Re: La prière des pères
Publié : sam. 30 nov. 2019, 13:43
Aujourd'hui, petit détour à la rencontre de la spiritualité de Marcel Van, émule de Sainte Thérèse de Lisieux, qui lui aussi a emprunté la petite voie de l'enfance spirituelle, qu'il a su pousser à des niveaux époustouflants.
Marcel Van est un rédemptoriste Vietnamien, dit "apôtre de l'Amour"; il est mort en 1959 à l'âge de 31 ans en camp d'extermination communiste Viet-Minh, en étant prisonnier volontaire.
Alors jeune séminariste, en 1947, Marcel Van est déjà un mystique depuis plusieurs années, Jésus et plusieurs saints sont ses compagnons au quotidiens. Il écrit alors au Pape Pie XII pour lui proposer de devenir son petit secrétaire spirituel, en clair de prier pour lui, ici sur la terre et bientôt au Ciel, ayant l'intuition que son séjour sur terre sera court et se terminera par un don total de sa vie à Dieu.
Ce qu'il dit est touchant d'affection enfantine :
"Permettez que je vous aime, cher Saint-Père, permettez que je vous donne un baiser avec les jolies lèvres du petit Jésus. Ah! Très Saint Père, j'ai une excellente manière de donner des baisers, et je m'en sers souvent. Laissez-moi vous l'exposer. Chaque fois que je donne un baiser à quelqu'un, je le fais avec les jolies lèvres du petit Jésus. Je fais comme suit. J'applique mes lèvres sur les lèvres du petit Jésus, et je lui dis de poser lui-même ses lèvres sur les lèvres de celui à qui je veux donner un baiser; je fais cela même avec vous, Très Saint Père. Je trouve cette méthode excellente et infaillible; quand j'ai donné mon baiser à Jésus, Jésus le donne de nouveau pour moi. Très Saint Père, permettez que je vous donne encore un baiser avec les jolies lèvres du petit Jésus. "
(Oeuvres complètes tome 3 : Correspondances , pages 65 et 66, Amis de Van Editions, avec imprimatur).
Ne nous y trompons pas sur la puissance de la sainteté; le même Marcel Van, en 1955 et au-delà, sera capable de rester imprégné d'Amour et de ne pas renier sa foi malgré quatre ans d'emprisonnement, de tortures quotidiennes et de lavage de cerveau, subissant des mois d'isolement sans voir la lumière du jour, traversant la jungle pour rejoindre d'autres camps les yeux bandés, subissant mille et une privation. Il se décrit comme un cadavre qui respire, et raconte que dans le camp où il se trouve, les chrétiens jeûnent durement les mercredis et les vendredis, ajoutant des privations volontaires à la famine imposée, et que personne ne renie sa foi. Il fait passer en cachette des chapelets et des hosties aux chrétiens du camp.
C'est dire si une vie aux cotés de Dieu, dans la fidélité et l'obéissance, peut changer la face d'une personne, car Marcel, enfant, était turbulent, violent et difficile.
La vie de Marcel Van me permet une digression. Eh oui, c’est parti pour que je vous saoûle encore une fois tellement je ne sais pas faire court, mais c’est gratuit, c’est déjà ça, nan ?
Les neurosciences aujourd’hui, Stanislas Dehaene en tête pour notre pays, insistent sur la plasticité cérébrale de l’enfant jusqu’à deux ans, plasticité qui à partir de cet âge se « spécialise », c'est-à-dire qui ne conserve que les circuits neuronaux les plus fréquents, et laissent les autres péricliter, sans que la morale ou le souhait des parents n’y puissent quelque chose. En clair, si les circuits neuronaux du stress sont constamment activés, on obtiendra un enfant puis un adulte prisonnier d’une forme de stress, qui aura un mal fou à réguler ses angoisses d’adulte ; et si les mots injurieux ou vulgaires sont fréquents dans le cercle familial de l’enfant, le cerveau de l’enfant imprimera pour la vie une tendance au mot grossier et à la gestuelle qui va avec. Si au contraire, dès que l’enfant se met à parler, on abandonne le « parler-bébé », -important et nécessaire jusqu’à 12-18 mois mais néfaste au-delà- pour adopter un langage riche, rigoureux, argumenté, logique, et surtout intelligent de tact et de modération, on aide l’enfant à développer dans son cerveau des circuits de logique, de modération, de rigueur, de vocabulaire riche, de connexions complexes et de grande qualité. Il en va de même pour tout comportement, la gentillesse, la fermeté au bon moment, l’amour, le tout petit effort comme la modération dans la nourriture sucrée, ou la régularité du coucher, etc.
Cette « spécialisation neuronale », -ce tri uniquement lié à la fréquence qui aboutit à un cerveau adulte affûté sur les stimulations imperceptibles mais pluriquotidiennes-, se poursuit un peu jusqu’à l’entrée dans l’âge adulte, et même au-delà, mais pas du tout dans les mêmes proportions que pour un très jeune enfant. A tel point que des expériences significatives, ont été menées sur des orphelins de Bucarest ; les pauvres bébés furent découverts dans un orphelinat où ils étaient laissés seuls dans des lits à barreaux toute la journée, des fois sans voir le jour. Bien sûr, dès leur découverte, ils furent placés dans des familles chaleureuses et suivis toute leur jeunesse par des médecins de l’enfance. Les conclusions furent d’une convergence implacable : les enfants de moins de deux ans, à partir de huit ans, n’avaient plus trace de leurs mauvais traitements dans leurs tests et leur comportement ; ils vécurent une vie normale et harmonieuse. Les enfants de deux ans et plus furent marqués à vie et sans s’étaler, on imagine le drame de la personne qui a été ainsi rendue débile et stressée pour la vie. Ces conclusions rejoignent complètement les travaux de Maurice Berger, le psychiatre des enfants assassins, qui plaidait pour que les enfants martyres soient retirés le plus rapidement possible à leurs parents, à l’instar de ce qui se fait outre-atlantique, mais qui est inapplicable en France au regard de la sacro-sainte liberté des adultes, quitte à laisser un bébé se faire torturer quotidiennement. Il insistait pour qu’on retire absolument les enfants avant deux ans aux parents toxicomanes ou maltraitants, pointant lui aussi un « tournant » dans la construction de l’enfant à deux ans. Ces conclusions rejoignent aussi les observations des services de l’enfance qui récupèrent des bébés comparables à celui de la petite fille retrouvée dans le coffre de la voiture maternelle.
La meilleure attitude possible face au bébé et au très jeune enfant, c’est d’avoir la posture la plus tendre, la plus réconfortante et la plus rigoureuse qui soit en matière de logique, de tempérance et de justice, et bien sûr, de ne jamais frapper un bébé, ni crier fort, etc. De lui parler avec un vocabulaire riche et précis, un ton tendre et lui montrer des tas de choses toutes simples, les fleurs, les bébêtes, les petits cailloux de toutes les couleurs, les petits bâtons avec lesquels on fait des petits bateaux, les châteaux de sable ratés mais où l’eau coule autour, etc.
Sans sur-stimulation, sans autre intérêt que de le voir sourire et s’émerveiller. Et sans autre explication que de faire devant lui : aimez, et l’enfant saura aimer. Maugréez, et l’enfant saura maugréer.
Parce que les neurones n’ont pas besoin d’explications ni de morale : ils sont câblés pour reproduire une conduite, une suite d’attitudes même aléatoires, seulement parce qu’elles seront réitérées. On n’apprend pas en écoutant une leçon, on apprend en engrammant neuronalement une conduite. L’exemple le plus criant est l’apprentissage d’une langue ; entre une immersion d’un an à Londres et un an de cours d’anglais aussi méthodiques et parfaits soient-ils, l’étudiant qui aura vécu à Londres parlera et pensera en anglais mieux que son collègue resté en France.
Marcel Van était comme un tout petit enfant dans les bras de Jésus, encore plus « petit » que Sainte Thérèse de Lisieux, mais de ce « tout-petit » Dieu a fait un bijou unique au 20 ème siècle : un martyr qui a accepté de suivre son « petit Jésus » dans un camp communiste vietnamien, et là, subir et subir encore la torture journalière et le lavage de cerveau pour continuer à servir Dieu, qui répondait à ses prières en lui donnant le choix « si tu le veux, j’exauce ta prière (de mourir) mais J’ai besoin de toi ici pour atteindre des âmes que sinon Je ne pourrai pas atteindre » et Marcel, qui se décrivait comme un cadavre qui respire, disait alors à nouveau son « fiat » à la Volonté Divine.
Certes, nos enfants ne seront pas des Marcel Van, -car il procède d’une élection divine et d’une vie mystique-, mais au vu des enjeux émotionnels et intellectuels qui se nouent avant deux ans, Dieu ne pourrait-il pas avoir une place dans la vie de nos bébés même à cet âge, quand on voit ce que l’idée de Dieu, cultivée dans un esprit aussi simple et enfantin, a fait de Marcel ?
Simplement en voyant ses parents se dépasser tranquillement, dans une grande tempérance, pour lui ? Ne pas garder rancune envers son conjoint, ne pas maugréer, et en plus faire engrammer à l’enfant la gestuelle qui va avec -à nos corps défendants-, mais que lui engramme rien que de nous voir faire, tout un tas de choses comme cela. Prier devant lui et avec lui, pour qu’il engramme la paix qui se dégage d’une telle médiation, cuisiner avec plaisir pour qu’il engramme un sentiment de paix, de plaisir de la chose bien faite et celui de partager un repas, de louer Dieu devant lui, pour qu’il ressente notre émerveillement quand un paysage somptueux se découvre à nous au détour d’un lac, et ce même si nous avons la louange silencieuse, mais juste qu’il voit notre visage changer d’expression… Caler son quotidien sur une grande régularité, visiter la famille, avoir des contacts apaisés avec son entourage, aimer et protéger les animaux, planter des fleurs et des tomates sur le balcon et bien les soigner, donner son surplus de vêtements, parler à Dieu toute la journée, même silencieusement. Quoi qu’on fasse, le faire pleinement, en étant là et maintenant, tout entier à sa tâche et sans jugement ni compétition. Car si les neurosciences n’étudient que les apprentissages, toutes les mamans vieilles vous diront que l’empathie aussi, ça s’apprend et se cultive, la compassion, l’altruisme, l’ouverture à l’autre, le partage, le don de soi, vivre en étant imprégné des valeurs évangéliques avant même d’en connaître ou comprendre le message, tout cela ça s’engramme aussi, ça s’apprend aussi, simplement par l’exemple de vivre ainsi devant l’enfant, et en verbalisant un peu, en expliquant mais pas trop. Pour l’adulte, il ne s’agit rien de moins que de mettre Dieu au centre de sa vie quotidienne, dans chaque petit acte du quotidien, en faisant un effort pour être un peu plus calme, moins orgueilleux, moins gourmand, moins égoïste, moins surbooké, etc, et ce, avant même d’être parent, dès que l’envie d’être parent nous titille, pour que cette vie où chaque acte devient louange d’abord, obéissance et amour de Dieu ensuite, nous imprègne et resplendisse dès que bébé vient au monde, et le marque positivement avant même qu’il sache marcher et parler.
Je connais un jeune couple qui a décidé de prendre un congé parental pour aller faire un petit tour en France en camping-car pendant quelques mois, n’est-ce pas là un belle aventure malgré le manque à gagner et l’austérité financière qui finira par pointer le bout de son nez ? Même un demi-mois, ne peut-on pas s’organiser pour partir ensemble quelque part, faire vivre des moments précieux et très unificateurs à sa jeune famille, en vivant ensemble et partageant les activités du quotidien ?
Je connais aussi une enseignante qui apprend à ses élèves à balayer, nettoyer, faire des gâteaux, ranger, ordonner, comprendre pourquoi on range comme ça et pas autrement, trier, plier du linge, empiler, faire un lit, mettre et ranger une table, cuisiner des légumes et des fruits, tourner une vis, bien tenir un crayon, colorier sans dépasser, aller jusqu’au bout de ses questions, aimer le travail bien fait et le terminer, laver les mains, s’habiller, se peigner, se laver la figure, les dents, tout cela une chose après l’autre, calmement, lentement, dans le silence et l’amour du travail achevé et bien fait… Faire comme si c’était Marie qui faisait, faire comme si c’était Jésus qui faisait… rien que cela peut témoigner de Dieu dans la vie du tout-petit.
De 0 à 10 ans, c’est plus que jamais le moment de lire chaque soir une histoire à son enfant, en la surjouant, en rigolant, en expliquant, en laissant le ressenti et la compréhension de l’enfant s’exprimer, même si l’enfant sait déjà lire, car il a encore besoin de nous près de lui, de nous qui lisons et qui le berçons de nos intonations, de lui qui se repose de sa journée d’école au creux de nos bras. Quand ma fille a grandi, entre 6 et 13 ans, je lui lisais par moments des chapitres d’une bible pour enfant, et elle ensuite, me bombardait de questions, avide de comprendre quel un message divin transpirait à travers une ânesse ou une main qui écrivait sur un mur…
Aller à la messe en famille, et chanter, prier, pleurer s’il le faut, laisser son cœur être touché par la grâce et la beauté d’un moment d’union au Cœur du Christ. Placer une Croix dans le salon et parler à cette Croix, la regarder, lui confier tous nos doutes, nos peurs, nos espoirs, nos prières, tout au long de la journée… Faire le signe de croix avec de l’eau bénite et s’agenouiller en entrant dans une église, ou pendant la messe… Aller en pèlerinage et suivre une foule en prière avec bébé dans le porte-bébé, faire une retraite des familles d’un jour, dire le bénédicité, avoir une attitude charitable avec tous, etc…
Bref, vivre de Dieu, sans grandiloquence, dans une grande simplicité, pour qu’un jour, il soit naturel à nos enfants de vivre de Dieu à leur tour… Dès avant leur naissance !
Marcel Van est un rédemptoriste Vietnamien, dit "apôtre de l'Amour"; il est mort en 1959 à l'âge de 31 ans en camp d'extermination communiste Viet-Minh, en étant prisonnier volontaire.
Alors jeune séminariste, en 1947, Marcel Van est déjà un mystique depuis plusieurs années, Jésus et plusieurs saints sont ses compagnons au quotidiens. Il écrit alors au Pape Pie XII pour lui proposer de devenir son petit secrétaire spirituel, en clair de prier pour lui, ici sur la terre et bientôt au Ciel, ayant l'intuition que son séjour sur terre sera court et se terminera par un don total de sa vie à Dieu.
Ce qu'il dit est touchant d'affection enfantine :
"Permettez que je vous aime, cher Saint-Père, permettez que je vous donne un baiser avec les jolies lèvres du petit Jésus. Ah! Très Saint Père, j'ai une excellente manière de donner des baisers, et je m'en sers souvent. Laissez-moi vous l'exposer. Chaque fois que je donne un baiser à quelqu'un, je le fais avec les jolies lèvres du petit Jésus. Je fais comme suit. J'applique mes lèvres sur les lèvres du petit Jésus, et je lui dis de poser lui-même ses lèvres sur les lèvres de celui à qui je veux donner un baiser; je fais cela même avec vous, Très Saint Père. Je trouve cette méthode excellente et infaillible; quand j'ai donné mon baiser à Jésus, Jésus le donne de nouveau pour moi. Très Saint Père, permettez que je vous donne encore un baiser avec les jolies lèvres du petit Jésus. "
(Oeuvres complètes tome 3 : Correspondances , pages 65 et 66, Amis de Van Editions, avec imprimatur).
Ne nous y trompons pas sur la puissance de la sainteté; le même Marcel Van, en 1955 et au-delà, sera capable de rester imprégné d'Amour et de ne pas renier sa foi malgré quatre ans d'emprisonnement, de tortures quotidiennes et de lavage de cerveau, subissant des mois d'isolement sans voir la lumière du jour, traversant la jungle pour rejoindre d'autres camps les yeux bandés, subissant mille et une privation. Il se décrit comme un cadavre qui respire, et raconte que dans le camp où il se trouve, les chrétiens jeûnent durement les mercredis et les vendredis, ajoutant des privations volontaires à la famine imposée, et que personne ne renie sa foi. Il fait passer en cachette des chapelets et des hosties aux chrétiens du camp.
C'est dire si une vie aux cotés de Dieu, dans la fidélité et l'obéissance, peut changer la face d'une personne, car Marcel, enfant, était turbulent, violent et difficile.
La vie de Marcel Van me permet une digression. Eh oui, c’est parti pour que je vous saoûle encore une fois tellement je ne sais pas faire court, mais c’est gratuit, c’est déjà ça, nan ?
Les neurosciences aujourd’hui, Stanislas Dehaene en tête pour notre pays, insistent sur la plasticité cérébrale de l’enfant jusqu’à deux ans, plasticité qui à partir de cet âge se « spécialise », c'est-à-dire qui ne conserve que les circuits neuronaux les plus fréquents, et laissent les autres péricliter, sans que la morale ou le souhait des parents n’y puissent quelque chose. En clair, si les circuits neuronaux du stress sont constamment activés, on obtiendra un enfant puis un adulte prisonnier d’une forme de stress, qui aura un mal fou à réguler ses angoisses d’adulte ; et si les mots injurieux ou vulgaires sont fréquents dans le cercle familial de l’enfant, le cerveau de l’enfant imprimera pour la vie une tendance au mot grossier et à la gestuelle qui va avec. Si au contraire, dès que l’enfant se met à parler, on abandonne le « parler-bébé », -important et nécessaire jusqu’à 12-18 mois mais néfaste au-delà- pour adopter un langage riche, rigoureux, argumenté, logique, et surtout intelligent de tact et de modération, on aide l’enfant à développer dans son cerveau des circuits de logique, de modération, de rigueur, de vocabulaire riche, de connexions complexes et de grande qualité. Il en va de même pour tout comportement, la gentillesse, la fermeté au bon moment, l’amour, le tout petit effort comme la modération dans la nourriture sucrée, ou la régularité du coucher, etc.
Cette « spécialisation neuronale », -ce tri uniquement lié à la fréquence qui aboutit à un cerveau adulte affûté sur les stimulations imperceptibles mais pluriquotidiennes-, se poursuit un peu jusqu’à l’entrée dans l’âge adulte, et même au-delà, mais pas du tout dans les mêmes proportions que pour un très jeune enfant. A tel point que des expériences significatives, ont été menées sur des orphelins de Bucarest ; les pauvres bébés furent découverts dans un orphelinat où ils étaient laissés seuls dans des lits à barreaux toute la journée, des fois sans voir le jour. Bien sûr, dès leur découverte, ils furent placés dans des familles chaleureuses et suivis toute leur jeunesse par des médecins de l’enfance. Les conclusions furent d’une convergence implacable : les enfants de moins de deux ans, à partir de huit ans, n’avaient plus trace de leurs mauvais traitements dans leurs tests et leur comportement ; ils vécurent une vie normale et harmonieuse. Les enfants de deux ans et plus furent marqués à vie et sans s’étaler, on imagine le drame de la personne qui a été ainsi rendue débile et stressée pour la vie. Ces conclusions rejoignent complètement les travaux de Maurice Berger, le psychiatre des enfants assassins, qui plaidait pour que les enfants martyres soient retirés le plus rapidement possible à leurs parents, à l’instar de ce qui se fait outre-atlantique, mais qui est inapplicable en France au regard de la sacro-sainte liberté des adultes, quitte à laisser un bébé se faire torturer quotidiennement. Il insistait pour qu’on retire absolument les enfants avant deux ans aux parents toxicomanes ou maltraitants, pointant lui aussi un « tournant » dans la construction de l’enfant à deux ans. Ces conclusions rejoignent aussi les observations des services de l’enfance qui récupèrent des bébés comparables à celui de la petite fille retrouvée dans le coffre de la voiture maternelle.
La meilleure attitude possible face au bébé et au très jeune enfant, c’est d’avoir la posture la plus tendre, la plus réconfortante et la plus rigoureuse qui soit en matière de logique, de tempérance et de justice, et bien sûr, de ne jamais frapper un bébé, ni crier fort, etc. De lui parler avec un vocabulaire riche et précis, un ton tendre et lui montrer des tas de choses toutes simples, les fleurs, les bébêtes, les petits cailloux de toutes les couleurs, les petits bâtons avec lesquels on fait des petits bateaux, les châteaux de sable ratés mais où l’eau coule autour, etc.
Sans sur-stimulation, sans autre intérêt que de le voir sourire et s’émerveiller. Et sans autre explication que de faire devant lui : aimez, et l’enfant saura aimer. Maugréez, et l’enfant saura maugréer.
Parce que les neurones n’ont pas besoin d’explications ni de morale : ils sont câblés pour reproduire une conduite, une suite d’attitudes même aléatoires, seulement parce qu’elles seront réitérées. On n’apprend pas en écoutant une leçon, on apprend en engrammant neuronalement une conduite. L’exemple le plus criant est l’apprentissage d’une langue ; entre une immersion d’un an à Londres et un an de cours d’anglais aussi méthodiques et parfaits soient-ils, l’étudiant qui aura vécu à Londres parlera et pensera en anglais mieux que son collègue resté en France.
Marcel Van était comme un tout petit enfant dans les bras de Jésus, encore plus « petit » que Sainte Thérèse de Lisieux, mais de ce « tout-petit » Dieu a fait un bijou unique au 20 ème siècle : un martyr qui a accepté de suivre son « petit Jésus » dans un camp communiste vietnamien, et là, subir et subir encore la torture journalière et le lavage de cerveau pour continuer à servir Dieu, qui répondait à ses prières en lui donnant le choix « si tu le veux, j’exauce ta prière (de mourir) mais J’ai besoin de toi ici pour atteindre des âmes que sinon Je ne pourrai pas atteindre » et Marcel, qui se décrivait comme un cadavre qui respire, disait alors à nouveau son « fiat » à la Volonté Divine.
Certes, nos enfants ne seront pas des Marcel Van, -car il procède d’une élection divine et d’une vie mystique-, mais au vu des enjeux émotionnels et intellectuels qui se nouent avant deux ans, Dieu ne pourrait-il pas avoir une place dans la vie de nos bébés même à cet âge, quand on voit ce que l’idée de Dieu, cultivée dans un esprit aussi simple et enfantin, a fait de Marcel ?
Simplement en voyant ses parents se dépasser tranquillement, dans une grande tempérance, pour lui ? Ne pas garder rancune envers son conjoint, ne pas maugréer, et en plus faire engrammer à l’enfant la gestuelle qui va avec -à nos corps défendants-, mais que lui engramme rien que de nous voir faire, tout un tas de choses comme cela. Prier devant lui et avec lui, pour qu’il engramme la paix qui se dégage d’une telle médiation, cuisiner avec plaisir pour qu’il engramme un sentiment de paix, de plaisir de la chose bien faite et celui de partager un repas, de louer Dieu devant lui, pour qu’il ressente notre émerveillement quand un paysage somptueux se découvre à nous au détour d’un lac, et ce même si nous avons la louange silencieuse, mais juste qu’il voit notre visage changer d’expression… Caler son quotidien sur une grande régularité, visiter la famille, avoir des contacts apaisés avec son entourage, aimer et protéger les animaux, planter des fleurs et des tomates sur le balcon et bien les soigner, donner son surplus de vêtements, parler à Dieu toute la journée, même silencieusement. Quoi qu’on fasse, le faire pleinement, en étant là et maintenant, tout entier à sa tâche et sans jugement ni compétition. Car si les neurosciences n’étudient que les apprentissages, toutes les mamans vieilles vous diront que l’empathie aussi, ça s’apprend et se cultive, la compassion, l’altruisme, l’ouverture à l’autre, le partage, le don de soi, vivre en étant imprégné des valeurs évangéliques avant même d’en connaître ou comprendre le message, tout cela ça s’engramme aussi, ça s’apprend aussi, simplement par l’exemple de vivre ainsi devant l’enfant, et en verbalisant un peu, en expliquant mais pas trop. Pour l’adulte, il ne s’agit rien de moins que de mettre Dieu au centre de sa vie quotidienne, dans chaque petit acte du quotidien, en faisant un effort pour être un peu plus calme, moins orgueilleux, moins gourmand, moins égoïste, moins surbooké, etc, et ce, avant même d’être parent, dès que l’envie d’être parent nous titille, pour que cette vie où chaque acte devient louange d’abord, obéissance et amour de Dieu ensuite, nous imprègne et resplendisse dès que bébé vient au monde, et le marque positivement avant même qu’il sache marcher et parler.
Je connais un jeune couple qui a décidé de prendre un congé parental pour aller faire un petit tour en France en camping-car pendant quelques mois, n’est-ce pas là un belle aventure malgré le manque à gagner et l’austérité financière qui finira par pointer le bout de son nez ? Même un demi-mois, ne peut-on pas s’organiser pour partir ensemble quelque part, faire vivre des moments précieux et très unificateurs à sa jeune famille, en vivant ensemble et partageant les activités du quotidien ?
Je connais aussi une enseignante qui apprend à ses élèves à balayer, nettoyer, faire des gâteaux, ranger, ordonner, comprendre pourquoi on range comme ça et pas autrement, trier, plier du linge, empiler, faire un lit, mettre et ranger une table, cuisiner des légumes et des fruits, tourner une vis, bien tenir un crayon, colorier sans dépasser, aller jusqu’au bout de ses questions, aimer le travail bien fait et le terminer, laver les mains, s’habiller, se peigner, se laver la figure, les dents, tout cela une chose après l’autre, calmement, lentement, dans le silence et l’amour du travail achevé et bien fait… Faire comme si c’était Marie qui faisait, faire comme si c’était Jésus qui faisait… rien que cela peut témoigner de Dieu dans la vie du tout-petit.
De 0 à 10 ans, c’est plus que jamais le moment de lire chaque soir une histoire à son enfant, en la surjouant, en rigolant, en expliquant, en laissant le ressenti et la compréhension de l’enfant s’exprimer, même si l’enfant sait déjà lire, car il a encore besoin de nous près de lui, de nous qui lisons et qui le berçons de nos intonations, de lui qui se repose de sa journée d’école au creux de nos bras. Quand ma fille a grandi, entre 6 et 13 ans, je lui lisais par moments des chapitres d’une bible pour enfant, et elle ensuite, me bombardait de questions, avide de comprendre quel un message divin transpirait à travers une ânesse ou une main qui écrivait sur un mur…
Aller à la messe en famille, et chanter, prier, pleurer s’il le faut, laisser son cœur être touché par la grâce et la beauté d’un moment d’union au Cœur du Christ. Placer une Croix dans le salon et parler à cette Croix, la regarder, lui confier tous nos doutes, nos peurs, nos espoirs, nos prières, tout au long de la journée… Faire le signe de croix avec de l’eau bénite et s’agenouiller en entrant dans une église, ou pendant la messe… Aller en pèlerinage et suivre une foule en prière avec bébé dans le porte-bébé, faire une retraite des familles d’un jour, dire le bénédicité, avoir une attitude charitable avec tous, etc…
Bref, vivre de Dieu, sans grandiloquence, dans une grande simplicité, pour qu’un jour, il soit naturel à nos enfants de vivre de Dieu à leur tour… Dès avant leur naissance !