Le mal radical

« J'enlèverai votre cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. » (Ez 36.26)
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Cinci
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Message non lu par Cinci » lun. 26 févr. 2018, 22:43

Le mal radical


Matthieu 25, 31-46

Nous avons tous entendu des milliers de sermons dans les églises catholique, orthodoxe et protestante. Nous avons tous entendu les prêtres, les ministres et les évêques nous prêcher, à nous, au sujet de la vie future et au sujet de la vie actuelle. Pour mettre cela en pratique, voici ce que Jésus dit à ce propos : "J'avais faim et vous m'avez donné à manger. J'avais soif et vous m'avez donné à boire. J'étais sans abri et vous m'avez recueilli. J'étais prisonnier et vous m'avez visité." Ce sera le critère, à la fin des temps, pour juger d'une existence bien remplie ou non.

Il semble que, dans l'histoire de l'Église, toutes sortes de choses ont été faites pour utiliser, dans son entier, le système sacramentel de l'Église, dans un sens d'activité légitime qui n'avait aucun rapport avec cette activité dont Jésus parlait ou qui était complètement contraire à cela. Jésus est très très clair. Sans se soucier de qui dit quoi, le critère sur lequel nous serons jugés à la fin des temps et celui sur lequel nous devrions fixer notre vie seconde après seconde et jour après jour, c'est la miséricorde.

Il y a plusieurs années, je voyageais dans l'État de New-York et j'entendis un commentaire à la radio. Je l'ai copié; l'animateur commença son programme par ces phrases :
"Il y a un manque de chair à canon aux États-Unis. Les mères américaines, parce qu'elles ont le contrôle des naissances, ne produisent plus assez de bébés pour résister aux foules asiatiques. Alors, nous avons besoin d'un arsenal nucléaire. Il n'y a que deux façons de combattre les guerres : ou bien avec des personnes, ou bien avec la technologie. Si vous n'avez pas les personnes, vous devez avoir la technologie."
A la fin, parlant en faveur de notre façon de vivre, comme américains, à travers la technologie nucléaire de destruction, il termina son programme par un exposé qui demandait aux auditeurs d'écrire à leur représentant au Congrès et d'insister pour qu'il y ait un amendement à la Constitution, qui permette la prière dans les écoles publiques.

A l'Intérieur de ce petit scénario, nous avons un problème.

Vous voyez, comme être humain, comme portion de la race humaine, il y a une grande question à laquelle nous devons faire face individuellement et en tant qu'humanité, en général. Cette question a été implantée dans notre esprit, à notre naissance et ce, de façon indélébile. Et autour de cette question de base, tourne et évolue toute l'histoire de la religion. La question est : Quelle sorte de dieu est Dieu si Dieu existe ? Et qu'est-ce qu'il attend de moi s'il attend quelque chose ?

Littéralement, cette question est celle qui accompagne l'être humain. C'est la question religieuse centrale. Chaque religion dans le monde, à travers tous les temps, a lutté pour répondre à la question : Quelle sorte de dieu est Dieu si Dieu existe ? Il existe beaucoup beaucoup de réponses à cette question. Dieu peut être un être qui met simplement le monde en marche et ensuite le laisse continuer son chemin, une sorte de Deus ex machina. Dieu peut être une entité complètement indifférente au monde. Dieu peut être le mal. Dieu peut être une réalité qui aime tel groupe de gens et qui déteste tel autre groupe.

Et qu'est-ce que Dieu attend ? Les réponses sont également nombreuses. Dieu peut attendre des orgies; Dieu peut attendre des cultes; Dieu peut attendre le sacrifice des peuples dans le sens de mettre quelqu'un sur l'autel et le brûler. Dieu peut attendre ... vous nommez ce qu'il peut attendre d'autre. Mais, voilà la question : ces gens, pour quelle raison travaillent-ils ? Quelle sorte de dieu est Dieu si Dieu existe ?

Alors, Jésus Christ, pour répondre aux êtres humains en tant qu'êtres crées et existant actuellement dans le temps et l'espace, a aussi une réponse à cette question. Ne pas répondre à cette question signifierait ne pas agir dans le monde de la religion. Jésus répond à la question. Il répond avec les termes les plus sérieux que vous pouvez imaginer. Il dit, en Matthieu 25, que Dieu attend la miséricorde.

Que nous détenions un doctorat en physique, que nous ayons une belle maison, que nous soyons fort ou faible, que nous soyons important ou non, que nous soyons bon, cela ne fait pas de différence. Aucune de ces questions ne sera posé à la fin des temps. Que nous soyons bien habillé ou malade n'aura pas d'importance. Tout ce qui sera demandé, c'est la question de Matthieu 25 : J'avais faim, qu'as-tu fait ? J'étais mal-aimé, comment as-tu répondu ?

(à suivre)

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Re: Le mal radical

Message non lu par gerardh » lun. 26 févr. 2018, 23:03

_____

Bonsoir
Autour de cette question de base, tourne et évolue toute l'histoire de la religion. La question est : Quelle sorte de dieu est Dieu si Dieu existe ? Et qu'est-ce qu'il attend de moi s'il attend quelque chose ?
Ce sont en effet des questions fondamentales. Dieu existe. Il est un Dieu d’amour et de lumière. Avant d’attendre quoi que ce soit de ses créatures humaines, il donne : Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique (Jésus Christ) afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle. Aussi Dieu ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent.

Cinci
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Re: Le mal radical

Message non lu par Cinci » mar. 27 févr. 2018, 0:54

Il n'y a pas d'indication dans l'Évangile, laissant croire que Jésus interroge, ou qu'il cherche à le faire, au sujet des détails techniques de la religion. Il demande : "Dans ces moments historiques du temps et de l'espace, comment as-tu répondu quand tu étais en présence de la souffrance ? As-tu essayé de la soulager ? " Ce sont les mots de Jésus.

Quand l'Église fait ce qu'elle doit faire, chaque messe, chaque chapelet, chaque litanie, chaque psaume, chaque prière de chaque groupe de prières devrait impliquer les gens de plus en plus profondément dans cet engagement. Si nous prenons Jésus au sérieux, si nous l'appelons Seigneur, alors il sait ce que signifie la fin des temps. Il connaît la raison pour laquelle les peuples ont été crées et comment ils devraient se gouverner eux-mêmes. Et il dit que la clé de tout cela est la miséricorde.

L'autre côté de la médaille est ceci; si nous avions à demander dans une phrase Que dit Matthieu 25, aux versets 31 à 46 ? Ce qu'il dit dans une phrase est : le mal radical, c'est l'apathie face au soulagement de la misère humaine. L'apathie, l'Indifférence face au soulagement de la misère humaine, c'est le mal radical. En effet, Jésus parle des conséquences de l'apathie, de l'Indifférence à la souffrance; c'est l'enfer. Voilà le mal radical.


Il y a beaucoup, beaucoup de façons de parler, en langage humain, de cette chose que l'on appelle l'enfer. Toutes ces façons sont inexactes, parce que l'enfer représente une réalité à laquelle nous n'avons aucun accès humain. Mais ce qui est vrai à ce sujet est ceci : dans la structure du langage humain, il n'y a pas de manière plus importante de dire qu'une activité particulière est complètement incompatible avec la nature de Dieu, complètement incompatible avec la nature de l'être humain, que de dire que cette activité conduit à un éternel négativisme. Et c'est ce que Jésus dit à propos de l'apathie, de l'indifférence, face à la souffrance.

Si nous écoutons attentivement ce passage, Jésus dit : "Quand le Fils de l'homme viendra juger toutes les nations du monde ..." pas seulement les chrétiens, il parle d'un critère universel pour un jugement basé sur la vraie structure de la nature humaine et la vraie condition de souffrance et de blessure dans laquelle les peuples se retrouvent. Vraiment, toute la vie de Jésus est une réponse à cela. Il n'y a pas une seule fois, dans l'Évangile, où un être humain, qui est malade, vient à Jésus sans qu'il ne le guérisse. En d'autres mots, il ne dit pas seulement, il agit.

(à suivre)

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Re: Le mal radical

Message non lu par Cinci » mar. 27 févr. 2018, 3:04

Nous savons maintenant quelle est la situation. La situation est que nous n'avons probablement jamais entendu un sermon pendant lequel le prêtre ou le ministre ou l'évêque s'est levé, en fait, pour dire : "Vous pouvez être apathique et chrétien en même temps". Cela n'est jamais arrivé. Ce qui est arrivé, c'est que l'Église a développé une morale d'indifférence justifiée, une morale d'apathie justifiée face à la souffrance.

C'est le fait de présenter toute une série d'arguments pour dire à peu près ceci : vous êtes religieusement bon, en tant que chrétien, et capable de rechercher une bonne vie premièrement pour vous et les vôtres, même si vous êtes entourés par la misère universelle. Les petits bibelots de luxe, la mode, les boissons, une nourriture excessive, tout ce que nous connaissons, sont acceptables quand, en fait, nous savons que c'est justement le contraire de ce que Jésus dit. Ce que nous avons le droit de faire légalement n'est pas ce que nous avons le droit de faire moralement. Prenez en considération que l'intelligence, le temps et l'argent qui vont dans une direction, c'est de l'intelligence, du temps et de l'argent qui ne vont pas dans une autre.

Si je dépense mon intelligence, mon temps et mon argent en recherchant des plaisirs personnels à travers des choses sans valeur, et que le plaisir personnel, pour moi, c'est de l'intelligence, du temps et de l'argent que je ne peux absolument pas employer de manière positive pour le soulagement de la souffrance des autres. Le temps que je prends pourt m'Inquiéter des complexités du football professionnel, l'argent et le temps que je prends pour m'Inquiéter au sujet de la mode, c'est de l'intelligence, du temps et de l'argent qui ne seront jamais alloués à la miséricorde, ni au soulagement de la souffrance.

Il y a plusieurs années, aux États-Unis, une femme célèbre avait découvert, à cause d'un procédé de divorce, que l'année précédente elle avait dépensé pour dix mille dollars en sous-vêtements. Dix mille dollars en sous-vêtements. Pouvez-vous imaginer, pas seulement l'argent, mais le temps et l'intelligence employé à magasiner des sous-vêtements pour un montant de dix mille dollars ? Evidemment, c'était une activité stimulante pour elle; mais ce serait une activité néfaste pour un bon nombre parmi nous.

Dans ce monde où nous vivons actuellement, une personne meurt de famine toutes les neuf secondes; toutes les six secondes une personne meurt d'une maladie contre laquelle on n'a pas pu la vacciner. Évidemment, avec chaque décès, ce n,est pas seulement le départ de la personne, c'est la tristesse qui accompagne cette situation, en pensant à tous ceux qui aiment ces personnes et toute l'angoisse du coeur humain. Ce que Jésus dit : "S'il vous plaît, s'il vous plaît, répondez à cela, soyez l'instrument de Dieu pour répondre à cela."

(à suivre)

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Re: Le mal radical

Message non lu par Cinci » mar. 27 févr. 2018, 14:11

Dans un tout autre domaine de la vie, si vous voulez construire un sous-marin nucléaire, par exemple, pouvez-vous imaginer le temps, l'intelligence et l'argent à investir pour la construction d'un tel engin ou d'un missile. Les ingénieurs doivent d'abord illustrer sur papier, ils ont à faire des tests de résistance, les soudeurs ont à relier des quantités de pièces et vous avec un engagement de milliards et de milliards et de dizaine de milliards avec toute l'énergie humaine que représente la construction d'un sous-marin nucléaire ou d'une mitrailleuse ou d'une quelqu'autre chose semblable.

Saint Jean Chrysostôme, un des plus grands saints de l'histoire chrétienne, est la personne que nous disons être l'auteur de la plus vieille Eucharistie à se continuer dans le christianisme, la Divine litirgie. En accord avec saint Jean Chrysostôme, on dit : "Le test de sincérité de votre prière dépend de votre volonté à travailler en son nom."

Nous savons que le problème est sérieux, parce que nous savons ceci : finalement, quand j'ai plus que ce dont j'ai besoin et qu'une autre personne manque du nécessaire pour vivre, la seule façon par laquelle je peux tenir cette personne loin de mon dos, c'est avec le fusil, la violence. Le luxe, en face de le misère humaine désespérée, exige le fusil pour protéger la richesse. Il ne peut pas y avoir d'intérêt à raisonner; pour cette raison, il n'y a pas d'intérêt raisonnable. Une personne meurt toutes les neuf secondes dans le monde, pendant que des milliards, en effet, des milliards de dollars sont dépensés pour des boissons alcoolisées. Ce n'est pas raisonnable.

Le christianisme est une religion de vie. Personne n'est supposé blesser les autres ou quitter son chemin pour les blesser. Dorothy Day, qui a vécu dans une chaumière pendant 43 ans, a vécu des restes des marchés pour nourrir les gens qui avaient faim, pour vêtir ceux qui étaient nus, pour baigner ceux qui étaient dégoûtants et qui ne savaient pas où aller. Elle a vécu jusqu'à 83 ans; elle devait se nourrir de quelque chose. Personne ne parle de dénuement. Ce dont nous parlons est d'engagement à la miséricorde, où l'esprit est engagé profondément à faire tout ce qu'il peut en pensée, en parole et en action; où les gens reçoivent leur vie en donnant la vie, pas une vie artificielle en se nourrissant de la vie des autres.

La richesse excessive ne peut être protégée qu'avec un fusil. Il y a un lien intime continuel et "sacré" entre la violence et la richesse luxueuse.

(à suivre)

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Re: Le mal radical

Message non lu par Cinci » mer. 28 févr. 2018, 4:58

Nous devons être très clairs. Ce commentateur de nouvelles que j'ai cité au début de cet entretien, Paul Harvey, est absolument correct logiquement parlant, quand il dit que parce que les mères américaines ne produisent plus assez de bébés pour la guerre, nous devons nous procurer des armes nucléaires. Il n'y a aucune façon de maintenir le niveau de vie en Amérique, en Irlande, en Allemagne, en Angleterre, en Italie ou en n'importe quel pays avec un niveau de vie des premiers temps du monde (paradisiaque ?) sans des armements massifs pour protéger ces quelques fortunés du reste du monde.

Pour leur permettre de continuer d'utiliser leur intelligence, leur temps et leur argent à des choses absolument pas nécessaires qu'ils appellent vitales, que de soit un spectacle de détente après un autre, un verre après un autre, un nouveau chandail après un autre, cela demande d'être soutenu par un arsenal nucléaire.

Nous devons être honnêtes à ce sujet, sans pour autant être écrasés en pensant à cette situation. Le repentir absolu, en regard de chaque circonstance, exige d'identifier clairement ce qu'est le péché.

Les premiers chrétiens du monde n'ont pas à faire la morale aux chrétiens du Tiers-Monde au sujet de la violence ou de l'engagement dans la révolution. Les peuples pauvres et opprimés n'engagent jamais la violence à moins que la violence ne soit utilisée contre eux; ils ne seraient pas opprimés ni pauvres depuis des décennies et, en réalité, depuis des siècles en certains cas.

L'accumulation de richesse d'une richesse excessive a mis l'Église (cf. le peuple de Dieu en général) dans la position d'être incapable de proclamer l'enseignement de l'amour non-violent, parce que les chrétiens de par le monde ont besoin de la violence pour protéger le mode de vie d'indifférence face à la misère humaine.

Penser à la non-violence au XXe siècle, c'est penser à Gandhi. Quelque temps avant sa mort, Nehru lui demanda de rédiger sa propre épitaphe, plutôt que d'avoir à demander à quelqu'un d'autre de le faire, sachant bien qu'on allait en écrire une pour lui, que quelqu'un allait rédiger quelque chose et qu'il allait avoir une monument national. Gandhi a été incinéré mais il y a un monument national en son honneur. Et Gandhi a composé sa propre épitaphe.

L'apôtre de la non-violence du XXe siècle, cet homme qui a consacré sa vie entière à cela, de tout son coeur et de toute son âme, affirme qu'un livre a complètement changé sa vie. En effet, il a choisi de laisser sa profession d'avocat en Afrique du Sud, avec un salaire annuel de 240 000 $ pour devenir ce qu'on sait. Ce livre : Le royaume de Dieu est à l'intérieur de vous est une réflexion sur l'Évangile écrite par Léon Tolstoï.

Cet homme dit qu'être un chrétien, cela signifie vivre le sermon sur le montagne; il se dit lui-même chrétien et il avait fixé son regard sur Jésus, en disant : "Voilà ce que veut dire être humain par excellence". Cet homme a écrit sur son épitaphe : "Rappelez-vous le visage de la personne la plus pauvre et la plus démunie que vous ayez jamais vue et demandez-vous si le prochain pas que vous ferez sera de quelque utilité pour cette personne."

Voilà ce que l'apôtre de la non-violence du XXe siècle croyait essentiel pour la paix de ce monde. C'est ce que dit Matthieu en d'autres mots au chapitre 25.

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Re: Le mal radical

Message non lu par Xenia » dim. 24 juin 2018, 23:28

Les armes nucléaire sont inventé et construites devant les contraceptifs chimiques et le stérilet.

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