Penchants déviants et vocation

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granpecheur
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Penchants déviants et vocation

Message non lu par granpecheur » lun. 21 déc. 2015, 10:03

Bonjour,

Pouvez-vous m'aider ?

Imaginez le cas d'un jeune homme chrétien mais très pécheur, qui, depuis toujours, c'est-à-dire depuis très longtemps, se demande sérieusement si sa vocation précise ne serait pas d'être totalement au service des autres et de Dieu, non pas seulement donc en tant que laïc dévoué, mais en tant que pasteur et prédicateur, en tant que prêtre ; mais ce jeune homme, depuis le temps qu'il se pose cette question qui l'obsède, s'en pose aussi une autre, qui concerne sa sexualité, lui qui reconnaît maintenant qu'il a des penchants homosexuels, non exclusifs, mais clairement enracinés (à tel point qu'il a commis le péché, à plusieurs reprises, qu'il y est retombé, hélas, trop souvent). La question qu'il se pose alors, avec un peu de précipitation sans doute, mais qu'il est obligé de se poser, est la suivante : serait-il concevable, je dis concevable, à terme, au terme d'une longue pénitence et d'un grand effort, et d'un long discernement, menés conjointement, et avec ceux qui sont habilités à le guider sur ce chemin, serait-il concevable, possible, légal, dans l'absolu, que ce jeune homme entre au séminaire ? Ou ses penchants lui ferment-ils strictement cette voie ?

Il connaît, ou plutôt croit connaître, les règles de l'Église, notamment telles que rappelées ces dernières années, à ce sujet, mais pour autant, il ne parvient pas à répondre définitivement à cette question, et donc à faire le deuil, ou non, de cette vocation potentielle. Il connaît ces règles, mais il connaît aussi des cas de prêtres, contemporains (il a déjà parlé à un séminariste dans ce cas), ou datés, qui avaient eux aussi ces penchants. Cela laisse penser que la réponse des autorités de l'Église n'est pas univoque et simple ; à moins qu'il ne se méprenne. Il se demande en outre si, tous, nous n'avons pas en puissance, quoiqu'à des degrés divers, les mêmes propentions à tous les vices. Il se demande s'il faut être effectivement parfait, ou seulement rechercher cette perfection. Les penchants homosexuels interdisent-ils absolument l'accès au ministère ? Qu'entend-on par "penchants enracinés" ? Leur non-exclusivité a-t-elle quelque importance ? Et qu'ils soient consommés ?

Depuis des années il s'interdit d'envisager cette voie, et d'en parler même à un prêtre, parce qu'il s'est dit que ces penchants attestés la rendaient impossible, et l'obligeaient à ne plus y penser. Il se force donc à faire le deuil de cette possibilité ; mais cela le rend triste. Il continue d'y penser ; il y pensera au moins tant qu'il n'aura pas de réponse ferme et définitive. Il se demande si seuls les saints, vraiment, peuvent se faire ordonner. Il a entendu, aussi, ce qu'on a pu dire de ces jeunes hommes ou femmes qui sont entrés dans les ordres animés moins par le sentiment positif d'une vocation, que pour faire pénitence (notamment à cause de ce genre de penchants et d'actes, ou d'autres aussi graves) - ce dont l'Église d'aujourd'hui, plus que celle d'hier, peut-être, se méfie. Il comprend cela. En ce sens, il a envisagé d'autres conditions : celle de laïc qui se marierait, avec une femme s'entend évidemment, ou qui s'en tiendrait à la chasteté ; ou encore, celle de moine, tout engagé dans la pénitence, mais sans prétendre au ministère. Mais il n'est pas sûr que ce soient là les états qui lui conviendraient le mieux.

La réponse n'est pas simple. Et la poser à un prêtre serait peut-être, sans doute, le mettre dans l'embarras... et pas seulement lui.

Que répondriez-vous à ce jeune homme dont vous avez dû comprendre qu'il n'était pas, hélas, hypothétique ?

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axou
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Re: Penchants déviants et vocation

Message non lu par axou » lun. 21 déc. 2015, 19:20

granpecheur a écrit : La réponse n'est pas simple. Et la poser à un prêtre serait peut-être, sans doute, le mettre dans l'embarras... et pas seulement lui.
Sans aucun doute, il est bon pour vous d'aller en parler à un prêtre, et-ou de faire les exercices spirituels ignaciens accompagné par un jésuite.

Ce qui est demandé aux prêtres et aux religieux, c'est l'abstinence, qu'on soit hétéro ou homo. Il faut vraiment creuser la question de savoir si on est vraiment capable de s'engager dans une vie de célibat rigoureuse, et ne pas finir, 10 ans après l'ordination par mener une double vie ou pire, devenir un prêtre militant de la cause gay, l'Eglise n'est pas le lieu pour cela.

L'homosexualité pose un problème spécifique dans la vie consacrée : en effet, dans sa sagesse, l'Eglise qui demande à ses consacrés de rester chastes leur organise une vie SEPAREE de l'autre sexe : 3 prêtres vivent ensemble en paroisse, les moines vivent ensemble, les moniales vivent ensemble, on évite la vie commune pour éviter la tentation, c'est du bon sens.

Le problème, c'est qu'un prêtre ou religieux homosexuel vit avec l'objet de la tentation ! il ne bénéficie pas des règles protectrices de l'Eglise ! Comment voulez-voulez vous que cela se passe bien ? je ne dis pas que c'est impossible, il y certainement des cas de personnes qui le vivent bien et dans une moralité rigoureuse, mais enfin une règle de base, la séparation des sexes pour éviter la tentation, se trouve d'emblée transgressée : cela ouvre la voie à d'autre transgressions.

Voilà ce que j'en pense. Je ne dis pas qu'un véritable appel de Dieu à la prêtrise ne soit pas vivable, je dis qu'il faut se faire accompagner pour discerner si cette voie d'autant plus difficile est la bonne pour vous.
Je ne doute pas qu'il y ait eu des saints homosexuels, mais le fait même qu'on ne sache pas qu'ils l'ont été prouvent qu'ils ont vécu dans la loi de l'Eglise, sans scandales, avec la grâce de Dieu.

Bien à vous,

Axou

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Kerniou
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Re: Penchants déviants et vocation

Message non lu par Kerniou » mar. 22 déc. 2015, 17:35

Je suis d'accord avec l'analyse et les conseils d'Axou.
Vous ne devez pas vous engager avant d'en avoir longuement discuté avec les instances concernées.
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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Héraclius
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Re: Penchants déviants et vocation

Message non lu par Héraclius » mar. 22 déc. 2015, 23:59

La première chose que je ferai, si je voyais ce grand pécheur, serait de le féliciter pour son combat, pour sa résistance, pour ses épreuves. Grâce soit rendue à Dieu pour nous envoyer une telle âme. Et de me rappeller à quel point pécheur je suis moi-même.

Kyrie Eleison.

Malheuresement, je n'en sais pas plus que vous sur la question de l'admission au séminaire des hommes à tendances homosexuelles ; c'est à dire que j'ai simplement eût vent de la règle générale. En tout cas, ce qui est certain, c'est qu'il s'agit d'une règle disciplinaire à caractère contextuelle ; il est évidemment que le pécheur et l'âme tentée peuvent être validement ordonné - car c'est l'état de tous ceux qui joignent les ordres sacrés. La simple "tendance" homosexuelle n'est d'ailleurs pas la cible de l'interdiction : c'est le tendance "enracinée", c'est à dire la tendance qui a été suivie un temps, je suppose.

Maintenant, quelques idées au vol, qui valent ce qu'elles valent :


- Allez voir un prêtre, parlez-lui en - plus, trouvez-vous un père spirituel, un prêtre en qui vous pourrez placer votre confiance et à qui vous vous confesserez régulièrement. Certes, c'est embarassant, mais vous prierez et Dieu vous accordera la force, j'en suis certain. Je prierai à cette intention. Avoir un directeur de conscience est de toute façon presque recquis pour pouvoir entrer plus tard au séminaire, il me semble ; on aura besoin d'un prêtre vous connaissant qui pourra témoigner de votre engagement. C'est auprès d'un tel soutien que vous trouverez de vrai réponses profondes, pas sur un forum sur internet.

- Acceptez que la Volonté de Dieu est souveraine. Fiat Voluntas Tua. Je suis le premier à faire de la Volonté de Dieu un concept abstrait, et à penser ma vie religieuse moins en Lui et avec Lui que loin de Lui, par rapport à Lui et non par Lui. La Providence est un peu passée de mode. Pourtant, Dieu a un plan pour vous comme pour moi. Si Il vous veut prêtre et que vous vous soumettez à Sa Volonté (et je ne doute pas que c'est votre désir), vous serez prêtre. Si ce n'est pas Son plan et que vous vous soumettez à Sa Volonté, alors vous ne serez pas prêtre.

Bien sûr, ce n'est pas une exhortation à l'inaction ou à l'attentisme. Mais rappellez-vous qu'Il est là, et que Sa Volonté prévaut. Soumettez-vous, et tout se passera pour le mieux, même si ela implique beaucoup de souffrances sanctificatrices. C'est dur ; si seulement je vivais dans cet état d'esprit moi-même ! Mais cela devrait nous redonner de l'espoir et de joie.

- Continuez à chercher votre vocation à l'écoute de l'Esprit. Alors bien sûr, je ne doute pas que vous le faites déjà ! Mais parlez-en, méditez, remettez-vous en à Dieu surtout. Êtes vous certains que vous voulez être prêtre, être un sacrificateur ? On peut être prédicateur sans célébrer les sacrements. Sainte Thérèse a un temps cru être appellée au sacerdoce ; finalement, Dieu avait d,autres projets pour elle, et de beaux ! Il faut donc vous assurer que cela est solide.

- Enfin, un cas comme le vôtre sera sans doute tranché par le supérieur du séminaire. Il faudra donc prendre le temps de lui expliquer tout cela... et se soumettre à sa décision humaine. A mon humble avis, la porte du sacerdoce ne vous est pas néssécairement fermée. Mais je ne vous connais pas, et je n'ai pas la sagesse de notre mère l'Eglise.


Je prie pour vous.


Dieu vous garde en Son étreinte d'Amour,


Héraclius -
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)

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granpecheur
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Re: Penchants déviants et vocation

Message non lu par granpecheur » lun. 25 janv. 2016, 22:11

Bonsoir,

Je m'excuse de ne vous répondre que maintenant. Je crois qu'il me fallait le temps de méditer et de... prendre le temps. (Oui, je crois que je peux parler à la première personne...)

Je vous remercie beaucoup d'avoir pris la peine de me répondre avec charité et intelligence.

Depuis mon message, je me suis confessé, et donc, en plus d'aller à la messe chaque dimanche, je communie, ce qui est une grande joie. Je n'ai jamais connu une telle paix intérieure. Par ailleurs, je ressens le besoin de prier davantage et mes prières sont la cause ou l'occasion de joie et paix. Je dirais en outre, si ce n'était pas un peu ridicule, que j'ai l'impression de me trouver pendant et après la messe dans une sorte d'état de grâce.

Héraclius, sans aucun doute, la Providence est.

Mais il y a un problème : cet état, disons cette réconciliation avec Dieu, a remis plus que jamais dans ma tête la question de la vocation. Est-ce un appel, mon Dieu ?
Je suis tiraillé : à la fois, tout se passe comme si la prêtrise était "ma" vocation, à la lumière de laquelle tout mon passé et mon avenir s'éclairent ; et à la fois, outre les doutes et les inquiétudes, habituels et humains (et très divers) je crois, qui accompagnent cette pensée, l'idée de mettre l'Église dans l'embarras, avec ma très-petite personne, m'est très désagréable. Je veux dire : tantôt je veux courir en parler au prêtre, enfin ; tantôt je me dis que le plus sage est de la fermer et de continuer ainsi, de ne pas importuner des gens pour cette espèce de "caprice"....

J'en suis arrivé à un stade où le seul obstacle à des démarches allant dans le sens d'un discernement avec les autorités compétentes - soit la seule chose qui me bloque vraiment, par scrupule et prudence -, ce sont ces "penchants."

Et puis je n'en finis plus de me triturer la cervelle, relisant les textes et leurs interprétations plus ou moins subtiles. Ai-je des "tendances enracinées" ? A la fois oui : depuis l'adolescence j'ai ces fantasmes déviants ; je suis tombé plusieurs fois dans le pêché mortel correspondant, très ponctuellement certes, mais pendant plusieurs années ; et encore aujourd'hui, bien sûr, il m'arrive d'avoir ces fantasmes très déplorables (vieille technique de transition : je me force à orienter ma libido vers la gent féminine, quand ce n'est pas le cas...). Et à la fois non : je suis aussi attiré par les femmes ; d'ailleurs cette attirance est d'un autre ordre, supérieur, pas seulement "sexuel" comme avec les hommes ; jamais dans ma vie je n'ai envisagé former un couple homosexuel et m'installer dans cette situation ; jamais non plus, d'un point de vue intellectuel, même plus jeune, je n'ai été en désaccord sur ce point (ou tout autre d'ailleurs) avec la loi naturelle, et donc avec l'Église ; à chaque fois que je tombais dans le pêché, j'éprouvais du dégout, souvent pendant, toujours après, et après plus encore, un énorme sentiment de faute, de vide, de mort... Et je pourrais continuer ainsi longtemps. C'est sans fin !

Axou, vous avez raison. Mais je vous avoue que, rentrant profondément en moi-même, je ne parviens pas à m'imaginer succomber, à trente ou quarante ans, au presbytère, à la tentation d'aller visiter la chambre d'à côté... Est-ce à tort ? J'associe mes penchants à la jeunesse, à la mienne (je dois préciser que j'ai 22 ans) et à celle du monde qui m'entoure, à une immaturité, une sorte d'adolscence désordonnée qui succombe au Beau quel qu'il soit (par fantasmes, s'entend), quand il apparaît - au lieu de se contenter de le reconnaître tel simplement et de louer Dieu d'être un si parfait créateur, comme il se doit. (Je dis jeunesse, la mienne et celle des autres, j'y pense, entendons-nous bien, je n'ai jamais, au grand jamais, eu de désirs pédophiles... je parle du public universitaire...) Je ne sais pas comment expliquer la chose... C'est comme un maximalisme dans le sentiment, dans le goût, dans l'amitié... N'est-ce pas cela l'immaturité, foncièrement celle de l'"homophilie" ? Il y a un autre facteur aussi, sans doute : une longue et habituelle solitude, une méconnaissance des rapports aux autres, et des autres, qui pousse à grossir par imagination et sentiment le moindre rapport... Tout cela qui s'est estompé au fil des ans, Dieu merci, en même temps que je découvrais plus avant la vie (sociale).

Je dois enfin préciser qu'absoluement jamais mes, disons, fertile imagination et excessive sensibilité... enfin tout ça, quoi que ce soit, ne m'a jamais amené à sauter sur quelqu'un, ou même beaucoup moins que cela... Ceux qui me connaissent - et aucun ne sait ces penchants et ces fautes - me prennent déjà plutôt pour un moine... ça fait rire, d'ailleurs.

Et s'il ne s'agissait que d'immaturité ? De blessures et de choses à réparer... tout cela justement qui se répare - qui se répare déjà - par la piété et le discernement patient, à plusieurs, comme pour tout candidat au sacerdoce ministériel ? Et si le mot d'"homosexualité" n'était qu'un mot ? Ou alors non, peut-être que, tout simplement, je me cherche des excuses, je "refoule" comme diraient les fanatiques de la cause gay... ou les perspicaces ? ...Mais si je refoulais, j'aurais tout de même une plus grande impression d'imposture et de mauvaise foi, non ?

Bref, les choses sont si complexes ! Comment un tel être hybride est possible ?

Une chose est certaine, c'est une vieille certitude : si je devais absolument, donc définitivement renoncer à l'idée d'une ordination (et non pas de manière relative, subjective, comme jusqu'ici), à cause de ces penchants et actes, ce serait une déchirure... Des fautes, ou des erreurs de la nature (?), en un sens absolument ineffaçables... Je maudirais (je maudis déjà !) mon environnement, les vils moyens techniques aussi, toutes les circonstances qui ont pu amener à la concrétisation de penchants qui, autrement, n'auraient jamais été, ou seraient restés si insignifiants, insus, éteints - je maudirais le grain de sable qui aurait suffi à modifier complètement la donne...

Mais bien sûr, dans le même temps, comme dans une autre dimension des choses, je l'accepterai, étrangement, comme une joie : puisque le principal est d'être dans la vérité, et donc le bien, la joie qui accompagne cette adéquation annulerait pour ainsi dire le malheur qui n'en serait plus un ; il y a bien d'autres vocations, certes.

C'est franchement impudique de s'étaler ainsi... pardonnez ce besoin (ainsi que les éventuelles coquilles).

Et merci pour vos prières !

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jerome
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Re: Penchants déviants et vocation

Message non lu par jerome » mar. 26 janv. 2016, 18:02

Granpecheur, votre courage et la justesse de votre propos sont admirables.

L'Eglise a plus à gagner à vous avoir comme berger qu'à vous rejeter au risque du qu'en-dira-t-on...

Vous avez la foi et la vocation ? Foncez ! Gardons toujours en tête que la première à prendre acte de la résurrection de la chair fut une très grande pécheresse. Pourquoi le Seigneur lui a-t-il fait cette grâce ? Sans doute parce que le Seigneur n'est que miséricorde, et que RIEN n'est plus infini, rien n'est plus puissant, rien n'est plus illimité que la Miséricorde du Seigneur. :coeur:
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

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Re: Penchants déviants et vocation

Message non lu par axou » mar. 26 janv. 2016, 23:28

Bonsoir cher Jeune ami (j'ai du mal à vous appeler Grandpecheur),

je suis d'accord avec les propos de Jérôme. Quelle belle expression que la votre, quelle maturité et et quelle humilité se dégagent de vos propos... J'espère bien que vous allez "déranger" l'Eglise avec votre petite personne et vous faire accompagner par quelqu'un qui vous comprenne (et sans doute qui possède une certaine envergure...)

"Et s'il ne s'agissait que d'immaturité ? De blessures et de choses à réparer... tout cela justement qui se répare - qui se répare déjà - par la piété et le discernement patient, à plusieurs, comme pour tout candidat au sacerdoce ministériel ?" : Vous répondez sans doute déja à la question. Si vous êtes lucide, conscient, honnête et toujours en recherche de vérité, soucieux de demeurer dans l'obéissance, vos penchants ne doivent pas être un obstacle pour vous dans votre démarche, à charge de l'Eglise de discerner avec vous la volonté de Dieu.

Vous savez, Jeune ami, vous me donnez une leçon : vos propos évoquent un abandon et une ouverture du coeur qui évoquent le chemin de la sainteté et me renvoie à mes propres résistances...

De tout coeur avec vous et me réjouissant avec vous de cet état de grâce,

Axou

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Re: Penchants déviants et vocation

Message non lu par unreligieux » sam. 13 févr. 2016, 21:16

Salut à toi,

A la lecture de ton message, j'ai été rejoint par cette question sur la dignité d'être appelé ou non. Ayant suivi récemment un chemin qui m'a conduit à la vie religieuse, je me sens qualifié pour te répondre.

La caractéristique de toute vocation est que c'est un appel, certes reçu par une personne, mais surtout confirmé par l'Eglise.
J'en suis arrivé à un stade où le seul obstacle à des démarches allant dans le sens d'un discernement avec les autorités compétentes - soit la seule chose qui me bloque vraiment, par scrupule et prudence -, ce sont ces "penchants."
En ce sens, si la démarche de discernement a bien un but, c'est de savoir quoi faire avec tout ce qui nous compose, nos qualités comme nos penchants. Si la question de ces penchants est pour toi brûlante, c'est peut-être bien le signe qu'il faut en discuter, que tu n'as probablement pas assez de recul sur toi-même pour juger si ces penchants sont enracinés ou non. La beauté dans l'Eglise, c'est ce rapport de médiation : il n'y a une personne face à son désir vocationnel : par un tiers, tu es à même d'apprendre à distinguer en toi ce qui est de l'ordre de la vie, de l'appel de Dieu, ou au contraire qui t'éloignes de sa Parole.

N'attends pas que cette ardeur se soit éteinte d'elle-même pour désirer pousser la porte du séminaire, ou au moins d'un prêtre pour t'aider à discerner. Un postulant au séminaire n'attend pas d'être devenu blanc comme neige avant de demander à entrer ! Le séminaire est justement un lieu pour continuer de discerner si c'est un appel pour toi, si les limites que tu as sont compatibles avec une vie de prêtre. Et cela, ce n'est pas le candidat seul qui est à même de le juger !

Enfin, je te propose aussi d'étendre ton introspection à d'autres domaines de ta personne. Si ce ne sont que ces penchants qui t'empêchent d'entrer au séminaire, tu serais déjà très avancé sur la voie de la sainteté ! :clap: Au contraire, n'importe quel candidat à la prêtrise ou à la vie religieuse a amplement le temps de constater combien nous sommes marqués par nos limites. Parfois, en ne regardant qu'un point qui nous déplaît en nous-mêmes, cela nous évite de regarder d'autres lieux intérieurs qui ne sont pas plus beaux. Ce peut être inconscient, mais il ne faut pas se faire d'illusion sur notre capacité à nous voiler la face sur nous-mêmes ! Là dessus, une petite retraite accompagnée, pour se mettre en vérité face au Seigneur, ne peut pas faire de mal !

Ce qui est sûr, c'est qu'il semble difficile de rester seul avec ce type de questionnements car à moment donné, il faut pouvoir entendre la parole d'un autre sur soi-même, comme ce sera le cas si jamais tu entres au séminaire.

Sois assuré de mes prières et celles de ma communauté,
Bien à toi,

unreligieux

PS: Je te tutoie car nous ne devons pas avoir énormément d'années de différence !

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Re: Penchants déviants et vocation

Message non lu par jerome » sam. 13 févr. 2016, 22:02

unreligieux a écrit : PS: Je te tutoie car nous ne devons pas avoir énormément d'années de différence !
...sauf que sur le forum on se vouvoie ;)
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

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Re: Penchants déviants et vocation

Message non lu par Fée Violine » sam. 13 févr. 2016, 22:31

Mais on peut se tutoyer si les deux interlocuteurs sont d'accord.
N'attends pas que cette ardeur se soit éteinte d'elle-même pour désirer pousser la porte du séminaire, ou au moins d'un prêtre pour t'aider à discerner. Un postulant au séminaire n'attend pas d'être devenu blanc comme neige avant de demander à entrer ! Le séminaire est justement un lieu pour continuer de discerner
Parfois, en ne regardant qu'un point qui nous déplaît en nous-mêmes, cela nous évite de regarder d'autres lieux intérieurs qui ne sont pas plus beaux.
Excellents arguments. J'espère que notre ami va revenir les lire!

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Re: Penchants déviants et vocation

Message non lu par coeurderoy » dim. 14 févr. 2016, 0:02

Oui, c'est le genre de chose que j'eusse aimé entendre plus jeune : l'Ennemi tente de décourager tous ceux qui, fervents et aimants, ont la volonté de servir le Christ et l'Eglise. Je cotoie chaque semaine beaucoup de prêtres, religieux, séminaristes, et aussi (de temps en temps) des évêques, religieux, moines et moniales, et je puis vous dire que les plus joyeux, les plus féconds, sont ceux qui (par grâce et humilité) ont réussi à se décentrer de leur petit "moi" (avec ses limites, péchés, obscurités - finalement fort...banales) - bref, réussi à s'oublier, en se tournant avec grande confiance vers le Rédempteur en mettant au service de l'Eglise leurs petits talents... Dommage que l'Eglise ait trop souvent (par méconnaissance et peur du sujet, paresse et conformisme aussi) repoussé des vocations pour des raisons "culturelles"...En tout cas, prenez le temps de discerner, consulter, prier pour demander au Seigneur de vous envoyer là où vous serez le plus utile à sa Vigne... ;)
"Le coeur qui rayonne vaut mieux que l'esprit qui brille"

Saint Bernard de Clairvaux

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