Le pape François et la pauvreté

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etienne lorant
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Le pape François et la pauvreté

Message non lu par etienne lorant » jeu. 01 août 2013, 10:45

Ricardo Petrella : le Pape François et la pauvreté
Il confirme avec force un principe clé de la conception chrétienne à savoir que le partage crée la richesse et que l’accaparement des ressources de la vie sans partage engendre l’appauvrissement et l’exclusion. Une opinion de Riccardo Petrella, Professeur émérite de l’UCL, promoteur de l’initiative internationale "Déclarons illégale la pauvreté" (http://www.banningpoverty.org).

Le discours que le Pape a prononcé le 25 juillet dernier en rencontrant une famille des plus pauvres au cœur de Varginha, favela parmi les plus mal famées de Rio de Janeiro, restera, à mon avis, l’un des plus significatifs de sa vision de la pauvreté dans le monde et de son éradication.

Il confirme avec force un principe clé de la conception chrétienne à savoir que le partage crée la richesse et que l’accaparement des ressources de la vie sans partage engendre l’appauvrissement et l’exclusion.

Or, il ne se limite pas à inviter tout le monde à partager ce qu’on a (très efficace et beau le recours au proverbe populaire "il est toujours possible d’ajouter de l’eau aux haricots"), mais il souligne qu’il n’y a pas de société dans l’inégalité.

Il rappelle ainsi que la redistribution de la richesse n’est pas suffisante. Pour éradiquer la pauvreté il faut s’attaquer aux inégalités. Autrement dit, partager une richesse qui, pour être produite, aurait dévasté le capital biotique de la planète, les forêts, rendu rare l’eau bonne pour usages humains, exploité les êtres humains par des bas salaires et des conditions de travail inacceptables, et concentré de plus en plus le pouvoir de décision et de contrôle aux mains de grands groupes mondiaux privés, ne contribue pas à réduire et à éliminer les processus structurels à l’origine de la pauvreté dans le monde.

Il faut modifier les finalités et les modalités de la production de la richesse. Les chiffres de la Banque mondiale lui donnent raison : ils montrent que ces dernières années le nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté extrême (moins de 1,25 $ par personne par jour) en Asie et en Amérique latine a diminué car le revenu des pays de ces régions a augmenté faisant passer la moyenne disponible pour les personnes les plus pauvres au-delà de 1,25 $ pro capita.

Mais, la Banque mondiale le reconnaît, l’inégalité en termes de revenu et d’accès au droit à une vie décente au sein des habitants de la Planète s’est accrue et c’est ainsi que le fossé entre les riches et les pauvres s’est élargi.

Le Pape, en outre, insiste sur le fait que la lutte contre les injustices et les inégalités implique la coopération et non pas la compétition, la rivalité. L’autre, dit-il, n’est pas un concurrent, un ennemi. La richesse, affirme-t-il, n’est pas dans la possession et la consommation des choses mais dans le cœur, dans les relations humaines, la solidarité, le respect de l’autre, la fraternité, l’inclusion.

Il a commencé son discours en disant qu’il aurait voulu visiter tout le monde, "dire bonjour" à chacun, "demander un verre d’eau fraîche" symbole d’accueil, d’amour pour la vie. Des réflexions qui montrent la distance en années lumières le séparant de tant de classes dirigeantes mondiales, y compris européennes "chrétiennes", qui ces trente dernières années n’ont fait que parler de compétitivité, de concurrence, de guerres sur les ressources, notamment l’eau, pour la survie, et de marchandisation de toute forme de vie.

Enfin, s’adressant tout naturellement aux jeunes (à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse) il les invite à croire dans la vie, à se donner des objectifs ambitieux, à ne pas avoir peur de viser le changement.

A suivre ici :

http://www.lalibre.be/debats/opinions/l ... 93419acc67
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Le pape François et la pauvreté

Message non lu par etienne lorant » jeu. 17 oct. 2013, 18:15

J'ai trouvé cette opinion de Ricardo Petrella, le défenseur de l'accès gratuit à l'eau, en tant que "bien commun universel".


Le discours que le Pape a prononcé le 25 juillet dernier en rencontrant une famille des plus pauvres au cœur de Varginha, favela parmi les plus mal famées de Rio de Janeiro, restera, à mon avis, l’un des plus significatifs de sa vision de la pauvreté dans le monde et de son éradication.
Il confirme avec force un principe clé de la conception chrétienne à savoir que le partage crée la richesse et que l’accaparement des ressources de la vie sans partage engendre l’appauvrissement et l’exclusion.

Or, il ne se limite pas à inviter tout le monde à partager ce qu’on a (très efficace et beau le recours au proverbe populaire "il est toujours possible d’ajouter de l’eau aux haricots"), mais il souligne qu’il n’y a pas de société dans l’inégalité.

Il rappelle ainsi que la redistribution de la richesse n’est pas suffisante. Pour éradiquer la pauvreté il faut s’attaquer aux inégalités. Autrement dit, partager une richesse qui, pour être produite, aurait dévasté le capital biotique de la planète, les forêts, rendu rare l’eau bonne pour usages humains, exploité les êtres humains par des bas salaires et des conditions de travail inacceptables, et concentré de plus en plus le pouvoir de décision et de contrôle aux mains de grands groupes mondiaux privés, ne contribue pas à réduire et à éliminer les processus structurels à l’origine de la pauvreté dans le monde.

Il faut modifier les finalités et les modalités de la production de la richesse. Les chiffres de la Banque mondiale lui donnent raison : ils montrent que ces dernières années le nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté extrême (moins de 1,25 $ par personne par jour) en Asie et en Amérique latine a diminué car le revenu des pays de ces régions a augmenté faisant passer la moyenne disponible pour les personnes les plus pauvres au-delà de 1,25 $ pro capita.

Mais, la Banque mondiale le reconnaît, l’inégalité en termes de revenu et d’accès au droit à une vie décente au sein des habitants de la Planète s’est accrue et c’est ainsi que le fossé entre les riches et les pauvres s’est élargi.

Le Pape, en outre, insiste sur le fait que la lutte contre les injustices et les inégalités implique la coopération et non pas la compétition, la rivalité. L’autre, dit-il, n’est pas un concurrent, un ennemi. La richesse, affirme-t-il, n’est pas dans la possession et la consommation des choses mais dans le cœur, dans les relations humaines, la solidarité, le respect de l’autre, la fraternité, l’inclusion.

Il a commencé son discours en disant qu’il aurait voulu visiter tout le monde, "dire bonjour" à chacun, "demander un verre d’eau fraîche" symbole d’accueil, d’amour pour la vie. Des réflexions qui montrent la distance en années lumières le séparant de tant de classes dirigeantes mondiales, y compris européennes "chrétiennes", qui ces trente dernières années n’ont fait que parler de compétitivité, de concurrence, de guerres sur les ressources, notamment l’eau, pour la survie, et de marchandisation de toute forme de vie.

Enfin, s’adressant tout naturellement aux jeunes (à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse) il les invite à croire dans la vie, à se donner des objectifs ambitieux, à ne pas avoir peur de viser le changement.

Alors que les élites dominantes affirment qu’une partie des jeunes actuels constitue, "regrettablement", une génération sacrifiée car ils ne seraient pas aptes à s’intégrer dans une économie en changement permanent et exigeante sur le plan des compétences et des savoirs, le pape François les encourage à ne pas avoir peur de s’engager pour le changement de la société et de viser "la pacification" et la justice. Il condamne l’individualisme actuel qui alimente l’égoïsme et l’indifférence ainsi que la croyance qu’on ne peut pas se battre contre les injustices.

Le message du Pape est : "Vous pouvez changer la société. Allez-y." Quel message riche d’espoir et d’utopies réalisables ! Jadis, Dom Helder Camara, lui aussi un grand "évêque" de l’Amérique latine, du Brésil, à Recife, apôtre estimé dans le monde entier pour son option en faveur des pauvres et pour la lutte contre les causes de la pauvreté, avait exprimé une confiance égale envers les jeunes, lui qui aimait rappeler : "Quand dans mes homélies je parle des pauvres, ils disent que je suis un saint homme. Si je m’interroge sur les causes de la pauvreté, ils disent que je suis communiste."

A Varginha, le pape François a dit : "Une société qui ignore, qui marginalise et abandonne à la périphérie une partie d’elle-même, une telle société, tout simplement, appauvrit elle-même, voire perd quelque chose d’essentiel pour elle-même… Personne ne peut être mis de côté."

http://www.lalibre.be/debats/opinions/l ... 93419acc67
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re:Réaction du Pape François aux attentats à PARIS

Message non lu par etienne lorant » sam. 14 nov. 2015, 20:00

Au lendemain des attentats parisiens, le pape François s’est dit « bouleversé et attristé ». « Je ne comprends pas, mais ces choses sont difficiles à comprendre, commises par des êtres humains. C’est pour cela que je suis ému, peiné, et que je prie. Je me sens proche du peuple français tant aimé, je suis proche des familles des victimes et je prie pour eux tous », a-t-il déclaré dans une conversation téléphonique avec le directeur de la télévision italienne TV2000, Lucio Brunelli, au cours d’une émission spéciale consacrée aux attaques.

Interrogé sur ses propos, dans l’avion qui le ramenait de Corée en août 2014, sur une nouvelle « guerre mondiale par morceaux », il a répondu : « Ceci en est un morceau. Il n’y a pas de justification pour ces choses ». Ni justification religieuse, ni humaine : « Ceci n’est pas humain. C’est pour cela que je suis proche de la France que j’aime tant ».

« La violence ne peut rien résoudre »

Un peu plus tôt, « informé des horribles attaques terroristes », le pape avait adressé un message de condoléances au cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, dans lequel il assurait la France de sa « proximité spirituelle » et s’associait « par la prière à la souffrance des familles éprouvées par ce drame ainsi qu’à la douleur du peuple français. »

Il condamnait aussi « avec vigueur la violence qui ne peut rien résoudre » et « demande à Dieu d’inspirer à tous des pensées de paix et de solidarité ».

Le pape devrait revenir sur ces attentats lors de la prière de l’angélus, dimanche midi.
« Une attaque contre la paix de toute l’humanité »

Dès samedi matin, Radio Vatican avait diffusé une réaction lue en italien par son directeur et porte-parole du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi.

« Nous prions pour les victimes et les blessés et pour tout le peuple français. Il s’agit d’une attaque contre la paix de toute l’humanité qui demande une réaction décisive et solidaire de la part de nous tous pour empêcher que la haine qui tue dans le monde sous toutes ses formes ne se répande. »

Le Vatican est bouleversé « par cette nouvelle manifestation de folles violences et de haine » que le pape François ainsi que « toutes les personnes qui aiment la paix » condamnent « de la manière la plus radicale qui soit ».

Sur Radio Vatican toujours, le P. Lombardi a mis en garde contre la tentation de la peur : « Ces meurtres possédés par une haine insensée sont appelés ‘terroristes’ justement parce qu’ils veulent répandre la terreur. Si nous laissons faire la peur, ils ont déjà atteint leur premier objectif. C’est une raison de plus pour résister avec détermination et courage à la tentation de la peur. » : « Bien sûr, vous devez être prudent et ne pas être irresponsable, prendre des précautions raisonnables. Mais nous devons continuer à vivre en bâtissant la paix et la confiance mutuelle. »
« Ce n’est vraiment pas le moment de renoncer au Jubilé »

Le Jubilé de la Miséricorde, qui doit s’ouvrir le 8 décembre prochain à Rome, « devient encore plus nécessaire », a poursuivi le P. Lombardi : « Un message de miséricorde, cet amour de Dieu qui se traduit dans l’amour mutuel et la réconciliation est exactement la réponse que vous avez à donner dans les moments de tentation à la méfiance. Jean-Paul II a dit que le message de la miséricorde était la grande réponse de Dieu et des croyants dans le temps sombre et horrible de la Seconde guerre mondiale, des massacres perpétrés par le totalitarisme, la propagation de la haine entre les peuples et les personnes. Ce n’est vraiment pas le moment de renoncer au Jubilé ou d’en avoir peur. »

Le porte-parole du Vatican a invité à vivre cette année sainte « avec sagesse, mais aussi avec courage et l’élan spirituel, en continuant à regarder l'avenir avec espoir, malgré les attaques de la haine.

http://www.la-croix.com/Religion/Actual ... 14-1380261
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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