Crise des vocations ? Vraiment ?
Publié : ven. 23 juin 2017, 7:15
Laudetur!
Il est devenu un lieu commun de parler de «crise des vocations». Tout le monde en parle, comme si la chose serait d'une évidence criante. Lorsque j'ose à émettre des doutes sur ce sujet, l'argument qui vient immédiatement à l'esprit de mes interlocuteurs est la baisse du nombre des prêtres (et des religieux aussi). En effet, les chiffres sont là et je suis le dernier à contester l'évidence. On peut plutôt parler d'une chute que d'une baisse.
Néanmoins, à mon avis, cet argument est invalide. Car une crise des vocations ce n'est pas ça. Le terme «crise» est médical à l'origine: un changement brutal et morbide. On l'utilise, par extension, un peu partout. Pour parler d'une crise du lait ce n'est pas suffisant que les quantités de lait sur le marché diminuent, encore faut-il que cette baisse de l'offre soit accompagnée d'une hausse (absolue ou relative) de la demande, de manière que les gens cherche du lait mais il ont du mal à le trouver ou bien il le trouve à grand prix: c'est alors à peine qu'on peut parler d'une vraie crise. On peut, donc, parler d'une crise lorsqu'il y a une surdemande par rappor à l'offre.
Ce n'est pas le cas avec le sacerdoce. Cette crise de vocations, moi je ne la vois pas. Ce que je vois sont des églises où on ne prie plus. Des églises où on fait la Messe une fois par mois et là encore elle sont loin de se remplir. Ce que je vois est un manque de fidèles, pas un manque de prêtres.
«Oui, mais ce sont les prêtres qui font les fidèles!» est l'objection qu'on pourrait opposer à cette évidence. Nous somme, ici, devant une question de type «les poules font les œufs ou les œufs fond des poules?». Eh bien, je suis plutôt d'avis, dans ce cas, que les œufs font les poules. Dans mon village, il y a maintenant un prêtre qui fait la Messe un Dimanche sur trois, car il a la responsabilité de trois églises (c'est à dire de trois villages du coin) et encore d'une communauté de moniales (en baisse en nombre, en hausse en âge). Toutefois, il est loin d'être surchargé. Pas d'horaires de confessions (la chose n'existe pas). Il y a une permanence une heure le mercredi et une heure le samedi, mais il ne vient jamais, c'est un diacre d'habitude là-bas. On fait la caté aux classes primaires (vous savez, le type de caté «séance de coloriage»), ce n'est pas le prêtre qui s'en occupe, mais une laïque. La seule école primaire du village, qui est une école privé (soit disant catholique) n'a rien à voir avec l'enseignement chrétien. Ce sont des laïques qui s'occupent de la distribution du Saint Sacrement. Depuis 5 ans j'habite dans le coin, je n'ai jamais vu une procession. L'église du village se remplit à environ un tiers de la capacité un Dimanche sur trois, alors qu'on fait la Messe. Des gens âgés et, en plus, la dizaine d'enfants de la caté qui entrent à la moitié de la Messe (à la partie eucharistique). Puis, à l'âge de la confirmation, il n'y a plus presque personne. Oui, je peux dire que, dans ce coin, je constate bien une crise de transmission de la foi, mais pas du tout une crise de prêtres.
La crise de vocations est un faux problème. La crise de fidèles est un vrai problème. Dieu suscite exactement le nombre de vocations qui correspond au nombre de fidèles. Je trouve que penser autrement c'est penser que Dieu ne fait pas bien son boulot. Il se peut que les gens ne répondent pas à l'appel de Dieu vers la prêtrise et la vie religieuse ? Dans ce cas, il faut prier non pour les vocations, mais pour les réponses aux vocations, car voco-vocare signifie précisément appeler. Dans ce cas on ne peut pas dire que Dieu n'appelle pas, mais que les gens font la sourde oreille. Mais est-ce vraiment le cas ? Je dirais plutôt que si on doublait le nombre de jeune prêtres, soit on augmenterait le chômage, soit on épuiserait inutilement les ressources de plus en plus minces des diocèses. Donnez à Dieu plus de fidèles et Il fera son boulot: vous aurez plus de prêtres. Vous voulez pas seulement un plus de prêtres, mais de prêtres saints ? Eh bien, donnez à Dieu des laïques saints. Car le vrai problème n'est pas au niveau des prêtres et encore moins au niveau de Dieu, il est bien chez nous le problème, chez les laïques.
Pax Christi,
A.
Il est devenu un lieu commun de parler de «crise des vocations». Tout le monde en parle, comme si la chose serait d'une évidence criante. Lorsque j'ose à émettre des doutes sur ce sujet, l'argument qui vient immédiatement à l'esprit de mes interlocuteurs est la baisse du nombre des prêtres (et des religieux aussi). En effet, les chiffres sont là et je suis le dernier à contester l'évidence. On peut plutôt parler d'une chute que d'une baisse.
Néanmoins, à mon avis, cet argument est invalide. Car une crise des vocations ce n'est pas ça. Le terme «crise» est médical à l'origine: un changement brutal et morbide. On l'utilise, par extension, un peu partout. Pour parler d'une crise du lait ce n'est pas suffisant que les quantités de lait sur le marché diminuent, encore faut-il que cette baisse de l'offre soit accompagnée d'une hausse (absolue ou relative) de la demande, de manière que les gens cherche du lait mais il ont du mal à le trouver ou bien il le trouve à grand prix: c'est alors à peine qu'on peut parler d'une vraie crise. On peut, donc, parler d'une crise lorsqu'il y a une surdemande par rappor à l'offre.
Ce n'est pas le cas avec le sacerdoce. Cette crise de vocations, moi je ne la vois pas. Ce que je vois sont des églises où on ne prie plus. Des églises où on fait la Messe une fois par mois et là encore elle sont loin de se remplir. Ce que je vois est un manque de fidèles, pas un manque de prêtres.
«Oui, mais ce sont les prêtres qui font les fidèles!» est l'objection qu'on pourrait opposer à cette évidence. Nous somme, ici, devant une question de type «les poules font les œufs ou les œufs fond des poules?». Eh bien, je suis plutôt d'avis, dans ce cas, que les œufs font les poules. Dans mon village, il y a maintenant un prêtre qui fait la Messe un Dimanche sur trois, car il a la responsabilité de trois églises (c'est à dire de trois villages du coin) et encore d'une communauté de moniales (en baisse en nombre, en hausse en âge). Toutefois, il est loin d'être surchargé. Pas d'horaires de confessions (la chose n'existe pas). Il y a une permanence une heure le mercredi et une heure le samedi, mais il ne vient jamais, c'est un diacre d'habitude là-bas. On fait la caté aux classes primaires (vous savez, le type de caté «séance de coloriage»), ce n'est pas le prêtre qui s'en occupe, mais une laïque. La seule école primaire du village, qui est une école privé (soit disant catholique) n'a rien à voir avec l'enseignement chrétien. Ce sont des laïques qui s'occupent de la distribution du Saint Sacrement. Depuis 5 ans j'habite dans le coin, je n'ai jamais vu une procession. L'église du village se remplit à environ un tiers de la capacité un Dimanche sur trois, alors qu'on fait la Messe. Des gens âgés et, en plus, la dizaine d'enfants de la caté qui entrent à la moitié de la Messe (à la partie eucharistique). Puis, à l'âge de la confirmation, il n'y a plus presque personne. Oui, je peux dire que, dans ce coin, je constate bien une crise de transmission de la foi, mais pas du tout une crise de prêtres.
La crise de vocations est un faux problème. La crise de fidèles est un vrai problème. Dieu suscite exactement le nombre de vocations qui correspond au nombre de fidèles. Je trouve que penser autrement c'est penser que Dieu ne fait pas bien son boulot. Il se peut que les gens ne répondent pas à l'appel de Dieu vers la prêtrise et la vie religieuse ? Dans ce cas, il faut prier non pour les vocations, mais pour les réponses aux vocations, car voco-vocare signifie précisément appeler. Dans ce cas on ne peut pas dire que Dieu n'appelle pas, mais que les gens font la sourde oreille. Mais est-ce vraiment le cas ? Je dirais plutôt que si on doublait le nombre de jeune prêtres, soit on augmenterait le chômage, soit on épuiserait inutilement les ressources de plus en plus minces des diocèses. Donnez à Dieu plus de fidèles et Il fera son boulot: vous aurez plus de prêtres. Vous voulez pas seulement un plus de prêtres, mais de prêtres saints ? Eh bien, donnez à Dieu des laïques saints. Car le vrai problème n'est pas au niveau des prêtres et encore moins au niveau de Dieu, il est bien chez nous le problème, chez les laïques.
Pax Christi,
A.