Le texte date de 1904 et c'est l'écrivain britannique Arthur Machen qui l'avait écrit. Il fut ensuite tiré de l'oubli et popularisé par Pauwels et Bergier dans leur fameux ouvrage Le matin des magiciens qui est devenu lui-même, depuis, un classique de la littérature populaire et du fantastique.
Le Père Molinié ("Le combat de Jacob"; "Le courage d'avoir peur", etc.) avait déjà commenté ce texte d'Arthur Machen, faisant remarqué naguère comment, - mise à part le fait qu'il nécessiterait bien quelques petits correctifs ça et là afin de pouvoir être lu et reçu d'une manière qui soit théologiquement correcte -, celui-ci restait porteur d'une certaine intuition pénétrante quant à son objet : la véritable profondeur du mal.
- La sorcellerie et la sainteté, dit Ambrose, voilà les deux seules réalités. Chacune est un transport des sens, un exutoire à la vie quotidienne. »
[...]
- Savez-vous, dit-il, que vous m’intéressez immensément ? Vous pensez donc que nous n’appréhendons pas clairement la véritable nature du mal ?
- Non, je ne pense pas. Nous le surestimons et le sous-estimons à la fois. Nous examinons les nombreuses infractions aux lois – les réglementations bonnes et nécessaires qui maintiennent une certaine cohésion dans l’humanité – commises par nos « repris de justice » et nous nous effrayons de l’étendue du « péché » et du « mal ». Mais c’est totalement absurde. Prenez le vol, par exemple. Ressentez-vous quelque horreur à la pensée de Robin des Bois, des malandrins écossais du XVIIe siècle, des moss-troopers, de nos actuels promoteurs immobiliers ?
Et, d’un autre côté, nous sous-estimons le mal. Nous attachons une si énorme importance au « péché » que commet un homme quand il nous fait les poches – ou notre femme – que nous en avons presque oublié l’obscénité du véritable péché.
- Et qu’est-ce que le… péché, dit Cotgrave ?
Je vais répondre à votre question par une autre. Qu’éprouveriez-vous sérieusement, si votre chat ou votre chien se mettait à vous parler, et à discuter gravement avec des accents humains ? Vous seriez submergé par l’horreur, c’est sûr ! Et si les roses de votre jardin se mettaient à siffler sur un air bizarre ? Vous deviendriez fou ! Et supposez que les pavés sur l’allée commencent à grossir et se boursoufler sous vos yeux, et que des bourgeons de pierre aient poussé au caillou que vous avez remarqué la veille ?
Eh bien, ces exemples vous donnent une idée correcte de ce qu’est réellement le péché.
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