, il ne s’agit pas de rester neutre, mais de la refuser, ce qui n’est nullement une position de neutralité.Révolte « apaisée » ou luttes plus ou moins violentes ; c’est vrai que la violence entraine une violence en retour ; mais les luttes violentes sont un fait, comme les guerres, et il est pratiquement impossible de rester neutres dans un conflit.
Votre question implique la bonne réponse. On n’entre pas dans les institutions de pouvoir. C’est tout. On les ignore. On ne vote pas, on ne les finance pas par l’impôt, on refuse la politique. On enseigne autour de soi qu’on n’a pas besoin de ces gouvernements et de cette clique de politiciens. La vraie vie ne consiste pas à chercher le pouvoir sur les autres.Tout pouvoir est contre révolutionnaire ; le dilemme est toujours là : dans quelle mesure entrer dans les institutions de pouvoir sans s’y laisser engluer au point de perdre l’élan révolutionnaire ?
Elle est aussi réformable. L’Eglise fait partie de l’Histoire humaine. Si ses principes sont immuables, elle ne peut pas les traduire de la même façon pour la société agricole du 14ème siècle et pour la nôtre postindustrielle.La doctrine sociale de l'église catholique romaine est « réformiste ».
Voilà. Quelques notes à la volée. Le café est bouillant.
Bonne journée
Christian