mellissa a écrit : Y a-t-il un problème dans le discernement et de recrutement chez les Sœurs de Bethléem ? Par exemple sachant que toute les filles qui rentrent passent par le mois évangélique qui est une retraite d'un mois mais, d'après ce qu'on m'a dit, il y a très peu de silence et de solitude et beaucoup de fêtes avec des soirées et des grands buffets où l'on chante et on danse.
Le discernement ne doit-il pas se faire dans la solitude brute de la clôture d'un monastère ? Je pense que dès le début tout est biaisé.
Bonjour Mélissa,
Je voudrais revenir sur certains de vos posts laissés en ce qui concerne le mois évangélique, dont celui-ci. Mais d'abord :
- Depuis quelques années déjà, il n'y a plus de frères et sœurs réunis aux Monts Voirons pendant ce mois de retraite et de recrutement.
- De plus, cette même retraite ne se fait plus aux Monts Voirons, mais à Piquetière.
La raison en est que l'actuelle prieure générale est très malade et n'a plus la santé pour être en altitude, même si ça ne l'empêche pas de prendre l'avion.
Aussi, d'énormes travaux ont été réalisé à Piquetière en quelques mois, afin d'y aménager une grande capacité d'accueil des "voyageuses" (les jeunes qui viennent pour le mois évangélique).
Ce qu'on vous a dit concernant les soirées du mois évangéliques est assez exact, même si cela ne se transforme quand même pas en "soirée disco"
C'était déjà actuel du temps de sœur Maris, et il est donc vrai qu'il y a des soirées où tout le monde est réuni autour d'un grand repas festif.
Depuis que Bethléem est devenu plus "oriental" du fait de la présence de la prieure générale en Israël et non à Currière, le repas a pris une nouvelle dimension : il est, en effet, considéré en Orient comme une marque d'hospitalité, un moment de partage des plus importants.
Aussi, pendant le mois évangélique, il y a un premier repas "sous la tente d'Abraham" (un décor de tente est préparé par les sœurs servantes dites "martyrs", pour que tout soit au mieux, sans compter la logistique d'un repas pour 200 à 250 personnes, aidé d'un laïc palestinien qui préparera le couscous)
Il y a aussi le repas du moment-clé pour l'engagement des voyageuses à rentrer à Bethléem, et piqûre de rappel des sœurs : le "Pacte à la Vierge". Tout le monde se retrouve de nouveau pour un repas, en écoutant la suite et fin de la catéchèse de la prieure générale sur le sens de ce Pacte à la Vierge tel que vécu pour Bethléem.
Il y a enfin un dernier repas, à la fin du mois évangélique, où par les diapos, on montre aux filles toute l'histoire hagiographique de Bethléem et son développement à travers tous les monastères dans le monde : de quoi édifier et faire rêver.
Certaines sœurs anciennes viennent aussi témoigner de ce qu'était leur vie aux débuts de Bethléem (du temps de Méry). C'est très touchant de les entendre, d'autant plus que, quand on est passé de "l'autre côté", on se rend compte que le Bethléem d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec les débuts.
A la fin de ce repas, chacune est invitée à venir prendre le micro pour témoigner de ce qu'elle a reçu pendant le mois évangélique. Puis, par pays, les filles et sœurs sont invitées à chanter, voire danser : les sœurs africaines savent mettre "le feu"!
Cela peut durer jusque tard le soir. Mais tout le monde y va de bon cœur, car le mois a été dense en écoute d'enseignements dans les cellules, par "radio paradis".
Ici, je pense qu'il faut comprendre un point important : cela est un peu comme au début des rencontres fraternelles qui se vivent le dimanche : on les démarre toujours en chantant des chants polyphoniques (de l'Emmanuel, des Béatitudes, etc).
Mais aussi, les prieures locales et la prieure générale sont très à l'écoute des filles présentes pendant le mois évangélique. Elles sont vues comme "des petits prophètes" qui pourront exprimer ce qui plait à la jeune génération : où est leur demande; ceci afin de pouvoir mieux y répondre en s'y adaptant.
Or, il ne faut pas oublier que parmi les jeunes qui sont invitées par les prieures locales à vivre le mois évangélique, il y en a qui ne sont pas catholiques mais dont le profil plait car on pourra tout leur enseigner, les baptiser et les faire rentrer; d'autres qui cherchent Dieu par curiosité, mais sans réel appel; d'autres encore qui se posent la question d'une vocation mais ne savent pas sous quelle modalité, ni où (un peu comme Hostie qui a démarré ce fil de discussion?); d'autres qui viennent un peu en "touriste"; d'autres qui sont mineures; d'autres qui reviennent une nouvelle fois; d'autres qui sont très motivées à ne rentrer qu'à Bethléem; etc...
Dès le début, toutes ces personnes sont les bienvenues; l'essentiel pendant le mois évangélique, est de leur montrer Bethléem en suscitant le goût de cette vie et en s'assurant que ça leur plait et qu'elles sont bien.
Même si on a prié, adoré le Seigneur, reçu beaucoup d'enseignements parfois très longs et pas toujours faciles à comprendre (sœur Marie aimait beaucoup inventer de nouveaux mots et sœur Isabelle, en vraie disciple, l'a suivie sur ce chemin), à la fin d'un mois évangélique, on se dit que la vie des sœurs n'est peut-être pas si austère qu'elle y parait; elle est même plutôt cool et sympa!
Cette raison peut suffire à une fille ou en motiver une autre pour poursuivre cette aventure et finir par rentrer à Bethléem.
Mais est-ce là un discernement "ad hoc"? Rien n'est moins sûr et comme vous le dites : "dès le début tout est biaisé".
En effet, la perspective est inversée : on peut rentrer pour Dieu, mais aussi parce que la Communauté est apparemment adaptable à chacun : "il n'y a pas de case à Bethléem", comme on aime à le dire à l'intérieur.
Donc, beaucoup de "liberté", de "souplesse" mais aussi un charisme dilué, flou, qui n'a plus rien de propre et ne permet pas d'assurer ce discernement où chacun (de part et d'autre) est respecté en vérité dans ce qu'il est.
Voilà pour la phase du mois évangélique.
Quant à la confession, votre amie a eu beaucoup de lucidité et c'est sans doute ce qui l'a sauvée : merci Seigneur!
Car il faudra un paquet de courage à une sœur pour oser enfreindre ce qui est demandé comme obéissance parfois "sanglante" pour ne pas s'ouvrir à quelqu'un d'extérieur.
De fait, il est normal que certains prêtres venant de l'extérieur ne voient rien d'anormal : ils ne vivent pas à l'intérieur et ne savent pas qu'une fois le sacrement donné quand ils repartent là où le devoir les attend, les sœurs peuvent être reprises si la confession a trop duré.
Il y en a cependant, qui se doutent que quelque chose cloche et ils en parleront à la prieure locale (voire à la prieure générale)... qui pourront les rassurer en leur assurant que chacune est tout à fait libre, ou bien qu'elles sont à l'écoute et vont y remédier.
Mais force est de constater que rien n'a changé en toutes ces années.