La ville : une révolte contre le Créateur ?

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Kolia Karamazov
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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par Kolia Karamazov » mar. 09 juin 2015, 15:22

Bonjour Belin,
Belin a écrit :l'homme est un instrument entre les mains de Dieu
Non, l’homme est libre. Il est appelé à se soumettre volontairement au projet de Dieu et à en devenir l’instrument, mais c’est bien rare qu’il suive cette voie de nos jours. Et même autrefois, les hommes ne se soumettaient qu’à des degrés variables à la volonté du Père.
si quelqu'un n'a pas le sens de la contemplation même plongé en pleine nature il ne pourra pas contempler Dieu à travers la création naturelle
L’homme urbain a le sens de la contemplation puisqu’il passe son temps à contempler son nombril (ou celui de ses congénères, ce qui revient au même). A mon avis, vivre dans la nature durablement a un effet purificateur. Cela libère peu à peu l’esprit de l’homme des cultes idolâtres dont il est l’esclave. Une fois libre, l’homme peut contempler autre chose que son reflet dans un miroir (ou une vitrine).
Autrement dit, le sens de la contemplation authentique s’acquiert et se développe. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la vie en ville ne lui est pas favorable.
Et à travers l'industrie de l'homme, on peut toujours contempler Dieu, l'architecture des cathédrales, l'oeuvre des peintres , des musiciens, des sculpteur etc permettent de contempler également Dieu.
C’était vrai à une époque, mais cela fait malheureusement longtemps qu’il n’y a plus rien à contempler dans les productions humaines.
Donc la "laideur" des œuvres humaines (pour utiliser votre expression) contient toujours une parcelle de Dieu
Personnellement, c’est plutôt l’influence du diable que je trouve perceptible dans les œuvres urbaines.

Qu’est-ce qui trouve grâce à vos yeux dans la ville moderne ?

Entre un bourdon qui butine et la mobylette d’un livreur de sushis. Entre le bruissement du vent dans les branches et la soufflerie d’un parking souterrain. Entre le chant d’un pinson et la bouillie sonore que vomit les fenêtres d’une béhème. Entre l’odeur des pins et le graillon d’un fast-food. Entre le chant des sauterelles et les cris hystériques d’un groupe d’adolescentes. Entre les pommes de pins et les crottes de chiens. Entre les chênes centenaires et les lampadaires devenus pissotières. Entre la grâce du roseau pris dans un courant d’air et la lourdeur de la femme qui fait carrière. Entre la patience d’une feuille qui exécute un dernier ballet aérien avant de se coucher sur le lit de ses congénères et la nervosité du conducteur qui klaxonne et accélère…

Non, définitivement, entre la Création et la ville, il n'y a pas grand chose de commun.
Celui qui fait la vérité vient à la lumière pour que ses oeuvres soient manifestées, elles qui ont été accomplies en Dieu.

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Milla
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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par Milla » mar. 09 juin 2015, 15:31

Cinci a écrit :Il faudrait alors mentionner comment cet environnement naturel est aussi artificiel que les rues de la ville
C'est très vrai ! Les gens ne s'imaginent pas toujours à quel point un coin de campagne ou une forêt peuvent avoir été façonnées par la main de l'Homme. J'ai grandi à la campagne et la forêt toute proche n'a rien d'une forêt vierge ou d'une nature sauvage : la population des espèces est régulée, elle est traversée par de longues allées, les étangs sont entretenus... "domestiquée", c'est le bon mot. Et l'homme qui aménage la campagne n'est malheureusement pas toujours un jardinier amoureux des petites bêtes : le remembrement l'atteste.

J'ai vu et aimé les films que vous mentionnez, ce sont deux bons exemples d'environnement déshumanisant. D'ailleurs, lorsque Sol se fait euthanasier, il y a un petit côté "recherche du paradis perdu"...


Belin
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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par Belin » mar. 09 juin 2015, 17:11

Kolia Karamazov a écrit :Bonjour Belin,
Belin a écrit :l'homme est un instrument entre les mains de Dieu
Non, l’homme est libre. Il est appelé à se soumettre volontairement au projet de Dieu et à en devenir l’instrument, mais c’est bien rare qu’il suive cette voie de nos jours. Et même autrefois, les hommes ne se soumettaient qu’à des degrés variables à la volonté du Père.
je ne crois pas. L'homme a le libre arbitre et non la véritable liberté, ou si vous voulez l'homme est comme libre dans une prison, ou encore l'homme est libre de vouloir, il est libre d'entreprendre une oeuvre (bonne ou mauvaise) mais il n'est pas libre de réussir avec succès l'oeuvre qu'il fait. Il faut l'aval explicite de Dieu pour que l'homme réussisse l'oeuvre qu'il fait (bonne ou mauvaise), il faut que Dieu lui donne les moyens de réussir, que Dieu mette un environnement propice, et que Dieu le conserve dans tout ce qu'il fait etc . C'est pour cela que dans la Foi en la providence on accepte tout ce qui arrive comme étant la volonté de Dieu , et notre devoir est de savoir comment nous comporter pour que ce qui arrive concoure à notre bien. Donc l'homme sans le savoir, même lorsqu'il fait le mal, est un instrument entre les mains de Dieu pour accomplir ses desseins. Si la réussite d'une oeuvre est incompatible avec les desseins de Dieu, Dieu va la faire échouer d'une façon ou d'une autre, par exemple Jonas a librement voulu fuir pour ne pas aller à Ninive, mais Dieu a envoyer une baleine pour l'avaler et le rejeter sur Ninive.

Ceci dit, dans tout ce qui arrive il y a toujours possibilité de contempler Dieu, sinon Dieu n'allait pas permettre l’événement en question, donc le problème est notre cécité qui nous empêche de contempler Dieu et non l’absence de Dieu.

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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par gerardh » mar. 09 juin 2015, 18:43

_________

Bonjour,

L'une des premières chose que fit Caïn après son meurtre et de s'est enfui de l'Eternel, fut de construire une ville (Genèse 4, 17). Donc il y a bien quelque chose à en retenir, sans pour autant jeter l'anathème sur les villes.

[Supprimé; site hétérodoxe] :



_______

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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par Cinci » mer. 10 juin 2015, 7:50

«Dans le film d'aventure Aguirre, la colère de Dieu (1972, Werner Herzog), la forêt d'Amazonie acquiert une densité poétique rare. Aguirre, un conquistador mégalomane parti explorer la forêt amazonienne, se heurte à une force naturelle hostile d'une telle puissance qu'elle finit par le détruire, lui et tous les siens. Finissant par perdre l'esprit, et sujet à des visions baroques, il voit son bateau perché au sommet d'un arbre.

(...)

Dans le film d'épouvante Evil Dead (1981, Sam Raimi), la forêt vivante, maléfique, perverse, cruelle, habitée par un esprit malin, joue le premier rôle. Une fois l'esprit du mal convoqué involontairement par des jeunes gens partis passer des vacances dans une vieille cabane au milieu des bois, ceux-ci se font exterminer l'un après l'autre, à grand renfort d'effets sanglants. La forêt prend une part active à leur extermination. Une scène frappe particulièrement les esprits : celle du viol d'une des vacancières par les arbres de la forêt, dont les branches et les racines sont animées d'une force démoniaque.

http://www.onf.fr/gestion_durable/somma ... index.html


«... si je me passionnai d'abord pour lui, c'est à cause de ce qu'il disait de la nuit et des arbres, ces deux grandes peurs de mon enfance déchirée par les mystères des ténèbres (oh, pourquoi nous disait-on qu'il y avait des squelettes dans notre cave ? Et pourquoi affirmait-on que ces squelettes sautaient sur les petits enfants, la nuit, et qu'ils leur crevaient les yeux avec leurs longues mains décharnées et moisies qui étaient comme des branches d'arbre ?) Autre symbole de la mort, de la fin de moi-même qui me mouillait de sueur (...)

Hugo, tu écris quelque part :
  • L'étang mystérieux, suaires aux branches noires,
    frissonne ...
Et
  • Les étoiles, pointes d'or, percent les branches
    noires;
    Le flot huileux et lourd décompose les moires
    sur l'océan blême;
    Les nuages ont l'air d'oiseaux prenant la fuite;
    par moment le vent parle, et dit des mots sans
    suite,
    Comme un homme endormi
Car pour Hugo, que pourraient être les arbres si ce n'est de gigantesques squelettes agitant follement leurs bras ? et les bois que représentent-ils sinon des puits d'ombre, des gouffres, et les gouffres ne sont-ils pas l'«égout du mal éteint» , de la nuit liquide qui luit, c'est à dire l'Ombre, c'est à dire «le sombre océan où des bêtes qui enfoncent leurs gueules dans l'eau».
  • Alors souffle le vent, le vent hideux du soir.
    Chaque brin d'herbe siffle et semble une vipère;
    La nuit pâle, éveillant les loups dans leur repaire;
    on entrevoit, au seuil des antres monstrueux,
    Des sphinx aux yeux de femme accroupi sur leurs pattes;
    C'est l'heure des Circés, des larves, des Hécates;
    On croit voir briller l'oeil des magiques griffons;

    Et le noir voyageur, dans les ravins profonds,
    Se hâte, sans oser regarder en arrière;
    L'affreux hallier frissonne autour de la clairière,
    L'eau sinistre soupire, et l'arbre aux sombres noeuds
    Se tord, farouche au fond des bois vertigineux.
Hugo dit :

«Nul ne marche seul la nuit dans la forêt sans tremblement. Ombre et arbres, deux épaisseurs redoutables. Une réalité chimérique apparaît dans la profondeur indistincte. L'inconcevable s'ébauche à quelques pas de vous avec une netteté spectrale. On voit flotter, dans l'espace ou dans son propre cerveau, on ne sait quoi de vague et d'insaisisable comme les rêves de fleurs endormies. Il y a des attitudes farouches sur l'horizon. On aspire les effluves du grand vide noir (...) des penchements de branches mystérieux, d'effrayants torses d'arbres, de longues poignées d'herbe frémissantes, on est sans défense contre tout cela.»

Source : Victor-Lévy Beaulieu, Pour saluer Victor Hugo, Stanké, 1985 (1971), pp 34-37 (le court extrait d'Hugo est tiré d'une page du roman Les Misérables, au moment où Cosette est envoyée la nuit dans le bois pour prendre de l'eau)
Un autre conteur fameux :

«C'était l'hiver dernier, dans une forêt du nord-est de la France. La nuit vint deux heures plus tôt, tant le ciel était sombre. J'avais pour guide un paysan qui marchait à mon côté, par un tout petit chemin, sous une voûte de sapins dont le vent déchaîné tirait des hurlements. Entre les cimes, je voyais courir des nuages en déroute, des nuages éperdus qui semblaient fuir devant une épouvante. Parfois, sous une immense rafale, toute la forêt s'inclinait dans le même sens avec un gémissement de souffrance ; et le froid m'envahissait, malgré mon pas rapide et mon lourd vêtement.

Nous devions souper et coucher chez un garde forestier dont la maison n'était plus éloignée de nous. J'allais là pour chasser.
Mon guide, parfois, levait les yeux et murmurait : "Triste temps !". Puis il me parla des gens chez qui nous arrivions. Le père avait tué un braconnier deux ans auparavant, et, depuis ce temps, il semblait sombre, comme hanté d'un souvenir. Ses deux fils, mariés, vivaient avec lui. Les ténèbres étaient profondes. Je ne voyais rien devant moi, ni autour de moi, et toute la branchure des arbres entre-choqués emplissait la nuit d'une rumeur incessante. Enfin, j'aperçus une lumière, et bientôt mon compagnon heurtait une porte. Des cris aigus de femmes nous répondirent. Puis, une voix d'homme, une voix étranglée, demanda : "Qui va là ?". Mon guide se nomma. Nous entrâmes. Ce fut un inoubliable tableau.

Un vieil homme à cheveux blancs, à l'oeil fou, le fusil chargé dans la main, nous attendait debout au milieu de la cuisine, tandis que deux grands gaillards, armés de haches, gardaient la porte. Je distinguai dans les coins sombres deux femmes à genoux, le visage caché contre le mur. (...)» (Maupassant)

http://les.tresors.de.lys.free.fr/poete ... a_peur.htm


«Ah ! me dit-il, combien j'ai de souvenirs sur cette rivière que vous voyez couler là près de nous ! Vous autres, habitants des rues, vous ne savez pas ce qu'est la rivière. Mais écoutez un pêcheur prononcer ce mot. Pour lui, c'est la chose mystérieuse, profonde, inconnue, le pays des mirages et des fantasmagories, où l'on voit, la nuit, des choses qui ne sont pas, où l'on entend des bruits que l'on ne connaît point, où l'on tremble sans savoir pourquoi, comme en traversant un cimetière : et c'est en effet le plus sinistre des cimetières, celui où l'on n'a point de tombeau.

La terre est bornée pour le pêcheur, et dans l'ombre, quand il n'y a pas de lune, la rivière est illimitée. Un marin n'éprouve point la même chose pour la mer. Elle est souvent dure et méchante c'est vrai, mais elle crie, elle hurle, elle est loyale, la grande mer ; tandis que la rivière est silencieuse et perfide. Elle ne gronde pas, elle coule toujours sans bruit, et ce mouvement éternel de l'eau qui coule est plus effrayant pour moi que les hautes vagues de l'Océan. (...)»

http://les.tresors.de.lys.free.fr/poete ... r_leau.htm


https://www.youtube.com/watch?v=tpO1OCGtS2I

(mise en scène : opposition coin désert /habité)

https://www.youtube.com/watch?v=_rR4K-nkNEk

(cf entre 28 et 30 pour le minutage ... arbre, feuillage, plainte du vent ...)

Texte de Victor Hugo versus cette bande cinéma de Jacques Tourneur. La "mère nature" sait présenter autre chose qu'un visage ami.

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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par Cinci » mer. 10 juin 2015, 8:59

C'est autant la nature que les villes qui peuvent présenter un caractère oppressant, menaçant ou déshumanisant. Aguirre s'enfonce comme dans une nature (enfer végétal) où le Dieu ami des chrétiens n'est plus là. Et la réaction spontanée de l'explorateur Cartier, au XVIe siècle, à la vue des rives de la Côte-Nord (Québec) : terre de Caïn. C'est pour dire que le paysage offrait tout d'une terre de désolation, une contrée qui est sous le coup d'une malédiction.

Il y a moyen de rendre spirituellement malsain n'importe quel coin de nature comme n'importe quel quartier d'une ville. Le coin nature habité par Robinson Crusoé devient tel un petit paradis, parce qu'il est aménagé par un homme qui est chrétien (c'est le roman de Defoe), un être qui cherche la rédemption. Mais Robinson est étranglé par l'épouvante, le jour où il trouve inopinément une trace de pas humain dans son secteur, la preuve que des cannibales et païens pourraient débarquer en plus grand nombre et découvrir ses installations. La qualité de l'activité humaine donne comme un spin à l'environnement immédiat dans laquelle celle-ci peut prendre place. On peut imaginer ça - raison parmi d'autres ? - pourquoi les anciens tenaient tant à inhumer les paroissiens dans le village, comme le plus près possible de l'autel de l'église sans doute et non pas «dans la nature» comme des indiens d'Amérique.

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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par Jeremy43 » mer. 10 juin 2015, 9:32

Bonjour,

C'est Dieu qui a ordonné à l'homme de soumettre la terre et ses habitants (les animaux), donc c'est une bonne chose que l'homme soit le maître de la terre, c'est ce que Dieu a voulu, le problème c'est que l'homme veut être le maître sans se soumettre à la Volonté du Maître, ce qui produit le péché, le mal et fait qu'on arrive à la situation où on en est aujourd'hui, à savoir un monde qui renie l'idée même de Dieu (ce qui n'a jamais été le cas) pour faire de l'homme un être tout puissant.

Ce qui est sûr, c'est que Dieu invite ceux qui Le cherche à sortir du monde humain, matériellement mais surtout spirituellement, car là où il y a rassemblement d'homme il y a du péché car nous sommes naturellement inclinés à nous tirer vers le bas du fait de notre nature profondément blessé et notre sagesse humaine n'est qu'une folie aux yeux du Créateur. On le voit aujourd'hui avec ce monde "urbain" de consommation, surmédicalisé, qui est totalement satanique et donc inhumain.
En fait, la nature sauvage aurait plutôt été le lieu d'effroi et de craintes ancestrales et encore au Moyen-Âge. La forêt c'est traditionnellement le royaume du mal, des mauvais esprits, du grand méchant loup, de la sorcière et ainsi de suite. L'idée que la nature serait un endroit délicieux, empli que de bonnes énergies amicales, souriantes et révélatrices du visage de Dieu serait une idée assez neuve d'après moi.
C'est vrai c'est d'ailleurs pour ça que Dieu invite l'homme à soumettre la nature car elle nous est naturellement hostile, le modèle type d'installation humaine voulue par Dieu pourrait être un village comme celui d'Ars avec comme pasteur des brebis un Saint Curé.
A titre personnel, j’aurais bien du mal à croire en Dieu si la ville dans laquelle j’habite (qui est loin d’être la pire) s’étendait sur toute la surface du globe. J’aime me retrouver au milieu de la nature parce que je peux me dire : « Voilà la Création, voici ce que Dieu a fait par amour. » Et en effet, dans ma forêt favorite, je sens bien que Dieu est Amour, car tout n’est que douceur, délicatesse, harmonie et beauté.
A mon avis vous avez une vision erronée des choses, la nature elle aussi est marquée par le péché (ce que Jésus nous révèle quand Il nous dit que dans la nouvelle terre les loups et les agneaux vivront l'un à côté de l'autre), c'est la loi du plus fort qui y règne, c'est la loi "charnelle", pas la loi spirituelle de Dieu. Il y a bien une harmonie qui se crée car tout n'est pas anéanti mais même la nature est marquée par le péché.

La seule chose que nous pouvons faire de toute façon c'est de devenir saints et prier pour que la colère de Dieu vienne sur le monde car nous sommes arrivés à une époque où les hommes se soumettent à des tonnes de lois qui briment leur liberté, faisant d'eux des légumes qui consomment des biens et du loisir mais ne veulent plus se soumettre aux lois divines qui nous rendent libres.

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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par Kolia Karamazov » mer. 10 juin 2015, 14:38

Jeremy43 a écrit :A mon avis vous avez une vision erronée des choses, la nature elle aussi est marquée par le péché […] c'est la loi du plus fort qui y règne, c'est la loi "charnelle", pas la loi spirituelle de Dieu.
Sans doute la nature est-elle marquée par le péché. Il n’empêche qu’il n’y a pas en forêt un seul son réellement désagréable (la plupart sont même doux et/ou mélodieux) et les moins agréables, tel que le cri d’un geai, restent infiniment moins pénibles que les bruits courants de la ville (mobylette, automobiliste qui pousse sur sa première, marteau piqueur, musique de supermarché).
Il n’y a pas en forêt une seule odeur réellement désagréable (ou alors il faut vraiment tomber sur le cadavre d’une biche en décomposition, mais ça n’arrive jamais) en ville il n’y a quasiment que ça (graillon, diesel, crotte de chien, urine).
Tout est beau en forêt (les feuilles qui scintillent dans le soleil, les multiples variétés de mousses, les oiseaux, les arbres au tronc tortueux, les arbres qui s’élancent à plus de cinquante mètres au dessus du sol, les jeunes pousses qui cherchent la lumière, les écureuils, les fleurs sauvages, etc.). A l’inverse, à part les cathédrales vieilles de plus de cinq cents ans, à peu près tout est laid en ville (béton et goudron omniprésents, détritus qui jonchent le sol, voitures à l’aspect agressif, obèses qui se promènent en leggings transparents, publicité à tous les coins de rue, pigeons malades, etc.)

Donc oui, la nature est marquée par le péché, mais à mon avis, il n’y a pas lieu de la mettre sur le même plan que la ville moderne, qui semble n’être plus qu’un concentré de péché. On ne voit peut-être pas Dieu en contemplant la nature, mais je maintiens que l’on est bien plus proche de Dieu et que l’on se fait une idée bien plus claire se son amour lorsque l’on est perdu au milieu d’une forêt, que lorsque l’on déambule sur un boulevard parisien.
Celui qui fait la vérité vient à la lumière pour que ses oeuvres soient manifestées, elles qui ont été accomplies en Dieu.

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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par Cinci » mer. 10 juin 2015, 19:39

J'ai rien contre la nature mais parfois le parcours dehors peut rimer avec le combat pour la survie, en songeant au survivant plongé en pleine forêt impénétrable après un crash d'avion, pour y être alors transformé en zombie en à peine huit jours, sans nourriture délicieuse, attaqué dehors par des nuages de moustiques, au-dedans par des parasites avalés avec l'eau impropre et larves sous-cutanées déposées traîtreusement par des mouches, en compagnie de fourmis, d'araignées velues, la pluie, la boue marécageuse, l'appel de bêtes inquiétantes au loin (hyènes, chacal, loup, chien sauvage), quand ce n'est pas la marque récente d'un passage de l'ours ... empreinte, touffe de poils, griffure en hauteur sur les arbres ...

Mon expérience à moi c'est qu'il peut prendre parfois bien peu de choses pour vous faire sentir misérable, seul au monde, abandonné du Créateur et tout.

Sans nourriture, sans eau potable, le froid, l'humidité, l'exposition aux éléments, une minime blessure, la perspective de dormir dehors sans abri ...

[...]

Ici, découvert au petit matin avec les croissants et le beurre. Lu dans le journal quelque chose comme un mois après que j'aurai déambulé dans le même parc nature et même sentier très exactement.

http://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars ... tes_190276





Sinon, j'aurai fait pas mal de camping sauvage à une époque. Je n'aurai jamais eu peur. Non, mais une fois seulement, et de loin ! Et vue du siège confortable de ma voiture encore ! Juste les abords d'un certain secteur du grand parc de la Mauricie ... c'est suffisant ... coin désolé, isolé, vraiment sauvage, rien que l'allure archaïque et sombre de la forêt, avec l'environnement y présentant toutes les caractéristiques d'une vivrière pour ours affamés.

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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par Synge » mer. 10 juin 2015, 22:13

80% des français sont des urbains et la proportion de citadins est en train de dépasser celle des ruraux dans le monde, si ce n'est déjà fait. Le monde de vos rêves n'existe plus Kolia. Essayez d'aimer un peu celui dans lequel vous vivez. Après tout les villes sont avant tout pleines ... de gens.

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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par Kolia Karamazov » mer. 10 juin 2015, 22:28

Cinci,

Evidemment si l’on juge la nature à partir d’un scénario catastrophe…

Vous remarquerez que dans ma critique de la ville, je n’ai pas eu besoin d’évoquer un crash d’avion au dessus d’une cité du 93.

Les coyotes ? Une menace dans les forêts françaises ? Pas à ma connaissance. Par contre, des coyotes il y en a beaucoup dans les villes françaises. La ville aussi est un milieu hostile. Je suis sûr qu’il est bien plus risqué de dormir sur un banc public à Paris qu’au beau milieu du Massif Central.

Mais rassurez-vous, il m’est arrivé à moi aussi d’avoir peur quand j’étais seul dans la nature. Je ne prétends pas que l’Eden soit accessible en ce monde. Par contre, j’ai eu l’occasion d’admirer dans la nature une beauté dont je ne saurais rendre compte avec des mots.

Ce qui me frappe c’est l’omniprésence de la laideur dans les villes modernes. Quand je compare avec la Création, je me demande comment nous en sommes arrivés à nous enfermer dans de pareils trous et à n’en plus sortir que tous les quinze jours, dans le meilleur des cas.

Si quelqu’un est en mesure de citer ne serait-ce qu’une chose qui soit belle dans la ville moderne, qu’il veuille bien se manifester.

Enfin pour finir, puisqu’on me dit que la nature est dangereuse et que l’on peut y mourir, je répondrais ceci : On peut tout aussi bien mourir en ville et tant qu’à faire, au moment de rendre l’âme, je préfère que ma tète repose sur des racines plutôt que sur une plaque d’égout. Je préfère qu’un oiseau indifférent me salue gaiement en chantant, plutôt que de devoir supporter la larme hypocrite de badauds, ravis d’avoir quelque chose à raconter sur Facebook. Je préfère quitter ce monde les narines emplies d’une odeur de sève, plutôt qu’asphyxié par les déjections canines. Enfin, je préfère savoir que mon sang sera bu par la terre, plutôt que d’être nettoyé par les brosses en plastique d’une balayeuse municipale.
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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par Kolia Karamazov » mer. 10 juin 2015, 22:48

Synge a écrit :Le monde de vos rêves n'existe plus Kolia. Essayez d'aimer un peu celui dans lequel vous vivez. Après tout les villes sont avant tout pleines ... de gens.
Je ne savais pas qu'en tant que catholiques nous devions aimer le monde.

Les villes sont pleines de gens, c'est exact. Que dois-je faire selon vous? Les flatter, leur dire que leur cadre de vie est idéal? Dois-je leur expliquer que s'ils sont dépressifs, au bord de la crise de nerfs et polyaddicts c'est parce qu'il n'y a pas encore assez de béton dans leur environnement?

Je n'aime pas la ville certes, mais je suis loin d'être le seul. La plupart des urbains détestent tant leur ville qu'ils font tout pour la fuir. Ils cherchent refuge dans des mondes virtuels. Par exemple, ils tentent désespérément d'échapper à leur environnement sonore en s'enfonçant des écouteurs dans les oreilles et visuel en ne quittant pas des yeux l'écran de leur smartphone.
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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par Jeremy43 » jeu. 11 juin 2015, 0:12

Bonsoir,
Donc oui, la nature est marquée par le péché, mais à mon avis, il n’y a pas lieu de la mettre sur le même plan que la ville moderne, qui semble n’être plus qu’un concentré de péché. On ne voit peut-être pas Dieu en contemplant la nature, mais je maintiens que l’on est bien plus proche de Dieu et que l’on se fait une idée bien plus claire se son amour lorsque l’on est perdu au milieu d’une forêt, que lorsque l’on déambule sur un boulevard parisien.
Oui je suis tout à fait d'accord avec vous, ce n'est pas pour rien d'ailleurs si les ermites se retirent en pleine nature et si les monastères sont pour la plupart dans des lieux "paumés", la Création est un livre ouvert sur le Seigneur comme vous l'avez dit. Après je n'ai pas la même expérience que vous car j'ai la chance d'habiter dans un secteur paumé de moyenne montagne et c'est mon élément, du coup je sais que c'est dur, dès qu'on sort des villages il faut mettre des fils électriques pour protéger les jardins contre les chevreuils et les sangliers, les rapaces mangent les poules, je ne parle pas des rats taupiers qui dévastent les jardins et les prairies, des intempéries, bref c'est pas l'Eden comme vous dîtes ! (désolé pour ces quelques digressions champêtres).

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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par Cinci » jeu. 11 juin 2015, 2:28

Si quelqu’un est en mesure de citer ne serait-ce qu’une chose qui soit belle dans la ville moderne, qu’il veuille bien se manifester.
Il y a les grands musées, certains complexes comme le Lincoln Center à New-York, certaines bibliothèques ... parfois c'est la mise en valeur d'un site patrimoniale quelconque ... il y a des murales de Diego de Rivera à l'université de Mexico et à quelques autres endroits publics ... Il arrive aussi qu'une grande agglomération soit plus propre en 2015, bien plus respirable et plus facile à explorer agréablement qu'il y a cent, deux cents ou trois cent ans.

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Re: La ville : une révolte contre le Créateur ?

Message non lu par Cinci » jeu. 11 juin 2015, 3:19

Salut Milla,
J'ai vu et aimé les films que vous mentionnez, ce sont deux bons exemples d'environnement déshumanisant. D'ailleurs, lorsque Sol se fait euthanasier, il y a un petit côté "recherche du paradis perdu"...
Merci !

Le personnage du flic joué par Charleton Heston n'a jamais vu le moindre coin de nature, ni à la télé ni au cinéma, ni non plus en image dans des livres. On se trouve en plein roman d'anticipation naturellement. Pour les jeunes de sa génération, le confinement aura été étanche depuis leur naissance. La mise en scène de ces images pastorales était bien amenée dans le film. En tout cas, j'ai jamais oublié ça. Marqué à vie ! La scène était vraiment puissante et rafraîchissante à côté de la sombre intrigue impliquant les contrôleurs de la "mafia" gouvernementale.

Faire un peu de théologie, nous dirions que le divin est généreux. Il est tout oblation. Il se situe dans le don. Les puissants sur la terre (dans le film) sont dans la captation. Ce sont des voleurs ! Ils brûlent d'envie de réserver la création à leur usage exclusif, laissant le minimum du minimum aux masses; organisant très bien la pénurie.

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